La France repasse en tête, profitant d’une plus faible récolte en Italie, comme en Espagne. Cette année, la production en France devrait s’établir à 46,1 millions d’hectolitres.
Cocorico !!! Côté Châteaux l’avait annoncé dès le 16 septembre: la France reprend sa 1ère place avec 46,1 millions d’hl (en hausse de +10%) devant l’Italie avec à 44,4 Mhl (en baisse de -15%) et l’Espagne avec 37 Mhl (-19%).
La récolte mondiale est prévue à 271 millions d’hectolitres après 287 millions (chiffres confirmés en fin de campagne) l’an passé, principalement en raison d’aléas climatiques, selon Jean-Marie Aurand, le directeur général de l’Organisation internationale de la vigne et du vin.
Les Etats-Unis se classe quatrième producteur mondial à un niveau « élevé » à 22 Mhl (-4%) malgré le séisme en Californie et la sécheresse.
Dans l’hémisphère sud, à noter le recul de la production chilienne (-22% à 10 Mhl, 9e mondial) alors que le pays est en croissance constante depuis 2010 et reste 10% au-dessus du niveau de 2010 (contre 13% en 2013).
L’Australie enregistre une légère hausse (+2%) à 12,6 Mhl, après plusieurs années de sécheresse qui l’avaient conduite à arracher des plants. Mais c’est surtout son petit voisin la Nouvelle Zélande (13e mondial) qui poursuit sa progression et prévoit cette année un bond de 29% à 3,2 Mh.
A ce stade, aucune estimation n’a été fournie par la Chine, qui avait produit 11,7 Mhl en 2013 (sur 600.000 ha de vignobles) et devrait se situer au 7è rang mondial cette année (5e l’an passé). Parmi les dix premiers producteurs de vins mondiaux, qui représentent 80% de la production mondiale souligne l’OIV, quatre sont du « nouveau Monde »: Argentine (5e), Australie (6e), Afrique du Sud et Chili (8 et 9e). Tous, comme les Etats-Unis d’ailleurs, sont considérés en « croissance tendancielle » sur les quinze dernières années – à l’inverse des Européens, qui ont beaucoup arraché.
Quant à la consommation, elle est difficile à chiffrer avant les fêtes de fin d’année, qui représentent parfois un tiers de la saison, rappelle l’expert. Mais, après le coup d’arrêt enregistré en 2008-2009, lié à la crise, elle semblerait frémir de nouveau et repasser à 243 Mhl, franchissant le niveau des 240 Mhl auquel elle était retombée, après avoir dépassé les 250 Mhl en 2007.
La Chine, 5e consommateur mondial (et 8e producteur) a moins importé en 2013 malgré une production nationale plus réduite : sans doute les opérateurs ont-ils liquidé d’importants stocks sur place, avance l’OIV. « Le nombre de consommateurs ne cesse d’augmenter et la Chine reste un marché important quoi qu’il arrive », juge M. Aurand.
Pour lui l’avenir est tout à fait garanti : le vin représente en valeur 75 milliards d’euros dans le monde et les échanges internationaux – 100Mhl chaque année – 25 milliards d’euros, « l’équivalent de 400 Airbus A320 » souligne-t-il.
Il y a dix ans, les vins exportés représentaient un quart de la consommation mondiale contre 40% aujourd’hui: ce qui signifie que sur cinq bouteilles ouvertes et bues, deux sont importées d’ailleurs.
C’est assez exceptionnel pour le souligner chez les grands crus classés du Médoc : le second vin du château Pontet-Canet, les « Hauts de Pontet-Canet » (millésime 2012), n’a pas obtenu l’agrément pour rester sous l’AOC Pauillac. Il sera vendu en appellation « Vin de France ». Alfred Tesseron s’exprime dans Côté Châteaux.
C’est le journal Sud-Ouest (lire ici l’article de César Compadre dans son intégralité) qui a rapporté la nouvelle. Nouvelle qui a fait grand bruit parmi les crus classés du Médoc. Le château Pontet-Canet, 5ème Grand Cru Classé 1855, s’est vu refuser l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Pauillac pour le millésime 2012 de son second vin, Les Hauts de Pontet-Canet.
Alfred Tesseron, propriétaire du château Pontet-Canet, actuellement en déplacement à l’étranger, s’exprime interrogé par Côté Châteaux, il est l’invité de parole d’expert.
Jean-Pierre Stahl : « Comment avez-vous appris la nouvelle concernant votre second vin (millésime 2012) et quelle a été votre réaction ? Est-ce une première ou y a t-il eu d’autre cas à votre connaissance ?
