Alain Juppé revient sur l’origine de la Cité du Vin dont il a lancé le projet il y a quelques années, un projet mûri durant 20 ans soulignait Sylvie Cazes présidente de la Fondation qui va gérer la Cité du Vin. Il est l’invité de Parole d’Expert ce mois-ci dans Côté Châteaux
Alain Juppé est « en pleine forme » selon Manuel Valls qui l’a revu ce vendredi pour l’inauguration de l’usine Lesieur. En bâtisseur, Alain Juppé a pris la balle au bond, et au filet, il n’a pas hésité à inviter le Premier Ministre pour l’inauguration de la Cité du Vin, alors qu’il a déjà adressé une invitation en belle et due forme à François Hollande pour le 31 mai prochain.
Jean-Pierre Stahl : « Monsieur Le maire, pouvez-vous nous rappeler comment vous est venue cette idée de Cité du Vin ?
Alain Juppé : « Dans Bordeaux, il n’y avait pas vraiment de lieu où l’on célébrait le vin, dans toutes ses facettes son histoire, sa géographie, la façon de le déguster, ses relations avec l’art et la culture…Bon, il y avait bien sûr le CIVB, ou quelques petits musées, mais aucun endroit qui soit au niveau de Bordeaux capitale mondiale du vin.
Il a fallu que je convainque tous les partenaires, ça n’a pas été simple, mais aujourd’hui nous sommes tout près du but et l’année 2016 sera l’année de l’inauguration de la Cité, et je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais le site Huffington Post a fait la liste des 10 plus grandes inaugurations dans le monde en 2016, et dans ces 10 plus grandes il y a la Cité du Vin. »
JPS : « Cette Cité du Vin, vous n’avez pas voulu en faire un musée ? »
AJ : « Non, ce n’est pas un musée mais un lieu vivant : tout d’abord avec une architecture très innovante et d’ailleurs, je voudrais rendre hommage au cabinet XTU et à Anouk Legendre qui a fait un beau travail. Et puis, on y fera vivre le vin dans toute sa diversité contemporaine, le vin de Bordeaux mais aussi le vin des vignobles du monde. »
JPS : « Est-ce qu’il n’y a pas un petit clin d’oeil aussi en ce pays de Montesquieu, qui était ce philosophe des Lumières, mais qui était lui-même vigneron, n’y a-til pas finalement une sorte de transmission ? »
AJ : « Montesquieu était un viticulteur engagé, si je puis dire, il tenait beaucoup à son vignoble, il se disputait parfois avec l’intendant pour obtenir des droits de plantation, vous voyez que la question n’est pas nouvelle. Mais Montesquieu évoque aussi pour moi un autre mot qui est le mot de modération… Il va de soi que dans la Cité du Vin, on appellera aussi non pas à boire mais à déguster, c’est la raison pour laquelle il y aura aussi une partie pédagogique pour les jeunes, pour leur montrer que le vin est une boisson qu’il faut apprécier, qu’il faut, j’allais dire analyser, mais qu’il faut aimer surtout. »
JPS : « Ca va être une Cité qui va drainer énormément de monde à travers la planète ? »
AJ : « Je l’espère. Notre objectif est d’atteindre 300 000 à 400 000 visiteurs, il y a 6 millions de touristes à Bordeaux chaque année, donc vous voyez 10% est un objectif ambitieux mais raisonnable. Je ne suis pas inquiet sur la première année, il y aura un effet de curiosité évident, le bâtiment est magnifique, le belvédère permettra d’avoir une sublime vue sur Bordeaux, après il faudra évidemment entretenir le mouvement.
Mais tout le quartier va évoluer : à côté de la Cité du Vin, nous venons de conclure un accord sur l’aménagement de ce que nous appelons l’îlot de la fourrière où se trouvera un hôtel quatre étoiles et aussi un lieu original : je voudrais m’inspirer de ce qui existe à New-York avec « eat Italy » par exemple où on présentera les produits du terroir, avec des magasins qui présenteront tous les produits gastronomiques du terroir aquitain, et également des petits restaurants.
Juste à côté il y aura le musée de la mer et de la marine porté par Norbert Fradin, le permis de construire est délivré et donc le chantier va pouvoir commencer. Nous pensons aussi à réactiver la base sous-marine, nous avons quelques projets qui devraient prendre corps en 2017, vous voyez que tout ceci sera un lieu extrêmement attractif du XXIe siècle. »
Regardez l’interview d’Alain Juppé, réalisée jeudi soir au Palais de la Bourse de Bordeaux par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :