08 Avr

24e Printemps des Vins de Blaye : les amateurs de vin à la rencontre de 90 vignerons de l’appellation

La météo n’était pas comme l’an dernier à son zénith, cela n’a pas empêché les fins connaisseurs et amateurs de se précipiter dans la Citadelle Vauban classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Environ 10000 visiteurs ont arpenté les vieilles ruelles de la place forte samedi et dimanche.

Eric Vezain (château Canteloup), Corinne Chevrier-Loriaud), Franck Jullion (Grillet-Beauséjour) et Patrice Glémet (Moulin de Grillet) © JPS

Week-end pluvieux, dégustateur heureux. Cette maxime s’est vérifiée tout ce week-end pour le 24e Printemps des Vins de Blaye. Un événement qui a grossi au fil des années, un événement que l’on doit à Michel Elie.

« Ca s’appelait le marché aux vins de Blaye, au mois de janvier au moment de la Saint-Vincent, le patron des vignerons, j’avais un petit peu plagié ce qui se faisait à Ampuis dans les Côtes du Rhône septentrionales (marché créé en 1928), tout en pensant que ce qui pouvait se faire à 50 km au sud de Lyon pouvait se faire à 50 km au nord de Bordeaux » Michel Elie le fondateur.

Ce sont 90 vignerons de Blaye qui sont sur le pont durant tout le week-end avec tout le staff du syndicat viticole de l’appellation Blaye Côtes de Bordeaux. Une logistique bien rodée depuis toutes ces années avec 4 lieux de dégustations différents.

Ainsi à la poudrière, on pouvait y croiser un groupe d’Américains venus avec leur navire de croisière Amawaterways ; pour Line venue d’Arizona : « c’est vraiment super, on apprécie vraiment cet événement avec tous ces vins différents et tous ces arômes de merlot, sémillon ou autres »…

« J’ai visité Blaye il y a 8 ans et j’ai vraiment été conquis par l’endroit », commente également David Falchek, cet autre américain spécialisé dans l’éducation autour du vin dans l’énorme barnum où sont réunis 40 vignerons.

Je pense que Bordeaux est l’une des meilleures régions viticoles au monde, mais que Blaye est encore méconnue, les vins de cet endroit sont de bonne qualité et de bonnes affaires » David Falchek d’American Wine Society

Pour sûr il y a les habitués de l’événement comme ce groupe de Bretons de Saint-Brieuc avec à sa tête Jean-Luc Tréhorel : « 5 heures de route, c’est vite fait, pour boire du vin on ferait n’importe quoi, on vient de loin. Je ne sais pas depuis combien de temps ça dure mais tous les ans on est là pour deux jours et c’est super. »

Michel Elie, le fondateur de l’événement, et Michaël Rouyer le directeur de Blaye Côtes de Bordeaux © JPS

C’est un événement incontournable du monde du vin du bordelais,  car on a 90 vignerons qui accueillent dans la Citadelle classée Unesco près de 10000 visiteurs, c’est un événement autour de la rencontre du partage entre les consommateurs et les vignerons », Michaël Rouyer directeur de Blaye Côtes de Bordeaux

Un Printemps des Vins de Blaye avec ses nouveautés comme la course des garçons de café, attention à ne pas renverser, les rouleurs de barriques, les petits tours en calèche, les démonstrations de tonnelleries, ses intronisations mais aussi la visite du clos de l’Echauguette.

Le Clos de l’Echauguette étant le seul vignoble au monde planté dans un monument classé Unesco avec 737 pieds, 737 bouteilles produites et entretenu par Dominique Champagne (un nom prédestiné !) avec son cheval de trait Tibou du Coteau un percheron d’1,1 tonne.

 

La député Véronique Hammerer et Michaël Rouyer, directeur de Blaye, ont été ont été intronisés par la Connétablie de Blaye © JPS

Un Printemps des Vins qui permet à chaque viticulteur de vendre entre 300 et 1200 bouteilles, soit une moyenne de 40000 sur le week-end.

(l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération)

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer

Millésime 2017 : pour Michel Rolland « c’est une année de dégustation, il ne faut pas partir avec des a priori négatifs parce qu’il y a de très belles surprises »

A l’occasion de la 8e édition des Clés de Châteaux, le grand oenologue Michel Rolland livre ses premières impressions sur le millésime 2017 qui va réserver de belles surprises dans de multiples endroits, il va falloir déguster. Ce n’est pas un millésime de soleil, donc on sera plus sur des choses un petit peu tendues, un petit peu acides, un petit peu fermes mais avec de jolis fruités et caractéristiques ».

Marylin Jonnhson photographiant Michel Rolland et Dany son épouse © JPS

« Ce Millésime 2017, on est obligé d’avoir une pensée un petit peu  triste pour toutes les régions qui ont souffert du gel. C’était une année de gel à Bordeaux. On n’avait pas connu cela, aussi fort et aussi violent, depuis 1991, ce qui fait 26 ans. Il y a des endroits qui ont été très endommagés, des gens qui ne font pas de vin, donc c’est toujours triste quand une propriété viticole ne fait pas de vin. »

« Cependant il y a des secteurs privilégiés, car la gelée, comme tous les événements climatiques, elle n’a pas le même impact, partout.Il y a donc des endroits où on a fait du vin même si des fois on en a fait moins; la caractéristique de ce millésime, c’est qu’on a quand même réussi à faire des bons vins. Et des bons vins qui sont quand même la résultante d’un été un peu bizarre, un été sec et plutôt frais, on n’a pas eu de grandes chaleurs, donc » :

Ce n’est pas un millésime de soleil, donc on sera plus sur des choses un petit peu tendues, un petit peu acides, un petit peu fermes mais avec de jolis fruités et caractéristiques ».

« Les tanins sont là, bien vivants, ils ont un petit peu de tension, je pense qu’on va aimer, c’est un peu dans l’air du temps cette qualité de vin. Il y a moins d’alcoll que d’habitude eu égard au soleil qui est un tout petit peu moins chaud que d’habitude. C’est un millésime qu’il va falloir goûter, apprécier ».

« Bien évidemment sur la rive droite, les merlots ont donné des choses très intéressantes mais avec ces acidités un peu marquées, des notes fruités pas caractéristiques tous les ans, mais on a eu cela en 2008, sur des millésimes un petit peu frais, naturellement ».

« Sur la rive gauche, on va trouver des vins avec beaucoup de densité, beaucoup de concentration mais toujours dans cette fraîcheur, avec des cabernet-sauvignons qui ont très bien mûri, dans les grands secteurs de rive gauche. Et il y a des très jolis cabernet-sauvignons sur les grands terroirs à cabernet-sauvignons classiques. et tous les terrains qui ont la chance de regarder l’Estuaire de la Gironde se sont à peu près sorti d’affaire par arpport à la gelée, donc il y a eu des productions à peu près normales.Et on va trouver ces vins de Bordeaux classiques avec leur tension, leur fraîcheur, leur acidité ».

« Donc je crois que c’est une année de dégustation, il ne faut pas partir avec des a priori négatifs parce qu’il y a de très belles surprises, moi qui ai la chance d’en goûter 150 dans la région, donc pas d’aprioris négatifs et beaucoup d’application dans la dégustation, car comme toujours quand on déguste tôt ce n’est jamais facile à faire ».

« Bonne dégustation à tous et bienvenue à Bordeaux pour les Primeurs 2017 ! »

PRIMEURS2017-Michel Rolland from Marie Rolland on Vimeo.