29 Mai

Grêle à Bordeaux : l’appellation Pessac-Léognan n’a pas été épargnée

Petit à petit, les propriétés commencent à estimer les dégâts occasionnés par la grêle. Des estimations qui devront être confirmées encore d’ici quelques jours. Philibert Perrin, le président du syndicat, réagit à ce nouvel épisode de grêle qui touche son appellation, après le gel d’avril 2017 qui avait touché Pessac-Léognan à 45%.

Pour évaluer la taille des grêlons tombés durant 5 minutes sur Bordeaux samedi après-midi – image d’illustration © JPS

Quand on a en tête ces images encore fraîches de l’orage de grêle de samedi sur Bordeaux, quand on sait que cet épisode a été intense avec des grêlons tranchants de 2 à 3 centimètres,  on se dit que l’orage a pu endommager des vignobles intra-muros ou sur l’appellation la plus proche de Bordeaux.

Joint par téléphone hier, Jean-Christophe Mau, directeur de Brown m’a confirmé que  « tout le vignoble, 35 ha d’un seul tenant, a été touché. Maintenant il faut attendre un mois pour voir. On a du prendre de 50 à 70% ; maintenant, il faut attendre. 

Autres propriétés impactées, les vignobles Clarence Dillon, la Mission serait bien plus touchée que le célèbre Haut-Brion, c’est surtout le côté Talence qui a pris, plus que Pessac. Un impact qui serait estimée de l’ordre de 30%

Smith Haut Lafitte en saura plus en fin de semaine comme me l’ a confié Fabien Teitgen : « nos 80 ha ont été touchés à des degrés divers. Smith n’avait jamais été touché, en 25 ans c’est la première fois que je vois la grêle ici. « 

Le nuage de grêle a démarré sur le haut du plateau de Rochemorin (vignobles André Lurton) avec des blancs bien impactés sur les 2/3, a poursuivi ses dégâts sur Carbonnieux (grêlé à 25%), puis vers Villenave d’Ornon avec Couhins-Lurton, Brown, le bas de Olivier, Pontac Monplaisir, Grandmaison un peu impacté, pareil pour Larrivet-Haut-Brion (en face de Smith), Baret,… et même les Carmes Haut-Brion sur une petite parcelle.  Des noms bien connus des Bordelais premiers consommateurs de ces châteaux prestigieux, mais aussi connus de par le monde.

Il est encore trop tôt pour envisager exactement l’impact sur les volumes, mais cela vient s’ajouter au gel de 2017, à ceci près que certaines propriétés comme château de France que j’ai pu contacter et Pique Caillou n’ont pas été touché cette fois, ce qui fait dire au président Philibert Perrin : « heureusement le couloir de grêle ne passe pas sur les vignobles touchés par le gel. »

C’est malheureux, la viticulture est à nouveau touchée par une catastrophe naturelle », Philibert Perrin, Président Syndicat des Vins de Pessac-Léognan.

Comme dans l’ensemble des propriétés, Philibert Perrin me confie qu’il est « difficile d’estimer les dégâts, comme pour nous à Carbonnieux, on doit encore attendre quelques jours. Le feuillage va repartie en buisson, et cela va demander plus de travail. On ne sait pas encore si les grappes vont être touchées entières ou en partie. On n’a pas une grande expérience de la grêle en Pessac-Léognan. »

En tout cas « les assureurs nous le disent, ces phénomènes climatiques sont de plus en plus violents et plus dévastateurs. » Entre le gel, la sécheresse et la grêle, répétés ces derniers temps, il y a de quoi s’interroger… Le réchauffement climatique y serait-il pour quelque chose ? A suivre…

Grêle : le lourd tribut payé par Cognac

Avec 10000 hectares touchés par la grêle du week-end dernier, Cognac et la Charente ont sévèrement été impactés par ce phénomène climatique. En proportion, 1/7e du vignoble de Cognac a été touché, plus qu’à Bordeaux.

Les dégâts qui laissent sans voix © Vignobles Plaize

Dans le bassin Charente-Cognac, ce sont plus de 10.000 hectares qui ont subi les dégâts dus à la grêle du samedi 26 mai, dont 3.500 hectares  « très fortement touchés (plus de 80% de destruction) » selon l’estimation du Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC). Le vignoble charentais correspond à 78.000 hectares, dont 72.000 destinés à l’eau-de-vie de Cognac. 

La zone la plus touchée en Charente se situe dans la zone des Borderies au nord-ouest de la ville de Cognac, des parcelles très difficiles à reconnaître tellement elles ont « pris cher ».

Sur leur page Facebook, les vignobles Plaize commentaient :

« Sans mots face à un tel désastre !!!!
Le destin s’acharne après le gel de 2017 maintenant la grêle…..
Il va falloir du courage pour faire face mais bon il faut toujours regarder devant et penser à l’avenir.
70% de l’exploitation touchée de plein fouet et malheureusement la récolte 2019 sûrement affectée aussi…. »

Philippe Martineau, lui aussi, a perdu 75% de sa prochaine récolte, c’est d’autant plus dramatique qu’il ne possède plus de réserve climatique ce procédé qui permet de pallier les aléas météorologiques; cette année il va faire appel à son assurance. « Heureusement qu’on a cela, car l’année dernière, avec le gel, j’ai perdu mes stocks de réserves climatiques et cette année, si je n’avais pas été assuré j’aurais pu mettre mon entreprise en grande difficulté. »

Au niveau du BNIC, des mesures d’accompagnement vont être mises en oeuvre comme l’étalement des cotisations MSA ou des mesures d’exonération de taxes foncières sur tout ce qui est non bâti par exemple », commente Claire Caillaud, directrice de la communication BNIC.

Une réunion de crise doit se tenir en fin de semaine pour une éventuelle inscription de ce phénomène en catastrophe naturelle.

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Poitou-Charentes de B. Pillet, C. Guinot et C. Pougeas (intervenants : Simon Bourdet, technicien d’expérimentation au BNIC ; Philippe Martineau, viticulteur ; Claire Caillaud, directrice de la communication BNIC)

Raccord au rouge : la Jurade de Saint-Emilion fait son show à Hong-Kong

Dédilé des Jurats, dîner divin, coupe des vins et dégustation des vins de Saint-Emilion…A Vinexpo Hong-Kong, pour le 20e anniversaire, on charme à tout va les Chinois.
Toges rouges et blanches, chapeau et ambiance Moyen-Âge: la Jurade de Saint-Emilion confrérie des vins de la Cité millénaire du Bordelais, a ripaillé ce week-end au « Nid d’oiseau » de Pékin, le stade des JO 2008, avec l’ambition de promouvoir ses crus en Chine.
« Qui sont ces gens? Des membres d’une Eglise chrétienne? », s’interrogent des passants chinois devant la cérémonie des membres de l’organisation bachique française, dont les tenues peuvent faire penser à celles de prélats catholiques.
Depuis 70 ans, la jurade intronise des personnalités chargées de promouvoir les vins de Saint-Emilion. Sa création remonte à 1199, lorsque l’Aquitaine était sous domination anglaise: elle réunissait alors des notables (« jurats ») de la commune, à qui Jean Sans Terre, roi d’Angleterre, avait concédé une certaine indépendance.
Parmi les membres connus et intronisés parmi la Jurade figurent des comédiens (Dany Boon, José Garcia, Julie Gayet), des chanteurs (Sting), des ex-sportifs (Eric Cantona) ou  encore des hommes politiques (Vladimir Poutine, François Baroin, Albert II de Monaco). Des Chinois ont également rejoint l’organisation ces dernières années. Dont l’une des actrices les plus populaires du pays: Zhao Wei (Vicky Zhao), intronisée membre
en 2012 et propriétaire du château Monlot à Saint-Emilion.
« Le but, c’est que dans leurs repas d’amis, dans leurs fêtes qu’ils font chez eux, les membres mettent à l’honneur nos vins », explique Jean-François Galhaud, président du Conseil des vins de Saint-Emilion, en enfilant sa robe rouge et son petit chapeau.
A côté du monumental stade olympique, il intronise lors d’une cérémonie solennelle une dizaine de nouveaux membres chinois — dont Zhang Guoli, un acteur très connu en Chine. Avant de faire servir à 300 personnalités locales du monde de la culture, du sport et des affaires un dîner arrosé de plusieurs crus de Saint-Emilion.
« J’ai rejoint la jurade car la France est un pays séduisant et que j’adore boire du vin », explique tout juste intronisée Yuan Zidan, scénariste
du feuilleton télévisé à succès « Ode to Joy » — le « Sex and the City chinois ». « Je vais parler des vins de Saint-Emilion à mes amis, dont beaucoup sont des sportifs connus. S’ils en boivent lors de fêtes, beaucoup de gens de notre milieu en boiront », assure Yan Dinan, ex-champion du monde de kickboxing, en recevant sa cape de membre.
La jurade s’est implantée à Pékin avec une « chancellerie » en 2014, dans l’espoir de relancer ses ventes. Une initiative payante: le volume de Saint-Emilion exportés en Chine a bondi de 52% sur un an en 2017, à 22,5 millions de litres.
« Pour les Bordeaux, la Chine est devenue le marché numéro un. C’est un potentiel de consommation fabuleux », note Jean-François Galhaud.
Les Chinois ont bu 1,46 milliard de litres de vin l’an passé — soit environ un par habitant. Actuellement 5e consommateur mondial, derrière les Etats-Unis, la France, l’Italie et l’Allemagne, le pays asiatique sera au 2e rang en 2021, selon Vinexpo, organisateur de salons internationaux.
« Au début, seule une élite fortunée achetait du vin. Auquel elle ne connaissait pas grand-chose. Elle achetait le pouvoir de l’étiquette, comme
d’onéreuses bouteilles de Lafite-Rothschild par exemple. Ça s’est arrêté brutalement après l’arrivée aux affaires de Xi Jinping » en 2013, souligne M. Galhaud, en référence à la campagne anti-corruption lancée par le président chinois. Les ventes de vins, perçus comme des produits de luxe trop ostentatoires, en avaient pâti. « Mais ça a ouvert la voie. Depuis, un nombre croissant de Chinois rejoignent la classe moyenne et beaucoup commencent à vraiment s’intéresser au vin. »
En quelques années, près de 150 domaines du Bordelais sont ainsi passés sous pavillon chinois.
Avec AFP
(Photos Vins de Saint-Emilion)