21 Nov

161e enchères des Hospices de Beaune : record battu, 800000 € pour la Pièce du Président

La 161ème vente aux enchères des Hospices de Beaune, qui sert de premier indicateur aux cours des grands crus de Bourgogne, a été marquée par une flambée des prix dimanche, après une année difficile marquée par une récolte historiquement faible. Le clou des enchères, la « Pièce de Charité », ou « Pièce du Président », un fût de Corton Renardes Grand Cru, est parti à 800.000 euros (hors frais) contre 660.000 l’an dernier.

 

« Ca, c’est un vrai chiffre! C’est historique », a lancé l’acteur Pio Marmai qui a animé cette vente comme un bonimenteur professionnel, aux côtés de Jeanne Balibar.

Cette année, le bénéfice est destiné à « Solidarité Femmes », un réseau associatif dédié aux victimes de violences conjugales, et à l’Institut Curie, pour la recherche contre le cancer du sein.

Lots après lots, les offres se sont envolées dès le début de la vente caritative la plus ancienne et la plus célèbre du monde, les hausses dépassant parfois les 80%, selon les premiers calculs des experts.

Avec une récolte réduite de moitié du fait des caprices de la météo, seulement 349 « pièces » de primeurs rouge et blanc de Bourgogne, des fûts de 228 litres correspondant à 288 bouteilles, étaient proposées aux acquéreurs – contre 630 l’an dernier.

« Ce millésime 2021 est à l’image d’une année marquée par un environnement hostile et à la fin par la fierté d’avoir surmonté les difficultés« , a déclaré le directeur
des Hospices civils de Beaune, François Poher, à l’ouverture des enchères.

Le domaine des Hospices de Beaune qui réunit sur 60 hectares les plus grands crus de Bourgogne (pommard, volnay, meursault, chassagne-montrachet, corton, pouilly-fuissé, mazis-chambertin…) a vu ses rendements baisser « à 14 hl/ha, contre 30-35 d’habitude », selon la régisseuse Ludivine Griveau.

« Les prix vont monter« , avait prédit Hans Berchtold, un restaurateur suisse venu déguster les crus à la cuverie des Hospices où sont entreposés les tonneaux.

Cette année, ce professionnel de Bâle (Suisse) a renoncé à enchérir seul comme il le fait depuis huit ans: il a prévu de passer par un courtier et de s’associer avec « deux ou trois copains » pour pouvoir acquérir un des lots, dans l’idéal, « un Volnay ou un Pommard ».

Les prix des primeurs 2021 ont flambé dès les premiers lots, traditionnellement des Beaune Premier Cru, Cuvée des Dames Hospitalières, du nom des religieuses qui s’occupèrent des malades dès la fondation des Hospices en 1443, au coeur de la Bourgogne.

Avec la crise des vocations, il ne reste que quatre soeurs aujourd’hui: « les deux plus âgées ont 100 ans, les deux autres 90 et 75 ans », explique Chantal Leroux,
une bénévole de 72 ans qui circule dans les rues de Beaune en habit religieux pour la plus grande joie des touristes amateurs de selfie.
VENTE MEMORABLE

Les équipements hospitaliers de l’institution fondée au XVème siècle et l’entretien du patrimoine sont financés par le bénéfice des enchères annuelles.

« Cette année, la vente est mémorable », s’est enthousiasmée une des commissaires priseurs devant la salle d’environ 500 acquéreurs complétée par des clients à distance
représentés par des courtiers.

La maison américaine Sotheby’s qui a repris cette année les enchères tenues depuis 2005 par sa concurrente britannique Christie’s a refusé de préciser le nombre d’enchérisseurs enregistrés.

Au total, les 630 pièces adjugées aux enchères de 2020, marquées par les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, avaient rapporté 13,4 millions d’euros
(sans frais), soit une moyenne d’environ 20.200 euros le tonneau. Il y a quinze ans, le prix moyen était de 4.803 euros, depuis les prix n’ont cessé de monter.

Ces enchères sont considérées par les experts comme un indicateur de prix pour les crus de Bourgogne même si, du fait de leur vocation charitable, les ventes dépassent généralement les cours habituels.

En progression constante à l’export, les vins de Bourgogne ont perdu environ la moitié de leur récolte cette année après un épisode de chaleur suivi de gelées au printemps, puis par un été très pluvieux : le volume attendu pour le millésime

2021 sera de 900.000 à 950.000 hectolitres contre 1,56 million en 2020, selon le BIVB.

