09 Jan

Saint-Emilion Jazz Festival : pas d’édition en 2020

Franck Binard a envoyé ce lundi un courrier annonçant qu’il n’y aurait pas cette année de Saint-Emilion Jazz Festival. Un rendez-vous très prisé des amateurs de Jazz, de Vin et de Vieilles Pierres dans la Cité Millénaire porté par Dominique Renard et Franck Binard depuis de nombreuses années. Côté Châteaux lui cède la parole: 

Franck Binard du Conseil des Vins de Saint-Emilion et Dominique Renard président du Festival en juillet 2017 © JPS

« Nous ne prévoyons pas d’édition en 2020 et ce pour plusieurs raisons.

Ben l’Oncle Soul présent en 2015 © JPS

  • La douve du Palais Cardinal, lieu emblématique du Festival, ne sera pas disponible en 2020 en raison d’importants travaux effectués par l’hôtel du même nom.
  • Nous avons sérieusement à reconsidérer la formule d’ensemble du Festival afin de tendre vers un équilibre pérenne.

  • Pour cela un nouveau bureau devra être constitué, plus étoffé, plus impliqué dans la gestion quotidienne avec des postes bien définis et des responsabilités accrues. Les candidatures et les idées sont bien entendu les bienvenues. La prochaine Assemblée Générale dont nous vous communiquerons la date, devra clarifier tous ces points. Nous vous rappelons que notre structure est associative et qu’à ce titre toute action est considérée comme purement bénévole.

Marcus Miller et Dominique Renard, le président du Saint-Emilion Jazz Festival © Jean-Pierre Stahl

  • En 2021 nous célèbrerons les 10 ans du Festival, et nous souhaitons nous laisser un peu de marge de réflexion pour fêter dignement cet anniversaire, mais la réussite d’un tel évènement ne peut passer que par un engagement sincère et déterminé de chacun.

« Grâce à vous tous, partenaires, bénévoles, collectivités publiques et territoriales, nous avons créé une manifestation reconnue pour sa qualité et l’exceptionnel environnement territorial que nous avons contribué à mettre en valeur ».

L’équipe des vignerons de Saint-Emilion sur le pont pour faire face au millier de festivaliers en juillet 2016 © Jean-Pierre Stahl

« En cela le Festival a porté sa pierre à l’édifice culturel et patrimonial de notre région. Si le nom de Saint-Emilion est déjà mondialement connu pour la qualité de ses vins et son patrimoine architectural unique, il l’est aussi désormais pour son Festival musical. Faisons-en sorte que cela perdure, » selon Franck Binard, co-organisateur avec Dominique Renard.

Regardez le reportage en 2017 sur le 6e SEFJ par Jean-Pierre Stahl, Anthony Capra, Eric Delwarde, Françoise Dupuis et Isabelle Rougeot :

Ce festival a prouvé au cours des 7 dernières éditions et de l’édition spéciale 20 ans de la Juridiction de Saint-Emilion inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité la grande qualité de ses têtes d’affiches, musiciens et chanteurs de jazz, pop, soul…Bravo à Dominique Renard et Franck Binard, ainsi que toute l’équipe. Bravo pour nous avoir fait rêvé et passé de bons moments, le report est justifié, bravo pour votre investissement et votre passion et j’ai envie de dire: vite à l’année prochaine.

Regardez le Côté Châteaux Spécial 20 ans de la Juridiction inscrite à l’Unesco, la Fête du Vin et le dernier Saint-Emilion Jazz Festival incorporé aux festivités: par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot:

04 Jan

Bordeaux solidaire de l’Australie en proie aux flammes : « du jamais vu de mémoire d’homme »

L’Australie vit actuellement de sombres heures, encerclée par de nombreux feux qu’elle n’arrive pas à maîtriser. Catherine Leparmetier de la CCI de Bordeaux Gironde est en contact avec ses amis australiens du réseau Great Wine Capitals. Une solidarité s’organise avec d’autres vignobles du réseau touchés par des incendies comme en Californie et au Portugal. Tandis que Jacques Lurton croise les doigts pour que son vignoble sur Kangaroo Island soit épargné…

LE RESEAU GREAT WINE CAPITALS SOLIDAIRE

Jointe ce matin par Côté Châteaux, Catherine Leparmentier-Dayot de la CCI de Bordeaux ne cachait pas son inquiétude vis-à-vis des ses amis australiens d’Adélaïde qui font partie des 10 villes et grandes régions viticoles. Jo Collins vice-présidente, que nous avions rencontré à Bordeaux en novembre dernier à l’occasion des 20 ans du réseau, a contacté par mail Catherine Lepamentier : « elle a demandé à ce que je fasse passer un message et un retour d’expérience avec les autres vignobles de Californie de Napa Valley et Sonoma qui avaient été touchés par les incendies, ainsi qu’au Portugal… »

Jo Collins from Adelaide in Australia au château Marquis de Terme en novembre dernier © JPS

« Déjà avant Noël, on a eu un appel au secours de mes amis d’Adélaïde, même si les feux impactent davantage la Nouvelle-Galles du Sud…Il y a des régions très touchées, avec des propriétés dévastées par le feu. Ils sont désespérés, ils ne savent pas par quel bout le prendre, c’est une catastrophe.En tous les cas, on est très attentif à tout cela et on va voir de quelle manière on va pouvoir les aider… »

Jacques Lurton devant la propriété familiale la Louvière à Léognan © JPS

JACQUES LURTON : « POUR L’AUSTRALIE, C’EST UNE ANNEE ATROCE…SUR KANGAROO ISLAND 1/3 DE L’ILE A BRULE » 

Quand on pense à l’Australie, on pense bien évidemment à toutes ces personnes cernées par les flammes. 23 personnes sont décédées, d’autres disparues, certaines ont été contraintes de trouver refuge sur la plage pour se sortir vivantes de ce terrible brasier et être embarquées sur des bateaux de sauvetage, 100 000 personnes sont évacuées actuellement, et puis on pense aussi à tous ces animaux, on parle sans doute de près de 500 millions de bêtes décimées…

Aerial photos of the fire at Ravine on Kangaroo Iasland. Picture CFS from Daily Examiner

Quand on pense Australie, on pense aussi au Bordelais globe-trotter Jacques Lurton qui a une propriété là-bas: « the Islander Estate Vineyards à Kangaroo Island ». Il me confie ce matin au téléphone: « cela brûle sérieux là-bas ! Pour  l’instant, j’ai de la chance, c’est passé juste à côté mais cela ne nous a pas touché. Fort heureusement le vent souffle dans un autre sens…Néanmoins la sécheresse et la chaleur touche cette zone, les plus grosses infra-structures hôtelières ont brûlé sur Kangaroo Island, c’est la 3e destination touristique en Australie, c’est comme si un 1/3 de la Corse avait brûlé.

