Sylvie Berger, ouvrière viticole, était ce lundi devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale à Bordeaux. Souffrante de deux pathologies dont la maladie de Parkinson, elle attaque son employeur, un château du Médoc, pour faute inexcusable.
Sylvie Berger, ouvrière viticole était ce lundi de nouveau devant la justice, pour faire reconnaître la faute inexcusable de son employeur, le château Vernous, dans une affaire d’épandages de produits phytosanitaires ou pesticides pour faire court.
« Quand on est ouvrier, on est solitaire, on ne peut pas parler, il y a certains tabous… », commente Sylvie Berger devant le Palais de Justice de Bordeaux. Et de poursuivre : « Quand on commence à parler de cela, on nous fait bien comprendre que la porte elle est là-bas et qu’il y a des dizaines de personnes qui sont prêtes à vous remplacer…Moi, on m’a traité de menteuse, sur ma pathologie, sur mes symptômes, sur ce que je pouvais ressentir, des vertiges…Pour combattre cette solitude, je me suis retournée vers Marie-Lys Bibeyran et son association… » Les associations « Collectif Info Médoc Pesticides », « Alerte Aux Toxiques » et « Alerte Pesticides Haute Gironde » accompagnaient justement en ce lundi matin Sylvie Berger, mais aussi dans ce combat qu’elle mène depuis des années.. Ils avaient d’ailleurs organisé un petit rassemblement de soutien devant les marches du Tribunal de Grande Instance Bordeaux.
Après toute une série de renvois, l’audience peut enfin se tenir, une longue procédure depuis 2017 et depuis l’affaire dot les faits se sont déroulés en 2012 : « si je suis là aujourd’hui, c’est pour me battre et pour dire que cela ne recommence pas déjà, pour moi et pour les autres mais surtout pour les autres car moi je ne pense plus retourne travailler dans les vignes, c’est trop dangereux pour moi, » selon Sylvie Berger.
Les faits se sont déroulés en juin 2012, alors qu’elle relevait des fils mouillés dans les vignes, Sylvie Berger a reçu des éclaboussures qui se sont traduites aussitôt par des irritations, brûlures, douleurs à l’estomac, deux épandages de produits phytosanitaires avaient été pratiqués durant la semaine sur la parcelle où elle travaillait. Aujourd’hui, elle souffre de deux maladies importantes dont celle de Parkinson, reconnue depuis comme maladie professionnelle.
Son employeur, un château du Médoc conteste tout, comme la faute inexcusable, arguant qu’à l’époque des faits le lien entre ces produits et la maladie n’avait pas été établi: « avant l’employeur n’est pas un spécialiste des pesticides, il y a un fabriquant, il donne et reçoit les informations du fabricant, ce n’est qu’à partir du moment où les pouvoirs publics alertent les employeurs qu’il y a la possibilité de tirer les conséquences… » précise Maître Eric Mandin, avocat du château Vernous.
Une argumentation que réfute l’avocate de Sylvie Berger, Maître Hermine Baron, la maladie de Parkinson n’étant qu’une pathologie parmi d’autres, liée à l’usage intensif de produits phytosanitaires : « on sait que les pesticides c’est dangereux, il y a de la réglementation pour les pesticides depuis 1987, qu’on ne vienne pas nous dire que la réglementattion c’était juste pour faire joli, non c’est dangereux et on en redécouvrira d’autres des maladies qui sont liées aux pesticides… »
L’affaire a été mise en délibéré, le TASS rendra son jugement le 26 mars prochain.
Propos recueillis par Gilles Bernard et Philippe Turpaud :