07 Mar

A l’aube de son inauguration, voici le nouveau chai gravitaire du château Latour Martillac

C’est beau, sobre et fonctionnel. En avant-première pour Côté Châteaux, les Kressmann dévoilent à Martillac leur nouveau chai terminé et entièrement gravitaire aux couleurs de l’étiquette Latour Martillac, au terme de 18 mois de travaux. Son inauguration a lieu ce lundi 9 mars.

Edouard, Tristan et Loïc Kressmann dans leur nouveau chai inauguré ce lundi © JPS

Le pari était osé, il est aujourd’hui réussi. Les Kressmann se sont projetés dans le XXIe siècle avec ce nouveau chai, détruisant l’ancien chai dédié aux rouges pour en refaire un nouveau plus fonctionnel et pour faire davantage de parcellaire.

La première impression que j’ai eue était l’ergonomie que l’on a réussie à améliorer. Pouvoir travailler à la lumière naturelle est sympathique. Le soir, je passe 5 à 10 minutes seul dans le bâtiment pour me l’approprier encore plus… » Loïc Kressmann.

La part de modernité qui s’insert bien dans les bâtiments plus anciens © JPS

Un bâtiment dont on parierait qu’il a toujours été là, s’inscrivant dans l’ensemble des différents corps de façon harmonieuse, un bâtiment avec des parties en pierre et une modernité qui lui va très bien depuis la cour du château avec sa verrière en aluminium noir qui préfigure l’accueil à la propriété… « C’est ici que nous aurons l’accueil et le caveau de vente, derrière cette verrière en aluminium », commente Edouard Kressmann, le fils de Loïc, chargé notamment du marketing.

L’un des 8 tableaux réalisés par Max Ducos avec la vieille Tour du château © JPS

Dans cet espace de 100 m2, il y aura non seulement l’accueil du public et des visites à la propriété, mais aussi la boutique avec ses casiers de bouteilles en bois, pour lesquels Tristan met la dernière couche de vernis. Un espace où le visiteur sera captivé par 8 tableaux réalisés par Max Ducos, le fils de l‘architecte Philippe Ducos qui signe la construction du nouveau chai dans un style d’inspiration art déco, correspondant à la date d’acquisition de la propriété par Alfred Kressmann en 1930.

« Ce sont 8 tableaux, en 2 fresques qui dépeignent Martillac à l’époque où la famille a acheté le château: on y voit l’or du sol qui se concentre dans les grappes et part dans les barriques, jusqu’au port de Bordeaux. Ces tableaux ont été composés par mon oncle Joël à partir de photos d’époque, on y distingue toujours un enfant ou encore là la 404 de mon grand-père », commente Edouard Kressmann.

Et de dévoiler ce fabuleux cuvier dont la partie supérieure offre une superbe vue sur les 45 hectares du vignoble de Latour Martillac : « comme le soulignait l’architecte, ce qui est très sympa ici avec cette vue et cette lumière, c’est qu’on a l’impression que les raisins remplissent directement les cuves. C’est beaucoup plus agréable de travailler avec la lumière du jour, les vitres ont été réalisées avec un verre spécial traité pour la chaleur, ainsi cet été il y avait une différence de 15° entre l’extérieur et le chai. »

22 cuves inox dont 16 de 125 hectolitres © JPS

Ce cuvier comprend 22 cuves inox tronconiques, fabriquées en France dans par l’entreprise Serap en Mayenne: 6 de 70 hectolitres et 16 de 125 hectolitres, « ce sont les grandes orgues » plaisante Tristan Kresmann, co-propriétaire et frère de Loïc. « Pour le 2019, on a fait avec le retard dans les travaux, une cuve de merlot, sinon tous les cabernets dedans, cela nous a permis de séparer les différents lots, d’être encore plus précis au niveau des parcelles ».

Ces cuves tronconiques en inox ont une double peau, un isolant thermique permet d’avoir un contrôle de température exceptionnel, c’est du pilotage tout en douceur comme une cuisinière et cela marche de manière impeccable. »

« C’est un outil auquel on pensait depuis très longtemps, cela fait 10 ans que l’on était à l’étroit, comme nous le faisait remarquer Valérie Vialard notre oenologue et maître de chai. On attendait le bon moment pour le faire et quand les taux sont tombés, on s’est dit c’est le moment ». Un chai dont la réalisation a coûté 5,5 millions d’euros.

C’est l’outil que l’on va donner à nos enfants et à nos petits-enfants par la suite, ils n’auront pas besoin de le faire, ils vont se régaler avec cela », Tristan Kressmann.

Ce grand cuvier de 730 m2 au sol  est désormais au goût du jour, aux couleurs noire et ocre qui rappellent celles de l’étiquette. Celui-ci est optimum pour produire 2000 hectolitres de vin rouge, ce sont quelques 240 à 250 000 bouteilles de 1er vin qui vont sortir de ce nouveau chai. Le château Latour Martillac est aussi réputé pour ses vins blancs 30 à 40 0000 bouteilles produites chaque année dans le chai plus ancien. La moitié des vins du château est commercialisée en France, l’autre moitié à l’export (notamment vers les USA et la Chine).

En dessous, c’est bien sûr le chai à barriques, en deux parties, pour quelques 640 barriques de rouge. L’ambiance y est aussi bien sentie: « on a essayé de faire en sorte que ce soit chaleureux et que les barriques ressortent de l’obscurité » précise Loïc Kressmann.

Et Edouard et Loïc Kressmann de saisir une pipette et deux verres et de goûter une barrique de cabernet de ce nouveau millésime 2019 : « c’est un  grand millésime de cabernet…On a défini l’assemblage qui sera présenté lundi avec 70% de cabernet sauvignon et 30% de merlot, issu de barriques neuves et de 1, 2 et 3 ans, comme nous le suggérait Denis Dubourdieu », dont le suivi est aujourd’hui assuré par Christophe Olivier et Axel Marchal.

Edouard et Loic Kressmann dans le nouveau chai à barriques © JPS

« Moi, c’est mon premier millésime que je suis entièrement depuis mon retour de Chine, de la taille jusqu’aux vendanges », commente Edouard Kressmann diplômé de Purpan; « une vigne qui en 2019 a démarré précocement, et puis il y a eu deux coups de froid les 13 avril et 5-6 mai qui fort heureusement ne nous ont pas touché, il y a eu aussi la sécheresse fin juin et en juillet, puis 30 millimètres de pluie le 27 juillet, un peu de pluie en août, les blancs n’ont pas trop souffert du manque d’eau, sur les rouges, cela a été plus long à venir, la fraîcheur qui nous manquait sur les merlots on l’a récupérée sur les cabernets sauvignons. 2019 est définitivement un grand millésime de cabernets ».

Un chai aux 640 barriques de vin rouge © JPS

Et Loïc Kressmann de conclure, « on est content de faire ce millésime dans des installations comme celles-là, cela va nous permettre d’être beaucoup plus précis sur la qualité des vins, on va pouvoir séparer davantage les parcelles dans les chais, c’est un atout important, honnêtement je n’y croyais pas autant que cela et pourtant… Maintenant c’est comme une Formule 1, il y a un bon potentiel, mais il y a encore plein de réglages à faire. »

Un millésime 2019 réussi au château Latour Martillac grâce aux cabernets © JPS

Alors bonne course à la scuderia Kressmann sur le circuit de Pessac-Léognan, en terre de graves. Les derniers réglages les amèneront jusqu’aux primeurs où ils auront la joie de présenter leurs vins fin mars, début avril au château avec les autres propriétés de Pessac-Léognan ainsi qu’avec l’Union des Grands Crus.

06 Mar

ProWein est finalement reporté…à l’année prochaine en mars 2021

Le Salon ProWein 2020 a dû être reporté le week-end dernier, par principe de précaution du au coronavirus ou Covid-19; ce salon devait se tenir du 15 au 17 mars, en fait il est annulé et les nouvelles dates sont les dates habituelles du salon du dimanche 21 mars au mardi 23 mars 2021.

Ce n’est plus un report, mais plutôt une annulation pour parler clairement. ProWein fait l’impasse sur le salon de 2020 pour se consacrer pleinement sur 2021. Les exposants ont été alerté hier, le message est aussi partagé sur la page Facebook de ProWein: «Nous avons pris cette décision après des discussions approfondies avec nos partenaires et les acteurs clés de la filière. Le défi ici était qu’il n’y avait qu’une «fenêtre de tir » commerciale très étroite pour l’industrie du vin – une fenêtre qui est en outre réduite par la situation d’insécurité créée par le Coronavirus », a expliqué Erhard Wienkamp, ​​directeur général de Messe Düsseldorf« Dans ce contexte, c’était la seule décision, la seul conclusion correcte à tirer – le tout dans l’intérêt de l’industrie des vins et spiritueux. »

Pascal Cuisset, vigneron du Bergeracois, qui devait y participer, fidèle de ce salon commente « le bon sens l’a emporter pour Prowein, mais, cela n arrange personne ce virus, cela met une psychose dont on a du mal à imaginer les limites, c est comme ca ! »

« Messe Düsseldorf a réagi de manière réfléchie, prudente et juste dans notre esprit », a commenté Monika Reule, directrice générale de DWI.

