28 Mai

Grêle à Bordeaux : c’est encore pire que ce qu’on pensait, 7000 hectares touchés…

Bordeaux recense au fur et à mesure les dégâts. Ce matin, 7000 hectares ont bien été impactés, davantage que les 3000 à 5000 estimés hier matin. Une réunion de crise va avoir lieu cet après-midi à Beychac-et-Caillau avec la Fédération des Grands Vins, le CIVB et les appellations touchées.

Samedi, j’ai pu croisé des vignerons groggy, mais aujourd’hui c’est pire que ce qu’on pensait : 7000 hectares pour l’heure touchés par la grêle… mais cela pourrait être encore plus.

COTES DE BOURG ET BLAYE, LES PLUS IMPACTES

En Côtes de Bourg 40% de l’appellation, 2500 hectares ont été sévèrement impactés.

Dans le Blayais, même topo avec 1000 totalement rasés « C’est considérable », commente Michael Rouyer directeur de Blaye. « Berson, St Christoly, c’est ravagé. Reignac, Marcillac St Vivien également bien touchés. »

LE SUD MEDOC EGALEMENT

Mais il y a aussi le Médoc avec Macau,  Parempuyre et Ludon avec le château d’Agassac. Jean-LucZell, le directeur général me confie ce matin :« on est touché sur la partie la plus à l’ouest. 20 hectares fauchés, pas de récolte sur ces 20 ha cette année. Sur le reste, c’est plus où moins touché. On avait déjà tout ébourgeonné, épampré, on avait une belle récolte… » Malheureusement, c’était avant samedi 14h.

Samedi, c’était à pleurer, c’était la piscine dans les vignes », Jean-Luc Zell château d’Agassac.

A PESSAC-LEOGNAN DE GRANDS NOMS TOUCHES

Egalement Pessac-Léognan, château Brown est touché de 50 à 70% également le célèbre cru classé Smih Haut Laffite en partie touché.

Pour Jean-Christophe MAU directeur de Brown : « on va dire qu’aujourd’hui, ça va un peu mieux, mais hier et avant-hier on était un peu groggy ! Bon, c’est la nature. Tout le vignoble, 35 ha d’un seul tenant, a été touché. Maintenant il faut attendre un mois pour voir. On a du prendre de 50 à 70%; maintenant, il faut attendre. »

Pour Smith Haut-Lafitte, « pour l’instant c’est difficile à dire, mais samedi on a l’impression que c’était la nuit à ce moment là. » m’explique Fabien Teitgen, directeur technique. « On n’est pas comme à Bourg totalement haché, mais on on a des bois impactés, on ne sait pas trop ce que cela va donner. Nos 80 ha ont été touchés à des degrés divers. »  « Smith n’avait jamais été touché, en 25 ans c’est la première fois que je vois la grêle ici. »

LES EVENEMENTS CLIMATIQUES SE SUCCEDENT A BORDEAUX

La plaie du gel du 27 avril 2017 n’est pas encore refermée qu’arrive ce nouveau drame. Souvenez vous 39% de la récolte a été perdue l’an dernier avec l’une des plus faibles productions, enregistrées à Bordeaux, 3,6 millions d’hectolitres.

Les autres événements climatiques sont encore dans les mémoires comme la grêle de 2013 avec 15000 hectares touchés et celle de 2009 également.

REUNION DE CRISE AVEC LA FEDERATION DES GRANDS VINS ET LE CIVB

A 15h30, la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, le Civb et l’ensemble des appellations touchées vont faire un état des lieux et évoquer les pistes habituelles de reports d’échéances bancaires de cotisations MSA ; voire d’autres aides peut-être du département ou de la région. Car de nombreux vignerons aujourd’hui à Bordeaux sont fragilisés.  Si la superficie du vignoble reste à 112000 hectares, le nombre de vignerons exploitants a été divisé presque 2 en 20 ans il n’en reste que 5800 à ce jour. 

