06 Nov

Disparition d’une figure emblématique de Bordeaux Jean-Henri Schÿler : le propriétaire de Kirwan avait su réunir le négoce et les viticulteurs dans les années 70

Jean-Henri Schÿler est décédé le 31 octobre, à l’âge de 85 ans. Il fut non seulement propriétaire d’un 3e cru classé de Bordeaux, mais aussi de lamaison de négoce Schröder et Schÿler, fondée en 1739. Ancien président de la Fédération des Négociants de Bordeaux, il fut aussi Président du CIVB. Son fils, Yann Schÿler lui rend hommage dans Côté Châteaux.

Jean-Henri Schyler par © Yann Schÿler - château Kirwan

Jean-Henri Schyler par © Yann Schÿler – château Kirwan

C’est une personnalité , de premier plan, un personnage important de Bordeaux, une figure emblématique des années 60 à 80, qui nous a quitté 3 jours après avoir fêté ses 85 bougies : « il venait juste d’avoir 85 ans, le 28 octobre, c’est le dernier jour où je l’ai vu », me confie son fils Yann Schÿler. « Il était président du Conseil d’Administration de Kirwan (3e cru classé de Margaux) et fut président de la Maison de Négoce, que je dirige depuis 20 ans » 

« Il est entré dans la maison de négoce dans les années 53-54 après avoir effectué son service militaire, puis a pris la suite de son père Marc en 60. Jean-Henri était la 7e génération de Schÿler, il s’est d’abord beaucoup investi à Kirwan où il a replanté entièrement la propriété en 1960. « Kirwan avait été acheté par mon arrière-grand-père, Armand Schÿler, en 1925. Mais il en assurait déjà depuis 1903 la vente : à l’époque, on achetait la récolte entière par abonnement (ou on se partageait la récolte à 5 ou 6 au maximum). Mon arrière-grand-père était abonné à Kirwan depuis 1903. Après une période de crise, il a pu acheter la propriété en 1925″.

PRESIDENT DE LA FEDERATION DES NEGOCIANTS DURANT 18 ANS

« Mon père a surtout été une personnalité du négoce en tant que Président des Négociants de 1969 à 1987. C’était une époque extrêmement importante car très difficile, les millésimes n’étaient pas bons ou très moyens, il n’y avait de grand millésime que tous les 6 ans à Bordeaux, alors qu’aujourd’hui un millésime sur deux est un bon millésime. »

UN ROLE DE FEDERATEUR

Jean-Henri Schÿler a joué un rôle de négociateur, de fédérateur entre deésident deux entités de la filière viti-vinicole… « On a d’abord appelé mon père pour rassembler le négoce. » Jean-Henri Schÿler est ainsi devenu président de la Fédération des Négociants de Bordeaux en 1969; « et puis les années 70 étaient extrêmement difficiles au niveau de l’interprofession. »

La viticulture et le négoce ne se parlaient plus, en 1974 il a été appelé à la présidence du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux pour rassembler les deux familles », Yann Schÿler.

« Mon père n’était pas du tout un homme politique, mais il a été amené à faire en sorte que ce dialogue se renoue. En 1976, il avait alors 45 ans. Il avait énormément de poigne et faisait peuve de diplomatie pour que les uns et les autres se rapprochent ».

Par la suite, Jean-Henri Schÿler a pris de la hauteur, est devenu président du Port Autonome de Bordeaux de 86 à 88, une mission qu’il a menée également « avec beaucoup de passion. » Il a  aussi été conseiller à la Banque de France et même juge au Tribunal de Commerce de Bordeaux.

 © Château Kirwan, 3e cru classé de Margaux

© Château Kirwan, 3e cru classé de Margaux

AU SERVICE DU DANEMARK PENDANT 45 ANS

Jean-Henri Schÿler fut aussi représentant du Royaume du Danemark, « en tant que Vice-Consul, puis Consul et Consul Général, pendant 45 ans. Et puis j’ai repris en 2001, » continue Yann Schÿler, qui est aujourd’hui PDG de la Maison de Négoce Schröder et Schÿler, mais aussi Consul du Danemark, de Suède et de Norvège à Bordeaux.

« Il a arrêté ses activités au sein de la Maison de Négoce en 1997, on a travaillé ensemble de 1989 à 1997, puis il m’a cédé les rênes très facilement et s’est consacré à Kirwan jusqu’à sa mort, où il était resté président du Conseil d’Administration. »

KIRWAN, SA GRANDE OEUVRE

C’est donc une personnalité qui a marqué la filière dans les années 70-80; mais il a eu aussi un rôle fondamental à la tête de Kirwan qui fut « sa grande oeuvre. » « La plupart des propriétés après la 1ère guerre mondiale n’étaient pas « jojo », et après la 2e guerre, il y avait un énorme chantier, car les vignobles n’étaient pas bien entretenus…

Mon père s’est intéressé assez vite à Kirwan et a eu ce flair-là de replanter le vignoble dans les années 60. Et 50 ans après, on voit ces vignes qui donnent du bon vin. Et c’est lui qui a fait cela. »

Aujourd’hui Kirwan, représente 38 hectares de vignes en AOC Margaux, ce château 3e cru classé 1855 produit 220000 bouteilles. 