Quant aux contrats existants entre Messe Düsseldorf et les exposants, ils  resteront valables pour prochaines dates. Il en va de même pour les billets visiteurs déjà achetés.

Les autres salons organisés par ProWein sont soit reportés comme ProWine Singapour du 13 au 16 juillet 2020, ou maintenus Sao Paulo 20 au 22 octobre, Shanghai 10-12 novembre 2020 et Hong-Kong 18-21 mai 2021.

En cas de questions, les visiteurs peuvent contacter:   ticket@messe-duesseldorf.de.  

27 Fév

L’image du jour: le joli déhanché de Jean Lassalle au rythme de l’Impériale de Bordeaux

Il est habitué à faire le show. Jean Lassalle, le marcheur, le vrai, a déambulé aujourd’hui à travers les allées du salon de l’Agriculture. Et le député des Pyrénées-Atlantiques qui ne manque ni de gouaille ni de forme s’est laissé attendrir par le rythme endiablé de la banda bordelaise l’Impériale de Bordeaux.Alors là, c’était parti, on ne l’arrête plus notre Jean…

Jean Lassalle au salon de l’agriculture © l’Impériale de Bordeaux

Les ingrédients, une coupe grisonnante en brosse et une cravate rouge, une banda enlevée et un salon de l’agriculture et là, vous réveillez l’animal qui sommeille en lui, je veux dire en un mot comme en mille: c’est Jean Lassalle, le député de Lourdios dans les Pyrénées-Atlantiques, qui cette année a décidé de faire encore le buzz au salon de l’agriculture.

L’humanité transpire en lui, il a cette faconde et cette bonhommie de se lâcher, entraîné par les fameux airs de l’Impériale de Bordeaux, cette fameuse banda du Sud-Ouest et de Bordeaux, dont le nom fait bien sûr référence à la bouteille de vin de 6 litres.

Allez, je vous laisse regarder, bravo Jeannot comme ils disent là-haut dans la montagne, bravo Jean Lassalle, qui par ailleurs était à l’Assemblée Nationale cette nuit et a fait cette déclaration à propos de l’examen de la réforme des retraites: « je me demande quand même s’il y a le 49.3, on va être embêté, parce qu’on ne va pas calmer du tout ceux qui sont en colère, mais n’en parlons pas nous n’y sommes pas… » On verra, en tout cas ce sont déjà des milliers de gens qui apprécient Jean Lassalle au salon de l’agriculture et qui fait ainsi le buzz, avec plus de 150 000 vues en moins de 5  heures…et 370 000 en 20 heures !

Regardez ici Jean Lassalle et la banda l’Impériale de Bordeaux au Salon de l’Agriculture 2020

18 Fév

Dossier vigne et vin : quels travaux à la vigne et au chai l’hiver ?

Il n’y a pas qu’en été qu’on travaille dur dans les rangs de vigne pour les vendanges, l’hiver n’est pas de tout repos. Entre la taille de la vigne, les bois à tirer, le broyage de ceux-ci, mais aussi le carassonage, il y a de quoi s’occuper. Au chai, il y a aussi du boulot entre les soutirages et les assemblages en vue de la présentation du millésime 2019 pour les primeurs en mars-avril… C’est le dossier vigne et vin de ce mois-ci tourné entre le château Tour Birol et le château Labadie en Côtes de Bourg.

Damien Labiche dans ses vignes du château Tour Birol, 43 hectares en Côtes de Bourg © JPS

A Samonac en Côtes de Bourg, Damien Labiche vient de tailler sa vigne et tire les vieux bois pour permette la prochaine repousse. « La taille, c’est un moment très important pour nous… C’est le moment de l’année où se décide la charge que l’on veut garder sur les vignes, savoir l’étalement de raisin que l’on veut avoir », explique Damien Labiche vigneron au château Tour Birol.

Mais cette année, il a décidé de retarder de deux mois le début de la taille entre février et mars: « souvent, on dit qu’on commence à tailler à la chute des feuilles, à partir du 25 novembre ou début décembre…mais cette année par choix, on a préféré attendre pour tailler parce que vu qu’il fait chaud, la vigne risque de repartir plus vite, donc en attendant un maximum on essaie d’avoir un pseudo repos végétatif pour pallier les gelées du printemps… »

A vol d’oiseau à quelques kilomètres, le château Labadie procède déjà au broyage de des bois déjà taillés et disposés au beau milieu des rangs de vigne « On retire tous les bois de taille du rang et on vient les mettre au milieu de manière à ce qu’ils soient broyés par le broyeur qu’on voit derrière le tracteur… » explique Damien Dupuy du château Labadie. « Tout simplement cela va les broyer en petits morceaux et les relaisser au milieu de la parcelle de manière à ce que toute la matière organique qui est contenue dans les sarments reste sur le sol et soit réintégrée plus tard dans la nutrition pour les prochaines années. »

Sur une autre parcelle, Damien Dupuy a une autre équipe de 4 personnes qui s’occupe à réaliser le carassonage, un nom qui vient de carasson qui désigne le piquet  à changer dans la parcelle pour que la vigne puisse pousser correctement et que le poids de celle-ci soit supporté :

« On va tester et remplacer tous les piquets qui ont été cassés, endommagés ou qui ont pourri dans la terre, et on va retendre les fils de fer, puisque c’est tout cela qui va permettre ensuite de maintenir la végétation verticalement dans le rang et donc en saison morte il faut qu’on entretienne ce palissage, de manière à ce qu’entre le printemps et l’été tout tienne correctement. »

Damien dupuy, du château Labadie © JPS

Autre opération délicate et tout aussi importante, menée par Sandrine et Sandrine, c’est le pliage des astes, ces baguettes fructifères qui a terme donneront des rameaux et des grappes de raisin : « le tailleur laisse 2 astes verticales sur le pied de vigne, le but du jeu va être de venir les plier sur le fil de fer de manière à les avoir bien horizontal, et que chacun des bourgeons laissés vont pouvoir pousser et ensuite donner des rameaux qui vont donner des raisins qui vont être étalés sur la longueur du rang. »

Des travaux à effectuer en fonction du temps aussi : le carassonnage peut se faire par tout temps, « même sous la pluie ce n’est pas un souci », « le pliage il vaut mieux qu’il fasse doux et humide car les lattes plient plus facilement », « pour le broyage des sarments il faut que le tracteur puisse passer dans la parcelle donc qu’il n’y ait pas trop d’eau. »

Impossible de s’ennuyer, car il y a aussi le travail au chai: Damien Labiche effectue ses soutirages chaque mois pour enlever les impuretés du vin : « jusqu’au mois de mai-juin, on fait tous les mois un soutirage, là on est en préparation des primeurs, c’est pour cela qu’on essaie d’avoir les vins les plus propres possibles et le plus aéré possible pour qu’ils soient présentables à la dégustation dans quelques mois ».

Damien Labiche, un vigneron passionné par son terroir © JPS

Un millésime 2019 qui depuis sa récolte continue de réserver de bonnes surprise au vigneron: « vraiment, je suis très enchanté par ce 2019, des fruits noirs, des fruits rouges, une belle concentration, des tanins très soyeux, pas une énorme structure mais une finesse des tanins, qui est idéale », commente encore Damien Labiche.

Un assemblage 60% merlot 40% malbec qui promet pour les dégustations professionnelles fin mars début avril à l’occasion des primeurs… En attendant, bon courage à tous ces vignerons et aux petites mains de la vigne.

17 Fév

A l’occasion de Blaye au Comptoir, Côté Châteaux vous propose une émission spéciale vignerons de Blaye sur France 3 NOA

Rendez-vous le 24 février à 20h15 sur France 3 NOA pour un petit plongeon au XVIIe siècle en plein coeur de la Citadelle Vauban, au clos de l’Echauguette, avec Nicolas Carreau le président du syndicat viticole de Blaye. Vous allez tout savoir sur ces 450 vignerons de cette appellation très familiale. Parmi les familles emblématiques, vous rencontrerez la famille Lardière très touchante au château La Martellerie mais aussi Eric Bantegnies qui mène un vignoble en lyre au château Haut-Bertinerie. Ce Côté Châteaux se terminera avec une dégustation menée de main de maître par Jacques-Henri Bravard du château Haut-Meneau chez Mondovino à Bordeaux pour l’opération Blaye au Comptoir.

