22 Jan

Conséquences du gel : « la disparité entre le Bordeaux qui rit et celui qui pleure n’a fait que s’accentuer »

Le gel d’avril dernier est douloureusement vécu à Bordeaux. De très nombreux vignobles ont été touchés, d’autres moins, les grands châteaux s’en sortent en général mais chez les tout petits c’est plus difficile. Ceux-ci tenaient une réunion le 11 janvier. Voici ce qu’ils disent aujourd’hui.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Les dégâts du gel début mai 2017 dans le vignoble de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

« La disparité entre le Bordeaux qui rit et celui qui pleure n’a fait que s’accentuer, c’est le constat fait par Solidarité Paysans Aquitaine, SOS vignerons et la Confédération Paysanne de la Gironde qui se sont réunis le jeudi 11 janvier au siège de Solidarité Paysans. Les 3 organisations ont échangé autour des conséquences du gel du printemps dernier, qui a touché la plus grande partie du vignoble dans nos départements d’Aquitaine, ainsi que les vergers et autres cultures.

Alors oui, effectivement les dispositifs d’aide actuels sont bien activés mais avec un goût d’amertume et de déjà vécu. Les 3 organisations ont reconnu qu’elles sont inadaptées aux sinistres de ces dernières années.

Des solutions réelles viables existent et, face à cette angoisse silencieuse, face aux nombreux paysans qui n’auront d’autre choix que d’arrêter tout en continuant à porter des dettes, face à ceux qui ne savent pas comment ils vont financer la prochaine saison, nous disons:

– Résistons ensemble : Nous connaissons les solutions nous permettant de nous en sortir sans que cela ne coûte en plus à l’Etat.

Voici quelques pistes : l’aide à la gratuité des procédures collectives (RAJ, Redressement…), les facilités bancaires, le déblocage anticipé des comptes retraites sans pénalités, le dégrèvement des cotisations CIVB pour certaines appellations, la Réserve Climatique élargie (VCI ), le recalcul des assurances,et à moyen terme modification de la distribution des aides de la future PAC 2020 / 2026 dans le sens d’une aide directe au revenu des vignerons ( A savoir 2018 étant l’année charniere sur les négociations pour la mise en place des nouvelles règles de la nouvelle Pac)

Devant ce spectacle de désolation, exigeons des Pouvoirs Publics du soutien pour mener à bien l’ensemble de ces dispositions afin de faire évoluer les dispositifs dédiés aux vignerons.

Demandons à la presse d’être le révélateur de la vie réelle de cette partie du vignoble Bordelais, moins glamour aujourd’hui, mais tant porteuse de son identité profonde.

C’est pourquoi les 3 organisations tirent la sonnette afin d’alerter les institutions. La détresse des vignerons reste un sujet d’actualité.

Il va falloir y répondre concrètement. »

SOS Vignerons, Solidarité Paysans et la Confédération Paysanne de Gironde.

20 Jan

Pesticides : lorsque les associations s’en prennent à Bernard Farges, celui-ci se défend

On a assisté hier à une passe d’armes entre d’un côté Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran et de l’autre Bernard Farges, avec en toile de fond les traitements phytosanitaires que celui-ci effectue sur sa propriété. Les deux responsables d’associations Alerte aux Toxiques et Info Médoc Pesticides ont fait analyser une cuvée 2014 de la production du viticulteur et vice-président du CIVB, et ont trouvé 16 molécules de pesticides. Bernard Farges de son côté a écrit une lettre ouverte à ces deux militantes où il regrette cette attaque mais confirme que le monde viticole et sa propriété sont en train de changer. Voici leurs échanges musclés.

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

En début d’après-midi, ce vendredi Bernard Farges, figure de Bordeaux, puisqu’ancien président du CIVB, et vice-président actuel, envoie une lettre ouverte à Valérie MURAT et Marie-Lys BIBEYRAN : « Vous avez diffusé ce matin un communiqué de presse me mettant en cause personnellement. Cette attitude est regrettable sur la forme, mais plus encore sur le fond, puisque vous faites état de résultats d’analyses mettant en évidence des traces de 16 pesticides dont 4 CMR retrouvés dans mon domaine le Château de l’Enclos 2014. »