AFP

Côté châteaux n°27 : spécial Jurançon, ou le savoir-faire de ces vignerons entre blancs secs et vendanges tardives

C’est une bouffée d’air pur qu’Alexandre Berne et moi-même nous vous offrons à l’occasion de ce 27e numéro de Côté Châteaux qui sera diffusé le 6 décembre sur France 3 NoA  à 20H05. Vous allez faire la connaissance de ces vignerons au caractère bien trempé de la cave de Gan et celle des vignerons indépendants de Jurançon. Un dépaysement assuré avec ces magnifiques coteaux de petits et gros mansengs coincés entre le château de Pau et la chaîne des Pynénées.

Côté châteaux  a toujours à coeur de faire découvrir de jeunes vignerons et pour l’occasion une jeune femme Camille Laplume à Monein qui est à la tête du Clos Laplume. « Ici, c’est une exploitation familiale, mon père a donné naissance il y a quelques années au Clos Laplume, et j’ai grandi là-dedans, donc c’est un métier de passion… »

Camille Laplume du Clos Laplume à Monein © JPS

« On a des vignes qui sont plantées dans le sens des côteaux, des vignes assez hautes, c’est vraiment la typicité du jurançonnais avec une grosse surface folaire, des vignes très espacées car nous on n’a pas d’enjambeur et un enherbement sur toute la parcelle…  En Jurançon, on a tout de même 2 cépages principaux, gros manseng et petit manseng, c’est vrai que le cépage phare c’est le petit manseng, des petites grappes avec des peaux très épaisses, qui permettent vraiment de concentrer les arômes, les sucres, et qui évitent la pourriture, cela donne des vins riches, gourmands, avec toujours de l’acidité, c’est toujours la marque de fabrique du Jurançon. Des vins moelleux avec toujours une pointe de fraîcheur en fin de bouche… »

Une production de vins moelleux, de vendanges tardives mais aussi de blancs secs : « c’est vrai que depuis quelques années, le Jurançon s’est tourné vers des blancs secs, on arrive à faire des vins gourmands, aromatiques, qu’on peut prendre à l’apéritif, mais aussi avec des poissons, des viandes blanches, des secs vraiment de grande qualité… »‘

 

François Ruhlmann, secrétaire général et  Philippe Somprou technicien viticole de la cave de Gan Jurançon © JPS

Et de nous projeter à la cave de Gan Jurançon, qui représente à elle seule la majorité des producteurs avec 800 des 1200 hectares de l’appellation et quelques 300 vignerons; nous y rencontrons François Ruhlmann, son directeur ou secrétaire général et  Philippe Somprou technicien viticole. « Les vendanges tardives, ce sont les ultimes vendanges en Jurançon, on est passé déjà deux fois dans le vignoble, une première fois début octobre pour prélever 30% sur les pieds pour faire des Jurançons secs, une 2e fois pour récolter 15 jours à 3 semaines plus tard des raisins qui auront muri un peu plus longtemps sur les ceps pour faire des Jurançons doux, et sur des parcelles qui le permettent comme celles-ci on a laissé un peu de raisin, mûrir encore plus longtemps, surmûrir se flétrir un peu et on vient les ramasser maintenant, avec précaution et sans en oublier pour faire les vendanges tardives, mention particulière de notre cahier des charges que l’on partage avec les vins d’Alsace. »

Un vignoble particulier avec des vignes très hautes comme le précise Philippe Somprou :« on a des lignes qui sont tenues de haut en bas, suivant la pente et ensuite quand la pente est trop importante, comme vous voyez sur le bas, ce sont des terrasses…

On fait des escaliers qu’on taille dans le sol pour arriver à planter toutes les vignes…Il y a un peu de vent du sud qui fait aussi la typicité du Jurançon, ca assèche le fruit et développe des arômes naturels qui sont plus denses. »

« On a sur cette année 2021 la chance de faire une belle récolte et avec la météo qu’on a eu, depuis 6 à 8 semaines, une récolte qui va être excessivement qualitative… »

Et de nous dévoiler le dernier centre d’embouteillage de cette vieille cave de Jurançon créée en 1949, il s’agit là d’une unité très moderne remontant à 2011 : « aujourd’hui en 2021, quand on travaille dans l’agroalimentaire, on est obligé d’avoir atteint un certain niveau de technologie, un certain standard de sécurité… Aujourd’hui, on tourne entre 4000 et 6000 bouteilles par heure, ce qui nous permet d’assurer la production de nos adhérents qui aujourd’hui se situe aux alentours de 5,5 millions de bouteilles.