Nicolas Carreau et Mickaël Rouyer, le président et le directeur du syndicat de Blaye au Clos de l’Echauguette à la Citadelle de Blaye © JPS

Bienvenue à Blaye, un nom bien connu pour sa Citadelle Vauban construite il y a 330 ans, mais aussi pour son terroir connu des amateurs de vin. C’est au Clos de l’Echauguette (du nom de cette petite guérite en pierre où un guetteur pouvait voir arriver toute menace) que débute cette première séquence avec Nicolas Carreau, le tout nouveau président du syndicat viticole de Blaye. Cette parcelle de 15 ares a été donnée par la ville de Blaye, charge aux vignerons de la cultiver, d’y planter du merlot, le tout mené désormais en bio (1er millésime certifié bio en 2017), avec un cheval de labour pour le travail à la vigne…

Un petit coup de jeune qui symbolise bien les vins de Blaye, avec un pied dans la tradition et un pied dans la modernité », Nicolas Carreau président du syndicat de Blaye

« On a revu entièrement notre site internet mais aussi notre communication avec un nouveau slogan « paroles de vignerons » qui symbolise bien les vins de Blaye, car derrière chaque grille de château, derrière chaque maison, il y a une famille, un vigneron, avec une vraie identité et une vraie personnalité ». Quant aux efforts effectués sur l’appellation, « on constate des gens qui s’engagent dans différentes voies, il y a le bio, également l’agriculture raisonnée, différents labels comme Terra Vitis, ou Haute Valeur Environnementale, il y a une vraie prise de conscience depuis quelques années, mais maintenant, on le fait davantage savoir et on le met aujourd’hui en avant… »

Blaye, ce sont 450 vignerons, 6000 hectares répartis sur 41 communes, des domaines essentiellement familiaux… « C’est une vraie identité blayaise, on a 450 propriétés, c’est 450 vignerons, 450 familles, et donc une vraie identité, des gens avec de la personnalité pour porter nos traditions mais aussi du dynamisme. »

Maël Joubert et sa mère Véronique Lardière au château la Martellerie © JPS

Et parmi ces familles plutôt touchantes, je vous propose de regarder le portrait de la famille Lardière. A Saint-Palais, ils sont vignerons du grand-père Didier à la fille Véronique et en passant par le petit-fils Maël au château la Martellerie. « Didier Lardière, vigneron depuis 1975 », « Véronique Lardière, je suis la fille je me suis installée en 1998 », « Joubert Maël, je suis le petit fils de Didier Lardière et le fils de Véronique Lardière ». Véronique Lardière a cette métaphore qui sonne juste pour décrire le quotidien du vigneron bordelais : « La vigne elle est comme le vigneron, au mois de mars quand on taille la vigne, la vigne elle pleure, c’est comme si elle était en souffrance, mais à la fin, elle finit par donner du fruit, avec persévérance, avec confiance… » confie Véronique Lardière. « C’est quand même difficile, vus les cours actuellement de Bordeaux et de l’Aoc Blaye Côtes de Bordeaux, c’est vraiment en chute libre », ajoute Maël.

Les vignerons, nous sommes comme notre vigne, on souffre, on pleure, mais avec l’espérance on arrivera à remonter la pente pour produire un très très bon nectar » Véronique Lardière château La Martellerie.

Un château qui a su faire preuve d’initiatives, en lançant par exemple 4 chambres d’hôtes, et en se diversifiant, avec aussi un élevage de moutons« cela fait 15-20 ans qu’on a des moutons, ce n’est pas qu’un château c’est aussi une ferme et les gens qui viennent nous voir aiment bien, ceux qui aiment les bêtes aiment les hommes… » 

Didier Lardière, le grand-père, Véronique la fille et Maël, générations de vignerons à La Martellerie © JPS

Et de me dévoiler leur « petit chai à barriques », « il y a aussi l’odeur, ici on est bien » confie Véronique. « Les vins de Blaye, ce sont des vins de partage, légers, fruités et facile à boire, mais il y a aussi la vinification qui fait aussi le reste, et nous fait des vins qu’on peut garder 20 ans… car on fait des macérations longues qui permettent d’extraire un maximum de tanins et de puissance et moi je veux un vin authentique, un vin de terroir. C’est vraiment une passion, un amour mais aussi une histoire de famille, » conclue Véronique Lardière.

Par ici le Côté Châteaux Spécial Blaye par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot : 

La suite de ce Côté Châteaux nous amène à la Maison du Vin de blaye à la rencontre de Mickaël Rouyer, le directeur du syndicat; une maison qui a une belle visibilité car juste en face de la Citadelle qui accueille à l’année plus de 400 000 visiteurs depuis le classement de celle-ci à l’UNESCO. « On trouve ici essentiellement du vin des vignerons de Blaye Côtes de Bordeaux, on a 300 références, mais aussi une 40aine de vins blancs, un peu de rosés et un peu de crémants…Le gros avantage, c’est qu’ici tous les vins sont à « prix propriété », avec des super rapports qualité-prix entre 4 et 8€ en blancs et de 7 à 8€ en moyenne sur les rouges. »

Néanmoins, la commercialisation des vins de Bordeaux et de Blaye actuellement pose problème, c’est toute une filière qui est en crise, même si « à Blaye on s’en sort un peu moins mal que les autres car on commercialise 85% en France et c’est vrai que c’est un avantage à l’heure où on parle beaucoup de la taxe de 25% aux USA, on parle beaucoup de la Chine avec cette histoire de virus et les accords commerciaux entre la Chine et l’Australie, et le Brexit pour l’Europe, donc on a des marchés à l’export un peu tendus en ce moment ». 

Notre force Blayais, c’est d’être présent sur le marché national, chez les cavistes, chez les restaurateurs, on fait Blaye au Comptoir tous les ans à Bordeaux au mois de février, on le fait aussi à Paris, donc on essaie d’inciter nos vignerons à s’occuper du marché français un marché qui a longtemps été délaissé…et qui pourtant est encore et toujours un marché d’avenir.«  Mickaël Rouyer, directeur du syndicat de Blaye.

Eric Bantegnies et son vignoble en lyre au château Haut-Bertinerie © JPS

Cette commercialisation est énorme environ 30 à 35 millions de bouteilles chaque année, « on est la 5e appellation de vins rouges vendus en France… »« on est aussi très présent en grande distribution, où là aussi c’est un peu compliqué en ce moment, avec des foires aux vins qui ont été difficiles, donc tout ce qu’on fait en Blaye Côtes de Bordeaux c’est de nous rapprocher du consommateur final…On veut que le consommateur fasse partie de la famille tout simplement. »

Et parmi ces belles histoires de famille, il y a celle d’Eric Bantegnies, vigneron depuis plus de 30 ans à Cubnezais qui exploite avec son frère Frantz un vignoble en lyre (75% en rouge à dominante cabernet sauvignon et 25% de blanc avec exclusivement du sauvignon)…

« Ce pied de vigne est dédoublé, divisé en deux bras, de façon à avoir un double palissage et à décupler la surface foliaire active, et en même temps on va aussi décupler le volume de cep de vigne par hectare, c’est une des alternatives aux très fortes densités de plantation, et donc on va augmenter sensiblement la qualité des raisins. »

Avec Mickaël Rouyer, Eric Bantegnies va nous dévoiler son chai aux 450 barriques de rouge : « ce sont les 2019 qui ont été mis en barriques au mois de décembre, puisqu’on a remonté les 2018 après 12 mois d’élevage, le grand vin est élevé en barriques neuves, des barriques de chêne français, durant une durée de 12 mois à peu près, le 2e vin est élevé en barriques d’un an et la cuvée plus classique traditionnelle en barriques de 2 ans d’âge. Chaque parcelle est élevée séparément dans des lots de barriques différents. On a 25 parcelles à peu près et à la fin on va se retrouver avec 75 lots de taille différente et de volume différents. »

Et de déguster à la barrique : « ici ce sont des merlots qui ont une quarantaine d’années, et qui sont produits sur une parcelle d’argilo-calcaire exposée plein sud, qui est une des très bones parcelles de la maison… » Eric et Frantz Bantegnies produisent à l’année 400 000 bouteilles à l’année dont 35 à 40% de 1er vin. 80% est commercialisé à l’export (Europe du Nord, Asie, Amérique du Nord) et 20% en France. Un peu plus loin, tous deux dégustent une barrique de malbec « ah là ça sent le cassis, on dirait de la crème de cassis de Bourgogne. »Le malbec est un cépage accessoire dans l’appellation Blaye, qui rentre chez nous à hauteur de 5 à 10%,

A Bordeaux et Blaye, on a assemblé depuis la nuit des temps plusieurs cépages, ce n’est pas par hasard, c’est parce qu’il y a une complémentarité entre eux, donc le malbec va apporter une petite touche qui va nous permettre, non pas d’atteindre la perfection mais presque, en tout cas d’atteindre l’équilibre idéale comme à chaque fois que l’on travaille sur nos assemblages » Eric Bantegnies châetau Haut-Bertinerie.

Cette Opération Blaye au Comptoir cadre totalement avec la philosophie maison, comme nous l’explique Jacques-Henri Bravard du château Haut-Meneau. Sa propriété existe depuis plus de 200 ans et s’est fait connaître au Japon dans le célèbre manga « les Gouttes de Dieu ». 

