01 Oct

Gilles Savary défend le micro-climat de Sauternes face à la LGV : « On ne peut pas imaginer que la France fasse cet espèce de crime patrimonial »

Interviewé aujourd’hui à Sauternes, le député de Gironde Gilles Savary fait le point sur la LGV au sud de Bordeaux. Il souhaite une amélioration de la ligne actuelle par du cabotage quotidien et souhaite la préservation du micro-climat de Sauternes qui serait impacté par la LGV car « un climat on ne le reconstitue pas »

Gilles Savary, le député de la Gironde © Dominique Mazères - France 3 Aquitaine

Gilles Savary, le député de la Gironde © Dominique Mazères – France 3 Aquitaine

« Entendons-nous, je pense qu’il faut aller vers l’Espagne le plus rapidement possible et il faut améliorer Toulouse-Paris, c’est absolument essentiel, l’objectif n’est pas contestable. J’observe aussi que depuis 10 ans on travaille sur ces lignes, et depuis 10 ans à force de vouloir toit, on n’a rien ! Donc, ça risque de continuer encore 20 ou 30 ans ».

« Il y a deux problèmes : la priorité dans le sud de l’agglomération bordelaise, c’est la ligne actuelle entre Bordeaux et Toulouse. C’est une ligne de cabotage quotidien, de déplacement domicile-travail absolument vitale pour une population de plus en plus nombreuse, et qui va l’être encore plus de métropolisation de déversement de l’agglomération et ça on n’y échappera pas. On n’y échappera pas. Donc c’est illusoire de dire qu’on va régler ce problème par un TGV car il ne s’arrêtera pas dans toutes les gares à La Réole, à Langon, à Arbanats ».

Le château Rayne Vignau 1er cru classé de Sauternes © JPS

Le château Rayne Vignau 1er cru classé de Sauternes © JPS

« Et puis le deuxième sujet, c’est qu’on a mis en place une infrastructure extrêmement agressive qui est un triangle ferroviaire, un carrefour de lignes hautes vitesses avec des remblais considérables dans un endroit qui est probablement l’un des plus fragiles probablement de France parce qu’il produit un climat, et un climat personne ne sait comment on le détruit ou on le reconstitue. Ce n’est pas comme quand vous coupez des arbres, vous coupez 5 ha il faut les reconstituer ailleurs. Un climat on ne le reconstitue pas ».

Il dépend aussi des nappes profondes. On a beau nous dire, on fera cela uniquement en viaduc ce qui suffirait en soi à rendre la ligne grande vitesse totalement déficitaire vers Dax. Il est très clair qu’on touche là un patrimoine extrêmement fragile non reproductible, non substituable, qui fait le Sauternes. On ne peut pas imaginer que la France fasse cet espèce de crime patrimonial »

Le botrytis, cette pourriture noble ramassée, qui donne ces vins de Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Le botrytis, cette pourriture noble ramassée, qui donne ces vins de Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Est-ce à dire concrêtement que de grands châteaux comme Yquem, Guiraud, Suduiraut pourraient ne plus produire de vins liquoreux ?

« Je ne vais pas rentrer dans le romanesque, je n’en sais rien, ça veut dire simplement qu’il faut revoir la copie sérieusement si on ne veut pas qu’on reparle encore des lignes ferroviaires entre Toulouse et Bordeaux et entre Bordeaux et l’Espagne dans 20 ans. »

Car il se peut fortement qu’une bataille juridique soit engagée avec ces grands châteaux du Sauternais qui ne se laisseront sans doute pas faire. Une affaire qui risque d’aller jusqu’en Conseil d’Etat et de prendre quelques années. Les arguments concernant la formation de botrytis, cette pourriture noble qui donne ces vins de Sauternes, botrytis qui se développe grâce à la formation de nappes de brouillards dus au Ciron, ce cour d’eau étant lui-même rafraîchi par une hêtraie plusieurs fois millénaire, pourraient avoir un écho au Palais-Royal.

Interview réalisée par Jean-Pierre Stahl et Dominique Mazères :

29 Sep

Guiraud monte au créneau et lance sa pétition en ligne contre la LGV

De nombreuses initiatives de toute part se font jour contre le projet de LGV au sud de Bordeaux: château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, relaye une pétition qui vient d’être mise en ligne, demain les viticulteurs organisent un point presse à Paris à l’occasion d’une dégustation…

Capture du site de © château Guiraud

Capture du site de © château Guiraud

Château Guiraud relaie cette pétition contre la LGV Bordeaux-Toulouse-de-Marsan depuis hier sur son site internet. Et précise que c’est important car « le budget estimé à 8 milliards pour faciliter la liaison entre Bordeaux et Toulouse d’un côté, Mont-de-Marsan de l’autre… Alors que l’aménagement de la ligne actuelle serait bien moins onéreuse et limiterait l’impact très important sur l’environnement, notamment le bassin versant du Ciron sans lequel le vignoble du Sauternais n’existerait pas ».

