Ce matin, plus de 50 vignerons-paysans se sont retrouvés à une réunion de crise à Blaignan dans le Médoc. Le constat est sévère 500 ha de vignes totalement ravagés à 100 %, 2000 ha au total ont été touchés. Les viticulteurs qui n’avaient eu qu’une demi-récolte en 2013 savent que 2014 et 2015 seront aussi terribles.
Ils n’ont pas traîné ce matin devant la salle polyvalente de Blaignan, l’une des communes les plus impactées avec 680 ha touchés par la grêle. A 10 heures précises, les 50 viticulteurs des secteurs de Lesparre, Saint-Yzan, Blaignan, Ordonnac et Saint-Christoly ont pris place autour de la Sous-Préfête de Lesparre,Valérie Commin, et du Maire de Blaignan, Christian Benillan. Une réunion à huis clos, où la presse ne pouvait pas assister. Une réunion surtout de constatations et de remontées d’informations dans un premier temps pour la Préfecture de la Gironde, pour dresser un état des lieux de ce vignoble meurtri par un couloir de grêle.
On est des paysans, on est toute l’année dans nos vignes…et ce qui est terrible, c’est que nos pieds de vignes, c’est nos copains. Ils sont complètement « destroy » et là, c’est affreux ! » dixit Christine Courrian viticultrice du Château Chantelys. »Ca nous fait mal, à nous physiquement ! »
Fabien Courrian, semble encore plus abattu: « l’année dernière on a eu une demi-récolte, elle nous pèse sur les épaules, on avait grêlé déjà à l’an 2000 où on commençait seulement à remonter, et là on a perdu, on pense, 100% de récolte, il y a très peu de grappes qui restent. On n’a pas de solution actuellement ! »
Et de renchérir: « On a fait une réunion avec la sous-Préfête mais elle peut pas nous apporter de solution non plus. Si on a quelques allègements de charges (48% d’après lui), peut-être qu’on s’en sortira. On veut pas dire que c’est politique, maic ça l’est quand même un petit peu. C’est un choix: soit on garde la paysannerie française, soit on vend aux Chinois, il y a déjà des Chinois sur la commune et on disparaît quoi ! »
Un problème de cette ampleur, dans le Médoc on n’a jamais vu cela ! Il y a vraiment des changements climatiques profonds… », selon Francis Etourneaud ou encore « c’était l’apocalypse, ça a duré un quart d’heure ! », renchérit Christine Courrian à la sortie de réunion.
Pour Valérie Commin, Sous-Préfête de Lesparre, représentante de Michel Delpuech, le Préfet de Gironde: « l’objectif de la réunion d’aujourd’hui était de faire un état des lieux des pertes, je pense que d’ici 5 jours on aura un bilan exhaustif, mais oui, plusieurs communes du Nord-Est du Médoc ont été touchées par les phénomènes orageux. » Quant à savoir, si la Préfecture a quelque chose à leur proposer: « La grêle est un phénomène assurable, donc c’est la première solution qui doit être proposée. Après on va faire un état des lieux des dispositifs avec lesquels on va pouvoir les accompagner. Les services de l’Etat seront mobilisés pour apporter une réponse par exploitation. »
La préfecture a préconisé la mise en p^lace d’un groupe « coordination grêle »: l’accompagnement et les aides devraient être du même ordre que pour l’épisode de grêle dans l’Entre-Deux-Mers en 2013…ce qui risque de susciter quelques amertumes. Face à un préjudice de 150 millions d’euros en 2013, les viticulteurs dont un très faible nombre étaient assurés ont touché un peu plus de 10 % de cette somme…C’est dire…
Il serait question de dégrêvement de la taxe foncière non bâtie pour les parcelles touchées, d’autorisation d’achat de vendanges, de recours à l’activité partielle et sans doute de prise en charge des cotisations MSA…en autres mesures.
Le Maire de Blaignan, Christian Benillan, d’enfoncer le clou: « on a fait connaître les dégâts, les charges et le manque de récolte aux pouvoirs publics. Vous êtes sur une commune sinistrée à 80-90 %. On avait eu 25 % de perte l’an dernier, dues à la coulure. Je me fais un réel souci pour nos entreprises de demain qui sont le tissu économique de notre Médoc. Il faut que les pouvoirs publics et les banques comprennent la situation: il est plus intéressant d’avoir 200 entreprises en vie demain que d’en faire disparaître plus de la moitié aujourd’hui ! »
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax: