04 Juil

Coté Châteaux n°8: une émission spéciale 20 ans de la Juridiction de Saint-Emilion à l’Unesco

« On n’a pas tous les jours 20 ans, ça n’arrive qu’une fois seulement… » Pour Saint-Emilion, cela a été une grande fête du vin, du jazz et du patrimoine, qu’a suivie l’équipe de Côté Châteaux Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot. Un numéro spécial de 20 minutes, car 20 ans, à voir sur NOA à partir du lundi 8 juillet à 20h15.

Sébastien Delalot, Jean-Pierre Stahl et Alain Naulet Jurat place de l’Eglise © JPS

Qui dit Juridiction, dit Jurade. C’est au beau milieu des Jurats de Saint-Emilion que commence ce numéro 8 de Côté Châteaux, car chaque soir des 28, 29 et 30 juin avait lieu un défilé des Jurats dans les rues en pente de la Cité médiévale. En coeur, les Jurats prêtaient ce serment, avant le défilé :

Demeurez-vous les gardiens d’une grande tradition ? Oui, nous le voulons… Autorisez-vous ces barriques à traverser la Cité pour que leur soit apposée la marque à feu ? Oui, nous le voulons… »

Et c’est tout naturellement qu’Alain Naulet, Jurat,figure comme le premier invité de l’émission, pour nous décrire cette tradition séculière : « cette fête est très, très importante, cette Jurade a été créée en 1199 par le roi d’Angleterre Jean Sans Terre. Elle a manifesté depuis ce temps-là un intérêt tout particulier aux vins de Saint-Emilion, à la Cité. Depuis on a eu le classement, aujourd’hui reconnu par des organismes officiels, mais déjà c’était à l’époque les prémices d’avoir du bon vin à Saint-Emilion ».

Le cortège de Jurats de Saint-Emilion, passant devant la salle des Dominicains et la mairie © JPS

Les Jurats défilent traditionnellement deux fois dans l’année, le 3e dimanche de juin et le 3e dimanche de septembre. « Ce sont des chapitres importants, on a toujours une quinzaine de pays représentés, et une cinquantaine d’intronisations. C’est très solennel et les gens sont ravis » d’être intronisés.

Chaque soir de cette fête des 20 ans était reconstituée la cérémonie de la marque à feu du vinettier. « A l’époque, les Jurats se réunissaient, ils avaient une marque à placer sur les barriques ».

Les vins étaient dégustés et s’ils étaient reconnus bons, marchands, on apposait sur la barrique la marque à feu, le sceau de la Jurade, cette marque disait que les vins pouvaient être consommés, commercialisés », Alain Naulet Jurat

Et tout ce qui n’était pas accepté à ce moment-là devait être mis au feu, détruit.

Pour bien comprendre ce qui est rentré dans cette inscription au patrimoine mondial de l’humanité, un reportage réalisé avec Jean-Michel Litvine, vous immerge dans le St Emilion, cité millénaire.

Nous retrouvons ensuite Franck Binard, directeur du Conseil des Vins et co-organisateur des festivités qui revient sur ce qui a motivé cette inscription, actée le 5 décembre 1999 : « 2000 ans d’histoire, ce sont les paysages culturels qui ont été reconnus comme devant être protégés et une partie majeure de l’homme et de l’Humanité ». 

Saint-Emilion à l’Unesco : « ce sont les vallées, les terrasses, les coteaux, la plateau, mais aussi les arbres, le patrimoine bâti, aussi les petites maisons de bordier, un patrimoine  séculier ainsi que 200 kilomètres de carrières qui sont protégés« , Franck Binard.

Franck Binard revient également sur les 3 projets qui ont été mis en oeuvre tout au long de cette année pour célébrer les 20 ans : « la transmission aux générations, c’est un pilier pour sensibiliser les enfants avec l’environnement visuel magique qui est le leur au quotidien, à l’environnement et à la biodiversité. Il y a aussi « la plantation de 20000 arbres car c’est un paysage culturel fort de centaines d’espèces arborées »…

20 ans, ce sont 20 sites où des tables de lecture ont été disposées partout dans la Cité et autres villages pour « donner des éléments de comparaison au visiteur sur ce qu’il est en train d’observer avec des photos historiques et du texte. C’est un parcours initiatique pour rentrer dans cette histoire. »

Ce magazine vous offre aussi de rencontrer un personnage de Saint-Emilion le Comte Stephan von Neipperg, qui a réussi à élever au rang de 1er cru classé B de Saint-Emilion, deux de ses châteaux… « Jean-Pierre, ravi de vous recevoir au château Canon la Gaffelière » « Cela fait 35 ans que j’ai repris Canon la Gaffelière en 1984, et c’est là où a commencé le fondement de nos vignobles Comtes von Neipperg.

Je viens d’une famille de vignerons, de l’autre côté du Rhin, depuis 8 siècles, je suis la 37e générations de viticulteurs mais la 1ère émigrée ici », Comte Stephan von Neipperg.

En faisant le tour de son chai à barriques, on se rend compte que ce 2018 qualifié de « génial » a été sauvé des eaux…« avec ce temps affreux, jusqu’en juillet, les Bordelais ses souviennent, on était au bord de la crise de nerfs, car il n’a pas arrêté de pleuvoir, et aussi avec ce mildiou. » Et de déguster à la barrique:

Ce que l’on recherche dans les grands vins, une vivacité, une buvabilité, ça doit être soyeux, et qu’il y ait de la structure, de la puissance, c’est un vin qui doit avoir une capacité à aller dans le temps,  » Comte Stephan von Neipperg.

