11 Nov

29e Accabailles: quand les Crus Classés de Graves rendent hommage à la gastronomie française

C’était hier la traditionnelle soirée des Accabailles, organisée cette année par la famille Perrin au château Carbonnieux avec les Crus Classés de Graves. Un dîner qu’ils avaient confié à Hélène Darroze, avec comme mission de s’inspirer de la cuisine du Sud-Ouest. Une soirée dont l’objectif est de remercier les chefs et sommeliers des grandes tables, qui au quotidien mettent en avant ces crus classés de Graves à leur carte.

Les Italiennes de l’Hôtel Villa Abbazia avec Rémi Edange et Olivier Bernard du Domaine de Chevalier © JPS

29 ans que cela dure et c’est un rendez-vous toujours très prisé des chefs cuisiniers et chefs sommeliers pour son ambiance, pour se retrouver et se raconter des nouvelles.

Philibert et Christine Perrin du château Carbonnieux, avec Hervé Valverde du Bistro du Sommelier © JPS

La formule est bien rodée et débute toujours par la dégustation des vins des propriétés en blanc (millésime 2017) et en rouge (millésime 2016). Ainsi pouvait-on croiser un Oliver Bernard du Domaine de Chevalier (« un domaine qui existe depuis 5 siècles », Olivier un peu moins) toujours fidèle au poste, prêt à faire découvrir tant son 1er vin que son second, l’Esprit de Chevalier en blanc : « ça ce sont des vins à boire relativement jeune, à partir de 3-4 ans c’est super bon, alors que le 1er vin le Domaine de Chevalier blanc il faut l’attendre un peu plus longtemps. Ce millésime 2017 (qui avait connu le gel dans bon nombre de propriétés de Bordeaux) est un millésime bon en rouge mais en blanc c’est super bon. » L’occasion de rencontrer avec lui également Christina Putz qui met les vins de Graves et Pessac-Léognan à l’honneur dans son établissement l’Hôtel Villa Abbazia, un Relais&Châteaux à 50 kilomètres au nord de Venise en Italie « pas mal fréquenté par des touristes du monde entier et notamment américains qui viennent passer quelques jours à Venise et profite ici de leur séjour. »

Bénédicte Pinero et Véronique Sanders du château Haut-Bailly © JPS

L’occasion de croiser aussi Véronique Sanders du château Haut-Bailly, propriété de la famille Wilmers; un château qui s’apprête à dévoiler l’an prochain un fabuleux chai circulaire, confié à un jeune architecte assez brillant Daniel Romeo, qui faisait partie de l’équipe de Christian de Porzamparc : « une prouesse technique et environnementale, qui va se marier parfaitement dans le paysage, un chai en partie enterré, de 8 mètres 50 de hauteur, qui favorise le gravitaire et l’économie d’énergie, on va gagner en fraîcheur…Il sera opérationnel aux vendanges 2020″. Quant aux dernières vendanges, « 2019 est superbe, on en est très content, tant en qualité qu’au niveau des rendements plus importants par rapport aux deux dernières années, où on avait gelé en 2017 et subi le mildiou en 2018. Cela fait partie de ces grandes années avec pas mal d’homogénéité avec un merlot flamboyant et un cabernet très racé. Je pense que l’assemblage sera magnifique. »

Les vins étaient servis par les élèves sommeliers du Lycée Hôtelier de Talence et du CAFA

Ces Accabailles ont pour origine le terme en ancien occitan « acabar qui signifie achever terminer », précise Eric Perrin co-propriétaire du château Carbonnieux. « Quand on termine nos vendanges, on aime parcourir nos campagnes et aller chercher nos ressources dans nos bois, comme des cèpes et des palombes… »

Ronan Kervarrec et Jérôme Schilling, les chefs très doués de l’Hostellerie de Plaisance et de Lafaurie Peyraguey © JPS

