Les vignerons ont déjà payé un lourd tribu à cause des gelées matinales de ces dernières semaines, il ne vont quand même pas encore être tondus par la grêle et les vents violents. Pourtant une alerte météo concernant 22 départements est actuellement en cours. On croise les doigts.
Météo France a placé 22 départements du Sud Ouest en alerte orange aux orages. Des averses de grêle et des rafales de vent supérieures à 100 km/h sont attendues. Et bien sûr, on repense à nos amis vignerons qui ont déjà été touchés par le gel, il ne manquerait plus que de la grêle continue d’achever le travail !
Cette alerte a commencé à partir de 14 h et devait se poursuivre jusqu’à 23 h… « avec des rafales de vent avec des valeurs localement supérieures à 100 km/h. Des chutes de grêle significatives sont également possibles par places. »
Mais cette fois-ci pour la Côte Atlantique, pour le bordelais et les vins du Sud-Ouest, nos amis vignerons qui en avaient plein le dos, ont été entendus : l’alerte est passée, ouf !!!
A l’occasion de ce grand week-end du 1er mai, les Vignerons de Puisseguin Lussac Saint-Emilion organisent leur 1er Green Festival, en ce dimanche et encore demain lundi, à l’occasion des journées Portes-Ouvertes de l’appellation. Au programme : de nombreuses animations et expositions sur le thème du développement durable, sans oublier des visites et dégustations.
Profitant des Portes-Ouvertes organisées par le Conseil des Vins de Saint-Emilion, et qui couvrent les appellations Saint-Emilion, Saint-Emilion Grand Cru, Puisseguin Saint-Emilion et Lussac Saint-Emilion, les Vignerons de Puisseguin Lussac Saint-Emilion organisent leur premier Green Festival…
CAP SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Ce Festival Ecoresponsable a pour vocation de valoriser la démarche de responsabilité sociétale et l’engagement des Vignerons en faveur du développement durable. La qualification Agriculture Raisonnée des premiers adhérents date de 2004. Les VPLSE sont certifiés ISO 14001 depuis 2012.
Cet événement permet également de mettre en lumière les initiatives de nombreux acteurs locaux. En collaboration avec l’agence de conseil Idées Tchin’, les Vignerons accueillent ainsi plusieurs exposants qui proposent des animations et expositions sur le thème du développement durable, de l’éco-responsabilité et de l’artisanat local.
2 & 4 ROUES ECOLOS
Un salon des deux et quatre roues sera installé sur les trois journées des Portes-Ouvertes. Aux côtés des véhicules électriques de la Cave, les concessionnaires Tesla, Renault exposeront leurs voitures hybrides et électriques, et Veloland Libourne présentera ses vélos électriques.
LE GREEN VILLAGE, C’EST POUR PETITS ET GRANDS
Le temps d’un week-end, le centre de conditionnement se métamorphosera en Green Village et accueillera des expositions et ateliers.
La recyclerie « L’atelier des 2 mains » proposera des ateliers.
Barrique Meuble Bordeaux vous fera découvrir ses meubles issus de la transformation de barriques.
L’entreprise BASE présentera ses innovations en matière d’énergie photovoltaïque.
Les artistes Vanessa Balci, Sylvie Bedin et Maurice Barreau exposeront leurs oeuvres réalisées à partir de matériaux recyclés.
La start up « Nos mondes alternatifs » vous fera découvrir ses box militantes.
Enfin, l’association GRAINES présentera quand à elle au grand public une exposition sur les alternatives aux produits phytosanitaires dans nos jardins.
MISE EN AVANT DES PRODUITS LOCAUX ET ARTISANAUX
L’atelier des gourmandises, artisan chocolatier, et les Secrets de Claire, confitures et gelées artisanales, vous feront découvrir leurs délicieux produits locaux et faits maison.
ET BIEN SUR DES VISITES ET DEGUSTATIONS
Des visites du site et des dégustations animées par ces vignerons-coopérateurs seront également proposées aux visiteurs désireux de découvrir les secrets et différentes étapes d’élaboration des vins de la Cave. Des offres exceptionnelles sur de nombreux vins vendus en magasin seront également proposées.
