04 Juil

Coté Châteaux n°8: une émission spéciale 20 ans de la Juridiction de Saint-Emilion à l’Unesco

« On n’a pas tous les jours 20 ans, ça n’arrive qu’une fois seulement… » Pour Saint-Emilion, cela a été une grande fête du vin, du jazz et du patrimoine, qu’a suivie l’équipe de Côté Châteaux Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot. Un numéro spécial de 20 minutes, car 20 ans, à voir sur NOA à partir du lundi 8 juillet à 20h15.

Sébastien Delalot, Jean-Pierre Stahl et Alain Naulet Jurat place de l’Eglise © JPS

Qui dit Juridiction, dit Jurade. C’est au beau milieu des Jurats de Saint-Emilion que commence ce numéro 8 de Côté Châteaux, car chaque soir des 28, 29 et 30 juin avait lieu un défilé des Jurats dans les rues en pente de la Cité médiévale. En coeur, les Jurats prêtaient ce serment, avant le défilé :

Demeurez-vous les gardiens d’une grande tradition ? Oui, nous le voulons… Autorisez-vous ces barriques à traverser la Cité pour que leur soit apposée la marque à feu ? Oui, nous le voulons… »

Et c’est tout naturellement qu’Alain Naulet, Jurat,figure comme le premier invité de l’émission, pour nous décrire cette tradition séculière : « cette fête est très, très importante, cette Jurade a été créée en 1199 par le roi d’Angleterre Jean Sans Terre. Elle a manifesté depuis ce temps-là un intérêt tout particulier aux vins de Saint-Emilion, à la Cité. Depuis on a eu le classement, aujourd’hui reconnu par des organismes officiels, mais déjà c’était à l’époque les prémices d’avoir du bon vin à Saint-Emilion ».

Le cortège de Jurats de Saint-Emilion, passant devant la salle des Dominicains et la mairie © JPS

Les Jurats défilent traditionnellement deux fois dans l’année, le 3e dimanche de juin et le 3e dimanche de septembre. « Ce sont des chapitres importants, on a toujours une quinzaine de pays représentés, et une cinquantaine d’intronisations. C’est très solennel et les gens sont ravis » d’être intronisés.

Chaque soir de cette fête des 20 ans était reconstituée la cérémonie de la marque à feu du vinettier. « A l’époque, les Jurats se réunissaient, ils avaient une marque à placer sur les barriques ».

Les vins étaient dégustés et s’ils étaient reconnus bons, marchands, on apposait sur la barrique la marque à feu, le sceau de la Jurade, cette marque disait que les vins pouvaient être consommés, commercialisés », Alain Naulet Jurat

Et tout ce qui n’était pas accepté à ce moment-là devait être mis au feu, détruit.

Pour bien comprendre ce qui est rentré dans cette inscription au patrimoine mondial de l’humanité, un reportage réalisé avec Jean-Michel Litvine, vous immerge dans le St Emilion, cité millénaire.

Nous retrouvons ensuite Franck Binard, directeur du Conseil des Vins et co-organisateur des festivités qui revient sur ce qui a motivé cette inscription, actée le 5 décembre 1999 : « 2000 ans d’histoire, ce sont les paysages culturels qui ont été reconnus comme devant être protégés et une partie majeure de l’homme et de l’Humanité ». 

Saint-Emilion à l’Unesco : « ce sont les vallées, les terrasses, les coteaux, la plateau, mais aussi les arbres, le patrimoine bâti, aussi les petites maisons de bordier, un patrimoine  séculier ainsi que 200 kilomètres de carrières qui sont protégés« , Franck Binard.

Franck Binard revient également sur les 3 projets qui ont été mis en oeuvre tout au long de cette année pour célébrer les 20 ans : « la transmission aux générations, c’est un pilier pour sensibiliser les enfants avec l’environnement visuel magique qui est le leur au quotidien, à l’environnement et à la biodiversité. Il y a aussi « la plantation de 20000 arbres car c’est un paysage culturel fort de centaines d’espèces arborées »…

20 ans, ce sont 20 sites où des tables de lecture ont été disposées partout dans la Cité et autres villages pour « donner des éléments de comparaison au visiteur sur ce qu’il est en train d’observer avec des photos historiques et du texte. C’est un parcours initiatique pour rentrer dans cette histoire. »

Ce magazine vous offre aussi de rencontrer un personnage de Saint-Emilion le Comte Stephan von Neipperg, qui a réussi à élever au rang de 1er cru classé B de Saint-Emilion, deux de ses châteaux… « Jean-Pierre, ravi de vous recevoir au château Canon la Gaffelière » « Cela fait 35 ans que j’ai repris Canon la Gaffelière en 1984, et c’est là où a commencé le fondement de nos vignobles Comtes von Neipperg.

Je viens d’une famille de vignerons, de l’autre côté du Rhin, depuis 8 siècles, je suis la 37e générations de viticulteurs mais la 1ère émigrée ici », Comte Stephan von Neipperg.

En faisant le tour de son chai à barriques, on se rend compte que ce 2018 qualifié de « génial » a été sauvé des eaux…« avec ce temps affreux, jusqu’en juillet, les Bordelais ses souviennent, on était au bord de la crise de nerfs, car il n’a pas arrêté de pleuvoir, et aussi avec ce mildiou. » Et de déguster à la barrique:

Ce que l’on recherche dans les grands vins, une vivacité, une buvabilité, ça doit être soyeux, et qu’il y ait de la structure, de la puissance, c’est un vin qui doit avoir une capacité à aller dans le temps,  » Comte Stephan von Neipperg.

Et de sillonner avec Mr le Comte les terroirs de Saint-Emilion : il en a recensé 4 au minimum, dont ce fameux terroir calcaire, sur le plateau à la Mondotte, l’autre château classé en 2012 (1er cru classé B): « ici on a des vignes de 80 à 90 ans, aujourd’hui on travaille avec nos sélections », La Mondotte comme Canon la Gaffelière est en bio:  « je veux revenir à quelque chose d’humain, d’artisanal et de vivant. » 

Un reportage tout en saveur avec une dégustation sous une tonnelle du château Canon Lagaffelière d’un millésime 2009 (tiens un autre anniversaire, 10 ans), en compagnie de la relève Ludovic qui a ce regard sur la réussite de son père « ce n’est pas du jour au lendemain qu’on transforme un vignoble en agriculture biologique; tout cela prend du temps, et la nature n’aime pas les grands chocs… » A l’époque, quand il s’est converti au bio, il était qualifié par certains de révolutionnaire, aujourd’hui il est ce que d’aucun qualifierait un visionnaire…

Comme Côté Châteaux est généreux, il va pousser pour vous les portes d’un 1er cru classé A et rencontrer Pierre Lurton, pdg de Cheval Blanc : « c’est un cru classé A depuis 1954, qui partageait la tête du classement avec Ausone, et puis nous avons vu arriver Angélus et Pavie en 2012. »

La caractéristique de Cheval Blanc, c’est le cabernet franc (60% dans l’assemblage et 40% de merlot). C’est la magie du terroir de a vallée de l’Isle que l’on partage avec nos illustres voisins Pétrus, l’Evangile, la Conseillante, Vieux Château Certand, Figeac et la Dominique » Pierre Lurton.