Le matin même, ces responsables d’associations qui luttent contre les pesticides, dont un père et un frère sont décédés des suites de traitements qu’ils effectuaient dans les vignes, n’y étaient pas allées avec le dos de la cuillère et faisaient une attaque plutôt virulente : « Stupéfaites d’entendre M. Farges assumer encore, à l’été 2017, l’utilisation de produits phytosanitaires classés CMR sur son propre domaine,* nous avons donc fait analyser les résidus de pesticides du Château de l’Enclos 2014, cuvée phare de la cave de Sauveterre et propriété de « Mrs. Farges ».Après lecture des résultats d’analyse, nous nous frottons les yeux. On en a pour son argent ! 16 molécules de pesticides retrouvées dont 4 cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques ».

Valérie Murat m’explique aujourd’hui :« on n’a pas choisit Bernard Farges comme un vigneron comme les autres, mais à 3 titres en tant que vice-président du CIVB, représentant des Grands Vins de Bordeaux et Président de la Fédération Européenne des vins sous Appellation. Il a un devoir d’exemple ».

Bernard Farges leur rétorque que « vous souhaitez disqualifier mon engagement réel et sincère de réduction et de sortie à terme de l’usage des pesticides, engagement que j’ai pris publiquement en avril 2016 lorsque j’étais Président du CIVB. Je voudrais vous rappeler avec force que le monde viticole est en train de changer répondant ainsi aux attentes de la société dont il fait naturellement partie. Oui, je ne suis ni meilleur ni plus mauvais que la plupart des vignerons de notre région. Je suis même tout à fait représentatif des profonds changements en cours. J’ai fortement diminué l’utilisation de pesticides depuis 2016 et j’ai également limité le recours aux CMR à chaque fois que c’était possible. J’espère bien réussir, en 2018, à n’en utiliser aucun. »

Et de confirmer « ce sujet est aujourd’hui dans la tête de tous les viticulteurs, on sait que l’utilisation globale va beaucoup baisser en Gironde et globalement que la transition est en cours. Le mouvement aujourd’hui est plus rapide. La communication de Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran leur appartient ».

Et les militantes de dire : « Quelle crédibilité reste-t-il à des responsables qui tiennent un discours et agissent autrement ? »  Bernard Farges de leur rétorquer : « Votre attitude Mesdames est d’une rare mauvaise foi. Délibérément vous choisissez un vin de 2014 alors que vous savez pertinemment que mon engagement au nom de la filière viticole bordelaise date d’avril 2016. Pourquoi me déniez-vous le droit de changer ? Le droit de faire mieux ? Pourquoi ne regardez-vous pas la réalité telle qu’elle est ? Pourquoi ne m’accordez-vous aucun crédit alors que précisément je mets en accord mes actes avec mes discours ? »

Bernard Farges confirme aujourd’hui que « le mouvement est enclenché, massif et puissant. »

Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran terminent en disant « Nous attendons, que derrière l’enfumage du double discours, apparaisse enfin une vraie stratégie offensive de sortie des CMR à Bordeaux. Les riverains, les salariés et les vignerons méritent bien cela. Leur santé ne peut se contenter d’un simple « principe » d’évitement ».

Enfin la parole à la défense :  « Je sais Mesdames que vous avez eu à souffrir à titre personnel de ces pratiques anciennes, nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’en parler à Bordeaux à maintes reprises. Plutôt que d’alimenter une polémique vaine et injuste par médias interposés, et de choisir la voie de l’attaque personnelle, je trouverais plus constructif de mettre nos énergies et nos compétences en commun pour accompagner la dynamique engagée à Bordeaux. Je vous le propose à nouveau ».

Ce vif échange intervient près d’un mois après l’enquête de Que Choisir qui avait analysé 40 châteaux à Bordeaux et montré qu’en 4 ans, il y avait eu une diminution par 3 des résidus, molécules et traces de pesticides. (« Enquête bidon » selon Valérie Murat, le protocole d’analyses est insuffisant; il n’y a pas de législation pour établir une LMR limitation maximale de résidus, il y a un vide juridique ».) L’émission Cash Investigation sur France 2 remonte à 2 ans, pour ces militantes la vitesse à laquelle les changements interviennent n’est pas suffisante, elles réclament l’abandon des produits avec CMR les plus dangereux.

