27 Déc

Thierry Decré : le négoce de Bordeaux a une excellente réputation de confiance sur la distribution de ses vins

C’est une mise au point qui a le mérite d’être claire. Le négoce de Bordeaux a inspiré le monde entier et travaille correctement, même si à la marge il existe un(e) fraudeur(se). Pas question de faire d’amalgame, l’affaire de fraude aux vins de Bordeaux, révélée par Vitisphère, ne concerne qu’une personne, mais certainement pas LD Vins ni la grande majorité des acteurs de la filière. Thierry Decré, PDG de LD Vins est l’invité de Parole d’Expert pour Côté Châteaux et parle sans détour du travail correct du négoce bordelais.

Thierry Decré, le PDG de LD Vins © Jean-Pierre Stahl

Thierry Decré, le PDG de LD Vins © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : Thierry Decré, on parle énormément de cette affaire de fraude aux vins de Bordeaux, avec un négociant (qui n’est pas vous, bien sûr) qui aurait fraudé avec 4200 hectolitres de vins, qu’est-ce que vous avez envie de dire à propos de cette histoire ?

Thierry Decré: « C’est évidemment regrettable, certains s’improvisent négociant, heureusement de façon très marginale ; Bordeaux est une des plus grosses régions de production des vins du monde. Elle a inspiré des productions du monde entier et elle est très attachée à un négoce qui lui est dédié, qu’on appelle le négoce de place. Et ce négoce jouit d’une excellente réputation justement de confiance sur la distribution de ses vins dans le monde entier, et il est d’ailleurs basée  à Bordeaux pour crédibiliser encore plus les produits qu’il distribue. Aujourd’hui, c’est un système de distribution qui est envié par le monde entier. »

« Alors bien sûr, c’est comme dans toute économie, il y a une certaine forme de délinquance, fort heureusement qui a toujours existé mais de façon épisodique, assez faible, marginale et en tout cas qui n’a jamais réussi à entacher la formidable confiance qu’ont les marchés dans nos vins et dans notre distribution et auprès des acteurs qui s’en occupent. » 


JPS : « C’est vraiment un vilan petit canard qui entache la place de Bordeaux pour pas grand chose ? »

Thierry Decré : « Oui, comme je vous l’ai dis, comme dans chaque économie, à un moment donné quelqu’un s’improvise négociant,  pense qu’il va faire plus simple, il va tricher et généralement cela s’arrête très vite. C’est un monde assez petit ou tout le monde se connaît, qui travaille beaucoup sur la confiance, donc quand quelqu’un travaille avec une société généralement inconnue, elle prend un certain nombre de risques ».

IMG_3180Toutes les maisons de la place de Bordeaux ont prouvé qu’elles travaillaient avec beaucoup de rigueur et de confiance, et c’est cela qui caractérise la force de la distribution des vins de Bordeaux, c’est la confiance qui règne dans son négoce, ça c’est extrêmement important. »

JPS : « Thierry Decré, votre maison de négoce vend aujourd’hui essentiellement des crus classés, expliquez-nous comment vous fonctionnez ? »

Thierry Decré : « Effectivement, on s’est spécialisé nous dans le très haut de gamme, dans les crus classés ; on porte le nom encore de négociant, mais on ne fait plus de vrac ou de vins de nos marques. On ne distribue finalement que les vins de la propriété, que les vins du château, des vins qui sont déjà conditionnés, en bouteilles et que l’on distribue dans le monde entier. »

IMG_3182JPS :  » Ce sont des vins distribués sur plusieurs continents aujourd’hui ? »

Thierry Decré : « C’est un peu notre fonction. La répartition, c’est 70% à l’export et 30 % en France, le marché national est toujours important pour nous et je pense qu’il faut qu’il le reste. Après on vend beaucoup de vins en Asie, cela représente 20% de notre chiffre d’affaire et 40% de nos exportations. On vend aussi en Birmanie, au Mexique, aux Bermudes, on vend dans beaucoup de petites niches où on a identifié des distributeurs de qualité pour distribuer nos grands crus classés.

JPS : « Vous avez pignon sur rue depuis déjà pas mal d’années, qu’est-e qui fait votre force et qu’est-ce qui garantie vos clients des copies qui peuvent exister par exemple et que vous allez leur fournir les bouteilles de la propriété ? »

Thierry Decré : « On est une société à Bordeaux assez récente mais qui a déjà 25 ans d’existence, une société qui a démarré toute petite et qui a progressivement développé ses marchés dans le monde entier (50 à 70 millions de chiffre d’affaire), avec notre sérieux et notre force de vente ».

IMG_3173C’est la propriété avant tout qui nous fait confiance Il ne faut pas penser que tout cela se fait n’importe comment, on est très tracé, c’est-à-dire qu’on explique à la propriété à qui on a vendu, on a des allocations très précises, un nombre de caisses très précis. On travaille avec la propriété pour savoir avec elle dans quel pays on va plutôt vendre les vins. Tout cela, ce n’est pas de l’improvisation. »

LD Vins, une belle maison de négoce basée rive droite à côté du pont Chaban Delmas © JPS

LD Vins, une belle maison de négoce basée rive droite à côté du pont Chaban Delmas © JPS

JPS : « Qui plus est, il y a des marquages aujourd’hui qui sont faits sur les bouteilles ? »

Thierry Decré : « Maintenant, la propriété est extrêmement vigilante et c’est très important pour Bordeaux : d’abord de ne donner ces vins à vendre qu’à des maisons qui sont répertoriées, pour leur sérieux et leur qualité, donc le château ne vend pas du tout au premier venu.Il faut revendiquer d’une certaine qualité de distribution et de travail pour obtenir des caisses à acheter et pouvoir les vendre. Et la propriété de son côté fait très attention sur ses étiquettes, sur ses bouteilles de façon à identifier et à garantir l’authenticité de ses vins. C’est pour répondre aussi aux copies, qui peuvent exister d’une façon assez marginale encore une fois; à ma connaissance, en 25 ans je crois que j’en ai vu une fois et de vilaines copies. C’est souvent les marques les plus prestigieuses qui sont copiées comme peuvent lêtre des sacs Cartier, des sacs Vuitton, mais je pense qu’aujourd’hui les malfaçons ne résistent pas longtemps à ce qu’a mis en place la propriété. »

Thierry Decré, comme l’ensemble du négoce et de la filière vin, attendent et espèrent que l’enquête des douanes va aboutir prochainement pour laisser travailler Bordeaux dans la sérénité et le sérieux qui caractérisent cette profession.

Thierry Decré, le PDG de LD Vins © Jean-Pierre Stahl

Thierry Decré, le PDG de LD Vins © Jean-Pierre Stahl

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Christèle Arfel et Xavier Granger :