27 Mai

Grêle : entre 3000 et 5000 hectares de vignes très touchées en Gironde

24 heures après les violentes chutes de grêle, les vignerons pansent leurs plaies et les syndicats viticoles ont commencé à estimer les dégâts fort importants. Deux secteurs ont énormément payé : les Côtes de Bourg et le Blayais. Le Sud Médoc, Pessac-Léognan et quelques secteurs de l’Entre-Deux-Mers ont été en partie touchés.

Les dégâts hier en début d’après-midi en © Côtes de Bourg, dus à la grêl tout juste tombée…

En cette fin de matinée, Bernard Farges, le vice-président du CIVB, me confiait « on a une vision plus large mais pas encore très précise. « On peut dire qu’entre 3000 et 5000 hectares ont été très touchés. Il faut attendre pour avoir plus de précisions ».

« La zone la plus vaste, c’est le Blayais et le Bourgeais…Il y a également eu le Haut-Médoc (Ludon, Parempuyre, Macau), une partie de l’Entre-Deux-Mers (Pellegrue). Le vignoble charentais et celui de Cognac ont aussi été très touchés ».

La vraie différence avec ce qu’il se passait il y a 10 ans, on n’avait pas des orages de grêle aussi massifs », Bernard Farges Vice-Président du CIVB.

Et d’ajouter : « ce qui est terrible, c’est la succession d’événements, l’an dernier, l’année suivante, c’est dur ! Economiquement, cela va être compliqué et moralement aussi. »

26 Mai

Des vignes totalement hachées par la grêle en Côtes de Bourg

Les premiers constats effectués cet après-midi sont dramatiques. De nombreux domaines ont perdu la récolte à venir. Des bois sont meurtris pour deux millésimes. Les Côtes de Bourg estiment les dégâts à 1500 hectares touchés.

Une couche de grêlons intacts 2 heures après le drame dans la vigne des Côtes de Bourg © Jean-Pierre Stahl

Lansac ou Samonac, le haut de l’appellation des Côtes de Bourg est jonché de feuilles et branches cassées..

En suivant Didier Gontier et Stéphane Donze, le directeur et président de l’appellation, c’est un spectacle de désolation qui s’offre à nous: une route fume encore, 2 heures après cet amas de grêle qui n’a rien laissé sur les bois de vigne !

On est abasourdi par l’impact, par la gravité sur la récolte mais aussi sur celle qui va arriver derrière car on ne sait pas quels sont les bois qu’on pourra récupérer de la vigne », Stéphane Donze président de l’appellation

Lionel Lorente du château du Luc à Bayon commente avec eux cet épisode des plus violents : « c’est pire qu’en 2009, le même couloir de grêle qu’on a eu en 2009 mais avec des intensités plus fortes ».

En 10 minutes à 14 heures, de gros grêlons de 2 à 3 centimètres, très tranchants ont totalement haché la vigne à de nombreux endroits.

Stéphane Donze, Cyril Giresse et Didier Gontier, observant les dégâts © JPS

Cyril Giresse, du château Gravette Samonac, vient évaluer cette catastrophe en se tenant le visage… Ses 9 hectares de vigne, d’un seul tenant, sont totalement hachés.

Cela a duré 10 minutes à un quart d’heure, avec des grêlons très gros… Il y avait un vent assez violent, qui les projetait sur la végétation. Cela a été bref mais très, très fort », Cyril Ginesse

« On a d’autres vignobles à Bordeaux qui sont touchés aussi mais on a une Fédération des Grands Vins, on a une interprofession, un syndicat viticole et des collectivités qui seront là surtout dans ces moments difficiles ».

« On mettra tout en oeuvre pour les soutenir dans cet épisode violent », m’explique Didier Gontier directeur des Côtes de Bourg.

La solidarité devra jouer à plein, alors que bon nombre de vignerons à Bordeaux ont été fragilisés par le gel en avril 2017 où 40% de la récolte a été perdue.