Par ailleurs, demain mercredi, les vignerons de Sauternes montent à Paris. Un déjeûner de presse prévu de longue date avec les châteaux Rabaud Promis, Pick-Laborde, Caillou, Lamourette, Rolland et La Bouade va se transformer également en tribune contre la LGV, avec Stéphane Wagrez, présidnet de la commission promotion des Sauternes et Barsac. Ce point presse est prévu au restaurant le Will, 75 rue Crozatier à Paris.

Pour en savoir plus : château Guiraud

28 Sep

LGV : les vignerons de Sauternes et Barsac dénoncent une méthode anti-démocratique et interpellent la ministre de l’Ecologie, Mme Ségolène Royal

Les réactions commencent à fleurir depuis que le gouvernement a validé samedi les projets de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Des réactions qui mûrissent doucement comme le raisin, reste à savoir si elles auront un goût de pourriture noble… Les viticulteurs du sauternais interpellent en tout cas la ministre de l’Ecologie  à travers ce communiqué :

Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie  © gouvernement.fr

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie © gouvernement.fr

« C’est un projet délétère pour notre appellation. Le gouvernement refuse de prendre en compte la biodiversité et la richesse de Sauternes. Avec ce tracé qui traverse la zone humide de la vallée du Ciron et sa hêtraie vieille de 50 000 ans, le microclimat du Sauternais est menacé. C’est le Ciron qui est responsable de la richesse de nos terroirs et de l’apparition du botrytis. Ce projet est une catastrophe pour nous ! » s’indigne Xavier Planty, président de l’ODG de Sauternes et Barsac.

« C’est un projet destructeur pour l’environnement et pour les 170 propriétés de l’appellation, poursuit Stéphane Wagrez, président de la commission promotion de Sauternes et Barsac. C’est un projet anti-démocratique. La sagesse populaire s’est élevée contre ce tracé ubuesque, qui détruira plus de 48 000 hectares de forêts et terres agricoles et compromet l’équilibre écologique de toute une vallée. Le commissaire de la Cour des comptes s’est lui-même prononcé contre ce projet qui est une hérésie financière. Que fait la ministre de l’Ecologie, Mme Ségolène Royal ? »

« Nous ne comprenons pas que les pouvoirs publics préfèrent la mégalomanie de certains élus locaux à la sagesse populaire de cette enquête publique. Nous ne comptons pas nous arrêter là », conclut Xavier Planty. Une réunion de mobilisation est prévue ce lundi.

 

Xavier Planty, le président de l’ODG Sauternes, réagit farouchement sur la relance de la LGV : « Comment se fait-il qu’on puisse passer outre 14 000 contributions ? C’est hallucinant ! »

Le président des viticulteurs de Barsac et Sauternes est furieux depuis l’annonce de relance du projet de LGV au sud de Bordeaux, qui mettrait en péril les vins de Sauternes et ceux de 10 autres appellations de liquoreux de Bordeaux. Il a livré ce matin ses premières impressions à Côté Châteaux.

Xavier Planty, le président de l'ODG Barsac et Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Xavier Planty, le président de l’ODG Barsac et Sauternes © Jean-Pierre Stahl

La première réaction de Xavier Planty, président de l’Organisme de Défense et de Gestion de Sauternes et Barsac, vise d’emblée les élus : « les politiques sont déconnectés de la réalité. On est sur des shémas décisionnaires archaïques, dignes du stalinisme… La notion de dégat écologisque est quantitatif dans leur esprit, mais ils n’ont aucune notion du lien de cause à effet. L’argument qu’on nous sert tous les jours « ça ne touche pas Sauternes, foutez-nous la paix » est faux. C’est un refus de comprendre ce que disent les écologistes, les philosophes et intellectuels. »

Nous sommes dans une maison commune, il y a des gens qui ont le droit de tout casser et d’autres de dormir sur les gravats », Xavier Planty président de l’ODG Sauternes-Barsac

Et de continuer : « il y a un vrai problème par rapport à l’éthique politique. Ca va finir de manière catastrophique et ça ne sera pas de mon fait. »

« Comment se fait-il qu’on puisse passer outre 14 000 contributions ? C’est hallucinant ! Comment d’un trait de plume est-on capable de mettre en péril la forêt résiduaire du Ciron ? C’est comme mettre un coup de bulldozer sur Lascaux ! On a un trésor végétal en France unique en Europe (une forêt qui n’a jamais été déplacée depuis 50 000 ans). On va la mettre en péril en passant à 2 km, ça va avoir des répercussions sur le Ciron. »

« On subit les conséquences de 30 ans de politique écologique marginale, confisquée par les verts qu’on n’a même pas entendus…ils sont avec Alain Rousset et à droite pas mieux, quand on parle d’écologie ils pensent qu’on est de gauche.