Une chose est sûre le dialogue serein est à privilégier, alors de part et d’autre, laissez retomber la pression et parlez-vous, dans un respect mutuel.

15 Jan

La « Clairette de Die rosée » retoquée par le Conseil d’Etat

Le Conseil d’État vient d’annuler le décret autorisant les producteurs de Clairette de Die (Drôme) à vinifier un pétillant rosé au sein de l’AOC, donnant ainsi raison aux vignerons de Bugey soucieux de protéger le Cerdon, leur appellation rosée.

Le vignoble de l'appellation © Clairette de Die

Le vignoble de l’appellation © Clairette de Die

La plus haute juridiction de l’ordre administratif a ainsi conclu vendredi à la nullité du décret du 16 novembre 2016 régissant l’appellation d’origine contrôlée
(AOC) clairette rosée, jugeant que ce vin mousseux rosé n’était pas présent historiquement dans le Diois, et a condamné l’Etat à verser une somme de 3.000 euros au Syndicat des vins de Bugey (Ain).

Le ministre de l’Economie et le ministre de l’Agriculture « ont commis une erreur d’appréciation en estimant que la condition d’antériorité était remplie et en approuvant ce nouveau cahier des charges », relève le Conseil d’Etat.  Après cette décision, l’AOC Clairette de Die reste donc réservée aux vins mousseux blancs.  Les deux vignobles, que séparent le Rhône et le massif du Vercors, sont distants de plus de 200 km.

« C’est la douche froide et une immense déception pour tous les vignerons du Diois », a réagi lundi Fabien Lombard, président du syndicat de la Clairette. « On avait des arguments qui n’ont pas été retenus. On en prend acte. Mais il faut être pragmatique. Nous continuerons à produire notre rosé mais plus dans l’appellation Clairette de Die », a-t-il expliqué à l’AFP.
« On a aussi des bouteilles dont il faut étudier le devenir. C’est encore trop tôt pour savoir quelle forme cela prendra, peut-être une marque collective », a-t-il ajouté.

En 2016, le rosé mousseux a représenté 4% de la production de clairette. « Si nos vins rosés rencontrent un succès auprès des consommateurs, on ne va pas s’en excuser ! », relève Fabien Lombard.

Pour le président du syndicat des vignerons du Bugey Eric Angelot, « notre requête avait pour fondement de base ce qu’est une AOC, c’est-à-dire le respect des coutumes, de l’historique. J’étais prudent sur l’issue de cette affaire mais assez confiant », a-t-il dit à l’AFP.

« C’était notre rôle de protéger l’appellation Cerdon, de rétablir les fondamentaux ». « Il est produit dans des conditions difficiles, en altitude, avec un terrain très pentu, de 12.000 à 15.000 hectolitres d’appellation Cerdon chaque année, un rosé mousseux à base de cépage rouge », remarque M. Angelot. « C’est ce qui lui donne sa typicité particulière ».

AFP

12 Jan

Bernard Magrez agressé à son domicile

L’homme aux 4 crus classés et 40 châteaux, l’une des plus grandes figures emblématiques et mécène à Bordeaux, a été victime cette nuit d’une agression à son domicile. Les voleurs sont repartis avec des objets de valeur.

Bernard Magrez, nous a confirmé la nouvelle ce midi sur son stand de Fombrauge - Pape Clément © JPS

Bernard Magrez, en décembre dernier à Bordeaux Tasting © JPS

Selon nos confrères de Sud-Ouest, Bernard Magrez a pu se libérer vers 7h du matin pour appeler la police et donner l’alerte. Bernard Magrez a été agressé dans la nuit, à son domicile à Bordeaux, par 4 ou 5 malfrats qui souhaitaient le voler. Il n’a pas été blessé mais a été choqué par cette agression.Il aurait été ligoté et menacé par un couteau, un tournevis et une arme de poing. Il seraient repartis avec de l’argent, des montres de luxe, et même sa voiture personnelle.

Joint par téléphone, ses assistants ont confirmé la nouvelle de cette agression, qui a laissé le monde du vin aussi en émoi.

Bernard Magrez, 81 ans,  est aujourd’hui propriétaire de 4 crus classés à Bordeaux (Pape-Clément, La Tour Carnet, Fombrauge et Clos Haut-Peyraguey) et 40 châteaux au total, de nombreux à Bordeaux mais aussi partout dans le monde. Sa dernière acquisition en date était annoncée en exclusivité et en interview sur Côté Châteaux : château Le Sartre en appellation Pessac-Léognan.

