07 Sep

Début des vendanges en rouge dans le Bordelais : une précocité rarement vue au Domaine de Grandmaison

2020 l’année du vin, mais surtout de la précocité. Alors que les premiers coups de sécateurs ont été donnés dès le 17 août pour les blancs à Bordeaux, voici cette semaine le début des vendanges en rouge pour plusieurs domaines. Grandmaison ouvre le bal dans l’appellation Pessac-Léognan ce matin.

Des merlots ramassés précocément en Pessac-Léognan © JPS

Des merlots à maturité 10 jours plus tôt. Au Domaine de Grandmaison, 19 hectares, à Léognan, ce millésime 2020 rime avec précocité.

Les blancs ont été récoltés avec un début de bvendanges le 26 août. Rarement vu, selon Roger Lieballe, chef d’équipe ici au château depuis plus de 30 ans.

Cela doit faire 5 ans, on avait commencé fin août, mais là c’est quand même une première-là. Cette année on a gagné à peu près douze jours, c’est énorme. Je pense que dans les années à venir il faudra vendanger la nuit » Roger Lieballe, chef d’équipe

L’hiver et le printemps très doux ont accéléré le cycle végétatif de la vigne, gagnant ainsi jusqu’à 3 semaines au printemps. Une avance ralentie en juin et cet été…Quant aux fortes chaleurs et au stress hydrique, ils ont été compensés par un sol argilo-calcaire qui a su garder de la fraîcheur…

François Bouquier devant son château de Grandmaison à Léognan © JPS

On recherche un équilibre du raisin, certes le sucre augmente de façon plus importante qu’avant. Heureusement les autres éléments constituants du raisin sont là aussi l’acidité, les polyphénols… Il faut s’attacher à ramasser un raisin à bonne maturité pour garder son caractère fruité qui par la suite donnera plus de buvabilité au vin », François Bouquier Domaine de Grandmaison

Pour François Bouquié, 2020 a quelques similitudes avec le millésime 2019, qui continue son élevage en barriques. Celui-ci a connu aussi de fortes chaleurs dès le mois de juin 2019...

Ne pas se laisser se laisser griser par le soleil, il faut ramasser au bon moment pour éviter de faire des vins qui seraient trop concentrés et trop riches », François Bouquier Domaine de Grandmaison .

De nombreux domaines en Pessac-Léognan, à Pomerol ou encore à Saint-Emilion, vont démarrer cette semaine les vendanges en rouge pour les plus précoces. Certains, comme le Domaine de Grandmaison, pourraient avoir fini de ramasser leurs cabernets avant début octobre… Du jamais vu dans le Bordelais.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et Sarah Colpaert : 

06 Sep

Corbeyran dévoile son dernier tome Châteaux Bordeaux N°10

Il est sorti, il est tout chaud. Châteaux Bordeaux tome 10 est en vente dans les bacs depuis mercredi, 40 000 exemplaires édités par la Maison Glénat, écrit par Corbeyran et dessiné par Espé. Côté Châteaux vous propose une interview exclusive du papa de Châteaux Bordeaux dans sa rubrique Parole d’Expert.

Jean-Pierre Stahl: « Salut Corbeyran, tu sors donc un tome 10 de Châteaux Bordeaux, ce depuis mercredi, quelle en est l’histoire cette fois-ci ? »

Corbeyran : « Ce tome 10 inaugure une 2e saison, qui démarre… On est, au niveau temporalité, à une dizaine d’années plus tard. Les choses ont beaucoup évolué dans la vigne en 10 ans et donc cela se passe de nos jours.

« Alexandra Baudricourt a eu beaucoup de succès avec son vin, elle a gagné un peu d’argent et a investi dans le vignoble, un peu partout dans de nombreuses appellations du bordelais; et donc après le Médoc, on va la retrouver du côté de Fronsac, de Sauternes, et de Blaye…Il y aura donc 3 albums pour cette nouvelle saison. Alexandra est confrontée à des problèmes de pollution dans une parcelle, elle est plongée dans des pulvérisations sauvages, elle va avoir maille à partir avec des riverains et la justice…Et surtout, elle va rencontrer un étrange personnage, patron d’un grand groupe, qui va être un peu son éminence grise et elle va se rapprocher de lui…Il sait beaucoup de choses, plus qu’elle, notamment au niveau commercialisation des vins, c’est une relation étrange qui va s’instaurer avec lui… »

Corbeyran devant son oeuvre et son succès : Châteaux Bordeaux en désormais 10 volumes, ici en septembre 2018  © JPS

JPS : « Châteaux Bordeaux, c’est véritablement une BD qui a décoiffé…On peut dire que c’est un gros succès… »

Corbeyran : « Absolument. Il y a un sticker sur la couverture: il y a marqué 500 000 lecteurs, c’est pas mal ! Toujours chez Glénat, toujours avec Espé au dessin et c’est une trilogie, une deuxième saison sous forme de trilogie. »

A Kirwan, avec Philippe Delfaut directeur du château qui a fait déguster le 2017 à Corbeyran en septembre  2018 © JPS

JPS : « Parmi l’ensemble des tomes, il y en a certains qui ont mieux marché ? »

Corbeyran : « Oui, d’une manière générale, c’est toujours le tome 1 qui marche le mieux, et après il y a une espèce d’escalier…C’est sûr le tome 9 par exemple s’est un peu moins bien vendu que le tome 1, qui est toujours en tête des ventes… »

« Début du tournage d’un documentaire pour la chaîne « Voyage ». Le thème est simple : aborder une région (en l’occurrence le bordelais) à travers une bande dessinée (en l’occurrence Châteaux Bordeaux) «  © Corbeyran

JPS : « Là en ce moment, il y a une télé qui réalise un documentaire pour la chaîne Voyage sur Bordeaux, le vin, les gens du vin, et ce document s’est en partie inspiré de Châteaux Bordeaux ? « 

Corbeyran : « Le doc, c’est la découverte d’une région à travers une BD, en l’occurence Châteaux Bordeaux. En fait j’ai donné une liste de noms au réalisateur qui va rencontrer ces personnages que l’on retrouve dans Châteaux Bordeaux: ainsi on va retrouver Jean-Pierre Xiradakis qui va marcher et pique-niquer dans les carrelets, Allan Sichel avec son château et ses chevaux, Fabien Teitgen de Smith, Olivier Dauga dans un domaine et Michel Rolland dans son labo. C’est ainsi une espèce de boucle, ils m’ont pas mal donné d’infos pour écrire la BD et là je leur rend la parole…C’était une super ponctuation pour cette aventure. »

Châteaux Bordeaux est sorti dans les bonnes librairies et boutiques de BD © Corbeyran

JPS : As-tu encore d’autres projets en BD sur le vin ? »

Corbeyran : « Oui, Vinifera est en cours. 2 autres tomes sortent au mois d’octobre. On va ainsi continuer la collection Vinifera. »

Châteaux Bordeaux, tome 10 – Le groupe, chez Glénat par Corbeyran et Espé, dans toutes les bonnes librairies et boutiques de BD

Lire ou relire sur Côté Châteaux: « 9e et dernier opus de Châteaux Bordeaux : la success story de Corbeyran, inspiré par les vins de Bordeaux »

Revoir le reportage sur Corbeyran et son succès de Châteaux Bordeaux en septembre 2018, par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Boris Chague et Christian Arliguié suivi de son interview en plateau par Cendrine Albo :

05 Sep

Le cognac Frapin célèbre ses 750 ans

Ah, le bel âge! Plus fort que Jeanne Calment, la famille Frapin célèbre ses 750 ans à Cognac. Une famille dont est issu le célèbre écrivain François Rabelais et qui a créé le Cognac Frapin au XIXe siècle. L’occasion de marquer le coup.

© Cognac Frapin

Il y a 750 ans, la famille Frapin, dont est issu François Rabelais né en 1494, s’installait dans la région de Cognac à Ségonzac. Pour célébrer l’événement, elle commercialise 21 flacons d’un même cognac, correspondant aux 21 générations qui se sont succédé depuis 1270 en Grande Champagne.

« C’est la première fois que la famille accepte de commercialiser ce type de cognac », souligne le maître de chai Patrice Piveteau.

Ces flacons sont issus d’une dame jeanne du chai paradis, le plus vieux et prestigieux, appelé « Pierre Frapin », du nom de celui qui a créé la marque Cognac Frapin au XIXe siècle.

« Avec des notes de muscats, de vieux porto… ce n’est pas des descripteurs que je retrouve dans la gamme. Ca laisse supposer que c’est un très vieux cognac », précise M. Piveteau.

Avec AFP.

04 Sep

Annulation du salon Vinitech-Sifel de décembre : encore un « crève-coeur », « dramatique » pour la filière et l’économie

« Bordeaux, c’est morne plaine », confie aujourd’hui Eric Dulong qui voit ses salons s’annuler au fur et à mesure au Parc des Expositions. « Un crève coeur pour la tonnellerie Demptos qui se rend depuis 24 ans au salon Vinitech. Le corollaire de tout cela, c’est aussi des annulations en cascade ou des tableaux d’occupation d’hôtels qui demeurent désespérément vide. « Dramatique », pour Laurent Fournier président de l’UMIH de Gironde.

La Tonnellerie Demptos à Saint-Caprais-de-Bordeaux © JPS

C’est la 1ère fois en 24 ans que Demptos sera absente du salon Vinitech de décembre, comme une vingtaine d’autres tonnelleries de Gironde, et pour cause le salon est annulé ou reporté en 2022. Pas évident pour cette tonnellerie girondine quasi-bicentenaire (créée en 1825 à Saint-Emilion, et depuis 40 ans à Saint-Caprais-de-Bordeaux) qui fabrique quleques 30 000 fûts ou barriques par an dont plus de la moitié pour l’étranger.

C’est  un crève-coeur, il va falloir qu’on se réorganise et qu’on s’adapte… C’est forcément un manque d’opportunités, déjà de rencontres, de retours et d’échanges avec les utilisateurs, cd’un moment convivial, oui c’est un manque pour nous », François Witasse directeur tonnellerie Demptos et président des Maîtres Tonneliers du Sud-Ouest.

C’est morne plaine au Parc des Expositions de Bordeaux, ici traditionnellement 350 événements y sont organisés à l’année, il n’y en a plus que 10% environ en 2020. Après l’annulation du grand sommet France-Afrique qui devait se tenir début juin 2020, des congrès des HLM et des expert-comptables, voici l’annulation de Vinitech-Sifel. Sur ce salon quelques 900 exposants y étaient attendus, 45 000 visiteurs dont 1/4 d’étrangers pour admirer les dernières technologies de la filière viti-vinicole et des producteurs de fruits et légumes.

Eric Dulong, président de CEB © jps

La grosse incertitude qui pèse sur tout nos événements, c’est ce qui explique 90 sinon 95 % de nos annulations: c’est l’incertitude sanitaire et des mesures administratives qui nous sont imposées ou seront imposées, et aujourd’hui on est dans un grand flou qui ne nous permet pas d’être rassuré », Eric Dulong Président de Congrès et Expositions de Bordeaux.

Impossible pour les clients du salon et de Congrès et Expositions de Bordeaux d’investir sur des campagnes promotionnelles très coûteuses. Vinitech Sifel, c’est 7 millions d’euros de chiffre d’affaire, avec les autres salons cela se chiffre à des dizaines de millions qui cette année ne pourront pas rentrer dans les lignes de compte. Ces annulations en série sont aussi un manque à gagner pour les hôtels et restaurants bordelais et de toute la Gironde.

Laurent Fournier, président de l’UMIH 33 © JPS

Aujourd’hui les hôtels sur septembre, octobre sont occupés à hauteur de 20 à 30 %, alors qu’habituellement ils sont remplis de 90 à 95%, voire complets;donc c’est très anxiogène pour nos entreprises, mais ce n’est pas le seul volet qui manque au tableau, ce sont aussi les touristes étrangers et de plus en plus de monde en télétravail » Laurent Tournier président de l’UMIH 33.

Tout le monde se souvient de l’annulation ou report de Bordeaux Fête le Vin, l’événement phare du mois de juin, des reports successifs du salon des vignerons indépendants de Bordeaux pour au final le reporter à mars 2021 si tout va bien, pas simple en ce moment pour la filière et le tourisme d’affaire. On espère que tout reparte d’un bon pas, car là ça commence à malheureusement à craindre pour toute l’économie.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot : 

Office du Tourisme de Bordeaux : Brigitte Bloch succède à Stéphan Delaux

Brigitte Bloch, conseillère municipale de Bordeaux déléguée au tourisme et à l’économie du vin, est la nouvelle présidente de l’OTCBM, l’Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole. Elle succède à Stéphan Delaux,  19 ans de bons et loyaux services à promouvoir la destination Bordeaux.

Brigitte Bloch, la nouvelle présidente de © l’OTCBM

Brigitte Bloch, n’est pas une novice, à son actif déjà 20 années au service du développement touristique et de la filière oenotouristique.

Cette diplômée de Sciences Po Bordeaux, qui a occupé différentes fonctions au sein de collectivités territoriales, a dirigé durant 16 ans le Comité Régionale du Tourisme d’Aquitaine, elle a aussi oeuvré en faveur de la filière et de l’oenotourisme au sein d’Atout France en tant que vice-présidente chargée de l’oenotourisme.

« Je suis très fière d’avoir été élue pour présider l’office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole. Avec les élus des communes de la métropole et les professionnels du territoire, en lien avec le département et la région, nous allons pouvoir travailler à une stratégie partagée de développement touristique durable, pour les visiteurs de proximité, mais aussi pour les touristes de France ou du monde entier dont la demande évolue.

Sur ce sujet, nous allons amplifier les démarches déjà entreprises par l’OTCBM pour faire de notre destination une destination durable exemplaire et désirable. Bordeaux est et restera une marque et une ville attractive et nous continuerons à y accueillir des touristes étrangers pour leur faire partager nos richesses et les savoir-faire des habitants, notamment dans les domaines artistiques, viticoles et de l’artisanat…

Dans cette période de crise sanitaire, nous allons devoir réinventer le tourisme urbain et accompagner le tourisme d’affaires, particulièrement touché, et qui doit lui aussi se renouveler et s’adapter. Je compte ouvrir ces chantiers en lien étroit avec les professionnels et en prenant en compte l’offre touristique et de loisir de l’ensemble de la métropole.

Je sais pouvoir compter, à l’Office de tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole, sur des équipes professionnelles et passionnées et, au sein d»e ses instances, sur des administrateurs engagés et expérimentés ».

Bon courage et bonne chance à Brigitte Bloch.

02 Sep

Echos de champagne : entre espoirs de grande qualité et boom des musées

Tout semble s’annoncer sous les meilleurs auspices (de Beaune) en Champagne fondant des espoirs de grande qualité selon le service technique du Comité Champagne. La Champagne qui se jette désormais à corps perdu dans l’oenotourisme avec l’ouverture de 4 musées dédiés à l’univers du champagne.

 VERS UNE GRANDE QUALITE

Archives champagne  © JPS

« Vers une superbe trilogie 2018-2019-2020? » s’interroge le service technique du Comité Champagne. « Chaleur, sécheresse, précocité, forte dynamique de maturation, excellent état sanitaire : les années se suivent avec d’étonnantes similitudes et caractéristiques qui, il faut bien l’avouer, nous font perdre nos repères habituels« , souligne-t-il, notant que « 2020 présente d’étranges ressemblances avec le merveilleux millésime 2019 ».

« Comme l’an passé, les raisins présentent davantage d’acidité et moins de teneur en sucre équivalent. La synchronisation des maturités technologique et aromatique ne sera sans doute atteint qu’avec des richesses en sucre élevées, proches ou supérieures à 10% pour le chardonnay et le meunier », explique le service technique.

LE BOOM DES MUSEES DANS LA MARNE

Après avoir longtemps boudé les vertus de l’oenotourisme, la Marne viticole s’y jette désormais à corps perdu.

Pas moins de quatre musées consacrés à l’univers du champagne ont ouvert ou vont ouvrir dans les prochains mois. A Châlons-en-Champagne, l’espace oenotouristique de la famille Carbot accueille déjà depuis le 14 août ses premiers visiteurs.

A Aÿ-Champagne, c’est en 2021 qu’ouvrira, dans un ancien centre de pressurage de la maison Pommery, un musée du vin sur le thème de l’interprétation sensorielle du champagne.

Commencé en 2011, Epernay est en train de boucler un vaste projet de musée du vin et d’archéologie régionale. La ville termine la réhabilitation du majestueux château Perrier. Classée monument historique, cette invraisemblable bâtisse du XIXe siècle aux styles architecturaux divers et aux 96 pièces proposera plusieurs thématiques : de la découverte de la formation du paysage et du vin de champagne aux collections de mécènes locaux. Ouverture prévue cet automne.

Reims n’est pas en reste avec un projet de cité du champagne sur le modèle de la Cité du vin de Bordeaux.

Avec AFP

27 Août

Virus: baisse des exportations de vin italien pour la 1ère fois en 30 ans

Les ventes de vin italien dans le monde sont en baisse de 4% sur les premiers mois de 2020, une inversion de tendance sans précédent depuis 30 ans due aux difficultés rencontrées par le secteur de la restauration face au coronavirus, s’est alarmé le principal syndicat agricole Coldiretti.

Stand de prosecco à Vinexpo Bordeaux en juin 2015 © Jean-Pierre Stahl

En Chine, où le virus est apparu en décembre, la consommation de vin italien a chuté de 44% en valeur entre janvier et mai 2020, de 12% au Royaume-Uni (où la perspective du Brexit a aussi joué), et de 14% en France.

Les exportations vers l’Allemagne et les Etats-Unis sont en revanche quasiment stables (seulement -1%), même si les sanctions douanières envisagées par le président Donald Trump pourraient frapper le vin de la péninsule, produit agroalimentaire italien le plus vendu aux Etats-Unis (1,5 milliard d’euros).

Ces chiffres ont été compilés par Coldiretti, qui s’est basé sur les données officielles de l’Institut italien de statistique (Istat) pour les cinq premiers mois de l’année. L’année 2019 avait été marquée par des exportations record de 6,4 milliards d’euros.

« Avec quasiment 4 producteurs sur 10 (39%) en difficulté après la crise (du coronavirus), il faut intervenir rapidement pour soutenir les exportations, réduire les coûts et les lourdeurs administratives », estime le président de Coldiretti Ettore Prandini, cité par le communiqué.

En juin, le gouvernement italien a adopté un décret permettant aux producteurs de vin de transformer leurs excédents en gel désinfectant de manière à libérer leurs citernes pour accueillir les prochaines vendanges.

AFP

26 Août

Au château Montrose, 84 saisonniers espagnols ont pris leurs quartiers d’été pour les vendanges avec un protocole sanitaire très respecté

Fidèles au poste depuis plus de 50 ans ! Ce sont 84 Espagnols tous originaires du même village Pruna  en Andalousie qui viennent faire les vendanges au château Montrose à Saint-Estèphe. Cette année, ils sont venus avec 14 jours d’avance, histoire de leur faire respecter une quatorzaine pour prévenir tout risque. Des prises de températures sont régulières et des mesures d’hygiène et de distanciation sont prises avec le plus grand sérieux.

Une troupe de 84 vendangeurs espagnols arrivés le 15 août au château © JPS

Des vendanges et effeuillages particuliers avec les mesures de distanciation nécessaires dans le contexte de prévention du coronavirus…Leur chef Antonio veille au bon respect des consignes de distanciation :

 Ils gardent les distances de sécurité, il y a une personne intercalée avec un rang pour garder de la distance et comme cela ils peuvent travailler et ils ne sont pas côte à côte », explique Antonio Vera Sanchez chef d’équipe

Au lieu d’un ravitaillement collectif en eau en jerrican, c’est une distribution cette année de bouteilles individuelles dans les rangs de vigne et un port du masque pour chacun…« C’est difficile de travailler avec le masque, surtout quand il fait chaud » commente Francisco Manuel 23 ans qui vient pour la 2e fois.

