23 Jan

Après la grêle du 26 mai dernier, la vigne meurtrie nécessite une taille particulière dans le blayais.

On reparle en ce moment dans la vigne des dégâts de la grêle de mai 2018. Le blayais, comme le bourgeais, avait payé un lourd tribu. Aujourd’hui, en cette période de taille, les vignerons passent plus de temps à choisir les bois qui porteront le raisin lors de la prochaine récolte. Une récolte qui sera sans doute moindre également.

   

Le château Beaumont-les-Pierrières fait partie des domaines les plus touchés par la grêle du 26 mai dernier. Aujourd’hui en cette période de la taille, les stigmates de la grêle sont encore bien présents sur les bois de vigne. Robert Filliatreau, a ainsi vu ses 18 hectares grêlés à 100%.

On perd du temps, une année normale on fait 800 pieds par jour, là j’aurai du mal à atteindre 600 pieds de façon quotidienne, » Robert Filliatreau du château Beaumont-les-Pierrières.

« Vous pouvez constater que les bois qui restent sont meurtris, il ne reste presque rien, on est même inquiet pour la récolte à venir », complète Dominique Raimond président de Vignerons Solidaires.

Les bois à ailler sont plus difficiles à choisir, une perte de temps sur chaque pied:  25 à 30% de temps supplémentaire à observer et faire le bon choix, pour réaliser si possible une taille traditionnelle en guyot double ou alors en cordon de royat. « Soit je fais une taille longue en laissant une longue latte, soit je laisse sur la latte de l’an dernier des petits bouts qu’on appelle des cots por avoir un peu de récolte tout-de-même », confie Robert Filliatreau.

2000 hectares sur les 6000 de l’appellation Blaye-Côtes de Bordeaux ont été impactés, comme ici au château Jussas à Saint-Cristoly-de-Blaye.

On a vu arriver un nuage, très vite, assez gris et d’une violence inouïe, pendant un quart d’heure, 20 minutes, très violemment et après il ne restait plus rien, » François Bourdillas château Jussas.

Ce château avait déjà été touché par la grêle de 2009. Mais cette fois-ci en 2018, le phénomène a été plus intense. Cette parcelle de jeunes plants devait donner du raisin cette année. En vain. La récolte de septembre prochain est même compromise.

« C’est une plante qui devait rentrer en production et qui vraiment été très touchée par la grêle de mai, qui a perdu au moins un an, certains pieds on été tellement touchés qu’ils vont pas s’en remettre. On peut laisser deux cots, certains une cot et on ne sait pas trop, certains ont été tellement touchés, la vigne a été hachée, on ne sait pas trop si cela va tenir, le pied est très fragile », selon Marie Bourdillas du château Jussas.

« Certes, ils sont assurés, donc ils ont les charges d’exploitation qui vont être remboursées, mais le problème c’est que les clients eux demandent du vin », explique Michaël Rouyer, directeur du Sundicat Blaye-Côtes de Bordeaux.

« Il faut quand même essayer de faire avec ce que l’on a, c’est-à-dire le peu de stock, et avec le VCI (le volume complémentaire individuel), qui permet en cas de coup dur de débloquer des volumes qui sont en stock pour pouvoir approvisionner les marchés. »

Lors des dernières vendanges, le rendement n’a été que de 39 hectolitres à l’hectare au lieu des 50 habituels. Blaye a du s’adapter vis-à-vis de ses marchés.

 

L’appellation Blaye espère que 2019 sera plus clément comme d’ailleurs les millésime en 9 à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud et Charles Rabréaud :