Pierre Hurmic, célèbre avocat bordelais, a déposé cette semaine un nouveau mémoire à propos du recours qu’il intente contre le prolongement de la LGV au delà de Bordeaux. Un recours qu’il fait au nom de 13 communes de Gironde et d’ associations de défense de l’environnement comme la Sepanso Gironde; la LGV pourrait impacter fortement les zones humides, le micro-climat sur le Sauternais et la formation de brouillards dus au Ciron qui participent à la formation du botrytis.
Pierre Hurmic me le confiait dès mercredi, il allait déposer son nouveau mémoire en réponse à celui déposé par SCNF Réseau, dans le recours déposé en juillet dernier contre la Déclaration d’Utilité Publique : « il y a des fenêtres de tir sérieuses… », me confie-t-il. « En fait, ils ne contestent pas beaucoup notre recours, ils le contestent mollement. Je pense qu‘ils sont lucides et qu’il n’y a pas d’argent pour le financement de cette LGV. »
Mardi, à l’occasion de l’inauguration à Villognon de la LGV Tours-Bordeaux, 304 km de lignes nouvelles, Alain Rousset, le président de la Nouvelle Aquitaine, avait marqué les esprits en souhaitant le prologement vers Toulouse et l’Espagne : « il faut que l’on poursuive, nos amis Espagnols ne nous pardonneraient pas de ne pas aller en Espagne. Les Toulousains ne nous pardonneraient pas de ne pas desservir la 4e ville de France. »
Mais pour Pierre Hurmic : « C’est bête d’éliminer 4830 hectares de zones naturelles pour gagner 8 mn entre Bordeaux et l’Espagne. » : « Nous savons qu’il existe une étude qui consiste à rénover les lignes actuelles pour permettre à des trains de circuler sur ces lignes à 250 km/h et si cela est réalisé cela ne représente qu’un delta de 8 mn par rapport à la LGV à 9 milliards d’euros. »
L’impact sur le Ciron et les espèces qui y vivent est souligné dans le mémoire: « Manifestement, SNCF Réseau minimise l’impact du chantier en affirmant sans le moindre début de preuve que les cistudes (La Cistude d’Europe est une espèce de reptile très longévive attachée à ses zones de ponte auxquelles elle reste fidèle sa vie entière) empêchées de pondre par la destruction de leur site de ponte habituel pourraient utiliser des sites de substitution qui existent plus loin, près du Ciron ou de son affluent le Barthos » précise l’avocat Pierre Hurmic.
Daniel Delestre, Président de la Sepanso Gironde, insiste par ailleurs : « il suffit de constater sur la LGV Tours-Bordeaux la catastrophe environnementale, à tel point que les juges ont condamné Vinci à 40000 € pour violation du droit de l’environnement. ».
Au total 6 recours sont engagés par le monde agricole et viticole, ainsi que les populations concernées, vent debout contre la LGV.
Regardez le reportage de Nathalie Pinard de Puyjoulon et Bertrand Joucla-Parker :