Les Vignerons de Puisseguin Lussac Saint-Emilion en chiffres :
3 sites de vinification : Puisseguin, Montagne et Gardegan
65 000 hl vinifiés par an en moyenne
1000 barriques pour l’élevage
250 000 hl de capacité de cuverie : 155 000 hl en inox et 95 000 hl en béton
203 Adhérents Coopérateurs 310 familles liées à l’activité de la coopérative
38 salariés + 11 dans les filiales 160 salariés chez les adhérents
18 millions d’euros de chiffre d’affaires
6 millions de bouteilles commercialisées par an, dont 1 million pour le négoce
80% de la production conditionnée en bouteilles
60% de la production destinée à la France
LES ROULEURS DE BARRIQUES FETENT LEURS 25 ANS
Pour le lundi 1er mai, les sports traditionnels seront à l’honneur à la Cave des Vignerons de Puisseguin Lussac Saint-Emilion ! Afin de clôturer ces trois journées de festivités :
Les Rouleurs de Barriques de Lussac Saint-Emilion proposeront de nombreuses animations et des démonstrations à l’occasion des 25 ans de leur association.
Petits et grands pourront se mettre dans la peau d’un véritable matelot en s’initiant à l’accrovoile, activité qui consiste grimper dans les mâts !
Des jeux seront également proposés par des délégations étrangères de sports traditionnels.
Enfin, des démonstrations de forces bretonnes rythmeront la journée.
Informations pratiquesRestauration sur place : Spécialités argentines par Ici Argentine les 29 avril et 1er mai, Food Truck Abracadawrap le 30 avril
Horaires : de 10h à 19h dimanche, de 10h à 18h le lundi, sans interruption
Samedi midi, Jean-Luc Gleyze, le président du Conseil départemental de la Gironde, s’est rendu dans le blayais pour constater les dégâts dus au gel. Il a annoncé que des mesures seraient prises en lien avec la Région. La veille la Région Nouvelle-Aquitaine s’est aussi déclarée sloidaire des vignerons sinistrés.
Après ce douloureux épisode de gel qui a meurtri la vigne en deux vagues de froid, la semaine dernière et jeudi-vendredi, la Région Nouvelle-Aquitaine se dit solidaire et est « mobilisée aux côtés des professionnels ». La Nouvelle-Aquitaine a fait le constat qu’elle « vient d’être fortement touchée par un très fort épisode du gel, le plus dévastateur depuis 1991 selon certains. Du Bergeracois au Bordelais en passant par Cognac ou la Corrèze, cet événement dramatique pour les agriculteurs a impacté la plupart des vignes et vergers de la région. Certaines cultures céréalières et légumières n’ont pas non plus étaient épargnées »
J’imagine sans peine le désarroi des producteurs qui voient en une nuit anéanti une partie ou la totalité de leur production. Je tiens à apporter tout mon soutien à nos agriculteurs dans cette épreuve » , Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
« La Région sera attentive à l’évolution de la situation et participera bien entendu à toutes les discussions qui seront menées en concertation avec l’Etat, mais également les Départements, sur les mesures à mettre en œuvre pour accompagner les agriculteurs dans cette épreuve ».
De son côté, le président du Conseil départemental de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, s’est rendu ce samedi midi en Haute Gironde pour constater l’étendue des dégâts et échanger avec des exploitants. Des vignobles sinistrés à des degrés divers, souvent avec plus de 70% de pertes » par endroits. Jean- Luc Gleyze a ainsi sollicité le Président Alain Rousset, pour que la Région, chef de file en la matière, élabore un plan de soutien exceptionnel pour la filière viticole.
« Il faut tout d’abord intervenir auprès d’organismes de charges sociales comme la MSA, auprès des banquiers de manière à obtenir des étalement des dettes ou des charges de manière à soulager les viticulteurs pendant cette période difficile à passer, ensuite il peut y avoir une enveloppe financière qui peut-être débloquée pour accompagner le passage difficile, le temps qu’une récolte nouvelle puisse s’annoncer. »
Jean-Luc Gleyze a assuré au Président Rousset que le Département de la Gironde apporterait son soutien pour permettre aux vignerons et à la filière de traverser ce grave épisode.
De leur côté, la chambre d’agriculture et le CIVB attendent le début de semaine prochaine pour communiquer sur l’ampleur des dégâts. Selon toute vraisemblance, la première vague aurait impacté le vignoble bordelais de plus de 110 000 hectares entre 5 et 10 % et la seconde jeudi et vendredi de 30 à 35, voire 40% de plus. Ceci n’est qu’une estimation à confirmer mardi ou mercredi par les remontées des vignerons eux-mêmes.
