21 Avr

Primeurs 2019 : l’Union des Grands Crus et le négoce envisagent « un format ajusté d’ici la fin de cet été »

Confirmant ce que Côté Châteaux vous avait annoncé en primeur, l’UGCB et Bordeaux Négoce envisagent que les primeurs puissent se tenir d’ici la fin de l’été 2020, dans une formule ajustée, vu le contexte lié au déconfinement et au coronavirus. Sans doute au début de l’été.

Ronan Laborde, lors de sa première campagne primeurs en tant que nouveau président de l’UGCB en avril 2019 au hangar 14 pour la dégustation de l’Union © JPS

C’est « une formule nouvelle, exceptionnelle, adaptée et pragmatique » qui sera proposée pour faire déguster le millésime 2019. Une formule qui va tenir compte du déconfinement progressif et la reprise progressive de l’activité.

Elle consisteraient en « sessions de dégustations organisées à Bordeaux et dans d’autres villes du monde », des « sessions adaptées pour offrir les meilleurs garanties sanitaires tout en maintenant le même niveau de professionnalisme », selon l’UGCB

DES CERCLES RESTREINTS POUR DEGUSTER

Cela veut dire un nombre limité de dégustateurs en un même lieu et en même temps, ce que l’Union et le Bordeaux Négoce dépeignent comme « des cercles restreints de professionnels de la distribution, de critiques et de journalistes », avec « plusieurs sessions privatives successives permettant le resect des gestes barrières et des règles de protection sanitaires » Reste à confirmer tout cela vers le 11 mai au moment du déconfinement (progressif).

« L’UGCB et ses membres restent prudents. La priorité aujourd’hui demeure de lutter contre la maladie », commente Ronan Laborde. « Nous ne pouvons cependant pas renoncer à imaginer le jour d’après » (en espérant que cela n’ait aucun rapport avec le film éponyme « the Day After ») Et de poursuivre:

La formule que nous envisageons pour ces primeurs ne sera pas festive, elle sera professionnelle et intimiste » Ronan Laborde, président de l’UGCB.

« Après des moments difficiles, nous souhaiterions pouvoir proposer dans les prochaines semaines à nos amis et partenaires de se retrouver d’une façon un peu différente autour du millésime 2019, qui suscite tant de curiosité et à tant à dire. Cette nouvelle organisation, dont les détails devraient pouvoir être fixés dans » quelques jours, tiendra pleinement compte du caratère progressif et contraint du déconfinement qui devrait intervenir en France après le 11 mai. »

Eric et Andrea Perrin dans le chai de vins blancs du château Carbonnieux  © JPS

LES PROPRIETES PRETES  A S’ADAPTER

Joint par téléphone, Eric Perrin co-propriétaire de château Carbonnieux estime qu’effectivement « il n’y aura pas la place pour 300 châteaux, moi je vois les membres de l’Union (134 membres) et une trentaine supplémentaires, une campagne avec 150 châteaux  ou marques significatives pour un marché primeurs sur Bordeaux. Comment cela va s’organiser, une partie de dégustation et une partie d’échantillons , il faudra forcément imaginer un système différent, avec un système d’envoi et cibler les gros importateurs américains comme KLW ou Wally’s sur la Côte Ouest ou MS Walker ou Frederick Wildman sur la côte est. Je ne voyais pas faire 2 campagne primeurs en 2021, sur la même année pour les négociants ce n’était pas possible. D’un point de vue commercial, c’est clair qu’il va falloir une politique commune à l’extérieur comme avec l’Union. »

Une belle couleur et une belle intensité, pour le 2018 l’an dernier et bientôt le 2019 à déguster © JPS

LES REACTIONS DE COURTIER ET NEGOCIANT

« Pour l’instant c’est un peu prématuré d’en parler maintenant, car on ne sait pas ce qui va se passer le 15 juin. Ce qui est valable le 21 avril à ce jour, ne le sera pas forcément le 15 juin », commente Thimothée Bouffard co-gérant du bureau Ripert à Bordeaux.

« Après, je trouve bien de dire : il faut faire goûter les vins , en début d’été c’est une bonne chose, cela sera ramassé sur un certain nombre de marques, beaucoup moins large que d’habitude, mais tout dépendra de la capacité des clients et du négoce… 

Thimothée Bouffard, du bureau Ripert, courtier en vins depuis 30 ans © JPS

Le phénomène important sera le prix… Avant la crise du covid-19, l’élément prix allait être un élément fondamental, car depuis 3 ans on a une campagne très difficile, là l’impact du prix sera encore plus important » Thimothée Bouffard du cabinet Ripert

Yann Schÿler, PDG de la Maison de Négoce Schröder & Schÿler commente : « si tout le monde s’est mis d’accord, c’est très bien allons-y ! S’il y a du mouvement, cela ne peut être que bon, si tout le monde est partant, tout le monde partira et on fera le maximum.Il faut avancer, on en a marre de piétiner, tout le monde veut faire des affaires et une filière qui est unie, il faut se donner cette chance là, il faut que le coup parte et on l’accompagnera. »

Pour Jean-Pierre Rousseau, manager de la Maison de Négoce Diva à Bordeaux: « cela me va très bien, c’est une très bonne idée, on a besoin de cette campagne, toute la filière, les châteaux ont besoin de faire travailler les équipes. la période la plus adaptée pour moi serait fin juin, la retarder nous handicaperait sérieusement.

Mais faut tout de même s’arrêter et réfléchir un instant, il y a une crise de commercialisation actuelle assez importante et notamment un marché des livrables qui chute avec notamment des acheteurs chinois qui font baisser. « Ce qui est dramatique, c’est la valorisation des stocks du négoce qui a baissé fortement »,  commente Thimothée Bouffard. Elle serait de l’ordre de 15 à 30%, car il y a beaucoup de vin sur la place: « ce qui a été commandé pour le nouvel an chinois n’a pas été consommé, les Britanniques ont beaucoup de vin à vendre et Bordeaux aussi… » Pour Jean-Pierre Rousseau, « pour l’instant la chute des prix n’est pas énorme, on n’est pas encore en négatif comme pour le pétrole…Mais il y a des adaptations et plus le temps passera plus elles seront sévères d’où l’utilité d’une campagne qui permettra de remettre de l’argent dans la trésorerie3

Il y aura toujours des gens intéressés par les vins de Bordeaux, c’est un grand millésime, mais Bordeaux doit s’adapter à la situation...Donc la campagne, on peut la faire si on a un prix: si on trouve des 2019 à des prix inférieurs au 2015, voire en dessous de 2014, cela dépend de chaque marque. Mais en tout cas, il faudra que ce soit beaucoup moins cher que 2016, 2017 ou 2018. Si on a un bon prix, il n’y a pas de raison que nos clients ne soient pas inintéressés. Cela sera fonction de leur capacité financière ».

Yves Beck sur le millésime 2019 à Bordeaux : « quand on a autant d’homogénéité, on est sur une grande année… »

Notre ami Yves Beck, le critique suisse surnommé le « Beckustator », confiné à Bordeaux avant même le début du confinement vient de sortir ses commentaires et notes sur 638 vins de Bordeaux dégustés sur le millésime 2019. Il est un des rares critiques à avoir pu faire cet exercice et à sortir ses notes.Il est l’invité exclusif de « Parole d’Expert » pour Côté Châteaux.

© Yves Beck, le critique en vins suisse, en dégustation début mars

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Yves Beck, en fait vous êtes confiné en France et à Bordeaux depuis le début du confinement et même bien avant ? »

Yves Beck : « je suis arrivé le 28 février, j’avais un voyage avec des clients suisses pour visiter des châteaux et plutôt que de retourner en Suisse, je me suis dit que j’allais commencer ma session de dégustation du millésime 2019 le 6 mars, un peu plus tôt que d’habitude. Donc entre le 6 et le 16 mars, cela m’a permis de déguster pas mal de vins avant le confinement, entre 200 à 250 vins ».

