11 Jan

Nouveau classement des Crus Bourgeois : la réaction des châteaux du Médoc

10 ans après l’annulation du classement des Crus Bourgeois en 2007, un nouveau classement va être établi, cela a été officiellement acté fin décembre 2017. Ce classement jugera les millésimes à partir du 2018 et sera dévoilé en 2020. De nombreuses réactions ont été recueillies par Côté Châteaux  du Taillan à Saint-Estèphe.

Le château du Taillan tenu par la famille Cruse depuis 1896 © JPS

Le château du Taillan tenu par la famille Cruse depuis 1896 © JPS

Ce nouveau classement, c’est presque un don du ciel. Au château du Taillan, Armelle Cruse en est fière, elle a ouvré pour cette renaissance des Crus Bourgeois, un 1er classement né et établi pour la 1ère fois en 1932.

Sur les marches du château du Taillan, la © famille Cruse en 1925

Sur les marches du château du Taillan, la © famille Cruse en 1925

Il y avait à l’époque un certain nombre de gens qui avaient déjà cette notion de qualité et d’évolution, et qui voulaient se distinguer des autres, ils ne pouvaient pas car il y avait un 1er classement celui de 1855, ce fameux classement qui  n’a jamais été remis en question, donc une façon d’exister pour d’autres a été de créer cet autre classement des Crus Bourgeois, « Armelle Cruse Château du Taillan.

Le château Fonréaud à Listrac-Médoc © JPS

Le château Fonréaud à Listrac-Médoc © JPS

A l’heure où l’on réalise les assemblages, au château Fonréaud on espère pouvoir décrocher au moins le niveau cru bourgeois supérieur, comme précédemment, car la hiérarchie prévoit 3 niveaux « cru bourgeois », « cru bourgeois supérieur » et « cru bourgeois exceptionnel. »

A l'heure des assemblages au château Fonréaud, on pense forcément au prochain classement © JPS

A l’heure des assemblages au château Fonréaud, on pense forcément au prochain classement © JPS

Pour Loïc Chanfreau, directeur commercial du château Fonréaud : « On est très content que ce classement réexiste car cela fait partie de l’histoire des crus bourgeois, c’était comme cela au début ;

Loïc Chanfreau

Loïc Chanfreau, directeur commercial du château Fonréaud © JPS

Aujourd’hui, je pense que commercialement, c’est intéressant parmi cette grande famille de plus de 200 châteaux d’avoir une hiérarchisation et une cohérence qui soit donnée pour le consommateur », Loïc Chanfreau château Fonréaud.

IMG_3575Le nouveau cahier des charges a été validé par arrêté ministériel du 29 décembre 2017, publié le 4 janvier au Journal Officiel. Il prévoit non seulement une dégustation sur 5 millésimes pour chaque château dont l’anonymat sera préservé, mais aussi des critères de respect de l’environnement et des points positifs à souligner comme des spécificités oenotouristiques.

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Olivier Cuvelier, le Président de l’Alliance des Crus Bourgeois © JPS

Par le biais du nouveau classement, nous espérons à la fois faire revenir des Crus Bourgeois emblématiques et en même temps recréer une émulation, une sorte de dynamique au niveau de la famille des crus bourgeois, pour recréer cette pyramide qualitative vers le haut », Olivier Cuvelier Président de l’Alliance des Crus Bourgeois.

Le château Maucaillou à Moulis-en-Médoc © JPS

Le château Maucaillou à Moulis-en-Médoc © JPS

Au château Maucaillou, Pascal Dourthe n’est pas prêt, pour le moment, à repartir dans le classement des Crus Bourgeois, avec un cahier des charges pour lui complexe, d’autant que sa marque suffit à elle-même.

Pascal Dourthe, au château Maucaillou © JPS

Pascal Dourthe, au château Maucaillou © JPS

On vend du château Maucaillou, on en distribue à travers le monde et à travers la place de Bordeaux, mais sans faire référence aux Crus Bourgeois dont nous étions et par les classements antérieurs, » Pascal Dourthe château Maucaillou.

Les Crus Bourgeois ont adopté un système de stickers infalsifiables, au dos avec la contre étiquette © JPS

Les Crus Bourgeois ont adopté un système de stickers infalsifiables, au dos avec la contre étiquette © JPS

Ce nouveau cahier des charges a été approuvé à 80% des membres de l’Alliance des Crus Bourgeois en assemblée générale extraordinaire. Il a aussi été élaboré avec l’aide d’un avocat, pour éviter à l’avenir une nouvelle annulation.

