Le jugement est tombé en ce début d’après-midi en Côte d’Or. Le tribunal correctionnel de Dijon condamne Emmanuel Giboulot à 1000 euros d’amende dont 500 assortis du sursis. Il est reconnu coupable de ne pas s’être conformé à un arrêté qui l’obligeait à traiter ses vignes. Présent à l’audience, et malgré le soutien encore de 120 personnes à l’extérieur du palais, Emmanuel Giboulot ne baisse pas les bras et compte bien faire appel.
Emmanuel Giboulot vient de recevoir le jugement à 13h30 comme un coup sur la tête…Il était poursuivi pour n’avoir pas traité ses vignes contre la flavescence dorée.
« Je ne me sens pas du tout coupable, c’est intolérable aujourd’hui d’être obligé de se masquer, d’être dans la peur quand on assume une position », a déclaré à la
presse Emmanuel Giboulot à l’issue du délibéré. Le viticulteur a annoncé son intention de faire appel. Il encourait six mois d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.
Le jugement est conforme aux réquisitions du ministère public puisqu’ à l’audience du 24 février dernier, le procureur avait requis une amende de 1 000 euros, pour moitié avec sursis contre Emmanuel Giboulot, qui exploite dix hectares en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits en biodynamie.
Le parquet avait dénoncé le non-respect, « par choix idéologique », de l’arrêté préfectoral imposant de traiter, en 2013, les vignes de Côte-d’Or contre une maladie qui peut décimer le vignoble.
Alors que l’avocat d’Emmaneul Giboulot, Maître Benoist Busson, avait plaidé lui au contraire la relaxe, dénonçant le principe de précaution « complètement dévoyé ».
La flavescence dorée serait apparue en 1949 en Armagnac et touche désormais une bonne partie du vignoble en France. Elle s’est énormément développée depuis une dizaine d’années. Un important foyer avait été découvert en Saône-et-Loire en 2011, entraînant en Bourgogne l’arrachage de 11 hectares de vignes en 2012 puis 0,2 ha en 2013.
Mais le vigneron avait subi les foudres de l’interprofession et même d’une partie de la filière bio – pour qui l’affaire donnait une mauvaise image de la Bourgogne.
Les mesures de traitement avaient été prises « en accord total avec la profession, y compris la filière bio » avait précisé le directeur régional de l’Alimentation et de l’agriculture, Jean-Roch Gaillet.
« Dans les communes voisines, à Pommard, à Volnay, à Saint-Aubin, à Meursault, on a trouvé de la flavescence dorée » et « il n’y a que Giboulot qui n’ait pas traité. Ce qui compte, c’est qu’il y ait une condamnation », avait estimé Jean-Roch Gaillet au moment du procès.
Les explications de Michel Gillot avec :
- Emmanuel Giboulot, viticulteur à Beaune
- Jean-Michel Aubinel, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne / 21 février 2014
- Jean-Marie Chaland, viticulteur à Viré (Saône-et-Loire) / 3 mai 2013
- Conférence de presse du BIVB / 21 février 2014
Pourquoi Emmanuel Giboulot refuse-t-il de traiter ses vignes ?
Emmanuel Giboulot exploite dix hectares en biodynamie en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits, deux appellations prestigieuses de vins de Bourgogne.
Il est opposé au « traitement systématique » des vignes. Il a aussi exclu d’utiliser des insecticides naturels comme la pyréthrine, qui selon lui « ne sont pas inoffensifs » et « détruisent la faune auxiliaire ». Pour le vigneron, tous ces traitements vont à l’encontre des « équilibres biologiques », principe fondamental de la biodynamie qu’il applique depuis les années 1970.