Et de sillonner avec Mr le Comte les terroirs de Saint-Emilion : il en a recensé 4 au minimum, dont ce fameux terroir calcaire, sur le plateau à la Mondotte, l’autre château classé en 2012 (1er cru classé B): « ici on a des vignes de 80 à 90 ans, aujourd’hui on travaille avec nos sélections », La Mondotte comme Canon la Gaffelière est en bio:  « je veux revenir à quelque chose d’humain, d’artisanal et de vivant. » 

Un reportage tout en saveur avec une dégustation sous une tonnelle du château Canon Lagaffelière d’un millésime 2009 (tiens un autre anniversaire, 10 ans), en compagnie de la relève Ludovic qui a ce regard sur la réussite de son père « ce n’est pas du jour au lendemain qu’on transforme un vignoble en agriculture biologique; tout cela prend du temps, et la nature n’aime pas les grands chocs… » A l’époque, quand il s’est converti au bio, il était qualifié par certains de révolutionnaire, aujourd’hui il est ce que d’aucun qualifierait un visionnaire…

Comme Côté Châteaux est généreux, il va pousser pour vous les portes d’un 1er cru classé A et rencontrer Pierre Lurton, pdg de Cheval Blanc : « c’est un cru classé A depuis 1954, qui partageait la tête du classement avec Ausone, et puis nous avons vu arriver Angélus et Pavie en 2012. »

La caractéristique de Cheval Blanc, c’est le cabernet franc (60% dans l’assemblage et 40% de merlot). C’est la magie du terroir de a vallée de l’Isle que l’on partage avec nos illustres voisins Pétrus, l’Evangile, la Conseillante, Vieux Château Certand, Figeac et la Dominique » Pierre Lurton.

Et de commenter ce millésime 2012 : « on a cette juste maturité du cabernet franc qui donne ce côté mentholé avec des notes un peu de cassis, un peu de cabernet sauvignon, c’est le poivre dans la sauce, mais c’est surtout le cabernet franc qui fait Cheval Blanc. »

Côté châteaux avec Pierre Lurton © Sébastien Delalot

La suite de la visite se poursuit avec un badge, dans le fabuleux chai dessiné par Christian de Porzamparc : « ces cuves sont absolument incroyables, avec des formes sensuelles, mais techniquement répondant aux critères que l’on voulait : autant de cuves que de parcelles. Ce sont des cuves italiennes, d’une grande pureté de lignes, dans ce chai, les équipes s’y sentent très bien et il y a beaucoup de précision dans le travail », poursuit Pierre Lurton.

La visite se termine sur le toit végétalisé de ce chai en forme de double vague, avec cette terrasse qui donne une superbe vue sur Pomerol et les autres châteaux de Saint-Emilion. Et de commenter  l’autorisation qui a été donnée de construire ce nouveau chai,livré en 2011, alors que l’inscription Unesco était intervenue 10 ans plus tôt: « les gens ont vu tout de suite une vision élégante de ce chai et il y a eu une grande ouverture d’esprit ». Ces nouvelles constructions ont continué à « donner à Saint-Emilion son rang de paysage unique et merveilleux. »

Ces 20 ans ont aussi été dignement fêtés avec la tenue concomitante du 8e Saint-Emilion Jazz Festival. En dernier invité d l’émission, Dominique Renard, son fondateur, revient sur les grandes heures du SEJF avec « Earth Wind & Fire, Chick Corea, Neil Rogers, Cécile Mc Lorin, cela va du jazz jusqu’à la soul là ce soir on a des concerts de funk, avec Oakland et Rix. On va aussi avoir Kid Créole and the Coconuts, il vont mettre le feu sur scène. »

Franck Binard, directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion et Dominique Renard, fondateur du Saint-Emilion Jazz Festival, on en est au 8e ! © JPS

Dominique Renard qui a passé une belle carrière dans le monde du vin confie que tout ce qui l’a guidé ces dernières années :  »

C’est la passion de la musique et pour le village de Saint-Emilion que j’aime par dessus tout et qui a conservé son aspect médiéval. Le vin et la musique, cet assemblage me plaît beaucoup », Dominique Renard.

Et Côté Châteaux termine également sur le banquet inaugural des 20 ans en bord de Dordogne à Vignonet, un banquet champêtre avec musique d’autrefois, avant de faire un dernier saut dans la douve du Palais Cardinal pour faire partager au plus grand nombre ces moments exquis de célébration des 20 ans de l’inscription de la Juridiction de Saint-Emilion au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

A VOS TABLETTES :

Côté Châteaux n°8 à voir sur NOA la chaîne 100% Nouvelle-Aquitaine de France 3 (chaîne 339 sur Orange, 455 sur SFR, 337 sur Bouygues ou encore 326 sur Free, en en direct sur internet en tapant NOA):

  • lundi 8 juillet à 20h15 et 22h30
  • mercredi 10 juillet à 11h15, 17h30 et 0h
  • jeudi 11 juillet à 4h15
  • vendredi 12 juillet à 11H, 20h15 et 23h15
  • dimanche 14 juillet à 7h15