Focus sur ces clubs oenologiques et de dégustation comme Vinoé. Un club fondé en 1993, qui compte 50 adhérents, très fidèles, qui font chaque mois une dégustation et 2 fois dans l’année une visite de propriété. Ce mois-ci, ils sont visité le château de Rouillac et ont été impressionnés par ce domaine de 36 hectares et la personnalité de son propriétaire, Laurent Cisnéros.
« Je suis ravi, je sens qu’on va passer une belle soirée tous ensemble…. » D’emblée, les 37 adhérents du Club Vinoé sont mis en confiance par Laurent Cisnéros, qui poursuit ainsi : « je suis l’heureux propriétaire du château de Rouillac…que j’ai racheté en janvier 2010, je suis ce qu’on appelle un néo-vigneron… » Car Laurent Cisnéros a acheté cette propriété de 36 hectares, ancienne propriété du Baron Haussmann, avec à l’origine 16 hectares en production, après avoir réussi à la tête d’une entreprise charentaise de génie climatique qu’il avait portée de 10 à 80 salariés.
Après avoir reçu un premier verre de bienvenue, c’est alors pour tous la visite du château et de ses différents chais, dont un tout nouveau cuvier construit dès l’achat en 2010 pour recevoir la vendange d’une propriété montée à 26 hectares de vignes.
Puis le fameux chai à barriques où Laurent Cisnéros explique son goût du vin « moi, j’ai aimé les vins boisés, mais je n’aime plus, j’aime le bois mais fondu… » Tout en expliquant qu’aujourd’hui il recherche une chauffe moyenne des barriques à 170° et que ses vins sont suivis outre par sa maître de chai Sophie Burguet, par le célèbre oenologue Eric Boissenot qui donne ses conseils aux plus grands comme Lafitte-Rothschild.
C’est très impressionnant, car le propriétaire on le sent passionné par son métier du vin…Tous les mois on fait une dégustation différente et on visite un ou deux château par an« , me précise Claude Lafon de Lalande-de-Pomerol. « Château de Rouillac, je ne connaissais pas, mais j’en avais beaucoup entendu parlé tous les ans je me rends à Bordeaux Tasting et j’ai pu découvrir le propriétaire et dégusté ses vins, mais ici on est impreigné de cette propriété en découvrant les chais en visitant ce magnifique chai à barriques », selon Françoise Campech de Bordeaux.
Un tour d’horizon qui passe bien évidemment par les écuries, construites du temps du Baron Haussmann et auxquelles Laurent Cisnéros a redonné du lustre et de la vie en réintroduisant des chevaux : « la star des écuries, elle est là, je vous présente Titan de Rouillac, un percheron d’à peu près une tonne…avec lequel on va dans les blancs, » commente Laurent Cisnéros. « On a choisi de refaire une partie du labour de façon ancestrale, de façon traditionnelle ».
« C’est magnifique, quand vous voyez des bêtes comme ça, c’est une belle histoire, l’amour de tout, l’amour des bêtes, l’amour du vin et c’est vraiment superbe« , selon Catherine Huymans de La Rochelle.
Et de commencer la dégustation de 3 vins, avec notamment le « Dada de Rouillac », second vin en blanc (produit à un peu plus de 10000-12000 bouteilles, contre 3000 de 1er vin » : » là on est sur le millésime 2018, qui est un millésime avec beaucoup de fraîcheur, on est sur du sauvignon blanc et du sauvignon gris également, » précise Laurent Cisnéros
Pour le président, Gérard Montiel,à la tête de Vinoé, ce club de dégustation depuis 26 ans : « on découvre un terroir, des cépages, un lieu, et un persoonnage, un être attachant qui consacre sa vie au vin et qui cherche avant tout à travers le vin à faire plaisir. C’est un moment de partage et de convivialité. Vinovae, c’est le côté convivial, on se connaît tous et on reste ouvert à de nouveaux adhérents… »
Une soirée, qui bien sûr; passe par des accords mets et vins de la propriété, avec une participation de chaque table pour décrire le vin dégusté et l’association avec le plat…Et voici, l’une des impressions et commentaires : « la couleur, nous l’avons trouvée couleur rubis, élégant, fruité, et nous avons même été un peu plus loin nous avons trouvé que c’était des fruits rouges ».
Ce club compte 50 adhérents dont de nombreux membres sont présents depuis la création. Prochaine dégustation en décembre à l’Automobile Club du Sud-Ouest. Bao à tous ces passionnés.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud et Charles Rabréaud :
C’est une étiquette qui à coup sûr va frapper les esprits, elle est signée par l’artiste française Annette Messager. Et elle s’intitule « Hallelujah ».
C’est une tradition chez Mouton : confier à un artiste l’étiquette du millésime qui va sortir du chai et lui donner carte blanche.Une tradition depuis 1945, instaurée par le Baron Philippe de Rothschild, après une première expérimentation en 1924.
Les petits enfants du Baron Philippe et enfants de la Baronne Philippine, Philippe Sereys de Rothschild, Camille Sereys de Rothschild et Julien de Beaumarchais de Rothschild, ont ainsi confié l’étiquette du millésime 2017 à l’artiste française Annette Messager, 76 ans, originaire du Ch’Nord, de Berck dans le Pas-de-Calais; une artiste connue pour son talent de graphiste et de plasticienne.
Cette oeuvre titrée « Hallélujah » réunit un mode à la fois réaliste et symbolique, deux substances que la Bible associe fréquemment l’une à l’autre et dont elle chante les vertus, le lait et le vin.
Côté Châteaux vous offre, pour ces fêtes de fin d’année et sur NOA, un numéro tout en douceur sur Sauternes. Vous allez découvrir ce grand terroir de blancs qui favorise la formation du botrytis cinerea, avec la magie du Ciron , et la fabrication de grands liquoreux. Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot vous ouvrent les portes de 8 châteaux et vous font rencontrer des personnages hauts en couleur.
Côté Châteaux spécial Sauternes, un numéro 11 riche, non pas en sucrosité, mais en découvertes et en rencontres.
Tout démarre début octobre à Bommes en Gironde, pour les premières tries au château Sigalas-Rabaud (1er cru classé de Sauternes) avec Laure de Lambert-Compeyrot et son équipe qui nous expliquent le travail délicat de nettoyage de ces premières grappes, de ces premières baies à ramasser, des baies confites, botrytisées à souhait (c’est ce qu’on appelle la pourriture noble) pour réaliser ce fabuleux nectar de Sauternes, en jetant bien sûr la pourriture aigre.
Jean-Pierre Stahl, Béatrice et Eric Pothier du château Pick Laborde et Sébastien Delalot pour un numéro très suave de Côté Châteaux
Sauternes, ce ne sont pas que des crus classés, même s’il y en a beaucoup, nous avons en effet rencontré Eric Pothier vigneron à Preignac : « on existe depuis 1691, château Pick-Laborde n’est pas un cru classé, mais on tient notre rang à Sauternes avec toute l’existence de travail à Sauternes et la passion du botrytis.Je me suis installé en 2009 justement pour faire du botrytis. » Un vigneron qui a la foi ancrée au corps
Pour être vigneron en France, il faut avoir la foi, mais encore plus à Sauternes », Eric Pothier château Pick Laborde.
« On est vraiment dans un travail d’artisan, d’orfèvre, avec aucune garantie de réussite, il faut aimer l’aléatoire, la magie qui arrive ou qui n’arrive pas. Et cette année, on a ce qu’il faut. Pour celui qui est passionné de botrytis, il est arrivé subitement après beaucoup de galères, » explique Eric Pothier qui fait partie de la coopérative des Vignerons de Tutiac présents également dans le Sauternais.
Côté Châteaux a choisi également de faire le portrait de Luc Planty, 32 ans, pour qui ce sont ses premières vendanges en tant que responsable du château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, l’histoire d’une transmission et d’une passion partagées avec son père Xavier figure et président de l’ODG Barsac Sauternes. « La transition, on a commencé à la préparer depuis de nombreuses années, avec des prises de responsabilités au fur et à mesure… »
Ce domaine a été fondé par Pierre Guiraud en 1766, un ancien négociant protestant de Bordeaux. Un domaine qui n’a jamais cessé d’être pionnier : « la particularité de Guiraud c’est d’essayer de se démarquer côté écologique avec depuis 1996 un travail sur la biodiversité. »Une voie qu’a tracée son père Xavier Planty, co-propriétaire du château avec les familles Peugeot, Neipperg et Bernard. Je les retrouve d’ailleurs tous deux dans le chai en train de déguster les premiers jus de ce millésime 2019: « là, c’est du grand botrytis, c’est épicé… » commente Xavier Planty.
Le botrytis, quand il arrive sur un raisin qui est mûr, mais pas surmûri, provoque une incroyable synthèse d’arômes, Xavier Planty château Guiraud.
Et de décrire ces arômes : « ce côté châtaigne, sous-bois, fumé et un côté tilleul qui après fermentation va avoir des notes mentholées… » « Guiraud apparaît aujourd’hui comme précurseur pour beaucoup de choses, depuis 1996 on est passé en agro-écologie, on a d’abord réfléchi comment relancer la vie microbienne des sols pour faire la qualité du vin. »
Et de déguster un millésime 2015 de Guiraud au restaurant La Chapelle (nouveauté au château depuis février 2018, qui va dans le sens d’un fort développement de l’oenotourisme) : « là on a une incroyable complexité », commente Luc Planty et Xavier Planty de compléter « il faut obtenir des vins où on a l’impression que la finale en bouche n’est pas sur le sucre ; et cette buvabilité s’explique par la fraîcheur aromatique que si on a de grands botrytis. »
Sauternes, Bommes, Preignac, Fargues et Barsac constituent les 5 villages emblématiques de l’appellation qui réalisent du Sauternes. A Barsac justement, nous rencontrons Bérénice qui excelle au pays du botrytis. C’est Bérénice Lurton bien sûr qui a pris très jeune les rênes du château Climens,1er cru classé de Barsac : « à l’âge de 22 ans en 1992, il y a presque 30 ans. » Les débuts on été délicats: « de 92 à 94, des années difficiles, beaucoup de pluie et des millésimes ingrats ».
Avec Bérénice Lurton, nous allons découvrir sa tisanerie : « c’est là que nous faisons sécher les plantes que nous utilisons pour la biodynamie (depuis 2010). Des plantes qui poussent dans les vignes, comme la camomille, au lieu de mettre des pesticides, on cueille des petites fleurs, c’est plutôt sympa. Beaucoup de plantes servent dans le protection contre le mildiou, comme l’osier ou la presle, qui sont des plantes qui poussent en milieu humide. » Est-ce des croyances ? « Si c’était juste des croyances, on ne serait plus là pour vous en parler, oui ça marche vraiment. »
Des vins réalisés en biodynamie: c’est quelque chose qui est du domaine de l’éclat,il y a une énergie que l’on ressent dans les vins avec un terroir très preignant, où la minéralisé est présente et où l’on a beaucoup d’éclat, » Bérénice Lurton château Climens.
Notre périple se poursuit au château d’Arche, cru classé de Sauternes, en pleines transformations qui me font dire « c’est la révolution ici » « révolution, faut quand même pas exagérer » rebondit Jean-LouisCouffinhal le délégué général du château. « Nous avons rénové le vignoble, pour le rendre un peu plus moderne, avec notamment un chai éco-responsable pour répondre aux grands défis du château d’Arche ».
De lourds investissements ? « A l’échelle sonnante et trébuchante, ce sont 5 millions d’euros, avec un toit végétalisé qui permet une grande inertie de température limitant l’utilisation de la climatisation l’été ». Un magnifique Cuvier en acier micro poli et en sous sol un chai contenant 370 barriques, deux fois plus que le précédent.
Autre rencontre privilégiée, celle de Philippe de Lur Saluces au château de Fargues :« bienvenue en notre forteresse médiévale, construite en 1306 à la demande de notre pape, le Pape Clément ». C’est en 1472 que Fargues a rejoint l’histoire de la famille Lur Saluces, « quand une Isabeau de Monferrand épouse un de mes ancêtres. »
L’histoire du vin de Sauternes toutefois est plus récente à Fargues, « elle débute après la 1ère guerre mondiale avec mon grand oncle….Bertrand de Lur Saluces, en rentrant de la guerre a décidé d’arracher les vignes en rouge et de planter des vignes en blanc dans le but de produire du vin de Sauternes. » Ce sont aujourd’hui 18 hectares en production, 80% sémillon et 20% sauvignon.
Le comte Philippe de Lur Saluces va aussi me faire faire le tour de la propriété et notamment du vieux château, autrefois incendié, qui progressivement va être restauré: « mon père s’est arrêté à 9 pièces, ce qui est déjà bien »
La forteresse a été partiellement restaurée, de 2009 à 2014, mon père dit que nous n’avons fait que la pré-inauguration, car l’inauguration est prévue pour 2500 à peu près » Philippe de Lur Saluces, co-propriétaire château de Fargues.
Lur Saluces, un nom qui longtemps a été associé avec le château d’Yquem : « Laurent de Sauvage d’Yquem avait une fille Françoise-Joséphine qui a épousé un Lur Saluces, depuis le château est resté dans la famille jusqu’en 2001 »
Et de déguster avec le Comte Philippe une bouteille de château de Fargues 2016: « Fargues, dans sa jeunesse est d’une grande tension avec une pureté arômatique… En accord mets-vins, je le verrais bien avec une entrée fraîche, une salade de crabe ou des huîtres…Il faut que le sucre vienne comme une surprise… » En apothéose de ce portrait, une petite visite de la cave aux vieux millésimes avec une bouteille de 1943 : « tous ces millésimes représentent l’identité de Fargues, il n’y a qu’en maîtrisant ce passé, que l’on peut se projeter dans l’avenir et décider de ce que nous voulons faire du vignoble aujourd’hui. »
Toutes ces fabuleuses histoires sont encore pour beaucoup des histoires familiale à Sauternes comme en témoigne Gabriel de Vaucelles qui dirige avec son épouse (et pour le compte de la famille) le superbe château Filhot : « château Filhot est une propriété familiale, créée en 1709 par la famille Filhot, une famille de parlementaires qui avait acheté aussi château Coutet avant la révolution, une propriété familiale a priori qui restera encore dans la famille pendant longtemps; on a un potentiel phénoménal avec le 2e plus grand parc fermé de Gironde, avec des essences exotiques, vraiment un grand potentiel oenotouristique, comme les châteaux Lafaurie-Peyraguey, d’Arche, Guiraud, on va essayer de s’associer ».
Aujourd’hui, on ne produit pas du Sauternes comme autrefois avec un seul produit, il faut développer une gamme avec des produits plus légers qui correspondent à plusieurs marchés: la France reste le marché principal, mais le marché asiatique se développe et aussi énormément les USA » Gabriel de Vaucelles château Filhot.
L’image de Sauternes s’est énormément dépoussiérée ces dernières années, avec de nombreuses initiatives. Lafaurie-Peyraguey en est l’exemple type. Ce château acheté en 2014 par Silvio Denz, le président de la cristallerie Lalique, a entièrement été restauré pour en faire un superbe Hôtel Restaurant.
Dans ce lieu, David Bolzan, le directeur général des vignobles Silvio Denz, a imaginé avec les équipes du château et notamment le sommelier Adrien Cascio de nouvelles façons d’apprécier le Sauternes, en cocktail ou à l’apéritif mais pas seulement : « on revisite les grands classiques sur le repas un peu différemment que sur le traditionnel foie gras et en dessert, par exemple sur du poisson, des viandes blanches et du fromage.Au moment de l’apéritif aussi, on peut ajouter des glaçons et d’autres arômes comme des écorces d’orange ou de citron… » me précise David Bolzan.
