21 Juil

Saint-Emilion Jazz Festival : que de douceur sur la scène des Douves…

D’un côté Eric Legnini et Natalie Williams, de l’autre Cécile Mc Lorin Salvant. Ces deux concerts de très haute voltige ont ouvert hier soir le bal de ce 7e Saint-Emilion Jazz Festival. Bravo à Dominique Renard pour cette grande programmation. « Show must go on » today.

Intronisation hier soir de Cécile Mc Lorin Salvant sur la scène des Douves par la Jurade de Saint-Emilion © Jean-Pierre Stahl

Les éditions passent, la qualité demeure. Ce 7e Saint-Emilion Jazz Festival ne déroge pas à cette règle de très haute voltige en matière de jazz.

Au Parc Guadet, c’est une ambiance très sympathique toute la journée © JPS

Les hostilités ou plutôt festivités ont débuté du côté du Parc Guadet à 18h avec une ambiance « roots » avec Old School Funky Family (quartet de saxophones, soubassophone, guitare, accordéon et batterie).

Le tout 1er concert gratuit hier à 18h avec  Old School Funky Family © JPS

Le Parc est cet endroit paisible où le public peut venir communier gratuitement dans cette ambiance festive, jazzy, funky.

21 crus à déguster au bar éphémère tenus par les Vignerons de Saint-Emilion, lussac et Puisseguin © Jps

Un bar éphémère tenu par les vignerons de Saint-Emilion, Lussac et Puisseguin rythme ces 3 journées de festival, avec aussi la présence de nombreux food-trucks qui régalent les papilles.

Ester Mirande (château La Rose Côtes Rol), Caroline et Laurent Clauzel (la Grave Figeac) et Grégory Lovato (la Jarre) © JPS

Parmi les habitués du festival, de nombreux amateurs de jazz mais aussi pas mal de vignerons du secteur comme Caroline et Laurent Clauzel du château La Grave-Figeac, en bio très sollicités ces derniers-temps : « j’espère qu’on va souffler un peu car on a du faire face à une grosse attaque de mildiou ; nous on s’en sort bien, mais il y a quelques crus classés pour qui c’est compliqué, un est même ravagé…La vigne a fait une très belle sortie, elle a compensé les pertes de l’an dernier dues au gel. »

Cécile Mc Lorin Salvant intronisée par Stéphanie de Boüard-Rivoal © JPS

La tête d’affiche de ce festival, c’est sans nul doute Cécile Mc Lorin Salvant, cette chanteuse franco-américaine de jazz, de 39 ans, lauréate du premier prix du concours international de jazz vocal Thelonious Monk en 2010.

Dominique Renard en est à sa 7e édition, toujours de grande qualité © JPS

Hier la Jurade de Saint-Emilion en grande tenue, avec à sa tête Jean-François Quenin et Stéphanie de Boüard-Rivoal, l’a intronisée sur scène à 20 heures, un instant d’émotion avant le 1er concert dans les Douves.

Eric Legnini © JPS

Puis s’en est suivi Eric Legnini, pianiste de jazz belge, venu présenter son projet « Waxx Up », un style bien trempé dans l’âme noire du piano jazz.

La déléguation de la Jurade de Côte d’Ivoire (dont Gazelle Guirandeau chancellière de la Jurade à Abidjan et Jean-Patrice Assi vigneron d’honneur) reçue sous le chapiteau de la Mairie de Saint-Emilion © JPS

Cécile Mc Lorin comme Eric Legnini se sont initié très jeunes à la musique, à 5 ans pour la première très vite tournée vers le chant lyrique (étudiant notamment avec Edouard Walker, enseignant à Miami), et à 6 ans pour le second passionné de piano, qui a découvert le jazz en 1980.

Une voix suave que celle de Natalie Williams © JPS

Eric Legnini, qui a travaillé avec Hugh Coltman présent l’an dernier au même endroit pour aussi le 1er concert d’ouverture dans les douves, a cette fois-ci réalisé un excellent tandem avec la brillante britannique Natalie Williams, à la voix chaude et suave.

Cécile Mc Lorin et son orchestre © JPS

Mais « tous ceux qui ont eu la chance d’assister ensuite au concert de Cécile Mc Lorin ont été emballés », me commente Dominique Renard le président du Saint-Emilion Jazz Festival

Cécile Mc Lorin, c’est la voix de l’année, elle a reçu un grammy award de jazz vocal aux USA en 2018, c’est la plus haute récompense pour une chanteuse, elle chante divinement bien » Dominique Renard président du SEJF

Hervé Grandeau, président de la Fédération des Grands Vins avec Stéphanie de Boüard-Rivoal d’Angélus © JPS

Une perfection avec les chansons de son album « Dreams an Daggers »mais aussi avec ses reprises en français de Barbara.« Elle chante divinement bien, je ne dirais pas que c’est la nouvelle Billy Holiday, mais elle a une voix formidable, » me confie Dominique Renard.

Quel show a offert au public Cécile Mc Lorin © JPS

Un festival qui se poursuit ce samedi avec la dégustation musicale au château Soutard animé par Sylvain Luc également sur la scène des Douves à 20h A 21h, Stéphane Belmondo va interpréter Philippe Sarde, le célèbre compositeur de musiques de film.

Toute la journée de samedi et celle de dimanche, le Parc Guadet va continuer à offrir de très nombreux concerts gratuits. Quant aux derniers concerts dans les Douves : « Macéo Parker (21h30 dimanche) et juste avant Vargas Blues Band (20h) se partagent l’affiche, avec une surprise : on n’a pas Mike Jagger mais son neuveu Jason Taylor Jagger (avec Vargas) », conclut Dominique Renard.