Et pour résumer, Gérard Ginesse, le père de Cyril a lancé « belle apparence, petite abondance » disaient les anciens…la voix de la sagesse en cette fin de journée où la nature avait repris ses droits et où un soleil brillait, comme un pied de nez à tout ce qui venait de se passer.

Il y a toujours une lueur d’espoir, celle de se dire qu’au moins la France entière aura parler de cette fabuleuse appellation qui gagne à être plus connue et qui a des stocks à s’arracher en guise de solidarité avec les vignerons des Côtes de Bourg.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Delphine Roussel-Sax et Rémi Grillot :

La grêle est à nouveau tombée dans le bordelais avec de gros grêlons cette fois !

Encore des intempéries dont Bordeaux se serait bien passées. En cette fin de semaine, quelques vignes avaient déjà été impactées par un premier orage de grêle. Rebelote en ce début d’après-midi avec des grêlons de 2 à 3 cm…

Pour évaluer la taille des grêlons tombés durant 5 minutes © JPS

Ca suffit, n’en jetez plus ! Bordeaux a payé un lourd tribu en 2013 avec la grêle qui avait ravagé plusieurs milliers d’hectares, avec 1600 domaines touchés. A cette époque de nombreux châteaux avaient été fragilisés, certains ont même abandonné. Puis il y a eu le terrible épisode du gel d’avril 2017, avec 3 jours de gel intense les 21, 27 et 28 avril,  40% de récolte en moins et plus d’1 milliard et demi de pertes.

En ce début d’après-midi, un orage de grêle a sévi durant plus de 10 minutes avec des grêlons qui au fil du temps grossissaient pour s’amasser en couche compacte, les grêlons retrouvés étaient de 2 à 3 centimètres .

On croise les doigts pour souhaiter que les vignerons du bordelais ne soient pas trop touchés car cela risquerait d’être un drame absolu pour certains déjà mal en point.

« CATASTROPHIQUE » EN COTES DE BOURG, « BLAYAIS RAVAGE »

D’après les premiers retours, l’orage se serait abattu « de Bordeaux à Pauillac en passant par le blayais », selon Bernard Farges président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur et vice -président du CIVB, qui me confirme un peu plus tard que « le Blayais est aussi ravagé ».

Michaël Rouyer , directeur des Vins de Blaye-Côtes de Bordeaux témoigne en cet fin d’après -midi : « dur, dur, c’est la catastrophe. Franck Jullion (le président) fait le tour des propriétés. Tout le sud de Berson, Saint-Christoly de Blaye, Marcillac, ça a pris aussi. En 2017, on avait eu 30% de volumes perdus, ça va être très compliqué pour certains. »

Didier Gontier, directeur des Côtes de Bourg, me donne l’état des lieux : « c’est catastrophique, complet…à Bourg, c’est haché… »; confirmation par une autre amie et connaissance de Côté Châteaux, Amélie Osmond du Clos du Notaire qui me confie « on a pris cher » avec une émotion non dissimulable.

D’autres comme Camille-Gaucheraud bien touchés par le gel en 2017 dans le Blayais n’a  « absolument rien » selon Freddy Latouche et c’est tant mieux. Pas tous les ans tout de même.

Et pourtant comme le rappelle Michaël Rouyer « il y avait une sortie de belles grappes, assez fournies. Un an après le gel, ces paysages de désolation, ça fait beaucoup ! »

27 Avr

Un an après le gel : « une phrase » pour résumer le drame survenu dans le vignoble de Bordeaux le 27 avril 2017

Côté Châteaux a demandé aux vignerons et acteurs de la filière vin de Bordeaux LA PHRASE qui leur venait à l’esprit pour décrire et résumer l’horreur qu’ils ont vécue, il y a tout juste un an. Le gel, de -3 à -7°C par endroits, a sévi dans quasiment l’ensemble des appellations de Bordeaux. 39% de la récolte a été perdue, la production de vin en 2017 n’est que de 3,5 millions d’hectolitres.