« A partir du 17 mars, la donne a changé, si je retournais en Suisse, j’étais obligatoirement placé en quarantaine (car venant de France) et mon épouse qui est infirmière ne devait plus aller à l’hôpital, on a trouvé plus judicieux que je reste confiné en France. Cela s’est su et des amis oenologues se sont arrangés pour me faire parvenir des échantillons à Saint-Emilion, au château La Voûte »

Jean-Pierre Stahl : « Vous êtes confiné, confiné à déguster, c’est original…mais avec des conditions de dégustations particulières ? »

Yves Beck : « Les conditions finalement sont optimales. On réceptionne les bouteilles, les gens déposent les échantillons devant le portail, on prend des gants, on les stock et met au chai au moins 24h, avec toutes les règles d’hygiène, elles sont stockées à 13-14° maxi.

Quant à la dégustation elle est vraiment top: je suis seul à un endroit, même si ce n’est pas une méthode de travail que j’aime car j’ai envie d’habitude de rencontrer les gens qui font le vin, mais là je comprends certains critiques, c’est pratique, efficace et pour la sérénité, c’est pas mal. »

JPS : « Par rapport aux détracteurs qui pourraient dire que Yves Beck n’a pas jouer le jeu, Yves Beck au contraire est resté confiné ? »

Yves Beck : « Complètement, depuis le 17 mars, je n’ai plus quitté le château la Voûte. Quand je le quitte, c’est juste pour faire des courses ou marcher un peu, avec mon autorisation de déplacement dérogatoire. Mais je joue complétement le jeu du confinement, c’est tout-à-fait normal ».

« Et je me tiens aussi aux directives de l’Union des Grands Crus de Bordeaux. J’ai dégusté un bon tiers des crus classés de l’UGCB, on m’a demandé, et non imposé, si j’étais OK de ne pas publier mes commentaires et notes, ce que j’ai fait. Mais si un château me demande mes commentaires et notes, je les lui donnerai, ce qu’il en fait cela ne me regarde pas. De toute manière, tous les vins de l’UGCB que j’ai goutés, c’était avant les directives de l’Union. Il n’y a pas eu de château qui disait on donne nos vins à goûter à Yves Beck on s’en fout.  Non, s’ils le font ce sera après le confinement et de manière collégiale et groupé…Sans les vins de l’Union, on m’a présenté 638 vins, cela montre quand même un intérêt… »

JPS : « Alors quels types de vins, Yves ? »

Yves Beck : « J’ai dégusté de tout, de toutes les régions, du Médoc à l’Entre-Deux-Mers, ceux que j’ai dégusté le moins ce sont ceux de Pessac-Léognan (il faut dire qu’il y a beaucoup de crus classés (rires)), beaucoup de Médoc, de Haut-Médoc, Pauillac, Saint-Estèphe, Saint-Emilion en force, Pomerol, Fronsac, et quelques Sauternes mais pas beaucoup, mais cela m’a inspiré, de haut niveau. »

JPS : « Au final quel est votre ressenti sur le 2019 ? »

Yves Beck : « Par rapport au 2019, on a des bons vins partout. Saint-Emilion, Saint-Estèphe ressortent du lot. C’est un indice très important, que ce soit un Médoc, un Entre-Deux-Mers, un Fronsac, un Pauillac, autant en blanc qu’en rouge, en sec qu’en doux…

Quand on a autant d’homogénéité, on est sur une grande année, pas une année exceptionnelle, mais une grande année », Yves Beck.

« On a beaucoup de fraîcheur sur les 2019, de beaux tanins, belles structures, acidités et de beaux équilibres, ce qui fait qu’on va les savourer dans leur jeunesse mais aussi ils ont cette capacité de garde que l’on recherche à Bordeaux, avec des vins sur plus de 20 ans, sans problème. »

2019 est donc une grande année qui arrive dans un contexte malheureux, mais il y a de belles perspectives avec ce millésime »

© Yves Beck avec Eric Boissonot le 10 mars dernier

JPS : « C’est une année en 9 en prime, et souvent ces années en 9 sont réussies… »

Yves Beck : « Tout-à-fait, quand on reprend le 99 c’était une bonne année sur la fraîcheur, 2009 une année chaleureuse avec du gras, du corps, des vins suaves et tanniques…

2019, ce qui le différencie, il a bien plus de corps qu’en 1999 et plus de fraîcheur qu’un 2009″

« La loi des 9 est assurée, avec aussi 1989, si je me souviens bien une année chaude et sèche… »

JPS : « Est-ce que la sécheresse en 2019, cela a joué ? »

Yves Beck : « C’est clair que les terroirs calcaires, ils ont joué leurs atouts. Ce sont eux qui arrivent le mieux à gérer le stress hydrique. Saint-Emilion a profité de son terroir calcaire, tout comme Fronsac qui s’en est bien sorti…

« Si on regarde du côté de Saint-Estèphe, ils ont eu une parfaite maturité des cabernet-sauvignons, difficiles à détrôner, Saint-Estèphe sur 2019, cela donnera de grands vins…A Pomerol, ça a été un peu plus compliqué avec des sols sableux, mais les argiles ont joué, c’est plus en dents de scie que d’habitude. »

En résumé parfaite maturité des cabernet-sauvignons sur la rive gauche et avantage aux beaux terroirs calcaires en Saint-Emilion et Fronsac, il ya une belle complémentarité ».

JPS : « On peut dire que c’est un millésime sauvé des eaux ou plutôt de la canicule, grâce aux mois d’août et septembre ? »

Yves Beck : « Les pluies en août ont été salutaires, on a eu l’impression que la météo était réglée comme une horloge suisse, s’il n’y avait pas eu ces épisodes, cela aurait été encore plus compliqué, cela aurait manqué surtout de fraîcheur et d’équilibre… »

Il y a du pep’s, de la gniaque, dans un style très complet. On a de l’ampleur, de très belles notions d’équilibre avec surtout de la fraîcheur.

JPS : « Et vous avez déjà publié vos notes et commentaires…? »

Yves Beck : « J’ai sorti un premier carnet avant hier avec 638 vins qui sont présentés. Le gros est passé, je ne vais pas attendre, attendre, c’est la première partition. Mais déjà j’ai reçu une cinquantaine d’échantillons supplémentaires, arrivés depuis le 18 avril, évidemment tout le monde n’était pas au courant que j’étais là. il y aura une deuxième carnet avec une centaine de crus et potentiellement un troisième avec la dégustation de l’Union, mais on ne sait pas où ni comment ? Mais je préfère me concentrer sur ce que j’ai à faire. »

JPS : « Et vous notez sur une échelle de 100 comme Robert Parker autrefois. »

Yves Beck : « Je travaille toujours sur des notes potentielles en dégustation primeurs, on déguste à un instant T, on déguste quelque chose en cours d’élevage. Mes meilleures notes on été décernées à Lafleur à Pomerol 98/100 et à Tertre Roteboeuf à Saint-Emilion 98-99/100, mais ce qui est aussi réjouissant c’est château Lousteauneuf qui obtient 95-97 en Cru Bourgeois, cela montre la capacité du propriétaire à produire de grands vins mais aussi la logique d’un grand millésime où l’on voit des crus plus modestes dans la course.

« J’utilise les notes entre 80 et 100/100, en dessous comme 75 cela n’intéresse personne et je suis davantage Das une logique positive. La critique est dans la note, si vous obtenez 90 c’est très bien mais il vous manque 1à pour aller à 100. Je suis plus dans le positif, cela ne m’intéresse pas de dire du mal, il faut être respectueux des gens qui produisent du vin et c’est mon approche.. »

JPS : « Ce n’est pas l’Ecole des Fans tout de même où tout le monde a gagné…? »

Yves Beck : « Non, mais si ton gamin rentre de l’école et te dit qu’il a obtenu juste à 88 sur 100 questions, tu ne vas pas lui foutre une claque, tu vas lui dire bravo c’est bien tu connais bien la matière, mais 88 dans le milieu ça ne vaut pas assez, on commence à s’intéresser à toi si tu as 92 points ou plus, c’est dommage mais c’est comme cela. A 88, j’ai des petits vignerons qui me remercient d’avoir eu 88 points, et y en a d’autres plus grands qui râlent quand j’ai mis 92 à leur vin… »

JPS : « Par rapport à Robert Parker qui a fait la pluie et le beau temps à Bordeaux, et qui a laissé un grand vide, vous êtes plusieurs critiques à vous exprimer aujourd’hui, est-ce que vous l’avez tous remplacé…? »

Yves Beck : « A court et à moyen terme, une telle influence comme Robert Parker a eu, il n’y en aura plus ! C’était mon idole, quand j’étais adolescent j’étais fasciné par ce gars, j’achetais les vins qu’il notait et je les goutais, j’étais un grand fan. C’est un peu grâce à lui et par goût que je suis devenu dégustateur et critique e vins; mais une telle domination et suprématie, c’est dangereux, à l’époque Bordeaux l’a acceptée. 

Le monde des critiques doit être coloré et multiple, aujourd’hui il y a beaucoup plus de dégustateurs et de consommateurs qui s’impliquent et qui commentent, cela s’est démocratisé et diversifié, il y a presque autant de dégustateurs que d’entraîneurs en foot »

James Suckling est très actif à plein d’échelles, sur les vins américains Italiens, Bordelais, il joue sur beaucoup de tableaux, il est très suivant aux USA ou en Asie, il y a aussi Neal Martin, Jeb Dunnuck  très influent sur les Usa mais plus axé Vallée du Rhône et Lisa Peretti du Wine Advocate sur Bordeaux.

« Si on regarde, le consommateur est intéressé, c’est fondamental d’avoir différents sons de cloche et c’est bien que ce monde de critiques soit coloré, c’est plus attractif, plus fun, plus dynamique aussi. Cela ne m’intéresse pas d’être un grand critique mondialement reconnu, je vis de mon métier et je partage le plaisir du vin. C’est vrai que j’ai grandi depuis deux ans, mais je n’ai pas de prétention surdimensionnée, vivre de la critique de vin, c’est tout sauf évident mais je me dédie 100% à cela, j’aime mon métier ».

Pour tout savoir et suivre Yves Beck c’est ici

20 Avr

Solidarité avec les soignants : les initiatives du monde du vin se multiplient

Petit tour d’horizon de ces châteaux, vignerons, négociants et autres représentants de la filière qui se mobilisent à leur niveau pour faire des gestes pécuniers ou autres envers les hôpitaux.

Service des Urgences de l’Hôpital Robert Piqué recevant les tubes de crèmes pour les mains

LOUIS MONNIER LE NEGOCIANT AU GRAND COEUR

De plus en plus d’initiatives se font jour, je vous avais déjà parlé de Louis Monnier, négociant directeur commercial de The Wine Merchant qui mouille le maillot depuis près d’un mois pour apporter des petits déjeuners aux personnels soignants dans les différents services du CHU de Bordeaux, personnels en pointe face à l’épidémie de coronavirus. Une initiative menée grâce au concours de Guillaume Halley et Olivier Cornuaille de Carrefour Market à Bordeaux Caudéran. Par ailleurs, pensant toujours aux personnels soignants, il a réussi aussi grâce à Mathilde Thomas et Caudalie à leur apporter des crèmes hydratantes pour les mains (pas mal attaquées à force de se les laver et d’utiliser du gel hydro-alcoolique)… Il a aussi préparé des petits déjeuners pour les personnels partis en renfort dans le grand est avec le bus de Girondins de Bordeaux. Et il a mis sur pied également une cagnotte leetchi  à destination des soignants et hôpitaux de Bordeaux.

Plus récemment, il a décidé aussi de ne pas oublier les étudiants sur le campus universitaire de Bordeaux-Talence-Pessac, qui en ce moment éprouvent de grandes difficultés à se nourrir, vu que les restaurants du Crous restent fermés, et avoir un minimum d’hygiène : « j’ai eu vent aussi que des jeunes étudiants étaient dans la détresse, des étudiants bosseurs dont certains sont en pharma, ou autres, en 3e ou 4e année, beaucoup d’étrangers avec peu de moyens qui vivaient de petits boulots et qui n’en ont plus actuellement, ils sont démunis, ils n’ont quasiment rien, j’ai commencé à leur distribuer des produits d’hygiène (dentifrices, brosses à dents, Pq, produits de nettoyage ou serviettes hygiéniques), j’ai recensé ainsi 200 jeunes dont 65 filles qui sont un peu laissés pour compte, les Crous devraient réouvrir leurs restaurants, avec l’association Espoir pour Tous de Talence on leur vient en aide en respectant les distances de sécurité par ces distributions, on essaye de faire bouger les lignes » D’autres associations notamment pessacaises leur viennent en aide comme le centre social Alain Coudert qui distribue des dons faits par le Géant Casino de Pessac.

UN DON DE 10000€ DE PETIT BALLON A L’ASSISTANCE PUBLIQUE-HOPITAUX DE PARIS

Spécialiste du vin en ligne et par abonnement, Petit Ballon a fait savoir qu’il faisait un premier don de 10 000€ à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, en soutien aux personnels soignants face à la crise liée à l’épidémie de Covid-19. En fait, ce sont 2€ par commande sur lepetitballon.com qui sont reversés depuis le 27 mars. « Une opération solidaire qui s’étendra jusqu’à la fin du confinement afin de récolter un maximum d’argents pour les hôpitaux », selon Martin Ohannessian cofondateur du Petit Ballon.

La Confrérie des Chevaliers du Tastevin poursuivant le 17 avril la préparation et la distribution de colis gourmands adressés aux personnels soignants © au château Clos de Vougeot

LE CHATEAU DU CLOS DE VOUGEOT ET LES CADETS DE BOURGOGNE MOBILISES POUR SOUTENIR LES SOIGNANTS

Ils font partie du patrimoine bourguignon, le Clos Vougeot, la confrérie des Chevaliers du Tastevin et les Cadets de Bourgogne, choeur d’hommes à 3 voix, apportent eux aussi leurs soutiens aux personnels soignants.

Ainsi des colis sont préparés au sien du cellier cistercien qui sert d’entrepôt logistique depuis début avril par la confrérie des Chevaliers avec l’association Vive la Bourgogne-Franche-Comté et des artisans producteurs locaux. Ce sont ainsi des paniers de spécialités qui sont ainsi préparés, avec des gougères au jambon persillé, de la moutarde Fallot, des fromages des fromageries Delin, Berthaut, et Gaugry, des produits de la ferme Fruitrouge, des nectars de Bourgogne, etc… Chaque semaine 200 colis sont préparés pour remplir le camion du château afin d’être livrés au CHU de Dijon et aux Hospices civils de Beaune. « Les retours des soignants sont nombreux, notamment via les réseaux sociaux, beaucoup ont pris le temps de nous envoyer des messages de remerciements.Cette initiative donne véritablement sens à la vocation de la confrérie: véhiculer des valeurs fortes depuis le Bourgogne vers le monde entier », commente Arnaud Orsel. 600 colis ont déjà été livrés.

Par ailleurs, les cadets de la Bourgogne, coeur polyphonique bourguignon dont la scène de prédilection est le château du Clos de Vougeot, ont adapté la célèbre chanson « joyeux enfants de la Bourgogne » pour saluer les « glorieux soignants » du monde entier.

LA VENTE AUX ENCHERES: « LES VINS DE BORDEAUX LEUR DISENT MERCI »

C’est une grande opération caritative envers les soignants que lancent les Vins de Bordeaux… La filière des Vins de Bordeaux et l’Office de Tourisme lancent une grande opération de solidarité, destinée à soutenir les professionnels des hôpitaux de Gironde, aux dates initiales de Bordeaux Fête le Vin: l’opération LES VINS DE BORDEAUX LEUR DISENT MERCI est une vente aux enchères ouverte au grand public du 15 au 21 juin, avec des vins offerts par les châteaux et négociants, dont le fruit sera reversé aux hôpitaux impacté par le Covid-19. Les châteaux et négociants peuvent proposer leurs vins ou séjours en chambres d’hôtes sur une plateforme ouverte jusqu’au 15 juin pour être ensuite vendus aux enchères.  « 100% de la somme servira à acheter du matériel ou à améliorer leur qualité de vie au travail au sein des hôpitaux qui ont été sur le front du Covid-19 », me précisait Christophe Chateau du CIVB.

 

19 Avr

Côté Châteaux au plus près des vignerons en proie aux intempéries

Durant cette période de confinement difficile pour tous, Côté Châteaux continue de vous tenir au courant de l’actualité du monde du vin et en premier lieu des vin…tempéries qui ont touché de nombreux vignerons à Bordeaux, Bergerac, et ailleurs. Merci pour votre suivi et votre fidélité… #laVigneContinue.

Les dégâts de la grêle sur la vigne ce vendredi en Gironde © Sophie Aribaud

Allez pour faire un clin d’oeil à notre cher chanteur Christophe disparu, « et j’ai crié, crié…la vigne, pour qu’elle revienne… » C’est un peu une double tristesse en ce moment d’avoir perdu notre célèbre chanteur, emblème national, et pour les vignerons de Bordeaux très impacté par la grêle, d’avoir vu disparaître leurs bourgeons et leur espoir de récolte. Ils sont quelques-uns à avoir tout perdu en 5-10 minutes vendredi soir à cause de ces satanés orages de grêle, en avril, du jamais vu. A Saint-Cibard, dont on parlera ce soir sur France 3 Aquitaine, à Saint-Méard-de-Gurçon dont nous avons évoqué la situation hier soir dans le  19/20 ou encore à Moulon ou Grézillac…la vigne a souvent été hachée, laissant un paysage hivernal après la grêle.

Vendredi soir dès 18h45, grâce à son réseau, Côté Châteaux vous a alerté sur l’intensité de ces premiers épisodes de grêle sur la Gironde à Moulon, Grézillac et autour de Saint-Emilion, épisodes qui se sont poursuivis en Dordogne dans l’appellation Montravel notamment. Un article (De fâcheux épisodes de grêle en cet fin d’après-midi sur le vignoble de Bordeaux et celui de Bergerac) actualisé dans la soirée et encore toute la journée de samedi, faisant un tour d’horizon assez complet des vignobles concernés et donnant la parole aux vignerons touchés. Vous avez été 20 000 personnes à lire cet article, 6500 à liker sur les réseaux sociaux et notamment Facebook, c’est un retour qui montre non seulement le sérieux des informations, mais aussi la réactivité grâce aux vignerons, responsables de syndicats et conseillers viticoles et le CIVB, interrogés, et cela montre aussi l’ampleur du phénomène de grêle.

Fin mars, début avril, les vignerons très sollicités sur ce millésime 2020, avaient du faire face au gel, 10 jours intenses avec 6 à 7 matinées en dessous de 0° dans plusieurs endroits et quelques dégâts. Là aussi Côté châteaux a consacré 3 articles au gel et à ce combat acharné des vignerons, avec un pic les vendredi 27 et samedi 28 mars : « Gel à Bordeaux : 2020 commence décidément très mal… », un article lu par 37 000 personnes. Là aussi, une info de première main, relatée dès le début de matinée. Bref 125 000 lecteurs depuis mars et en ce mois d’avril.

Merci encore pour votre fidélité au blog Côté Châteaux et en espérant pour les vignerons moins de « maux et bleus » et comme « avec les filles », qu’ils renouent avec un « succès fou ».

#SoutienAuxVignerons #LaVigneContinue #CoteChateaux #CarpeDiem

Regardez le reportage à Tayac et Saint-Cibard en Gironde de mes confrères Gilles Bernard et Nicolas Pressigout :

17 Avr

De fâcheux épisodes de grêle en cet fin d’après-midi sur le vignoble de Bordeaux et celui de Bergerac

Il ne manquait plus que cela. Après le gel du début de mois, voici la grêle alors que la vigne était bien sortie et avait surmonté même le gel. Les secteurs les plus touchés se situent dans l’Entre-deux-Mers à Grézillac et Moulon, dans les Côtes de Francs à Saint-Cibard, autour de Saint-Emilion à Lussac et Puisseguin il y a eu un peu de grêle aussi dans le Sauternais. Des dégâts sont aussi recensés sur le vignoble de Bergerac.

On le voit bien, la vigne ici été hachée par la grêle sur le secteur de Saint-Christophe-des-Bardes © Croix de Labrie

Sur les réseaux sociaux, cela tombe comme à Gravelotte. Non seulement la grêle, mais la preuve par l’image vidéo et photo, de nombreux secteurs sont très durement touchés par cette satanée grêle qui s’est invitée juste avant l’heure de l’apéro, sauf que personne n’a été prévenu et ça ne se fait pas!

Malheureusement, ce n’est pas que du virtuel, elle a fait de sacrés dégâts avec des grêlons de type « petits pois » et gros pois » selon Sophie Aribaud conseillère viticole, bref jusqu’à 1 centimètre mais pas mal tranchant….et c’est suffisant pour faire du vilain.

Après le gel, la grêle, c’est la m… Je pense qu’il va y avoir de gros dégâts », Pierre Coudurié du château La Croix de Labrie

« C’est venu pour nous en 3 fois », continue de commenter Pierre Coudurié du château Croix de Labrie qui a des vignes à Saint-Christophe-des-Bardes et Saint-Sulpice-de-Faleyrens. « Je ne sais pas trop si on a bien pris, on verra cela un peu plus tard, c’était des grêlons qui faisaient jusqu’à un centimètre de diamètre. Et pourtant on a fait du préventif, sur Saint-Sulpice notamment, on était 16 domaines mobilisés pour faire de la lutte anti-grêle avec des canons, et le concept Celerys, c’est plutôt efficace », mais bon c’est tombé, disons que peut-être cela a diminué l’intensité et la taille des grêlons ».

© Sophie Aribaud

Ainsi Sophie Aribaud me détaille les secteurs touchés qui sont malheureusement très nombreux : « une cellule orageuse est passée entre 17 et 18h sur des secteurs souvent touchés : la Sauve, Haux, Grézillac comme d’habitude, Gourgue, et puis c’est descendu sur Moulon, cela a traversé la rivière Saint-Sulpice, Saint-Pey et Saint-Laurent des Combes, et une partie de Saint-Emilion, cela a touché le bourg.

Il y a eu des chocs, cela a bien tapé, avec des rameaux cassés et des petites grappes au sol », Sophie Aribaud conseillère viticole

Philippe Carille du château Poupille à Sainte-Colombe commente également : « une partie de Castillon a bien pris, on a bien pris sur une partie de Saint-Emilion aussi, il faudra voir dans 24-48 heures…Tayac cela a bien pris. A un moment donné tu as le noir qui arrive, puis tout est blanc… »

Cela a bien rasé par endroits, c’est comme en hiver, il n’ya plus de feuilles » Philippe Carille.

 

UNE PREMIERE EVALUATION CE SAMEDI DES SECTEURS TOUCHES AVEC LE CIVB

Christophe Chateau, du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a fait ce samedi matin un tour d’horizon des secteurs très touchés à commencer par « l‘Entre-Deux-Mers avec Espiet, Grézillac, Moulon, les châteaux Marjosse et Bonnet » par exemple, « un peu sur Saint-Emilion, Saint-Etienne de Lisse, beaucoup sur les Côtes de Francs, avec notamment château Le Puy ». 

CASTILLON ET LES SECTEURS AUTOUR DE SAINT-EMILION AUSSI CONCERNES

Françoise Lannoye, la présidente des Côtes de Bordeaux me confie que « Castillon a été touché sur certains secteurs, mais que sur Puisseguin cela a fait encore des dégâts colossaux ». 

C’est catastrophique, finalement cela devient invraisemblable, on a été pris de court, cela n’a été indiqué sur aucune station météo » Françoise Lannoye présidente des Côtes de Bordeaux

Pour Franck Binard, directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion: « on a des retours partiels, il faudra attendre quelques jours pour voir l’évolution. C’est assez hétérogène. Lussac et Puisseguin ont été assez touchés, la taille des grêlons variait de un demi-centimètre à 1,5 centimètre. Pour ceux qui ont été touchés, les estimations peuvent varier entre 10 et 30% de vigne impactée. Dans cette sinistrose, les viticulteurs que j’ai pu avoir au téléphone restent optimistes…J’ai eu Jean-François Quenin, il m’a dit qu’en 23 ans il n’avait jamais vu cela à Pressac, tout était blanc… »

Il faut avoir une sacrée dose d’optimisme, vu le contexte, il ne manquerait plus qu’un nuage de sauterelles ! » Franck Binard directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion.

Une vigne meurtrie, plus une feuille, plus de grapillon, plus rien au © château Le Raz

DANS LE BERGERACOIS, LE SECTEUR DE SAINT-MEARD-DE-GURCON MEURTRI

De nombreux vignerons ont commenté ce soir sur Facebook leur ressenti et la situation dramatique comme Patrick Barde au château le Raz à Saint-Méard de Gurçon : »très gros orage sur notre vignoble, la récolte ne sera pas pour cette année », avec des photos à faire frissonner et des grêlons de 2 centimètres de diamètre. Selon Quentin Deffarge, responsable de la section Montravel, « c’est assez localisé finalement: surtout sur Saint-Méard de Gurçon, au tour de Saint-Michel de Montaigne pas de gros dégâts, assez superficiel sur Fougeyrolles et le nord de l’appellation ».

Joint par téléphone, Patrick Barde dresse ce samedi l’état des lieux :

On ne peut que constater les dégâts aujourd’hui sur les 70 hectares de la propriété, on a a minima 60% touchés et a maxima 100%. On est impuissant devant les éléments, » Patrick Barde château Le Raz.

« Cela s’est passé vers 19h45, après que le Saint-Emilionnais ait été touché, on se doutait que cela allait nous arriver dessus ». Un déluge d’eau puis de grêle dont se serait bien passé Patrick Barde: « la crise, il n’y a pas un vigneron qui ne la sent pas. Pour nous la commercialisation se fait d’habitude par l’export, la restauration et les cavistes. En ce moment il n’ya qu’eux qui marchent et à 20%, on tourne donc à 10% de ce que l’on fait habituellement…Mais bon je positive et j’ai toujours du vin à vendre, pour rassurer mes clients. »

DANS LES COTES DE FRANCS : « SAINT-CIBARD, RAYE DE LA CARTE, AU NIVEAU DE SES VIGNES »

Joint ce samedi matin, Yann Thienpont du château Puygueyraud et Clos Fontaine a fait un tour des vignobles des Francs en Côtes de Bordeaux, puisqu’il est président de cette appellation: 

Francs est touché légèrement, Tayac durement touché et Saint-Cibard quasiment rayé de la carte au niveau du vignoble. C’est totalement exceptionnel. De mémoire de vigneron et selon les anciens, on n’a jamais vu cela ! », Yann Thienpont président du syndicat de Francs.

Et de poursuivre: c’est un phénomène unique, au niveau hygrométrie on a la plus faible car on est équidistant entre la vallée de l’Isle et la Dordogne, on culmine au plus haut à 110 mètres et nos vignes sont à 80-100 mètres d’altitude, bon ça n’a pas raté mais c’est exceptionnel la dernière fois c’était en 1985. On a quelques parcelles sur le haut du plateau pas trop touchées, nous espoirs maintenant ce sont sur les contre-bourgeons pour faire des bois pou l’année prochaine. En 2017 on a eu le gel, en 2018 le mildiou, en 2019 c’était plutôt tranquille, et là en 2020on espérait un rendement correct, mais non, c’est une année bissextile ! C’est une méga catastrophe avec toutes les difficultés que l’on connaît. Il risque d’y avoir des bouleversements prochainement avec des anciens qui vont vouloir arrêter…

Un rang de vigne avec des abats de grêle au © château Le Raz

GREZILLAC ET L’ENTRE-DEUX-MERS BIEN TOUCHES AUSSI

Pierre Lurton, le PDG d’Yquem et de Cheval Blanc, possède à Grézillac son propre château Marjosse: « j’ai grêlé, 30 hectares bien sérieusement, en revanche les vignes plus qualitatives qui font le grand Marjosse sur 15-20 hectares n’ont pas été touchées. Tout ce qui est héritage de mon père, ça cela a été touché…

On s’est pris un peu de gelée, puis la grêle, et on n’est qu’au 18 avril, cela commence vraiment bien.Et en plus on est confiné…Mais on s’en sortira », Pierre Lurton château Marjosse.

Bruno Baylet, président du syndicat de l’Entre-Deux-Mers confirme ce samedi après-midi des dégâts sur « Haux, La Sauve, Targon, Saint-Léon, Daignac et Grézillac, avec par endroits des vignes touchées à 100%, c’est le même couloir qu’en 2017″. Un lourd tribu car des dégâts considérables avaient déjà eu lieu en 2009 et 2013 sur certains de ces secteurs.

Concernant l’évolution de la vigne, Sophie Aribaud apporte encore cette précision: « On avait 5 à 6 feuilles étalées et allongées, et des grappes visibles, elles avaient doublé voire triplé de volume en une semaine !Là il va falloir non seulement constater les dégâts, mais aussi revoir les traitements de la vigne effectués cette semaine: « tous les gens qui avaient traité, le traitement est au sol ! »

A tous ces vignerons touchés à des degrés divers, on leur souhaite du courage et on s’associe à leur peine face à ces éléments souvent très violents et injustes.

Jofo rend hommage et dit Merci aux soignants sur la façade du Palais de la Bourse de Bordeaux

Avec son personnage fétiche Toto, qui avait servi à illustrer de nombreux châteaux de Bordeaux, l’artiste bordelais Jofo et la CCI de Bordeaux disent Merci aux personnels soignants en lutte contre le coronavirus. Une toile de 386 m2 dévoilée ce jour peu avant midi.

L’affiche dévoilée ce midi par Jofo (au centre) et la © CCI de Bordeaux, dont Patrick Seguin, en présence du directeur du CHU et des différents partenaires

C’est un dessin qui en dit long. Il résume à lui tout seul la reconnaissance de toute la population, française et bordelaise, envers les soignants en première ligne dans le traitement de l’épidémie. Un Toto qui incarne tous les totos que nous sommes, humbles face à ce maudit virus, comptant sur le professionnalisme et le dévouement des soignants et des hôpitaux. « Un Toto représentant le personnel soignant sonné par le feu d’artifice de remerciements qui colore le ciel noir de notre ville… » commente l’auteur.

Jofo a commenté ce matin ce qui l’a poussé à faire ce crobart :

 À l’origine…  Me rendre utile, gracieusement ! Le rêve de créer un dessin de soutien aux personnels soignants qui luttent en première ligne face à l’ennemi invisible. À l’origine… Occuper la façade de la Bourse par un visuel explicite et fort » JOFO

Son projet a tout de suite reçu un écho favorable au sien de la CCI de Bordeaux Gironde et de son président Patrick Seguin qui explique « cette œuvre viendra en lieu et place des publicités qui participent au financement de la restauration du toit du Palais de la Bourse »

Ce sont donc des dizaines de mercis avec la tête à Toto muni d’un masque qui ornent cette toile de 386 mètres. Une création possible grâce à la CCI Bordeaux Gironde qui a reçu le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la société LightAir et de l’entreprise « Prixtel » (opérateur téléphonique) qui a financé la fabrication de la toile.

Pour aller plus loin dans ce message, une vente en ligne de 1000 tirages d’art signés JOFO au bénéfice du CHU sera mise en place  en parallèle, organisée par la Direction du Mécénat du CHU de Bordeaux et JOFO, les fonds récoltés seront intégralement reversés en soutien aux professionnels de santé du CHU de Bordeaux.