« Pour ‘heure, on n’a pas encore fait de réunion, car la nouvelle est tombée samedi après-midi. La réaction des viticulteurs sera calme et posée, mais ça risque d’être du pipi de chat par rapport aux forestiers et défenseurs du Ciron. Je le crains et je n’ai pas envie de cela. »

« A force de prendre les citoyens pour des c…, ça ne va pas aller. Nous on vit dans la nature toute la semaine, il faut voir en ce moment les brouillards qui se forment le matin dûs au Ciron (brouillards qui permettent la formation du botrytis primordial pour les vins liquoreux et le Sauternes). Là, on continue pour le moment de vendanger, 2015 sera un grand millésime. »

Pour en savoir plus relisez cet article réalisé en août dernier: Des réactions très fortes face à la LGV : les viticulteurs de Sauternes en appellent à la raison, il faut sauver le Ciron !

18 Sep

Réunion d’information et de prévention sur les pesticides à Preignac : au nom des enfants…

Cette semaine s’est déroulée une réunion à huis clos en mairie de Preignac. Une table ronde pour mettre en commun les informations des uns et des autres concernant les répercussions probable de l’utilisation de pesticides dans les vignes autour de l’école. 9 enfants avaient été victimes de cancers en quelques années.

L'école de Preignac environnée de vignes © France 3 Aquitaine

L’école de Preignac environnée de vignes © France 3 Aquitaine

Ce qui a mis le feu aux poudres c’est l’enquête dévoilée en août dernier qui révélait un taux de cancers plus élévé que la moyenne dans cette commune viticole, non loin de Sauternes. Le 19 décembre 2012, l‘ancien maire de Preignac, Jean-Pierre Manceau, avait saisi l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS). Dans son courrier, le maire faisait état de cas de cancers déclarés chez des enfants fréquentant ou ayant fréquenté l’école primaire de la commune, laquelle est contigüe à des parcelles viticoles traitées aux pesticides.  

« Sur le 14 années qui ont été constatées, 9 cas ont été identifiés, c’est une réalité », explique Olivier Serre le directeur de l’Agence Régionale de Santé de Bordeaux, tout en précisant: « sur les deux dernières années aucun cas n’a été repéré, c’est autre réalité. Je ne dis pas pour autant que le risque n’est pas présent, qu’il n’y a pas des facteurs qui participent oui, les phytosanitaires mais pas seulement, des pathologies que nous pouvont constater. »

S’il n’y a pas de lien direct avéré pour l’heure, des doutes subsistent dans les esprits car l’école était environnées de vignes régulièrement traitées par ces produits phytosanitaires, avec donc ce taux de cancers bizarremment plus élevé…

Le maire de Peignac, Jean-Gilbert Bapsalle, réagit, mais avec beaucoup de précautions: « On ne peut pas dire qu’il y a un problème, mais il faut s’inquiéter quand même et continuer, comme l’a dit l’ARS à être vigilant sur les problèmes qu’il pourrait y avoir sur l’ensemble de la région viticole mais pas forcément sur Preignac » et de continuer:  « laissons passer les vendanges, le cru de Sauternes c’est quand même très important et une grappe de raisin, ça coûte cher… »

Devant cette prise de conscience et petite avancée de transparence, les habitants n’étaient toutefois pas conviés à laréunion, alors qu’ils sont aussi aux premières loges, habitant à côté des vignes.

Le sous-préfet de Langon Frédéric Carre précise (dans une réponse, comment dire quelque, peu alambiquée ?): « l’intérêt collectif est de mieux se connaître et de connaître les usages par rapport aux nouvelles populations qui viennent sur ces territoires, pour limiter ,autant que faire ce peu, qu’il y ait contact entre la population et les exploitants agricoles qui sont aujourd’hui dans l’obligation de traiter par des produits phytosanitaires »

Il faut préciser que depuis juin 2014, l’utilisation de ces produits phytosanitaires sont interdits à proximité des écoles suite à ce scandale à Villeneuve-de-Blaye où une vingtaine d’élèves d’une école girondine se sont sentis mal,pris de maux de tête et de vomissements, après l’épandage au beau milieu la journée de pesticides sur des vignes attenantes à leur établissement scolaire.

Pour rappel, voici le rapport de l’INVS : Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de Gironde

Regardez le reportage de  Yannick de Solminihac et Bernard Hostein-Aris :

17 Sep

L’augmentation du degré d’alcool dans le vin : un phénomène qui s’accentue ?

Avec le réchauffement climatique et cet été particulièrement chaud, l’augmentation de sucres dans les raisins devrait conduire à avoir cette année encore des vins qui dépassent allègrement les 13° ou 13,5° d’alcool. Une augmentation vécue depuis plusieurs années qui est aussi due au travail sur la vigne et à la recherche d’une maturité phénolique… Explications avec des experts de sur ce phénomène qui peut être maîtrisé.