Et de commenter ce millésime 2012 : « on a cette juste maturité du cabernet franc qui donne ce côté mentholé avec des notes un peu de cassis, un peu de cabernet sauvignon, c’est le poivre dans la sauce, mais c’est surtout le cabernet franc qui fait Cheval Blanc. »

Côté châteaux avec Pierre Lurton © Sébastien Delalot

La suite de la visite se poursuit avec un badge, dans le fabuleux chai dessiné par Christian de Porzamparc : « ces cuves sont absolument incroyables, avec des formes sensuelles, mais techniquement répondant aux critères que l’on voulait : autant de cuves que de parcelles. Ce sont des cuves italiennes, d’une grande pureté de lignes, dans ce chai, les équipes s’y sentent très bien et il y a beaucoup de précision dans le travail », poursuit Pierre Lurton.

La visite se termine sur le toit végétalisé de ce chai en forme de double vague, avec cette terrasse qui donne une superbe vue sur Pomerol et les autres châteaux de Saint-Emilion. Et de commenter  l’autorisation qui a été donnée de construire ce nouveau chai,livré en 2011, alors que l’inscription Unesco était intervenue 10 ans plus tôt: « les gens ont vu tout de suite une vision élégante de ce chai et il y a eu une grande ouverture d’esprit ». Ces nouvelles constructions ont continué à « donner à Saint-Emilion son rang de paysage unique et merveilleux. »

Ces 20 ans ont aussi été dignement fêtés avec la tenue concomitante du 8e Saint-Emilion Jazz Festival. En dernier invité d l’émission, Dominique Renard, son fondateur, revient sur les grandes heures du SEJF avec « Earth Wind & Fire, Chick Corea, Neil Rogers, Cécile Mc Lorin, cela va du jazz jusqu’à la soul là ce soir on a des concerts de funk, avec Oakland et Rix. On va aussi avoir Kid Créole and the Coconuts, il vont mettre le feu sur scène. »

Franck Binard, directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion et Dominique Renard, fondateur du Saint-Emilion Jazz Festival, on en est au 8e ! © JPS

Dominique Renard qui a passé une belle carrière dans le monde du vin confie que tout ce qui l’a guidé ces dernières années :  »

C’est la passion de la musique et pour le village de Saint-Emilion que j’aime par dessus tout et qui a conservé son aspect médiéval. Le vin et la musique, cet assemblage me plaît beaucoup », Dominique Renard.

Et Côté Châteaux termine également sur le banquet inaugural des 20 ans en bord de Dordogne à Vignonet, un banquet champêtre avec musique d’autrefois, avant de faire un dernier saut dans la douve du Palais Cardinal pour faire partager au plus grand nombre ces moments exquis de célébration des 20 ans de l’inscription de la Juridiction de Saint-Emilion au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

A VOS TABLETTES :

Côté Châteaux n°8 à voir sur NOA la chaîne 100% Nouvelle-Aquitaine de France 3 (chaîne 339 sur Orange, 455 sur SFR, 337 sur Bouygues ou encore 326 sur Free, en en direct sur internet en tapant NOA):

  • lundi 8 juillet à 20h15 et 22h30
  • mercredi 10 juillet à 11h15, 17h30 et 0h
  • jeudi 11 juillet à 4h15
  • vendredi 12 juillet à 11H, 20h15 et 23h15
  • dimanche 14 juillet à 7h15

30 Juin

Canicule : incroyable, des vignes brûlées par le soleil dans l’Hérault et le Gard

L’épisode exceptionnel de canicule a fait de nombreux dégâts dans les vignes de l’Hérault et le Gard. Ces vignes ont été particulièrement touchées. Un phénomène plutôt rare mais qui est dû à l’intensité de la chaleur et du soleil.

Des vignes brûlée, du jamais vu près de Montpellier après la canicule / © Sébastien Banus de France Languedoc Roussillon

Dans les vignobles autour de Montpellier, les vignes semblent avoir brûlé au soleil. Emilien Fournel, viticulteur à Sussargues, n’en revient toujours pas. 50% de sa production de vigne a été détruite.

C’est du jamais-vu. En principe au mois de juin les températures sont moins fortes. À cette période-là, les feuilles sont moins dures, et avec cette chaleur, elles n’ont pas réussi à résister »,  Emilien Fournel  viticulteur à Sussargues.

À Saint-Génies-des-Mourgues, même constat dans cette vigne de Carignan, un cépage ancestral. Les raisins ont grillé ; une situation inédite pour Jérôme Despey, président de la chambre d’agriculture de l’Hérault et viticulteur depuis 30 ans. 

Je me suis douté que la vigne allait être touchée par la canicule, sachant que l’on était en vigilance rouge, mais de là à êtrepar endroit comme brûlée au chalumeau… Normalement, le Carignan résiste. Ça fait mal aux tripes, parce qu’on est désarmé face à cette situation et ces évolutions climatiques qui doivent nous interpeller », Jérôme Despey.

Le préfet a été saisi par les organisations syndicales. Une réunion de crise aura lieu lundi 1er juillet pour évaluer les dégâts qui s’annoncent très importants pour le vignoble local. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, qui sera en visite dans le Gard vendredi 5 juillet, notamment pour l’inauguration du Mas des agriculteurs, pourrait être interpellé sur cette question.

Avec Emma Derome et Sébastien Banus de France 3 Occitanie.

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Languedoc Roussillon

24 Juin

Côté Châteaux invité d’Ensemble, c’est Mieux…

Côté Châteaux a été convié par Christophe Zirnhelt à participer à son émission du matin « Ensemble, c’est mieux » sur France 3 Nouvelle-Aquitaine. L’occasion de parler du blog, de l’émission Côté Châteaux, sur NoA et de faire le point avec lui sur le vignoble de Nouvelle-Aquitaine et les grands défis qui s’annoncent pour les prochaines années: notamment le réchauffement climatique ou encore l’oenotourisme. Un joli tour d’horizon ensemble, c’est mieux !

Christophe Zirnhelt et Jean-Pierre Stahl, sur le plateau d’Ensemble c’est mieux !

Les voyages forment la jeunesse et comme Côté Châteaux tient à rester jeune… Rien de telle qu’une petite balade à Limoges pour l’émission « Ensemble c’est mieux ! », cette fameuse émission du matin sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, présentée avec brio par le sémillant Christophe Zirnhelt. Cette émission d’accompagnement offre toute une série d’infos « service » qui sont utiles dans le quotidien des gens, comme ce matin avec Jacques Robert, président de l’UFC-Que Choisir Limousin qui vous aide à y voir plus clair sur le choix de votre fournisseur d’énergies, et Dieu sait qu’il y en a aujourd’hui.

Par ailleurs, Christophe avait décidé de parler de vin et c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers Côté Châteaux pour faire un joli tour d’horizon sur le monde du vin en Nouvelle-Aquitaine. C’est en effet la 2e région productrice de France avec 216000 hectares de vignes, juste derrière l’Occitanie. C’était aussi pour lui l’occasion de faire connaître au plus grand nombre le blog Côté Châteaux, de votre serviteur, qui totalise à ce jour 2 millions 400 000 pages lues, mais aussi l’émission éponyme, Côté Châteaux sur NoA, dont la prochaine va être tournée ce week-end avec Sébastien Delalot à l’occasion des 20 ans de la Juridiction de Saint-Emilion classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE EN QUESTION

Et puisque les températures actuelles sont caniculaires, c’était l’occasion de parler de réchauffement climatique… Le premier constat : on fait du vin là où on n’en faisait pas avant, notamment en Grande-Bretagne : on y compte 500 domaines, qui produisent surtout des vins blancs vifs et marqués par l’acidité, un peu de rosés, mais surtout des vins effervescents des Sparkling Wines car les Anglais sont de gros amateurs de champagne, à l’instar de leur ancien Premier Ministre Winston Churchill qui buvait du Pol Roger qui a amené finalement les alliés à la victoire !

L’autre conséquence, c’est l’augmentation du degré d’alcool dans le vin. Autrefois, vous aviez des raisins qui avaient du mal à produire de l’alcool, on était autour de 10° , et les vignerons avait recours à ce qu’on appelait la chaptalisation pour arriver  à des 12 à 12,5°. Aujourd’hui, finie la chaptalisation. Cela tient à deux choses, d’une part on cherche à faire de meilleurs vins, il n’y a plus de bans des vendanges où le coup d’envoi était donné et tout le monde vendangeait en même temps, là, on goûte le raisin, on fait du parcellaire, et on recherche la bonne maturité, parfois trop, pour lancer la récolte.

D’autre part, le réchauffement, cela se traduit par des dates de vendanges toujours plus avancées : l’an dernier on a commencé à vendanger fin juillet dans le Languedoc Roussillon, à Bordeaux vers le 20 août pour les 1er  blancs, et mi-septembre pour les rouges.

Qui dit réchauffement dit également une multiplication d’événement climatiques : le gel, avec un débourrement qui a eu lieu avec 15 jours d’avance cette année avec un mois de février très chaud, s’en sont suivies deux périodes de gel vers la mi-avril et le premier week-end  de mai qui ont impacté à hauteur de 10 à 15% le vignoble de Bordeaux. L’autre événement dramatique, c’est bien sur la grêle, celle qui s’est abattue la semaine dernière à Bordeaux et sur d’autres vignobles en Rhône-Alpes, Crozes-Ermittage et Apremont notamment. Des événements qui ont été intenses, en 2017 pour le gel aec 40% de récolte en moins à Bordeaux ou en 2018 pour la grêle, impactant Cognac et Bordeaux.

Une émission au cours de laquelle les pistes d’évolution des cépages ont été évoquées avec notamment le merlot qui risque d’être impacté par ce réchauffement, surtout quand Bordeaux continue à rechercher à faire des vins fins, élégants. Inutile de vous dire que certains pensent que les cépages du sud pourraient être la solution, mais avec la problématique de perdre en identité… Pour l’heure, ils ne sont pas autorisés dans les cahiers des charges des appellations…

UN ZOOM SUR L’OENOTOURISME EN PLEIN BOOM

Une émission aussi qui évoquait, avec ces belles journées d’été qui s’annoncent, une invitation à visiter les propriétés… Une tendance forte avec le boom de l’oenotourisme ces 15 dernières années.

Les premières routes des vins dans le Bordelais ont été ouvertes il y a 10 ans,  et cela a été un succès fulgurant, alors même qu’en Alsace la route des vins remonte à 1953… 

Un chiffre en 15 ans, les touristes ont été multiplié par 3 à Bordeaux. Avec les classements à l’Unesco de Bordeaux, Saint-Emilion, la Citadelle de Blaye, cela a boosté l’afflux de près de 20% dès le classement.  Aujourd’hui près de 50% des touristes reconnaissent qu’ils viennent non seulement pour la ville, le lieu de villégiature comme le Bassin d’Arcachon, l’Ile de Ré mais aussi pour le vignoble et la découverte de châteaux, domaines et maison de Cognac.

Le potentiel est énorme en France, 10 millions d’oenotouristes sur 82 millions de touristes étrangers et le potentiel de touristes français que l’on connaît. C’est pour cela que vous avez de plus en plus de salons qui se montent notamment à Bordeaux des speed datings ou workshop oenotourisme avec des tour-opérateurs français et internationaux pour inciter à venir dans les vignobles ou encore à la Cité du Vin, ouverte depuis 3 ans et qui compte 1 million 300000 visiteurs. Un succès que l’on doit notamment à l’imagination des architectes d’XTU Anouk Legendre et Nicolas Desmazières qui ont dessiné sur le papier le mouvement du vin dans un verre et le résultat en bord de Garonne est bluffant !

COUP DE CHAPEAU A CHRISTOPHE ZIRNHELT

En tout cas merci Christophe Zirnhelt pour cette invitation. Je sais que tu enregistrais là ton avant-dernière émission car comme tu l’as annoncé hier sur Facebook « Le livre écrit avec vous pendant 22 ans va se refermer. J’ai décidé en accord avec ma direction d’arrêter le métier de présentateur et de producteur artistique d’émissions tv. ».

Je tiens à te dire combien les téléspectateurs et moi-même nous avons apprécié ton professionnalisme à l’antenne durant toutes ces années et notamment pour tes dernières émissions « 9h50 le matin »et « Ensemble c’est mieux ! » Ta présentation étais une bouffée d’air frais dans ce monde de la télé, avec une générosité et une grandeur d’âme, le tout très informatif, une info décontractée, décalée, du matin quoi. Chapeau l’artiste.

 

19 Juin

Nouvel épisode de grêle dans le Bordelais : quelques dégâts, notamment au château l’Escart

Bordeaux est passé pas loin d’un nouveau désastre à cause des orages d’hier soir. Rien de méchant dans l’ensemble, mais certains épi-phénomènes de grêle ont bien impacté des propriétés qui avaient déjà gelé au printemps comme le château l’Escart à Saint-Loubes en Gironde.

