Demain Millésima ouvrira son wine-drive à Bordeaux, d’autres ont aussi fait preuve de réactivité pour ne pas perdre trop de marchés, comme des cavistes ou des vignerons-négociants qui livrent, enfin quelques cavistes restent malgré tout ouverts. Car il faut bien se rendre compte que jamais depuis le confinement, les gens n’ont autant bu ou dégusté des vins…
Cet après-midi, Fabrice Bernard me confie « on va lancer demain Millésima Drive depuis le Quai de Paludate à Bordeaux, avec bien sûr un protocole pour que les gens ne se touchent pas. Il n’y aura aucun contact, tous auront payé avant et auront réservé un créneau horaire pour venir chercher leur caisse(s) de vins. Et pour ceux qui redoutent, ils pourront même laisser leur caisse dans leur coffre de voiture et décharger le lendemain.
« Alors que 70% des salariés sont en télétravail, on a 5 personnes dans les chais pour traiter les commandes. La 1ère semaine on avait lancé une opération frais de port gratuits, la deuxième sur les vente de champagne Billecart-Salmon on reversait 20% du prix aux Hôpitaux de France, là on lance le drive et on réfléchit à d’autres idées « sociales »
La Vinothèque de Bordeaux a été très réactive : « on a fermé le samedi 14 mars juste après l’annonce d’Edouard Philippe » de fermeture des restaurants et autres commerces, « même si on aurait pu rester ouvert (comme cela a été précisé le lundi qui a suivi)… Mais on a trouvé que ce n’était pas sérieux, vue la configuration de la Vinothèque et en prime quand on conseille les gens on reste proche d’eux. C’est très dur de respecter les distances de sécurité et donc pour la sécurité tant de nos clients que de nos salariés on a décidé de fermer. On a fermé aussi Dubos, puis finalement réouvert la semaine dernière, avec 2 personnes qui viennent travailler au lieu de 6, pour des commandes déjà prêtes ou toutes les commandes internet sur le site de la Vinothèque qu’on assure dans un délai de 4 à 5 jours pour les livraisons. Et puisque le hasard fait bien les choses, « on est en pleine foire aux vins, avec des prix intéressants. »
Cash Vin s’est aussi adapté et a inventé le « Call & Collect » où vous pouvez commander et retirer vos produits en drive du lundi au samedi de 9h30 à 12h30. Il suffit d’appeler son magasin par téléphone ou par mail, vous commandez au minimum 6 bouteilles et payez à distance. Vous venez ensuite récupérer en convenant avec le caviste d’un jour et d’une heure pour être servi façon drive où on vous met le carton dans le coffre directement.
Parmi les cavistes qui ont fait le choix de rester ouverts Guy Hiblot et Prestige des Bulles à Pessac : « je suis resté ouvert car le décret du 16 mars nous a autorisé à rester « ouvert, » je fais partie de la liste mais je ne suis pas le seul à Bordeaux. En plus la chance que j’ai c’est que je suis tout seul, je n’ai pas de salarié et donc je ne fais pas prendre de risque à mes employés, » par ailleurs « je fais tout pour respecter la sécurité de mes clients, une personne à la fois pour garder les distances. Je privilégie aussi beaucoup le drive… » Ses clients peuvent l’appeler et tout est préparé en amont, à distance…Après, il est clair que « si je reste fermé, je n’aurai droit à rien et donc c’est non seulement par passion mais aussi pour payer les charges, sinon je mettrais la clé sous la porte ». Et de faire comprendre aussi que « il faut aussi que les vignerons continuent à vivre, notamment ceux qui ont gelé, cette semaine j’ai eu en ligne un vigneron de Chablis dont je vends son vin qui m’a dit que cela avait encore été rude… »
Sur le pont aussi et depuis le début du confinement, Benoît-Manuel Trocard avec sa petite maison de négoce Wine Ressource qu’il manage avec Célia Carrillo : « on a réfléchi et on a mis en place au lendemain du confinement un système de livraison à domicile avec tous nos clients sur Bordeaux Métropole et le grande Gironde. On a fait un mailing et on a proposé nos blancs Octave Trocard qui venaient par exemple de sortir à 30€ le carton livraison comprise, et on s’est aussi adapté avec des bag-in-box en 5 litres plus facile pour la consommation en appartement… Pour nous pas de contact direct non plus on fonctionne avec des RIB, on regroupe les commandes et on livre une fois par semaine, la prochaine livraison ce sera mercredi pour 600 bouteilles, une palette…C’est vrai que les caves se vident quand les gens sont confinés… »
Bon ce n’est pas bien de dire cela, mais on redoute que le volume de consommation en France par an et par habitant -qui était plus proche des 40 litres- ne remonte brutalement, tant le confinement a tapé sur le système des gens. Même l’actrice Ariane Ascaride s’est laissée allée sur France 2, le 29 mars, en plein direct où elle en a profité pour non seulement saluer les soignants (qu’il faudra après, quand cela sera fini, continuer à aider…) mais aussi à dire qu’à l’issue du confinement elle irait non seulement voir ses enfants (qu’elle ne peut pas voir) et « la deuxième chose je vais faire c’est me saouler la gueule »… Avec modération l’a reprise ma consoeur Sophie Lesaint, loi Evin oblige, « aucune modération, je vous assure ». On espère en tout cas que les gens resteront « raisonnables », il ne faudrait tout de même pas renouer avec les 120 litres par an et par habitant comme dans les années 60. Hips…ou oups…