Annulation de l’édition 2020 des Printemps de Châteauneuf-du-Pape

Suite à l’annonce du Président Macron du 13 avril, les organisateurs ont finalement décidé d’annuler totalement l’édition 2020 et de donner rendez-vous à 2021.

Dans la série quand ça veut pas, ça veut pas. Nombre de manifestations ne pourront pas se tenir cette année, hier les organisateurs ont envoyé un communiqué confirmant l’annulation définitive de l’édition 2020 des Printemps de Château-Neuf-du-Pape, le report prévu du 12 au 14 juin semblant difficile à organiser dans le contexte actuel.

Cette décision fait suite aux déclarations du Président Macron de lundi dernier qui envisage un déconfinement progressif pas avant le 11 mai et les grosses manifestations qui ne devraient pas pouvoir se tenir avant mi-juillet, comme les cafés, restaurants qui demeurent fermés aussi jusqu’à un nouveau point du gouvernement ou du Président.

Dès lors, les Printemps de Châteauneuf-du-Pape ont déjà fixé leur prochain rendez-vous : les 9, 10 et 11 avril 2021.

Allez on garde le moral, en se disant que Châteauneuf-du-Pape reste l’un des terroirs les plus magiques de France, avec son terroir exceptionnel de gros galets roulés. A découvrir, pour ceux qui ne le connaissent pas encore.

16 Avr

Oenotourisme à Bordeaux: un coup d’arrêt enregistré déjà avant le confinement

Parmi les nombreux secteurs qui souffrent du manque de fréquentation, celui de l’oenotourisme est lui face à « un mur ». Un secteur à l’arrêt. Les annulations ont commencé avant le confinement, les touristes annulant les uns après les autres.  Réactions de Chloé Cazaux Grandpierre spécialiste des tours culinaires ou wine tours, et de Vincent Labergère, dont le château Rayne-Vigneau dans le Sauternais, a connu ces dernières années un fort développement oenotouristique. Ces acteurs attendent une embellie et ont de beaux projets à venir.

© Chloé Cazaux Grandpierre (à droite) faisait découvrir à de nombreux touristes le vignoble de Bordeaux, ici au château Guiraud

S’il y a bien un secteur en pleine explosion à Bordeaux et en Gironde, c’est bien celui de l’oenotourisme. Alain Juppé se vantait il y a moins de 3 ans, alors qu’il était encore maire, que le tourisme avait été multiplié par 3 à Bordeaux en 15 ans… Le classement de la ville au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 2007 a eu un effet notable, mais pas seulement il y a eu la renaissance de la ville et aussi l’accueil dans les châteaux car parmi les touristes français ou étrangers interrogés, 46% reconnaissaient venir aussi pour visiter le vignoble bordelais.

Surfant sur cette déferlante, de nombreux acteurs oenotouristiques ont créé leur société et concept. C’est le cas de Chloé Cazaux Grandpierre avec C & W Expériences, une Sarl spécialisée comme elle me l’explique dans ce que les anglo-saxons considèrent comme « des tours culinaires », cela recoupe les vins, spiritueux, la gastronomie, la culture et le patrimoine.

Chloé Cazaux Grandpierre © Roger Savry

Chloé est guide conférencière, mais aussi diplômée en sommellerie et exploite un VTC, elle a ainsi créé sa micro-entreprise en 2012 puis une Sarl en 2017. Avec son concept Expériences by Chloé and Wines, elle proposait de nombreux wine tours, des tours pédestres de Bordeaux « le gourmet food tour » ou tour une véhicule de découverte de 3 vignobles, comme celui du Médoc entre Pauillac, Saint-Julien et Margaux, mais aussi rive droite avec Saint-Emilion et Pomerol, ou rive gauche avec Graves et Sauternais, mais aussi Cognac, etc…des formules très abouties où elle servait de guide-chauffeur et réalisait avec les châteaux les visites et dégustations. Tout marchait bien,  avec 357 personnes accueillies en 2018 et encore plus en 2019, jusqu’à cette sacrée épidémie de coronavirus…

Cela a commencé 15 jours avant l’annonce officielle de confinement du Président de la République, on a commencé à avoir des annulations avec remboursements, dans 95% des cas, ou des reports. Et quand Trump a annoncé la fermeture des frontières, cela a été la catastrophe, tout a été annulé », Chloé Cazaux Grandpierre

Chloé Cazaux Grandpierre reconnaît avoir pu travailler jusqu’à la mi-mars, mais « depuis je n’ai aucune réservation à venir, rien du tout, jusqu’en septembre où un tour a été reporté », il avait été réservé avec un bateau de croisière qui devait faire escale.

« Au début, cela a été très difficile de voir les annulations et de faire les remboursements d’acomptes, mais bon ce sont des cas de force majeure et donc avec les agences et les plateformes, on a remboursé bien sûr au client, mais je l’ai très très bien vécu, je suis restée philosophe. On est tous dans le même cas de figure et mieux vaut se concentrer sur l’après. »

Même si sa clientèle est à 100% internationale (90% d’américains, mais aussi des asiatiques de Hong-Kong, Singapour, du Canada ou d’Australie), Chloé sait qu’elle va rebondir, elle prospecte actuellement de nouveaux clients potentiels, relance son blog Chloé and Wines avec un article par semaine et commence une quinzaine digitale: « on va parler de vin, d’oenotourisme avec Rayne-Vigneau, de vin et musique avec Fleur Cardinale et de spiritueux avec Cognac et Rémi Martin, et de gastronomie avec le chef Stéphanie Bottreau de Cook and Tinem ». Un rendez-vous chaque soir sur Instagram à 18h. Chloé Cazaux Grandpierre continue donc d’occuper le terrain via internet et les réseaux sociaux, en attendant une embellie et le retour des touristes qui bien sûr vont chercher à revenir dans cette belle région viticole bordelaise.

Le château © Rayne-Vigneau, 1er cru classé de Sauternes situé à Bommes

Au château Rayne-Vigneau, Vincent Labergère reconnaît que l’oenotourisme « est une activité qui est devenue importante, depuis 2012 on a une progression à deux chiffres, cette activité connexe à la production de vin, permet de vendre du vin, d’établir un fichier client, d’avoir une visibilité et une certaine notoriété ».

On avait plein de projets de développement cette année, les projets pleuvaient de partout au niveau oenotouristique, mais aujourd’hui on est dans un mur, tout est annulé au niveau des groupes jusqu’à début juillet, » Vincent Labergère directeur du château Rayne-Vigneau.

© Rayne Vigneau à cheval permet une découverte du terroir de Sauternes

C’est une offre très complexe et complémentaire que Vincent Labergère a mis sur pied avec ses équipes : depuis la visite découverte avec dégustation de 3 vins, « Secrêt de Rayne-Vigneau » visite chais et propriété avec aussi dégustation,  à « Millésimez-vous  » avec une dégustation verticale de 6 vins de la propriété, sans compter un « atelier d’assemblage » pour se mettre à la place du maître de chai et repartir avec son propre vin, la visite des « 5 sens en éveil » (comment comprendre par exemple le parallèle de qualificatifs sur un vin entre le toucher et la dégustation « soyeux », « doux », « velouté » sur la base d’une palette à toucher…et une autre sur les couleurs…),la découverte du terroir à cheval, un escape game « Sweet Game » ou encore une « dégustation perchée » dans un cèdre à 12 mètre en hauteur…

Un véritable succès puisque le château a enregistré 7000 visites payantes en 2019, et si on ajoute le week-end des portes-ouvertes cela monte à 10 000 personnes. Une reconnaissance aussi par les Best Of Wine Tourism qui avaient consacré l’an dernier cette visite des « 5 sens en éveil » par un trophée Best Of d’Or.