Ce sont ainsi 184 dignes représentants de la gastronomie française qui sont présents ce soir-là, des chefs et sommeliers de « 63 établissements: 61 étoilés dont 9 deux étoiles et 2 triple étoilés », précise Jean-Jacques Bonnie, président des Crus Classés de Graves. Parmi ces grands chefs, Philippe Etchebest du 4e Mur à Bordeaux, Ronan Kerverrec 2** de l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion, qui tous deux seront présents sur le salon Exp’Hôtel du 24 au 26 novembre au Parc des Expositions de Bordeaux Lac, mais aussi Jérôme Schilling de l’Hôtel Restaurant Lalique au Château Lafaurie-Peyraguey en AOC Sauternes qui s’apprête à organiser « le dîner des grands » avec Yquem et Pierre Lurton lundi 25 novembre à Lafaurie-Peyraguey, sans oublier Pascal Pressac de la Grange aux Oies au château de Nieuil qui prépare les Gastronomades à Angoulême les 29, 30 novembre et 1er décembre. Hervé Valverde du Bistro du Sommelier a été de toutes ces Accabailles, « je suis venu à toutes, même l’an dernier à Paris avec le chef Gomez, le chef de l’Elysée, c’est un événement fabuleux. »

Hélène Darroze et Eric Perrin à l’ouverture de ces 29e Accabailles

Ces Accabailles avaient une saveur particulière au château Carbonnieux, ce lieu chargé d’histoire comme le rappelle Jean-Jacques Bonnie, dont les origines remontent à 1234 (cela ne nous rajeunit pas), un domaine tenu encore en 1740 par les moines de l’Abbaye Sainte-Croix d’où le nom du second vin et la coquille Saint-Jacques sur l’étiquette de Carbonnieux. Un château renommé déjà au XVIIIe siècle qui eu la visite de Thomas Jefferson en 1787 avant que celui-ci ne devienne président des Etats-Unis d’Amérique. Un château dont l’histoire s’est écrite avec la famille Perrin dès 1956 avec Marc et son fils Anthony, une famille de Bourguignons qui était partie en Algérie et sentant le tournant de l’histoire, s’est installée en terre de Léognan. Une famille aujourd’hui incarnée par Eric, Christine et Philibert, de grandes personnalités du monde du vin.

L’association remercie les chefs et sommeliers qui mettent les vins sur le carte en avant: ici le chef cuisinier Jérôme Schilling (1*) et le chef sommelier Adrien Cascio du Château Lafaurie-Peyraguey © JPS

Le choix du chef a été opéré par la famille Perrin, de concert avec l’association des Crus Classés de Graves: « je voulais quelqu’un du Sud-Ouest, j’ai tout de suite pensé à Hélène Darroze », chef 2** au Guide Michelin, chef de deux restaurants à Paris et du Connaught Hotel à Londres, qui a remporté en 2015 le prix « Veuve Cliquot » du meilleur chef féminin au monde. « C’est quelqu’un d’emblématique, une générosité de cuisine du Sud-Ouest, c’est le cèpe, la palombe et le foie gras, l’identité de notre gastronomie du Sud-Ouest, avec aussi un fabuleux baba à l’Armagnac. »

« la palombe, le foie ras des Landes et les cèpes… »Wellington » par Hélène Darroze

Un moment intense en émotions avec aussi l’évocation de la disparition de deux grands chefs l’an dernier Paul Bocuse et Joël Robuchon, suivie par celle de deux grands viticulteurs : « après avoir déploré la perte de deux grands chefs, je voulais rendre hommage à deux personnages emblématiques et fondateurs de notre appellation: une pensée émue pour André Lurton, créateur de l’appellation Pesac-Léognan en 1987 qui a révélé nos vins à un large public d’amateurs et à Jean-Bernard Delmas, l’un des fondateurs de notre classement de Graves en 1953 par l’INAO, l’un est disparu au moment de la fleur et le second à la fin des vendanges. »

Hélène Darroze, sa team, le traiteur Monblanc et les élèves sommeliers de l’école de Talence et du CAFA remerciés par Jean-Jacques Bonnie, pdt des crus classés de Graves © JPS

Bravo à tous nos chefs cuisiniers, pâtissiers, sommeliers, ambassadeurs de la gastronomie et de l’art de recevoir à la française, passeurs de mémoire, de traditions et de créativité. Carpe Diem.

04 Nov

20e anniversaire du Great Wine Capitals : 115 professionnels des 10 plus grandes régions viticoles du monde en colloque à Bordeaux

20 ans ça se fête ! Du 3 au 7 novembre, le réseau Great Wine Capitals fête ses 20 ans à Bordeaux. Ce réseau a été créé par la Chambre de Commerce et d’Industrie et tient cette semaine sa conférence annuelle dans la capitale mondiale du vin. Il réunit 10 villes parmi les régions viticoles les plus connues au monde avec 115 représentants présents cette semaine dans le bordelais.

Un toast sur un Prieuré Lichine 2006 à la santé des Great Wine Capitals © Jean-Pierre Stahl

Ce 20e anniversaire est l’occasion pour ces 115 professionnels de l’oenotourisme venus du monde entier de visiter les propriétés les plus prestigieuses: les crus classés 1855 du Médoc, de Sauternes ou encore les crus classés de Saint-Emilion. Ainsi ce matin, au château Prieuré Lichine, c’est Lise Latrille, directrice commerciale, et Charles Imbert chargé de l’oenotourisme, qui reçoivent dans la propriété d’Alexis Lichine, aujourd’hui disparu, qui fut l’un des personnages les plus influents du Médoc qualifié de « pape du vin » dans les années 50 à 80 et qui réalisait près de 30% des exportations de Bordeaux aux Etats-Unis.

Lise Latrille, directrice commerciale du château Prieuré Lichine © JPS

C’est l’antre d’Alexis Lichine, c’est ici qu’Alexis Lichine a reçu les plus grands personnages du monde du vin et aussi du show-business, et en général nos invités se souviennent vraiment des repas que nous organisons ici dans cette vieille cuisine », Lise Latrille château Prieuré Lichine.

Des membres de la délégation italienne de Vérone © JPS

Ce château a été récompensé l’an  un trophée soulignant l’accueil à la propriété. Un Best Of Wine Tourism en or qui favorise les visites: 14 000 touristes cette année. « C’est certain, cela nous donne une très belle visibilité, et c’est aussi pour une clientèle qui est ciblée, c’est-à-dire par la découverte du vignoble, un peu dans tous les pays », ajoute Lise Latrille.

Ces 10 villes et régions viticoles misent toutes sur ce développement touristique.

Jo Collins from Adelaide in Australia © JPS

C’est juste une occasion incroyable d’être dans le même réseau des meilleurs producteurs de vin au monde et d’apprendre à leur contact les meilleures pratiques et innovations », Jo Collins vice-présidente australienne de Great Wine Capitals.

Développer ensemble une coopération en matière de business, de formation de recherche ou de tourisme, ces italiens, américains, australiens ou espagnols de la Rioja l’ont bien compris. « Nous avons beaucoup de vignobles et de chais modernes réalisés par de grands architectes, beaucoup de choses à partager avec nos visiteurs », me confie Mikel Arieta-Araunabena de la Chambe de Commerce de Bilbao.

Sandrine Chamfrault responsable du développement au château Marquis de Terme © JPS

Les efforts des propriétés se multiplient, de plus en plus font de l’hébergement et de la restauration à l’instar du château Marquis de Terme, comme nous l’explique Sandrine Chamfrault responsable du développement au château Marquis de Terme.  » C’est vrai que nous sommes fier de recevoir 14000 personnes à l’année, c’est une grosse évolution, c’est la raison pour laquelle nous allons ouvrir ce restaurant. »

Une photo de famille devant le château Marquis de Terme à Margaux © JPS

Ce réseau Great Wine Capitals réfléchit  à encore augmenter son influence pour les 10 ans à venir.

30 Oct

Saint-Emilion: les châteaux Figeac et Cormeil-Figeac gardent leurs noms en appel

Le château Figeac, premier grand cru classé de Saint-Emilion qui attaquait un de ses voisins pour qu’il ne porte plus son nom, a perdu mardi son procès à Bordeaux contre le château Cormeil-Figeac. Mais il a remporté quand même une demi-victoire, celle de garder le droit d’utiliser son propre nom, menacé lors du jugement en première instance.

Le © château Figeac à Saint-Emilion

La famille Manoncourt, qui exploite les marques « château de Figeac » et « château Figeac », contestait le droit de porter le nom de Figeac aux châteaux Cormeil-Figeac et Magnan-Figeac appartenant à la famille Moreaud. Elle avait déjà poursuivi pour le même motif plusieurs châteaux voisins, gagnant tous ses procès.

La cour d’appel a cette fois estimé qu‘ »historiquement, les parcelles de Cormeil et Magnan ont appartenu à la famille Cazes/Carles, alors propriétaires du grand domaine originel de Figeac, par la suite démembré au gré de plusieurs cessions ». Me Caroline Lampre, avocate de Cormeil-Figeac et Magnan-Figeac, a estimé que les droits de son client « ont été reconnus, qu’il n’avait pas créé ce nom ex-nihilo, qu’il existait depuis plus d’un siècle ».