Le château Montrose à Saint Estèphe © JPS

A  quelques mètres du château, leur logement collectif est nettoyé en permanence, matin, midi et soir. Partout, des panneaux en espagnol, des bornes de gel hydroalcoolique , un sens de circulation et des chambres qui ont été réaménagées :

« Ce dortoir à l’origine était prévu pour 8 personnes, là vous voyez qu’il n’y a que 5 lits, on a aménagé des espaces minimuns de 1,5 mètres entre chaque lit et pour d’autres chambres on a aménagé des chambres pour des couples », précise Hélène Brochet directrice de la communication du château Montrose.

 Au réfectoire, finies les grandes tablées, désormais des tables par famille ou pour 3 saisonniers…les distances sociales sont ainsi respectées.

« A leur départ ils ont certifié n’avoir aucune symptôme du covid-19, on a pris leur température au départ du bus, pendant le voyage ils ont été isolés, ils ne sont descendus dans aucune halte et aucune brasserie, leur température a également été prise à l’arrivée, on a constaté qu’il n’y avait aucun problème et qu’ils étaient entre 35-36°.

Régulièrement dans la journée plusieurs fois par jour, il y a des prises de température pendant cette quatorzaine, pour s’assurer qu’à l’issue de cette période on a une équipe parfaitement saine, qui n’est pas porteuse du virus et qui peut être mise en contact aussi avec nos propres équipes », Hélène Brochet directrice communication château Montrose.

Des mesures de sécurité sanitaires quelque peu contraignantes, mais nécessaires, qui n’empêchent ces Espagnols de garder les bonne humeur qui n’oublient pas de fêter les anniversaires au sein de la troupe.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine, Stéphanie Plessis et Christian Arliguié: 

25 Août

Au château Bertinerie, les saisonniers effectuent les premiers tests Covid avant de faire les vendanges

C’est une première dans un château viticole du bordelais. On doit cette initiative à Eric Bantegnies, propriétaire du château Bertinerie, pour qui le bon sens réclamait la mise en place de tests covid-19 avant le début des vendanges ce jeudi. Après un rapide échange de mails, l’ARS a répondu banco avec la Chambre d’Agriculture, MSA et le CIVB qui proposent à d’autres domaines de se faire connaître pour effectuer des tests in-situ. 14 000 saisonniers pourraient être intéressés…

Dépistage ce matin au château Bertinerie © JPS

C’est une première réalisée ce matin à Cubnezais en Gironde. Des tests au beau milieu des vignes.

Ils sont ainsi arrivés par groupe de 20, pour un premier rendez-vous à 8h30 au château Bertinerie, puis 3 autres à 9h30, 10h30, 11h30. Tous sont saisonniers et volontaires pour passer ces tests souhaités ardemment par Eric Bantegnies, le propriétaire, avant le début des vendanges en blancs prévues ici jeudi 27 août. Une mesure de bon sens, encore fallait-il y penser, et de précaution, plutôt bien perçue par les saisonniers…

Je trouve ça super, moi j’ai des petits enfants et je veux savoir avec qui je travaille, il faut bien se protéger », Anne-Marie saisonnière

Jusqu’à midi et demi, ils sont ainsi 80 à être pris en charge par une infirmière d’ADN Santé Bordeaux et par les volontaires de la Sécurité Civile. Ce dépistage, réalisé à côté de la grande salle de réception, sur une terrasse qui surplombe les vignes, est une première. Il a été réclamé par Eric Bantegnies qui a envoyé une série de mails à la Mutualité Sociale Agricole, aux Vignerons Indépendants auxquels il adhère et à l’ARS, soulignant le fait que « nous allons accueillir environ 70 vendangeurs tous les jours pendant 4 semaines, …, sauf que la promiscuité dès que l’on dépasse les 20 ou 25 vendangeurs sera INEVITABLE…et demandant qu »attendez-vous pour nous proposer des tests de dépistages gratuits avant l’embauche… »

Eric Bantegnies, co-propriétaire du château Bertinerie © JPS

Si demain vous avez un ou deux individus asymptomatiques, au milieu d’une équipe de 72 personnes, et qu’au bout 15 jours votre équipe est en quarantaine, que vos vendanges sont arrêtés, que moi même je suis contaminé, et qui risque de contaminer l’équipe du chai, cela veut dire que les vendanges s’arrêtent les vinifications s’arrêtent et j’ai 72 personnes qui n’ont rien demandé qui se retrouvent en quarantaine« , Eric Bantegnies vigneron.