Un dépaysement total avec cette dégustation perchée du © château Rayne Vigneau à 12 m de haut

Mais tout cela, c’était avant ce satané virus qui fait dire avec humour à Vincent Labergère « on va allumer un cierge pour se relancer ». Mais dans ce secteur, comme dans d’autres, c’est souvent le travail et l’originalité qui sont récompensés: « on va continuer notre communication sur les réseaux sociaux et continuer à travailler notre visibilité. On organise d’ailleurs actuellement un concours de coloriage pour les moins de 12 ans avec un tirage au sort pour permettre de gagner une dégustation perchée pour 4 personnes, il y aura aussi des ateliers d’assemblage et visites découvertes à gagner pour les parents bien sûr. On réfléchit aussi pour le retour à un week-end pétanque et à des visites dégustations. Je pense que en juillet et en août on va retrouver une clientèle spontanée et locale car les gens ne vont pas pouvoir partir à l’étranger a priori, et on devrait reprendre une activité normale en septembre. »  

Aujourd’hui l’absence de touriste et d’oenotouristes représente un grand vide, presque à donner le vertige quand on sait que 900 000 d’entre eux passent chaque année par l’Office de Tourisme de Bordeaux et qu’un tiers avouent avoir visité au cours de leur séjour au moins un château. 37% des ventes de visites à l’Office de Tourisme sont des visites dans le vignoble. Quant au nombre de nuitées vendues sur la métropole bordelaises, ce sont 6,35 millions qui ont été vendues en 2019, de quoi mesurer quelque peu le manque à gagner actuel tant pour les hôteliers, restaurants, guides, wine-tours que pour les châteaux.

Pour Sophie Gaillard, responsable de l’oenotourisme à l’Office du Tourisme de Bordeaux Métropole le contexte lui fait dire : « on ne va pas avoir de touristes étrangers ou très peu cet été, il va falloir trouver d’autres pistes; la clientèle française et locale vont être nos cibles privilégiées, mais ce ne sont pas les mêmes produits que l’on vend à des Français ou à des Américains. D’habitude notre offre de wine tours est pas mal ciblée sur une clientèle étrangère, désormais la tendance au locatourisme se profile. »

Allez on va positiver et on espère que cela va repartir dès que la situation sanitaire va s’arranger. Hauts les coeurs !

15 Avr

Primeurs à Bordeaux : il y a un certain appétit malgré la crise

C’est une année à marquer d’une pierre blanche. Une première depuis que le système des primeurs existe. Ni les propriétés, ni la place de Bordeaux, ni l’Union des Grands Crus n’ont pu faire déguster dans les mêmes conditions que d’habitude en mars-avril le millésime 2019 aux journalistes, critiques et distributeurs français et étrangers. Une campagne primeurs qui pourrait malgré tout se tenir… Enquête de Côté Châteaux.

Les Primeurs à Bordeaux, c’est la Grand-Messe où le nouveau né est présenté avec sa belle robe rouge ou or à de très nombreux parrains… C’est vrai, c’est quasi cérémonial, avec des  règles définies par l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui organise la venue traditionnellement de 5000 à 6000 professionnels du monde du vin en mars et avril, avec une messe qui dure en général 4 jours, sur cette fameuse semaine (officielle) des Primeurs. Elle devait se tenir du 30 mars au 2 avril cette année, mais patatras, il y a eu ce que personne n’aurait imaginé il y a encore un an en arrière, une épidémie, une pandémie même qui a mis à genou l’économie mondiale car d’abord il fallait gérer cette crise sanitaire, que certains ont dépeint comme « une guerre ».

Jacques Dupont, dégustant les crus artisans du Médoc en avril 2018 © JPS

Jacques Dupont, journaliste du magazine le Point, est l’un des grands critiques, dont les paroles et les notes sont bues par de nombreux amateurs de vin; en général il ne fait pas trop de laïus, ce n’est pas le genre curé, il va à l’essentiel car chaque année il déguste plus de 2000 vins pour donner son avis sur le millésime, qui ne sera livré en général que 2 ans après. C’est ça les primeurs, un exercice assez périlleux et pointu, de donner un avis sur un vin qui n’a que 4 mois d’élevage. La propriété va le vendre au négoce, qui lui-même va vendre aux particuliers ou sociétés à partir de mai-juin, pour permettre au château de se faire de la trésorerie, avec en général un petit avantage sur le prix et une livraison près de 2 ans plus tard. Mais cette année a pour lui une saveur particulière…Il n’y aura pas de guide « Spécial Bordeaux » par Jacques Dupont comme de l’accoutumée dans le Point fin mai.

Jacques Dupont dégustant les primeurs en Fronsac et Canon Fronsac l’an dernier © JPS

« On devait démarrer le 15 mars, mais la veille on a entendu Edouard Philippe, avant de partir et avec Olivier Bompas on s’est concerté et on s’est dit on ne va rien faire, on a vu progressivement les châteaux annuler les uns après les autres, du coup on a tout annulé, car on ne voyait pas bien la porte de sortie… D’habitude Olivier part pour 3 semaines et moi 4 à Bordeaux pour déguster, là c’est un retard qu’on ne peut pas combler, même s’il y avait une tentative de sortie en primeurs en juin, je ne vois pas bien comment on pourrait faire. Déjà elle était mal en point cette campagne primeurs avec le marché américain qui a connu une hausse de 25% sur les achats qu’ils ont fait en primeurs sur les 2017 et 2018 avec les taxes Trump, certains qui ont acheté vont vendre à perte. Bon quand le négoce veut faire une campagne primeurs sur une quarantaine d’étiquettes, on peut les comprendre:  les négociants ont déjà goûté, les courtiers aussi, entre eux ils peuvent faire une campagne comme cela, mais la campagne ne sera pas une grande campagne, même si la place de Bordeaux fait toujours un boulot formidable avec les grands crus. Cela va peut-être mener à vendre des vins livrables, moins chers et qui se tournent plus vers la France car le marché de Bordeaux est atone et cela serait bien de faire redécouvrir les Bordeaux aux Français… »

Jane Anson, journaliste anglaise et critique pour Décanter reconnaît que c’est une année aussi particulière: « je ne vais pas publier de notes, je vais publier quelque chose pour donner un feeling global sur le millésime. J’ai pu déguster beaucoup de Crus Bourgeois ou des Crus de Saint-Emilion, ce sont des échantillons qui m’ont été envoyés, on respecte les consignes, on laisse les vins dans le garage pour 24h avant de déguster, je me débrouille ainsi… »

Didier Fréchinet, Miguel Aguirre de la Tour Blanche, David Bolzan de Lafaurie-Peyraguey, Vincent bergère de Rayne-Vigneau et Pierre Montegut de Suidiraut pour la dégustation des primeurs au Chapon Fin en 2019 © JPS

Rare sont ceux qui ont pu organiser des dégustations en public, avant la mise en place du confinement : il y a eu par exemple la dégustation des Fronsac et Canon Fronsac au Grand Hôtel de Bordeaux et des Sauternes comme d’habitude avant la semaine des primeurs comme me le précise Vincent Labergère, directeur du château Rayne-Vigneau (1er cru classé de Sauternes): « on a fait notre dégustation au Chapon Fin le 11 mars et cela s’est arrêté là, c’était le premier maillon de la chaîne des dégustations, mais après aucun client ou journaliste n’a pu déguster. La position de l’Union des Grands Crus était de ne pas faire circuler d’échantillons, mais on sait tous il y avait à droite ou à gauche une demande d’échantillons et de faire déguster. Il y a des notes de journalistes étrangers qui vont sortir car certains auront envoyé des échantillons.

Le millésime est pourtant de grande qualité, mais au niveau de la mise en marché on est arrêté pour le moment. L’idéal serait une mise en marché au mois de juin pour Rayne-Vigneau, plus qu’au mois de septembre où le nouveau millésime va arriver, » Vincent Labergère directeur du château Rayne-Vigneau

Stéphanie de Boüard-Rivoal dans les chais d’Angélus en avril 2019 © JPS

Pour Stéphanie de Boüard-Rivoal, directrice du château Angélus (1er cru classé A de Saint-Emilion): « il faut envisager tous les scénaris, éviter les choses hâtives, Bordeaux est très solide et a montré sa capacité à surmonter les crises. A la propriété, on souhaite qu’il y ait une campagne sur le Millésime 2019, même décalée de quelques mois, dans le courant de l’été ou à l’automne, mais après cela serait trop tard. Juillet serait parfait, il n’est pas impossible d’envisager aussi à l’automne. Même si elle est a minima, elle permettrait de garder la dynamique, si on arrive à la faire cela voudrait dire que la crise est alors surmontée. Jusqu’ici, on n’a jamais fermé la porte aux dégustations à la propriété, demain matin on a un journaliste, mais ce sera le premier, avec des mesures sanitaires, et une personne à la fois. On n’a pas envoyé d’échantillon, mais on n’exclut pas quand cela sera possible de se déplacer dans quelques pays qu’on aura ciblé avec des échantillons, ce sont des hypothèses que l’on a en tête.  2019 est un millésime extraordinaire en profondeur et en densité et en tension apportée par le cabernet franc, qui me fait penser à 2001″.

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima au tasting des crus classés de Saint-Emilion au château Villemaurine  en 2017© JPS

Du côté du négoce, Fabrice Bernard PDG de Millésima me confie que la période est compliquée mais « oui la campagne, il faut qu’elle ait lieu. On a cet énorme avantage à Bordeaux avec ce système de primeurs, si elle s’arrête on va redevenir comme tous les autres vins d’autres régions viticoles. 

Cette campagne, elle aura peut-être lieu en juin ou juillet, il faut la faire, d’autant que ce sont des vins de qualité avec des volumes. Ce n’est pas un petit millésime, mais on a un bon millésime, plutôt sympa », Fabrice Bernard de Millésima.

« Mais il y a aussi le problème du prix : il faudra attendre cette sortie de crise, il ne faut pas que Bordeaux soit arrogant.Au contraire, les châteaux ont interrogé leurs importateurs britanniques ou américains, pour savoir si ils s’en sortent ou pas. On finira par trouver un consensus au bon moment et au bon prix, un prix raisonnable, en adéquation avec le marché et avec une baisse significative.

Yann Schÿler PDG de la Maison Schröder & Schÿler reste les pieds sur terre et ne veut pas d’une tonalité trop optimiste:

Régis Deltil et Yann Schÿler à la cave Latitude 20 à la Cité du Vin en 2017© Jean-Pierre Stahl

Il faut faire une campagne primeurs quand il y a un marché, et pas quand on a envie de la faire ! » Yann Schÿler de Schröder & Schÿler.

Et de préciser si elle a lieu : « elle pourrait avoir lieu en janvier ou en septembre à la rigueur, mais pas avant quand la moitié des pays sont confinés ou en confinement partiel. Là il n’y a pas d’acheteur ou alors pour une dizaine de marques, mais on ne fait pas une campagne juste pour 10 marques. En bourse, tous les actifs ont chuté, tout le monde a bu le bouillon, tous les opérateurs sont affaiblis, et les personnes fortunées sont confinées, donc c’est une crise qui touche tout le monde ».

« Aujourd’hui, le marché de demain, je ne le vois pas. Premièrement, il faut qu’il y ait des acheteurs, il n’y même pas eu de dégustation, comment faire monter la mayonnaise…? Et deuxièmement, pour faire une campagne primeurs il faut que 70% des vins trouvent preneurs… Les Usa ne vont pas bien du tout, les Chinois s’en remettent à peine et l’Europe n’est pas sortie non plus…Il faut être pragmatique, je pense comme Emmanuel Cruse pas avant septembre, et il ne faut surtout pas prendre ses désirs pour des réalités. »

Ronan Laborde, le président de l’UGCB  © JPS

Tous les regards sont dès lors tournés vers l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui a les clés de cette campagne des primeurs. Joint également ce matin Ronan Laborde son président m’a confié tenir demain une réunion de son bureau qui va décider: « comme on avait dit que les primeurs étaient suspendus, on avait envisagé une déprogrammation ultérieure sur une nouvelle formule. Jusqu’à présent on a été très prudent, on avait recommandé de ne pas faire goûter et envoyer des échantillons, pour ne pas partir dans tous les sens, pour que tout se goûte au même moment. On est en concertation avec le négoce et les courtiers.On fera ce que le marché a envie de faire, il ya quand même pas mal d’acteurs qui sont intéressés par une campagne primeurs même une campagne dégradée.

Si les gens ne peuvent pas voyager, les marchandises peuvent voyager, ce sera un format nouveau vraiment exceptionnel, par son ampleur de travail et par les défis à relever. On a une envie et un intérêt sur le 2019″, Ronan Laborde président de l’UGCB.

La semaine des primeurs en 2017 pour déguster le fameux 2016 au château La Louvière © JPS

La campagne de primeurs à Bordeaux pourrait se tenir sur fin juin ou en juillet par exemple, « c’est le bureau qui va en décider, puis on va le soumettre au négoce. Mais on ne peut rien faire jusqu’au déconfinement, tant que les résultats de propagation de l’épidémie se font ressentir aussi, dans les 15 prochains jours, on connaîtra les conditions du déconfinement. On verra si on peut aussi accueillir dans une salle 20, 30 à 50 personnes, mais on sait que tout grand rassemeblement ne peut pas se faire avant mi-juillet. On reste prudent avec la visibilité nécessaire. »

14 Avr

Salon des Vignerons Indépendants: le salon va essayer de se tenir cet été, du 24 au 26 juillet à Bordeaux

Le salon des vignerons indépendants de Bordeaux devait se tenir du 13 au 15 mars dernier, mais il a été finalement reporté au mois de juin, du fait du début d’épidémie de coronavirus. Suite au discours hier soir du Président Macron, les Vignerons Indépendants vont s’adapter et devraient prochainement trouver une date pour qu’il puisse se tenir cet été.  Les dates finalement retenues sont du 24 au 26 juillet au parc des expositions de Bordeaux.

Salon des vignerons indépendants de Bordeaux en mars 2019 © JPS

C’est presque un roman feuilleton. Mais un roman qui se laisse boire. Et Dieu sait qu’il y a du monde qui attend cet événement.

Souvenez-vous, le salon des Vignerons Indépendants devait se tenir du 13 au 15 mars, comme de l’accoutumée, au parc des expositions de Bordeaux Lac. Bon, il a été dans un premier temps confirmé car passant en dessous su seuil de 5000 personnes en même temps en un même lieu, et puis reporté quelques jours plus tard, la barre était descendue à 1000 personnes le 8 mars…

Le lendemain les Vignerons Indépendants annonçaient le report du salon du 19 au 21 juin, en même temps que Bordeaux Fête le Vin. Mais hier soir le Président Macron a calmé les ardeurs de ceux-ci dans la mesure où il a spécifié que « les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain… » (dans son « ne », il faut entendre « ne… pas », bien sûr, il suffit d’utiliser la traduction google…) Et d’ajouter : « la situation sera régulièrement estimée à partir de mi-mai, chaque semaine… »

Alors pour qui sait lire entre les lignes du message présidentiel, bref si trou de souris il y a, faites confiance aux vignerons indépendants pour s’y faufiler, tout en respectant les gestes barrières (un morceau de comté avec un verre de vin du jura). Non, sans rire ils appliqueront bien sûr toutes les précautions qui seront en vigueur à ce moment-là.

« Nos vignerons ont besoin de clients, leurs ventes actuellement sont presque insignifiantes », me confie Cédric Coubris le Président des Vignerons Indépendants. « Il n’y a plus d’export et la grande distribution n’est pas suffisante. Aussi vis-à-vis de nos vignerons, il faut repenser à repartir, on espère avoir un visitorat même en juillet, car les caves se vident… On sait que la Foire Internationale de Bordeaux essaie aussi de reporter durant la deuxième quinzaine de juillet, on est en pour-parlers avec le Parc des Expositions… »

Et ce mercredi 15 avril Côté Châteaux apprend que le salon se tiendra normalement du 24 au 26 juillet au parc des expositions de Bordeaux.