Alfred Tesseron: « Afin de pouvoir utiliser l’Appellation d’Origine Contrôlée Pauillac, les vins doivent répondre à certains critères définis par l’appellation.
Pour cela, le cahier des charges de l’Appellation Pauillac prévoit une dégustation obligatoire par l’ODG (Organisme de Gestion) avant la mise en bouteille. »
« Comme chaque année, nous y avons présenté nos vins età notre très grand étonnnement, Hauts de Pontet-Canet 2012 n’a pas obtenu l’agrément et portera donc la dénomination « Vin de France ».
JPS: « Comment ressentez-vous cela, comme une injustice ? »
AT:« De mon côté, je suis très fier de ce vin et absolument sûr de sa qualité, comme l’ont été 99,9% des négociants qui ont confirmé leurs achats primeurs en Vin de France.
C’est un trait de caractère commun et persistant chez les Lurton: l’esprit d’entreprise. Les Lurton, ce sont des « empêcheurs de tourner en rond ». Ils ont en eux une force: ils osent, ils se lancent et souvent ça marche. Des battants ? Forcément !
En « Lurtonnie », le passé rattrape souvent le « pélerin » …Le poids de l’Histoire et l’appel du vignoble se rappellent à ceux qui s’évadent…
Avec ses 700 ans, le château du Prince Noir (ancien fief du neveu du pape Clément V, édifié en 1312), Camarsac s’est rappelé ainsi à Thierry Lurton, l’un des 10 enfants de Lucien Lurton. Thierry travaillait dans le social à Bordeaux, puis est parti aider les plus démunis de l’autre côté de l’Atantique au Brésil. Plus de 20 ans passés comme éducateur…
Et puis, il a senti le besoin de revenir à la vigne. Déjà pour aider l’une de ses soeurs, Bérénice, au château de Camarsac (acquis en 1973 par leur père Lucien). Un château dont il a racheté aujourd’hui le reste des parts. Produisant en Bordeaux, Bordeaux Supérieur et en Entre-deux-Mers, il aime une certaine diversité et offre 8 vins tous différents, un peu comme ces jeunes dont il s’occupait.
Pour que ça marche, il faut avoir de l’exigence. Je travaille comme ça avec mes pieds de vigne, comme je le faisais avec mes jeunes ». Thierry Lurton, château de Camarsac
Son autre challenge, c’est de redonner à Camarsac une nouvelle vie. Toute la partie droite qui donne sur le jardin a brûlé il y a environ 50 ans et était restée en l’état. « Il y a avait à l’intérieur un bazar incommensurable, tout ce qui s’était effondré en brûlant était encore là il y a peu » précise Thierry Lurton. Il a tout déblayé et compte bien reprendre l’ensemble: remplacer sa toiture en tôle par une nouvelle toiture avec une charpente digne de ce nom. Et restaurer l’ensemble, Thierry mise énormément sur l’oenotourisme…
Chez son cousin, Marc, le fils de Dominique Lurton ( la 4e branche), il y a aussi le poids du passé. Allez savoir pourquoi, Marc voulait à tout prix hériter du Manoir familial du XVe acheté par son arrière-grand-père Léonce Récapet en 1901. Il s’est arrangé avec ses frères, et notamment Pierre.
Le secret de cette propriété, c’est sa cave qui est en fait une vieille carrière:
Cette carrière est un lieu magique. Reygnier a été construit avec cette carrière ! » Marc Lurton
Marc Lurton est oenologue, une pointure, non seulement il met ses connaissances au service de Reygnier mais aussi du château du Bouchet. Ses 40 hectares sont plantés de Cabernet Sauvignon et Merlot (pour les vins rouges et rosés), de Sauvignon, Sémillon et Muscadelle (pour les vins blancs), sur un terroir exceptionnel formé de croupes au sol argilo-calcaire. Il n’hésite pas non plus à faire du consulting désormais outre atlantique.
Pierre Lurton, son frère, a hérité aussi de 40 ha de vignes de Reygnier. Mais il a aussi hérité du savoir-faire familial: « le parcours ? Il démarre génétiquement » s’amuse-t-il a dire, lui qui a observé ses tontons André et Lucien. Après avoir fait ses premières armes au Clos Fourtet 1er Grand Cru Classé de Saint-Emilion durant 10 ans, il a proposé ses services à Cheval Blanc où il a été pris comme gérant. Puis Cheval a été racheté par Albert Frère et Bernard Arnaud; ce dernier lui a dit « Lurton, ça a l’air d’aller, alors on va continuer ensemble » et puis « en 2004, double casquette gérant de Cheval Blanc et désormais président d’Yquem ». Même s’il était très heureux d’avoir réalisé un rêve, « ça n’a pas changé ma vie » car
J’étais un double manager comblé mais aussi ici un petit propriétaire (de château Marjosse) endetté. » Pierre Lurton, Pdg d’Yquem, gérant de Cheval Blanc et propriétaire de Marjosse à Grézillac
D’un avion l’autre, Pierre Lurton traverse souvent le globe, en représentation ou en consulting en Afrique du Sud, il est aussi à la tête de Cheval des Andes en Argentine. Mais sa passion reste à Marjosse, cette propriété qu’il traversait plus jeune à cheval (décidément le cheval !) et qui appartenait à un général. Il a réussi à acheter la moitié de la chartreuse et les vignes, mais le dernier héritier du général ne voulait pas vendre l’autre moitié. Il a du attendre 15 ans, mais ça y ets, c’est fait il vient de signer chez le notaire et va pouvoir entreprendre des travaux gigantesques pour lui redonner son éclat.
Un autre Lurton, constamment jet-lagged, c’est François, le globe-trotter. Après avoir travaillé avec son père à château Bonnet notamment, il a ressenti le besoin de partir explorer le nouveau monde du vin avec son frère Jacques à partir du début des années 90;
Jacques et François ne vont cesser de prendre des fermages puis d’acheter des domaines en Australie tout d’abord en 1991 (The Islander Estate Vineyards est aujourd’hui la propriété de Jacques) puis en Argentine (François y possède Bodega Piedra Negra), au Chili (Hacienda Araucano), en Espagne et en France.
Dès 1991, avec Jacques, ils vinifient leurs premiers vins au Domaine les Salices dans le Minervois.Surtout pour répondre à la demande anglaise, les frères élaborent des vins de cépage, mais très rapidement, ils sont frappés par la grande variété de terroirs et de climats de cette région et décident d’investir dans des domaines.Dans le Languedoc et dans le Roussillon, François possède deux propriétés: c’est au Mas Janeil que nous l’avons retrouvé.
Mas Janeil, à Tautavel dans les Pyrénées Orientales, est un domaine à cheval sur une faille géologique, on y trouve une grande variété de sols différents. Ainsi, au pied du château de Quéribus, le sol est plutôt constitué de calcaire et de granit, alors que la parcelle le « Pas de la Mule » révèle une grande densité de schistes.
En cette fin de semaine, après la mi-septembre, François est remonté comme une pendule, son chai doit être nickel. Toujours très pointilleux sur la propreté et l’exigence de ses équipes, mais c’est aussi cela qui fait sa renommée et son succès. Il reçoit en effet une cinquantaine de distributeurs de ses vins et de journalistes spécialisés d’une dizaine de nations: canadiens, hollandais, russes, ukrainiens, …
Il leur a réservé une visite du Mas Janeil la propriété qu’il a achetée en 2008 et où il a fait construire un chai très fonctionnel.Ses invités ont d’abord droit à un topo exhaustif de l’évolution des sols à travers les différentes périodes avec un spécialiste, puis un petit tour dans ses vignes au niveau du hameau du Mas Janeil: « ici on est tellement proche de la falaise, on retrouve du calcaire et du schiste qui en fait donnent une complexité aromatique à notre vin, ce qui en fait un vin unique. » C’est ensuite la dégustation de son éventail de 13 crus en blanc et en rouge. Une visite complète avec aussi une soirée organisée en bord de mer à canet-en-Roussillon car comme le dit François Lurton ce qu’il y a de bien dans le monde du vin, c’est aussi cela, ces moments de partage et d’amitié. »
Un François Lurton qui semble avoir ce désir constant d’entreprendre et qui ne sait pas s’arrêter, un peu comme son père André: « on me dit que je suis un peu trop dynamique, en fait je fais bouger un peu tout le monde ». Et Dieu sait que ça bouge à Vayres son siège où se trouve son usine d’embouteillage pour ses vins blancs « les fumées blanches » son plus gros succès: il produit 5 millions de bouteilles de « fumées blanches » commercialisées à 95% à l’étranger. Au total, François Lurton produit 10 millions de bouteilles en son nom propre: « presque autant que toute la famille réunie » s’amuse-t-il.
Ne manquez pas cette saga ce vendredi 24 octobre vers 23h05 sur France 3 Aquitaine et ce samedi 25 à 15h25.
La « saga Lurton » réalisée par Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Delwarde, Vincent Issenhuth, Xavier Granger, Emmanuel Cremese et Véronique Lamartinère. (voir le magazine ci-dessous) Les plateaux d’Enquête de Région ont été enregistrés à château Bonnet et assurés par Eric Perrin avec Jacques Lurton, Bérénice Lurton et Marc Lurton comme invités.