Regardez l’interview de Jean-Luc Gleize réalisée par E.Eugène-Mormin et M.Lasbarrères
Cette semaine vous avez été très nombreux à suivre le dramatique épisode de gel à Bordeaux. Un record d’affluence pour le blog, qui vous a alerté sur l’ampleur du phénomène et qui a aussitôt donné la parole aux vignerons et représentants d’institutions. Côté Châteaux a enregistré 37822 pages lues sur la seule journée de jeudi. Merci pour votre fidélité.
L’essentiel pour Côté Châteaux est de vous informer, de partager avec vous les événements tristes ou plus gais, tels qu’ils sont vécus par les vignerons et ses connaissances du monde du vin. Bien sûr, il aurait tellement préféré faire de l’audience avec son dossier sur l’oxygène et le vin, qui malgré tout a pas mal été lu, mais ce n’est rien à l’égard du cataclysme qui s’est abattu jeudi matin sur les vignerons,partout en France, et en particulier du Bordelais (32800 pour l’article sur la catastrophe redoutée est arrivée). De nombreux témoignages recueillis p ar Côté Châteaux ont été partagés par France 3 ou l’AFP.
Tellement désoléde se dire que certains vignerons, gelés à 100% ou presque, n’ont plus rien, tellement humble devant les difficultés économiques qui s’annoncent pour eux, certains lui relatant que des banques ont osé prendre des nouvelles le jour même pour mieux leur demander comment ils allaient faire pour leurs remboursements de prêts ! Tellement proche de ces viticulteurs qu’il côtoie tout au long de l’année pour savoir quel est leur combat au quotidien pour vendre leur vin sur un marché aujourd’hui mondialisé. Un marché pas si évident car il faut bien se dire que tous ne sont pas logés à la même enseigne.
La nature, en tout cas, s’est rappelée à tous, petits ou grands. Face à ce gel, les propriétés ont une fois de plus assimilé qu’elles sont dans ce qu’on appelait hier le monde paysan, le monde agricole. A ceci près qu’il y a une grande différence entre le gel de 1991, et pour les plus anciens de 1956, et celui de 2017 : les propriétés se sont agrandies, ont fait de lourds investissements tant au niveau du vignoble que dans les chais pour améliorer la qualité des vins, mais aussi dans les châteaux et dans des cuviers flambant-neufs. Tout cela pour mieux comprendre la pression qui pèse sur les épaules des vignerons ou viticulteurs. Bien sûr il y a ceux qui prévoient, par du stock, par des réserves désormais autorisées, ou encore par des assurances, mais le marché étant ce qu’il est, il ne faut pas oublier que les achats aujourd’hui sont nationaux mais aussi mondiaux et que si la place de Bordeaux manque de 2017, les acheteurs iront se fournir sur d’autres marchés, et là est le risque de les perdre pour quelque temps. Surtout que le millésime 2017 risque de prendre une forte augmentation du fait du peu de volume, comme cela s’était passé dernièrement en Bourgogne à cause du gel et de la grêle.
On va malgré tout essayer de positiver, avec un millésime 2016 mémorable, dont les prix de sortie ont été quelque peu repoussés. Il ne faudrait pas qu’ils sortent trop chers, pour les mêmes raisons exposées ci-dessus. Encore des histoires à suivre prochainement sur Côté Châteaux, qui ne manquera pas de vous informer. Merci encore de le suivre avec passion.
Samedi 29, dimanche 30 avril et lundi 1er mai,84 châteaux des appellations Saint-Emilion, Saint-Emilion Grand Cru, Lussac Saint-Emilion et Puisseguin Saint-Emilion seront sur le pont pour vous faire découvrir leurs productions. Faites leur plaisir en faisant de ces portes ouvertes une grande fête, comme pour effacer les stigmates du gel qui a sévérement touché leurs vignes depuis une semaine…
QUATRE THEMES PROPOSES AUX VISITEURS POUR LES VISITES DE PROPRIETES
Envies gourmandes,
Découvertes du Patrimoine Architectural,
Animations culturelles et ludiques,
Propriétés et traditions familiales.