Vincent Cruège, directeur oenologue des vignobles André Lurton, regarde le taux indicatif avec son ©

Vincent Cruège, directeur oenologue des vignobles André Lurton, regarde le degré potentiel de sucres avec son réfractomètre © JPS

A l’heure des vendanges, au château Rochemorin à Martillac en Gironde, Vincent Cruège analyse ses grains de merlot avec son réfractomètre : »Cette année, on risque d’avoir des degrés alcooliques supérieurs à la moyenne des 10 ou 20 dernières années. Pourquoi un peu plus d’alcool ? Parce qu’un peu plus de sucre. Et pourquoi un peu plus de sucre ? Parce qu’on a des pratiques culturales et des maturités de plus en plus homogènes et meilleures. »

Le merlot est le cépage le plus fragile avec le réchauffement © JPS

Le merlot est le cépage le plus fragile avec le réchauffement © JPS

« On a surtout cherché le goût. On ne veut pas avoir de surmaturité. On recherche des arômes de fruits frais, de fruits rouges comme le cassis et la framboise (pour le merlot) qu’on aime bien et qu’on mariera avec d’autres cépages. »

Sur cette parcelle, on attend un degré potentiel autour de 14 pour du merlot très précoce, sur un terroir de graves chaudes. Mais au final tant à la Louvière qu’à Rochemorin, on va avoir un assemblage de 30 vins ce qui va ramener le degré définitif aux alentours de 13,5. » Vincent Cruège.

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Au chai, on peut agir sur le choix des levures pour réduire quelque peu le degré d’alcool final dans le vin © JPS

Une fois la vendange au chai, et les grains éraflés, le travail de vinification va pouvoir s’opérer. Le lendemain de la rentrée de vendange dans la cuve, les levures vont pouvoir agir au niveau de la fermentation et de la transformation du sucre en alcool: « on peut choisir nos souches de levures, des levures moindres rendements qui prendront plus de sucres et produiront moins d’alcool, » explique encore Vincent Cruège.

Le professeur Serge Delrot dans les locaux de l'ISVV © jps

Le professeur Serge Delrot dans les locaux de l’ISVV © jps

A l’Institut Supérieur de la Vigne et du Vin comme à l’INRA à Villenave d’Ornon, Serge Delrot directeur du laboratoire d’écophysiologie et de génomique fonctionnelle de la vigne travaille avec ses équipes à comprendre comment limiter ce taux de sucre dans la vigne:  » on peut agir par des opérations culturales et on peut aussi agir au niveau des porte-greffes, puisque les porte-greffes vont contrôler le développement végétatif de la vigne, de la feuille, c’est ce qu’on appelle la vigueur conférée…et on donc on a a plusieurs leviers d’actions possibles par des actions culturales et on on travaille aussi sur la compréhension génétique du transport des sucres. » Car c’est la hausse de température et du dioxyde de carbone qui participe au développement de la photosynthèse et de la fabrication de sucres.

Le laboratoire de Dany et Michel Rolland à Catusseau (Pomerol) © JPS

Le laboratoire de Dany et Michel Rolland à Catusseau (Pomerol) © JPS

Dans son laboratoire de Catusseau-Pomerol (ancien labo de Jean Chevrier) Dany Rolland ( qui conseille avec ses équipes et son célèbre mari Michel 250 châteaux dans le monde dont 150 à Bordeaux), nous confirme que ce qui est recherché c’est la maturité phénollique. Ici comme à Bordeaux depuis la fin des années 90 avec des recherches menées en collaboratoion avec le CIVB, on s’est rendu compte qu’il importait de surveiller la maturité phénollique, qui correspond aux taux optimaux de polyphénols (tanins et antocyanes) : « c’est cette fichue maturité de la peau et du goût des pépins qui nous importe…Dans les rouges, les peaux c’est primordial. Il y a un petit décalage avec ce qui se faisait autrefois où quand un moût arrivait à 13, on le ramassait car on disait il est mûr. »

Dany et Michel Rolland, dégustant un 2012 © JPS

Dany et Michel Rolland, dégustant un 2012 © JPS

Michel Rolland qui en est à ses 43e vendanges, a une sensibilité gustative développée pour déterminer si les baies de raisin des châteaux qui lui sont soumises sont suffisamment matures: « les peaux sont fermes, ça a beau de goût, les pépins sont fermes, la semaine prochaine c’est sans problème » (pour les vendanges).

Le grand oenologue entrain de goûter les merlots de Pomerol © JPS

Le grand oenologue entrain de goûter les merlots de Pomerol © JPS

Et le maestro de rappeler ce temps où on chaptalisait allègrement à Bordeaux (jusque dans les années 90): « il faut quand même se rappeler que dans les années 70, ce sont des trains complets de sucre qui arrivaient en gare de Libourne pour chaptaliser les vins de la région…bon alors ça, on ne s’en rappelle plus ! Et maintenant, on focalise sur l’alcool. Alors   c’est vrai que par le travail au vignoble, par les effeuillages mais l’augmentation de feuillage aussi, on a gagné en alcool… »

14,5 ou 13,5 des degrés que l'on retrouve désormais dans les vins de Bordeaux © JPS

