26 Avr

François Pinault invite les propriétaires de grands crus du bordelais à se réunir pour un projet de reprise des Girondins de Bordeaux

Dans une tribune envoyée à la presse, François Pinault -fondateur du groupe Kéring (anciennement Pinault Printemps Redoute) et propriétaire de château Latour, 1er grand cru classé de Pauillac- adresse une « lettre ouverte à ses collègues, propriétaires de grands crus bordelais. »  Il les invite à « se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins ». « Prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme », ajoute-t-il.

VOICI LA TRIBUNE ADRESSEE CE JOUR PAR FRANCOIS PINAULT 

« Lettre ouverte à mes collègues, propriétaires de grands crus bordelais »

« Comme tous les Français amoureux du football, je suis ému à l’idée de voir les Girondins de Bordeaux en risque de disparaitre. Breton et propriétaire du Stade Rennais, je mesure depuis des décennies combien l’identité d’un club et si possible ses succès participent du contrat social dans une région.

Associé depuis trente ans à la vie bordelaise, à travers Château Latour, je pense que l’existence du club mythique que sont les Girondins est importante pour Bordeaux, son rayonnement, son équilibre auxquels tous les propriétaires viticoles ne peuvent que s’identifier.

Quelle est la force économique qui, dans cette région, peut se donner l’objectif de sauvegarder les Girondins et de les développer ? Le monde du vin et en particulier les propriétaires de grands crus.

Les règles légitimes en matière de possession des clubs m’interdisent de monter un projet de reprise des Girondins, dès lors que mon groupe est l’actionnaire unique du Stade Rennais. En revanche, je suis prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme.

J’appelle donc mes collègues propriétaires à se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins ».

François Pinault »

LES PREMIERES REACTIONS DU MONDE DU VIN

Parmi les premiers à réagir, l’autre grand propriétaire bordelais, Bernard Magrez, propriétaire de 4 grands crus classés à Bordeaux et de plus de 40 châteaux et domaines en France et dans le monde, que j’ai aussi joint cet après-midi par téléphone, se dit favorable à cette initiative:

« François Pinault, pour moi est un ami avec un grand A, un vrai ami, donc tout ce qu’il fait est bien…Oui pourquoi pas à un projet de reprise, oui on soutiendrait, mais pas avec des sommes folles. Ce n’est pas parce que lui est prêt à mettre des millions, qu’on mettra des millions. Mais, il a raison, c’est un amoureux du foot, il comprend très bien le football. Je le soutiens donc, je répondrai positivement si son projet va jusqu’au bout car c’est un homme de qualité et les décisions que prennent les gens de qualité, cela mérite intérêt ! »

Pour Ronan Laborde, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, actuellement en pleine semaine des primeurs : « François Pinault appelle à une communauté d’individus à s’unir à un projet de rachat. C’est bien que des personnalités comme François Pinault soient « moteur » dans un projet de reprise d’un club qui fait partie du patrimoine de notre région. » Effectivement, le club remonte à 1881…

Il est clair que de nombreux grands acteurs du monde économique en France sont également propriétaires de châteaux, et que cet appel pour sauver les Girondins de Bordeaux peut avoir un écho favorable. Nous ne manquerons pas de suivre…

Pour rappel, les Girondins de Bordeaux sont actuellement dans une situation difficile car le fonds d’investissement américain King Street, ne souhaite plus soutenir et financer le club, qui a été placé sous la protection du Tribunal de Commerce de Bordeaux. Plus d’un millier de supporters s’est réuni samedi place Pey-Berland, appelant à sauver le club de leur coeur. Bordeaux, actuellement 16e de Ligue 1 doit accueillir Rennes dimanche…

Lynch-Bages: « un nouveau chai tout en verre doté des dernières technologies pour sublimer le vin »

Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. Visite guidée avec Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages. Un portrait à retrouver dans le n°23 de Côté Châteaux spécial nouveaux chais du bordelais.

Quand le passé et le futur se rencontrent à Pauillac, Lynch-Bages brille de mille feux © Jean-Pierre Stahl

« Bonjour Jean-Pierre, bienvenue à Lynch-Bages… », ainsi m’accueille Jean-Charles Cazes, co-propriétaire et directeur général, à l’entrée du bâtiment tout en verre qui se reflète de manière originale dans une fenêtre de l’ancien bâtiment en pierre conservé juste à côté. Une nouvelle page d’histoire s’écrit depuis ce fameux cru de Lynch à Lynch-Bages aujourd’hui.