DEMANDEZ LE PROGRAMME DE L’EDITION 2017:
Des séances d’initiation à la dégustation à la Maison du Vin de Saint-Emilion :
o A l’Ecole du Vin, pendant les 3 jours de l’événement, découvrez les bases de la dégustation avec un oenologue de 11h00 à 12h30 (25€/pers.) et/ou inscrivez-vous à des dégustations commentées de Saint-Emilion Grands Crus Classés à 15h30 et 17h00 (20€/pers.)
o Au Salon Dégustation, nouvel espace cosy et décontracté où vous pourrez découvrir les vins de Saint-Emilion en toute simplicité au travers de 4 modules :
10h30 Découverte : 20€/pers (40min)
12h00 Grands Crus Classés : 20€/pers* (1h00)
15h30 Les terroirs : 20€/pers (40min)
17h00 Dégustation à l’aveugle : 20€/pers (40min)
Inscriptions obligatoires (dans la limite des places disponibles) sur place ou par téléphone au 05 57 55 50 55.
Deux Dîners Vignerons, samedi 29 et dimanche 30 avril à 20h00 dans la salle des Dominicains située au coeur de la cité médiévale, en présence de la Jurade de Saint-Emilion. Un moment unique et festif pour rencontrer les viticulteurs autour d’un repas mis en valeur par plus de 80 vins offerts par les vignerons.
De nombreuses façons de découvrir les paysages exceptionnels et monuments historiques de la Juridiction de Saint-Emilion :
o Le Trail de Saint-Emilion, samedi 29 avril pour une randonnée tranquille dans les vignobles dès 14h au Château de Laroque ou dimanche 30 avril à 9h00 au Château les Religieuses à Saint-Christophe des Bardes pour deux courses un peu plus intenses ! Inscription (dans la limite des places disponibles) avant le 25 avril 2017 sur www.trail-saint-emilion.fr
o Les Rouleurs de Barriques de Lussac Saint-Emilion fêtent leurs 25 ans ! De nombreuses animations vous attendent le samedi 29 avril devant la Maison du Vin de Saint-Emilion, le dimanche 30 avril à Lussac et le lundi 1er mai à Puisseguin : randonnées oenotouristiques, jeux traditionnels, initiations des rouleurs de barriques, démonstrations d’un tonnelier et d’un forgeron d’art, etc.
o L’Office de Tourisme de Saint-Emilion propose également de nombreuses visites pour petits et grands afin de découvrir les monuments et carrières souterraines du village ! www.saint-emilion-tourisme.com
ET BIEN SUR LE GRAND JEU SAINT-EMILION
Jusqu’au 1er mai 2017, inscrivez-vous au tirage au sort du grand jeu Saint-Emilion pour gagner 84 bouteilles (une bouteille de chaque château participant aux Saint-Emilion Portes Ouvertes).
Renseignements complémentaires sur www.vins-saint-emilion.com et à la Maison du Vin de Saint-Emilion Tél : 05.57.55.50.55
Avec Vins de Saint-Emilion, découvrez le teaser des Portes Ouvertes :
C’est le coeur déchiré que l’ami Benoît-Manuel Trocard a reporté pour cause de gel sa traditionnelle entrecôte du 1er mai, car comme tout le monde le comprend, le coeur n’y est pas. Côté Châteaux a décidé de lui dédier ce billet d’humeur, car il reflète l’exemple du drame subi, à cause du gel, par bon nombre de vignerons. A tous, nous leur disons #solidaritévignerons
S’il est bien un vigneron, qui a tatoué Bordeaux au bout des tétons, c’est bien Benoît Manuel Trocard . Sa famille cultive depuis 1628, du temps de Louis XIII, ce terroir argilo-calcaire du côté de Fronsac.
Benoît Manuel Trocard gère avec sa famille chateau Laboryet aussi château Barbey à Seillans, et Couraze pour un groupe Danois. Il a perdu sur ces domaines une énorme partie de la future récolte 2017, à cause du gel.
Aussi, c’est tout naturel de lui rendre hommage, car même s’il va avoir le moral dans les talons, l’étalon du fronsadais va remonter la pente et repartir de plus bel au galop pour parler de ses vins gourmands dont il me vantait encore en septembre ce fameux 2016 !
Alors courage Benoît-Manuel on est tous derrière toi,comme derrière ces autres amis vignerons qui ont bien souffert, car comme disait l’autre « notre route est droite mais la pente est forte » surtout en fronsadais. Allez assez de Raffarinade, t’en nana rien à fout… car tu as derrière toi du 2016, du 2015 et du 2014.…Et encore d’autre secrets dans ta botte, alors continue de positiver comme tu l’as toujours fait, continue de nous faire partager et enseigner l’art de la dégustation avec l’Ecole du Vin, car on peut te le dire : vigneron on t’aime.