Et pour couronner cette émission, le chef Jérôme Schilling (1* au Guide Michelin) nous a proposé un accord met-vin original, preuve que le Sauternes se marie parfaitement là où on ne l’attend pas forcément : « on est parti sur un millésime 99 du château Lafaurie-Peyraguey avec ses notes cuivrées, de café, réglisse et tabac, on a fait un ris de veau rôti au beurre noisette, céléri, café et poudre de réglisse ». Ce qui fait dire à David Bolzan: « on a choisi un millésime de 20 ans, on a voulu bousculer les codes et c’est juste sublime… »
Côté Châteaux n°11 spécial Sauternes : à voir sur NOA (sur les box Orange 339, Bouygues 337, SFR 455, Free 326 et sur internet en direct)
Avec une récolte 2019 estimée à 1,2 million d’hectolitres, l’une des plus petites en 20 ans, l’interprofession des vins de Bourgogne a présenté dimanche, avant la célèbre vente des Hospices de Beaune, un millésime marqué par des volumes en berne mais aussi sa « fraîcheur » et sa « gourmandise ».
« 2019, c’est une année singulière et extrêmement contrastée », marquée notamment par « des volumes très en dessous d’une année moyenne » (soit 1,4 million d’hectolitres, ndlr), a indiqué François Labet, le président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), lors d’une conférence de presse.
Ces chiffres sont « plus faibles que 2016 », année pourtant marquée par une récolte historiquement basse et « seule 2003 est plus en retrait depuis l’an 2000 », a-t-il ajouté. « C’est une baisse de 34% par rapport à l’année dernière », touchant en particulierle Mâconnais et les crémants.
Mais la qualité des vins « enthousiasme les professionnels au delà de leurs attentes », a poursuivi M. Labet. « Les vins de Bourgogne affichent une fraîcheur qui ravirales amateurs, accompagnée d’une gourmandise qui les séduira ».
Une tendance qui n’a pas épargné le domaine des Hospices de Beaune, qui met en avant des vins « superbes » mais ne proposent à la vente dimanche que 589 pièces (fûts de 228 litres), bien en deçà du record de 828 pièces mises en vente en 2018.
L’année 2019, marquée par une météo qui n’a laissé aucun répit aux viticulteurs, arrive après deux années qui avaient permis de reconstituer les stocks.
Le millésime 2018, surtout, « exceptionnel » tant en qualité qu’en quantité, représente « un phénomène rare, comme un vigneron en voit seulement une fois ou deux dans sa vie », selon un communiqué du BIVB.
L’interprofession a fait valoir, dimanche, les bons chiffres de vente des vins de Bourgogne, notamment à l’export: en hausse de 6,9% en volume sur les huit premiers mois de l’année (56 millions de bouteilles) et 9,3% en valeur (650 millions d’euros).
Cette hausse est due notamment aux Etats-Unis, premier marché export de la Bourgogne, « en attendant la chute » due aux droits de douane de 25% imposées depuis fin octobre outre Atlantique, s’inquiète le BIVB, qui déplore une conséquence d’un confit commercial
entre Airbus et Boeing.
Mais « ce n’est pas parce que nous connaissons quelques difficultés de cet ordre là qu’il faut se désintéresser des Etats-Unis, l’Amérique est irremplaçable pour la Bourgogne », a commenté Louis-Fabrice Latour, président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne.
La 159e vente aux enchères des Hospices de Beaune a totalisé dimanche soir 12,3 millions d’euros de recettes, moins que la somme record de 14 millions d’euros enregistrée en 2018 mais deuxième meilleur résultat en dépit de volumes plus faibles.
En incluant les frais, « l’ensemble de la vente totalise 13,1 millions d’euros, soit le deuxième meilleur résultat », ont indiqué dans un communiqué conjoint les Hospices civils de Beaune et la maison d’enchères britannique Christie’s.
Après deux années fastes consécutives, les organisateurs de la célèbre vente des Hospices de Beaune ne proposaient pourtant cette année à la vente que 589 fûts, 30% de moins qu’après l’exceptionnelle récolte de 2018, la faute à une météo capricieuse. Mais la qualité était au rendez-vous: ce sont des vins « très bourguignons, avec de beaux niveaux d’acidité et une volonté manifeste d’exprimer leur terroir », avait fait valoir la régisseuse du domaine des Hospices, Ludivine Griveau.
Le prix moyen pour une pièce s’en est ressenti, atteignant le chiffre record de 21.823 euros, en hausse de 29,5% par rapport à 2018. Un Bâtard-Montrachet Grand cru a été vendu pour 149.800 euros à un client américain au téléphone, là encore un record.
Un peu plus tôt dimanche, la pièce de charité, un Corton Grand cru Les Bressandes, avait été adjugée pour 260.000 eurosà un acheteur brésilien, Alaor Pereira Lino, qui s’offrait pour la deuxième année de suite cette pièce dite « des Présidents ».
En 2018, deux « pièces des Présidents » avaient été mises en vente et adjugées à 230.000 euros au profit de trois associations, loin du record de 2015 à 480.000 euros.
