En l’absence de Parker, certains sont déboussolés…Côté châteaux, non. Jacques Dupont pourrait aisément le remplacer, mais lui même ne le souhaiterait pas forcément. Pourtant, il ne manque pas de bon sens et fustige barratin, langue de bois et autre Gepetto faiseur de Pinocchios à Bordeaux. Relayons simplement ici son dernier papier tourné de main de maître, à consommer sans modération sur le Point.fr.
Primeurs jour 13. Bordeaux 2013 : année de la fraîcheur ou du baratin
Vessies, lanternes, canards sauvages et enfants du Bon Dieu, on ne confondra pas, de même qu’il ne faut pas laisser croire qu’un petit millésime peut en cacher un grand.
En ces périodes dominées par la politique intérieure, élections, remaniement, déclaration de bonnes intentions et coups de menton, refleurit – c’est le printemps – cette délicieuse langue de bois qui fait se redresser les vieilles promesses et les lendemains enchantés. Le « microcosme », comme le dénonçaitRaymond Barre, n’a pas le monopole du discours prêt-à-parler qui convient à toute situation et entretient les bonnes relations du sol au plafond. Raymond Barre disait aussi qu’il préférait « être impopulaire qu’irresponsable ».
À Bordeaux, tous ceux qui annoncent aux consommateurs que « certes le millésime fut difficile mais qu’on y trouvera des vins excellents, lalalère… » feraient bien de s’appliquer la formule barriste. Le millésime 2013, ce n’est ni 2004 ni 2002, comme on a pu l’entendre ou le lire ici ou là. Des millésimes de moyenne garde mais délicieux !
C’est davantage 1984 avec une bien meilleure maîtrise viticole de la part des vignerons. Point. (Mauvaise floraison en 1984, désastreuse sur les merlots et une fin d’été sous la flotte…)
Que ceux qui ont le devoir de vendre le vin, de faire vivre leurs entreprises fassent l’article et gonflent l’argumentaire de quelques superlatifs, soit. Ils sont dans leur rôle. Les autres, ceux qui s’adressent aux futurs acheteurs, non. Ils se doivent d’être critiques dans le sens noble du terme et le plus justement possible renseigner ceux qui les écoutent.
Il y aura de jolis vins en 2013 avec des fruités présents et de la fraîcheur. Il n’y aura pas de vins excellents capables de rivaliser avec ceux des grands millésimes. Comme nous le disait Anthony Barton (Léoville Barton) lors d’une dégustation, des 2006, une année en demi-teinte : « On ne peut pas faire des vins exceptionnels tous les ans, sinon ils ne seraient pas exceptionnels ! »
Toutes ses notes et comptes rendus de visite dans Le Point du 22 mai. Là, c’est juste l’apéritif !
Consultez son dossier, réalisé avec Olivier Bompas : Journal des primeurs à Bordeaux
Et pour lire la suite de l’article ci-dessus de Jacques Dupont: Le Point.Fr