22 Avr

Investir pour combattre le gel : la Préfète de Nouvelle-Aquitaine au château de Sénéjac pour dévoiler les dispositifs de France Relance

2 semaines après les épisodes intenses de gel à Bordeaux des 7 et 8 avril, Fabienne Buccio s’est rendue ce matin dans un château du Pian-Médoc en Gironde qui a valeur d’exemple. Doublement touché par les gels de 2021 et 2017, il s’est équipé de tours anti-gel et compte en implanter une autre avec le dispositif d’aide de France Relance et de France Agrimer. Voici les pistes d’investissements et de recherche pour essayer de mieux appréhender le phénomène de gel de la vigne qui avec le réchauffement climatique devient récurrent.        

Fabien Fort, directeur d’exploitation du château de Sénéjac © JPS

 « Là, vous voyez, on est à plus de 10 jours de gel et c’est complétement sec… » Fabien Fort, directeur d’exploitation au château de Sénéjac, 40 hectares de vigne au Pian-Médoc, constate les dégâts dus au gel de ce printemps 2021. 30% de la propriété a été impacté à des degrés divers, il a fait -3,5°C, les 7 et 8 avril derniers.

« Le gel ne disparaîtra pas, bien au contraire, ce qui était exceptionnel il y a 10 ans va devenir récurrent dans les années à venir, certainement lié au changement climatique », commente Fabien Fort.

L’idée, c’est de réfléchir, trouver des solutions, tailler plus tard les vignes, peut-être laisser des rameaux avec tous les bourgeons (…), cela va être aussi des équipements anti-gel comme l’installation à Sénéjac de tours anti-gel, complétées par des systèmes de bougies sur des bordures pour avoir une efficacité maximale, » Fabien Fort directeur d’exploitation château de Sénéjac

Ces solutions, il les a amorcées depuis le fameux gel du 27 avril 2017 où 95% de la propriété de la famille Bignon-Cordier avait été touchée. Ainsi il a commencé à se doter de tours anti-gel et il en prévoit une supplémentaire; Il a constitué un dossier en janvier dernier qui devrait aboutir avant juin, avec un investissement de 60 000 euros, dont 30% de la somme sera financé dans le cadre de ce plan France Relance.

Pour le gel, c’est très clair, nous finançons tout ce qui va pouvoir aider les agriculteurs à lutter contre ce gel et maintenant on se rend compte que l’occurence est malheureusement de plus en plus fréquente, donc il faut travailler sur les cépages, sur la recherche, tout cela est financé par le plan de relance et tout ce qui est équipement comme ici ces tours anti-gel », Fabienne Buccio Préfète de Nouvelle-Aquitaine.

D’autres pistes sont aussi évoquées comme l’aspersion ou encore l’installation de fils chauffants, des investissements lourds mais qui seront aussi étudiés. Ce plan France Relance est doté d’un buget conséquent d’1,5 milliard et vise également à amener l’agriculture, l’alimentation et la forêt  vers une transition écologique, vers davantage de respect environnemental.

Depuis l’annonce samedi par le Premier Ministre Jean Castex d’un fonds de solidarité d’un milliard d’euros pour les dégâts dus au gel en agriculture, les viticulteurs attendent aussi ces aides qui, en plus de l’investissement seront les bienvenues…

« Il y aura des réductions de cotisations sociales pour les plus impactés, c’est ce qui se passe à chaque fois, il y a la mise en place du dispositif de chômage partiel, applicable à toutes les activités qui ont eu des conséquences liées au gel. Donc cela est une décision qui a été prise aussi très rapidement, sachant que les conséquences peuvent être sur du long terme… », précise Jean-Louis Duboug, président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde.  » Si on prend l’exemple des caves coopératives, si une cave coop se retrouve avec 30 à 50% de vendange en moins, il y aura peut-être du personnel qui ne sera pas utilisé et donc cela pourra être utilisé à ce moment là…et puis pour les travaux dans les vignes, s’il y a moins de travail, les viticulteurs pourront utiliser ces dispositifs. »

Dans le cadre de France Relance, déjà 600 dossiers ont été déposés en Nouvelle-Aquitaine. Les aides attribuées seront de 30% de l’investissement avec un plafond de 40 000 €.

Gel: la récolte de vin française amputée « de 28% à 30% », selon la filière

L’épisode de gel exceptionnel qui a sévi sur la France en avril pourrait la priver d’environ 28% à 30% de sa récolte de vin 2021 par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon les estimations de la profession, a indiqué jeudi l’organisme public FranceAgriMer.

Vigne gelée de début avril, ce matin au Pian-Médoc © JPS

Le pays « pourrait perdre entre 12,5 et 15 millions d’hectolitres », d’après ce bilan provisoire à prendre « avec précaution » car il faudra du temps pour estimer vraiment les dégâts, a précisé Ygor Gibelind, délégué pour la filière viticole à FranceAgriMer.

Le manque à gagner se situerait « entre 1,5 et 2 milliards d’euros » pour le secteur, toujours selon la profession, a-t-il dit lors d’une visioconférence.

Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et président du conseil spécialisé « Vin et cidre » de FranceAgriMer, avait annoncé le 15 avril à l’AFP que la filière s’attendait à perdre un tiers de la récolte, donc « à peu près deux milliards d’euros ». Soit la fourchette haute de cette estimation. « Les estimations de pertes par les professionnels semblent cohérentes avec celles de nos services », indique le cabinet du ministre de l’Agriculture.

Les récoltes de vin connaissant d’assez fortes variations d’une année sur l’autre du fait de la météo, il est d’usage de faire des moyennes sur cinq ans. La récolte moyenne des cinq dernières années s’établit à 44,5 millions d’hectolitres.

En 2017, année de gel également, elle avait été de 37,6 millions d’hectolitres. En 2020, année très favorable sur le plan de la météo, elle avait atteint 46,7
millions d’hectolitres.

En 2021, la récolte pourrait donc se monter à 32 millions d’hectolitres, selon ces premières estimations. Mais cela dépendra aussi de la reprise de la végétation
et des conditions météorologiques futures.

Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé samedi un milliard d’euros d’aides pour les agriculteurs (viticulteurs, arboriculteurs, betteraviers notamment) touchés par l’épisode de gel intense qui a frappé le pays en avril.

AFP