Gérard Laurent a constaté ce matin les dégats dans son vignoble, de nombreuses grains de raisin à tere ou fendus © JPS

Vigneron en biodynamie, Gérard Laurent vient constater les terribles dégâts de l’orage de grêle qui s’est abattu juste avant minuit au château l’Escart, 36 hectares à Saint-Loubes. « Une grappe comme ça, cela porte entre 130 et 170 graines, et là il doit en rester une trentaine quoi… »me précise Gérard Laurent.

Là, c’est encore un méchant coup du sort… Le feuillage est complètement haché et surtout il y a énormément d’impacts de grêle sur les grappes en formation, à première vue on a perdu 50% des graines en développement et sur les 50% qui restent, il y en a un grand nombre qui sont impactés, qui ne vont pas se développer et sécher en l’état, » Gérard Laurent vigneron au château l’Escart.

On peut remarquer le changement de couleur des baies touchées 10 h après l’impact, elles finissent par brunir © JPS

De nombreuses feuilles sont hachées, des grains ou baies de raisin en formation à terre, quand ils ne sont pas éclatés (et déjà brunis) par des grêlons de 1 à 2 centimètres de diamètre…

C’est une nouvelle épreuve pour Gérard Laurent, qui en 25 ans n’a jamais connu autant d’événements climatiques : la grêle cette nuit et trois jours de gel les 13 avril et 5 et 6 mai derniers. D’habitude, il produit 150 000 à 180 000 bouteilles en en Bordeaux Sup et Cadillac Côtes de Bordeaux, mais là sa récolte semble pas mal compromise cette année.

On a vécu déjà deux période de gel, avec plus ou moins d’intensité mais quand même assez fortes, on estimait avoir perdu 50% du potentiel de récolte, là c’est le coup de massue sur ce qui était reparti et même bien reparti, là je suis un peu abasourdi, effondré, à minuit vu l’intensité de l’orage et de la grêle qui tombait, je craignais le pire et le pire est bien là. »

Gérard Laurent va essayer de cicatriser sa vigne cet après-midi, avec son savoir faire de biodynamiste, avec de la teinture d’arnica et une décoction de plantes, mais cela ne ramènera pas un feuillage haché, tombé, très important pour la photosynthèse et les grains disparus.

Gérard Laurent était assuré, malgré tout l’assurance est calculée sur la production des 5 dernières années, avec dedans 2 énormes événements climatiques. Son château avait en effet subi l’énorme épisode de gel en 2017.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sylvie Tuscq-Mounet au château l’Escart :

LES REACTIONS DES RESPONSABLES DE SYNDICATS VITICOLES, DE L’INTERPROFESSION ET D’AUTRES VITICULTEURS

Le Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Hervé Grandeau témoigne ce matin pour Côté Châteaux : « il n’y a pas l’air d’y avoir de gros dégâts… J’ai eu peur à 11h30, à titre perso, j’ai pris à Yvrac, le feuillage et quelques grappes touchées, mais c’est un épi-phénomène. J’ai eu une dizaine de professionnels avant 8h, il y a eu de petits couloirs de grêle mais pas de désastre pour Bordeaux.

Christophe Chateau du CIVB : « on a fait le tour, visiblement pas de dégâts, de l’eau et un peu de grêle mélangé à l’eau, heureusement on est passé à côté. En fait c’est arrivé par l’ouest par Arcachon, puis c’est remonté vers le nord de la Gironde. »

Impacts de la grêle sur les grains à Néac en Gironde © Carine Delacroix

En Pessac-Léognan où le syndicat avait une réunion technique ce matin, Philibert Perrin son président commente : « non, non, pas de dégâts en Pessac-Léognan, ça a tonné, quelques goûtes, peut-être plus dans le Médoc… »

Dans le Blayais, « pas de retour d’impacts de grêle » ce matin commente Franck Jullion, le président du syndicat Blaye Côtes de Bordeaux, pas de retours inquiétant du côté de Bourg selon Didier Gontier.

Nicolas Lesaint, responsable technique du château de Reignac à Saint-Loubes reconnaît avoir aussi été « touché sur 1,5 hectares à 50%, on a eu 20 millimètres de pluie, mais c’est passé à ras… » De même pour le château Vincent : « nous aussi impactés sur Saint-Loubès »

L’ODG Médoc Haut-Médoc et Listrac, en la personne d’Hélène Larrieu sa directrice : « il y a eu de la pluie et grêle mêlée mais on a eu très peu de retours des propriétés, il n’y a pas eu de dégâts significatifs sur notre secteur de Blanquefort à Virsac. »

16 Juin

La Belle Epoque renoue avec la tradition des belles brasseries bordelaises d’antan

C’est une nouvelle page d’histoire qui s’écrit pour la Belle Epoque, l’une des plus vieilles brasseries de Bordeaux, qui remonte à 1865. Un trio gagnant du monde du vin a décidé de lui redonner tout son cachet et de mettre en avant des pépites et vins de Bordeaux. Sophie Wolff, Laurie Mouyen et Marcello Roudil vont faire revivre ce bel endroit situé sur les quais et décoré de faïences Vieillard.

Sophie Wolff, Marcello Roudil et Laurie Mouyen, à la tête de la Belle Epoque © JPS

1855…1865 ! La Belle Epoque a ouvert 10 ans après le fameux classement des vins de Bordeaux, réclamé par Napoléon III. Lorsqu’elle ouvre, l’Empereur est encore au pouvoir, mais dans la seconde partie de son règne, un peu plus éclairé, moins absolutiste. Avant d’être ce restaurant que tout le monde connaît, il s’agissait d’un hôtel, l’Hôtel de Nantes, qui aujourd’hui a disparu, mais dont demeure cette salle de restaurant et le fumoir. C’est en 1870, que la décoration actuelle a été exécutée, le propriétaire souhaitant un décor inspiré de ce qui se faisait de mieux à Bordeaux à l’époque, les faïences de la faïencerie Vieillard : Amédée Caranza s’inspira ainsi des motifs abstraits et végétaux que l’on retrouve dans la céramique orientale et qui ornent les murs et plafonds.

Partout sur les murs, des faïences Vieillard, un décor imaginé par Amédée Caranza © JPS

« J’ai toujours adoré cet endroit, j’y venais déjà avec mon grand-père », me confie Sophie Wolff, « fille et ex-femme de négociant » (comme elle aime se définir), qui dirige la Belle Epoque avec ses deux associés. Restauratrice, elle a commencé il y a 25 ans, a travaillé « chez Jean-Marie (Amat) au Saint-James », au Café des Quinconces, au Bistrot Bordelais et avait repris avec un associé le Café de Lugon à la gare… « Je me disais qu’il y avait quelque chose à faire ici, en petit dépoussiérage, en gardant bien sûr ces faïences qui sont classées. C’est très gai cet endroit. » 

« L’idée était déjà de remettre la Belle Epoque dans le jus, on a repeint les murs en blanc, pour réhausser les faïences; avant c’était une couleur plutôt jaune et sombre sur les murs », commente à son tour Marcello Roudil. Marcello est le directeur du Bachelor Commercialisation des Vins et Spiritueux et du MBA 1 Wine & Spirit à l’INSEEC, l’école de commerce de Bordeaux dont il a accompagné son développement (« en 2006, on avait 50 étudiants, aujourd’hui 450… »). « Moi, je passe devant la Belle Epoque tous les jours, j’ai des bureaux près du conservatoire et habite près de l’Intendant. Je venais y déjeuner, passais aussi en tramway et voyais la terrasse souvent vide, je cherchais une activité connexe dans l’esprit de ce que je faisais déjà, et je me suis intéressé à l’affaire. Une amie, Nathalie, m’a présenté Sophie, qui est devenue mon associée. »

Cette nouvelle casquette pour Marcello Roudil est venue aussi tout naturellement: « je suis au resto tous les jours, je n’ai qu’une petite cuisine chez moi, et je passe mon temps dans les restaurants…En plus, j’ai le sens du détail et du service, je fais le service ici une fois par semaine, j’aime, cela permet de comprendre ce qui se passe, de parler avec les gens et d’être au service au sens propre… » Marcello Roudil a les yeux qui brillent, il aime le contact, les gens, parler et les recevoir, il se souvient d’ailleurs de ses débuts dans le commerce, lorsqu’il menait de front ses études de droit, il voulait à tout prix rentrer chez Weston, cela était pour lui un rêve, il l’a réalisé. Un peu comme la Belle Epoque aujourd’hui. De plus, il est aussi associé à Laurie Mouyen, ancienne avocate et camarade de fac de droit, également directrice du Bachelor Real Estate à l’Inseec. « Moi, je suis passionnée d’art depuis toujours, je vais beaucoup au resto et j’ai envie que les gens viennent ici et s’approprient le lieu ».

Laurie Mouyen ne manque pas d’idées, comme avoir réalisé une carte des petits princes et princesses à colorier, avec à la base une photographie détourée par Arnaud Brukhnoff de la place des Quinconces…à garder en souvenir. Une idée qui a même plu à des touristes étrangers adultes venus se restaurer, et qui ont gardé leur propre oeuvre. Laurie a travaillé aussi avec Christine Valette (cf ancienne propriétaire de Troplong Mondot à Saint-Emilion, malheureusement disparue) pour l’ouverture des Belles Perdrix, et depuis « j’ai toujours eu envie d’avoir un restaurant… » De plus elle a eu cette idée originale : « on souhaiterait renouer avec un menu Belle Epoque, avec des plats traditionnels de 1900-1920, pour avoir cette continuité historique car le lieu est très très beau… » 

Marcello Roudil, Laurie Mouyen, Sophie Wolff, Vincent Vigneau, le chef SteeveJudith et les reste de l’équipe © JPS

Quant à la carte des vins,  » on souhaite avoir 25 à 30 références, je bosse avec Alexandre Morin, sommelier consultant, sur certaines et Nicolas Touchez, qui lui est un dénicheur de vins à Paris », explique Marcello Roudil. « Je travaille un tiers avec l’un, 1 autre tiers avec l’autre et pour le dernier tiers ce sont les vins des amis…comme le blanc, le Thieuley  des soeurs Courselle, le rouge de Haut-Marbuzet, on travaille aussi avec Nicolas Despagne (Maison Blanche) et François Despagne (Grand Corbin Despagne), Olivier Fleury du château Pavillon à Sainte-Croix-du-Mont. Je fais goûter le vin à tout le monde et je vois à qui ça plaît et pourquoi ça ne plaît pas. En tout cas, on ne fait pas de gros coefficient sur le vin, moins que l’ancien propriétaire, proposé au verre ou à la bouteille…L’idée est de faire aussi une autre carte en parallèle, avec des crus classés ou assimilés, comme des crus bourgeois ». Alors que bon nombre de commentateurs critiquent les restaurants qui n’ont pas ou peu de Bordeaux à leur carte, ici ce n’est pas le cas bien au contraire :  » Les gens prennent beaucoup de Bordeaux parce qu’on a pas mal de clientèle étrangère qui passe ici, on a beaucoup de gens qui apprécient les vins blancs. J’ai aussi l’idée de trouver un formule où le vin sera au prix des négociants, pour redonner au vin la place qu’il mérite… » Et en face des quais d’où partaient les barriques en bateau autrefois, cela a du sens bien évidemment…

Enfin, « la mixologie, c’est une chose qui se développe à Bordeaux, j’ai fait venir Vincent Vigneau qui m’a été recommandé par le chef sommelier du Mama Shelter, on va explorer et développer  l’offre cocktail », poursuit Marcello Roudil. Avec ce fabuleux bar remis en l’état, cela va avoir de la gueule dans cet endroit central de Bordeaux juste en face des Quinconces et des fameuses colonnes Rostral…

10 Juin

Château Pavie : une « signature Perse »

Un nouvel ouvrage vient de sortir aux éditions Glénat. « Château Pavie, Signature Perse » par Jean-François Chaigneau, grand reporter, écrivain et créateur de la rubrique vin à Paris Match et Anne-Emmanuelle Thion, photographe. Un joli livre à lire cet été.

Château Pavie, c’est l’un des 4 premiers crus classés A de Saint-Emilion. Un château mythique qui tutoie l’excellence, voulue par Chantal et Gérard Perse. D’un beau vignoble acheté en 1998, ils en ont fait une pépite, repensant totalement le château entièrement reconstruit et décoré sous la direction d’Alberto Pinto, mais ils ont aussi fait de cette colline qui surplombe cette plaine de Saint-Emilion un vignoble remarquable avec ces terrasses en pierre, un suivi du vignoble réalisé avec l’aide de Michel Rolland.

Un travail qui a été encensé par le célèbre critique en vin Robert Parker (qui a officiellement pris sa retraite) il y a quelques années: « Pavie est aujourd’hui l’un des meilleurs vins au monde », avait-il déclaré en décernant la note maximale de 100 au millésime 2000.

Gérard et Chantal Perse dans le livre Château Pavie © Anne-Emmanuelle Thion

Cet ouvrage réalisé par Jean-François Chaigneau, ancien rédacteur en chef adjoint de Paris Match (jusqu’en 2008), responsable des pages cultures et art de vivre et de la rubrique vin, et par la photographe Anne-Emmanuelle Thion, retrace le parcours incroyable de Chantal et Gérard Perse.

Henrique Da Costa, Chantal et Gérard Perse, leur fille Angélique Da Costa et Ronan Kervarrec © JPS

« Ces entrepreneurs qui se sont faits eux-mêmes » ,anciens propriétaires de supermarchés en région parisienne, sont tombés amoureux du terroir de Saint-Emilion, ils se sont offerts dans un premier temps Monbousquet puis Pavie, en donnant à ce dernier l’aura internationale que l’on connaît.

Dans l’ouvrage, on découvre la passion aussi du chef de l’Hostellerie de Plaisance Ronan Kervarrec © Anne-Emmanuelle Thion

Ils ont aussi su porté haut les couleurs de l’Hostellerie de Plaisance, dirigée par Chantal et Angélique Perse, en confiant les cuisines au très doué chef Ronan Kervarrec, qui y a déjà décroché deux étoiles au Guide Michelin. Une histoire qui se poursuit avec la relève Angélique Perse et son époux Henrique Da Costa, qui est également pleinement investi dans cette formidable saga dans le monde du vin.

Gérard Perse dans le chapitre les Millésimes © Anne-Emmanuelle Thion

Château Pavie, Signature Perse, par Jean-François Chaigneau et Anne-Emmanuelle Thion, collection Le Verre et l’Assiette, 288 pages, aux éditions Glénat

A lire ou relire :

La famille Perse célèbre ses 20 ans à château Pavie

08 Juin

Le Jardin Millésimé : un jardin paysagé inspiré par les millésimes du château Larrivet Haut-Brion

C’est un doux rêve imaginé par Emilie Gervoson et Soline Portmann, qui aujourd’hui est réalité. Un jardin dédié au monde du vin. Un jardin qui évoque la vigne, déjà à travers ses piquets que l’on retrouve dans les rangs de vigne, mais aussi à travers ses senteurs végétales. Initialement baptisé le Jardin d’Ivresse, il porte désormais le nom de Jardin Millésimé… Une création végétale dédiée aux vins qui a conquis de nombreux visiteurs ce samedi à l’occasion des « rendez-vous aux jardins »

Emilie Gervoson, propriétaire du château Larrivet Haut-Brion et Soline Portmann scénographe-paysagiste dans le Jardin Millésimé © Jean-Pierre Stahl

Tout est parti d’une petite création paysagère pour arriver à un plus grand jardin, le Jardin d’Ivresse… Au départ, il y a cette volonté de créer un espace avec cette rose unique créée en hommage aux 3 filles des propriétaires Christine et Philippe Gervoson : Emilie, Charlotte et Valentine. Une rose créée en 2013 par la maison Meilland Richardier et baptisée « les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion », du même nom que le second vin de la propriété achetée en 1987 par la famille en Pessac-Léognan (même année que la création de l’appellation).

Et puis, après le vin, la rose, vint le jardin : un jardin lancé en juin 2015 sous le joli nom de Jardin d’Ivresse, mais pour lequel il était difficile de communiquer et d’inciter les gens à venir boire, un verre, car la loi Evin se serait rappelé aux initiateurs, d’où ce nouveau nom original de Jardin Millésimé:  « ce changement de nom me va très bien, car on parle beaucoup de millésimes dans le jardin… », me confie Emilie Gervoson.

On déguste un jardin, comme on déguste un vin, on joue sur la vue, le nez, et on a planté ces arbustes à cassis et framboises que l’on retrouve dans les vins rouges » Soline Portmann scénographe-paysagiste.

Et c’est ainsi qu’a émergé en face du château et des chais ce merveilleux Jardin Millésimé sur 4000 m2, avec ses piquets en bois rouge, de 20 centimètres à 4 mètres de hauteur; un jardin savamment étudié pour évoquer dans sa première partie les vins blancs, avec 7500 végétaux dont ces « cheveux d’ange qui apportent un aspect très aérien » mais aussi une palette de végétaux aux robes anis, vert amande, jaune paille, aux senteurs d’agrumes. Dans la seconde partie, l’évocation des vins rouges avec 15000 végétaux, avec des teintes rubis des persicaires « blackfield », des pétales bordeaux des échinées « vintage Wine » et des iris merlot. Au total 150 espèces différentes. « Ce jardin, c’est vraiment par passion », commente Emilie Gervoson, devant un parterre de passionnés de jardins et amateurs de vins aussi.

L’originalité de ces deux espaces (occupés à 20% par les blancs et 80% par les rouges, en respect de la proportion des vignes de la propriété et de ses cépages en blancs et en rouge) tient également dans la floraison: « une floraison précoce, printanière et en début d’été en avril-mai et en juillet pour la 1ère partie du jardin qui incarne les vins blancs, avec un mélange de graminées, de plantes vivaces et de plantes aromatiques ; une floraison plus tardive en août-septembre-octobre pour la 2e partie rouge avec des graminées et vivaces et ces massifs de cassis et framboisiers. Au coeur de la déambulation, j’avais vraiment envie qu’on ait toutes ces touches de surprises. »

Et des surprises, il n’en manque pas dans ce vaste parc de 13 hectares, avec aussi ce deck créé juste en face du Jardin Millésimé, un lieu de fête, d’événements avec une double vue sur le château et ses chais, sans oublier le plan d’eau où les poules d’eau se font entendre, comme pour dire, ce jardin d’ivresse, il est à nous aussi…ne seraient-elles pas enivrées par toutes ces senteurs ?

Une visite de plus d’une heure qui s’est conclue par une dégustation toute aussi originale des vins de la propriété : avec des magnums en blanc des Demoiselles de Larrivet Haut-Brion (95% de sauvignon et 5% de sémillon, élevage 30% en oeufs béton et 70% en barriques « on cherche un vin de partage, entre copains, on recherche de la fraîcheur » selon Emilie Gervoson) et des Demoiselles en rouge (70% merlot, 30% cabernet sauvignon, élevé 1/3 de barriques neuves, 1/3 en foudres et 1/3 en cuves) :

« là on est sur des vins gourmands alors que sur les 1ers vins on est sur des vins plus structurés ». Une dégustation agrémentée par les senteurs de plantes aromatiques disposées sur la table. Une invitation à l’évasion sensorielle dans un cadre idyllique.

Si vous aussi, vous voulez vivre cette expérience unique dans cette propriété viticole: le Jardin Millésimé se visite de mai à octobre : visite du jardin avec carnet de route 6€, visite du jardin et dégustation de 2 vins 15€. Le château Larrivet Haut-Brion se situe à Léognan, 84 avenue de Cadaujac, tél 05 56 64 99 87.

07 Juin

Bordeaux : le marché du vin est morose

La conjoncture est non seulement difficile mais dure aussi depuis près d’un an. « Bordeaux est à l’arrêt »…selon bon nombre de petits vignerons et courtiers. Au niveau des volumes, certains ne voient plus rien sortir des chais; les petits producteurs de Bordeaux sont les plus impactés, pas vraiment les grands crus.