14,5 ou 13,5 des degrés que l’on retrouve désormais dans les vins de Bordeaux © JPS

Et de confier: « je ne regarde pas les degrés, je ne regarde même pas la quantité de sucre, je goûte, quand c’est bon je vendange, si ça fait 14,5 ça fera 14,5, si ça fait que 12,5 ça ne ne fera que 12,5 ! »

Lui aussi préfère privilégier la maturité des raisins qui aujourd’hui font les grands vins, des vins certes un peu plus alcoolisés qu’il y a 30 ans mais qui se goûtent aussi bien. Peut-être faut-il en boire en quantité raisonnable…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Delwarde, Charles Rabréaud
suivi de la chronique mensuelle de Frédéric Lot

 

11 Août

Pesticides à Preignac : le rapport de l’Institut National de Veille Sanitaire qui accuse !

Des pesticides d’origine viticole pourraient être à l’origine de cancers développés chez des enfants scolarisés dans une école de Preignac en Gironde. Selon ce rapport publié le 5 août, « la contribution des pesticides au risque cancer ne peut être exclue. » 4 cas de cancers ont été relevés entre 1999 et 2012.

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La municipalité de Preignac a décidé d’acheter les vignes autour de l’école afin de limiter les risques potentiels © Didier Bonnet

Le 19 décembre 2012, le maire de Preignac Jean-Pierre Manceau interpellait par courrier l’INVS, l’Institut national de veille sanitaire. Le maire faisait état de cas de cancers déclarés chez des enfants fréquentant ou ayant fréquenté l’école primaire de la commune, une école qui jouxte des parcelles viticoles traitées régulièrement par des pesticides.  

Le rapport de l’INVS, qui a donc réalisé son enquête, est éloquent:   » Si l’on prend en compte l’ensemble des cancers de l’enfant, il semble y avoir un excès relativement faible au cours des 14 dernières années (4 cas observés pour 0,8 attendu), confirmant la perception initiale du maire de la commune. [….]Si l’on ne peut écarter l’absence d’excès de cas de cancer sur Preignac ou sa zone, celui-ci reste faible et ne concerne pas un type de cancer spécifique. »

Par précaution, la municipalité a décidé de racheter la parcelle d’1 hectare et demi proche de l’école: « cela permettra à l’école de ne plus avoir de vigne à ses abords, et de répondre de la manière la plus forte aux normes en vigueur aujourd’hui et il n’y aura plus de traitement phytosanitaire à moins de 200 m des école », précise Jean-Michel Lecomte, adjoint au maire de Preignac chargé de l’environnement et de l’urbanisme ».

Et le rapport d’enfoncer le clou: « il est recommandé par précaution de mettre en place des actions, au-delà des mesures de prévention initiées par le maire en terme d’urbanisme (zone tampon de protection entre habitat ou école et vignes dans le cadre du plan local d’urbanisation). Ces actions pourront porter sur la diminution de l’exposition aux pesticides au niveau de l’école et une surveillance sanitaire renforcée… »

Le rapport rélève que est la seule source de polluants sur la commune de Preignac est ces traitements phytosanitaires, ce qui abonde bien sûr dans cet idée de principe de précaution qui a poussé la commune à prendre des mesures.

« La commune de Preignac est caractérisée par une forte activité viticole, et par une proximité des habitations et de l’école par rapport aux vignes. Il existe donc une exposition possible aux épandages de pesticides des enfants de l’école, sans que l’on puisse à ce jour la quantifier ».

Pour l’heure, le lien entre ce grand nombre de cancers et l’épandage de pesticides, n’est pas établi formellement par les experts, seule la justice pourra le faire, avec des études plus importantes. Malgré tout, l’INVS n’écarte pas la responsabilité des susbtances chimiques : « Si l’excès de cancer reste modéré, la contribution des pesticides au risque cancer ne peut donc être exclue. »

Marie-Lys Bibeyran réclame pour sa par une généralisation de mesures par rapport aux écoles, voire aux habitations à proximité immédiate de parcelles de vignes qui sont régulièrement traitées: « comment face à un taux aussi inquiétant, on peut se contenter de mesures uniquement sur la commune de Preignac ? Et ne pas alerter l’ensemble des communes viticoles, et ne pas diligenter des enquêtes sur l’ensemble des communes viticoles nationales pour comparer aux communes non viticoles ? »

A la lecture de ce rapport réalisé après coup, on ne peut que s’interroger sur la proximité immédiate de l’école et des vignes traitées, du nombre multiplié par 4 du nombre de cancers (4 au lieu de 0,8), d’un grand vide par manque d’études et de conclusions à tirer. Il serait grand temps entre cet exemple, celui de Villeneuve où nombre d’enfants avaient été pris de malaises, que les pouvoirs publics prenne cette question de santé publique au sérieux et mène des enquêtes plus poussées sur l’utilisation des pesticides et les conséquences irréversibles sur nos chères têtes blondes…

Pour en savoir plus sur cette enquête :Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de  Gironde

A lire également le papier de Marie-Lys Bibeyran: Villeneuve-Preignac : mêmes causes mêmes effets. Combien de temps allons-nous encore compter les cercueils ?