Il participe depuis 10 ans comme 50 vignerons à cette dégustation dans les bars à vins, chez les cavistes et restaurants de  Bordeaux les 6 et 7 février. « C’est ça Blaye au comptoir, le vigneron offre le 1er verre et va expliquer après son savoir-faire, sa production, c’est un échange, en toute convivialité et en toute décontraction et cela dura durant 2 jours en février à Bordeaux et cela existe depuis 25 ans à Paris », commente Mickaël Rouyer.

Cela nous permet de sortir un peu de nos vignes et surtout d’avoir un contact direct avec le consommateur pendant la dégustation, de voir aussi les attentes des consommateurs, de pouvoir adapter nos vinifications et assemblages en fonction des goûts et des attentes des consommateurs. »

L’équipe de Côté Châteaux Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot au centre entourés deJacques Henri Bravard du château Haut-Meneau et Mickaël Rouyer

Voici donc un avant-goût de ce numéro savoureux qui vous parlera aussi aussi de quelques accords avec la cuisine de la Kitchen à Mondowine où était présent Jacques-Henri Bravard du château Haut-Meneau lors de cette opération Blaye au Comptoir.

A vos tablettes : Côté Châteaux n° 14 Spécial Blaye en Côtes de Bordeaux dès le lundi 24 février à 20h15 sur France 3 NOA. Un numéro réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Sébastien Delalot et à voir ici sur You Tube: 

12 Fév

« Off » de Vinexpo-Wine Paris : quand les Bordeaux Pirates montent à « Paname » pour faire goûter leurs vins

Ils ont créé un groupe facebook  « Bordeaux Pirate » voilà quelques semaines. Ces vignerons de Bordeaux qui en ont marre de la sinistrose et proposent « des vins en dehors des sentiers battus » faisaient déguster leurs vins hier soir au resto le 750 g. Voici les 7 pirates en plein cœur de Panam, à l’abordage du consommateur…

David Favard du château Meylet à Saint-Emilion -JPS

En marge du salon, à quelques centaines de mètres de la Porte de Versailles, les Bordeaux Pirates ont voulu organiser un « off » avec 7 vignerons atypiques. De 17h à 22h, ils faisaient déguster leurs pépites à Panam comme ils disent….

« Là, ce n’est pas autorisé en appellation bordelaise, car c’est un vin de macération…On a travaillé un vin blanc comme un vin rouge… Vous avez laissé les peaux, oui… » L’échange est fructueux et sympathique avec Jean-Baptiste Duquesne, du château Cazebonne, qui est aussi le fondateur du groupe facebook  « Bordeaux Pirate, des vins en dehors des sentiers battus ».

« On a envie de montrer que Bordeaux, ce n’est pas que la sinistrose, avec des vracs qui ne se vendent pas cher, et de l’autre côté des crus classés qui ont du mal à s’exporter en Chine ou aux Etats-Unis », commente d’emblée JB (non ce n’est pas du whisky) Duquesne.

Jean-Baptiste Duquesne du château Cazebonne, à l’origine du Bordeaux Pirate -JPS

On a envie de monter qu’il y ,a des vignerons qui font du vin, du vin honnête et que le Bordeaux c’est bon », Jean-Baptiste Duquesne du château Cazebonne

Olivier Techer, Pom’N’Roll, fallait y penser…

Tous en ont marre du Bordeaux bashing et veulent montrer qu’ils savent faire du vin, du vin de vigneron, qui exprime leur terroir et au passage certains se défoulent sur l’étiquette comme Olivier Techer du château Gombaud-Guillot qui présente Pom’N’Roll : « une forte proportion de malbec, avec outre le côté décallé de l’étiquette, un vin plus souple, totalement élevé en amphore sur le 2017 et vinifié en cuve béton », « nous on est en bio depuis 25 ans et même en biodynamie, j’essaie juste de faire ce qui me plaît. »

Laurent Cassy, du château Chillac à Aquitaine

Ce sont de vrais Bordeaux, des vins de cépage, des vins de terroir, eà on fait du sans sulfite ajouté sur le 2017 et le 2019″, Laurent Cassy, du château Chillac.

Certains proposent encore à la dégustation du liquoreux réalisé à partir d’un cépage 100% muscadelle, comme Fabien Lapeyre avec son « Insoumise de la Peyre » (la pierre en patois) : « on est sur des vignes qui ont 70 balais, ancrées sur du calcaire, on arrive à avoir des concentration assez intéressantes (140 gr de sucre résiduel), mais le calcaire ramène beaucoup de minéralité et de la fraîcheur.

« Je trouve que c’est une démarche intéressante, car on s’aperçoit à Bordeaux qu’il y a un renouveau, des gens avec énormément de talent, une vraie expression du terroir ou du lieu », commente Loïc Pasquet venu déguster et pirate lui-même avec son Liber Pater vin produit à partir de vignes « franc de pied ».

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sylvie Tuscq-Mounet, Eric Delwarde et Xavier Granger : 

04 Fév

Thomas Fernandez, un jeune vigneron qui ne manque pas de courage à Mourens

En ces temps difficiles de commercialisation, les jeunes Bordelais croient en leur avenir et en celui de la filière viti-vinicole. A 21 ans, Thomas Fernandez vient de s’installer comme jeune agriculteur dans l’Entre-Deux-Mers en Gironde. Il est à la tête de 24 hectares de vigne, sa production sera entièrement écoulée via la coopérative de Sauveterre-de-Guyenne, dans un premier temps.

Thomas Fernandez, 21 ans, et déjà à la tête de 24 hectares de vignes © Jean-Pierre Stahl

Thomas Fernandez n’a pas froid aux yeux. A 21 ans, ce jeune vigneron titulaire d’un bac pro viticulture-oenologie au lycée La Tour Blanche vient de s’installer  comme jeune agriculteur dans l’Entre-Deux-Mers.

En décembre, il a acheté 24 hectares de vigne, un gros domaine qu’il travaille chaque jour du matin à la nuit tombée, taillant un à un ses pieds de vigne en guyot simple ou guyot double, à raison d’un peu plus d’un hectare et demi à la semaine.

Ce qui m’a poussé à m’installer, c’est le fait d’avoir déjà des parents viticulteurs, depuis tout petit j’étais dans le métier je montais dans le tracteur de mon grand-père, cela m’a permis d’aimer la vigne, d’aimer ce métier qui est quand même passionnant » Thomas Fernandez

Et de reconnaître que « oui, c’est un pari osé, mais il y a mes parents qui ne sont pas loin, si j’étais venu d’un autre métier ou d’une autre formation, je ne pense pas que j’aurais réussi à m’installer, et puis j’ai eu le soutien de ma banque »

De la passion, il en faut, car actuellement il est tout seul à effectuer le travail de la taille de la vigne, il ne peut pas vraiment se permettre d’employer des salariés son budget ne lui permet pas.

C’est sûr, 24 hectares à tailler, c’est important, mais encore une fois c’est mon métier, c’est ma passion, mais quand on réalise sa passion on est apte à faire beaucoup d’heures pour réussir son métier, surtout que j’ai le soutien de mes parents donc je ne m’inquiète pas trop. »

Quant à son projet, il l’a mûrement réfléchi : « j’ai emprunté sur 25 ans, sur une valeur de 400 000 euros de foncier où une banque m’a aidé à acheter ce bien-là. Je pense que je vais quand même souffler au bout de la 5e année et que les cours du Bordeaux vont remonter, je me sentirai quand même un peu plus libre. »

Ils sont ainsi 20 à 30 jeunes agriculteurs vignerons à s’installer chaque année comme me confirme Olivier Chapoulie, responsable des installations à la Chambre d’Agriculture de Gironde:

On n’a pas encore l’effet crise sur les intentions d’installation, cela pourrait arriver  notamment ceux qui ont des parents viticulteurs et qui vont reporter leur projet d’installation dans quelques temps…Le temps de voir si cela s’améliore, » Olivier Chapoulie de la Chambre d’Agriculture de la Gironde

Thomas Fernandez s’est assuré du soutien de la cave coopérative de Sauveterre-de-Guyenne, à qui il va vendre sa récolte durant les 5 prochaines années (avec un prix assuré  minimum de 850 euros du tonneau), et qui l’a « accueilli très favorablement ».

 « Cela va être un vrai travail de collaboration de travail de l’amont vers l’aval pour destiner les parcelles aux meilleurs débouchés possibles, à tirer vraiment tout le potentiel de son raisin et de son terroir.. » confie Céline Wlostowicer présidente de la cave coopérative de Sauveterre-de-Guyenne. « Tout le travail de Thomas sera de travailler au mieux pour élaborer des vins qui seront des moments de partage et de convivialité pour les futurs consommateurs. »

« L’avantage d’une cave coopérative, c’est qu’on va avoir à sa disposition des techniciens, qui vont pouvoir aider sur la partie viticole, sur les pratiques, les nouveautés…tout ce qui est évolutions environnementales.