Elle a espéré que cette décision marquerait « un frein pour tous les grands châteaux qui parfois mènent une campagne d’épuration un petit peu abusive à l’encontre de voisins qui sont souvent depuis très longtemps en coexistence avec eux ». Vincent Fauchoux, avocat de la famille Manoncourt, a dit qu’ils allaient « étudier sereinement l’opportunité d’un pourvoi en cassation », précisant que ses clients étaient quand même « satisfaits » du reste du jugement: « la validité de notre image et la qualité de notre domaine ». Car en novembre 2016, le tribunal de grande instance de Bordeaux avait décidé que les deux parties, y compris donc le plaignant, devaient perdre leurs marques.

« Nos marques, « châteaux Figeac » et « château de Figeac » sont parfaitement valables en dépit des contestations émises contre elles depuis plusieurs années (…) et notre exploitation est parfaitement conforme à la réglementation », a-t-il souligné. Car la cour d’appel est revenue sur l’interdiction faite aux plaignants d’utiliser eux-mêmes le nom Figeac. Le TGI avait justifié sa décision en expliquant que l’exploitation n’avait pas pu prouver qu’elle respectait toutes les règles de la vinification séparée pour ses différents vins (le premier vin étant le meilleur). Cette fois-ci, la cour d’appel a estimé que « l’ensemble des jus entrant dans la composition du premier vin (…), second vin (…) et troisième vin (…) proviennent exclusivement de raisins récoltés sur les parcelles intégrées à l’assiette foncière du domaine du château de Figeac et sont vinifiés sur le domaine. »

« Aucune obligation légale ou réglementaire n’exige une vinification séparée des premiers, second et troisième vins d’un même domaine », a-t-elle poursuivi, permettant ainsi à château Figeac de garder son célèbre nom.

AFP

Saint-Emilion: Foster signe un nouveau chai « le Dôme »

C’est sans nul doute un chai qui va faire parler de lui, comme précédemment celui de Cheval Blanc signé par de Portzamparc ou de la Dominique par Jean Nouvel… A Saint-Emilion, l’architecte britannique Norman Foster signe un nouveau chai original « le Dôme », le même archi qui a signé le chai livré en 2015 du mythique château Margaux.

Une forme originale qui peut laisser penser à une soucoupe volante © Norman Foster – château Teyssier

A Saint-Emilion, les chais marquants continuent de faire leur apparition. Tout le monde a encore en tête la double vague réalisée par Christian de Portzamparc pour abriter les quelques 50 cuves en béton et le chai à barriques du mythique Cheval Blanc (propriété de Bernard Arnault), 1er cru classé A, puis le chai aux reflets rouges de Jean Nouvel pour le château la Dominique propriété de la famille Fayat, avant qu’il ne réalise une oeuvre circulaire au château la Grâce Dieu des Prieurs….Tout ceci pour dire que, malgré l’inscription au Patrimoine Mondial de l’Humanité, cela bouge tout en respectant l’aspect global des paysages.

Cette fois, c’est le britannique Norman Foster qui va s’illustrer avec « le Dôme ». Ce nouveau chai appartient à son compatriote Jonathan Maltus (château Teyssier à Saint-Emilion et en Californie World’s End), qui lui permettra ainsi de présenter un de ses vins, « Le Dôme », au nouveau classement de Saint-Emilion en 2022.

Les vues et le paysage ont toujours été les premiers protagonistes du design. Le process de vinification est amené au coeur du bâtiment et l’étage supérieur apporte un espace flexible pour que les visiteurs puissent se réunir et déguster le fabuleux vin de ce terroir » Norman Foster

Une vue panoramique depuis le futur chai de © Norman Foster – château Teyssier, avec un plafond en bois d’un diamètre de 40 mètres.

Les visiteurs arriveront par une allée traditionnelle plantée d’arbres pour découvrir ce chai circulaire étonnant semi-enterré. Avec une vue à 360 degrés sur les vignobles d’Angélus ou Canon, ce chai circulaire devrai se fondre dans le paysage inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco.

Et Norman Foster d’ajouter « la connexion visuelle directe entre l’intérieur et l’extérieur, la dégustation et la production du vin, crée un espace unique et unifié pour Le Dôme ». Un Dôme et chai toujours très « hype »qui sera inauguré au printemps 2021.