Regardez également le reportage et réactions recueillies par Guillaume Decaix et Didier Bonnet

04 Août

La LGV Sud-Ouest, toujours pas enterrée, inquiète les viticulteurs de Sauternes

La Ligne à Grande Vitesse qui relie Bordeaux – Toulouse et Bordeaux – Dax est toujours dans la tête des politiques, alors que la commission d’enquête publique a donné un avis défavorable. Les viticulteurs de Sauternes et les amoureux de la nature se disent très inquiets ! « Un projet désastreux, absurde et impopulaire », remis à l’ordre du jour : la LGV Sud-Ouest. Voici en substance leur cri d’alarme qu’ils ont envoyé à Côté Châteaux:

Xavier Planty,  président des Sauternes. © Jean-Pierre Stahl

Xavier Planty, président de l’ODG Sauternes-Barsac © Jean-Pierre Stahl

« Un projet absurde, impopulaire et totalement dépassé de Ligne à GrandeVitesse (entre Bordeaux et Toulouse, et Bordeaux et Dax) menace la vallée du Ciron, un écosystème unique au monde, qui est à l’origine du microclimat du sauternais et donc de la fameuse pourriture noble… Ou comment pour gagner
seulement 30 minutes* des technocrates et politiciens aveugles veulent détruire de façon irrémédiable un environnement, une culture, un trésor séculaire que le monde entier nous envie ! »

« La commission d’enquête publique chargée d’examiner ce projet a donné un avis défavorable extrêmement argumenté. Sur les 14000 contributions, 96% ont donné un avis négatif. Malgré cette écrasante majorité, le projet continue d’avoir des défenseurs acharnés. Or, si par malheur il était déclaré d’utilité publique et appliqué, notre environnement, notre production et toute la filière qui en vit seraient en péril. »

« Ce projet ne passe pas directement sur les vignobles, mais les menace de façon plus grave encore, en détruisant ce qui fait leur spécificité exceptionnelle : sans doute savez-vous que les Sauternes et Barsac doivent leur histoire multiséculaire, le raffinement exceptionnel de leurs vins, la renommée mondiale qui en découle, à la fameuse pourriture noble. Or, ce «Botrytis cinerea» est un champignon microscopique qui se développe dans des conditions de microclimat très spécifiques et rarissimes, dont nous avons la chance de bénéficier grâce à l’écosystème de la vallée du Ciron, un affluent de la Garonne. C’est justement cet écosystème unique au monde qui est aujourd’hui gravement menacé par le projet de LGV ! »

Ca se passe justement l’été, car le Président de la République doit prendre la décision d’utilité publique. Tout me laisse à croire qu’il va décider de façon positive pour la LGV. Ce qu’ils attendent, c’est qu’il y ait des recours et que la justice tranche. Mais les recours en attendant n’arrêtent pas les procédures d’expropriations »  Xavier Planty Président de l’ODG Sauternes-Barsac

Des grains botityséS et passeriés © JPS

La fameuse pourriture noble qui se forme miraculeusement dans la vallée du Ciron © Jean-Pierre Stahl

LE MIRACLE SAUTERNAIS

« La vallée du Ciron est véritablement à l’origine du miracle sauternais. Il existe en effet dans cette zone un bassin versant comprenant de nombreuses rivières souterraines et nappes phréatiques peu profondes qui alimentent la rivière Ciron, laquelle est abritée au creux de gorges étroites, ombragées par une ripisylve. Les eaux naturellement froides de la rivière (14°) finissent leur cours dans le sauternais, pour se jeter à Barsac dans la Garonne, provoquant des brouillards souvent épais qui sont la clé indispensable du développement de la pourriture noble. »

Sauternes - le brouillard se dissipe.

Sauternes – le brouillard se dissipe © vinsvignesvignerons.com

« Le vignoble s’est développé depuis des siècles autour de la partie aval du Ciron, et c’est bien la rivière qui a véritablement créé la spécificité des appellations Sauternes et Barsac. Eaux froides, eaux chaudes : le Ciron se jette dans la Garonne et chaque matin d’automne le brouillard monte dans la vallée, envahit le vignoble et mouille les raisins mûrs. L’après-midi le soleil les sèche. De cette alternance mécanique naît le miracle de la pourriture noble : Botrytis cinerea se répand avec l’humidité du brouillard, puis le soleil et le vent le contraignent à acquérir ses lettres de noblesse…La prolifération vulgaire cède la place à la rédemption de la moisissure. Pénétrant la baie, le champignon magique crée les conditions d’une concentration de la baie de raisin, bien plus encore il devient l’alchimiste qui permettra de changer le jus en or. En attaquant son hôte, le parasite le sublime, il modifie son métabolisme pour exalter sa richesse, son équilibre, son potentiel aromatique. Concentration, rééquilibrage des acides, création de glycérine qui donne de la rondeur, et peut-être surtout, multiplication invraisemblable des précurseurs aromatiques, qui permettront à la fermentation de libérer ces milliers de notes aromatiques qui font des sauternes les plus grands parfums…à humer et à boire. »

