Cet après-midi à 15 heures, Allan Sichel, ancien président de la fédération du négoce de Bordeaux, a été élu par 48 voix sur 49 nouveau président du CIVB pour un mandat de 3 ans. Il succède ainsi à Bernard Farges qui lui était issu du collège des viticulteurs.
On ne peut pas dire qu’il y avait une certaine incertitude ou un suspense haletant, comme une primaire à l’éléction présidentielle, car il n’y avait qu’un seul candidat déclaré depuis déjà quelques semaines et lui-même était jusqu’ici vice-président du CIVB. Sur 50 membres à voix délibératives, 49 se sont exprimés et il y a eu 1 blanc et 1 nul. Allan Sichel, 54 ans, marié et père de 3 enfants, PDG de la Maison Sichel depuis 1998 prend donc la tête de l’Interprofession, élu par 48 voix.
Une voix qui va porter
Allan Sichel n’est pas tombé du nid, vice-président du CIVB de 2013 à 2016, il était également de 2004 à 2008 et de 2010 à 2016 président de la Fédération des Négociants de Bordeaux et de Libourne, mais aussi de 2003 à 2008 et de 2010 à 2016 président de l’Union des Maisons de Bordeaux, membre de la Commanderie du Bontemps et de la Jurade de Saint-Emilion. Comme le veut la tradition, la présidence revient en alternance à un représentant des viticulteurs, puis à un des négociants, avec une parité très équitable 25 de chaque profession au sein du CIVB. Bernard Farges, viticulteur, avant son élection en 2013 était alors président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Un bilan positif
Bernard Farges termine sa présidence comme un bouquet final de feu d’artifice puisqu’il a eu la chance d’inaugurer la Cité du Vin en laquelle le CIVB a cru et a participé à son financement, il y a eu aussi le succès l’Ecole du Vin en juin et de Bordeaux Fête le Vin auquel il a tenu à associer Christophe Château en tant que commissaire général, l’annonce de la reconnaissance de 45 des 60 AOC de Bordeaux en Chine. Bien sûr, la commercialisation des vins de Bordeaux reste un enjeu majeur dans un « marché européen difficile. Nous ne sommes toujours pas sortis des effets du millésime 2013, mais ceux de 2014 et de 2015 nous aiderons à retrouver de meilleurs chiffres, la campagne primeurs semble le confirmer. » Sans compter « une récolte 2016 qui s’annonce bien. »
Bernard Farges a été le premier responsable de la filière à annoncer « la diminution forte voire même la sortie de l’usage des pesticides. Nous ne cesserons pas notre action, avec le même objectif ». Toutefois d’expliquer « que la pression mildiou de ce début d’été rappelle aussi que cet objectif est très ambitieux et inatteignable par des solutions simplistes. »
Renforcer la fierté autour de la filière
Pour sa part, le nouveau président Allan Sichel, tout en faisant part de sa grande émotion à succéder à Bernard Farges, a voulu d’emblée se montrer aussi volontariste : « il est très important de susciter la fierté autour de nos métiers et de nos produits », à tous niveaux viticulteurs, négociants, détaillants, jusqu’aux consommateurs, sans oublier les politiques et l’Etat. Bref même si l’Equipe de France a perdu en finale, le chauvinisme est bien là chez les Vins de Bordeaux et le CIVB : « la fierté est un ingrédient décisif dans la réussite. »
« Bordeaux capitale mondiale du vin »
Le terme est lâché : « je ne connais aucune ville qui aurait plus de légitimité que Bordeaux à revendiquer le titre de capitale mondiale du vin », il faut ainsi fédérer autour de ce leitmotiv, avec « une certaine exemplarité » et des « obligations » : cela sous-entend une « excellence dans tous les domaines se rapportant de près ou de loin au vin »: volume de production, niveau de prestige, recherche, tourisme… »autant d’opportunités innovantes » à explorer.
Intensifier les synergies et regagner des parts de marchés
La volonté est aussi de mettre en place des « fonctionnements cohérents et synchronisés » car « collectivement notre poids est considérable. » Bordeaux est en effet le plus vaste vignoble français en AOC avec 111150 ha et 6822 récoltants dans 60 appellations.« En France, en Europe et dans le monde, nous avons des parts de marché à reconquérir » avec comme armes « l’attractivité, le goût, le plaisir, la curiosité pour nos vins« . « Nous devons renouer avec des volumes de commercialisation au dessus des 5,5 millions d’hectolitres ».
Répondre aux attentes sociétales
Avec la prise de conscience sur les dangers des pesticides qui s’est « fortement accélérée cette année », la « réduction du recours aux produits chimiques est un objectif largement partagé et même guetté de près. Nous devons y répondre avec détermination à travers la recherche, la pédagogie et la communication. » Un objectif de protection de l’environnement pour un développement durable, une cohabitation apaisée et sereine entre vigne er riverains, et le combat d’une consommation nocive de produits alcoolisés », sont autant de chantiers ouverts sur lesquels la nouvelle équipe va s’atteler.