Pour l’Australie, c’est une année atroce, du jamais vu de mémoire d’homme », Jacques Lurton propriétaire de Islander Estate Vineyards

 

Et de poursuivre : « Il y a deux semaines, cela a flambé dans les colline d’Adélaïde, il y a plus d’1/3 du vignoble qui a brûlé, avec des noms de domaines très importants comme Henschke, il y a eu de gros feux sur Sydney et depuis une semaine à l’est de Melbourne, des feux qui ont d’ailleurs poussé les gens sur les plages… »

Louis Bouteloup et Juliette, lors d’une soirée dégustation à Bordeaux © JPS

LE REGARD DE LOUIS BOUTELOUP, GIRONDIN ANCIEN HABITANT EN AUSTRALIE

Ami de Côté Châteaux, titulaire d’un BTS commerce vin et spiritueux à la MFR de Vayres, Louis Bouteloup Bèglais a passé avec sa compagne près de 2 ans en Australie, d’octobre 2014 à mars 2016…Il connaît bien le pays qu’il a sillonné « on a fait 35000 kilomètres »; « on a fait les vendanges là-bas, à Mac Laren Vale à côté d’Adélaïde, des vendanges en février-mars où il faisait très chaud très tôt le matin, où l’on apercevait de petits kangourous… »

« On n’est qu’à moitié surpris malheureusement, ce sont des feux courants en Australie, mais avec le réchauffement climatique cela s’aggrave et ce n’est pas un pays écologique car c’est le 1er pays exportateur de charbon au monde. Ils ont creusé un passage au niveau de la grande barrière de corail pour que les cargos puissent passer, et ils sont émis un véto pour que cette grande barrière ne puisse pas être classée Unesco...

« Chaque année, cela crame là-bas, mais surtout au milieu de l’Australie, là où il y a une communauté aborigène, mais cela fait beaucoup moins parler…là c’est beaucoup plus important. Ils auraient pu réagir plus tôt, mais ils sont tellement habitués à des « bushfire », mais là cela a pris beaucoup plus d’importance. C’est terrible pour la faune et notamment les koalas, une espèce déjà en voie de disparition, c’est en train de l’anéantir… »

« On est de tout coeur avec nos « mate » amis australiens… » conclue Louis Bouteloup.

Observation de l’Australie avec le satellite geostationnaire Himawari 8 le 3 janvier 2020.

A cette heure, la situation risque de prendre encore plusieurs semaines, une question de solidarité internationale se pose pour de nombreux Etats qui devraient envoyer des canadairs et autre dash pour essayer de contenir ce désastre planétaire, car ce drame est visible depuis l’espace : sur le site Ciel et Espace, on prend conscience de l’importance de cette catastrophe, des rejets de fumées et retombées : « c’est peut-être à 36 000 km d’altitude, par le biais d’Himawari 8, que le constat est le plus impressionnant » commente Ciel et Espace. « Les images du satellite de l’Agence météorologique du Japon révèle un vaste panache ocre, fait de cendres et de poussières, qui s’échappe vers l’est… jusqu’en Nouvelle-Zélande. Sur place, le 1er janvier 2020, les habitants de l’île du Sud ont constaté que le Soleil adoptait une couleur rouge-orangée. En cause, la diffusion de la lumière par une atmosphère chargée de ces particules rejetées par les incendies australiens. Plus en altitude, la neige de certains glaciers néo-zélandais a même tourné au brun, comme le rapportait hier The Guardian ».

Côté Châteaux a une pensée émue pour toutes les victimes, personnes évacuées, blessées et tous ces animaux, sans parler du vignoble. Bon courage aux Australiens et espérons pour eux une aide internationale.

24 Déc

Un joyeux Noël de Côté Châteaux: le blog fête ses 6 ans et plus de 3000 articles

A l’heure où tout le monde s’apprête à passer un heureux réveillon, Côté Châteaux en profite pour souhaiter à ses fidèles lecteurs un joyeux Noël en famille. Et comme à cette même époque c’est synonyme d’anniversaire pour le blog, qui fête chaque 23 décembre son anniversaire: 6 ans déjà…

Côté Châteaux vous souhaite un très joyeux Noël, en famille, entre amis, entre amateurs et passionnés de vin. Pour l’occasion, je vous ai concocté un superbe dossier « doit-on carafer les vins blancs et effervescents », avec Jean-Michel Litvine, diffusé ce midi sur France 3 Aquitaine, réalisé avec le concours de Benoît Manuel Trocard de l’Ecole du Vin de Bordeaux, avec aussi l’éclairage de Frédéric Lot en plateau. Pour les vins rouges, vous pouvez aussi vous référer aux conseils d’un grand sommelier Dominique Garcia et de Jean-Jacques Casano du Bistro du Sommelier: carafage ou décantation: un rituel où le temps d’aération est très délicat (article du 23/04/15). Et puis si vous cherchez encore quelques idées pour choisir les bons verres, c’est Alexandre Morin autre sommelier qui vous donnait des conseils il y a 3 ans sur le blog: « repas de fêtes : quel verre pour quel vin ? » (article du 10/12/15) Des conseils dans le cadre de la rubrique « vigne et vin » lancée également il y a plus de 6 ans, avec Frédéric Lot, un rendez-vous plébiscité par les lecteurs chaque mois.

En 6 ans, Côté Châteaux a réussi à tenir le rythme en essayant de vous informer au quotidien sur l’actualité de la vigne et du vin, avec des nouvelles réjouissantes (portrait de Michel-Jack Chasseuil le plus grand collectionneur de vin (40200 pages lues en février 2017) ou beaucoup moins, lors d’intempéries gel et grêle, des infos qui ont battu le record de lecteurs : gel sur le vignoble de Bordeaux, la catastrophe redoutée est malheureusement arrivée « on a perdu pas loin de 50% de la récolte en une nuit ! » (article lu près de 40000 fois en avril 2017). Plus récemment, c’est le gel à Bordeaux en mai 2019 qui a retenu énormément votre attention (11700 pages lues) : « gel à Bordeaux : « on a combattu pendant 6 heures cette nuit » 

Depuis plus d’un an, Côté Châteaux c’est aussi une émission sur les terroirs de Nouvelle-Aquitaine que je vous propose chaque mois, avec Sébastien Delalot. 12 numéros ont déjà été réalisés et diffusés sur la chaîne NOA et d’autres sont à venir en 2020 avec sans doute un petit tour en Corrèze, en Côtes de Blaye ou pour Blaye au Comptoir Bordeaux et une émission spéciale Bordeaux Fête le Vin, sans oublier les terroirs du sud de l’Aquitaine…

Chers amis, c’est du fond du coeur que je vous souhaite de passer un bon réveillon, de boire de bonnes choses, avec modération…comme on dit, en alternant aussi avec des verres d’eau c’est pas mal. Allez carpe diem à tous.

27 Nov

Tombés amoureux du vignoble bordelais durant leur lune de miel, Melody et Andrew Kuk achètent et redonnent vie au château la Commanderie

C’est une belle histoire d’amour en terre de Pomerol. Ce jeune couple de Hongkongais qui passait leur lune de miel en 2011 à Bordeaux a acquis en 2013 le château la Commanderie, réalisant leur rêve d’art de vivre à la française et de détenir un vignoble à Pomerol. Des amoureux de la France et passionnés de vin.

Melody et Andrew Kuk, les propriétaires de château la Commanderie à Pomerol © Jean-Pierre Stahl

Lui est âgé de 40 ans, elle de 31. Tous deux sont Hongkongais mais ont en commun d’aimer la France et ses vins. En 2011, ils décident de passer leur honeymoon dans le Bordelais et là patatras, ils tombent amoureux du vignoble et se disent qu’ils vont écrire leur propre histoire à Bordeaux. Evidemment Andrew Kuk travaille dans la finance,  et Melody dans la communication, ils sont issus de familles de collectionneurs et connaisseurs passionnés, le grand père d’Andrew était d’ailleurs amateur de Cognac.

Château la Commanderie 6 hectares à Pomerol © JPS

En 2013, ils décident d’acheter le château la Commanderie, une belle endormie de 6 hectares pour 8 millions d’euros, située sur le glacis sableux faisant face à Saint-Emilion: « tous les 2 nous sommes des amoureux du vin…La première fois qu’on est venu à Bordeaux c’était durant notre lune de miel, on a visité puis on a voulu investir dans un vignoble pour nos enfants. Donc après 2 ans, on a trouvé un joli vignoble à Pomerol et on s’est décidé rapidement pour devenir propriétaire, » Andrew Kuk.

« Avant de nous décider sur la Commanderie, Pomerol était l’appellation sur laquelle nous étions tous deux d’accord, c’est l’appellation que nous préférons et dont nous avons pas mal de bouteilles dans notre collection, » ajoute son épouse Melody. Et comme l’histoire est un coup de foudre et une belle romance à la française, le couple a donné à leurs deux enfants des prénoms français : Francis et Sophie, aujourd’hui âgés respectivement de 6 et 3 ans.

On est très chanceux d’avoir acquis cette terre, pour nous c’était un rêve. Pour nos amis et notre famille, cela a été une surprise mais ils sont très fiers que nous ayons eu cette opportunité, »  Andew Kuk propriétaire du château la Commanderie.

Ce château de 5,8 hectare situé non loin de Nenin est une petite pépite à Pomerol, un château, « une propriété quelque peu abandonnée depuis très longtemps, même si elle était bien travaillée vu de l’extérieur », analyse Pascal Chatonnet, consultant embauché par la famille Kuk, qui conseille par ailleurs les crus classés Cos d’Estournel et Issan dans le Médoc. Pascal Chatonnet explique sa philosophie « on essaie de faire des vins au niveau du vignoble, au niveau du terroir qui fait ce qu’il peut, cela ne sert à rien d’essayer de lui faire dire ce qu’il ne peut pas dire… »

Et de compléter : « on est ici à Pomerol et donc on essaie de faire du Pomerol, c’est un vin qui est assis sur du merlot avec un terroir typiquement pomerolais, en surface assez variable mais dessous assez constant, c’est de l’argile. 

Grâce à cet argile, on peut cultiver des merlots qui à Pomerol sont assez uniques. Je fais des merlots partout dans le monde mais l’identité, l’ADN du merlot il est quand même à Pomerol, on a  aussi l’avantage d’avoir de vieux cabernet francs assez typiques et qui se marient harmonieusement qui vont donner cette vivacité, cette fraîcheur que l’on recherche, et ce fruit qui sont absolument uniques » Pascal Chatonnet consultant.

Des amateurs de vins depuis déjà de nombreuses années © JPS

Ce sont des travaux dantesques qui ont été entrepris à la Commanderie pour 3 millions d’euros, une rénovation totale dans le respect du paysage historique. Les procédés les plus respectueux de la réception de vendange ont été mis en oeuvre avec un triage moderne par densité et un transfert du raisin gravitaire dans 7 cuves inox avec une régulation de température très performante comme le précise Julien Bordas responsable d’exploitation.  Un cuvier avec dans la continuité son chai à barriques contenant 180 barriques contre 40 précédemment, avec 3 tonneliers fournisseurs Séguin, Sylvain et Darnajou, des barriques à grain fin et en chauffe moyenne. Aujourd’hui le rendement est de 35 à 40 hectolitres à l’hectare, 15000 à 20000 bouteilles de 1er vin (château la Commanderie) et 10000 de second vin (l’esprit).

Et de passer enfin à la dégustation verticale des millésimes 2015 à 2018 avec Pascal Chatonnet, Julien Bordas et bien sûr Melody et Andew Kuk…

Avec un 2015 des plus charmeurs : « on ne veut pas faire des vins confiturés comme dans la Napa Valley, on va rester sur la fraîcheur et la tension, des vins facile à boire, souples, élégants. On est assez fier du résultat avec un vin charmant, taillé pour le vieillissement ». Sur le 2016, « le grand millésime par excellence, sur le fruit, on a trouvé le profil de vin que l’on souhaitait faire ici ». 2017, un millésime à boire plus rapidement que 15 et 16 qui sont des millésimes de garde par excellence. Quant au 2018, » il s’approche assez du 2016, on aura un millésime supérieur ou égal au 2016… » Voilà qui augure d’une belle propriété, dont les vins vont encore se bonifier avec le temps.

Le couple confirme sa vision pour le château la Commanderie et son ancrage local : « chaque année, on va essayer de faire de mieux en mieux » affirme Andrew Kuk, quant à savoir si l’intégralité de la production risque d’être commercialisée uniquement en Chine ? « Il serait facile de tout envoyer en Chine et de vendre là-bas, mais ce n’est pas ce que l’on veut faire, on veut avant tout faire une grande marque château la Commanderie ici et le marché français est un bon marché pour cela, le marché principal, et le reste ce sera pour nos amis et le business. »

Pascal Chatonnet, Melody et Andew Kuk, et Julien Bordas © JPS

Quant à savoir s’ils vont poser définitivement leurs valises en France ? « Notre français n’est aops encore assez bon, mais c’est notre rêve ainsi que pour nos enfants, qui apprennent le français », selon Melody. Et on a un projet, à la retraite, on espère bien vivre ici », renchérit Andrew Kuk.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Boris Chague et Christian Arliguié : 

26 Nov

20 ans des Sources de Caudalie : un modèle de réussite dans l’oenotourisme

C’est une réussite en laquelle peu de monde croyait il y a 20 ans. Aujourd’hui, le monde entier en parle. Un modèle qui mêle hôtellerie de luxe, gastronomie et spa-relaxation avec des soins à base de vinothérapie. Un modèle qui va être dupliqué avec les Sources de Cheverny, ouverture en juin 2020. Immersion aux Sources de Caudalie avec Alice Tourbier, la propriétaire à qui Côté Châteaux consacre sa rubrique « vigneron du mois ».

Alice Tourbier fête les 20 ans des Sources de Caudalie © Jean-Pierre Stahl

Les Sources de Caudalie sont une réussite familiale, une idée d’Alice Tourbier (la fille cadette de Florence et Daniel Cathiard) et de son mari Jérôme Tourbier, « L’idée au départ était de mettre en valeur les vins du château Smith Haut Lafitte, d’accueillir les visiteurs au moment des repas et d’offrir aussi  la possibilité pour les touristes de dormir… »

« On s’est rendu compte que c’était un vrai métier qui nous plaisait, et les gens ne venaient pas que pour Smitth, ils avaient envie de séjourner dans les vignes et de passer un bon moment ».

Les Sources un concept créé juste en face du château Smith Haut Lafitte © JPS

Voilà en quelques mots la genèse de ce projet qui a vu le jour en 1999, juste avant le salon mondial du vin Vinexpo à Bordeaux. De fil en aiguille, ce sont ainsi 2 restaurants qui ont ouvert -la Grand’Vigne et la Table du Lavoir- et 29 chambres, puis au final 61 chambres et un troisième établissement un bar à vin (Rouge) pour vivre un moment épicurien gourmand. Les Sources emploient 180 personnes en haute saison…

Alice Tourbier, avec John A. Skelton d’Andavo Travel au bar des Sources des Caudalie © JPS

« Il y a 20 ans quand on a ouvert, les gens nous prenaient un peu pour des fous car faire séjourner dans le vignoble des clients ce n’était pas évident, mais nous on pensait au contraire qu’il y avait des atouts formidables aux sources de Caudalie car on est proche de la gare de Bordeaux et de l’aéroport, et les gens venaient pour le vin mais avant tout pour une expérience hôtelière, et depuis ces 20 dernières années on fait tout pour qu’elle soit plus peaufinée, aboutie, pour que nos clients repartent avec le sourire » Alice Tourbier des Sources de Caudalie.