« Les vins de la pièce des Présidents sont des vins spéciaux. Le travail fait par les Hospices de Beaune est magnifique », a commenté M. Lino, importateur de vin au Brésil, avant d’ajouter: « Mais je fais une bonne affaire parce que je vais recevoir un vin merveilleux ».
La pièce des Présidents était vendue cette année au profit de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière ainsi que de l’association Autour des Williams, qui soutient la recherche contre le syndrome de Williams, une maladie génétique.
Les parrains de la vente, le basketteur Tony Parker, la journaliste Ophélie Meunier et les acteurs Christophe Lambert et François-Xavier Demaison avaient fait monter les enchères, ce dernier menaçant même d’arrêter de boire du Bourgogne si elles ne montaient pas assez. « Les ventes vont s’en ressentir », avait-t-il plaisanté. Au cours de ces enchères, Tony Parker a lui-même fait l’acquisition de deux pièces, fûts de 228 litres, soit l’équivalent de quelque 600 bouteilles.
Le domaine des Hospices, constitué au fil des siècles grâce à des donations, est classé pour 85% en Premier cru et Grand cru.
La recette -hors pièce de charité- sera reversée à l’institution hospitalière des Hospices fondée au XVe siècle, afin de financer la modernisation de l’hôpital de la ville et l’entretien du bâtiment historique de l’Hôtel-Dieu.
Noël approche, et les idées concernant de beaux livres sur le patrimoine viticole ne manquent pas. Voici un ouvrage intéressant sur ces domaines fabuleux que sont les Clos, des domaines réputés car entourés de murs et produisant des vins d’exception.
C’est un ouvrage inédit qui met en lumière ces vins appréciés dans le monde entier, des vins d’exception produits par des Clos. Les auteurs ont ainsi voulu mettre l’accent sur ces propriétés qui font rêver et dont la particularité est d’être ceintes de murs.
Benjamin Darreau, sommelier à l’atelier Joël Robuchon Paris, partage ici avec le lecteur ses dégustations et l’atmosphère des Clos, une collaboration avec Philippe Toinard journaliste et chroniqueur gastronomique, qui retranscrit également l’histoire, la géographie des Clos et les rencontres avec les propriétaires exploitants.
Ce sont ainsi 27 clos qui ont été immortalisés par Thibaut Voisin qui y dévoile aussi la spécificité de chaque parcelle et le savoir-faire de ces vignerons pour réaliser ces vins appréciés des amateurs du monde entier.
Champagne (Clos des Goisses, Maison Philipponnat, Champagne ; Clos du Mesnil, Maison Krug, Champagne ;Clos Sainte-Sophie, Champagne Jacques Lassaigne, Champagne
Jura (Clos de la Tour de Curon, Domaine André et Mireille Tissot – Stéphane Tissot, Arbois)
Loire( Clos du Bourg, Domaine Huet, Vouvray ; Clos du Bourg, Clos Rougeard, Saumur-Champigny ; Clos de la Coulée de Serrant, Vignoble de la Coulée de Serrant, Coulée de Serrant Clos Nouveau, Domaine du Bel Air, Bourgueil ; Clos du Puy, Domaine des Pothiers, Côtes Roannaises ; Enclos des Remparts, Domaine Vacheron, Sancerre
Bourgogne (Clos des Bouchères, Domaine Roulot, Meursault ; Clos de la Bussière, Domaine Georges Roumier, Morey-Saint-Denis ; Clos du Château, Domaine du Comte Liger-Belair, Vosne-Romanée ; Clos des Ducs, Domaine Marquis d’Angerville, Volnay ; Clos de Monsieur Noly, Maison Valette, Pouilly-Fuissé ; Clos de la Romanée-Conti, Domaine de la Romanée-Conti, Romanée-Conti Clos Saint-Jacques, Domaine Sylvie Esmonin, Gevrey-Chambertin ; Clos de Vougeot,; Domaine de la Vougeraie, Vougeot
Beaujolais (Clos de la Grand’Cour, Domaine de la Grand’Cour, Fleurie)
Bordeaux( Clos, Château d’Issan, Margaux ; Clos Fourtet, Clos Fourtet, Saint-Émilion ; Clos du Marquis, Château ; Léoville-Las Cases, Saint-Julien ; Enclos, Château Latour, Pauillac)
« Clos, un patrimoine viticole dans l’intimité de 27 clos » par Benjamin Darreau, Philippe Toinard et Thibaut Voisin 245 x 340 – 256 pages – 150€ aux éditions La Martinière
Le groupe « Les Sources de Caudalie » (hôtellerie, spas) qui a pour projet de « faire un cinq étoiles par grande région viticole », a annoncé jeudi à Bordeaux ouvrir son prochain hôtel au coeur des vignes à Cheverny (Loir-et-Cher) au printemps 2020, sur le même modèle que celui avec restaurants et spa-vinothérapie en Gironde.
« On a repris il y a deux ans un hôtel quatre étoiles. On y réalise le même projet hôtelier que celui de Martillac »(Gironde), a déclaré à la presse Jérôme Tourbier,qui a fondé il y a 20 ans avec son épouse Alice« Les Sources de Caudalie », aujourd’hui
classé palace.