Il a ainsi eu un écho rapidement favorable auprès du nouveau directeur de l’ARS Olivier Serre, qui  déjà fin juin avait eu une démarche similaire avec un prestataire de service

Olivier Serre, directeur de la Serre © JPS

On est vraiment sur une dynamique de travail collaboratif avec le seul objectif, d’une part traquer le virus, et d’autre part de casser la chaîne de contamination » Olivier Serre directeur de l’Agence Régionale de Santé

« La chance que l’on a nous c’est de travailler avec les employeurs qui ont une capacité de conviction que l’on n’aurait pas si on restait sur le domaine de la proposition comme on a pu le faire précédemment », poursuit le directeur de l’ARS

Si certains châteaux ont déjà démarré les vendanges avec les règles édictées par la MSA et l’ARS, « le gros des chantiers va débuter là maintenant, donc on a encore un peu de temps, on recueille par un formulaire en ligne toutes les infos nécessaires document auquel l’ARS a accès , en pratiquant des tests au plus près du besoin », commente Fabien Bova le directeur du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

Dans le courant du mois de septembre, il y a 14000 salariés de plus que les salariés habituels, donc ça fait de gros volumes, le pari qu’on a fait avec l’ARS est d’être le plus réactif possible, d’être au plus prêt du terrain, on essaiera de répondre à toutes les demandes », Fabien Bova directeur du CIVB.

Sur le terrain, dès jeudi, le château Bertinerie procédera à la distribution de flacons individuels de gel hydroalcoolique, le port du masque sera obligatoire en dehors des rangs de vigne, vue la promiscuité habituelle des vendangeurs.

Pour les châteaux qui souhaitent aussi faire dépister leurs saisonniers ou salariés : c’est ici le formulaire à remplir

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et Xavier Granger : 

24 Août

Vendanges au château Carbonnieux : une année particulière marquée par la précocité et des mesures sanitaires

C’est l’une des 4 vendanges les plus précoces pour le château Carbonnieux depuis 1997. Ce matin une troupe d’une quarantaine de coupeurs et porteurs a embauché dès 7h pour ramasser « à la fraîche » les raisins sur différentes parcelles de ce château de Léognan. Reportage en immersion avec la famille Perrin. A voir dans le prochain Côté Châteaux sur France 3 NoA.

Les deux symboles de ce millésime 2020, une belle grappe de sauvignon, tenue par Eric Perrin, dans le contexte de crise sanitaire © JPS

7h, le jour vient tout juste de se lever. Philibert et Eric Perrin, les propriétaires du château Carbonnieux retrouvent leurs vendangeurs : « la température est idéale ce matin », se réjouit Philibert avec un petit 14°C qui tranche de ces matinées de canicule, qui ne descendaient pas en dessous de 20°, et même souvent entre 22 et 24° ces derniers jours…« Pour la conservation des arômes, c’est formidable » « Cette année, c’est exceptionnellement précoce, c’est incroyable », renchérit Eric Perrin son frère aîné, sachant qu’ils ont débuté les premières parcelles mercredi dernier. Là le véritable coup d’envoi est donné.

« Les raisins sont mûrs, il y a un bon équilibre, on renforce ce matin, l’équipe de 15 personnes supplémentaires, fin de semaine on devrait avoir fini les sauvignons, donc tout s’annonce bien, poursuit Philibert.« 

De mémoire de vigneron et de coupeurs ici à Carbonnieux, 2020 fait partie des années les plus précoces, Marie-Josée Denjean qui fait les vendanges depuis 1983 peut en témoigner, elle qui a connu le grand-père ou le père d’Eric et Philibert.

