InVivo: les bénéfices s’envolent grâce à la diversification, malgré la chute des matières premières. Ce géant table aussi sur sa nouvelle division vin InVivo Wine…In Vivo a rachété la maison de Négoce bordelaise Cordier-Mestrezat au printemps dernier.
Malgré la chute des matières premières, le géant coopératif français InVivo a multiplié par près de cinq ses bénéfices sur le dernier exercice, recueillant les fruits de sa stratégie de diversification et d’internationalisation visant à réduire sa dépendance aux céréales françaises.
Le premier groupe coopératif de l’Hexagone a annoncé un résultat net de 81 millions d’euros au cours de son exercice décalé 2014/2015 (clos au 30 juin), soit près de cinq fois celui enregistré l’année précédente !
L’Ebitda, indicateur considéré comme le plus significatif par InVivo, bondit de 67% à près de 107 millions d’euros. 97 millions d’euros de « ristournes » ont été reversées aux coopératives adhérentes, contre 91 en 2014.
Une « performance économique de très bon niveau » qui « crédibilise notre projet de croissance », s’est réjoui le directeur général du groupe Thierry Blandinières, lors de la présentation annuelle des résultats de ce groupe non coté. Patron d’InVivo depuis 2013, M. Blandinières a pour objectif d’en doubler la taille en dix ans.
Comme en 2014, le chiffre d’affaires, réalisé à 45% à l’international, a souffert du fort recul des prix des céréales, plombés par des récoltes mondiales pléthoriques. Les ventes sont restées quasi stables à 5,7 milliards d’euros, en ligne avec l’objectif affiché l’an dernier de les stabiliser autour des 6 milliards, quel que soit le niveau des matières premières.
La branche historique Grains voit son chiffre d’affaires reculer légèrement à 2,1 milliards d’euros, mais les volumes traités sont en hausse, avec 9 millions de tonnes de céréales commercialisées (80% de blé), soit 600.000 de plus que l’année précédente.
Une partie du blé fourni aux clients venait d’Allemagne et de Pologne, pour compenser le manque de qualité des blés français en 2014, a expliqué M. Blandinières. InVivo profite aussi du redressement de son activité Trading, désormais « à l’équilibre » après avoir perdu 15 millions par an, a souligné le dirigeant.
La stratégie a notamment consisté à étendre l’activité sur la planète, avec l’ouverture en janvier d’un bureau à Singapour. Des traders australiens y vendent du blé aux pays asiatiques. Des partenariats ont aussi été conclus avec des coopératives japonaise et argentine, et avec d’autres acteurs du négoce en Europe.
L’objectif est « d’être moins dépendant du blé français » et des exportations vers les grands clients traditionnels de l’Hexagone comme l’Algérie, selon M. Blandinières.
De « nouveaux talents », venus entre autres du géant Louis Dreyfus Commodities, ont été recrutés pour renforcer l’équipe parisienne de 80 personnes.
Des changements de management ont eu lieu dans d’autres sociétés en perte sur les exercices précédents, comme Biotop, spécialisée dans le biocontrôle (alternatives aux pesticides) ou Neodis (aliments pour chiens et chats).
Surtout, d’autres activités sont venues compenser la morosité du secteur des céréales. Les ventes du pôle Nutrition et santé animale (NSA) ont progressé de 13% à 1,4 milliard d’euros. Cette branche a diversifié ses revenus « en investissant dans le petfood et l’aquaculture, deux marchés en forte croissance en Amérique latine et en Asie », explique InVivo. InVivo NSA profite notamment du rachat en 2014 de Total Alimentos, troisième fabricant de nourriture pour animaux domestiques du Brésil. Le groupe s’intéresse de très près au Brésil. « C’est le moment d’investir, car leur monnaie baisse, ce qui peut permettre de racheter moins cher des entreprises. (…) Beaucoup de PME familiales brésiliennes sont très endettées », souligne M. Blandinières.
Le pôle Grand public (jardineries Gamm Vert principalement) a lui aussi progressé, de 2,5%. InVivo prévoit d’ouvrir de nouveaux supermarchés pilote Frais d’Ici, dédiés aux produits frais et locaux, à Bordeaux, Paris, dans l’Ouest et le Nord de la France, après ceux inaugurés cette année à Toulouse et Dijon.
Le groupe table aussi sur sa nouvelle division vin InVivo Wine, pilotée par Vinadeis, la 1ère coopérative viticole française. Créé en juin, le pôle sera intégré aux résultats à partir de 2016. InVivo en espère 600 millions de chiffre d’affaires d’ici six ans. 3e sur le marché du vin en France après Castel et les Grands Chais de France, In Vivo a acquis au printemps dernier Cordier-Mestrezat et va dévoiler pour 2016 ses futurs projets.
Avec AFP