« Mes Chers Amis, c’est la mort dans l’âme, c’est la plus triste nouvelle que je dois vous annoncer. La nuit dernière a été pour moi et pour beaucoup de vignerons du Bordelais et Français, l’une des nuitées le plus terribles jamais connus. Le château Couraze, propriété d’un groupe Danois où je suis directeur technique depuis 17 ans viens de perdre 95% de sa production en 2 heures…. de 6h du matin à 8h00 du matin. Une température de -2° a eu raison de nos premières pousses. La gelée Blanche a frappée les bourgeons et les contre-bourgeons (hélas) rendant ainsi improbable une production de raisin. Dans ces conditions, avec un moral dans les chaussettes, le cœur et l’esprit ne sont plus à la fête. J’espère que vous me comprendrez….je suis donc contraint d’annuler notre 1er mai annuel, n’ayant ni le moral ni la météo avec nous (lundi, il pleut). Ce n’est que partie remise, vous le savez, car vous êtes mes amis. Notre 1er mai, restera notre 1er mai , et je vous dit à l’année prochaine. Vos messages de soutiens sont bien entendu le bienvenu. A très vite ».
Grand technicien de la vigne, Xavier Buffo le directeur général de la Rivière en appellation Fronsac est l’invité ce matin de Côté Châteaux pour Parole d’Expert. Il commente l’épisode de gel sur ces 2 matinées consécutives. Le château avait durement été éprouvé en 2013 par le décès de ses propriétaires.
Jean-Pierre Stahl: Salut Xavier, inutile de vous demander comment cela va ? »
Xavier Buffo :« Moyen, moyen, …c’est la merde…Sur le château de la Rivière, on va entre 20 et 30% de touchés, soit 15 hectares sur 65. Tout ce qui est touché, c’est le bas, les palus, des zones moins qualitatives, et le plateau calcaire à 80 mètres…En revanche, le coteau face à la Dordogne est épargné, il n’y a rien et ce matin on n’a pas été touché. »
On est moins touché que les copains de Saint-Emilion, mais je n’avais jamais connu cela. C’est étonnant, il y a des endroits touchés à 100% et juste à côté peu ou pas touché, c’est très jaloux »
Ceux qui ont de petites parcelles et qui sont touchés à presque 100%, c’est pour eux très durs, nous nous avons 65 hectares et c’est ce qui nous sauve.
On a en revanche 6,5 ha avec des pieds de 1 à 3 ans, impactés à 40-50%, et là on repart à zéro.
JPS : « Et à titre personnel, vous avez un peu de vignes ? »
Xavier Buffo :« J’ai en effet 2 hectares de vignes à Fronsac, avec Ad Vitam Aeternam, sur le plateau calcaire.
Avec Ad Vitam Aeternam, je suis touché à plus de 80% », en 2013 on n’avait déjà pas fait grand chose et rebelotte !
JPS : « Face à ce gel, quelle tâche allez-vous faire, très rapidement ? »
Xavier Buffo :« Il va falloir retravailler les vignes : la semaine prochaine, on va retailler à cot, on pense surtout à 2018, mais il y a des choses qui vont repousser, on va peut-être avoir une ou deux grappes.
Sur des vignes qui ont gelé à 100%, tu ne ramasses que 2-3 hectos.
La vigne a pris un stress énorme, et pendant 15 jours il ne se passe plus rien !
JPS : « Est-ce que le pied peut être sérieusement impacté, à partir de quelle température ? »
Xavier Buffo : « C’est en effet des gels d’hiver à -15°C qui peuvent entamer le pied. Pour ceux qui ont planté cette année, le pied peut mourir, ça peut être vraiment problématique sur de jeunes plants. On ne peut rien faire, il va falloir voir ce qui repousse et attendre. Il va y avoir un gros travail à la vigne d’épamprange et les risques de mildiou sont sévères, il va falloir traiter, ça demande beaucoup de main d’oeuvre, même s’il n’y a pas de récolte. Il n’y a rien à faire, il faut malgré tout travailler toute l’année pour produire zéro à certains endroits. Il faut penser à 2018″
JPS : « Un dernier mot, Xavier ? »
Xavier Buffo :« L’an dernier, c’est la 1ère année qu’on a mis en place sur Fronsac 5 hectolitres de réserve qualitative, en plus du rendement autorisé de 55 hectolitres à l’hectare sur l’appellation de Fronsac, on a fait 5 de mieux, cela tombe à point nommé. Cette année, on va le prendre ! »
Résistance. Beaucoup de vignerons sont sur le pont pour faire face au gel depuis la nuit dernière, il vont remettre cela cette nuit. Alors qu’un tonnelier de Charente propose des chutes de bois à ses clients pour parer au gel, et que d’autres hélicoptères vont brasser l’air pour sauver ce qui peut l’être.