L’enquête a été confiée à la Police Judiciaire de Bordeaux. Les auteurs de cette malheureuse agression sont pour l’heure en fuite et activement recherchés. Il pourrait s’agir de professionnels de cambriolage ou de gens qui connaissaient et l’homme et son domicile.

Cette bien triste affaire en rappelle une autre toute aussi odieuse, celle de Michel Jack Chasseuil, le plus grand collectionneur de vins au monde, qui avait été séquestré dans sa cave également en juin 2014. Les auteurs avaient par la suite été arrêtés.

Côté châteaux souhaite un prompt rétablissement à Bernard Magrez.

Lire ou relire :

Bernard Magrez, l’homme aux quatre crus classés, qui tutoie l’excellence

09 Jan

Production de vin en France en 2017: une baisse de 10 millions d’hectolitres par rapport à l’an dernier selon la douane

La production de vin pour 2017 s’élève à 35,6 millions d’hectolitres selon la douane. Quant on compare aux 45 millions de 2016 (déjà en baisse de 10%), il en manque un peu : 10 millions d’hectolitres. Un manque historique qui va se faire sentir.

Jeudi matin une vague de gel intense a considérablement meurti le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

Le 27 avril 2017 une vague de gel intense a considérablement meurtri le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

La Douane publiait sur son site ce triste constat fin décembre : « Après le gel du printemps qui a fortement affecté la production du Sud-Ouest, des Charentes, du Jura et de l’Alsace, l’accentuation de la sécheresse dans les vignobles méditerranéens et du Beaujolais a également pesé sur le volume des récoltes.

Ce recul ne reflète toutefois pas les quantités de vins disponibles sur les marchés. Le niveau des stocks de vins détenus et les mécanismes de mises en réserve utilisés dans certaines régions doivent en effet être pris en compte.

Les viticulteurs ont par ailleurs largement utilisé la télé-procédure proposée par la douane pour déclarer leurs volumes produits : 97% d’entre eux ont déclaré en ligne. Cet excellent taux est le fruit de la mobilisation de la DGDDI et des organisations professionnelles pour accompagner les viticulteurs vers les télé-procédures dont le recours est désormais obligatoire.

La douane française est chargée de la gestion et du contrôle de la production de la filière viti-vinicole nationale qui exporte près de 8 milliards d’euros de vins. Dans ce cadre, les chiffres de la production sont issus du traitement par la douane, des déclarations effectuées par les producteurs de vins ».

28 Déc

Champagne : discorde autour de la cuvée « by Clara Morgane »

Une campagne qui avait pourtant bien commencé avant les fêtes de fin d’année et qui suscitait de nombreux sourires ou commentaires, mais c’était sans compter le choc provoqué chez un descendant de la famille de Cazanove qui n’apprécie pas de voir associé son nom avec l’image éhiculée par Clara Morgane. Sans parler d’un packaging rose avec un ruban de dentelle pour la bouteille. Une discussion devant la justice va s’engager début janvier autour de cette idée de lancer une Cuvée Clara Morgane, ancienne star du X par cette marque de champagne. 

Extrait du compte facebook de la Maison © Charles de Cazanove

Extrait du compte facebook de la Maison © Charles de Cazanove

La cuvée du champagne Charles de Cazanove, en collaboration avec l’ancienne star du X Clara Morgane, a suscité l’ire d’un descendant de la famille qui a saisi la justice, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

« Ce n’est pas la marque qui pose problème, c’est que le nom « de Cazanove » soit associé à une activité pornographique », a déclaré à l’AFP Me Emmanuel Ludot, l’avocat d’un descendant de la famille de Cazanove, « choqué » par cette nouvelle cuvée dévoilée à Paris le 29 novembre.

« Une bouche fruitée, généreuse et puissante pour vous accompagner pendant les fêtes », avait commentée Clara Morgane sur son compte Instagram, posant avec une bouteille rosée sertie d’un bandeau de dentelle noire.