Enfin, faut-il le souligner, ce nouveau classement, on le doit aussi au travail formidable réalisé et initié par Frédéric de Luze, l’ancien Président de l’Alliance des Crus Bourgeois, décédé en juillet 2016.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Karim Jbali et Sabine Hostein :

10 Jan

A vos tablettes ! Le Salon des Vins de Loire, les 5 et 6 février à Angers

Le Salon des Vins de Loire, qui se tiendra les 5 et 6 février prochains à Angers, annonce un nombre d’exposants en augmentation par rapport à 2017 : 300 exposants sont attendus, soit une hausse de 32%, dont 90 nouveaux.

signature_electronique_fr__028740100_1447_24112015Le Salon des Vins de Loire, où toutes les appellations du vignoble seront représentées au cours de ces deux journées, confirme sa position d’événement incontournable pour une expérience 100% Loire. 10 000 acheteurs français et internationaux devraient faire le déplacement.

Un programme riche en événements 

  • Un avant-goût des Master Class Dégustations. Les appellations suivantes seront mises à l’honneur : Chenin, Savennières, Rosés d’Anjou et de Saumur, Brissac (20 ans de l’AOC), Crémant de Loire, Coteaux du Giennois (20 ans de l’AOC) et Pépites en Centre-Loire (sur les productions du sud Centre-Loire, Coteaux de Tannay, Côtes de la Charité, Reuilly Rosé, Pouilly-sur-Loire, etc.).
  • Des présentations et des échanges au sein du Forum qui s’annoncent très intéressants, parmi lesquels :
         • La biodynamie, c’est quoi au juste ? par Jacques Foures, consultant et formateur en biodynamie et membre du conseil d’administration de Demeter France.
         • Techniques et sensibilités sur les vins vinifiés en jarres vinaires, par Sébastien David, vigneron et Président de Loire Vin Bio et Alice Fiering, journaliste, écrivain, amoureuse du vin et auteure de « Skin Contact, voyage aux origines du vin nu », aux éditions Nouriturfu.
         • Comment la communication digitale contribue-t-elle à la notoriété et la visibilité de votre marque ? par Arnaud Daphy, agence SOWINE, conseil en marketing et communication spécialisée dans la filière vin et spiritueux.
  • Des dégustations verticales et horizontales avec les Chenins, Saumur-Champigny et Brissac pour les 20 ans de l’AOC
  • Sans oublier l’Espace de Libre Dégustation, le Palais des Ligers et l’espace Start’Up du monde du vin.

Programme détaillé sur  www.salondesvinsdeloire.com

Avec les Vins de Loire.

09 Jan

Gel à Bordeaux : pour éviter la double peine, la Chambre d’Agriculture conseille les vignerons sur la manière de tailler la vigne meurtrie

Alors que le gel a eu lieu il y a 8 mois à Bordeaux, les vignerons qui n’ont rentré qu’une demi-récolte ou à peine plus ne souhaitent pas subir davantage sur leurs prochaines récoltes. C’est pourquoi la Chambre d’Agriculture de la Gironde leur assure une formation in situ pour leur montrer comment tailler au mieux les bois de vigne meurtrie. Du jamais vu pour certains ou un mauvais remake du gel de 1991 pour d’autres.

Manuel Blondy, conseiller viticole à Créon, est venu dispenser des conseils de taille de la vigne au nom de la Chambre d'Agriculture © JPS

Manuel Blondy, conseiller viticole à Créon, est venu dispenser des conseils de taille de la vigne au nom de la Chambre d’Agriculture © JPS

Le gel du 27 avril a été si intense (de -3 à -6°C) qu’aujourd’hui la vigne en porte encore les stigmates sur ses bois, difficiles à tailler. Ainsi les experts et conseillers viticoles de la Chambre d’Agriculture de la Gironde estiment qu’il faut au moins 30% de temps en plus pour bien apprécier les bois porteurs d’avenir, sur le choix de l’aste et d’un cot (guillot simple) ou de deux astes en guillot double (quand cep pas mal fragilisé).