De New-York, Guillaume Pouthier directeur des Carmes Haut-Brion se dit très touché par le cas de son ami Joël Duffau à Moulon qui vu une bonne partie de son vignoble geler la nuit dernière.
Il m’appelle pour me souligner l’initiative très solidaire de la Tonnellerie Baron qui envoie depuis la Charente des bûchettes, des chutes de bois pour lutter contre le gel la nuit prochaine à Martillac. Il a affrété des camions qui vont venir apporter ce bois pour mettre dans de petits brulots, car bon nombre de propriétés sont à court de Pel, produit naturel qui protège contre le gel, et de bougies.
« Nous nous avons 25% de gelé au Carmes, on a frôlé la catastrophe, mais cette nuit ils annoncent des températures similaires », m’explique Guillaume Pouthier.
Du coté de Saint-Emilion où 50 à 70% du vignoble a été impacté, depuis la nuit dernière 3 hélicoptères ont tourné et survolé notamment les châteaux Corbin Michotte, La Dominique, Figeac… pour brasser l’air, le mouvement des pâles devant empêcher l’air froid et le gel de s’installer sur les vignes.Des renforts seraient attendus.
Voilà les dernières nouvelles du front, au chevet de la vigne, Côté Châteaux exprime sa solidarité avec tous ces vignerons.
Bordeaux avait en partie été épargné, la semaine dernière avec moins de 10% du vignoble touché. Ce matin, les premiers constats sont effrayants de nombreuses parcelles ont été sévèrement impactées. Premiers retours sur ce dramatique épisode de gel.
« C’est la catastrophe », notre ami et grand vigneron Nicolas Lesaint résume ainsi le dernier épisode de gel en date, où vers Saint-Loubès la température la nuit a pu descendre quasiment à -3°C.
En matinée, il était encore « incroyablement difficile d’estimer, mais 50% des parcelles semblent touchées. On a un spot de 10ha d’un seul tenant et ces 10ha ont été détruits. Fort heureusement château Reignac est un château reconnu depuis des années pour ses vins de qualités et a les reins plus solides que d’autres châteaux mais « c’est très dur pour mes confrères. »
Saint-Emilion a semble-t-il payé également un lourd tribu. Franck Binard, directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion me confie : « hier nous avions recencé 500 hectares, un peu moins de 10% du vignoble de 7500 ha de Saint-Emilion touché par le gel de la semaine dernière. Mais aujourd’hui on a été durement touché. Il a fait facilement -2°C et on redoute encore pour demain matin. Les secteurs de Saint-Sulpice, Vignonet et Puisseguin ont bien été impactés. Certains châteaux sont gelés à 80%. »
On a perdu cette nuit pas loin de 50% de la récolte à Bordeaux, c’est une catastrophe », Hervé Grandeau président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux
Inutile de demander aujourd’hui à un vigneron comment ça va ? « Pas bien » est la réponse qui ressort le plus souvent ou encore « l’horreur »…Même si les dégâts seront évalués au fil de la journée, et surtout après le prochain épisode vendredi, « les vignes impactées vont de 20 à 100% ».Et Hervé grandeau de confier encore, « j’ai croisé un technicien qui m’a dit avoir perdu entre 70 et 100% sur une exploitation…On est ratiboisé ! Je ne sais pas si c’est comme en 91, mais il a fait entre 0 et -5%, Saint-Emilion est sévèrement touché, le Médoc, on ne pensait pas, mais en partie, Bourg-Blaye à 50%, ce sont de lourdes pertes, très très significatives. »
De nombreux châteaux et amis du blog n’ont pas cessé de m’alerter aujourd’hui sur l’ampleur de cette gelée tardive :
Gros dégâts sur Lalande de Pomerol malgré une nuit blanche a allumer des feux au Chateau de Chambrun et Moncets!