Mais « ça fait un peu « sexy sexe »… Pour mes ancêtres je ne peux pas accepter ça », a réagi auprès de l’AFP le comte Loïc Chiroussot de Bigault de Cazanove, 67 ans, descendant direct du fondateur de la maison de champagne Charles de Cazanove créée en 1811.

Pour ce membre « d’une famille illustre » engagée dans la Résistance, et issue « de la vieille noblesse française », il ne s’agit pas, explique-t-il, de « juger » l’ancienne actrice, désormais mannequin, animatrice et chanteuse, mais de « protéger » son nom à travers son « droit patrimonial ».

cazenoveclaramorgane

« Ce qu’on demande c’est que les étiquettes soient modifiées pour que le nom « de Cazanove » ne soit plus associé à celui de cette personne », a expliqué Me Ludot, qui a assigné en référé la marque désormais propriété de la SAS Charles de Cazanove, au titre de « la protection du nom » et du « droit au respect de la personne ».

De son côté, « la maison Charles de Cazanove assume avec fierté sa collaboration avec Madame Clara Morgane, au service de ce produit emblématique du terroir, de la tradition et de l’excellence française, qu’est le vin de Champagne », a déclaré à l’AFP Me Thierry Pelletier, conseil de la marque rémoise, « surprise » des propos du comte éponyme.

L’audience est fixée au 9 janvier devant le tribunal de grande instance de Lille.

AFP

08 Déc

La Confédération Paysanne remontée suite à une affaire de fraude à Bordeaux, la Fédération des Grands Vins lui répond

La Coupe Davis étant terminée, le match continue entre la Confédération Paysanne d’un côté et le CIVB et la Fédération des Grands Vins de l’autre. La Confédération sommait avant-hier ces institutions de lui répondre sur l’affaire de fraude aux vins de Bordeaux dévoilée par Vitisphère où 4200 hl de vins languedociens auraient été transformés en Bordeaux, Bordeaux supérieur, Pomerol, Margaux, Pauillac et St Julien. La Fédération des Grands Vins ne se défilera pas et se portera partie civile dès que l’action en justice sera engagée a-t-elle commentée auprès de Côté Châteaux. Le CIVB répondra aux questions de la presse lundi 18 décembre lors de son AG.

Dominique Techer de la Confédération Paysane © Jean-Pierre Stahl

Dominique Techer de la Confédération Paysane © Jean-Pierre Stahl

L’histoire concerne 4200 hectolitres de vins languedociens qui auraient été transformés en vins bordelais entre 2012 et 2014, une affaire révélée par Vitisphère, suite à une opération des douanes et remise avant-hier soir sur le tapis par la Confédération Paysanne, 3e syndicat de Gironde.

Pour Dominque Techer de la Confédération Paysanne  : « Nous avons cru, un court moment, que les instances viticoles bordelaises allaient enfin retrouver leur honneur perdu. Nous avons cru que, dans un même mouvement, « notre » interprofession, le CIVB, la Fédération des grands vins de Bordeaux, les appellations Bordeaux, Bordeaux supérieur, Pomerol, Margaux, Pauillac et St Julien allaient demander haut et fort à la justice, de laver l’affront fait à ces appellations prestigieuses et de sanctionner lourdement les fraudeurs. Au lieu de cela, on assiste à un drôle de manège, une course où chacun rivalise d’ingéniosité pour faire traîner l’affaire et surtout les poursuites. On pourrait presque croire que ce qui est recherché, c’est la prescription des faits. Les Douanes, parfois si diligentes pour sanctionner le petit viticulteur sans relations, ne semblent pas se presser pour saisir le procureur de la République. Tout le milieu viticole est au courant mais personne ne semble vouloir s’exprimer. Bizarre… »

Hervé Grandeau, le Président de la Fédération des Grands vins de Bordeaux © JPS

Hervé Grandeau, le Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux © JPS

Aujourd’hui Hervé Grandeau rétorque : « la Fédération des Grands Vins de Bordeaux a toujours répondu présent et s’est toujours porté partie civile dans ces affaires de fraude, mais encore faut-il qu’il y ait une action en justice et pour le moment il n’y en a pas. Aujourd’hui il y a une instruction du dossier par le service des douanes. Un journaliste a parlé de cela, de manière tout-à-fait légitime. On ne pourra pas être pris à défaut car on le fait régulièrement ».