Des nuages dans le ciel de Bordeaux. C’est un peu la métaphore qui colle au marché qui depuis 12 mois, selon tous les opérateurs, est morose et touche surtout les petits Bordeaux et coeur de gamme. Cela inquiète tout le monde, négoce, courtiers mais avant tout les vignerons, comme Xavier Haure, 42 ans, à la tête de 38 hectares à Cartelègue dans l’appellation Blaye-Côtes de Bordeaux. Il produit en moyenne 2000 hectolitres en Blaye et Bordeaux Supérieur, et vend traditionnellement toute sa production au négoce. Fort heureusement, il a réussi à vendre son Blaye, mais pas encore son Bordeaux Sup.

Jean Farau, courtier en vins, Xavier Haure vigneron et Michaël Rouyer directeur de Blaye-Côtes de Bordeaux © JPS

On est vraiment inquiet de la situation, tous les voyants sont au rouge, le marché est complètement stoppé, c’est très inquiétant surtout quand on vend 100% au négoce comme moi, on est confronté aux variations du négoce, donc c’est très inquiétant », Xavier Haure, vigneron.

Quant aux explications, pour lui les magazines de Cash Investigation et Cash Impact ont fait des dégâts dans le subconscient des consommateurs, et ont participé à ce que certains appellent le Bordeaux bashing : « c’est certainement un problème d’image, on parle souvent de Bordeaux par rapport aux pesticides et aux campagnes contre l’alcoolisme, c’est incontestable, aujourd’hui on le ressent sur le marché du vin qui  est morose… »

Moi, en tant que courtier, j’ai commencé en 1980, je n’ai jamais connu cela, on n’arrive pas à vendre du vin, ce n’est pas un problème de prix, non il n’y a pas d’acheteur… », Jean Farau courtier en vins.

Depuis 12 mois, on enregistre une baisse des sorties de chais au niveau des vins de Bordeaux » commente Xavier Coumau président régional des courtiers de Bordeaux et du Sud-Ouest. En mars dernier lors de sa conférence de presse à Paris, le président du CIVB Allan Sichel annonçait déjà : « sur l’année 2018, le volume de nos exportations est en recul de 14%. Et nos ventes sur le marché français, en grande distribution, ont diminué de 12% en volume par rapport à 2017, et de 7% en valeur ».

« Bordeaux produit en moyenne 5,5 millions d’hectolitres de vin, mais sur les 12 derniers mois, 4,2 millions ont été commercialisés », me précise Xavier Coumau, président régional des courtiers de Bordeaux et du Sud-Ouest. Ceci s’explique par une très faible récolte 2017 due au gel, avec 40 % de pertes et des marchés perdus.

Xavier Coumau, le président régional des courtiers en vins © JPS

On subit de plein fouet notre très faible récolte 2017, très déficitaire (40% de récolte en moins) qui nous a coupé de plusieurs marchés et a permis à plusieurs marchés français ou étrangers de prendre notre place, sur ce qui faisait notre force, la grande distribution française, mais aussi sur le marché chinois », Xavier Coumau Président Régional des Courtiers en Vins

Un marché chinois qui s’est tourné vers des vins australiens et chiliens, sur lesquels des accords ont été passés pour ne pas les taxer, alors que les vins français restent eux taxés (sauf à Hong-Kong). « On a un millésime 2018 pourtant très qualitatif et le négoce a pas mal de stock sur une récolte très importante en 2016 et des 2017 un peu élevés, pas faciles à vendre, donc pas forcément pressé d’acheter du 2018… »poursuit encore Xavier Coumau.

Michaël Rouyer, le directeur du syndicat de Blaye-Côtes de Bordeaux © JPS

Sur le marché français, « le modèle économique de la grande distribution est en train de décliner », selon Michaël Rouyer, directeur du syndicat de Blaye-Côtes de Bordeaux et c’est ce qui explique cette baisse des ventes. « Les hyper et supermarchés ont tendance à voir leur fréquentation baisser, et les vins de Bordeaux sont très présents en grande surface donc forcément cela a un impact sur nous ; sur les marchés exports on est très présent en Chine, c’est notre 2e marché après la Belgique (en Blaye-Côtes de Bordeaux), et on sait qu’il y a -20% depuis un an sur ce marché chinois. Ces complications sont liées à des droits de douane par forcément à l’avantage des vins français, mais plutôt à l’avantage des vins australiens ou des vins chiliens… »

A toutes ces raisons, il faut en prime prendre en compte une surproduction mondiale de vin en 2018 : 292,3 millions d’hectolitres contre 260 à 265 habituellement, soit 30 millions d’hectolitres en plus et 42 millions en plus par rapport à 2017.

L’heure est donc à la reconquête comme en témoigne Nathalie Feydieu rencontrée au château du Taillou à Saint-Androny.

La physionomie de la clientèle a changée…Les gens qui achetaient du vin dans nos propriétés de manière fidèle, et en grande quantité, ont vieilli et ne consomment plus, il faut donc se tourner vers la nouvelle génération, à travers des salons et les inciter à venir en propriété, » Nathalie Feydieu chateau du Taillou.

La situation va devenir encore plus problématique dès septembre avec le millésime 2019 qu’il va falloir rentrer dans les chais, surtout pour les propriétés qui n’arrivent pas à vendre leur 2018, encore dans leurs cuves. Selon certains professionnels, les spéculations pourraient repartir comme il y a 10 ans avec des cours du tonneau au plus bas, vers les 1000 € (le tonneau de 900 litres), (le prix actuel est toujours supérieur à 1200 € ), voire moins… On espère que non bien sûr et que cette situation ne soit que conjoncturelle.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

 

02 Juin

L’union fait la force : quatre appellations se rassemblent au sein du Conseil des Vins de Graves et Sauternes

A plusieurs, on pèse davantage et on peut aussi mieux coordonner les actions et la promotion des vins et appellations. Fort de ce constat, quatre appellations se sont rapprochées pour se réunir sous la bannière du Conseil des Vins de Graves et Sauternes.

Le Conseil des Vins de Graves qui assure la promotion collective des appellations Graves et Pessac-Léognan depuis 1992 devient le Conseil des Vins de Graves et Sauternes.  Cette association incarne quatre grandes appellations de la rive gauche sud de Bordeaux, son but : œuvrer ensemble en France et à l’International.

Ainsi le Conseil des Vins de Graves et Sauternes réunit désormais le syndicat viticole des Graves, le syndicat viticole de Pessac-Léognan et l’ODG Sauternes-Barsac. Il aura pour mission d’organiser des actions de promotion de l’ensemble des appellations de cette région viticole à l’origine des Grands Vins de Bordeaux.

Marie-Pierre Lacoste-Duchesne, propriétaire du Château La Clotte-Cazalis à Barsac, devient la première présidente pour Sauternes et pour un premier mandat de deux ans. Le plan stratégique et d’actions de communication sera présenté en septembre.