Une vingtaine de vignerons a suivi ce matin cette formation © JPS

Une vingtaine de vignerons a suivi ce matin cette formation © JPS

Sur les parties gelées à 100%, les conseillers considère que le mal est là moindre, car il y a eu une repousse, certes sous forme de buisson, mais avec des bois un peu plus robustes. En revanche, dans les parties gelées partiellement, cela a souvent été une catastrophe…

David Perrier, conseiller viticole à Monségur montre comment tailler © JPS

David Perrier, conseiller viticole à Monségur montre comment tailler © JPS

Au château Fontbaude à Saint-Magne-de-Castillon, où cette formation était assurée ce matin à une vingtaine de vignerons, on a gelé à 40% sur l’ensemble du domaine (100% dans les parties les plus basses, en plaine).

Christian et Yannick Sabaté, les deux frères propriétaires de Château Fontbaude © JPS

Christian et Yannick Sabaté, les deux frères propriétaires de Château Fontbaude © JPS

La récolte sur le 2017 sera de 650 hectolitres contre 1000 habituellement.

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D’autres châteaux ont été bien plus impactés, certains situés sur des coteaux comme à Saint-Philippe-d’Aighuile ont bien été touchés à 70% comme pour Gérald Lecomte qui réalise la Cuvée Page qu’il commercialise auprès des grands restaurants. Son rendement n’a été que de 8,5 hectolitres à l’hectare contre 25 à 30 habituellement.

Manuel Blondy et Gérald Lecomte, par moment il aut mieux rire de ces aléas... © JPS

Manuel Blondy et Gérald Lecomte, par moment il vaut mieux rire de ces aléas… © JPS

Grâce à cette taille qui va se poursuivre jusqu’en mars, tous vont pouvoir restructurer leurs pieds pour espérer avoir normalement du raisin en septembre et octobre, mais aussi penser aux années à venir.

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Ainsi va la dure vie de vigneron, après le gel,on panse aussi les plaies.

 

Production de vin en France en 2017: une baisse de 10 millions d’hectolitres par rapport à l’an dernier selon la douane

La production de vin pour 2017 s’élève à 35,6 millions d’hectolitres selon la douane. Quant on compare aux 45 millions de 2016 (déjà en baisse de 10%), il en manque un peu : 10 millions d’hectolitres. Un manque historique qui va se faire sentir.

Jeudi matin une vague de gel intense a considérablement meurti le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

Le 27 avril 2017 une vague de gel intense a considérablement meurtri le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

La Douane publiait sur son site ce triste constat fin décembre : « Après le gel du printemps qui a fortement affecté la production du Sud-Ouest, des Charentes, du Jura et de l’Alsace, l’accentuation de la sécheresse dans les vignobles méditerranéens et du Beaujolais a également pesé sur le volume des récoltes.

Ce recul ne reflète toutefois pas les quantités de vins disponibles sur les marchés. Le niveau des stocks de vins détenus et les mécanismes de mises en réserve utilisés dans certaines régions doivent en effet être pris en compte.

Les viticulteurs ont par ailleurs largement utilisé la télé-procédure proposée par la douane pour déclarer leurs volumes produits : 97% d’entre eux ont déclaré en ligne. Cet excellent taux est le fruit de la mobilisation de la DGDDI et des organisations professionnelles pour accompagner les viticulteurs vers les télé-procédures dont le recours est désormais obligatoire.

La douane française est chargée de la gestion et du contrôle de la production de la filière viti-vinicole nationale qui exporte près de 8 milliards d’euros de vins. Dans ce cadre, les chiffres de la production sont issus du traitement par la douane, des déclarations effectuées par les producteurs de vins ».

08 Jan

Youpi ! Ca sent le nouveau classement des Crus Bourgeois du Médoc

En avant les Bourgeois ! Ils se sont retroussés les manches, ont travaillé durement et ont accouché d’un nouveau cahier des charges validé par les pouvoirs publics. 10 ans après l’annulation du dernier classement, le nouveau classement des Crus Bourgeois du Médoc va de nouveau établir une hiérarchie allant d' »exceptionnel » à « bourgeois », en passant par « supérieur ».

Armelle Cruse, olivier Cuvelier, Laurent Vaché et Frédérique de Lamothe © JPS

Armelle Cruse (vice-pdte), Olivier Cuvelier (président), Laurent Vaché (vice-pdt) et Frédérique de Lamothe directrice, en septembre 2016 © JPS

Parmi les dates qui ont marqué les Crus Bourgeois : 1932, date de leur création (mais aussi année de naissance de ma mère ou de Jacques Chirac, je sais on s’en fout), une petite révolution en Médoc où seul le classement 1855 avait droit de citer. 2003, la date du dernier classement qui fut attaqué. Et 2007, la date où celui-ci est tombé. Cela fait 10 ans déjà, et votre serviteur se souvient encore des interviews d’avocats qu’il a pu faire et qui commentaient l’annulation du susdit classement.

Voici un nouvel arrêté ministériel qui fera aussi date : celui du 29 décembre 2017, publié au Journal Officiel le 4 janvier 2018. Ces textes qui définissent les critères et les conditions de sélection des crus candidats avaient été validés en Assemblées Générales Extraordinaires par les Adhérents du Syndicat des Crus Bourgeois du Médoc.

« Je suis contente, ce sont  5 années de travail acharné pour faire en sorte que tout cela tienne la route,«  commentait en primeur Frédérique de Lamotte la directrice, en attendant les prochaines réactions du Président pour Côté Châteaux.

« On a trouvé une voie entre un classement décennal (comme ce qui se fait à Saint-Emilion) et la démarche actuelle annuelle (La Sélection des Crus Bourgeois basée sur la dégustation d’un seul millésime). La dégustation se fera sur 5 millésimes, on pourra apprécier de la constance de la qualité et de la constance dans le temps. Ca va être bien pour les Crus Bourgeois ».

Les Crus Bourgeois du Médoc vont de nouveau retrouver leur hiérarchie de mérite : les 3 niveaux « Cru Bourgeois », « Cru Bourgeois Supérieur » et « Cru Bourgeois Exceptionnel » devraient donc à nouveau figurer sur les étiquettes des vins à partir du millésime 2018.

Côté Châteaux vous avait déjà annoncé la bonne nouvelle en septembre 2016 :

Vers un nouveau classement des Crus Bourgeois du Médoc !

Voici les principes qui seront respectés :

  • Qualité du vin mesurée lors d’une dégustation à l’aveugle sur plusieurs millésimes,
  • Indépendance et Impartialité des jury et dégustateurs, encadrés par un organisme de vérification,
  • Valorisation des points positifs mis en avant par chaque château, 
  • Respect de l’environnement,
  • Contrôles perdurant pendant toute la durée du classement, Engagement vis à vis des consommateurs, Traçabilité & authentification de chaque bouteille.

Cette homologation permet de lancer les travaux de mise en place du classement dont la publication est prévue en 2020. Le dépôt des dossiers d’inscription sera possible du 1er mars au 30 septembre 2018.

Bravo aux Bourgeois, vive Calais et le Médoc bien sûr !

PS : ils ont aussi leur blog : Bourgeois et fier de l’être

05 Jan

Bellefont Belcier : « Il y a un terroir assez grandiose, et la possibilité d’aller un jour vers un classement supérieur » selon Jean-Christophe Meyrou

Bellefont Belcier devient le seul cru classé acheté par un Chinois. Peter Kwok souhaite le faire monter en gamme et améliorer l’existant. Retour sur l’ambition affichée pour ce château par Peter Kwok avec Jean-Christophe Meyrou, directeur des Vignobles K. Focus des investissements réalisés dans les autres propriétés de ce Chinois qui aime la France et Saint-Emilion. Côté châteaux leur décerne le titre de vigneron du mois à tous 2.

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Jean-Christophe Meyrou, directeur général des Vignobles K, et donc de Bellefont Belcier © Jean-Pierre Stahl

Un terroir qui vaut de l’or, avec ses croupes calcaires et argilo-calcaires. Bellefont Belcier est situé juste après Pavie et a Lacis Ducasse et Tertre Roteboeuf comme autres célèbres voisins. Peter Kwok a ainsi senti le potentiel de ce cru classé de Saint-Emilion et de ses 13,5 hectares. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais la transaction n’a pas battu des records, pas question d’abonder dans la spéculation actuelle, elle se situerait plutôt en dessous d’au moins 20% des récentes ventes.

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Château Bellefont Belcier, grand cru classé de Saint-Emilion © JPS

Il y a un terroir assez grandiose, et la possibilité d’aller un jour vers un classement supérieur, on est en grand cru classé, pourquoi pas viser un jour 1er cru classé B »Jean-Christophe Meyrou directeur des Vignobles K.

Les vieux millésimes de Bellefont Belcier bien gardés © JPS

Les vieux millésimes de Bellefont Belcier bien gardés © JPS

« Il y a surtout une emprise de ce château dans la culture locale qu’il faut faire un peu revivre, et pour tout cela, on a une équipe technique qui sait faire le job et une équipe de distribution (avec 12 négociants de Bordeaux) avec qui l’on travaille ».

L'entrée du cuvier circulaire de Bellefont Belcier © JPS

L’entrée du cuvier circulaire de Bellefont Belcier © JPS

Ce banquier investisseur chinois est né au Vietnam et aime particulièrement la France. Au point de venir en 1995 pour y passer l’été en famille et permettre à ses enfants d’apprendre le français. Mais très rapidement, il s’est pris de passion pour Saint-Emilion et a fait sa première acquisition avec le château Haut-Brisson. C’était il y a 20 ans, depuis il est propriétaire de 7 châteaux autour de Saint-Emilion, Pomerol et Castillon.

« Il est né au Vietnam à Saïgon, à une époque où la culture française voulait dire quelque chose. Et donc il est né et a grandi avec cette image d’Epinal de la DS et du Général de Gaulle et il a toujours rêvé d’avoir quelque chose en France. Il a démarré en 1996. C’est pour cela qu’on dit que c’est le 1er investisseur chinois (dans le vignoble bordelais) Aujourd’hui, j’ai envie de vous dire qu’il fait partie des meubles, Peter a été accepté par la communauté. C’est quelqu’un de bien, de sympathique qui a lié pas mal d’amitiés locales. Et surtout il a fait du bon boulot. »

thumbnail_001C’est aujourd’hui le seul Chinois à être à la tête d’un cru classé, pour l’heure un peu dans son jus. Mais il compte bien lui redonner du lustre et essayer de l’amener à un niveau supérieur…

C’est un chai assez unique, arrondi, avec cette charpente d’inspiration Eiffel; c’est un outil de travail vraiment bien pensé et performant. Il permet de travailler en gravité, puisque les raisins arrivent par le haut » Jean-Christophe Meyrou.

IMG_3398Pour se faire une idée des investissements réalisés, voici 6 terrasses en pierres sèches, de plus d’un kilomètre de longueur, aménagées par des spécialistes espagnols au château Tour Saint-Christophe.

Un vignoble en terrasses magnifique à Tour Saint-Christophe © JPS

Un vignoble en terrasses magnifique à Tour Saint-Christophe © JPS

Un travail dantesque, dans les règles de l’art, permettant un parfait drainage, que l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos est venu saluer voilà 2 ans.

L'entrée du chai du château Tour Saint-Christophe © JPS

L’entrée du chai du château Tour Saint-Christophe © JPS

Cette autre propriété de Peter Kwok achetée en 2011 a été réhabilitée entièrement pour 4,5 millions d’euros (en plus du prix d’achat) entre 2014 et 2016.

 12 cuves en béton dans le cuvier flambant neuf, très fonctionnel © JPS

12 cuves en béton dans le cuvier flambant neuf, très fonctionnel © JPS

« Lui, c’est un investisseur passion, maintenant moi en tant que directeur général je ne vis pas à Disney World, on est dans une entreprise et Peter n’a pas vocation à renflouer l’entreprise tous les mois, donc c’est une entreprise qui vit, qui fonctionne et a un vrai succès, parce qu’on fait de bons vins, on travaille bien, on est sérieux et on respecte le système ici par la place de Bordeaux. Donc Peter s’est intégré parfaitement et de façon, somme toute, assez classique, en ayant bien compris surtout que l’agricole, c’est du long terme« , conclue Jean-Christophe Meyrou.

Concernant les ventes des Vignobles K, environ 20% se commercialise en France, 25% sur le continent Nord-Américain, 25% sur la grande Asie (Japon, Hong-Kong, Chine et autres pays) et 30% en Europe.

