Ils ont entre 40 et 60 ans et sont aujourd’hui les nouveaux managers: les « Lurton du Vin ». Certains ont pris les rênes très jeunes comme Sophie ou Bérénice Lurton. Un choc quand on a que 22 ans…Et puis, il y a la plus jeune génération des Lurton, leurs enfants, qui s’interrogent et se demandent s’ils vont prendre la suite.
Un jour ou l’autre, il faut savoir passer la main. Héritage, succession, relais sont autant de mots faciles à employer mais parfois difficile à manier…dans toutes les familles. Ca ne se passe pas toujours comme on l’avait prévu.
Prenez le cas de Léonce Récapet, le fondateur de la dynastie, il devait passer le relais à son fils aîné…Malheureusement, celui-ci est mort au champ d’honneur à Douaumont en 1916; c’est donc sa 3e fille Denise qui hérita de tout (la 2e fille était décédée également très jeune).
Mariée à François Lurton, d’une famille de juristes, elle donna naissance à 4 enfants: André, Lucien, Simone et Dominique. Ce sont eux qui vont hériter en 1953, plus tôt que prévu des domaines (Léonce Récapet étant décédé en 1943, François gérait alors avec ses fils aînés). François Lurton est décédé en 1971.
Les Lurton de la branche Lucien, qui ont la quarantaine ou un peu plus aujourd’hui, se souviennent de la passation de pouvoir soudaine de 1992. Lucien Lurton, alors âgé de 67 ans, décida de transmettre un château à chacun de ses enfants (certes, il y a pire comme situation).
Sophie Lurton-Cogombles, comme la benjamine Bérénice, aucune des deux n’était préparée… Sophie Lurton avait poursuivi des études de langues et travaillait à l’étranger quand son père lui a annoncé la nouvelle: « moi, j’habitais en Italie quand je l’ai appris. J’avais étudié les langues et je faisais des traductions, quand mon père a décidé de nous laisser les vignobles. Les choses se sont faites petit à petit. Et puis Laurent Cogombles (aujourd’hui Président du Syndicat viticole de Pessac-Léognan) mon mari est venu et il m’épaule vraiment, en tant qu’ingénieur agronome. Château Bouscaut est un cru classé de Graves, on a un rang à tenir, on fait pas mal de choses, on en est assez fier. »
Son père Lucien avait acheté Bouscaut en 1979, depuis Sophie et Laurent Cogombles n’ont jamais cessé de rénover les cuviers et de construire en 2010 un nouveau chai à barriques de 300 m2.
Bérénice Lurton, elle n’avait que 22 ans, quand son père lui donna un 1er Cru Classé de Sauternes, château Climens à Barsac. « Moi, je suis arrivée très jeune. Ca n’a pas été très facile. Il a fallu jongler, apprendre sur le terrain. » La première année fut d’autant plus difficile, qu’il n’y a pas eu de sortie de premier vin de Climens. « Notre père nous a tranmis le respect du terroir et de la vigne, et l’amour du vin…On reste des vignerons, des paysans. »
Et si à 20 ans on se demande où l’on va, bien des années plus tard, Bérénice a trouvé sa voie: la biodynamie. « C’était pour moi une évidence. D’abord par respect du terroir, de la vigne et du vin, on est passé en biodynamie. Pour rien au monde, je ne reviendrai à ce qu’on faisait avant » « Pour répondre aux attaques, aux maladies diverses, on fait de la phytothérapie adaptée au vignoble ». En guise de traitements, elle concocte des tisanes à base de souci, de camomille, de mulpertuis… » Même si cela amuse tonton André (Lurton), Bérénice trouve que ses vins « y gagnent en présence, pureté et en éclat » en plus de la « complexité de l’équilibre et de la fraîcheur » de ces liquoreux de Barsac.
Parmi la relève, on trouve maintenant d’autres jeunes Lurton: il y en a un peu partout, pensez avec ces 4 branches (André, Lucien, Simone et Dominique), les enfants de ceux-ci et les enfants de leurs enfants… Difficile à suivre. Et eux vont-ils suivre seulement ?
Certains s’interrogent encore…Parmi les enfants d’Henri Lurton propriétaire de Brane-Cantenac à Margaux, Nicolas 20 ans est bien décidé à reprendre, il poursuit un BTS viticulture-oenologie à Blanquefort près de Bordeaux. Pour Alexia, la fille de Marie-Laure Lurton, propriétaire de la Tour de Bessan en AOC Margaux, elle est interne en médecine et s’orientera vers la chirurgie pédiatrique. Il y a encore Pauline, la fille de Marc Lurton, 4e branche (les descendants de Dominique): elle dégage cette volonté des Lurton et Récapet qui savent où ils vont.
Pauline, 24 ans, a suivi des études de commerce et de management à l’ISEG Lille; elle pense bien reprendre le flambeau, avec sa soeur Julia, et suivre la trace de l’aïeul Léonce Récapet qui avait acheté en 1901 leur château familal Reynier à Grézillac en Gironde.
Non seulement elle tient à ce manoir des XV et XVIe siècles (sur lequel son père Marc avait jeté son dévolu face à son frère Pierre), mais elle compte développer les ventes de Bordeaux, Bordeaux Supérieur et Entre-Deux-Mers en France et à l’étranger (où 80% des vins sont commercialisés). L’avenir ? « Je ne le vois pas comme un poids (du passé), mais comme une belle opportunité de continuer cette passion ! »
Ne manquez pas cette saga le 24 octobre vers 23h05 sur France 3 Aquitaine et le samedi 25 à 15h25.
La « saga Lurton » réalisée par Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Delwarde, Vincent Issenhuth, Xavier Granger, Emmanuel Cremese et Véronique Lamartinère. (voir ci-dessous) Les plateaux d’Enquête de Région ont été enregistrés à château Bonnet et assurés par Eric Perrin avec Jacques Lurton, Bérénice Lurton et Marc Lurton comme invités.