« On va aussi avoir une aide sur la partie administrative, vous savez ce n’est pas simple on a parfois des décalrations à faire, des dossiers pour la PAC, pour France Agrimer, vis-à-vis des douanes, on a un service qui est dédié à ce type de demande particulière. Et puis aussi un accompagnement financier avec l’assurance multi-aléas, où la cave va mettre en place des mesures très concrêtes pour que les jeunes puissent souscrire. »

Céline Wlostowicer, présidente de la cave coopérative de Sauveterre-de-Guyenne, et Thomas Fernandez © JPS

Thomas Fernandez n’est donc pas tout-à-fait seul dans ce travail de titan qui s’annonce, il a le cuir déjà bien tanné et est non seulement prêt à affronter tous les temps à la vigne qu’il va continuer de bichonner hiver comme printemps et été… Il espère passer entre les aléas de gel et de grêle pour ses premiers pas, cela serait sympa, et compte bien voler de ses propres ailes dès qu’il le pourra, c’est en fait l’objectif de tout bon entrepreneur, qu’il soit jeune ou moins jeune. Bon vent Thomas et bon courage « Fernand » dans tes rangs de vigne.

01 Fév

A Sauternes, ça bouge en ce début d’année…

Tempête dans un verre d’eau ? Non, dans un verre de Sauternes. Alexandre de Lur Saluces a écrit fin décembre une lettre ouverte qui vise sans le nommer le propriétaire du château Lafaurie-Peyraguey, Silvio Denz, qui a fait bouger les lignes dans le Sauternais. Imaginant avec David Bolzan le Sweet’Z un verre de son second vin accompagné de glaçons et d’un zeste d’orange, pour l’apéritif dans le but d’amener par la suite de nouveaux consommateurs vers les grands vins de Sauternes. Ce qui est fort judicieux mais n’est pas du tout du goût d’Alexandre de Lur Saluces.

Adrien Cascio, le chef sommelier du château Lafaurie-Peyraguey avec le Sweet’Z © JPS

Même si le Sweet’Z a pu déconcerter au début, il s’est fait accepter de bon nombre, qui ont trouvé l’idée originale…et l’ont encensé. Début décembre, le château Lafaurie-Peyraguey a aussi lancé à l’occasion de son marché de Noël un vin chaud à base de Sauternes. Franchement, j’ai eu l’occasion de tester les deux, c’est bluffant et bon. Par ailleurs, ces initiatives ne modifient en rien la dégustation de haut niveau du premier vin ou second sans rien y ajouter.

Mais c’était sans compter l’un des gardiens du temple qui ne l’a pas entendu de la même oreille : Alexandre de Lur Saluces. Un grand nom, puisqu’actuellement propriétaire de Fargues et anciennement de château d’Yquem, depuis plusieurs siècles.  Par cette lettre que je vous restitue in extenso « qu’arrive-t-il au Sauternes ? », il interroge le consommateur et le monde du vin, et interpelle son nouveau voisin (enfin voisin depuis 2014 tout de même) et dont le château a aussi fêté ses 400 ans d’existence aussi.

Lafaurie-Peyraguey a répondu aussi tout comme ses voisins qui partagent avec Lafaurie-Peyraguey ce renouveau du Sauternes. Ils ont même créé un club des 5 qui fait bouger les lignes. Combat des anciens contre les modernes, ou querelle de bon voisinage, à vous de vous faire votre opinion. Tous sont en tout cas légitimes à se faire entendre, n’y-a-t-il qu’une seule vérité à Sauternes ? A vous de juger, sans doute que non.

Le château de Fargues, propriété d’Alexandre de Lur Saluces © JPS

« QU’ARRIVE T-IL-AU SAUTERNES ? » PAR ALEXANDRE DE LUR SALUCES

« Vous venez d’arriver dans cette appellation mythique, et c’est une bonne chose que cet intérêt, mais vous semblez convaincu qu’en l’état, elle n’a aucun avenir. Que ce vin appartient au passé. Vous voulez donc l’améliorer par différents subterfuges : des glaçons dans les verres, des zests d’orange ou de citron, de l’eau pétillante etc…

Votre idée n’est pas nouvelle : déjà, avant la première guerre mondiale, ce vin affrontait une crise qu’on cherchait à conjurer en… « champagnisant » le jus récolté en Sauternais. Entre les deux guerres, apparut une autre solution : les cocktails qui faisaient fureur aux Etats-Unis. Là aussi, échec et mat ! Vous savez donc ce qui arrivera à votre expérience malgré tous les « oui mais nous… »

En réalité, vous n’avez pas cru nécessaire d’apprendre l’histoire du Sauternes, vous êtes pressé.

Avec un peu d’observation vous sauriez comment Yquem et ceux quil’entourent, les premiers et seconds crus de Sauternes, les devanciers du 19e, 20e siècles, avaient choisi une politique de sélection extrêmement rigoureuse pour élaborer le vin qui a pris le nom de cette commune. Par la suite cette très exigeante façon de récolter a inspiré les décrets définissantl’appellation auxquels mon prédécesseur, alors Président de l’Union desSyndicats des vins de Sauternes et Barsac, avait travaillé.

A ce titre il a combattu toutes les déviances organisées pour contourner la réalité unique mais nécessaire, extravagante, de l’élaboration des vins de Sauternes avec ses vendanges par tries successives. Parmi les substituts essayés, il y eut longtemps la chaptalisation que mon grand Père fondateur du syndicat de Sauternes et ensuite mon oncle, ont combattu en souhaitant la limiter, pour raisons sociales, à quelques vignobles non classés.

L’emploi du sucre ajouté à la vendange avant fermentation n’a jamais« amélioré » le vin, il l’a banalisé et décrédibilisé. Elle est interdite., c’est une excellente chose qui va dans le sens de la qualité.

Par contre avec la « mixologie » terme qui recouvre des artifices, vous vous êtes mis sur une voie de garage avec une énergie qui sera terrible à la rencontre du mur. Et votre réputation risque d’être atteinte.

Sans doute pensiez-vous à un choc comme moyen « marketing » pour secouer le consommateur. Je vous en souhaite bonne chance. Il n’est pas si idiot, il ne se laissera pas manipuler. Il reviendra au vin d’origine, issu duchoix qu’avait distingué Françoise-Joséphine d’Yquem. Elle a eu l’intuition de demander à ses vendangeurs de sélectionner les raisins attaqués par la pourriture du champignon Botrytis cinerea. Ce parasite existe dans tous les vignobles du monde mais à Sauternes il permet d’obtenir un vin exceptionnel.

Elle a choisi la route la plus contraignante parce que c’était celle qui avait le plus d’avenir. Avec les crus voisins d’Yquem, elle a préféré la voie la plus difficile. On dit aujourd’hui « innovante ». Plus de travail, moins de vin. La loi limite nos rendements à 25 hectolitres à l’hectare. Après sélection les crus les plus recherchés, ne parviennent jamais à ce rendement équivalent à 3333 bouteilles (de 0.75l). à l’hectare. Pour obtenir la meilleure qualité ils parviennent, ces dernières années, à environ 17 hl/ha quand la nature et la météo sont généreuses soit 2266 bouteilles. Sur 20 ans, pendant lesquelles sont inventoriées toutes les catastrophes, gel, grêle, sécheresse, maladies, je table sur 1200 bouteilles avec 6500 pieds de vigne à l’hectare. Un verre par pieds de vigne.

Votre argument alors est de dire que le prix de la moindre bouteille revient à un chiffre que les amateurs n’entendent pas débourser.

Vous avez raison notre vin est très cher à produire. Comme une montre d’exception, un bijou rare, le caviar, l’eau au milieu du Sahara…Et là il y a un autre obstacle que vos cocktails ne permettront pas de franchir. C’est un obstacle commercial et un problème de promotion. C’est aussi un choix », Alexandre de Lur Saluces.

Votre obstination à croire que le Sauternes doit être dégusté avec des additifs pour l’améliorer, alors qu’il le dénature, serait mieux utilisée à la promotion de la vérité du vin de Sauternes, le vrai, l’authentique, l’original qui a été très mal transmis ces dernières années.

Il y a plus grave. Vos interventions médiatiques sont un camouflet pour tous ceux qui nous accompagnent avec leur collaboration dans nos vignes, et dans nos chais, qui vivent le Sauternes, qui vivent du Sauternes, qui habitent le Sauternais. Il y a de l’arrogance à prétendre « améliorer » notre vin de Sauternes. Comment, par exemple, attendre de nos vignerons, nosvendangeurs de s’investir pour que coule des pressoirs un jus sélectionné avec tout le temps et le soin nécessaire s’ils soupçonnent qu’en définitive,leur travail servira à faire du vin chaud pour calmer la toux hivernale.

Nos vendangeurs ne travaillent pas seulement avec leurs muscles mais aussi avec leur tête et leur cœur. Eux comme les consommateurs ont droit au respect.

Un conseil : il vaut mieux écouter les amateurs, les vrais, avant de savoirce qu’il faut leur offrir.

