C’est une semaine cruciale pour Bordeaux. Cette nouvelle vague de sécheresse et de canicule pousse les châteaux à arroser les jeunes plants de vigne qui risqueraient de dépérir sans cette eau. Des dérogations ont été demandées également pour arroser les jeunes pieds entrés en production en Lalande-de-Pomerol.
Avec cette sécheresse, les jeunes plants de vignes souffrent… Cette semaine est particulièrement délicate, avec ces températures à Bordeaux qui approchent ou vont dépasser aujourd’hui les 40°C.
Ce matin au château Carbonnieux en Pessac-Léognan, les équipes techniques sont sur le pont pour permettre au jeunes plants de passer cette période délicate. Il s’agit d’apporter 3 à 5 litres d’eau pour ces pieds de merlot plantés à l’automne dernier.
Cette année la canicule et la sécheresse arrivent très très tôt par rapport à l’année dernière, donc on est obligé d’arroser au moins deux fois par semaine les plants pour arriver à les sauver », Freddy Flé chef de culture château Carbonnieux.
Au château Carbonnieux, ce sont 3,5 hectatres qui ont ainsi été plantés en septembre dernier, à raison de 7200 pieds à l’hectare. Il y a aussi les complans à sauver, ce sont ces jeunes plants qui remplacent les vieux pieds qui ne produisaient plus ou les pieds morts, des jeunes plants disséminés partout sur ces parcelles. Pour se faire, les équipes sont mobilisées ici avec des horaires adaptés, de 6h30 à 14h.
Nous sommes dans un sol plutôt sec, un sol de grave, et on va trouver la fraîcheur l’argile ou l’argilo-calcaire à plusieurs dizaines de centimètres en sous-sol donc en attendant que ce système racinaire se fasse il va falloir hydrater », Philibert Perrin co-propriétaire château Carbonnieux.
Ce sont 30000 jeunes pieds qui doivent être arrosés cette semaine, une première cette année car en juin il y avait encore une réserve hydrique suffisante, mais aujourd’hui le terroir est des plus secs. Le château s’est adapté déjà au niveau du sol: « on fait attention à ce qu’il n’y ait pas d’herbe qui pourrait faire de la concurrence à la vigne, donc on griffe les sols », et en limitant par ailleurs l’effeuillage.
Autre terroir à souffrir, celui de Lalande-de-Pomerol: on peut y trouver des baies flétries et grillées par le soleil sur quelques parcelles. Ici le double effet sécheresse en sous-sol et canicule en surface commence à bien se faire sentir.
« On voit assez clairement les coups de soleil, les petites tâches noires, ou brunes, les petits grains complètement desséchés », commente Xavier Piton président de l’ODG Lalande de Pomerol. L’ODG de Lalande-de-Pomerol a d’ailleurs demandé une dérogation pour pouvoir arroser par endroits ces pieds en production, ce de manière exceptionnelle et limitée dans le temps. Traditionnellement, en France l’irrigation des vignes en production n’est pas autorisée, contrairement à ce qui se fait dans d’autres grandes nations productrices de vin.
On a demandé la possibilité pour les cas extrêmes comme celui-ci de vignes particulièrement dans la détresse hydrique d’effectuer des arrosages ponctuels », Xavier Piton président de l’ODG Lalande de Pomerol.
Les viticulteurs ont aussi limité depuis le début de l’été les effeuillages pour permettre à la vigne de mieux supporter soleil et chaleur.
On effeuille déjà du côté du soleil levant, là où le soleil est moins fort et on a allégé depuis une semaine les consignes d’effeuillages pour éviter le risque de voir les raisins griller », Philibert Perrin.
Vendredi pourrait voir tomber une pluie salutaire, puisque des précipitations sont annoncées vendredi et samedi, en espérant toutefois éviter les orages de grêle.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Bertrand Joucla-Parker et Charles Rabréaud :