(Sur la photo les administrateurs : Arnaud de Butler (Château Crabitey, Graves), Laurent Cisnéros (Château de Rouillac, Pessac-Léognan), Caroline Perromat (Château de Cérons, Graves), Dominique Guignard (Château Roquetaillade la Grange – Président du syndicat viticole des Graves), Marie-Pierre Lacoste Duchesne (Château La Clotte-Cazalis, Barsac, Présidente du Conseil des Vins de Graves et Sauternes), Philibert Perrin (Château Carbonnieux, Pessac-Léognan, Cru Classé de Graves – Président du Syndicat Viticole de Pessac-Léognan), Slanie de Pontac Ricard (Château de Myrat, Barsac – Présidente de l’Union des Crus Classés en 1855 de Sauternes et Barsac), Xavier Planty (Château Guiraud, Sauternes – Président de l’ODG Sauternes-Barsac) et Tristan Kressmann (Château Latour-Martillac, Pessac-Léognan – Président sortant du Conseil des Vins de Graves).

01 Juin

Bon anniversaire à la Cité du Vin, ouverte depuis 3 ans à Bordeaux

Un pari à la base. Un projet un peu fou. Une audace réalisée par les architectes d’XTU Anouk Legendre et Nicolas Desmazières. Une originalité confirmée avec le parcours permanent signé par les Anglais de CassonMann. Une Cité du Vin plébiscitée du monde entier, qui fête aujourd’hui les 3 ans de son ouverture, le 1er juin 2016.

Un anniversaire sous le soleil, il y a 3 ans il pleuvait pour l’ouverture © JPS

Voici le cocktail détonant proposé depuis Saint-Emilion en 2009 par Alain Juppé avec Sylvie Cazes, sous la direction de Philippe Massol. A l’époque, elle ne s’appelait pas encore Cité du Vin, c’était un projet culturel autour du vin qui restait encore à peaufiner, et ni les archis, ni les scénographes n’avaient été choisis, appel d’offre oblige.

Max, le 1er à avoir franchi le ponton Cité du Vin et quasi 1er en caisse, le 1er juin 2016  © Jean-Pierre Stahl

Mais sur le papier, le projet était déjà osé et devait trouver ses fonds baptismaux sur le site des Forges, en bord de Garonne. Une naissance qui le sera plus encore, tellement techniquement le terrain méritait un génie civil pour accueillir une telle structure, avec 300 pieux en bétons pour stabiliser ces 9000 tonnes d’édifice dont le gros-oeuvre était lui-même fait de béton.

Les architectes de la Cité du Vin, Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, XTU Architecs, en mai 2016 © Jean-Pierre Stahl

La suite on la connaît près de 3 ans de chantier avec plus de 120 personnels à la tâche, 574 arches en bois lamellé-collé en guise de charpente, des centaines de panneaux de verre et d’aluminium en guise de robe qui lui confèrent aujourd’hui son allure si gracile, si originale, enviée du monde entier. Un projet retracé dans le magazine la Cité du Vin au Confluent des Civilisations, réalisé par Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Xavier Granger, Eric Delwarde, Francis Lassus-Lalanne et Véronique Lamartinière, pour France 3 Aquitaine :

Pour l’ouverture, Alain Juppé et la Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin avaient convié le Président de la République François Hollande, qui accepta bien volontiers de venir la « bénir » comme il le fit pour le pont Chaban Delmas.

Nicolas Desmazières (architecte de la Cité du Vin XTU), Sylvie Cazes et Philippe Massol (Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin) et Anouk Legendre (architecte -XTU de la Cité du Vin), le jour de l’inauguration © jus

Une inauguration que vous avions retransmis en direct sur France 3 Aquitaine et avait été très suivie du public, qui ne demandait qu’à découvrir l’édifice et le concept.

Depuis, la Cité du Vin a accueilli sur ses 12 premiers mois d’exercice 425000 visiteurs, sur l’année 2017 445000, en 2018 son millionième visiteur, attendu tout l’été un peu comme le messie, arrivé finalement le 29 août dernier. Un visitorat qui a été quelque peu malmené par les grèves des salariés de la SCNF en 2018, puis par les mouvements sociaux de ces derniers mois qui ont impacté d’une manière générale le tourisme en France et à Bordeaux. Joint par téléphone, Philippe Massol le directeur de la Cité du Vin se réjouit bien sûr de cet anniversaire : « c’est la confirmation de la place que doit remplir la Cité du Vin à Bordeaux », tout en décrivant un début d’année 2019 difficile : « avec ces 5 premiers mois que l’on vient de passer, cela reste fragile avec une France en désordre, cela s’est ressenti sur le tourisme, les premiers mois n’étaient pas marrants… Mais le mois de mai semble marquer une reprise de la fréquentation, c’est le retour des touristes étrangers, on espère. »

Cet été devrait en effet coïncider  avec une relance d’activité et de nombreux touristes tant français qu’étrangers qui devraient fort logiquement affluer vers la Cité du Vin, et notamment quand la météo tourne au gris, car les jours de grand beau temps, l’activité plage prend souvent le dessus.

Les verres à nez par Anthony Duchêne à l’exposition Renversant © JPS

En tout cas, que vous soyez bordelais, girondin, aquitain, touriste français ou étranger, si vous ne l’avez pas encore visité, c’est à faire…Vous ne resterez pas indifférent à la Cité du Vin avec ses courbes et sa couleur changeante, à son parcours permanent, à son exposition temporaire Renversant (dépêchez-vous elle se termine le 30 juin), à ses ateliers immersifs de dégustation ou encore à ses conférences avec ses grands témoins.

L’atelier de dégustation tous les jours à 16h30, un tour du monde des saveurs et des vins © JPS

Pour Philippe Massol, « c’est la fin d’un rodage,on va commencer à retravailler avec le propriétaire qu’est la Ville de Bordeaux sur de nouveaux investissements, on a identifié les modules qui marchent bien et ceux qui marchent moins bien au parcours permanent, on va ainsi commencer à renouveler certains des modules ». Le parcours permanent dénombre au total 20 modules.

Sylvie Cazes et Philippe Massol au Belvédère, au 8e étage où les visiteurs terminent leur visite en dégustant un vin du monde © Jean-Pierre Stahl

Quant à la prochaine grande exposition, qui va succéder à Renversant, « elle est prévue pour la mi-août avec l’Argentine », poursuit Philippe Massol. « La précédente en tant que vignoble invité sur le Douro n’avait pas été une grande réussite, c’est une carte blanche que l’on donne au pays qui reste assez libre au niveau de la direction artistique. Le public n’a pas porté au nu cette exposition, à l’inverse de Renversant qui a bien marché. L’Argentine sera un projet beaucoup plus joyeux, de quoi faire découvrir ce grand pays viticole qu’est l’Argentine. » On a hâte de la découvrir.

Un superbe écrin pour un moment de découverte sur les civilisations du vin © JPS

Happy birthday La Cité du Vin ou cheers it’s more fun !