La Confédération Paysanne invoque une nouvelle fois le fait de se défendre contre le « Bordeaux bashing », en défendant les appellations de Bordeaux au nom de la viticulture honnête.  « Au nom de la viticulture honnête, nous demandons donc solennellement au CIVB, à la FGVB et aux appellations victimes de cette fraude de déposer plainte devant le procureur de la République de Bordeaux. Le contraire pourrait passer pour de la forfaiture pure et simple » selon la Confédération Paysane.

Et Hervé Grandeau de commenter : « Un syndicat minoritaire essaie de nous faire passer pour ce que l’on n’est pas. On va s’exprimer très clairement lundi prochain lors de l’Assemblée Générale de la Fédération des Grands Vins. » Le CIVB est sur la même ligne que la FGVB et attend l’action en justice pour se porter partie civile.

Balle au centre en foot ou alors tie-break en tennis. La suite au prochain numéro.

21 Oct

Hausse des taxes sur les spiritueux : la Coordination Rurale annonce une mort programmée des eaux-de-vie françaises !

Le gouvernement aurait dans sa manche un alourdissement de la fiscalité sur les boissons alcoolisées de plus de 15 degrés. La Coordination Rurale dénonce cette mesure qui aurait des conséquences fâcheuses pour les filières du Cognac, de l’Armagnac ou du Calvados.

Comté 037Pour Xavier Desouche, président de la section Viticole de la Coordination Rurale : « cette décision serait un lourd boulet supplémentaire pour les productions sous signe de qualité, qui n’ont rien à voir avec les alcools de masse. »

« Avec cette hausse – qui serait prévue entre 10 et 15 % – les productions de spiritueux en AOP tels que le Cognac, l’Armagnac ou le Calvados par exemple, pourraient être sévèrement mises en difficulté. Je ne comprends pas que l’on envisage d’augmenter la fiscalité sur ces produits alors que la taxe sur les boissons alcoolisées est déjà indexée sur l’inflation et donc augmente naturellement ».

En effet, Cognac, Armagnac et les eaux-de-vie de fruits françaises sont des produits hauts de gamme qui n’interviennent pas ou peu dans les comportements dépendants ou abusifs : ce sont des produits chers qui sont consommés avec parcimonie. Taxer fortement ces productions impacterait très négativement les vendeurs directs et les petits négociants qui commercialisent leur production en France et représentent des entreprises fragiles. Les gros négociants, eux, ne contribueraient pas à cette taxe car ils exportent plus de 95 % de leur production. Il serait injuste qu’une mesure destinée à bénéficier à tous soit supportée uniquement par les plus faibles.

Si la Coordination Rurale est consciente que chacun doit faire des efforts pour contribuer au plan de prévention de l’alcoolisme, elle demande fermement que des mesures spécifiques visant à protéger le patrimoine gastronomique et culturel français soient prises.

Avec Coordination Rurale

19 Oct

La production européenne de vin devrait être en baisse de 14% cette année…

La production européenne de vin, affectée par des aléas climatiques, va baisser de 14% en 2017 par rapport à la récolte précédente, a-t-on appris jeudi auprès de FranceAgriMer, qui se base sur des chiffres de la Commission européenne. Les 3 grands pays producteurs sont affectés.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Ce recul, qui aboutit à une production historiquement basse, est principalement le fait des trois plus gros bassins de production: Italie (-21%), France (-19%) et Espagne (-15%), selon l’organisme public.

La Commission estime à 145 millions d’hectolitres la production globale de vin dans l’Union européenne des 28, en baisse de 14% également par rapport à la moyenne
des cinq dernières années.

Avec 40 millions d’hectolitres, l’Italie reste le premier producteur du continent, devant la France à 36,9 millions et l’Espagne à 36,8 millions. L’Allemagne, à 8 millions d’hectolitres, subit également une petite baisse, alors que des pays comme le Portugal (6,6 millions), la Roumanie (5,3), l’Autriche (2,4) et la Bulgarie (1,4) connaissent, eux, une légère progression de leur volume de production.

Alors que cette baisse fait d’ores et déjà de ce millésime européen, comme en France, le plus faible volume de l’après-guerre, « les professionnels, eux, pensent que ces estimations sont encore supérieures à ce que va être le résultat définitif », a indiqué Anne Haller, déléguée pour les filières viticole et cidricole à FranceAgriMer. Des « ajustements » qui pourraient se traduire par « encore 2 ou 3 millions d’hectolitres de moins pour la récolte européenne », a-t-elle indiqué.