Saint-Emilion en lutte contre le gel du côté du château la Gaffelière fin avril © Jean-Bernard Nadeau

  • « L’inattendu ou l’improbable pour notre génération, les anciens nous avaient raconté le gel de 91, on l’a vécu ; jusqu’ici, on n’avait jamais cru qu’il était possible de tout perdre ! » Yann Todeschini 90% de pertes sur La Brande en Castillon Côtes de  Bordeaux

Jeudi 27 avril 2017 au petit matin, une vague de gel intense a considérablement meurtri le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

  • « 2500 bouteilles au lieu de 70000 (en blancs), on perd le travail qu’on a fait, c’est sans doute ça le plus dur », Loïc de Roquefeuil gelé à 100% au château de Castelneau dans l’Entre-Deux-Mers.
  • « L’inquiétude et la détresse : l’inquiétude car je ne connaissais pas la dimension des dégâts, la détresse ensuite dans les yeux de mes vignerons dont certains ont tout perdu ! » Didier Gontier directeur des Côtes de Bourg avec 25% de production en moins.

« Quand tu gèles tu baisses la tête, tu baisses les yeux, tu as pris un coup de massue sur la tête… », Olivier Bernard du Domaine de Chevalier

« …après cet accident climatique qui nous a tous marqué, cette année tout pousse bien, on sait qu’on ne va pas geler vue la météo, c’est un gros ouf de soulagement, »conclue Olivier Bernard, également Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux.

Arnaud Thomassin dans le cuvier du château de France © JPS

Deux longues nuits à lutter contre le gel ; plus jamais ça ! », Arnaud Thomassin 70% du vignoble gelé au château de France en Pessac-Léognan.

  • « 2 nuits pour perdre 40% de la récolte, heureusement que les millésimes 2015 et 2016 étaient bons et abondants, nous gardons beaucoup d’espoir pour 2018 », Christophe Chateau directeur communication du CIVB.
  • « Gel 2017 : cataclysme dans le vignoble, impliquant pour certains vignerons une catastrophe économique et sociale. », Bruno Baylet président du syndicat de l‘Entre-Deux-Mers gelé à 35%.

« Cela a accéléré la scission entre le Bordeaux qui rit et le Bordeaux qui pleure… » Dominique Techer de la Confédération Paysane.

« plus on était dans la « mouise », plus cela été le coup de grâce, c’est pire que la grêle de 2013, pire que 1991″, Dominique Techer de la Confédération Paysane et gelé à 40% à Gombaude Guillot à Pomerol.

Benoît Manuel Trocard devant ses vignes éprouvées par le gel © JPS

  • « Dur, dur… Et finalement un millésime 2017 qui tient la route ! », Benoît Manuel Trocard, château Couraze gelé à 90% à Saillans en AOC Fronsac.

« En 2017, la nature est venue se rappeler à nous avec une extrême dureté ; moment d’une violence rare pour tous nos vignerons qui ont aussitôt fait preuve de solidarité » Franck Binard.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

« Cet épisode nous rappelle aussi la nécessité de prendre chaque jour soin de notre environnement ! », Franck Binard directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion touchés entre 60 et 70%.

  • « J’ai ressenti de la tristesse : on était à peine au début de l’année, on n’avait quasiment rien fait que beaucoup de choses s’envolaient déjà ! », Xavier Buffo 90% des blancs touchés au château de la Rivière contre seulement 15% sur les rouges. Et 2000 bouteilles produites contre 8000 habituellement pour son propre vignoble.

Xavier Buffo constate les dégâts sur les jeunes plants de blancs du château de la Rivière © JPS

  • « Prise de conscience, solidarité et optimisme dans le blayais ! Entre la prise de conscience de la nécessité d’une assurance récolte (avec le VCI-volume complémentaire individuel), la solidarité entre vignerons avec la redistribution pour notre appellation d’une cotisation de solidarité et la magnifique feuillaison de ces derniers jours, nos vignerons restent optimistes et conquérants ! » Michaël Rouyer directeur de Blaye – Côtes de Bordeaux, appellation gelée à 30%.