« Le rouge des villes et des forêts » : quand l’art contemporain #rougeexpo s’invite au château la Dominique

C’est une première au château la Dominique à Saint-Emilion. La première exposition dédié au rouge, la couleur du fabuleux chai dessiné par Jean Nouvel. Une couleur que l’on retrouve et qui est déclinée à travers de nombreuses oeuvres d’art contemporain. « Le rouge des villes et des forets » , l’expo à admirer jusqu’au 26 août au château La Dominique.

Les oeuvres de Miquel Barcelo Pintagossos vermeil i groc, 1957 Collection CAPC ADAGP et 14 lustres néon de Sarkis, collection CAPC ADGAP © JPS

La Dominique voit rouge et ce depuis que le célèbre architecte Jean Nouvel a dessiné et fait édifié ce fabuleux chai rouge, contigu au château détenu par la famille Fayat.

Le chai rouge et le restaurant la Terrasse Rouge, architecte Jean Nouvel © JPS

« A partir du moment où Jean Nouvel a donné cette touche à la Dominique et que depuis la Terrasse Rouge, le restaurant au dessus du cuvier, rassemble aussi pas mal de monde, on savait qu’il fallait s’ouvrir encore plus à l’oenotourisme et que l’oenotourisme allait décoller » me confie Camille Poupon du château la Dominique.

« On reçoit ainsi 15000 visiteurs chaque année à la Dominique et 50000 couverts à la Terrasse Rouge. Cela répond à une demande naturelle de l’amateur de vin de découvrir les secrets de fabrication du vin. Et tout ce qui nous permet d’ouvrir au vin par d’autre biais nous va bien. »

C’est donc tout naturellement que la château la Dominique et la famille Fayat ont décidé de lancer, désormais chaque année, une exposition rouge dans son vaste cuvier. « La famille Fayat a un rapport au vin qui se caractérise par l’hédonisme, le partage et la convivialité », commente Camille Poupon.

Camille Poupon devant l’oeuvre de © Jean-Pierre Raynaud – JPS

Ainsi est née cette exposition d’art contemporain intitulée « le Rouge des Villes et des Forêts », en partenariat avec le CAPC de Bordeaux, l’Artothèque de Pessac et le FRAC Limousin. Une exposition dont le commissariat a été confié à Guillaume de Sardes qui commente: « depuis l’Antiquité, dans les représentations et les rituels, le rouge est associé au pouvoir et au sacré, sans doute parce qu’il est la couleur du sang. Par un léger glissement, on en est venu à l’époque contemporaine à l’associer à l’érotisme et à la prostitution. Quand on pense « aux quartiers rouges » d’Amsterdam et de toutes les villes du monde ». Et de compléter : « si le rouge est bien la couleur de l’art, il n’est pas surprenant qu’on le retrouve à l‘articulation d’une thématique classique : l’opposition entre la nature et la culture, ce qu’on a nommé ici de manière synecdochique les « forêts » et les « villes ».

Les oeuvres de Patrick Tosani bal 2008, Henri Cueco La Meute (Les Hommes Rouges) 1970 et Jean-Michel ALberola Le Balcon 1990 de la collection Artothèque du Limousin.

Ce sont ainsi 25 oeuvres de grands artistes contemporains, peintres, photographes, et autres artistes internationaux qui sont exposées dans le très long cuvier de la Dominique. A l’entrée, une oeuvre de Miquel Barcelo avec un peintre brandissant comme une arme un pinceau imbibé de rouge, tutoie une suspension de néons rouge : 14 mobiles signés Sarkis représentant 14 ateliers dans lesquels il a travaillé… Une atmosphère particulière qui vous plonge directement dans cette ambiance très rouge.

Un immense pan de mur a été dressé le long des cuves inox pour présenter le reste de la vingtaine d’oeuvre : on y trouve des oeuvres imposantes comme ce pot de fleur géant rouge de Jean-Pierre Raynaud « train d’union entre la nature et la culture », ou encore une sublime fleur rouge en cire par Jose Maria Sicilia. Il y a aussi ces représentations reflétant l’American Dream des années 50 à 70, avec ces grosses cylindrées rouges (Bruce Wrighton) ou cette pom-pom girl à moitié dénudée avec un gigantesque éventail de plumes rouges (Katharina Bosse).

« La luz que se apaga », et les « Mille nuits et une nuit I » par © Jose Maria Sicilia collection CAPC ADGAP

Pour nous, c’est une façon intéressante de venir sur une propriété viticole pour une autre raison que de découvrir simplement le vin ; c’est susciter des émotions de l’ordre de l’esthétique et de la passion. »Camille Poupon réfléchit déjà à « inscrire ce rendez-vous dans le temps », certes il y a cette « thématique contraignante d’un choix de couleur », mais la palette d’idées peut nous porter pour les prochaines éditions à explorer « le rouge en Orient, le rouge à l’Est, ou encore le roue politique. »

Ah, j’oubliais, l’autre oeuvre qui ne vous laissera pas de marbre: celle du duo britannique Gilbert & George : « bloody carriers », les porteurs sanglants… »Gilbert portant George et George portant Gilbert », un montage photo dans une « nudité édenique », avec au centre un globule rouge grossi au microscope, une allusion au Sida maladie du sang et de l’amour. Une ouvre très forte tant par son caractère osé mais aussi par son message. Bref une exposition qui ne vous laissera pas indifférent.