Et de préciser que cette expérience hôtelière est plutôt importante avec un taux de remplissage des chambres de 70% à l’année, ce qui est pas mal : « on a un séjour moyen qui est assez long, qui est de 4 jours, car les gens vont profiter du SPA, de la Forêt des 5 sens, faire des câlins aux arbres, on propose aussi des dégustations de vin et des cours de cuisine… »

En ce début de semaine, nous rencontrons d’ailleurs un Californien, venu explorer et expérimenter cette adresse, John Skelton, d’Andavo Travel, qui représente plusieurs agences chargées de dénicher de belles adresses pour leur clientèle : « j’ai beaucoup entendu parlé des Sources de Caudalie à travers les réseaux sociaux, c’est un site parfait à la fois proche de Bordeaux et très intime, qui s’adresse par exemple à la clientèle des croisières touristiques sur le fleuve, mais aussi à des gens qui cherchent à se relaxer, qui recherchent une ambiance zen… Je suis arrivé de Nice hier et aussitôt j’ai ressenti ici paix et sérénité. Le dîner et l’hôtel sont parfaits, vous êtes vite relaxés, vous vous sentez ici comme à la maison. »

Dégustation des vins de Smith Haut Lafitte blanc 2016 et rouge 2012 avec Florence Cathiard et Alice Tourbier © JPS

Et John de continuer sa visite oenotouristique au château Smith Haut Lafitte, découvrant la tonnellerie du château, profitant d’une vue magnifique sur le vignoble avant d’avoir le privilège de rencontrer Florence Cathiard la propriétaire et winemaker qui confie que les Sources de Caudalie sont vraiment une offre complémentaire au château.

Dans la cave aux vieux millésimes, dont la plus vieille bouteille remonte à 1878 © JPS

« Cela nous aide beaucoup, on a été pionnier certes, mais on pense que l’excellence en bouteille ne suffit plus, il faut aussi ce qui va avec, les gens veulent aussi une expérience interactive,  je crois qu’on est le mieux à même de leur offrir »,commente Florence Cathiard qui a acheté avec son mari Daniel il y a 29 ans le château Smith Haut Lafitte, cru classé de Graves, en l’embellissant et en en faisant une référence, aujourd’hui un cru en bio. « On ne ménage pas notre peine, ce sont des passions partagées mais complémentaires. ».

Cette expérience qui se décline selon le budget de chacun : pour ceux qui souhaite juste y passer un petit moment, il y a par exemple le brunch-piscine ou pour d’autres des soins et formules plus élaborées avec notamment les bienfaits des peaux et pépins de raisins.

Voici par exemple le gommage « crush-cabernet: » « c’est un mélange de sucre brun, de pépins de raisin, de miel, d’huile de pépin de raisin, et de concentré minceur drainant. Cela permet d’exfolier le corps pour avoir une peu toute douce, éliminer les peaux mortes et booster la circulation sanguine, pour un meilleur échange cellulaire et une hydratation ».

Un gommage crush-cabernet ou quand la magie du raisin opère © JPS

Chaque instant se laisse savourer et notamment au moment du déjeuner ou du dîner à la Table du Lavoir avec cette vieille grange démontée et remontée ici avec ces fabuleuses charpentes dont le charme du passé vous transporte dans un autre temps. En cuisine, c’est l’équipe du chef Nicolas Masse qui officie, un chef en poste depuis 2009, qui a réussi à décrocher une première étoile l’année suivante en 2010 au Michelin, puis une deuxième étoile en 2015 pour le restaurant gastronomique la Grand’Vigne.

Aurélien Fannouil, le chef sommelier avec Alice Tourbier à la Table du Lavoir © JPS

Le chef sommelier des Sources de Caudalie, Aurélien Farrouil, présent depuis 15 ans, traduit l’attrait des Sources de Caudalie et l’expérience recherchée : « c’est surtout l’art de la table, le bien être, le côté oenotouristique que viennent rechercher nos clients ». Et de détailler le type de clientèle qui fréquente cet havre de paix en pays de Martillac : « on est très fier d’avoir nos clients locaux qui sont habitués et qui nous sont fidèles, on a également nos chers parisiens, on va retrouver nos amis suisses, belges, beaucoup de clientèle européenne, et après l’Asie est bien représentée, des Russes,  Brésiliens, Londoniens qui viennent régulièrement les week-end et une belle clientèle américaine, bien présente, de retour depuis 2 ans. »

Cette belle histoire va aussi s’écrire prochainement dans une autre région de châteaux, ceux des Rois de France qui aimaient la douceur de la Sologne, de la Loire et du Cher. C’est à Cheverny que va se poursuivre prochainement l’aventure pour Alice Tourbier et son époux puisqu’ils ont choisi de reproduire ce concept avec les Sources de Cheverny, des Sources qui devraient ouvrir en juin 2020.

« Nous on parle d’art de vivre au coeur des vignes, d’art de vigne, et dans la Loire on a retrouver toutes ces caractéristiques pour dupliquer le modèle des Sources de Caudalie. Il y a un côté culturel avec les châteaux historiques, donc vraiment du tourisme d’histoire, et puis il y a de très belles vignes, des vins de Loire formidables, beaucoup de vignes ne sont pas traitées, sont en bio, et ce côté écologique était important pour nous, » m’explique Alice Tourbier.

Et si tout fonctionne bien, il se peut que chaque grande région viticole en France voit l’ouverture des Sources, preuve que le succès tient sa source non seulement dans l’oenotourisme mais aussi dans un goût prononcé pour un dépaysement en pleine nature.

Les Sources de Caudalie une expérience à découvrir à Martillac en Gironde.

13 Nov

Commercialisation des vins de Bordeaux : un net ralentissement des ventes

4 millions d’hectolitres commercialisés sur les 12 derniers mois contre 4,7 en 2018; le marché de Bordeaux subit un contexte difficile sur ses grands marchés à l’export (Chine, Hong-Kong, Etats-Unis, Grande-Bretagne) et en grande distribution avec -10% en foires aux vins cet automne. Le prix du tonneau de Bordeaux en vrac est largement repassé en dessous des 1000 euros, un prix en dessous duquel les vignerons ne peuvent pas vivre…

On ne peut pas dire que tous les indicateurs sont au rouge, mais pas loin… C‘est difficile, en ce moment, de vendre du rouge ! Et cela fait 18 mois que cela dure.

Que vous soyez petit vigneron, grand propriétaire, courtier ou négociant, c’est toute la filière qui est touchée. Avec un ressenti plus fort pour les petits qui vendent en vrac du vin qui souvent ne trouve pas preneur, d’où un effondrement des cours comme le souligne Xavier Coumau président du syndicat des Courtiers de Bordeaux : « on a du mal à trouver des débouchés à 800 €, quelques fois à 700… A l’heure actuelle, « ce sont 10000 hectolitres qui se commercialisent par semaine, alors qu’habituellement on arrivait à 30 000 hectolitres. » Un coup d’arrêt ? Pas sûr, mais un marché atone, morose qui ne semble pas rebondir dans l’immédiat.