Il ne faut jamais oublier que le Sauternes est né de l’enthousiasme d’amateurs raffinés qui venaient en précurseurs de l’ère de l’oeno-tourisme, visiter les chais et offraient des prix très élevés pour obtenir l’achat d’une barrique de vin, accidentellement transformée par l’action du Botrytis.

Le vin de Sauternes ne mérite pas une amélioration mais une protection, celle qu’on accorde aux témoins d’une civilisation ».

Alexandre de Lur Saluces 24/12/19

Les châteaux Rayne-Vigneau et Lafaurie-Peyraguey se font face à Bommes © JPS

LA REPONSE DU CHATEAU LAFAURIE-PEYRAGUEY

« Les grands vins de Sauternes pluri-séculaires ont vécu bien des moments forts et ont toujours su relever les grands défis collectifs.

Le monde actuel pousse chacun à se remettre en question et Sauternes ne compte pas échapper à la règle.

Le Château Lafaurie-Peyraguey 1er Grand Cru Classé Sauternes, a fêté ses 400 ans en 2018. Il a fait l’objet d’une impulsion sans précédent grâce à Silvio Denz, grand amateur de liquoreux, qu’il a acquis en 2014.

La quête d’Excellence a été immédiate et lui confère plus que jamais une place de choix dans l’élite des grands vins.

Après d’importants investissements et de travaux de rénovation le Château, doté d’un Hôtel (Relais et Châteaux) et d’un Restaurant correspondants à la majestuosité des lieux et de son rang, a donné à Sauternes sa première table étoilée.

Alliant l’univers de l’Art de la table et la décoration Art Deco grâce à la cristallerie Lalique, le restaurant est le seul endroit au monde offrant à la dégustation autant de crus de Sauternes et Barsac, classés et non classés, petits et grands.

Cette recherche de l’Excellence a vu aussi le jour avec nos pairs.

L’ivresse du collectif est une sensation qui galvanise et incite à l’action. Nous avons donc participé activement à des groupes de valorisation notamment du terroir en nous alliant à nos voisins (Les 5 Premiers), initiative sans précédent dans l’histoire de Bordeaux. Mais aussi pour la région (Ambassadeurs du Sauternais) ou encore à « Sauternes Fête le vin », réunion festive et populair .

Le Sauternes est sans nul doute l’un des plus grands vins au monde, le plus émotionnel assurément.

Comme ses pairs, il doit trouver sa place dans notre mode de vie contemporain. Sans client point de salut.

Tout comme ses arômes, il a la chance d’offrir de multiples facettes, de multiples possibilités si on le propose au bon moment (fromages, viandes blanches, entrées adaptées etc ) et pas seulement sur le -toujours délicieux- foie gras et sur le -souvent trop oublié- dessert .Notre Chef étoilé Jérôme Schilling a beaucoup œuvré dans ce sens et propose un choix d’accord mets-sauternes unique au monde .

Le temps passé à table a diminué très sensiblement en 20 ans. Réjouissons-nous donc de participer à l’APERITIF, nouveau terrain de jeu où nous retrouverons …le champagne, autrefois compagnon de fin de repas.

Le Sauternes peut revendiquer une longévité légendaire mais tout le monde doit savoir que l’amateur impatient peut aussi en profiter…

Qu’il soit bu jeune, frais, très frais, frappé pour accompagner toute sorte de nourriture bien pensée, salée, amère ou acidulée en favorisant les contrastes. Avec Sauternes tout devient possible.

Les procès en sorcellerie ont vécu. La tradition doit perdurer dans la bouteille et la modernité peut exister dans les modes de consommation.

Accepter une évolution des choses nous permettra de faire perdurer nos valeurs, notre tradition. Ne nous trompons donc pas de débat, ni de combat. » David Bolzan de Lafaurie-Peyraguey

L’usure du temps n’est pas la seule stratégie qui s’offre à nous .C est à nous de proposer, de créer, d’agir en évitant les positions de posture. Les leaders doivent assumer leur statut. C’est un devoir.

S’agissant de la vente et de la promotion, le négoce bordelais amateur de nos Grands vins a bien un rôle primordial à jouer… il faut comprendre ses rouages, ses spécificités et l’accompagner … en le motivant. Sans lui point de salut.

C’est lui qui nous mènera encore et toujours au consommateur d’aujourd’hui, jeune et moins jeune, friand du bon et du beau.

Ce négoce bordelais nous aide à construire nos marques chaque jour, autour de nos terroirs. Le Territoire de Marque est complémentaire du Terroir de Marque car il en est son prolongement contemporain. Il ne faut pas les opposer.

Depuis 3 ans un florilège d’articles sur notre région de Sauternes font apparaître des noms comme Renaissance, reconquête …

Un vent de renouveau, salutaire et enveloppant, nous incite à nous réunir. Travaillons ensemble, partageons nos idées et nos savoir-faire, allons chercher chez l’autre ce qu’il a de meilleur, sans le stigmatiser, et nous redonnerons à cette belle région et ses grands vins le dynamisme dû à son rang.

L’Union sacrée est souhaitable à Sauternes, notre région le mérite, nos acteurs le réclament ».

David Bolzan, Directeur Général Château Lafaurie-Peyraguey

LA POSITION DU CHATEAU HAUT-BERGERON

« Trop sucré ! trop cher ! je ne sais pas à quel moment le déguster ou encore j’ai découvert d’autres liquoreux très fameux … les excuses ne manquent pas pour que notre Sauternes, pourtant si réputé dans le monde entier ne soit plus ou trop peu consommé …Sans nul doute, les générations qui nous ont précédées ont su prodiguer une communication massive pour qu’autant de monde sur notre planète ait entendu parler, voire déjà dégusté nos vins.

Aujourd’hui nos consommateurs ont changé, leurs goûts et leurs habitudes aussi, des consommateurs sûrement plus volages face à une offre sûrement trop diversifiée.

Il va de soi que les Sauternes doivent garder leur identité et continuer à être appréciés pour ce qu’ils sont, pour leur richesse leur fruit et leur élégance.

Cependant l’image de notre prestigieux nectar doit j’en suis persuadé être réellement dépoussiérée pour regagner un jour peut-être le haut du tableau.

Nous ne devons en aucun cas, toutes proportions gardées, nous priver de tous les efforts réalisés par certains opérateurs de notre Appellation ! » Patrick Lamothe de Haut-Bergeron.

Glaçons, zest d’orange ou de citron, cocktail divers et variés, nous ne devons rien négliger à partir du moment où nous créons et proposons des passerelles à la consommation de nos produits d’origine. Nous devons être opportunistes et travailler avec notre époque, nous devons innover, séduire et donner envie

Il n’est pas question de renier nos origines mais bien de se réconcilier avec nos consommateurs jeunes et moins jeunes en leur offrant surprises et renouveau sans quoi nous risquerions de nous exposer à court terme à une parfaite indifférence ».

Patrick Lamothe Co-propriétaire Château Haut-Bergeron

Laure de Lambert Compeyrot face à des grappes botrytisées lors de ses tries d’octobre © JPS

« QUELLE CHANCE DE NOUVEAUX ARRIVANTS » SELON LE CHATEAU SIGALAS-RABAUD

« A Paris nous étions une famille comme les autres mais en vacances nous entrions dans un autre monde. Les vacances chez mes grand mères, Marie-Antoinette de Sigalas, Marquise de Lambert des Granges propriétaire d’un premier cru classé depuis 6 générations et Marguerite de Folin propriétaire à Pomerol depuis 25 générations. Cela ne signifiait rien pour nous juste des parenthèses de bonheur. Celles qui structurent notre personnalité.

À Sales, nous parcourions la propriété de la vigne à la bambouseraie, observant à la loupe les inoffensives araignées rouges, nous émerveillant devant le raisin qui «verre», nous extasiant sur la pousse des bambous en notant chaque jour précisément les cm gagnés dans un cahier de vacances.

À Sigalas, en robe à smocks nous faisions la révérence aux amies poudrées de la sémillante Marie-Antoinette. Une ravissante aiguière en cristal ciselée trônait sur la table à thé emplie d’un liquide d’or. Avant leur partie de poker, les grandes dames des châteaux voisins se délectaient du breuvage doré, dans de petits verres en cristal de bohème du 18ème siècle le tout accompagné de quelques petits fours de Jaeger, Le pâtissier bordelais de l’époque, incontournable mais aujourd’hui disparu.

Loin de Bordeaux pendant longtemps, je suis revenue sur le tard. J’ai aimé retrouver cet art de vivre, ce raffinement, cette culture. Héritiers tout autant qu’entrepreneurs, avec mon mari nous avons décidé de nous y investir et donc d’investir.

Jaeger n’existe plus, les ravissants verres sont exposés dans une vitrine chez ma tante et les charmantes voisines poudrées ont été remplacées par la nouvelle aristocratie : les entrepreneurs visionnaires. Ils aiment notre patrimoine culturel, la beauté de nos paysages, la grandeur de nos vins. Ils ont adopté notre art de vivre, nous le vivons avec eux.