« Par rapport à l’Australie, la Californie… il n’y a pas d’oenotourisme de cette grandeur en France. Notre objectif est de faire un cinq étoiles par grande région viticole: Alsace, Provence, Bourgogne et Champagne », a affirmé M. Tourbier, également président du réseau Small Luxury Hotels of the World.
Le couple a vendu début novembre Les étangs de Corot, établissement quatre étoiles situé entre Paris et Versailles, au groupe rennais Beautiful Life Hôtels pour se consacrer à l’oenotourisme avec son nouvel établissement « Les Sources de Cheverny ».
Comme pour Les Sources de Caudalie à Martillac (chiffre d’affaires août 2018-août 2019 17 millions d’euros), deux restaurants dont un gastronomique ouvriront à Cheverny, ainsi qu’un spa-vinothérapie qui proposera les soins avec des cosmétiques à base de raisin.
Le vin, marque de fabrique de leur établissement girondin situé face au château Smith Haut Lafitte appartenant aux parents, est également à l’honneur avec la plantation de 7 ha de romorantin, le même cépage qu’à Chambord. Leur exploitation est confiée à un vigneron de Cheverny, Philippe Tessier.
A Cheverny, sur les 45 ha au coeur des châteaux de la Loire et au milieu des vignes, 3.000 m2 du château du Breuil sont réhabilités auxquels s’ajoutent 2.000 m2 de construction par le même architecte des Sources de Caudalie en Gironde. L’investissement total pour ce nouvel hôtel, qui comptera 49 chambres, s’élève à 23 millions d’euros.
Fin octobre, la vente aux enchères de 4 caves a abouti à une sacrée journée chez Sotheby’s. 692 lots ont été enlevés pour la jolie somme de 3,6 millions de dollars. Le lot le plus important fut la vente de 6 bouteilles de La Tache 1943 du Domaine de la Romanee Conti qui a doublé son estimation initiale de 43000$ à 93000$.
Et une vente de plus dont Sotheby’s a le secret. Connor Kriegel en charge de cette vente commentait : «nous avons eu le plaisir de présenter aux enchères 4 caves fabuleuses, une offre spéciale composée d’impressionnantes sélections de quatre collections bien connues de Sotheby’s Wine, pour leurs palais distingués et leur sourcing impeccable. Des vins de la Bourgogne légendaire méticuleusement conservée en RDC, Rousseau, Roumier, Mugnier et René Engel, ainsi que pour les vins les plus convoités du Rhône septentrional, notamment Guigal «La-Las» et Chave Hermitage de Guigal. »
Voici les 10 enchères les plus importantes de cette vente qui a totalisé la somme de 3 615 158 $ en 692 lots :
Lot
Wine
Low Estimate
High Estimate
Price Realized (Aggregate)
456
DRC La Tâche1943 (6 bts)
$30,000
$42,000
$93,000
36
Clos de la Roche, Cuvée Vieilles Vignes 1985 Domaine Ponsot (1 mag)
$8000
$11,000
$18,600
579
Chave Hermitage 1990 (9 bts)
$4,000
$6,000
$11,780
54
Guigal, Cote Rotie, La Mouline 1983 (6 bts)
$6,000
$9,000
$18,600
347
Domaine du Comte Liger-Belair, La Romanee 2006 (12 bts)
$30,000
$40,000
$39,680
468
Domaine Leroy, Romanee St Vivant 2001 (6 bts)
$18,000
$24,000
$27,280
113
Château Haut Brion 1989 (12 bts)
$15,000
$20,000
$29,760
409
Chateau Montrose 1990 (24 hb)
$5,500
$7,500
$14,880
459
Armand Rousseau, Gevrey Chambertin, Clos St Jacques 1999 (12 bt)
Après l’or de Sauternes, voici l’or de Lafaurie-Peyraguey. En prime de ce sublime vin liquoreux en 2016 (1er cru classé 1855), les amateurs de belles bouteilles vont être heureux de découvrir ces bouteilles « Femme et Raisin » de René Lalique parées d’or, réalisées par la célèbre manufacture alsacienne.
« Il est l’or, il est l’or Monseignor, l’or de se réveiller… », souvenez-vous de cette réplique d’Yves Montand à Louis de Funes, mais non vous ne rêver pas, le Château Lafaurie-Peyraguey vient d’éditer une série limitée de bouteilles parées d’or. « Une folie des grandeurs », pas forcément mais le goût prononcé pour réaliser une oeuvre d’art.
Une nouvelle initiative du Château Lafaurie-Peyraguey que Côté Châteaux vous avait présentée en exclusivité, en février dernier, avec la présentation de la barrique en cristal.
Depuis le millésime 2013, la gravure « Femme et Raisin » réalisée par René Lalique en 1928, qui orna les célèbres wagons-lits du train « Côte d’Azur Pullman-Express », est reproduite sur les bouteilles de Sauternes du Château Lafaurie-Peyraguey. Pour les fêtes de fin d’année, David Bolzan (directeur général) et Silvio Denz (propriétaire du château)ont souhaité marquer le coup en lançant une série limitée pour laquelle la gravure de René Lalique va être parée d’or.
De l’or sur la gravure, c’est ajouter à la qualité de ce grand millésime 2016, l’élégance avec « Femme et Raisin » et le raffinement ultime avec l’or », me confie David Bolzan, directeur général des Vignobles Silvio Denz.
Les bouteilles vides ont été envoyées à la célèbre manufacture Lalique en Alsace à Wingen-sur-Moder afin d’être dorées avant de revenir au château pour la mise en bouteille du Sauternes. La pose d’or s’effectue à froid par tamponnage d’or liquide, sur la gravure, puis la bouteille passe au four une nuit à 510°C pour réaliser un émaillage de l’or dans le verre. Chaque flacon est ensuite signé à la main par un ouvrier de la manufacture.
99 bouteilles du millésime 2016 en 75 cl sont mises en vente en cette fin d’année 2019 au château à Bommes et à la boutique Lalique de Bordeaux, et 70 en demi. Le prix ? Allez, on vous dit tout: 180€ la bouteille ou 120 la demi-bouteille… « Il est l’or, il est l’or, Monseignor… », l’histoire ne dit pas si on peut payer avec un Napoléon, la pièce de 20 francs or…
Le Château Lafaurie-Peyraguey s’était déjà illustré avec la réalisation d’une barrique en cristal, contenant l’or de Sauternes, l’or du Château Lafaurie-Peyraguey.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer réalisé en février 2019 :
4 millions d’hectolitres commercialisés sur les 12 derniers mois contre 4,7 en 2018; le marché de Bordeaux subit un contexte difficile sur ses grands marchés à l’export (Chine, Hong-Kong, Etats-Unis, Grande-Bretagne) et en grande distribution avec -10% en foires aux vins cet automne. Le prix du tonneau de Bordeaux en vrac est largement repassé en dessous des 1000 euros, un prix en dessous duquel les vignerons ne peuvent pas vivre…
On ne peut pas dire que tous les indicateurs sont au rouge, mais pas loin… C‘est difficile, en ce moment, de vendre du rouge ! Et cela fait 18 mois que cela dure.
Que vous soyez petit vigneron, grand propriétaire, courtier ou négociant, c’est toute la filière qui est touchée. Avec un ressenti plus fort pour les petits qui vendent en vrac du vin qui souvent ne trouve pas preneur, d’où un effondrement des cours comme le souligne Xavier Coumau président du syndicat des Courtiers de Bordeaux : « on a du mal à trouver des débouchés à 800 €, quelques fois à 700… A l’heure actuelle, « ce sont 10000 hectolitres qui se commercialisent par semaine, alors qu’habituellement on arrivait à 30 000 hectolitres. » Un coup d’arrêt ? Pas sûr, mais un marché atone, morose qui ne semble pas rebondir dans l’immédiat.
DES MARCHES A L’EXPORT COMPLIQUES
Comment expliquer ce désamour de Bordeaux ? En fait, c’est compliqué et surtout multifactoriel… « Quand on est en direct avec le consommateur, cela se passe bien,comme Blaye au Comptoir Paris qui s’est très bien passé« , me précise Michaël Rouyer, directeur du syndicat des Blaye Côtes de Bordeaux. « Mais quand on parle du grand export et de la grande distribution, c’est compliqué.On est à -20% et -13% en GD. Et ce n’est même pas une question de prix, , c’est plutôt l’image de Bordeaux qui n’est pas top en ce moment. Alors, il faut se bouger en restauration, chez les cavistes, on a des vignerons présents sur le terrain, comme sur nos opérations Blaye au Comptoir »
Jean-Pierre Rousseau, dirigeant de DIVA, maison de négoce franco-chinoise basée à Bordeaux connaît parfaitement le marché asiatique premier marché à l’export des vins de Bordeaux : « les Chinois adorent toujours nos vins, mais ils ont du mal à sortir l’argent et la porte arrière Hong-Kong est toujours bouclée, cela n’a pas l’air de s’arranger. «
Nous prenons des claques de tous les côtés, nous prenons des claques à Hong-kong compte tenu des événements qui ne font que s’aggraver, la Chine a du mal à sortir le cash, même s’ils en ont beaucoup … les Etats Unis nous ont taxé à hauteur de 25%, mais 25% ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », Jean-Pierre Rousseau Maison de Négoce Diva
Et le négociant de compléter: « à la fin l’augmentation avec une accumulation de taxes et de profits pourrait être de 50% sur l’étagère comme on dit, le Brexit après-demain…sans parler de la grande distribution française un peu fâchée aussi, donc on ne voit pas vraiment d’où viendrait le soleil… »
Paul Cardoso, petit vigneron à Belvès-de-Castillon me confirme n’avoir pas encore vendu tout le millésime 2018, alors même qu’il a fallu rentrer le 2019 « avec la petite récolte de 2017 due au gel, on a pu loger le vin…Mais depuis la mi-mai il y a un ressenti au niveau trésorerie. » Ce sont ainsi 400 hectolitres qui sont toujours à la vente sur 630 de la récolte 2018.
C’est très très compliqué, nous avons vinifié le 2019 avec pratiquement tout le 2018 dans le chai, on a vendu une petite partie du 2018 avec un suivi que nous avons, mais tout le reste n’a pas été vendu et c’est très très compliqué financièrement parlant » Paul Cardoso vigneron.
Florence Cardoso, son épouse, qui est co-présidente de Solidarité Paysans d’Aquitaine et de SOS vignerons, accompagne les viticulteurs en difficultés et dresse ce constat : « le téléphone de Solidarité Paysans ne cesse de sonner, les vignerons ont eu déjà d’énormes difficultés pour financer leurs vendanges, puisque le 2018 est resté dans le chai, et ils ne savent pas comment passer le cap… » Et Florence Cardoso de traduire la détresse vécue par certains : « malheureusement on a des gens qui sont au bord du suicide, à ce moment-là on va chez eux, on essaie de faire un état des lieux, et on les accompagne pour arriver à trouver des solutions, des procédures de redressement judiciaire en cas de cessation de paiements. Et puis, il y a des vignerons qui nous appellent car ils se rendent compte que cela va être compliqué, mais qui ne sont pas encore en cessation de paiements, et là on va les accompagner dans, ce que l’on appelle, la procédure de sauvegarde… » (Florence Cardoso conseille à tous ces vignerons d’appeler Solidarité Paysans afin de s’organiser au plus tôt face aux difficultés car « plus on est en avance, plus facile est le remède »).
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Dominique Mazeres, Floriane Pelé diffusé dans le 12/13 de France 3 Aquitaine ce 13 novembre :
De son côté, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux s’apprête à communiquer début décembre sur des pistes d’action, qui sont encore en pour-parlers au sein de l’institution.
Toutefois, les chiffres parlent d’eux mêmes: « on a vendu 4 millions d’hectolitres sur les 12 derniers mois, et en 2018 on en a produit 5,1 millions » commente Christophe Chateau, directeur communication du CIVB. Néanmoins il faut prendre en considération la production sur ces 3 derniers millésimes : « 3,5 millions de vins de Bordeaux produits en 2017 (année du gel avec -40% de récolte), 4,7 millions vendus en 2018 ; 5,1 millions produits en 2018 et 4 millions vendus en 2019. Si on additionne ces deux années on obtient 8,5 millions produits et 8,7 millions vendus… mais on a encore le 2019 qui devrait avoisiner les 5 millions d’hectolitres »
A l’export, Bordeaux subit une baisse de -11% en volume sur les 12 derniers mois (mais +11% en valeur). Cette baisse est importante et entraînée par la Chine -29% en volume (+2 en valeur) et Hong-Kong (-20%) en volume sur les 6 derniers mois, avec une légère reprise en Chine intérieure où la baisse n’est plus que de -6% sur les 3 derniers mois, en affinant, mais aussi avec une baisse plus importante de -33% sur Hong-Kong sur ces 3 derniers mois qui correspondent à la crise vécue sur place.
« Tout confondu, Bordeaux recule de -16 à -17% sur les 12 derniers mois. A cause de la baisse de 40% de la récolte sur le 2017, les prix ont augmenté de 1100€ à 1500€, mais avec une perte de marchés sur les entrées de gamme. Puis les prix se sont cassés la figure en 2018 avec un contexte pas bon, notamment du au libre échange Chine-Australie, à la « guerre civile » à Hong-Kong, aux +25% de taxes de Trump aux USA et au Brexit. On attend les chiffres de la grande distribution, qui ne sont pas très bons, notamment les foires aux vins ont baissé de l’ordre de 10%. »
« Le prix du vrac est de 850 à 900€ en moyenne, avec un premier prix à 750, mais à ce prix là les gens ne peuvent pas vivre », commente encore Christophe Chateau, (ce sont environ 38% des volumes commercialisés (en vrac)).
Pour Charles Ripert, célèbre courtier en vins de la place de Bordeaux, on paie aussi de nombreux reportages ciblant Bordeaux » : effectivement, le Bordeaux bashing joue, mais c’est pour moi exagéré ! On n’utilise pas plus de pesticides à Bordeaux qu’ailleurs, on en utilise autant que partout en France, sauf qu’on est la plus grande région viticole donc la plus grosse consommatrice en volume, il y a un problème d’image aussi: Bordeaux a une image statutaire par forcément fun pour les jeunes, et donc il y a du travail à faire. Au niveau typicité des vins, beaucoup de travail a été fait et la qualité a été largement améliorée aussi. »
Les pistes de travail sont comment développer la demande et peut-être aussi réduire l’offre. Pour développer la demande, le week-end de la Saint-Vincent (patron des vignerons) des 24 et 25 janvier, les vignerons iront faire déguster dans les bars, restaurants, chez les cavistes et en grande distribution leurs vins, il y aura également des bons de réductions qui devraient être mis en place avec les tickets de caisse en supermarchés.
BORDEAUX SERA TOUJOURS BORDEAUX
Bordeaux a déjà subi des crises par le passé, celle-ci ne pourrait être que conjoncturelle, mais certains pensent qu’elle semble être davantage structurelle et sur le long terme, sauf que Paul Cardoso me confie « on ne pourra pas supporter 3 millésimes dans le chai »…
Il va donc falloir faire preuve d’imagination et aller non seulement à la rencontre des acheteurs traditionnels mais aussi des jeunes générations, qui par manque d’information peut-être, ont ces derniers temps boudé Bordeaux et essayé d’autres régions viticoles en France ou ailleurs sur la planète vin. Et pourtant Dieu sait qu’à Bordeaux, il y en a pour tous les goûts et à tous les prix. A méditer devant un verre de Bordeaux bien sûr…
Regardez le reportage deJean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Dominique Mazeres, Floriane Pelédiffusé dans le 19/20 de France 3 Aquitaine ce 13 novembre :