Lire ou relire :

« Bordeaux, la métamorphose » : le magazine sur les nouveaux chais

Voir le magazine « Bordeaux,  la métamorphose » sur ses nouveaux chais réalisé en avril 2017 par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Christophe Varone et Emmanuel Cremese :

29 Oct

Fédération des Grands Vins de Bordeaux : Jean-Marie Garde succède à Hervé Grandeau

Hier, lors d’un Conseil d’Administration de la FGVB , Hervé Grandeau, démissionnaire, a cédé son fauteuil de Président à Jean-Marie Garde qui a été élu à 90% des voix. Des représentants d’ODG avaient demandé à ce que le poste soit remis en jeu, vu notamment le contexte commercial défavorable à Bordeaux.

Hervé Grandeau sur le stand des Bordeaux et Bordeaux Supérieur lors de Bordeaux Fête le Vin en 2018 © JPS

Dans un communiqué envoyé hier, la Fédération des Grands Vins de Bordeaux a annoncé l’élection d’un nouveau président à la tête de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, structure qui regroupe 24 ODG de Bordeaux et représente ses 5800 vignerons. Il s’agit de Jean-Marie Garde, précédemment secrétaire général de la FGVB et président de l’ODG Pomerol.  

Cette élection s’est tenue suite à la démission d’Hervé Grandeau, qui en juillet dernier était reparti pour un nouveau mandat. Mais c’était sans compter un mouvement de protestation qui était monté crescendo jusqu’à la semaine dernière, où par courrier plusieurs présidents d’ODG demandaient à ce que le mandat de président soit remis à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration.

Hervé Grandeau a été condamné avec son frère Régis en juin dernier par le tribunal correctionnel de Bordeaux à 6 mois de prison avec sursis pour « tromperie » et « falsification » de 5 900 hectolitres de vin entre 2010 et 2014, Hervé Grandeau a souhaité se confier à Côté Châteaux et estime avoir été « condamné sans vraiment pouvoir me défendre, on a fait un exemple du président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, on a coupé un symbole ».  

Hervé Grandeau se défend d’être ni « un voyou, ni un fraudeur, qui a cherché à s’enrichir«   : « à aucun moment je n’ai été pris à défaut, je n’ai simplement pas eu la vertu d’anticiper suffisamment une réglementation qui se mettait en place, une réglementation sur la mise en place de registres sortie en 2013, mais j’ai été contrôlé sur 2010, 2011 et 2012. La mise en place de ces registres n’était pas effective ni à Bordeaux, ni ailleurs, quasiment personne ne tenait ces registres, malgré une recommandation européenne. Et puis on a suspecté que mes raisins de l’AOC avaient servi à faire du vin de table, ils ont essayé de prouver que j’avais mis des excédents d’AOC dans les vins de table, qu’ils disent falsifiés. Mais le même pied de vigne peut faire du Bordeaux en AOC, du Rosé, du Clairet et du vin de table. »

Même si cela a pu choquer, « mes pairs, mes collègues m’ont réélu le 1er juillet à 75% et ont décidé de ne pas se porter partie civile dans ce procès, car je leur ai expliqué mon dossier d’une limpidité totale. Après ma condamnation, tout le monde m’a soutenu et conseillé de ne pas faire appel, ce qui ne m’a pas servi. Mais aussi si en 2e instance, le jugement avait été plus sévère, financièrement les banques ne m’auraient plus soutenu et ma famille était usée de tout cela. »

« On m’a dit on te soutient, mais par contre cela nous pose problème que tu te maintiennes à la présidence de la FGVB. 2/3 me soutenaient, je me suis donc maintenu durant l’été il ne se passe pas grand chose, après ce sont les vendanges et en octobre, j’ai reçu le courrier de certaines ODG pour qu’on reparle en conseil d’administration de la présidence. Je ne pouvais pas continuer vue la conjoncture, la difficulté commerciale des vins de Bordeaux, il fallait une énergie forte pour sortir de cette conjoncture.J’ai choisi de laisser ma place et de ne pas tricher ni avec moi ni avec mes collègues. C’est aussi une parole retrouvée. »

Jean-Marie Garde, président de l’ODG Pomerol, devient Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux © JPS

C’est donc Jean Marie Garde, le président de Pomerol, qui prend la présidence de la FGVB : « Jean Marie Garde est quelqu’un de très bien qui va apaiser, c’est mon secrétaire général qui me succède, le conseil d’administration souhaité à l’unanimité que je reste dans les instances. Sur le fond, il a été dit très fortement on pourrait tous être à ta place. A aucun moment, je n’ai voulu frauder, ceux qui connaissent le métier de vigneron le savent ».

Alors que les discussions ont été quelque peu mouvementées hier, le calme va sans doute revenir après cette tempête automnale… Certains responsables d’ODG frondeur ont pu commenter « on a accepté un homme consensuel, un homme qui devrait apaiser les querelles. »

De grands dossiers attendent le nouveau président Jean Marie Garde, également membre de la CNAOC en charge notamment des questions fiscales. Ces grands dossiers sont bien sûr la question de la nouvelle taxe de 25% sur les vins français imposée par les USA, les conséquences du Brexit et d’une manière générale la baisse de commercialisation des vins de Bordeaux en Chine, mais aussi au niveau de la grande distribution en France.

Bon courage et bonne chance.

28 Oct

Champagne : des vendanges 2019 de bon augure, malgré le réchauffement climatique

Alors qu’en Champagne, les vendanges se sont bien passées, le volume et la qualité sont au rendez-vous de cette récolte 2019; ce malgré le réchauffement climatique, avec des record de température fin juillet de près de 43°C.

 Photo d’illustration  © JPS

Pour le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne (SGV), la vendange 2019 est de « bon augure » : « malgré une forte hétérogénéité, la Champagne devrait dépasser en moyenne les 10.000 kg à l’hectare, volume proche du rendement économique nécessaire pour alimenter le marché ».

La vigne a connu à l’approche de la vendange « une dynamique de maturation exceptionnelle offrant des moûts dont l’équilibre entre acidité et taux de sucre ainsi que la concentration aromatique sont de très bon augure pour les futures cuvées ». Par ailleurs, la « Champagne a connu cette année son record absolu de température avec 42,9° enregistrés le 25 juillet. Ce réchauffement est jusqu’alors bénéfique pour la qualité de nos vins ».

AFP

27 Oct

Portes Ouvertes tout ce week-end à Fronsac et Canon Fronsac

Profitez de ce beau week-end de fin octobre pour découvrir les deux appellations soeurs Fronsac et Canon Fronsac, à deux pas de Libourne en Gironde. Une trentaine de châteaux ouvrent leur chais et vous feront découvrir leur savoir-faire et leurs vins.

Je suis sûr que vous en avez déjà entendu parler, Fronsac et Canon Fronsac sont des appellations soeurs ou jumelles, le long de la Dordogne, sur des plateaux et des coteaux argilo-calcaires.

Ces deux appellations ont une riche histoire commune, qui remonte depuis l’occupation romaine, ljusqu’à la présence du Duc de Richelieu qui acquit le Duché de Fronsac en 1663, en passant par la construction d’un «castrum» par Charlemagne dès 769.

Leurs terroirs magnifiques qui manquent souvent dit-on de notoriété par rapport à Saint-Emilion, tout proche, sont de qualité, constitués de plateau calcaire et de molasse du Fronsadais (terroir argilo-calcaire); leurs vins sont produits avec un encépagement majoritairement merlot. Ces deux appellations sont parmi les plus anciennes de France, l’AOC Fronsac a été créé en 1937 et Canon Fronsac en 1939.

Ces grands châteaux vous parlent sûrement, ils sont ouverts samedi et dimanche de 10h à 18h: château de la Rivière, château de la Dauphine, château Gaby, château Barbey, Labory… Les vignerons qui font ces vins sont passionnés et ne demandent qu’à vous faire partager leur passion et savoir-faire.

Regardez le dossier réalisé l’an dernier sur Fronsac, par Jean-Pierre Stahl sur le blog :

Focus sur Fronsac, l’un des grands terroirs de Bordeaux

22 Oct

La Cité du Vin : une idée originale d’immersion en famille pour ces vacances

A l’occasion des vacances de la Toussaint, la Cité du Vin propose de nombreuses activités pour petits et grands, à découvrir en famille pour une sortie culturelle et ludique…

DES ACTIVITES POUR LES ENFANTS

Grâce à des technologies interactives et numériques, la Cité du Vin propose des expériences immersives, multisensorielles et ludiques, tout à fait adaptées au jeune public. A commencer par le Parcours permanent !
Le compagnon de visite, outil indispensable pour faire la visite, peut être programmé en mode « Junior ». Ils embarquent alors à bord d’un navire qui traverse le temps, jouent à devenir un petit vigneron, se défient à reconnaitre de multiples arômes….