Instant d’émotion également dans ce formidable chai à barriques circulaires où l’élevage de ces dignes vins de Jurançon se fait au rythme du groupe Nadau et d' »Aqueros Montagnos » « Ici on a théâtralisé un petit peu avec notamment l’éclairage, mais c’est surtout un endroit où on travaille, les barriques accueillent les vins, on change un tiers de notre parc tous les ans, il y a 400000 bouteilles dans ce bâtiment, essentiellement des petits mansengs, des vendanges tardives, qui ont besoin d’un temps d’évolution en bouteille pour trouver toute leur qualité…Ils vont rester ici entre 6 mois et un an, avant d’être étiquetés et proposés à nos clients », commente Bertrand Pedeflous responsable commercial. « Pour les 250 000 visiteurs qu’on reçoit chaque année, voir ce chai de vieillissement, c’est quand même une chance. » complète François Ruhlmann.

 La suite se poursuit forcément par une dégustation avec Pierre Mourterot et Alex Labordette, les adjoints au maître de chai, qui vont nous faire déguster leurs blancs secs et vendanges tardives…« La c’est un 100% gros manseng, c’est un cépage qui donne à nos vins une typicité, beaucoup de fruits exotiques, d’arômes floraux et en bouge ce côté fruit et ce plaisir qu’on a sur nos vins », commente Pierre sur ce Jurançon sec.

Et Alex de commenter la dégustation de vendange tardive, « Privilège d’automne, millésime 2018, avec des grains rôtis, dorés par le soleil, avec beaucoup de concentration, en sucre, mais pas que en arômes, en couleur, …des vins avec des nez très complexes, avec des arômes de fruits très mûrs, de fruits exotiques, de fruits confits, et en bouche des vins avec beaucoup de rondeur, des vins avec un potentiel de garde très longs, une quinzaine d’année, une vingtaine d’années, qui peuvent être dégustés à l’apéritif ou encore accompagner des fois gras… »

Didier Capdevieille, est l’une des figures du Jurançonnais, vigneron indépendant à Monein : « la ferme ici date de 1847, c’est plusieurs générations de Capdevieille qui se sont succédés, et moi j’ai repris la suite de mon oncle en 1993. J’ai fait ma première cuvée de Jurançon en 1995, et maintenant cela fait plus de 20 ans que je me débrouille tout seul ». Ce d’autant qu’il a obtenu le coup de coeur des 18e Best Of Wine Tourism 2022 en octobre dernier : « ça a été une très très belle surprise, je ne m’y attendais pas du tout et en fait le Best Of Wine Tourism, récompense les propriétés qui évoluent dans l’oenotourisme, nous sommes 3 dans le Béarn à être sorti du lot donc ça fait vraiment très très plaisir. »

Avec ses copains Nico et Benoît, de faire déguster ses cuvées de vins effervescenst : « c’est un peu la tendance, il faut savoir aussi sortir de l’appellation Jurançon, c’est pour cela que j’ai lancé du pétillant en brut et en demi-sec, pour satisfaire notre clientèle, c’est un vin plaisir, une méthode champenoise, élevée pendant neuf mois », une jolie gestation.. » « On sent bien les bulles fines, c’est très bon », commente Nicolas Meler.

Dernière escale à Geus d’Oloron, chez Germaine, avec Valérie Roger la cheffe de cet hôtel restaurant qui va proposer un accord met-vin de Jurançon :

« je vous aiu préparé comme un millefeuille de mousse de potimaron et de chocolat noire avec du piment béarnais, et quelques zestes de yuzu pour relever un peu la vendange tardive »…. Une belle variété de couleurs automnales.

Ne loupez pas ce numéro tout en saveurs et en couleurs de Côté Châteaux le 6 décembre 2021 sur France 3 NoA à 20h05, un numéro réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne. Rendez-vous également le 12 décembre pour les portes ouvertes chez les vignerons indépendants de Jurançon et le 22 décembre à la Cave de Gan Jurançon.