Freddy et Benoît Latouche du château Camille Gaucheraud © Jean-Pierre Stahl

  • « Le gel de 2017 à Bordeaux nous rappelle l’urgence à créer et améliorer des outils pour amortir de tels chocs économiques, volumes en réserve, épargne de précaution… »,«  Bernard Farges président du Syndicat « Bordeaux et Bordeaux Supérieur » appellation touchée à 35% par le gel.
  • « La roue tourne, on veut y croire, tout n’est pas perdu, la nature peut être avec nous des fois, cette année, ça va le faire, je le sens », Benoît Latouche, du château Camille Gaucheraud gelé à 90% en AOC Blaye.

05 Avr

400000 euros d’amende dont la moitié avec sursis pour une fraude au vin

La société de négoce Grands vins de Gironde (GVG) a été condamnée jeudi par le tribunal correctionnel de Bordeaux à payer une amende de 400 000 euros, dont 200 000 euros avec sursis, pour avoir utilisé frauduleusement plus de 6000 hectolitres de vins.

Image d’illustration du tribunal de grande instanec de Bordeaux © France 3

L’ancien directeur des achats a par ailleurs été condamné à 15 000 euros d’amende avec sursis. La procureure avait requis le 15 mars contre l’ancien directeur une amende de 10 000 euros et 500 000 euros pour GVG, racheté en 2011 par la holding du groupe familial Castéja.

GVG et son ancien directeur des achats étaient poursuivis «pour tromperie sur la nature, la qualité, l’origine ou la quantité d’une marchandise» de début 2014 à fin 2015. Le tribunal a relaxé jeudi le directeur des achats pour la période postérieure au 2 juin 2015, date à laquelle il a fait l’objet d’une nouvelle fiche de poste.

Plus de 6000 hectolitres de vin, d’une valeur de 1,2 million d’euros, avaient notamment servi à des mélanges interdits et sans traçabilité: des vins de France auraient été revendiqués en Pays d’Oc IGP, des vins languedociens mélangés avec des assemblages d’appellations bordelaises, des étiquettes avec des millésimes et noms de châteaux incorrects…

«Il s’agit d’une infraction non négligeable, dont les victimes sont les petits consommateurs de grande surface dont on peut estimer une certaine méconnaissance des produits, ou des clients étrangers, ce qui ne va dans le sens d’une bonne image», a déclaré à l’audience la présidente du tribunal correctionnel Caroline Baret.

«La société a déjà été avertie en 2005, son casier judiciaire portant trace d’une condamnation le 27 juillet 2005 à une amende de 30 000 euros, acquittée le 27 mars 2006, pour tromperie sur marchandise et publicité mensongère», a-t-elle poursuivi.

«Ces pratiques cette fois-ci plus graves, dont il ne peut être imaginé qu’une structure revendiquant le sérieux qu’elle invoque ait pu ignorer l’existence, du fait justement de ses compétences, justifient sa condamnation à une amende de 400 000 euros dont 200 000 euros avec sursis», a estimé Mme Baret.

Les deux parties se voient également contraintes de payer des indemnités aux parties civiles: plus de 10 000 euros à l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) et plus de 3000 euros à trois grands organismes des vins de Bordeaux. Le directeur des achats n’a été condamné qu’à payer un tiers des dommages et intérêts.

AFP

13 Mar

Confirmation de la baisse de 39% de la récolte de Bordeaux en 2017 avec 3,5 millions d’hectolitres

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a confirmé hier la baisse de 39% de la production de vin à Bordeaux, à cause principalement du gel du printemps 2017. Cette récolte s’établit au final à 3,5 millions d’hectolitres contre près de 5,8 en 2016, ce qui en fait la plus faible récolte depuis 1991.

