Marcus Miller a ouvert ce vendredi soir la série de concerts du 5e Saint-Emilion Jazz Festival. 1400 personnes pour l’écouter religieusement au Parc Guadet. Un moment délicieux, tout en dégustant la production des vignerons de Saint-Emilion.
Vendredi 22 juillet, il est 19 heures, il y a une légère effervescence entre les bulles servies à l’Hostellerie de Plaisance et Dominique Renard, le président du Saint-Emilion Jazz Festival au talkie-walkie : « dès que les cloches ont fini de sonner, vous envoyez » dit-il aux jazzmen situés juste en face au sommet de la Tour du Roy.
C’est alors le premier concert de Jet7 BrassBand, depuis cette fameuse tour du XIIIe siècle, qui transporte le village de Saint-Emilion dans une ambiance de cuivres, après une journée bien remplie par le flot incessant de touristes.
Sur la terrasse opposée de Plaisance qui offre l’une des plus belles vues de Saint-Emilion, il y a là tous les organisateurs du 5e SEJF à commencer par Dominique Renard son créateur, Franck Binard le directeur du Conseil des Vins et son président Jean-François Galhaud, le maire mais aussi de nombreux artistes qui vont se produire dont Marcus Miller mais aussi Stéphane Belmondo et ses musiciens.
On croise aussi pelle-melle de nombreux propriétaires de châteaux et non des moindres comme Hübert de Bouard pour Angélus ou Gérard Perse pour Pavie, Sylvie Cazes pour Chauvin et Dany Rolland pour Fontenil.
« Ca s’annonce bien, on est complet ce soir avec 1400 personnes, il reste très peu de place pour demain soir, la dégustation musicale à Cheval Blanc est complète depuis un moment déjà et les concerts gratuits dans le parc, ça va envoyer, notamment avec Electro Deluxe, ça va être un moment de folie » me confie Franck Binard.
Même si Saint-Emilion vit en rythme festival, les organisateurs et la mairie ont pris les mesures nécessaires : « on a renforcé toutes les équipes de bénévoles en charge de la sécurité avec fouilles de sacs et palpations obligatoires » explique Franck Binard. Le maire Bernard Lauret confirme les mesures dictées par le contexte : « on a disposé des blocs de pierre à l’entrée du Parc Guadet (de pierre et non de béton car Saint-Emilion est une ville de vieilles pierres) et aussi des camions, nous avons eu une réunion avec le sous-préfet et les responsables de gendarmerie, nous avons obtenu des renforts de gendarmerie et mis sur place nos policiers municipaux. C’est rassurant car on voit tellement de choses. » Et le maire de confier « sur des sites touristiques comme Saint-Emilion, il faut montrer que l’on fait des choses. Il va y avoir une video protection installée l’année prochaine, les gens doivent se sentir rassurés. »
Le show peut ainsi commencer avec un Parc Guadet sanctuarisé pour 3 jours en grande scène internationale du jazz. On croise de nombreux habitués, qui chaque année reviennent tellement la programmation est de qualité : « l’année dernière c’était Ben l’Oncle Soul en ouverture, cette année c’était Marcus Miller, elle est pas belle la vie ? » m’explique un festivalier.
Marcus Miller, c’est cet artiste new-yorkais hors pair qui parle parfaitement français et confie à Côté Châteaux ses premières impressions sur la Cité Millénaire et son vignoble classé Unesco : « j’ai visité Saint-Emilion l’année dernière avec Dominique (Renard), il m’a montré Pétrus c’était très impressionnant ! (Petrus pour Marcus, bien sûr !) Il m’a dit Marcus on a un beau festival de la musique, peut-être tu pourrais-tu y jouer l’année prochaine. » Et c’est ainsi que ce musicien, baigné dès sa plus tendre enfance dans la musique, avec déjà un nom dès l’âge de 15 ans, jouant et écrivant pour les artistes New-Yorkais des années 70, a accepté de relever ce défi
Je suis très content d’être là, j’ai visité Saint-Emilion l’année passée, je suis content de jouer ma musique à cet endroit, ça va être magnifique » Marcus Miller
Guidé par le sens du groove, il a développé en cours de carrière une véritable signature artistique et un son unique de basse. Depuis trente ans il est aussi devenu l’un des producteurs les plus demandés par les stars. Il produit le mythique Tutu de Miles Davis, certains albums de Al Jarreau, Chaka Khan, Luther Vandross, ou encore David Sanborn. Marcus Miller… A son palmarès également, de nombreuses collaborations avec d’autres géants de la musique, plus de 500 références dont Eric Clapton, Georges Benson, Aretha Franklin, Brian Ferry ou Quincy Jones.
Récompensé en 2010 d’1 Victoire du Jazz pour l’ensemble de sa carrière en France, de 2 Grammy Awards, par l’Edison Award for Lifetime Achievement in Jazz (Hollande) en 2013, il est nommé Artiste de l’Unesco pour la Paix la même année.
Marcus Miller a enchaîné les tournées mondiales où il a confirmé, comme hier soir sa réputation de showman exceptionnel. Après avoir joué son fameux tube enregistré il y a 20 ans « Panther », il a égrainé et enchaîné les titres de son dernier album « Afrodeezia », entrecoupés de quelques reprises notamment de la Motown ou de Miles Davis. Une musique empreinte de nombreuses références comme il le disait hier soir citant « le Mali, le Burkina Faso, le Brésil, la Nouvelle Orléans, New-York ou Chicago ».
Quant à savoir si Marcus apprécie les vins de Saint-Emilion : « je ne suis par expert en vin, j’ai commencé à apprécier le vin il y a 3 ans avec mon agent français. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui font le vin, notamment à Saint-Emilion. J’apprécie de plus en plus les bons vins, j’ai commencé avec des petits, mais vous savez c’est comme les montres, on commence avec des petites et après…on en a des bonnes. Aujourd’hui aux USA, tous mes potes pensent que je suis expert en vins de Bordeaux et de Saint-Emilion ! » Ca c’est groove, non ?
En tout cas Marcus Miller a donné hier soir un concert grandiose avec une belle générosité et un charisme certain. Des ingrédients qui font à chaque édition la force et la réussite du Saint-Émilion Jazz Festival. Saint-Emilion attend 10000 festivaliers sur tout le week-end.