Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. Visite guidée avec Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages. Un portrait à retrouver dans le n°23 de Côté Châteaux spécial nouveaux chais du bordelais.
« Bonjour Jean-Pierre, bienvenue à Lynch-Bages… », ainsi m’accueille Jean-Charles Cazes, co-propriétaire et directeur général, à l’entrée du bâtiment tout en verre qui se reflète de manière originale dans une fenêtre de l’ancien bâtiment en pierre conservé juste à côté. Une nouvelle page d’histoire s’écrit depuis ce fameux cru de Lynch à Lynch-Bages aujourd’hui.
« Une entrée en fanfare, » commente le papa Jean-Michel, très célèbre figure du Bordelais qui a été aux commandes de Lynch-Bages jusqu’en 2006 (de retour sur la propriété en 1973) mais aussi Grand Maître de la Commanderie du Bontemps et qui a aussi créé le village…« Ca vous plait ? Magnifique… La où c’est le plus beau c’est quand le soleil est couché et que le ciel reste clair. »
Ce nouveau chai de 11 000 M2 s’inscrit à la perfection entre le château de Lynch-Bages et le village de Bages. Un projet démarré en 2017, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei, que Jean-Michel Cazes avait rencontré avec son père Ieoh Ming Pei il y a 30 ans lors de la construction de la pyramide du Louvre, un chai construit en collaboration avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain, : « nous voici dans les nouveaux bureaux de Lynch-Bages après 4 ans de travaux, là vous êtes dans l’accueil déjà avec les peintures d’un peintre local qui s’appelle Julien Calvet et dont la famille était propriétaire au XIXe de Croizet Bages », commente Jean-Charles Cazes.
UN BATIMENT MODERNE ET FONCTIONNEL AU SERVICE DU VIN
« Ici nous nous trouvons à l’étage supérieur du cuvier, où on découvre notre système de vinification gravitaire, on a la réception de vendange en contre bas et vous avez ici les ovides dans lesquels sont élevées les baies une fois éraflées, et on se trouve à l’étage supérieur au niveau des cuves où nous encuvons par gravité les raisins. »
« Nous nous trouvons à côté des cuves ascenseurs, ces cuves ascenseurs sont utiles durant les périodes de vinification, car elles nous permettent de faire des opération de macération assez importantes, car car on fait ce qu’on appelle des délestages, nous les remplissons par gravité et une fois remplies, la cuve remonte à l’étage supérieur pour redéverser le jus de raisin en fermentation sur le chapeau de marc et permette ainsi une meilleure macération ».
« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».
« Là je vous emmène au chai Skawinski, qui est le chai du XIXe, il a été l’inspiration de cette réalisation puisqu’on a repris ces procédés de vinification gravitaire qui avaient été inventés par Skavinski au XIXe…Ce chai a été construit en 1860 et a été utilisé jusqu’en 1975 qui a été le dernier millésime vinifié dans ce cuves, il s’avère aujourd’hui que c’est le dernier exemple de chai du XIXe de vieux chai bordelais qui soit conservé intact dans son jus »
Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».
Et de continuer cette fabuleuse visite avec un escalier monumental, véritable oeuvre d’art qui mène du chai à barrique au cuvier et aux bureaux à l’étage: « ces escaliers-là sont une prouesse technique, ce sont des escaliers auto-portés, qui n’ont pas de points d’ancrage sur les côtés, ils sont uniquement reliés au sol et à l’arrivée… « De retour dans le cuvier où la luminosité naturelle du cuvier… La façade ici au sud est abrité par la maille inox qui agit comme brise-soleil, et permet d’éviter le rayonnement direct… ».
UNE FUTURE SALLE DE DEGUSTATION AVEC VUE SUR LE VILLAGE
Tout est fait en transparence et en subtilité, poussez encore 2 grands battants et vous atterrissez dans la future salle de dégustation : « elle permettra d’accueillir les visiteurs dès que nous pourrons rouvrir au public, on est intégré dans le village avec le voisinage des bâtiments anciens…du café Lavinal qui va j’espère réouvrir bientôt… »
Tout en faisant le tour du nouveau bâtiment, on imagine la rentrée de récolte avec une immense porte: « ici c’est la réception de vendange, c’est une grande porte avec une inspiration japonisante, puisque cela ressemble à ces parois de riz japonaise, qui nous permet d’ouvrir sur un espace de 400 m2, où on accueille 3 lignes de réception de vendange, l’important du projet c’est d’être capable d’avancer très vite, si la météo nous presse, et on doit pouvoir ramasser avec notre équipe de 150 vendangeurs, de pouvoir ramasser 12 hectares ».
La visite se termine par une séquence dégustation sur le millésime 2018 : « Le terroir de Lynch Bages, il est assez regroupé ici sur ce plateau, c’est assez simple de définir ce qu’est un grand terroir à Bordeaux, il suffit d’être sur une butte, sur une petite élévation, de regarder à ses pieds et de voir si on a de la grave et puis d’avoir une vue sur la Gironde, cela détermine un peu le micro-climat de la parcelle… On est sur des terroirs qui sont relativement précoces, peu gélifs, des terroirs de grands cabernet-sauvignons… » ajoute Jean-Charles Cazes.
« Nous voilà équipés pour les décennies qui viennent avec cet outil flambant neuf, c’est le début d’une aventure, 2020 a été le 1er millésime, et voilà on est très content et on va pouvoir chaque année s’améliorer un petit peu…et faire de plus grands vins encore. »