« Une entrée en fanfare, » commente le papa Jean-Michel, très célèbre figure du Bordelais qui a été aux commandes de Lynch-Bages jusqu’en 2006 (de retour sur la propriété en 1973) mais aussi Grand Maître de la Commanderie du Bontemps et qui a aussi créé le village…« Ca vous plait ? Magnifique… La où c’est le plus beau c’est quand le soleil est couché et que le ciel reste clair. »

Jean-Charles Cazes, dans le nouveau cuvier de Lynch-Bages © JPS

Ce nouveau chai de 11 000 M2 s’inscrit à la perfection entre le château de Lynch-Bages et le village de Bages. Un projet démarré en 2017, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei, que Jean-Michel Cazes avait rencontré avec son père Ieoh Ming Pei il y a 30 ans lors de la construction de la pyramide du Louvre, un chai construit en collaboration avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain, : « nous voici dans les nouveaux bureaux de Lynch-Bages après 4 ans de travaux, là vous êtes dans l’accueil déjà avec les peintures d’un peintre local qui s’appelle Julien Calvet et dont la famille était propriétaire au XIXe de Croizet Bages », commente Jean-Charles Cazes.

UN BATIMENT MODERNE ET FONCTIONNEL AU SERVICE DU VIN

« Ici nous nous trouvons à l’étage supérieur du cuvier, où on découvre notre système de vinification gravitaire, on a la réception de vendange en contre bas et vous avez ici les ovides dans lesquels sont élevées les baies une fois éraflées, et on se trouve à l’étage supérieur au niveau des cuves où nous encuvons par gravité les raisins. »

Une originalité et prouesse technique avec ces cuves ascenseurs © JPS

« Nous nous trouvons à côté des cuves ascenseurs, ces cuves ascenseurs sont utiles durant les périodes de vinification, car elles nous permettent de faire des opération de macération assez importantes, car car on fait ce qu’on appelle des délestages, nous les remplissons par gravité et une fois remplies, la cuve remonte à l’étage supérieur pour redéverser le jus de raisin en fermentation sur le chapeau de marc et permette ainsi une meilleure macération ».

Un batiment élégant, réalisé en transparence © JPS

« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».

« Là je vous emmène au chai Skawinski, qui est le chai du XIXe, il a été l’inspiration de cette réalisation puisqu’on a repris ces procédés de vinification gravitaire qui avaient été inventés par Skavinski au XIXe…Ce chai a été construit en 1860 et a été utilisé jusqu’en 1975 qui a été le dernier millésime vinifié dans ce cuves, il s’avère aujourd’hui que c’est le dernier exemple de chai du XIXe de vieux chai bordelais qui soit conservé intact dans son jus »

Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille  avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».

Et de continuer cette fabuleuse visite avec un escalier monumental, véritable oeuvre d’art qui mène du chai à barrique au cuvier et aux bureaux à l’étage: « ces escaliers-là sont une prouesse technique, ce sont des escaliers auto-portés, qui n’ont pas de points d’ancrage sur les côtés, ils sont uniquement reliés au sol et à l’arrivée…  « De retour dans le cuvier où la luminosité naturelle du cuvier… La façade ici au sud est abrité par la maille inox qui agit comme brise-soleil, et permet d’éviter le rayonnement direct… ».

UNE FUTURE SALLE DE DEGUSTATION AVEC VUE SUR LE VILLAGE 

Tout est fait en transparence et en subtilité, poussez encore 2 grands battants et vous atterrissez dans la future salle de dégustation : « elle permettra d’accueillir les visiteurs dès que nous pourrons rouvrir au public, on est intégré dans le village avec le voisinage des bâtiments anciens…du café Lavinal qui va j’espère réouvrir bientôt… »

Tout en faisant le tour du nouveau bâtiment, on imagine la rentrée de récolte avec une immense porte:  « ici c’est la réception de vendange, c’est une grande porte avec une inspiration japonisante, puisque cela ressemble à ces parois de riz japonaise, qui nous permet d’ouvrir sur un espace de 400 m2, où on accueille 3 lignes de réception de vendange, l’important du projet c’est d’être capable d’avancer très vite, si la météo nous presse, et on doit pouvoir ramasser avec notre équipe de 150 vendangeurs, de pouvoir ramasser 12 hectares ».

La visite se termine par une séquence dégustation sur le millésime 2018 : « Le terroir de Lynch Bages, il est assez regroupé ici sur ce plateau, c’est assez simple de définir ce qu’est un grand terroir à Bordeaux, il suffit d’être sur une butte, sur une petite élévation, de regarder à ses pieds et de voir si on a de la grave et puis d’avoir une vue sur la Gironde, cela détermine un peu le micro-climat de la parcelle… On est sur des terroirs qui sont relativement précoces, peu gélifs, des terroirs de grands cabernet-sauvignons… » ajoute Jean-Charles Cazes.

« Nous voilà équipés pour les décennies qui viennent avec cet outil flambant neuf, c’est le début d’une aventure, 2020 a été le 1er millésime, et voilà on est très content et on va pouvoir chaque année s’améliorer un petit peu…et faire de plus grands vins encore. »