Le 27 avril dernier a été épouvantable. Côté Châteaux vous donnait en primeur la teneur de ce désastre pour la viticulture bordelaise. Alors qu’on a estimé les pertes entre 40 et 45% jusqu’à la fin de l’année 2017, le volume récolté s’établit à 3,50 millions d’hectolitres,  en baisse de 39% par rapport à 2016 où la récolte avait été belle tant en volume qu’en qualité avec 5,77 millions d’hectolitres.

Il s’agit du plus bas niveau depuis 1991, autre année de gel considérable, et depuis 2013 avec une faible production de 3,8 millions d’hectolitres à cause d’un printemps pourri. Cette baisse de production affecte l’ensemble des appellations du Bordelais mais est toutefois plus marqué pour les appellations de Saint-Emilion, Pomerol et Fronsac.

Ce millésime s’avère toutefois de belle qualité pour les vins rouges comme pour les rosés, blancs secs et doux, et la camopagne des primeurs qui va s’ouvrir début avril avec la grosse semaine attendue à partir du 8-9 avril le démontrera sans nul doute…

Sur le plan de la qualité, les vignes qui ont échappé au gel ont produit des raisins de belle qualité. Les conditions climatiques du printemps et de l’été nous ont permis de vendanger un joli millésime dans toutes les couleurs », Allan Sichel président du CIVB.

Et de compléter : « Malgré les faibles volumes récoltés notre priorité est de continuer à approvisionner les marchés pour préserver nos positions en France et à l’export. Le stock à la propriété en début de la campagne (août 2017) est de 8 millions d’hectolitres, la récolte 2017 de 3,5 millions d’hl, et les volumes issus des VCI (Volume complémentaire individuel) sont d’environ 300.000 hl. Notre disponibilité totale en début de campagne est donc de 11,8 millions d’hectolitres, représentant une baisse de 10% par rapport à la précédente campagne. (-10%).

« Notre commercialisation progresse et nous avons les moyens de maintenir cette dynamique en sollicitant davantage les stocks », concluait sur ce point le président du CIVB Allan Sichel.

17 Fév

Les enfants toujours autant exposés aux pesticides

Jeudi, c’était la journée internationale de lutte contre les cancers pédiatriques… Une question de santé publique. Deux associations Eva Pour la Vie et Info Médoc Pesticides ont souligné l’importance de la prise de conscience car le nombre de cancers augmente de 1 à 2% par an.

Image d'illustration de traitement de la vigne © JPS

Image d’illustration de traitement de la vigne © JPS

Le Collectif Info Médoc Pesticides et Eva Pour la Vie ont dressé ce jeudi un nouveau constat alarmant. Ayant eu recours au laboratoire Kudzu Science, ils ont fait analyser des échantillons de poussière prélevées dans des habitations riveraines de vignes, dans le Médoc, ainsi que dans une salle de classe de l’école primaire de Listrac-Médoc. Ces 9 endroits sont d’après leur étude contaminés par des pesticides, avec des molécules classées CMR (cancérigènes, reprotoxiques et/ou perturbateurs endocriniens) et même des résidus de pesticides interdits.

Fort de cette étude, et à l’aube des premiers traitements de la vigne qui devraient reprendre d’ici 2 mois, le Collectif Info Médoc Pesticides et Eva pour la Vie demandent aux pouvoirs publics, au Préfet et responsables d’institutions viticoles de prendre des mesures concrètes et urgentes, de manière à protéger les populations, et notamment les enfants, exposés.

08 Fév

Après avoir reçu ses 2 étoiles au Michelin, la cave du chef Jean Sulpice a été dévalisée

C’est une honte : moins de deux jours après avoir décroché deux étoiles au Michelin, l’Auberge du Père Bise à Talloires (Haute-Savoie) a été victime d’un cambriolage qui a ciblé les plus grands crus de sa cave selon son chef, Jean Sulpice.

