Ronan Laborde est l’Invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux. Le nouveau Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux revient sur le succès de fréquentation de ces primeurs par le nombre élevé de professionnels qui y participent : 7000 pré-inscrits. Il y a un réel engouement sur le 2018 et toujours pour les grands crus à l’étranger et en France.
Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Ronan Laborde, pour ces primeurs, vous attendez beaucoup de monde ? »
Ronan Laborde : « Sur la ligne de départ, il y a beaucoup d’inscrits… Sur les pré-inscription, on atteint 7000 personnes, dont 37% d’étrangers.
JPS : « Est-ce que c’est un des millésimes qui attire le plus à Bordeaux ?
Ronan Laborde : « Oui, si on constate par rapport à ce qui a été réalisé, les années précédentes, c’est un chiffre haut, d’autant plus qu’on serait dans une tendance à restreindre, on regarde la qualité des gens qui viennent, pour n’accepter que les professionnels ».
JPS : « Il y a un réel intérêt pour ce 2018 ? »
Ronan Laborde : « évidemment, tous les grands vins, tous les bons produits attirent le public qui vient de très très loin. Il y a quelques secondes, je parlais avec quelqu’un de Sydney qui a fait quelques heures de vol. Donc, il y a de l’intérêt, il y a de la curiosité. »
JPS : « Sur ce 2018, il y a quelques critiques, quelques appréciations qui se font sentir, qu’est-ce qu’on en dit ? »
Ronan Laborde : « On en dit de bonnes choses. Déjà lorsqu’on a vécu le millésime en tant que producteur, on se permet une communication sur ce que l’on a ressenti…à la fois à la production, mais aussi sur la vinification, les premières dégustations en barriques. Aujourd’hui on invite la clientèle internationale, professionnelle, la presse internationale à venir juger par elle même le millésime, dans une photographie certes précoce, mais qui permet de se faire une belle image. Et les retours que l’on a sont très encourageants, conformes à ce que l’on imaginait. »
JPS : « C’est primeurs, est-ce un modèle qui va durer dans le temps ? »
Ronan Laborde : « je crois que oui, tant que les gens n’auront que cette possibilité pour accéder aux grands crus, tant que les gens gagneront de l’argent en commerçant sur les grands crus, tant que les propriétés auront un intérêt économique, tout convergera à ce que le système perdure. Et lorsqu’on regarde les données économiques des dernières années, on a plutôt tendance à voir le système se conforter. »
JPS : C’est à dire au niveau des exportations, il y en a eu pas mal pour les grands crus, alors que cela baissait d’une manière générale à Bordeaux ? »
Ronan Laborde : « On a vécu une année 2018 très prospère sur les exportations des grands crus de Bordeaux, avec des augmentations sur tous les continents, un peu moins fortes mais quand même en Asie. Des augmentations vraiment très fortes en Europe et aux Etats-Unis et aux Amériques. »
JPS : « Est ce que tout cela est lié au système des primeurs ? Qu’est-ce qui explique cet engouement ?
Ronan Laborde : « Les primeurs y participent, parce que dans les données d’exportations 2018 des grands crus, il y avait la livraison en partie du 2015 et du 2016, qui sont des millésimes avec un intérêt très fort de la part des marchés lointains ou plus proches en Europe, et une qualité qualifiée d’exceptionnelle, cela contribue à renforcer notre place de Bordeaux. »
JPS : « Et ce 2018, il est à rapprocher de ces 2015 et 2016 ? »
Ronan Laborde : « Il ressemble dans ses conditions climatiques au 2016, avec une première partie assez pluvieuse, une seconde partie en juillet-août chaude et assez sèche, notamment le mois d’août. Heureusement on a eu quelques pluies qui ont permis de réactiver la végétation avant les vendanges et d’avoir une production assez convenable en quantité et surtout très bonne en qualité pour ce qui en restait. »
C’est un millésime qu’on va pouvoir qualifier de quoi ? De remarquable ?
Ronan Laborde : (Rires….) « on multiplie les millésimes remarquables, peut-être qu’un jour il faudra changer de qualificatif…C’est un millésime avec beaucoup d’intensité dans la couleur, de la profondeur, de l’équilibre malgré tout, malgré la chaleur, car c’est un millésime assez solaire et avec un grand potentiel de garde. »
Regardez l’interview de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :