Hier, lors d’un Conseil d’Administration de la FGVB , Hervé Grandeau, démissionnaire, a cédé son fauteuil de Président à Jean-Marie Garde qui a été élu à 90% des voix. Des représentants d’ODG avaient demandé à ce que le poste soit remis en jeu, vu notamment le contexte commercial défavorable à Bordeaux.
Dans un communiqué envoyé hier, la Fédération des Grands Vins de Bordeaux a annoncé l’élection d’un nouveau président à la tête de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, structure qui regroupe 24 ODG de Bordeaux et représente ses 5800 vignerons. Il s’agit de Jean-Marie Garde, précédemment secrétaire général de la FGVB et président de l’ODG Pomerol.
Cette élection s’est tenue suite à la démission d’Hervé Grandeau, qui en juillet dernier était reparti pour un nouveau mandat. Mais c’était sans compter un mouvement de protestation qui était monté crescendo jusqu’à la semaine dernière, où par courrier plusieurs présidents d’ODG demandaient à ce que le mandat de président soit remis à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration.
Hervé Grandeau a été condamné avec son frère Régis en juin dernier par le tribunal correctionnel de Bordeaux à 6 mois de prison avec sursis pour « tromperie » et « falsification » de 5 900 hectolitres de vin entre 2010 et 2014, Hervé Grandeau a souhaité se confier à Côté Châteaux et estime avoir été « condamné sans vraiment pouvoir me défendre, on a fait un exemple du président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, on a coupé un symbole ».
Hervé Grandeau se défend d’être ni « un voyou, ni un fraudeur, qui a cherché à s’enrichir« : « à aucun moment je n’ai été pris à défaut, je n’ai simplement pas eu la vertu d’anticiper suffisamment une réglementation qui se mettait en place, une réglementation sur la mise en place de registres sortie en 2013, mais j’ai été contrôlé sur 2010, 2011 et 2012. La mise en place de ces registres n’était pas effective ni à Bordeaux, ni ailleurs, quasiment personne ne tenait ces registres, malgré une recommandation européenne. Et puis on a suspecté que mes raisins de l’AOC avaient servi à faire du vin de table, ils ont essayé de prouver que j’avais mis des excédents d’AOC dans les vins de table, qu’ils disent falsifiés. Mais le même pied de vigne peut faire du Bordeaux en AOC, du Rosé, du Clairet et du vin de table. »
Même si cela a pu choquer, « mes pairs, mes collègues m’ont réélu le 1er juillet à 75% et ont décidé de ne pas se porter partie civile dans ce procès, car je leur ai expliqué mon dossier d’une limpidité totale. Après ma condamnation, tout le monde m’a soutenu et conseillé de ne pas faire appel, ce qui ne m’a pas servi. Mais aussi si en 2e instance, le jugement avait été plus sévère, financièrement les banques ne m’auraient plus soutenu et ma famille était usée de tout cela. »
« On m’a dit on te soutient, mais par contre cela nous pose problème que tu te maintiennes à la présidence de la FGVB. 2/3 me soutenaient, je me suis donc maintenu durant l’été il ne se passe pas grand chose, après ce sont les vendanges et en octobre, j’ai reçu le courrier de certaines ODG pour qu’on reparle en conseil d’administration de la présidence. Je ne pouvais pas continuer vue la conjoncture, la difficulté commerciale des vins de Bordeaux, il fallait une énergie forte pour sortir de cette conjoncture.J’ai choisi de laisser ma place et de ne pas tricher ni avec moi ni avec mes collègues. C’est aussi une parole retrouvée. »
C’est donc Jean Marie Garde, le président de Pomerol, qui prend la présidence de la FGVB : « Jean Marie Garde est quelqu’un de très bien qui va apaiser, c’est mon secrétaire général qui me succède, le conseil d’administration souhaité à l’unanimité que je reste dans les instances. Sur le fond, il a été dit très fortement on pourrait tous être à ta place. A aucun moment, je n’ai voulu frauder, ceux qui connaissent le métier de vigneron le savent ».
Alors que les discussions ont été quelque peu mouvementées hier, le calme va sans doute revenir après cette tempête automnale… Certains responsables d’ODG frondeur ont pu commenter « on a accepté un homme consensuel, un homme qui devrait apaiser les querelles. »
De grands dossiers attendent le nouveau président Jean Marie Garde, également membre de la CNAOC en charge notamment des questions fiscales. Ces grands dossiers sont bien sûr la question de la nouvelle taxe de 25% sur les vins français imposée par les USA, les conséquences du Brexit et d’une manière générale la baisse de commercialisation des vins de Bordeaux en Chine, mais aussi au niveau de la grande distribution en France.
Bon courage et bonne chance.