L’affaire avait fait grand bruit en mai 2014. Le Parlement et le Gouvernement s’en étaient saisis. Suite a l’intoxication d’une vingtaine d’élèves et de leur institutrice, une information contre X avait été ouverte et deux châteaux mis en examen. Finalement, il y a non-lieu selon le juge d’instruction. La Sépanso, partie civile, va faire appel « pour qu’il y ait un vrai débat devant un tribunal ».
L’école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine
Les faits étaient pourtant éloquents : 23 élèves et leur institutrice pris de maux de tête, de vomissements, nécessitant l’intervention de secours en ce 5 mai 2014, à l’école primaire bordée de toute part par des vignes.
Ce jour-là deux châteaux l’un en conventionnel, l’autre en bio, traitaient leurs vignes avec des produits phytosanitaires durant la matinée et encore en début d’après-midi. Les faits établis dans un rapport de la Draaf attestaient de traces bleues sur le grillage de l’école… Ce jour-là, la force du vent relevée à Mérignac était supérieure à 3 Beaufort, en théorie une force pour laquelle il est intrdit de procéder à des traitements.
Toutefois dans son ordonnance selon nos confrères de Sud-Ouest, le juge d’instruction estime qu’un doute demeure car aucun relevé spécifique à cette commune n’existe, par ailleurs aucun élément objectif ne permet de faire le lien, les gendarmes n’ayant été avertis que plusieurs jours plus tard.
C’est donc par manque de preuve irréfragable que le non lieu a été prononcé, ce qui fait dire à Daniel Delestre, président de la Sépanso Gironde :« on est déçu. On va se concerter pour savoir si on relève appel ou pas. On ne sent pas bien la volonté d’éclaircir les responsabilités, de faire la lumière. »
L’avocate d’un des vignerons considère au contraire que les investigations ont été poussées et que son client n’a pas eu un comportement irresponsable.
Daniel Delestre, président de la Sepanso Gironde © JPS
« Nous n’avons pas d’acharnement contre les viticulteurs, mais cela concerne des dommages ressentis surtout par des élèves et une institutrice. C’est une affaire qui pose problème dans le milieu professionnel. On va voir si on interjette appel… »
Ce qui pourrait étonner, c’est que suite à cette affaire les pouvoirs publics et notamment la préfecture de Gironde avait pris toute une série de mesures à travers un arrêté préfectoral, notamment avec une distance minimale de 50 mètres vis-à-vis des écoles, avec l’implantation de dispositifs de protection notamment la plantation de haies et le recours par les viticulteurs à des matériels limitant la dispersion des produits.
Joint par téléphone cet après-midi au sortir d’une audience à Pau, Me François Ruffié, avocat de la Sepanso, a confié à Côté Châteaux : « on va faire appel, soit cet après-midi, soit demain matin. L’infraction est constituée par deux éléments : trop de vent et l’épandage qui a dépassé la surface de la parcelle. C’est un débat qui aurait du avoir lieu devant un tribunal, ce serait même utile, d’autant que le juge avait mis en examen les deux vignerons. On va faire appel dans l’intérêt des enfants et de l’environnement. »