Philibert et Eric Perrin dans leurs rangs de vigne ce matin © JPS

« Quand j’étais enfant, on avait la rentrée scolaire qui était après le 15 septembre et donc on était souvent frustré de ne pas venir goûter à la cuve les premiers jus de raisins », commente Eric Perrin « et puis, dans les années 90 on a commencé à voir les dates de vendange s’avancer, est-ce du au travail de la vigne ou au réchauffement, et on avait les premières vendanges qui se passaient sur les 1ères quinzaines du mois de septembre, là j’ai vécu ce phénomène 4 fois entre 1997, 2003, 2011 et 2020, on a des vendanges qui se situent juste après le 15 août. »

   Cette année est aussi marqué par un autre invité, non désiré celui-là le coronavirus ou tu du moins la menace qu’il fait planer sur les exploitations. Partout sur les tracteurs ou enjambeurs, avec leur bennes, des panneaux récapitulent les gestes barrières et bonnes pratiques que rappelle volontiers Philibert Perrin : « oui c’est une année particulière en organisation, avec plus de temps, de réflexion, des gestes supplémentaires, moins de discussions sur le chantier, le côté convivial face à face pour se raconter ses vacances on essaie de respecter des distances et puis un peu d’inquiétudes des uns et des autres car on voit bien que le virus prend de l’ampleur dans notre région. Tout le monde est très conscient, respectueux pour éviter tout problème. Ils ont aussi installé un camion plateau avec une cuve d’eau claire et des distributeurs de savons et d’eau, donc à chaque fois qu’ils arrivent en bout de rang ils se lavent les mains, et les chefs d’équipe ont des sprays pour leur mettre du gel hydroalcoolique. »

Et alors que les coupeurs ne ménagent pas leur peine, avec ou sans masque, mais en gardant des distances de sécurité, les porteurs eux s’affairent avec leurs casque et ceux qui s’occupent du tri au chai doivent obligatoirement porter un masque…

Andrea Perrin, le fils d’Eric, oenologue au château commente les difficultés pour conserver les arômes des raisins blancs: « en général, les journées comme cela assez longues d’été, on aime bien commencer assez tôt pour pouvoir faire jusqu’à midi les 3/4 de ce que l’on va récolter dans la journée. Cela permet d’approvisionner le pressoir en raisins très frais et au moment du pressurage on va conserver beaucoup plus d’arômes et surtout on va avoir des jus beaucoup plus facile à travailler grâce à la température…ce qui va nous faciliter le process tout au long de la vinification. » 

La nouvelle génération de Perrin au chai avec Andrea et Marc © JPS

Quant à cette précocité dans la maturité : « les équilibres sont là, les acidités, l’alcool, la vigne n’a jamais stressé elle a toujours bien poussé, bien mûri. Mais c’est vrai que l’année dernière on a ramassé le 29 août et là le 18, c’est un phénomène exceptionnel du à l’année. »

Une année qui rappelle aussi un millésime solaire, le 2003, que les 4 Perrin aiment redécouvrir et déguster dans leur grand chai de blancs, à cette occasion de vendanges précoces :  « on retrouve la couleur bien dorée du sémillon mais avec une belle évolution… » selon Philibert. « On avait peur à l’époque d’avoir des combustions d’arômes voire des chutes d’acidité, et là on ne les retrouve pas, renchérit Eric ». « On a une pointe d’acidité et en bouge on a vraiment le sémillon mûr, riche, onctueux, c’est une bonne surprise… », complète Philibert.

Eric, Andrea, Philibert et Marc Perrin, dégustant ce fameux 2003© JPS

Pour Andréa, « oui c’est quand même agréable de pouvoir voir que dans des conditions extrêmes on peut faire des vins qui vieillissent. » Et Marc de conclure : « on voit aussi l’évolution de style, avec la trame commune et les vins d’aujourd’hui, mais avec plus de précision avec la manière avec laquelle on travaille. Et là, c’est un grand vin à associer avec une belle gastronomie, une belle viande blanche et des champignons… »

Comme quoi ces années précoces peuvent être synonymes aussi de grands millésimes, déjà pour les blancs. A confirmer aussi pour les rouges, les merlots sont déjà bien partis, avec une vendange prévue ici à partir du 7 septembre.