Quelle chance ! De nouveaux liens se tissent, des idées s’échangent, on dine chez les uns, on échange des whattsapp, on rit, on travaille, on avance, on se remet en question. Ensemble on relève les nouveaux challenges de notre nouveau millénaire.

Dans ma famille la tradition d’accueil est une valeur fondatrice. En retour nous bénéficions des apports de « ces nouveaux entrants ». La confrontation de nouvelles idées, le dialogue bienveillant qui instaurent des ponts entre personnes, entre générations. Dialogue respectueux qui permet de relever nos différents enjeux, les nouveaux modes de culture de la vigne, les attentes des nouveaux marchés, la conquête des jeunes consommateurs, le passage aux générations suivantes. Le flambeau de la tradition dans le sens étymologique du terme transmettre, premier sens latin de tradere. Transmettre un patrimoine vivant, transmettre un art de vivre. Un art de vivre de notre temps.

Ces vins de Sauternes si modernes et tellement délicieux ne seraient-ils pas démodés aujourd’hui dans leur aiguière ? Une vieille dame poudrée de 1970 arrivée dans notre siècle porterait-elle la même robe ? En conservant son élégance intemporelle, ne pourrait-elle s’accorder un « zest » de fantaisie ? Notre nouvelle cuvée le « 5 sans soufre ajouté » n’est-elle pas un vin innovant de son temps ?

L’innovation des modes de consommation vient-elle abimer l’élixir, ou le parer d’atours nouveaux ? Une fantaisie n’est en l’occurrence aucunement un manque de respect ni pour nos grands vins ni pour les générations précédentes », Laure de Lambert Compeyrot Sigalas Rabaud.

Ces anciens si précieux qui nous ont transmis ces valeurs d’excellence, la recherche de la précision, la rigueur nécessaire les soucis du détail, tous ces outils nécessaires à l’élaboration de nos grands vins de Sauternes pour qu’ils traversent le temps.

Les temps changent, les générations se suivent, les modes de vie changent mais les valeurs restent. Ne serait-ce pas là l’essentiel ?

Mes amis, mes enfants, mes parents, nos clients fidèles aiment nos vins d’or en cocktail à l’apéritif, sur le fromage, les épices ou l’incontournable poulet du dimanche. Ces approches nouvelles n’excluent pas les modes de consommation plus traditionnels. Les modes de consommation plus traditionnels n’excluent pas ces approches nouvelles.

Bordeaux s’est toujours enrichie par des arrivants de l’extérieur, avec leurs technologies, leurs visions, leur travail ; les hollandais au 18ème siècle avec leur allumette hollandaise, les commerçants anglais, allemands ou corréziens.

N’est-ce pas une chance pour nous ? »

Laure de Lambert Compeyrot Propriétaire Château Sigalas Rabaud

Le château Rayne-Vigneau © JPS

LE POINT DE VUE DE RAYNE VIGNEAU

« Avoir un verre à la main, sur la terrasse jouxtant le chai, admirer les vignes du Château de Rayne Vigneau qui dominent la vallée du Ciron depuis l’an 1635 et prendre du plaisir. Regarder ce terroir immuable, puissant et intemporel. Observer le raisin murir lentement au fil des saisons, patiemment, en respectant le rythme de la nature, et recueillir le miracle de Sauternes : la pourriture noble. Ainsi va l’élaboration des vins de sauternes au Château de Rayne Vigneau, comme le font tous ses voisins.

Prendre du plaisir à boire ce vin, à découvrir l’excellence recherchée par le travail des hommes, des équipes du Château de Rayne Vigneau, et toucher du doigt cette infinie complexité qui existe dans nos vins. Être touché par la délicatesse d’un Madame de Rayne à l’apéritif, son élégance, sa finesse. Et peu importe si l’on n’est habillé comme il se doit, peu importe si on ne le consomme pas comme il y a 30 ans ou même 60 ans, parce que finalement, un grand nombre des consommateurs de sauternes, qui aiment et boivent ce vin, n’étaient pas nés il y a 60 ou même 30 ans. Et ils se l’approprient, ils inventent les instants de consommation et surtout font vivre ce vin légendaire de Sauternes.

Il faut continuer à s’unir, savoir se regrouper pour encore mieux travailler. Nous le faisons, aujourd’hui, régulièrement, avec quasiment la moitié des 1er Grands Crus Classés. Ainsi naissent de nouvelles dynamiques, différentes, originales et efficaces.

Il faut regarder avec bienveillance le travail de chacun et le respecter, faire de nos différences une force » Vincent Labergère Rayne Vigneau.

Avancer, évoluer, poursuivre sont des mots qui résonnent aujourd’hui sur ce territoire de Sauternes. L’imagination des hommes, l’envie de partager, de faire découvrir nos paysages, leur beauté, sont des moteurs extraordinaires pour dynamiser notre appellation, écrin d’un vin unique au monde ».

Vincent Labergère Directeur Général Château de Rayne Vigneau

L’AVIS DU CHATEAU DOISY DAENE

« Aux confins du parc naturel des landes de Gascogne, bordée par le fleuve Garonne et traversée par le cristallin Ciron c’est dans l’appellation Sauternes et Barsac que depuis plusieurs siècles des vignerons passionnés prennent tous les risques pour produire un vin unique.

Quand on regarde vers l’Est, se dressent en fond d’écran les Côtes de Bordeaux qui donnent un panorama unique à notre vignoble.

En 1855, cette région a été proportionnellement la plus classée de tout le vignoble Bordelais. Château d’Yquem, icone mondiale illustre cette excellence et honore notre région.

Notre Famille cultive la vigne depuis 1794 dans le sauternais. Ce n’est qu’en 1924 que mon arrière grand père a pu acquérir à force de labeur dans des appellations moins nobles un petit Cru Classé : Château Doisy Daëne. Se sont depuis succédées 4 générations : Georges l’artiste, Pierre l’inventeur, Denis le chercheur et enfin ses fils ( Fabrice et Jean Jacques ) depuis 2004.

Notre génération depuis près de 15 ans guidée par l’innovation et la passion s’attache à hisser nos domaines familiaux au plus haut niveau de qualité. Des investissements d’une vie sont réalisés pour nous dépasser sans cesse tant dans le domaine du goût du vin que de l’empreinte que peut laisser notre activité. Au-delà de tous ces efforts, nous habitons nos domaines ce qui à mon sens est la plus crédible des certifications environnementales et certainement la plus belle preuve d’amour.

Depuis une décennie, nous assistons à l’arrivée de nouveaux acteurs qui croient en notre région et j’avoue être stimulé et rassuré par ces nouvelles ambitions.

Toutes les idées et les énergies guidées par le bon sens sont les bienvenues. Les changements se font rarement dans le silence et les idées nouvelles souvent raillées.

Notre famille en a fait l’expérience en produisant le premier vin blanc sec dans un cru Classé. C’était en 1948, à l’époque, son instigateur, Pierre Dubourdieu notre grand père avait été lourdement critiqué y compris par les plus hauts étages du Classement. Il croyait cependant à l’identité forte d’un vin issu exclusivement du cépage sauvignon sur le calcaire de Barsac.

70 ans plus tard, Château Doisy Daëne « grand vin sec » est vendu en quelques heures en primeur à un niveau de valorisation plutôt honorable. Nous avons pu ainsi garder la production de vin liquoreux a son plus haut niveau de qualité sans que la sélection menace notre équilibre économique.

Nous retenons donc que la vivacité des critiques d’un projet est généralement un bon indice de réussite future !

C’est avec cette culture de l’innovation et de l’ouverture que nous accueillons les nouveaux projets chaleureusement dès lors qu’ils peuvent nous aider à valoriser le travail des femmes et des hommes de notre appellation qui œuvrent chaque jour.

Si les vins de Sauternes et Barsac peuvent sortir de leur torpeur en servant les plus jeunes d’entre eux sur glace avec un zeste d’orange ou associés en cocktail à des spiritueux, pourquoi hésiter ? pourquoi émettre des réserves ? En quoi est-ce un sacrilège ? Jean-Jacques Dubourdieu Doisy Daene

L’engouement des plus grandes distilleries d’Ecosse ou des Antilles pour nos fûts usagés afin de réaliser des « Sauternes Finish » pour leur marques premium n’est-il pas un signe ? Cette association n’est-elle pas vertueuse ?

Un alignement de planète est en marche à Sauternes et Barsac, de nombreux projets oenotouristiques viennent donner de la valeur à notre travail, d’autres sont sur les rails et cet ensemble d’énergies, de volontés, de passions joue déjà un grand rôle dans la renaissance de la région.

Nos vins liquoreux sont nés d’une expérience, voire d’une forme de résilience : nous avons anobli un champignon qui est un ennemi dans tous les vignobles du monde. Nous sommes des funambules de la viticulture qui se sont adaptés pour sans relâche perpétuer cette dangereuse et passionnante aventure.

Sans doute, chez nous, comme cela a déjà été le cas dans notre histoire, il faudra que tout change pour que tout continue ».