Yquem, 1er cru classé de Sauternes, l'emblème myhique... © JPS

Yquem, 1er cru classé de Sauternes, l’emblème myhique… © JPS

« Ces vins de renommée internationale ont fait vibrer de tout temps de grands amateurs, de Jefferson aux tsars de Russie, en passant par Colette, Cocteau ou Coco Chanel… et ils sont aujourd’hui très appréciés sur le marché international. Parmi ces vins que le monde entier nous envie, citons notamment 27 Crus honorés par le célèbre Classement de 1855, dont 11 Premiers Crus Classés, et le seul et unique Premier Cru Supérieur, le mythique Château d’Yquem…
Soulignons que ces vins uniques ont un cahier des charges déposé auprès de l’Union Européenne, qui met l’accent sur le caractère déterminant de la vallée du Ciron dans leur terroir et leur essence même. »

« Les vignobles de Sauternes et Barsac couvrent 2200 hectares, sur une zone de 6000 hectares, ils représentent 170 producteurs, font vivre directement de nombreux foyers, et bien plus encore indirectement. Ils sont garants, avec d’autres acteurs économiques et sociaux, de la préservation du paysage de tout ce territoire, par ailleurs remarquablement beau et historiquement très riche, qui attire de plus en plus : l’oenotourisme y est en plein essor et représente un avenir très encourageant pour cette appellation et bien au-delà. »

Sylvio Denz, le président de Lalique, rachète Lafaurie Peyraguey

Sylvio Denz, le président de Lalique, a achèté en 2014 © Lafaurie Peyraguey

UNE FAUNE ET UNE FLORE UNIQUES AU MONDE

« La vallée du Ciron, zone humide à l’écosystème très particulier abrite d’autre part une faune et une flore dont la richesse, la variété et la rareté sont tout à fait extraordinaires ! On y trouve notamment une forêt résiduaire unique au monde, une hêtraie ripisylve vieille de plus de 40 000 ans, qui a résisté aux glaciations et aux réchauffements grâce au microclimat frais de cette zone, auquel elle participe en retour. Elle est étudiée de très près par l’INRA, et son patrimoine génétique unique en Europe a été retenu en priorité par la Commission des Ressources Génétiques et Forestières pour sa conservation, en tant que réservoir génétique potentiellement utile en période de réchauffement climatique. La biodiversité de la vallée du Ciron est exceptionnelle à maints autres niveaux : visons d’Europe (menacés d’extinction), cistudes (tortue d’Europe), loutres, population exceptionnellement variée de poissons de rivière, nombreuses variétés de chauvesouris et d’insectes, variétés de fleurs sub-montagnardes, nombreux champignons rares… »

« Cette vallée totalement unique devrait donc être considérée comme un patrimoine commun à préserver en priorité, a fortiori dans cette période de changement climatique ! Et pourtant, c’est tout l’inverse qui se passe : elle ne cesse d’être agressée par des infrastructures gigantesques et souvent inutiles, comme cette autoroute Bordeaux-Pau, superbe éléphant blanc dont nous vous engageons à consulter les statistiques de fréquentation… »

Regardez le reportage de Candice Olivari et Thierry Julien sur le Ciron menacé par la LGV (du 5 décembre 2014)

UN PROJET RUINEUX, INCOHÉRENT ET IRRESPONSABLE, DONT L‘UTILITÉ PUBLIQUE EST TRÈS CONTESTÉE

« Ce projet de LGV fait vraiment dans ce contexte figure de véritable provocation au bon sens, à la logique et au respect minimal de ce que nous avons de plus précieux : elle s’acharne en effet sur cette vallée, prévoyant de créer une énorme balafre coupant 3 fois le Ciron, 30 de ses affluents et plus de 80 de ses contributaires ! Que RFF prétende dans ce cas qu’il n’y aura pas de conséquences sur l’environnement dépasse l’entendement : les répercussions sur les réseaux hydrographiques des petits et moyens cours d’eau et sur les zones humides connexes seraient en effet irrémédiables, non seulement par les travaux gigantesques envisagés que par l’entretien des voies à grands renforts d’herbicides. RFF rejette toute idée d’incidence du projet sur nos vignobles
sous le prétexte un peu court qu’ils ne sont pas directement traversés…Avons-nous déjà observé une plante capable de survivre à la destruction de ses racines ?! »

« Dans notre contribution à l’enquête publique, nous avons émis de nombreux arguments, dont certains ont été développés par plusieurs associations environnementales sérieuses s’appuyant sur des connaissances scientifiques incontestables. Cerise sur le gâteau de l’incompétence, TIGF (Transport et Infrastructure Gaz France) a révélé dans sa contribution à l’enquête publique que le tracé avait été prévu au niveau d’un noeud de gazoducs très conséquent, dont visiblement les experts de RFF ne connaissaient même pas l’existence, et qui coûterait des milliards d’Euros à déplacer !

