24 Août

Pas de niveau minimum d’alcool qui ne soit dangereux pour la santé : l’étude qui remettrait en cause le « French Paradox »

C’est une nouvelle étude qui a été publiée par la revue médicale The Lancet. Celle-ci a évalué les niveaux de consommation d’alcool et leurs effets sur la santé dans 195 pays entre 1995 et 2016; il en ressort qu’il n’y aurait pas de niveau minimum d’alcool qui soit sans danger pour la santé. Elle contredirait d’autres études et recherches dévoilées notamment en 2010. Le débat risque de continuer. Réaction d’Allan Sichel du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

Image d’illustration © JPS

L’ETUDE EN QUESTION 

Même boire un verre de vin ou de bière par jour comporte un risque pour la santé, selon une vaste étude sur la fréquence et l’impact de la consommation d’alcool
responsable de près de 3 millions de morts chaque année dans le monde.
Un buveur d’alcool sur trois meurt de problèmes de santé liés à l’alcool chaque année, dont 2,2% de femmes et 6,8% d’hommes, d’après l’étude qui prône le « zéro alcool ».
Le monde compte 2,4 milliards de buveurs, dont 63% sont des hommes. L’étude, publiée vendredi par la revue médicale The Lancet, évalue les niveaux de consommation d’alcool et leurs effets sur la santé dans 195 pays entre 1990 et 2016. L’alcool a causé 2,8 millions de morts en 2016, note-t-elle.
En 2016, la consommation d’alcool était le septième facteur de risque de décès prématuré et d’invalidité dans le monde et la principale cause de décès chez les personnes âgées de 15 à 49 ans (accidents de la route, suicides, tuberculose…) . L’alcool est associé à près d’un décès sur 10 dans cette
tranche d’âge.
Boire un verre par jour pendant un an augmente parmi les personnes âgées de 15 à 95 ans de 0,5% le risque de développer l’un des 23 problèmes de santé liés à l’alcool (cancers, maladies cardiovasculaires, AVC, cirrhose, accidents, violences, etc.), estiment les auteurs par comparaison avec les non buveurs. Cela correspond à un excès de mortalité de 100.000 morts par an dans le monde pour un verre par jour, précise la Dr Emmanuela Gakidou de l’Institut de métrologie et d’évaluation de la santé (IHME, Université de Washington), co-auteure de l’étude.
« Les risques pour la santé associés à l’alcool sont énormes », dit-elle. Selon elle, ces résultats confortent d’autres recherches récentes, qui ont mis
en évidence « des corrélations claires et convaincantes entre la consommation d’alcool et la mort prématurée, le cancer et les problèmes cardiovasculaires ».
« Le mythe selon lequel un ou deux verres par jour sont bons pour vous n’est qu’un mythe », assène-t-elle. Seul le « zéro alcool » minimalise le risque global de maladies,
souligne-t-elle.
LE CAS DE LA FRANCE
En France, la consommation est de l’ordre en moyenne de 4,9 verres par jour chez les hommes et de 2,9 chez les femmes. Les boissons ou verres standards contiennent 10 g d’alcool pur soit, par exemple, un petit verre de vin rouge (100 ml) à 13 degrés (13% d’alcool), un « shot » de whisky ou baby-whisky (30 ml à 40%).
« Etant donné le plaisir vraisemblablement associé à une consommation modérée, affirmer qu’il n’y a pas de niveau « sûr » ne semble pas être un argument en faveur de l’abstention », estime Sir David Spiegelhalter, statisticien, professeur pour la compréhension publique du risque à l’Université de Cambridge. Conduire non plus n’est jamais sans danger à 100%, pour autant « le gouvernement ne recommande pas aux gens d’éviter de conduire ». « En y pensant, il n’y a pas de niveau de vie sûr, mais personne ne recommanderait l’abstention », plaisante-t-il.
LA REACTION DU CONSEIL INTERPROFESSIONNEL DU VIN DE BORDEAUX
Contacté par Côté Châteaux, Allan Sichel le président du CIVB commente : « c’est en effet très contradictoire avec de très nombreuses autres études, ce qui est important c’est la modération. Je peux considérer que sur des études épidémiologiques, il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte que l’ensemble des études peuvent conduire à des résultats et des interprétations contradictoires. »
Et de poursuivre : « cela fait des milliers d’années que l’homme boit du vin, on sait que les excès sont mauvais mais il ne faut pas dramatiser ce type d’étude. Il y a eu de très nombreuses études qui ont abouti à des conclusions contradictoires avec le French Paradox. Il ne faut pas tomber dans les excès, on peut continuer à se faire plaisir en consommant quelques verres de vin de manière équilibrée et saine »
RETOUR SUR LE FRENCH PARADOX
Le « French Paradox » est une expression qui remonte à 1981 et que l’on doit aux chercheurs français Richard, Cambien et Ducimetière qui s’étaient amusés à comparer les niveaux de maladie cardio-vasculaire et de consommation de matières grasses en France. Cette singularité française a été longtemps commentée dans les années 80 et réétudiée par le médecin chercheur Serge Renaud en 1991. Celui-ci affirmait sur CBS News : « les Français ont des risques statistiques de maladie cardio-vasculaire   3,5 fois inférieurs aux Américains grâce à leur consommation modérée de un à trois verres de vin rouge par jour, riche en antioxydant, en dépit d’une consommation équivalente de graisses saturées. »
En 2010, récemment des chercheurs d’Angers de l’INSERM se sont appliqués, à l’aide de techniques de biologie moléculaire, à déterminer le mécanisme d’action des polyphénols en jeu. Les conclusions que l’on peut trouver dans cet article ce l’INSERM « le french paradox dévoilé » sont les suivantes : « L’ensemble des résultats sur la pharmacologie des polyphénols fournit une base scientifique aux hypothèses issues d’études épidémiologiques sur les effets protecteurs vasculaires de la consommation modérée de vin et d’autres végétaux, probablement par leur capacité à activer le récepteur œstrogène ERα ».
Alors après qu’il y ait une discussion, entre l’ensemble de ces chercheurs et médecins, cela pourrait être intéressant, mais de la à dire que la dernière étude en date est celle qui vaut parole d’évangile, et de là à oublier les autres études d’autres grands médecins chercheurs et scientifiques, cela est un raccourci que je me devais de dénoncer. Les excès d’alcool sont sûrement néfastes, il faut le dénoncer de manière régulière, il faut aussi prendre en considération parfois d’autres éléments dans l’organisme comme le tabac, les micro-particules, les drogues, les excès de médicaments, les pesticides, et j’en oublie qui peuvent aussi faire un cocktail détonant, sans oublier le stress… Je ne défends pas là la consommation régulière d’alcool ou de vin. Mais ces médecins ont montré par le passé qu’une consommation occasionnelle de vin associée à une alimentation saine pouvait avoir des vertus, fonction des organismes des uns et des autres. Faut-il oublier ces recherches et le passé, je pose la question ?
A lire également l’article de ma consoeur de Vitisphère :

Le vrai message de l’étude mondiale sur la consommation d’alcool

JPS avec AFP