DES MARCHES A L’EXPORT COMPLIQUES

Comment expliquer ce désamour de Bordeaux ? En fait, c’est compliqué et surtout multifactoriel… « Quand on est en direct avec le consommateur, cela se passe bien, comme Blaye au Comptoir Paris qui s’est très bien passé« , me précise Michaël Rouyer, directeur du syndicat des Blaye Côtes de Bordeaux. « Mais quand on parle du grand export et de la grande distribution, c’est compliqué. On est à -20% et -13% en GD. Et ce n’est même pas une question de prix, , c’est plutôt l’image de Bordeaux qui n’est pas top en ce moment. Alors, il faut se bouger en restauration, chez les cavistes, on a des vignerons présents sur le terrain, comme sur nos opérations Blaye au Comptoir »

Jean-Pierre Rousseau de la Maison de Négoce Diva © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Rousseau, dirigeant de DIVA, maison de négoce franco-chinoise basée à Bordeaux connaît parfaitement le marché asiatique premier marché à l’export des vins de Bordeaux : « les Chinois adorent toujours nos vins, mais ils ont du mal à sortir l’argent et la porte arrière Hong-Kong est toujours bouclée, cela n’a pas l’air de s’arranger. « 

Nous prenons des claques de tous les côtés, nous prenons des claques à Hong-kong compte tenu des événements qui ne font que s’aggraver, la Chine a du mal à sortir le cash, même s’ils en ont beaucoup … les Etats Unis nous ont taxé à hauteur de 25%, mais 25% ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », Jean-Pierre Rousseau Maison de Négoce Diva

Et le négociant de compléter: « à la fin l’augmentation avec une accumulation de taxes et de profits pourrait être de 50% sur l’étagère comme on dit, le Brexit après-demain…sans parler de la grande distribution française un peu fâchée aussi, donc on ne voit pas vraiment d’où viendrait le soleil… »

LES PETITS VIGNERONS SUBISSENT

Paul Cardoso exploite 13,5 hectares de vignes en Castillon Côtes de Bordeaux © JPS

Paul Cardoso, petit vigneron à Belvès-de-Castillon me confirme n’avoir pas encore vendu tout le millésime 2018, alors même qu’il a fallu rentrer le 2019 « avec la petite récolte de 2017 due au gel, on a pu loger le vin…Mais depuis la mi-mai il y a un ressenti au niveau trésorerie. » Ce sont ainsi 400 hectolitres qui sont toujours à la vente sur 630 de la récolte 2018.

C’est très très compliqué, nous avons vinifié le 2019 avec pratiquement tout le 2018 dans le chai, on a vendu une petite partie du 2018 avec un suivi que nous avons, mais tout le reste n’a pas été vendu et c’est très très compliqué financièrement parlant » Paul Cardoso vigneron.

Florence Cardoso, son épouse, qui est co-présidente de Solidarité Paysans d’Aquitaine et de SOS vignerons, accompagne les viticulteurs en difficultés et dresse ce constat : « le téléphone de Solidarité Paysans ne cesse de sonner, les vignerons ont eu déjà d’énormes difficultés pour financer leurs vendanges, puisque le 2018 est resté dans le chai, et ils ne savent pas comment passer le cap… » Et Florence Cardoso de traduire la détresse vécue par certains : « malheureusement on a des gens qui sont au bord du suicide, à ce moment-là on va chez eux, on essaie de faire un état des lieux, et on les accompagne pour arriver à trouver des solutions, des procédures de redressement judiciaire en cas de cessation de paiements. Et puis, il y a des vignerons qui nous appellent car ils se rendent compte que cela va être compliqué, mais qui ne sont pas encore en cessation de paiements, et là on va les accompagner dans, ce que l’on appelle, la procédure de sauvegarde… » (Florence Cardoso conseille à tous ces vignerons d’appeler Solidarité Paysans afin de s’organiser au plus tôt face aux difficultés car « plus on est en avance, plus facile est le remède »).

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Dominique Mazeres, Floriane Pelé diffusé dans le 12/13 de France 3 Aquitaine ce 13 novembre : 

Encore beaucoup de 2018 à vendre à Bordeaux © JPS

LE CIVB EVOQUE DES ACTIONS EN JANVIER

De son côté, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux s’apprête à communiquer début décembre sur des pistes d’action, qui sont encore en pour-parlers au sein de l’institution.

Toutefois, les chiffres parlent d’eux mêmes: « on a vendu 4 millions d’hectolitres sur les 12 derniers mois, et en 2018 on en a produit 5,1 millions » commente Christophe Chateau, directeur communication du CIVB. Néanmoins il faut prendre en considération la production sur ces 3 derniers millésimes : « 3,5 millions de vins de Bordeaux produits en 2017 (année du gel avec -40% de récolte), 4,7 millions vendus en 2018 ; 5,1 millions produits en 2018 et 4 millions vendus en 2019. Si on additionne ces deux années on obtient 8,5 millions produits et 8,7 millions vendus… mais on a encore le 2019 qui devrait avoisiner les 5 millions d’hectolitres »

A l’export, Bordeaux subit une baisse de -11% en volume sur les 12 derniers mois (mais +11% en valeur). Cette baisse est importante et entraînée par la Chine -29% en volume (+2 en valeur) et Hong-Kong (-20%) en volume sur les 6 derniers mois, avec une légère reprise en Chine intérieure où la baisse n’est plus que de -6% sur les 3 derniers mois, en affinant, mais aussi avec une baisse plus importante de -33% sur Hong-Kong sur ces 3 derniers mois qui correspondent à la crise vécue sur place.

« Tout confondu, Bordeaux recule de -16 à -17% sur les 12 derniers mois. A cause de la baisse de 40% de la récolte sur le 2017, les prix ont augmenté de 1100€ à 1500€, mais avec une perte de marchés sur les entrées de gamme. Puis les prix se sont cassés la figure en 2018 avec un contexte pas bon, notamment du au libre échange Chine-Australie, à la « guerre civile » à Hong-Kong, aux +25% de taxes de Trump aux USA et au Brexit. On attend les chiffres de la grande distribution, qui ne sont pas très bons, notamment les foires aux vins ont baissé de l’ordre de 10%. »

« Le prix du vrac est de 850 à 900€ en moyenne, avec un premier prix à 750, mais à ce prix là les gens ne peuvent pas vivre », commente encore Christophe Chateau, (ce sont environ 38% des volumes commercialisés (en vrac)).

Charles Ripert du bureau Ripert, courtier en vins quai de Bacalan à Bordeaux © JPS

DES JEUNES A CONQUERIR OU RECONQUERIR

Pour Charles Ripert, célèbre courtier en vins de la place de Bordeaux, on paie aussi de nombreux reportages ciblant Bordeaux  » : effectivement, le Bordeaux bashing joue, mais c’est pour moi exagéré ! On n’utilise pas plus de pesticides à Bordeaux qu’ailleurs, on en utilise autant que partout en France, sauf qu’on est la plus grande région viticole donc la plus grosse consommatrice en volume, il y a un problème d’image aussi: Bordeaux a une image statutaire par forcément fun pour les jeunes, et donc il y a du travail à faire. Au niveau typicité des vins, beaucoup de travail a été fait et la qualité a été largement améliorée aussi. »

Les pistes de travail sont comment développer la demande et peut-être aussi réduire l’offre. Pour développer la demande, le week-end de la Saint-Vincent (patron des vignerons) des 24 et 25 janvier, les vignerons iront faire déguster dans les bars, restaurants, chez les cavistes et en grande distribution leurs vins, il y aura également des bons de réductions qui devraient être mis en place avec les tickets de caisse en supermarchés.