Un fascicule papier « parcours Juniors » a aussi été imaginé pour les 7-12 ans, pour les guider à travers les espaces thématiques et leur offrir une expérience ludique adaptée*.
Question dégustation, même les plus jeunes peuvent s’initier aux subtilités du goût ! Direction l’atelier famille pour une dégustation originale sans alcool qui mettra tous les sens en éveil. Enfin, un verre de jus de raisin est prévu pour les plus jeunes au Belvédère.

Trick or treat ! Des bonbons ou un sort ! : jeudi 31 octobre, la Cité du Vin se transformera en Manoir mystérieux et enténébré pour Halloween ! Les équipes d’accueil, déguisées pour l’occasion, accueilleront les visiteurs (eux-mêmes déguisés s’ils le souhaitent) et distribueront aux enfants des bonbons pour l’évènement.

*fascicule disponible en ligne ou à l’entrée du Parcours permanent. Voir tous les parcours thématiques proposés.

L’atelier de dégustation tous les jours à 16h30, un tour du monde des saveurs et des vins © JPS

LES PARENTS SONT AUSSI GATES

Les plus grands ne sont pas en reste ! S’ils peuvent bien-sûr accompagner les enfants dans le Parcours permanent et l’atelier famille, ils peuvent aussi découvrir les autres ateliers oenoculturels proposés tous les jours à la Cité du Vin (ateliers Découverte, Bordeaux ou Polysensoriel).
A noter également, un concert le samedi 2 novembre à 16h :
Eamonn Dowd and the Racketters. La présence du groupe irlandais à l’occasion de la sortie de leur nouvel album, sera l’occasion d’évoquer l’héritage des Irlandais dans l’histoire viticole du Médoc.

PAR ICI LES BONS PLANS

Le Pack Famille (2 adultes + 2 enfants) permet de bénéficier d’un tarif avantageux de 50€ lors de sa visite.
Pour les titulaires de la Carte Jeune de Bordeaux Métropole, une réduction de -20 % est appliquée sur l’entrée, ainsi que pour l’accompagnant adulte quand le porteur a moins de 16 ans.

Avec La Cité du Vin

Ouverte tous les jours de 10h00 à 18h00, et les week-ends jusqu’à 19h. Informations pratiques & tarifs : laciteduvin.com/fr/organisez-votre-visite/informations-pratiques

Regardez le reportage sur le 1er anniversaire de la Cité du vin réalisé en mai 2017 par Jean-Pierre Stahl et Marc Lasbarrères

21 Oct

Le cognac vers une nouvelle extension de 3.400 ha de son vignoble

Le cognac, dont les ventes à l’export battent depuis cinq ans des records à la hausse, devrait obtenir pour 2020 une autorisation d’extension de 3.400 hectares, sensiblement la même qu’en 2019, a acté vendredi à Bordeaux une réunion à la préfecture de bassins viticoles.

Les conseils de bassin Bordeaux-Aquitaine et Charentes-Cognac, ainsi que les Conseils régionaux Aquitaine et Charentes-Cognac de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité, sous tutelle du ministère de l’Agriculture) ont validé les limites de plantation nouvelles, présentées par l’ensemble des appellations d’origine protégées (AOP), indications géographiques protégées (IGP), et vignobles sans indication.

Pour le cognac, la croissance du vignoble serait limitée à 3.398 hectares maximum, soit sensiblement du même ordre qu’en 2019 (3.474 hectares) et plus du double de l’année précédente (1.500 ha).

Le vignoble de cognac, située dans les départements de Charente-Maritime, Charente, Dordogne et Deux-Sèvres, compte 82.000 hectares plantés en cépages blancs ouvrant droit à l’appellation d’origine contrôlée Cognac, selon les données de l’interprofession.

Chaque année, les vignobles de France disposent d’un potentiel national d’agrandissement d’1% de leur surface totale. Pour le cognac, entre plantation, pousse, récolté et vieillissement en fût, il faut compter 6-7 ans pour les premières bouteilles.

Les ventes de cognac, exporté à 98%, ont connu pour la campagne 2018-2019 une cinquième année consécutive de croissance, avec + 2,5% en volume (211 millions de bouteilles) et +6,9% en valeur (3,4 milliards d’euros). Le marché nord-américain porte 46% des exportations, plus particulièrement les Etats-Unis (94 millions de bouteillles).

Le cognac, à l’inverse du vin, est épargné par les taxes douanières américains qui ont commencé à s’appliquer vendredi.