Le grand chef de Talloires, © Jean Sulpice (photo de son profil Facebook)

Le grand chef de Talloires, © Jean Sulpice (photo de son profil Facebook)

« C’est horrible… Entre 150 et 200 bouteilles ont été volées. C’est tout notre patrimoine qui s’en va, des bouteilles achetées par la famille Bise, sur plusieurs générations, et qui vieillissaient là », a déploré le « cuisinier de l’année » 2018 du guide Gault et Millau, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

Parmi les plus grands crus emportés, des « Château d’Yquem, Petrus, Margaux, Mouton Rothschild, Cheval Blanc, des bouteilles de 1952, 54, 56… et des Bourgogne très rares », a détaillé le chef, effondré, soulignant qu’une « clientèle étrangère venait spécifiquement pour ces millésimes ».

« On est assuré mais leur valeur est inestimable », a souligné Jean Sulpice, qui a repris et rouvert l’établissement centenaire l’an passé avec sa femme Magali.

CaptureDans la nuit de mardi à mercredi, il a quitté la cuisine « vers une heure du matin » pour rejoindre le corps de bâtiment où il loge, à 20 mètres de distance, avec sa famille, et selon les caméras de vidéosurveillance de l’établissement, les cambrioleurs sont passés à l’action à 4 h du matin.

Malgré la porte blindée de la cave et le code requis pour déverrouiller, les cambrioleurs sont entrés et « sont restés plus d’une heure dedans […] ils sont allés directement dans les casiers contenant les plus vieux millésimes et n’ont rien pris au-dessus de l’année 2000 », a poursuivi Jean Sulpice.

C’est mercredi matin, en arrivant en cuisine à 07 h, que le chef a trouvé « une bouteille de Petrus cassée », avant d’aller vérifier la cave. « Ils avaient pris des chariots pour transporter les bouteilles, qu’on a retrouvés sur le parking ».

Les gendarmes de la section de recherches d’Annecy et de la brigade de Faverges sont chargés de l’enquête.

Malgré ce coup dur, Jean et Magali Sulpice accueilleront ce soir les clients de l’Auberge, comble en hôtellerie. « Heureusement qu’elle est là cette deuxième étoile, parce que sinon, ça serait dur de remonter la pente », confie le chef en espérant que des vignerons leur viendront en aide.

Avec AFP.

24 Jan

Après le terrible gel d’avril 2017, focus sur le malaise des petits vignerons de Bordeaux

Le monde paysan et viticole n’a pas l’habitude de se plaindre pour rien. Quand il le fait, c’est que déjà des compagnons de route, des petits sont dans un état de grande détresse ou ont déjà fondu les plombs. Depuis le gel d’avril, de nombreux petits vignerons se retrouvent en difficulté et attendent désespérément des aides des pouvoirs publics.

Des passionnés de la vigne qui ont subi en 3 ans deux énormes événements climatiques : la grêle en 2013 et le gel en 2017 © JPS

Des passionnés de la vigne qui ont subi en 3 ans deux énormes événements climatiques : la grêle en 2013 et le gel en 2017 © JPS

Dans un mail envoyé en début de semaine tout était résumé dans leur titre « il règne dans les campagnes une angoisse silencieuse. » Un peu comme ce jour du gel du 27 avril, beau, blanc, puissant et après un état de désolation, gris, brun et une repousse qui n’a pas été cela ! « On a récolté 2 hectos à l’hectare » autant dire rien ou presque pour Alain Goumaud, 72 ans, vigneron depuis 50 ans et exploitant à Saint-Magne de Castillon depuis 1979, qui a été gelé à près de 100%.

Dans le Bordelais, « c’est vrai que la crise dure depuis longtemps », témoigne Paul Cardoso, vigneron en AOC Castillon. Pas pour tout le monde. Mais surtout pour les petits. Le drame, c’est que l’accompagnement n’est pas là, ou quasiment pas.