AFP

Face aux conséquences du gel, les vignerons de l’Aude réclament des mesures exceptionnelles de la part du gouvernement

Entre 1.200 viticulteurs selon la police et 3.000 selon les organisateurs ont manifesté mercredi à Carcassonne pour tirer la sonnette d’alarme sur leur situation et réclamer des aides au gouvernement. La récolte dans l’Aude n devrait s’élever qu’à 3 millions d’hectolitres et 10 en Languedoc-Roussillon alors qu’on était à 13 il y a deux ans.

2000 manifestants selon nos confrères de © France 3 Occitanie - Olivier Lecreurer

2000 manifestants selon nos confrères de © France 3 Occitanie – Olivier Lecreurer

DES MESURES EXCEPTIONNELLES RECLAMEES AU GOUVERNEMENT

Les manifestants se sont réunis à l’appel du Syndicat des vignerons de l’Aude devant une porte donnant accès à la cité médiévale avant de partir vers 16h00 en cortège vers le centre-ville, qu’ils ont rejoint dans le calme. Lors d’une prise de parole avant le défilé, le président du syndicat, Frédéric Rouanet, a décrit une situation qui « n’est plus tenable ». Après « la plus petite récolte que l’Aude et l’Occitanie aient connue, l’année va être compliquée », Frédéric Rouanet président du Syndicat des vignerons de l’Aude

Si nous n’obtenons pas des mesures exceptionnelles, des vignerons vont abandonner le métier »Frédéric Rouanet président du Syndicat des vignerons de l’Aude

Le président s’est plaint par ailleurs qu' »aucune annonce de soutien n’ait été faite par le gouvernement » alors que la situation est « catastrophique » pour de nombreux vignerons après les gelées du printemps dernier.

« Le gouvernement est nouveau, on l’interpelle pour la première fois, on espère que les choses vont bouger », avait-il dit à l’AFP au début du rassemblement.

Selon M. Rouanet, la récolte devrait s’élever cette année à 3 millions d’hectolitres dans le département, et à 10,4 millions d’hectolitres dans le secteur Languedoc-Roussillon, alors qu' »on était à 13 millions d’hectolitres il y a deux ans ».

CONCURRENCE DES VINS ESPAGNOLS ET DEMANDE DE REGULATION

Le Syndicat des vignerons de l’Aude dénonce aussi la concurrence des vins espagnols et réclame des mesures de régulation du marché au niveau de l’Europe.

Enfin, le président du syndicat et celui des Jeunes agriculteurs (JA) se sont élevés contre une campagne nationale contre le cancer et la consommation d’alcool illustrée par un tire-bouchon.  « Encore une fois c’est le vin qui est stigmatisé », se sont plaints Frédéric Rouanet et Arnaud Aribaud, le président des JA de l’Aude. « C’est l’avenir du territoire qui est en jeu », a assuré ce dernier. « C’est l’agriculture qui fait vivre ce département; le laisser tomber, c’est laisser tomber l’avenir de notre territoire », a-t-il déclaré.

Avec cette « plus petite récolte depuis 1945, on se fait énormément de soucis, on ne va pas pouvoir fournir tous les marchés » Arnaud Aribaud président des Jeunes agriculteurs

« Normalement, ça devrait faire monter les prix, mais si les négociants s’entendent pour acheter à un prix bas, les prix resteront bas », s’est inquiété M. Aribaud. « Moi je ne sais pas si je pourrai tenir », a témoigné Lucie Pagot, viticultrice à Bizanet, qui a repris l’exploitation de ses parents il y a trois ans. « Il nous faudrait davantage d’aides, de soutien, sinon on va mourir », a-t-elle poursuivi.
Bastien Roux a participé à la manifestation en signe de solidarité avec les viticulteurs, après avoir lui-même quitté l’exploitation de ses parents, en appellation Corbières, « par nécessité », car il n’y avait « pas assez de revenus ». Il travaille dorénavant dans le privé.

Avec AFP et France 3 Occitanie.

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Occitanie :  A.Grellier et F.Guibal