Yann Schÿler, avec sa famille, ont continué à moderniser le château avec de nouveaux chais en 1992, dans les années 2000 et très récemment  « on a fait notre grande reconstruction, un chantier lancé voilà 18 mois et terminé depuis 2 mois. Il a pu voir la fin de ce chantier et c’est un nouvel élan pour Kirwan. », conclue Yann Schÿler.

Une cérémonie religieuse aura lieu jeudi à 10 heures au Temple du Hâ à Bordeaux. Côté Châteaux présente à la famille Schÿler ses plus sincères condoléances.

Bourgogne, Alsace, Loire, et Champagne, les vins « septentrionaux » vont faire salon commun à Vino Vision du 12 au 14 février à Paris

Bourgogne, Alsace, Loire et Champagne, ainsi que Jura, Lorraine, Savoie et Auvergne: pour la première fois, les vins français « septentrionaux », cultivés au nord du 46e parrallèle, vont faire salon commun à Paris l’an prochain pour encourager leurs exportations, après une année 2016 difficile.

VinoVision

© VinoVision du 12 au 14 février 2017 à Paris

Le salon baptisé « VinoVision », réservé aux acheteurs professionnels, se tiendra du 12 au 14 février 2017, porte de Versailles à Paris.

Bien que Paris soit vue dans le monde entier comme l’une des capitales gastronomiques du monde, elle ne possédait pas jusqu’à présent de salon professionnel dédié au vin. Le plus grand en France, Vinexpo, a lieu tous les deux ans à Bordeaux, concurrencé outre-Rhin par le salon -annuel celui-ci- Prowein, à Düsseldorf en Allemagne.

L’initiative de réunir les vins « septentrionaux » revient aux pays de Loire qui ont souhaité « créer une place de marché unique pour la clientèle étrangère, qui est notre première cible », a dit à la presse Jean-Martin Dutour, du comité interprofessionnel Interloire, lui-même vigneron et négociant à Chinon.  « Pour l’instant, VinoVision a 340 exposants, dont la région Interbeaujolais, et en espère environ 500 » a dit Brigitte Bouchayer, chef de projet chez Comexposium, l’organisateur, chargé également du récent salon agro-alimentaire SIAL. De fait, VinoVision s’ajoute à un calendrier chargé dans le secteur en France, avec notamment le salon Millésime bio, seul salon professionnel entièrement dédié au bio, du 30 janvier au 1er février à Marseille, et le salon des vins de Loire du 6 au 7 février à Angers. Sans compter les nombreuses manifestations destinées au grand public.

Les vins septentrionaux « ont une fibre commune, leur style frais, élégant, et rafraichissant, et leur finesse » a dit Mme Bouchayer. Ces vignobles rassemblent 80% des vins effervescents français, et 70% des blancs et comptent sur les nouveaux modes de consommation du vin dans le monde détectés par les cabinets de tendance (apéritif, after, fêtes..) pour se développer.

Nous sommes sur des terroirs complexes à travailler, des climats plus rudes. Ce qui nous rassemble aussi c’est que nous sommes très sensibles aux aléas du climat »  Pierre Clément, président de l’Association des vignobles septentrionaux.

Le salon fait aussi écho à une tendance marketing dans le monde anglo-saxon sur les « cool climate wine » qui réunit notamment les vins de l’Oregon, de l’état de Washington aux Etats-Unis, ou les vins allemands et autrichiens.

A l’issue d’une année 2016 marquée par des incidents climatiques hors normes, les représentants des vignobles organisateurs du salon ont fait un point sur la vendange de cette année.

« Dans le sud de la Champagne, nous avons connu un fort gel en avril et la récolte se réduira à quelque 8.000 kg de raisin cette année, au lieu de 10 à 12.000 kg une année normale » a dit Joël Falmet, vice-président Aube du syndicat des vignerons champenois.

« La qualité est belle grâce à l’ensoleillement de septembre. De plus, grâce à la réserve de vin tranquille réalisée traditionnellement dans cette région, il n’y aura aucun impact sur la mise en marché » a-t-il dit.

Le tableau est nettement plus compliqué en Bourgogne: « Cette année, les vignerons bourguignons sont traumatisés par le gel et la grêle. La production de vin s’élèvera à 1,15 million d’hectolitres alors qu’elle est normalement aux alentours de 1,5 million » a dit André Segala, directeur-général du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).

« Certaines caves sont à moitié vide, la Bourgogne est assommée » a-t-il dit, en soulignant néanmoins que la « qualité est belle » et la demande « forte », ce qui augure de prix élevés. « Mais la Bourgogne subit cette hausse des prix, elle voit des clients partir qu’il faudra reconquérir, notamment grâce à des salons comme VinoVision » a ajouté M. Segala.

Dans les vins de Loire, le Muscadet subit un déficit de 20 à 30%. Certains autres sont très touchés, comme le Menetou-Salon. Le Quincy aura perdu un tiers de sa récolte, ainsi que le Pouilly.

« En Alsace, la profession est satisfaite, une belle récolte, encore en vendange, grâce aux mois d’août et de septembre ensoleillés » a dit Joël Falmet, qui représentait le vignoble à la conférence de presse.

AFP.