Celà fait bientôt 6 semaines que la château de la Rivière a été vendu à Lam Kok par James Grégoire. 6 semaines également que la tragédie s’est abattue sur les 2 propriétaires disparus dans le crash d’hélicoptère. Les corps du fils de Lam Kok et de Peng Wang, également a bord, ont été repêchés le soir du drame et bien après. Cet après-midi, un troisieme corps a été retrouvé à hauteur de Saint-Loubes, il pourrait s’agir de James Grégoire. La tenue vestimentaire semble identique. D autres détails correspondraient. Toutefois ce n’est qu´apres l’autopsie et les analyses ADN que l’identité sera révélée.
Il ne se passe pas une journée sans que ce destin tragique ne se rappelle à Xavier Buffo, l’ancien directeur technique qui est devenu directeur général du domaine. Pour la photo, on a droit à un petit sourire, mais ces derniers temps ont été difficiles. Il a vraiment été marqué par ce drame, comme d’autres salariés du château. Lui, en prime, a été recruté par Jean Leprince, le précédent propriétaire disparu également dans le crash de son Cessna. Mais il a cette volonté et ce courage que forge le destin. Sa volonté et son courage, ils prennent aujourd’hui le dessus.
Malgré tout, la vie continue. Et il lui faut se retrousser les manches et porter sur ses épaules maintenant les projets engagés par Lam Kok. Des projets que l’épouse du milliardaire chinois souhaite poursuivre.
Le plus important d’entre eux est la construction d’un complexe hôtelier qui devrait voir le jour juste en face du château, sur la colline à 100 mètres à vol d’oiseau, pour accueillir des hôtes sur le site.
Les appartements privés du château au 1er étage, deux salons, et une salle à manger, seront ouverts à la clientèle. Petits déjeuners, dégustations de vins de la Rivière et dîners y seront organisés. Sans parler d’un petit salon où les hôtes pourront déguster une grande variété de thés car Lam Kok et son épouse étaient à la tête du groupe Brilliant spécialisé dans la production de thés extraordinaires à Pu’er dans la région du Yunnan en Chine. Le groupe, par ailleurs, propriétaire de 4 hôtels de luxe en Chine emploie 3000 personnes.
Le château édifié en 1570, remanié par Viollet-le-Duc au XIXème siècle, va être restauré au niveau des intérieurs. Xavier Buffo précise que « des décorateurs sont déjà sollicités, on va faire travailler des artisans locaux. » Car la saison touristique s’annonce et même plus vite que prévu. « D’ordinaire, on a 10 réservations pour la saison qui démarre au mois de mars. Là, on a déjà 150 réservations… »
Sur le terrain, les équipes techniques s’affairent: sur les 65 ha plantés, on a commencé à tailler la vigne, il reste à sortir les bois, à remplacer des piquets en bois. Un travail d’un mois et demi. Le vignoble de la Rivière est planté à 85 % en merlot et 15 % en cabernet sauvignon et en cabernet franc, un vignoble en AOC Fronsac.
Dans les chais, on a réalisé les assemblages du millésime 2012. On attend pour juin 170 000 bouteilles de premier vin, 15 000 de la cuvée spéciale Aria et 120 000 bouteilles du second vin « les sources de la Rivière ».
Quant à la commercialisation, le château continue de privilégier les clients qui achètent directement au domaine, lors de visites ou séjours touristiques, « cela représente 15% de nos ventes. »
« On vend 40 % en France et 60 % à l’export. Parmi nos clients privilégiés: les Allemands, les Belges, les Anglais, et le Danemark. Il y a aussi une fidélité avec les USA et le Canada. En Asie, on vend en Chine, au Japon, en Malaisie. »
« Actuellement 10 % des vins partent en Chine ». Même si le château a été acheté par des Chinois, « on ne dépassera pas les 25 %, car on veut garder nos partenaires commerciaux. Nous sommes une grande marque vendue dans 32 pays au monde ! »
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine
Intervenants: Xavier Buffo, directeur général ; Michel Duphil, chef de culture ; Paolo Spadatto, maître de chai.