Jean-Jacques Dubourdieu Co-Propriétaire Château Doisy Daëne

LA POSITION DU MAIRE DE SAUTERNES

« Maire de Sauternes depuis 25 ans Président de l’Association des Ambassadeurs de Sauternes chargée de promouvoir notre vin et notre territoire non seulement sur place mais à travers le monde entier en honorant des personnalités jugées dignes de nous représenter.

Arrière-petit-fils, petit fils, fils et père de vignerons Je suis un ardent défenseur de notre noble et délicieux produit qui n’est en aucun cas galvaudé par un mode de consommation différent et plus moderne à condition bien sûr de ne pas faire n’importe quoi.

Il n’est pas aberrant de déguster des Sauternes, à condition qu’ils soient jeunes sur de la glace, rehaussé avec un zeste d’agrume rappelant la typicité de ce vin

N’est-ce pas une approche pour emmener les jeunes générations à aimer ce vin pour ensuite les faire aller plus loin et déguster à l’état naturel des Sauternes plus élaborés et plus vieux Mon expérience dans différents milieux et dans le monde a fait que je sois persuadé que les initiateurs de ce concept ne se sont pas trompés, preuve, ils sont copiés par les plus grands.

Essayez avant de juger. Bonne dégustation. »

Jean-Michel Descamps Maire de Sauternes.

Une chose est sûre, Sauternes ne dort pas, et continue de faire parler, son vin mérite bien évidemment d’être mieux connu, dégusté et apprécié à la fois d’un public de connaisseurs mais aussi de nouveaux consommateurs. A eux de juger et de se faire leur propre opinion. Il y a tellement de belles choses à découvrir à Sauternes.

30 Jan

L’INAO prévoit de revoir la carte de l’appellation Bourgogne…Attention aux mécontents…

 C’est une petite tempête qui s’annonce et déplaît aux viticulteurs bourguignons. Ceux-ci ne digèrent pas le projet de révision de l’aire géographique de l’AOC Bourgogne. 64 communes en seraient exclues. Par la même occasion, certains vignobles du Beaujolais seraient désormais en Bourgogne… Cela risque de créer un petit séisme.

Vignoble de Bourgogne sur les hauteurs de Dijon © France 3 Bourgogne

Sur les hauteurs de Dijon, Manuel Olivier a planté 2,5 hectares de vigne. Il prévoit d’en planter d’autres cette année. Sauf que une partie de ce vignoble pourrait perdre le droit à l’appellation BourgogneLes vins produits y seraient déclassés sous le nom de « coteaux bourguignons », beaucoup moins rentable.

Concrètement, cela peut diviser le prix par deux… le prix de la bouteille finale par deux, le prix de la pièce par deux »Manuel Olivier vigneron.

Le Dijonnais n’est pas la seule zone concernée. Plusieurs vignobles sont visés par le projet de l’INAO… En gros, tous ceux situés au nord de la région comme le châtillonnais, le chablisien, le jovinien ou le tonnerrois pourraient ne plus bénéficier de l’appellation Bourgogne.

Pour Thiébault Huber, responsable viticole: « cette appellation, c’est notre socle ».

On est 4500 vignerons. Près de 50% ont 100% d’appellation Bourgogne, et 90% ont au moins une appellation, tout le monde est concerné » Thiébault Huber.

L’appellation remonte à 1937, quand l’INAO a créé de très nombreuses appellations un peu partout en France. Le souci, c’est qu’à l’époque la délimitation du vignoble n’a pas été terminé, et l’INAO veut achever le boulot aujourd’hui, ce qui risque de faire quelques mécontents… Il pourrait inclure dans l’appellation Bourgogne certaines communes du beaujolais, au détriment de 64 communes de Bourgogne. Alors là, cela serait une mini-révolution…

« Qu’au moins les vignerons restent en Bourgogne, qu’on ne dise pas aux vignerons de Chablis ou de Châtillon, eh bien non tu ne fais plus partie de le Bourgogne…. »

On a deux identité, on peut dire vive le Beaujolais vive la Bourgogne, mais attention à ne pas faire du Bourgogne dans le Beaujolais ! »

Les Bourguignons comptent bien se faire entendre et vont se rendre le 6 février au siège de l’Inao, cela risque d’être animé et on le comprend. Ils ont aussi lancé une campagne d’information sous forme humoristique et une pétition qui a déjà recueilli 3.000 signatures. 

Avec France 3 Bourgogne et Muriel Bessard.

Regardez le reportage de mes confrères Muriel Bessard et Guillaume Desmalles:

26 Jan

Jean-François Janoueix : la Corrèze au coeur…

Voici le portrait de Jean-François Janoueix, un pur Corrézien en terre de Saint-Emilion. Je vous propose de le retrouver demain soir à 20h15 sur la chaîne NOA pour le N°13 de Côté Châteaux spécial Corrèze. Un numéro tout en saveurs et un bon bol d’air. Avec ce personnage truculent Jean-Janoueix 84 ans.

Jean-François Janoueix propriétaire du château Haut-Sarpe © JPS

Qui dit Corrèze, dit forcément Corrèzien en terre de Bordeaux ! On compte de nombreuses familles qui sont venues s’installer dans le Bordelais, le Libournais, … Parmi elles, les Janoueix avec Jean-François Janoueix, 84 ans, un personnage truculent, haut en couleurs, des couleurs oui mais celles de sa Corrèze…

Il me montre sa robe de confrérie « ça cela explique très bien les Corrèziens venus à Saint-Emilion et à Pomerol. C’est là où les Corrèziens ont les plus grands vignobles, on bat les Rothschild, on vend du vin plus cher que celui que vendent les Rothschild dans le Médoc… » On sent la fierté de celui qui avec sa famille a réussi, à la force du poignet comme on dit. Son grand-père a commencé à vendre du vin et démarcher à vélo et en train…Son père a continué à vendre dans le Nord, la Berlgique, en Normandie, en Bretagne, …avec une camionnette, et lui en avion comme il dit.

« Ah des souvenirs, j’en ai ! Je garde, vu mon âge l’histoire des Janoueix pour dans 50 ans... » Et de me montrer tous ses albums avec son grand-père Jean Janoueix, le premier arrivé, puis son père Joseph, et lui, on en est même à la 5e génération de Janoueix ! Une famille qui se réunit tous les ans le 15 août en Corrèze, et de poursuivre en montrant ses albums sur les vendanges…« J’ai 4 livres comme celui-là… Regarde, 1962…une vendangeuse qui restera en Gironde et deviendra en 1963 mon épouse… »

Une véritable « Corrèze connection » issue de Meymac: « on a eu jusqu’à 5 banques à Meymac, même des fabricants de bouchons, cela a enrichi le pays, c’était colossal… » Et de s’arrêter aussi et bien sûr sur celui qui disait « c’est loin mais c’est beau » quand il sillonnait sa Corrèze et sa France, Jacques Chirac, aussi en photo : « il est venu ici comme Bernadette »…e

Les fameuses camionnettes avec lesquelles la famille livrait…JPS

Et de montrer ses voitures de collection, de vieilles camionnettes « une Citroën de 1924 et une Delahaye de 1928 » avec lesquelles son père Joseph Janoueix faisait les livraisons, « tu vois tout cela je garde tout, et elles marchent, chaque fois qu’on fait des mariages ou qu’on reçoit des clients… »

Quand on conserve le passé, on conserve l’amour de nos grand-parents, de nos parents et par ce passé ils vivent encore » Jean-François Janoueix

On ne l’arrête pas Jean-François « là ce sont mes moutons corréziens, et là le coq Sarpinus, un brama de 4?6 kilos, je l’ai échangé au concours agricole de Paris contre 12 bouteilles de Saint-Emilion…Tout ce qui est là vient de la Corrèze, de mes tantes, de mes cousins, ils me disaient, jean-François comme cela tu penseras à nous… »

Jean-François Janoueix avec son épouse Françoise, vendangeuse rencontrée en 1962, qu’il a épousé en 1963 © JPS

Enfin, arrive la dégustation des vins de 2 de ses nombreuses propriétés Haut-Sarpe 2015 et Castelot 2010: « le Haut-Sarpe, c’est un vin de rôtis un vin de chasse…ça passe tout seul…

Moi ce que j’aime dans le vin, c’est la rémanence, c’est le souvenir » Jean-François Janoueix du château Haut-Sarpe

« Quand on a reçu Maurice Druon, on voulait ouvrir une belle bouteille, et mon fils avait acheté chez Sotheby’s un Haut-Sarpe de 1904… J’ai goûté les plus grands vins du monde, j’ai eu cette chance-là… » Et de porter un toast: « à la Corrèze et merci de ce que vous faites pour la Corrèze et les grands vins de Bordeaux… »

A voir le portrait de Jean-François Janoueix dans le Côté Châteaux n°13 Spécial Corrèze ce lundi 27 janvier à 20h15 et 23h15 sur NOA

Regardez Côté Châteaux N°13 Spécial Corrèze, réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot, avec notamment le portrait de jean-François Janoueix :