Ou encore l’ami Benoît Emannuel Trocard en AOC Fronsac:« La nuit dernière a été pour moi et pour beaucoup de vignerons du Bordelais et Français, l’une des nuitées le plus terribles jamais connues. Le château Couraze, propriété d’un groupe Danois où je suis directeur technique depuis 17 ans vient de perdre 95% de sa production en 2 heures…. de 6h du matin à 8h00 du matin. Une température de -2° a eu raison de nos premières pousses ».
Pour Allan Sichel, président du CIVB :« c est un épisode de gel sévère,je n’ai pas encore de zone pas touchée, on a des taux de 20% selon certaines propriétés à 90 -100 % dans les zones les plus gélives, mais il est trop tôt pour une évaluation exhaustive ou précise; à vu de nez on parle de 30 à 40% du vignoble atteint. »
Et d’ajouter : « on attend de voir pour une évaluation plus précise, la nuit prochaine on attend encore une nuit fraîche mais on espère moins froide. On s’attendait pour cette nuit à avoir des températures négatives de l’ordre de -1°C mais c’est descendu à -3 et -4°C dans certaines zones. »
Joël Duffau l’ami vigneron, du château la Mothe du Barry, dont Côté Châteaux vous parlait dès hier a été une fois de plus lourdement impacté:
Jeudi on a gelé 3 hectares, vendredi on a gelé 11 hectares et là je pense qu’aujourd’hui ça va être pas la fin, mais pas loin. » Joël Duffau vigneron à Moulon
Et d’ajouter : « il est hors de question qu’un de mes enfants reprenne la propriété…Si à 65 ans j’arrête et que personne n’en veuille, j’en ferai un golf, je ne sais pas », trouvant encore un peu la force de plaisanter. « J’étais passionné, mais là je suis…pas déprimé…mais pas loin. »
Regardez le reportage de MP d’Abrigeon et S Tuscq Mounet ce matin chez Joël Duffau à Moulon :
Quatorze hélicoptères ont été mobilisés en Touraine ce jour. De même, demain de très bonne heure, d’autres hélicoptères seront sur le secteur de Saint-Emilion, pour contribuer à lutter contre le gel qui continue de menacer les vignes.
« C’est le branle-bas de combat maximal. Après les énormes dégats causés l’année dernière, il n’est pas possible que le gel détruise encore la récolte », a insisté Guillaume Lapaque, directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire, alors que les services météorologiques prévoient des températures négatives matinales dans le département jusqu’à vendredi.
Comme la semaine dernière, sept appareils interviendront au-dessus des vignes de Montlouis-sur-Loire pour brasser l’air au-dessus de leurs vignes et rabattre vers le sol l’air plus chaud situé à faible altitude.
L’AOC de Montlouis, la première en France à avoir décidé collectivement de recourir à cette méthode, « a fait des émules et cinq hélicoptères sont mobilisés pour les vignes de Bourgueil, un à Vouvray et un à Azay-le-Rideau », a indiqué M. Lapaque.
« L’année dernière, les exploitations mises en difficulté ont pu trouver des aménagements avec les banques, mais deux années de suite ce serait insurmontable pour beaucoup d’entre elles : c’est comme une entreprise qui brûlerait deux fois de suite… Même en bonne santé, elle ne s’en relèverait pas », a-t-il expliqué.
« Tous les moyens de lutte contre le gel seront mobilisés dans le département : les tours anti-gel(qui brassent l’air elles aussi, ndlr), les bougies, les canons à air chaud, l’aspersion d’eau » (qui protège la plante en gelant, ndlr), a insisté le directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire. « Il ne s’agit pas de privilégier une méthode plutôt qu’une autre, mais d’utiliser la mieux adaptée en fonction des circonstances », a-t-il ajouté.
Le coût d’intervention des hélicoptères est de 200 à 250 euros par hectare et par intervention, selon Damien Delecheneau, le président de l’appellation Montlouis-sur-Loire, qui produit exclusivement des vins blancs effervescents ou tranquilles à base de Chenin.
« C’est une formule qui évite de faire un investissement lourd de départ comme dans le cas d’éoliennes antigel » qui coûtent entre 30.000 et 40.000 euros pièce, souligne-t-il.