Les Bordeaux auraient-ils été en surrégime ? De nombreux opérateurs se sont emballés pour le marché chinois, mais ce dernier marque le pas…La bulle pourrait-elle éclater ?
« Alerte rouge dans le milieu des grands crus bordelais », « Les vins francais perdent du terrain en Chine » ou encore « Bordeaux: la bulle chinoise fait pschiiit ! » un avant gout des titres de Challenges.fr ou de la Revue du Vin de France qui annoncent des heures un peu plus sombres pour les Bordeaux.
Côté Châteaux » a également enquêté. La baisse est bien réelle.
Après vérifications, sur douze mois glissants (du 1/11/12 au 31/10/13), Laurent Gapenne de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux confirme une diminution des exportations vers la Chine: – 8 % en volume et – 10 % en valeur.
C’est davantage un réajustement qu’un désamour des vins de Bordeaux. « Les Chinois vivent actuellement une crise et c’est peut-être le contre-coup des menaces anti-dumping » (suite à la mesure d’Arnaud Montebourg de taxer davantage les panneaux solaires venant de Chine, les Chinois avaient annoncé vouloir lancer une enquête sur les vins français qui étaient selon eux subventionnés).
Par ailleurs, il n’est plus de bon ton de faire « péter des bouchons » hors de prix, interdiction a été faite aux agents et cadres du parti communiste de s’offrir des bouteilles qui ne touchent plus terre.
Les vins étrangers du Nouveau Monde (Argentine, Australie) ou même d’Europe (Espagne) commencent à percer le marché chinois et ce de façon inquiétante: 13 % pour l’Australie et 11 % pour l’Espagne selon les statistiques des douanes chinoises.
Pour Christophe Château, directeur communication du CIVB, il faut relativiser, les Bordeaux et vins Français pesent en Chine encore pour plus de la moitié du marché, c’est à dire autant que toutes les exportations étrangères réunies. »
Mais les Chinois recherchent des vins d’autres pays car ils ont un peu mieux éduqués, bien que certains continuent de boire le rouge cul sec !
Les premiers à payer la note sont les grands Bordeaux ! Souvent associés en Chine au luxe et à l’élégance.La baisse est encore plus grande, en direction de Hong Kong (-21% en volume, – 8 % en valeur) , pourtant cheval de Troie des Bordeaux avec des taxes sur le vin au niveau zéro.
Les Chinois ont par ailleurs énormément acheté les fameux millésimes 2009 et 2010 payés très chers, certaines sociétés asiatiques chercheraient à les revendre aujourd’hui.
Lafite Rothschild 2005 a du coup chuté de moitié en 2 ans dans les salles de vente aux enchères. Sous couvert d’anonymat, un négociant de la place de Bordeaux a confié à la RVF « nous avons enregisté une baisse de 70 % en volume sur nos vente de grands crus en Asie ».
Les grands Bordeaux ont été surcôtés, les Chinois s’en rendent compte.
La jonque est pleine, ça tangue en Chine…
Reportage Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax.