Hier après-midi, un orage de grêle d’une très forte intensité et d’une durée de 20 minutes a éclaté de nombreuses baies de raisins dans les Graves. Ces viticulteurs avaient déjà souffert de l’épisode de gel de fin avril, là « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Tout n’est pas perdu, mais il faut récolter dans les 48 heures.
Des grêlons de 1 à 2 centimètres et même de 3 à 4 par endroit. Ceux-ci très coupants ont haché non seulement le feuillage mais ont aussi fait éclater les baies gorgées de jus.
C’est un couloir intense qui a duré près de 20 minutes et qui a touché particulièrement Podensac, Illats, Cérons et Virelade.
Marie-Hélène Lévêque, propriétaire du château Chantegrive (dont la cuvée Caroline est toujours exceptionnelle) a d’habitude le sourire et le moral, mais là le sort s’acharne. Après avoir été touchée à 70% par le gel fin avril, elle vient constater les dégâts dans ses rangs de vigne. L’ensemble de ses parcelles a été impacté, ce qui pour elle est une première.
« Regardez, une, deux, trois…huit, neuf, elles sont toutes touchées », Marie-Hélène Lévêque nous montre ainsi un pied très fourni de grappes, préservées du gel, mais bien impactées par la grêle.
Quand il grêle pendant 20 minutes, c’est long et cela fait beaucoup de dégâts », Marie-Hélène Lévêque, château Chantegrive.
Et d’ajouter : « En général, on assiste à des 2, 3 ou 4 minutes, déjà on trouve que c’est long, mais là 20 minutes c’est énorme. »
A Cérons, Xavier Perromat avait lui aussi été très touché par le gel, il estime avoir déjà perdu 50% de sa récolte. Dans son malheur, la grêle s’est abattue sur la parcelle la plus impactée par le gel.
La chance, si je puis dire, c’est d’avoir été grêlé sur des parcelles qui avaient déjà été sinistrées. J’avais eu l’intention de vendanger en fin de semaine, mais je vais avancer mon intervention à demain », Xavier Perromat du château de Cérons.
« On a, on pense une quinzaine à une vingtaine de viticulteurs qui sont plus durement touchés que les autres », m’explique Mayeul l’Huillier directeur des Vins de Graves.
« Malheureusement, on est sur une zone, Podensac, Cérons qui a déjà été très gelée au mois d’avril-mai et c’est la deuxième catastrophe naturelle qui s’est abattue su ces viticulteurs-là », Mayeul l’Huillier directeur des Vins de Graves.
Pour l’heure, la situation n’est pas critique mais il s’agit d’agir très rapidement à cause du botrytis, la pourriture qui risque de s’installer rapidement sur les baies éclatées.
Au château Chantegrive, 50 vendangeurs sont entrés en action ce matin, Marie-Hélène Lévêque confie qu’il en faudrait 100 pour bien faire ; elle va avoir recours à une machine à vendanger pour compenser le manque de main d’oeuvre. « C’est tellement précoce cette année que les gens ne se sont pas inscrits, on est un peu en manque de vendangeurs… »
« On essaie de s’organiser car il faut vraiment que dans les 48 heures, on ait rentré tous les blancs », Marie-Hélène Lévêque, château Chantegrive.
Des blancs fort heureusement qui sont arrivés à maturité ; pour les rouges, cela risque d’être plus délicat, notamment pour les cabernet-sauvignons plus tardifs que les merlots.
Alors « annus horribilis » en 2017 ? Certes, néanmoins la physionnomie des blancs déjà rentrés la semaine dernière et depuis ce lundi (avec un tri sur pied et sur la table de tri) permet de dire que la qualité est bien là. Avec juste une précocité et aussi, depuis la grêle, une rapidité d’action dans les rangs de vigne…
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sylvie Tuscq-Mounet et Alain Guinchard :