 

BORDEAUX SERA TOUJOURS BORDEAUX

Bordeaux a déjà subi des crises par le passé, celle-ci ne pourrait être que conjoncturelle, mais certains pensent qu’elle semble être davantage structurelle et sur le long terme, sauf que Paul Cardoso me confie « on ne pourra pas supporter 3 millésimes dans le chai »…

Il va donc falloir faire preuve d’imagination et aller non seulement à la rencontre des acheteurs traditionnels mais aussi des jeunes générations, qui par manque d’information peut-être, ont ces derniers temps boudé Bordeaux et essayé d’autres régions viticoles en France ou ailleurs sur la planète vin. Et pourtant Dieu sait qu’à Bordeaux, il y en a pour tous les goûts et à tous les prix. A méditer devant un verre de Bordeaux bien sûr…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Dominique Mazeres, Floriane Pelédiffusé dans le 19/20 de France 3 Aquitaine ce 13 novembre :

24 Oct

Côté Châteaux : 2,5 millions de pages lues

Un petit cap pour Côté Châteaux, un grand cap pour le monde du vin… Le blog que j’alimente depuis bientôt 6 ans continue son petit bonhomme de chemin et vous informe au quotidien sur l’actualité viticole-vinicole à Bordeaux, en Aquitaine, Nouvelle-Aquitaine, en France et parfois dans le monde. Carpe Diem et pourvu que ça dure…

Certains le connaissent, en sont accros, d’autres ne savent même pas qu’il existe, et donc du coup ne peuvent s’en faire une idée.

Côté Châteaux, c’est le petit blog que j’ai lancé fin décembre 2013, un blog avec 3000 articles publiés à ce jour, qui est pas mal suivi avec 2 millions 500000 pages lues, un cap dépassé ce matin.

Cöté Châteaux, c’est le blog sur l’actualité de la vigne et du vin, au quotidien. Pour tout savoir de l’état de la vigne à Bordeaux, Bergerac, Jurançon, Tursan, Cognac, en fait dans n’importe quel vignoble d’Aquitaine, de Nouvelle-Aquitaine, mais aussi de France et du monde du moment où il y a un intérêt pour que cette information soit relayée et partagée par tous.

Tout y passe, de la température dans les rangs de vigne, dans les chais, lors des dégustations, à l’état du marché, les questions de conduite du vignoble, en conventionnel ou en bio, et du coup les questions environnementales, les portraits de vignerons, de courtiers, de négociants, des sagas familiales; du plus grand au plus petit vigneron, on a un jour la chance ou la malchance de se retrouver « posté » par Côté Châteaux.

Depuis le lancement, Côté Châteaux a toujours eu le souci de faire de l’information avec de la rigueur et un souci de recherche de la vérité, de faire jouer le contradictoire; la véracité des propos retranscris est un point d’honneur et l’ambiance des événements vécus est relayée comme si vous y étiez. C’est je crois, ce qui plaît et fait la force de ce blog, suivi des amateurs de vin et des professionnels.

Depuis un an, les meilleurs articles que vous avez lus sont : le gel à Bordeaux  du mois de mai (11700), la traversée de l’Atlantique en tonneau de Jean-Jacques Savin(5517), l‘erreur d’un sommelier qui se trompe et sert une bouteille le Pin à 5000€ (5163), Patrick Bruel au Domaine de Chevalier (3889), un terrible incendie en chez un négociant de Bordeaux(4138), la disparition d’André Lurton créateur de l’appellation Pessac-Léognan (3681), Adrien David-Beaulieu qui lance sa cuvée Emeri comparable à une oeuvre d’art (3255), un nouvel épisode de grêle en Gironde (3000), Liber Pater devient le vin le plus cher au monde (2910), quand Cristiano Ronaldo s’offre l’apéro le plus cher au monde (2508),canicule: des vignes brûlées par le soleil dans l’Hérault et le Gard (2420) ou encore nouvelle tendance: ces vignerons qui débarquent à Bordeaux et ouvrent leur propre bar à vin (2217).

Côté Châteaux, c’est aussi depuis un an une nouvelle émission sur les terroirs de Nouvelle-Aquitaine diffusée mensuellement sur NoA : 10 numéros à ce jour réalisés par votre serviteur, avec Sébastien Delalot et Charles Rabréaud, avec des focus sur Pécharmant, Pessac Léognan, Buzet, Castillon, Cognac, Monbazillac, Côtes de Bourg, des émissions spéciales les femmes du vin, les primeurs et les 2à ans de l’inscription de Saint-Emilion à l’Unesco.

Evidemment, Côté Châteaux ne vit que parce que vous continuer à le suivre avec plus de 5000 personnes sur Facebook, 2700 sur Twitter et 2200 sur LinkedIn, sans oublier Instagram. Toutefois, l’interaction est importante surtout si vous voulez voir l’information remonter ou ne serait-ce que la trouver, il faut partager et liker, vu le principe des algorithmes mis en place par les réseaux sociaux.

Merci à tous pour vos encouragements et n’oubliez pas Carpe Diem et portez-vous bien !

19 Oct

Cérons: la petite appellation de liquoreux qui ne manque pas de fraîcheur

C’est la plus petite appellation de Gironde. Une appellation de liquoreux moins connue que Sauternes, mais appréciée aussi des amateurs de vins. Focus sur cette petite appellation de 30 hectares et ses 15 vignerons qui la font vivre. Rencontre avec la jeune génération, des figures et la présidente de ces Grands Vins de Cérons.

Au Clos Bourgelat, à Cérons, Antoine Lafosse donne ses dernières consignes pour ces vendanges par tries successives: « là on fait les liquoreux, essentiellement le Cérons, pour ceux qui connaissent, il y a du pourri sec et il y a du pourri plein donc prenez essentiellement du pourri sec. Quand il y a des graines de pourri plein, vous pouvez prendre aussi, mais pas de pourriture pas jolie, de pourriture aigre qu’il faut enlever », précise Antoine Lafosse.

Un travail d’orfèvre, un ramassage à la main parfois grain par grain, de cet hectare et demi, en faisant attention d’ôter la pourriture aigre très présente cette année, pour ne garder que la pourriture noble, les baies botrytisées.

Antoine Lafosse du Clos Bourgelat © Jean-Pierre Stahl

Le terroir de Cérons est un bon terroir pour faire des liquoreux, on est sur un terroir de graves, vous pouvez le constater au sol, on n’a que des gros galets, c’est  un terroir silico-gravaleux avec un sous sol calcaire qui va donner au vin sa fraîcheur », Antoine Lafosse du Clos Bourgelat.

« Là on a un joli botrytis, où les graines sont bien dégagées et riche en sucre, c’est le but de l’opération », explique Xavier Perromat, propriétaire de l’emblème d l’appellation le château de Cérons…

Cérons est la plus petite appellation de Gironde, avec seulement 15 vignerons sur 30 hectares en production. Des vignerons qui produisent à la fois des vins de Graves en blancs et en rouge généralement mais aussi du liquoreux en Cérons, comme Xavier Perromat.