Château la Tour Blanche 1er cru classé de Sauternes

Château la Tour Blanche 1er cru classé de Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Si tout cela ne suffisait pas, de nombreux experts dénoncent ce projet pharaonique et ruineux dont l’utilité publique est très sérieusement contestée, dont la rentabilité est plus que douteuse… La Cour des Comptes elle-même a sévèrement condamné cette obsession du TGV dont la logique économique et l’impact sur le développement du territoire sont devenus négatifs. Dans ce contexte, nous nous demandons quels intérêts politiques et industriels peuvent bien
aujourd’hui défendre ce projet que nous pouvons qualifier tout bonnement d’ubuesque sans prendre le risque d’une quelconque exagération. De surcroît, il paraît particulièrement malvenu dans cette période financière difficile, ainsi que dans le climat actuel de contestation de projets sensibles d’aménagement du territoire. Le Président de la République lui-même ayant demandé dans ce cadre davantage de concertation, nous voyons mal comment ce projet insensé pourrait voir le jour. »

Des vins de légende rayés d'un coup de crayon sur une carte ? © JPS

Des vins de légende rayés d’un coup de crayon sur une carte ? © JPS

« Néanmoins, notre inquiétude est grande face à l’obstination de certains élus comme Alain Rousset, Président du Conseil Régional d’Aquitaine, qui a appelé il y a peu à manifester pour ce projet insensé et totalement déphasé. Les conséquences aux plans socio-économique, environnemental, humain et culturel de ce projet seraient donc clairement catastrophiques. Les opposants à ce projet, qu’ils soient viticulteurs, associations environnementales
et locales, sont très déterminés mais veulent éviter tout dérapage. Mais il est clair que la mise en oeuvre d’un projet aussi impopulaire constituerait un point d’achoppement très sensible, avec un risque élevé de débordements insurrectionnels et d’occupation de type ZAD… ce qui serait dommageable pour tout le monde. Si le gouvernement veut éviter cela, il faut purement et simplement enterrer ce projet absurde et dangereux ! »

Regardez ce reportage sur le miracle du botrytis à Sauternes en octobre 2013 par Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet

 

08 Juil

Ouverture d’une enquête préliminaire suite au décès d’un viticulteur victime de pesticides

C’est une première en France. Le parquet de Paris a décidé d’une enquête préliminaire après le dépôt de plainte de la famille d’un viticulteur bordelais, décédé suite à une maladie due à l’utilisation de pesticides.

Valérie Murat © MaxPPP

Valérie Murat © MaxPPP

Après la plainte contre X déposée le 27 avril dernier pour homicide involontaire, tromperie et omission de porter secours, le Procureur de la République a décidé de donner suite et d’ouvrir une enqûete préliminaire. Cette plainte avait été déposée par la famille de James Bernard Murat viticulteur à Pujols dans l’Entre-deux-Mers en Gironde, ce devant le Pôle de santé publique du Tribunal de Grand Instance de Paris. 

James Bernard Murat est décédé en décembre 2012 d’un cancer des bronches et des poumons, dont le caractère professionnel, lié à l’utilisation d’arsénite de sodium, avait été reconnu en février 2011.

« C’est un jour important parce que c’est le jour où cela prend du sens concrètement, parce que là ça va être le début des investigations » commentait, au micro de France Bleu Gironde, sa fille Valérie Murat. « Ca veut dire aussi qu’on va être entendu en tant que plaignante, et ça veut dire aussi qu’il va y avoir des investigations pour trouver des informations sur l’arsénite. D’ores et déjà, c’est un signe fort de la justice sur le sérieux de notre dossier et on peut s’en féliciter. Ca va être une épreuve d’endurance, ça va être très très long, on y est préparé depuis le début. Rien que l’enquête préliminaire ça va être entre 6 mois et 1 an. Ca va être une épreuve de patience mais on est bien armé aussi pour ça et on est bien préparé. »

Selon sa fille, James Bernard  Murat a traité ses vignes durant plus de 40 ans (de 1958 à 2000)  contre l’esca, une maladie due à des champignons parasites. Il utilisait ce produit sans jamais avoir été alerté sur la toxicité pour sa santé. Et son avocat Me François Lafforge, l’avocat de la famille de la victime, de commenter: « il y a plusieurs responsabilités à dégager, les responsabilités des firmes notamment, donc nous demandons que toutes les explications soient apportées aux victimes et à la famille de la victime ». L’enquête sera longue, le combat judiciaire sera dur, semé d’obstacles mais il faut souligner le courage de Valérie Murat qui a décidé d’engager cette procédure. »

 Avec France Bleu Gironde