La réunion de bassins à Bordeaux a par ailleurs limité l’extension à 1 ha pour le Pineau des Charentes, à 100 hectares pour les AOP Dordogne et Côtes de Duras, et en Gironde à 150 hectares pour la majorité des AOP « afin d’éviter le risque d’offre excédentaire et de dépréciation de ces appellations », a indiqué la préfecture dans un communiqué.

Les instances nationales de l’INAO et de FranceAgriMer doivent examiner les limites actées vendredi, en vue d’un arrêté ministériel en mars.

Avec AFP

19 Oct

Cérons: la petite appellation de liquoreux qui ne manque pas de fraîcheur

C’est la plus petite appellation de Gironde. Une appellation de liquoreux moins connue que Sauternes, mais appréciée aussi des amateurs de vins. Focus sur cette petite appellation de 30 hectares et ses 15 vignerons qui la font vivre. Rencontre avec la jeune génération, des figures et la présidente de ces Grands Vins de Cérons.

Au Clos Bourgelat, à Cérons, Antoine Lafosse donne ses dernières consignes pour ces vendanges par tries successives: « là on fait les liquoreux, essentiellement le Cérons, pour ceux qui connaissent, il y a du pourri sec et il y a du pourri plein donc prenez essentiellement du pourri sec. Quand il y a des graines de pourri plein, vous pouvez prendre aussi, mais pas de pourriture pas jolie, de pourriture aigre qu’il faut enlever », précise Antoine Lafosse.

Un travail d’orfèvre, un ramassage à la main parfois grain par grain, de cet hectare et demi, en faisant attention d’ôter la pourriture aigre très présente cette année, pour ne garder que la pourriture noble, les baies botrytisées.

Antoine Lafosse du Clos Bourgelat © Jean-Pierre Stahl

Le terroir de Cérons est un bon terroir pour faire des liquoreux, on est sur un terroir de graves, vous pouvez le constater au sol, on n’a que des gros galets, c’est  un terroir silico-gravaleux avec un sous sol calcaire qui va donner au vin sa fraîcheur », Antoine Lafosse du Clos Bourgelat.

« Là on a un joli botrytis, où les graines sont bien dégagées et riche en sucre, c’est le but de l’opération », explique Xavier Perromat, propriétaire de l’emblème d l’appellation le château de Cérons…

Cérons est la plus petite appellation de Gironde, avec seulement 15 vignerons sur 30 hectares en production. Des vignerons qui produisent à la fois des vins de Graves en blancs et en rouge généralement mais aussi du liquoreux en Cérons, comme Xavier Perromat.

Xavier et Caroline Perromat propriétaires du château de Cérons © Jean-Pierre Stahl

C’est une appellation effectivement confidentielle mais connue des grands amateurs car c’est un terroir particulier, c’est le micro-climat on est en limite de la petite rivière du Ciron donc le brouillard vient lécher Cérons mais avec des concentrations un petit peu moins fortes », Xavier Perromat château de Cérons.

La magie du Ciron opère à l’automne avec la formation de brouillard dans le Sauternais et favorisant la formation du botrytis cinera © JPS

Vigneronne installée depuis 2015, Aurélia Souchal, la présidente des Grands Vins de Cérons, a connu sur sa propriété le gel et la grêle en 2017. Cela ne l’a pas empêché de continuer à mener son vignoble dans une certaine philosophie et démarche environnementale:

Aurélia Souchal présidente des Grands Vins de Cérons et propriétaire des châteaux Salut et Huradin © JPS

On une conscience environnementale, on a une certification Terra Vitis, on n’utilise plus d’herbicide, on n’utilise plus de produit chimique, on fait attention à ce que l’on fait, histoire de respecter la nature, l’environnement et nos voisins, Aurélia Souchal président des Grands Vins de Cérons ».

Cérons se démarque généralement de Sauternes par rapport à un taux de sucre résiduel légèrement moins élevé: « là on est sur un vin qui est aux alentours de 100, 110 grammes par litre de sucre, ce qui déjà bien bien sucré mais avec cette fraicheur, cette acidité, on a l’impression que c’est plus facile à boire, que c’est plus digeste », commente Antoine Lafosse du Clos Bourgelat.

De la fraîcheur pour relancer quelque peu ces liquoreux parfois délaissés à tort par le consommateur, c’est le secret de cette appellation et des vignerosn qui l’a font vivre.