Xavier et Caroline Perromat propriétaires du château de Cérons © Jean-Pierre Stahl

C’est une appellation effectivement confidentielle mais connue des grands amateurs car c’est un terroir particulier, c’est le micro-climat on est en limite de la petite rivière du Ciron donc le brouillard vient lécher Cérons mais avec des concentrations un petit peu moins fortes », Xavier Perromat château de Cérons.

La magie du Ciron opère à l’automne avec la formation de brouillard dans le Sauternais et favorisant la formation du botrytis cinera © JPS

Vigneronne installée depuis 2015, Aurélia Souchal, la présidente des Grands Vins de Cérons, a connu sur sa propriété le gel et la grêle en 2017. Cela ne l’a pas empêché de continuer à mener son vignoble dans une certaine philosophie et démarche environnementale:

Aurélia Souchal présidente des Grands Vins de Cérons et propriétaire des châteaux Salut et Huradin © JPS

On une conscience environnementale, on a une certification Terra Vitis, on n’utilise plus d’herbicide, on n’utilise plus de produit chimique, on fait attention à ce que l’on fait, histoire de respecter la nature, l’environnement et nos voisins, Aurélia Souchal président des Grands Vins de Cérons ».

Cérons se démarque généralement de Sauternes par rapport à un taux de sucre résiduel légèrement moins élevé: « là on est sur un vin qui est aux alentours de 100, 110 grammes par litre de sucre, ce qui déjà bien bien sucré mais avec cette fraicheur, cette acidité, on a l’impression que c’est plus facile à boire, que c’est plus digeste », commente Antoine Lafosse du Clos Bourgelat.

De la fraîcheur pour relancer quelque peu ces liquoreux parfois délaissés à tort par le consommateur, c’est le secret de cette appellation et des vignerosn qui l’a font vivre.

14 Oct

Côté Châteaux n°10 : Pécharmant, une appellation du Bergeracois qui ne manque pas de charme

A voir absolument sur NOA ! La 10e émission de Côté Châteaux est consacrée ce soir à 20h15 à Pécharmant, l’une des 13 appellations de Bergerac. Ce numéro spécial vendanges en rouges a été tourné en Dordogne par Jean-Pierre Stahl et Charles Rabréaud. L’occasion de faire connaissance avec la nouvelle génération de vignerons avec Pierre Morand-Monteil au château Terre Vieille, de rencontrer une figure de l’appellation le Comte François-Xavier de Saint-Exupéry, de parler d’environnement et d’accords mets-vins. Un numéro tout en saveurs avec en apothéose le tout nouveau Quai Cyrano qui vient d’ouvrir.

Pierre Morand-Monteil et son père Gérôme, juste avant les vendanges au château Terre Vieille © JPS

Eh oui, déjà 10 ! Ce nouveau numéro de Côté Châteaux vous plonge dans une appellation qui gagne chaque année un peu plus de galon… Pécharmant. Et pourtant ils ne sont pas nombreux, seulement 40 vignerons sur 400 hectares en production. C’est l’une des 13 appellations de Bergerac, l’une des 17 si l’on compte en prime Duras car il faut dire désormais Bergerac-Duras pour être précis.

Ce numéro 10 a été tourné avec des smartphones par JPS et Charles Rabréaud © MPT

Côté Châteaux aime vous faire connaître les jeunes, à la manoeuvre, comme Pierre Morand-Monteil, 26 ans, diplômé en commerce vins et spiritueux à l’ESC Dijon, qui après 3 ans passé dans une maison de champagne, est venu rejoindre son père Gérôme sur le vignoble familial à Saint-Sauveur en Pécharmant:

« Bienvenue au château Terre Vieille, un domaine familial créé en 1989 par mes parents, Dolores et Gérôme… », commente au début de l’émission Pierre Morand-Monteil, très fier de me montrer ses vitrines à l’accueil du château, pleines de silex.

« Sous vos yeux, vous avez l’ensemble des silex que nous avons trouvé sur la propriété, quand nous avons planté les vignes en 1989, car le château de Terre Vieille est situé sur un atelier de taille préhistorique qui date de plus de 30000 ans, voire 300000 ans…Et c’est aussi extraordinaire pour nos vignes, car le silex apporte beaucoup de minéralité, c’est un peu une signature pour notre vignoble. »

Nous arrivons à Terre Vieille fin septembre à un moment délicat du coup d’envoi des vendanges en rouges, car il a fallu attendre ces quelques précipitations de fin septembre qui ont regonflé les baies pas mal concentrées et éprouvées par un été très chaud. Les vendanges ont démarré le 28 septembre et se poursuivent début octobre sur ces 14 hectares de vignes, des vendanges à la machine, retardée par la pluie…« Cela se passe bien », me confie Pierre Morand-Monteil, les sols se sont bien asséchés, apès une vague de pluie qu’on a eu, cela a bien détendu les baies, assoupli les raisins. cela est très qualitatif, on est vraiment content. »

Ce portrait est avant-tout une belle transmission familiale du savoir-faire : « je deviens petit à petit vigneron, ma première vendange à plein temps, au côté de mon père qui me donne un peu les clés…J’ai vu beaucoup de choses différentes dans les vignobles au Chili ou aux Etats-Unis, avec des techniques différentes, toute cette expérience j’essaie de la mettre au profit de Terre Vieille, pour faire les meilleurs vins. »

C’est un métier absolument passionnant, très complexe, car on part de l’agriculture, le sol, le terroir, le travail de la vigne, et puis on fait les vinifications, ensuite il y a la commercialisation, on va vendre son vin à la propriété, chez les cavistes et dans la restauration, il faut vraiment que ce soit une passion, » Gérôme Morand-Monteil.

Le Comte François-Xavier de Saint-Exupéry dans son chai © JPS

Péchamant, c’est aussi le château de Tiregand. Une magnifique bâtisse qui remonte au XVIIIe siècle, propriété du Comte François-Xavier de Saint-Exupéry, qui m’ouvre les portes de ce fabuleux château qui n’est pas ouvert au public (contrairement aux jardins) : « vous allez découvrir ce magnifique escalier qui date de 1865, une oeuvre d’art majestueuse… », commente  François-Xavier de Saint-Exupéry « Ce château construit début 1720 a beaucoup été modifié au XIXe siècle »  François-Xavier de Saint-Exupéry.  » Ce château a une histoire remarquable car il a été jadis une seigneurie féodale au XIIIe siècle, fondée par le fils naturel d’Henri III d’Angleterre, Edward Tyrgan (qui lui a donné son nom) et il est depuis inscrit à l’ISMH l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.

Un château pour lequel le Comte de Saint-Exupéry ne tarie pas d’éloges et donne non seulement tout son temps mais aussi son argent : « cette bâtisse a beaucoup été renouvelée au XIXe siècle, les Lapanouse qui ont acheté le château étaient des Parisiens, ils ont mis beaucoup de zinc sur les fenêtre et la toiture, pour montrer leur double appartenance à Paris et au Périgord. Mais après 180 ans, il faut changer le zinc et faire appel aux compagnons, on a fait les 2/3 des toitures, il nous en reste 1/3 ».

Le Comte Fançois-Xavier de Saint-Exupéry nous parle de la typicité du Péchamant © JPS

Le château de Tiregand est une énorme propriété, la plus imposante de l’appellation avec 400 hectares, dont 40 en production. Au chai, François de Saint-Exupéry rejoint son nouveau maître de chai Amaury : « ça  vieillit plutôt bien ». Et le Comte de commenter : « c’est encore un peu fermé mais le fruit est bien là sur un cassis intense et beaucoup de finesse. »

Les vins de Pécharmant ont cette particularité d’avoir de l’élégance et de la finesse en bouche, avec un merlot souvent dominant qui apporte beaucoup de fruit, un cabernet sauvignon qui donne un joli corps au vin, un cabernet franc de la finesse et le malbec cette couleur sud-ouest », François Xavier de Saint-Exupéry.

L’émission se poursuit avec Cécile Lelabousse, chargée de mission environnement à l’IVBD, qui nous parle de Vitirev : « absolument, vitiREV c’est le grand projet régional de la région Nouvelle-Aquitaine, Bergerac est très impliqué dans ce projet pour mener la viticulture vers moins de traitements, plus d’efficience, et une viticulture respectyueuse de l’environnement… » François-Xavier de Saint-Exupéry complète : « on prévient les voisins avant de partir traiter, et on s’est équipé de matériel ultra-performant,…, j’ai beaucoup de ruches au printemps et je respecte vraiment ce milieu, on met d’ailleurs dans la vigne des cultures de printemps qui permettent d’offrir du nectar… » Pierre Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des Vins de Bergerac : « le vignoble de Bergerac est très impliqué dans la certification, qu’elle soit bio ou HVE (haute valeur environnementale) depuis plusieurs années. On a besoin de faire encore plus d’efforts, sans pour autant mettre à mal notre économie, mais plus du tout de traitement, ce n’est pas supportable d’un point de vue économique, par contre c’est un objectif environnemental et sociétal. »

Et qui dit vin dit forcément gastronomie, ces vignerons de Pécharmant sont partis rencontrer le chef Bas Holten du restaurant les Merles à Mouleydier pour voir avec quels mets assortir au mieux leurs vins. « Je vous propose un compressé de tomates, des coeurs de boeuf du jardin, avec une poitrine de porc caramélisée (la tomate a déjà une acidité, avec le rouge cela donne un goût métal, mais avec le blanc c’est super); ensuite un magret de canard laqué avec pruneau et vert jus…(là un vin rouge de Pécharmant fruité et sur la fraîcheur va accompagner parfaitement ce plat délicat avec ses petites notes relevées et ces légumes avec cette légère sucrosité… » commente Pierre Morand-Monteil).

Enfin, on ne pouvait pas quitter Pécharmant et Bergerac sans parler avec Paul-André Barriat de Quai Cyrano, le nouveau vaisseau amiral des vins de Bergerac et Durac en bord de Dordogne.

« C’est un projet qui va faire découvrir le grand bergeracois, avec à la fois l’Office de Tourisme, un Espace Cyrano et bien entendu la grande boutique des vins de Bergerac qui permet à tous les viticulteurs adhérents à la Route des Vins d’être présents », commente Paul-André Barriat président de Quai Cyrano.

Paul-André Barriat est fier de ce Quai Cyrano lancé en juillet dernier © JPS

Quai Cyrano c’est un point de départ oenotouristique vers les propriétés et les grands sites historiques majeurs de ce territoire… », Paul-André Barriat président de Quai Cyrano.

L’objectif affiché est d’y faire venir 100 000 visiteurs à l’année et d’organiser des circuits y incorporant la Cité du Vin à Bordeaux et Lascaux IV en Dordogne.

Pierre et Gérôme Morand-Monteil avec Jean-Pierre Stahl dans les chais de Terre Vieille © MPT

 A voir Côté Châteaux n°10 sur Pécharmant à 20h15 sur NOA (sur les box: Orange 339, Free 326, SFR 455 Bouygues 337 ou en direct sur internet en tapant NOA direct). Une émission réalisée par Jean-Pierre Stahl avec Charles Rabréaud.

A voir dès maintenant sur You Tube : 

23 Sep

Saint-Julien : les 100e vendanges de la famille Cordier au château Talbot

 Alors que c’est aujourd’hui un coup d’envoi des vendanges en rouges un peu partout dans le bordelais, Nancy Bignon-Cordier et son époux Jean-Paul Bignon célèbrent les 100 ans des vendanges à château Talbot. C’est l’arrière grand-père, Désiré Cordier, viticulteur originaire de Toul en Lorraine, qui avait acheté le domaine en 1918, après avoir acquis 3 autres châteaux du bordelais. 

Une troupe de 55 vendangeurs fidèles depuis des années qui viennent du Portugal © JPS

C’est un moment historique et d’émotion pour Nancy Bignon-Cordier car c’est aujourd’hui le coup d’envoi des 100e vendanges de sa famille au château Talbot, 4e cru classé 1855, à Saint-Julien-Beychevelle.

Son arrière-grand-père Désiré-Nicolas Cordier, que la famille appelait « papa Dé », était venu de Lorraine, de Toul très exactement où il était viticulteur et producteur de gris de Toul, juste avant la 1ère guerre mondiale. Il avait installé sa famille en Gironde, sans doute par crainte d’une nouvelle guerre, après la triste guerre de 1870-71 qui avait marqué de nombreux Lorrains.

Nabcy Bignon Cordier, arrière-petite-fille de Désiré Cordier et son époux Jean-Paul Bignon, ancien avocat qui travaille à ses côtés © JPS

Un centenaire qui procure « beaucoup de fierté, et une grand joie et on espère continuer encore et encore », me précise Nancy Bignon-Cordier, la propriétaire de château Talbot, château qui doit son nom au célèbre Anglais John Talbot, qui malheureusement pour lui a été vaincu lors de la bataille de Castillon en 1453.

« En arrivant, je pense qu’il connaissait cette région, car en tant que viticulteur en Lorraine, il avait du se promener un peu partout en France, il est devenu amoureux de la région et c’est comme cela qu’il acquis plusieurs propriétés », continue Nancy Bignon-Cordier.

Château Talbot, un 4e cru classé à Sain-Julien © JPS

Avant château Talbot, Désiré Cordier avait acheté 3 châteaux dont Lafaurie-Peyraguey (1er cru classé de Sauternes), Fanning Lafontaine dans les Graves et Gruaud-Larose (2e cru classé). Il avait un savoir faire qu’il a su transmettre.

« On recherche un certain équilibre, avec certes des tanins, mais beaucoup d’acidité », m’explique Jean-Michel Laporte directeur à la table de tri. « On recherche l’équilibre et la longueur en bouche, plutôt que la puissance. C’est un vin un peu d’esthète, un peu d’amateur éclairé, et Talbot traverse les siècles, c’est vraiment cela, cette idée de la famille, d’un terroir que je veux aujourd’hui préserver avec Mr et Mme Bignon »

Désiré Cordier s’était aussi aperçu d’une longévité exceptionnelle des habitants du Médoc qui dépassaient allègrement les 80 ans, à tel point qu’il avait fait venir ici Albert Lebrun en 1934…

Jean-Paul Bignon et son épouse Nancy Bignon-Cordier dans le grand chai de château Talbot  © JPS

« C’est pour cela qu’il avait fait venir le président de la République de l’époque, pour justement fêter la longévité des gens du Médoc », commente Nancy. Et Jean Paul Bignon de compléter : « il avait, avant tout le monde, inventé le « french paradox », c’est à dire : boire du vin avec modération avait plutôt tendance à faire que les gens vieillissaient mieux et plus longtemps et il l’avait constaté dans le Médoc. »

Cordier, un grand nom qu’il a laissé aussi à une célèbre maison de négoce bordelaise. Une histoire qui se perpétue aujourd’hui.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Charles Rabréaud