Certes, on vous dit qu’il y a eu des reports de cotisation MSA ou un dégrèvement des taxes sur le foncier non bâti, mais ça ne suffit pas. Les charges sont toujours là avec les contributions volontaires obligatoires aux ODG et à l’interprofession.

Alain Goumaud, vigneron depuis 50 ans, aimerait bien transmettre à ses deux fils sa propriété... © JPS

Alain Goumaud, vigneron depuis 50 ans, aimerait bien transmettre à ses deux fils sa propriété… © JPS

Ce malaise du petit vigneron, Alain Goumaud le résume très bien: « j’ai peu de stock, au niveau trésorerie, ce n’est pas très brillant comme la plupart d’entre nous et aujourd’hui si les banques ne nous donnent pas un coup de pouce et si les pouvoirs publics ne prennent pas conscience du désarroi des viticulteurs on s’en va droit dans le mur, dans pas longtemps ».

Pour bien comprendre le contexte difficile qui touche ces petits Bordeaux: ils ont longtemps vendu dans les années 2000 avec un cours du tonneau très bas allant jusqu’à 700 €, alors qu’aujourd’hui il a quasiment doublé. Mais il y a eu aussi de nombreux événements climatiques qui se sont ajoutés, notamment un épisode de grêle intense en 2013 qui a fragilisé de nombreuses exploitations.

« 2013, ça a été 0 bouteille alors que j’en produis habituellement 200000,  » commente Loïc de Roquefeuil, viticulteur à Saint-Léon; « 2014 j’ai fait 10% d’une récolte normale, 2015 une demi-récolte et 2016 une vraie récolte qui rendrait heureux tout le monde, et 2017 la totalité a été gelée. »

Depuis le drame de 2013, bon nombre de vignerons se sont assurés. Mais l’assurance est bien souvent calculée sur la production des 5 dernières années, ce qui n’est pas suffisant.

Paul Cardoso et son épouse Florence ont créé en novembre ce dépot de pain, et d'excellentes viennoiseries, ils proposent aussi des produits du terroir et de nombreux vins © JPS

Paul Cardoso et son épouse Florence ont créé en novembre ce dépot de pain, et d’excellentes viennoiseries, ils proposent aussi des produits du terroir et de nombreux vins © JPS

Aussi les Cardoso ont eu cette bonne idée de créer à côté du Leclerc de Castillon un dépôt de pain, sandwicherie, cave et produits du terroir pour s’en sortir.

« C’est une question de survie, on a gelé à 95% donc on a pensé s’installer, présenter les produits directement de la propriété et d’autres producteurs pour améliorer le revenu de l’année », précise Florence Cardoso présidente de SOS Vignerons Sinistrés et co-présidente de Solidarité Paysans. Une femme qui s’investit pleinement depuis 2013 aux côtés de vignerons sinistrés.

Aujourd’hui le morcellement guette ou le départ en retraite pour quelques-uns alors même que Bordeaux connaissait avant le gel de 2017 d’énormes difficultés pour que les enfants prennent la suite de leurs parents.

Loïc de Roquefeuil, Sylvain Destrieux, Alain Gomaud et Paul Cardoso © JPS

Loïc de Roquefeuil, Sylvain Destrieux, Alain Gomaud et Paul Cardoso © JPS

« Je pense qu’il va y avoir des ventes de parcelles un petit peu au tout venant, des structures qui sont déjà très grosses qui vont encore s’agrandir parce qu’elles ont une capacité de financement plus importante, donc vraiment un modèle familial en danger,  » précise Sylvain Destrieux viticulteur à Ruch, 25 ha en bio dans l’Entre-deux-Mers, et membre de la Confédération Paysane.

Tous espèrent une prise de conscience réelle des pouvoirs publics et que les négociations de la nouvelle PAC leur soient favorables avec des aides qui reflètent ou soient fonction de leur faible production et non des investissements, ce qui favorise les plus gros car eux n’ont pas les moyens de monter de gros dossiers avec des experts, ils passent pour certains tous leurs jours dans la vigne, n’ayant plus de salarié…