Une production de 80000 bouteilles sur le 2016 entre le 1er et le 2nd vin à Tour Saint-Christophe © JPS

Une production de 80000 bouteilles sur le 2016 entre le 1er et le 2nd vin à Tour Saint-Christophe © JPS

Un château dont le vin s’arrache, car en primeur tout le millésime 2016 s’est vendu au négoce bordelais en une demi-journée.

IMG_3367Bellefont Belcier va améliorer l’existant et prendre prochainement un virage plus important vers l’oenotourisme, avec de nombreuses pièces de réception et 15 chambres dans ce château du XIXe siècle.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sylvie Tuscq-Mounet et Christophe Varone :

Château Guiraud ouvre les portes de la Chapelle le 2 février prochain : le 1er restaurant au sein d’un 1er cru classé en 1855

Qu’on se le dise. Guiraud ouvre le bal, Lafaurie Peyraguey va suivre. Le château, propriété des familles Peugeot, Bernard, Planty et Neipperg, est le 1er à ouvrir un restaurant dans un 1er grand cru classé en 1855. 225 places aménagées dans une ancienne chapelle protestante d’où son nom de baptême : la Chapelle.

Château Guiraud, 1er grand cru classé de Sauternes, fait aussi du blanc sec depuis de nombreuses années © JPS

Le Château Guiraud, 1er grand cru classé de Sauternes, avec sa Chapelle sur la droite © Jean-Pierre Stahl

« Ite missa est » ou comme tout le monde se sera souvenu « allez, la messe est dite ». Château Guiraud a remporté la course devant Lafaurie-Peyraguey, course à celui qui ouvrira le 1er restaurant au sein d’un 1er cru classé en 1855 et à Sauternes de surcroît. Bravo à Guiraud, the winner. Toutefois, Lafaurie-Peyraguey n’est pas en reste et ouvrira en prime un hôtel de luxe au sein du château au printemps prochain, avec un chef qui visera une bonne place dans le guide Michelin.

La Chapelle est donc le nom trouvé et qui s’est naturellement imposé à cet endroit qui d’une chapelle protestante édifiée en 1784 a été transformée en restaurant réhabilité et décoré par l’architecte Charlotte Allard en 2017. Le restaurant a été aménagé de telle manière qu’il se divise en 4 espaces : la Chapelle, la Salle à manger, le Salon et accueille également une boutique. Sa capacité d’accueil  est de 225 places.

La direction du restaurant a été confiée à Nicolas Lascombes, qui manage déjà le 7 à la Cité du Vin à Bordeaux, ainsi que le Brasserie Bordelaise, mais aussi la Terrasse Rouge au sein du château la Dominique à Saint-Emilion. Quant à la cuisine, le mot d’ordre c’est « la nature dans les assiettes. Pas d’effet de mode, du local et du bio, en totale adéquation avec l’ADN de Château Guiraud et la forte identité “ terroir ” »

Nicolas Lascombes va ouvrir le 7, le restaurant de la Cité du Vin © Jean-Pierre Stahl

Nicolas Lascombes à la Terrasse Rouge à la Dominique en août 2015 © Jean-Pierre Stahl

J’ai un véritable coup de cœur pour “l’esprit Guiraud” et pour cette Chapelle. Je souhaite y apporter mes recettes de “bien-vivre” et de “bien-manger” tout en intégrant tout ce qui fait l’essence de Château Guiraud,” Nicolas Lascombes restaurant La Chapelle

Château Guiraud a toujours eu une âme singulière, depuis plus de 250 ans , mais aussi un esprit pionnier avec Xavier Planty à sa tête et Luc, l’un des ses enfants, engagé à ses côtés.

Les propriétaires de château Guiraud : le Comte Stephan von Neipperg, Olivier Bernard et Xavier Planty. Il manquait hier soir Robert Peugeot. © JPS

Les propriétaires de château Guiraud : le Comte Stephan von Neipperg, Olivier Bernard et Xavier Planty. Il manquait ne manquait ce soir-là de février 2017 que Robert Peugeot. © JPS

La Chapelle de Guiraud, c’est encore une histoire de rencontre… Nous connaissions bien le travail de Nicolas Lascombes, d’où l’idée de lui proposer la Chapelle pour en faire un restaurant atypique qui défend nos valeurs communes.” Xavier Planty / Château Guiraud

« L’ambition de la propriété et du restaurant est commune et limpide : suspendre le temps et célébrer la nature autour d’une cuisine de terroir inspirée ». Cette Chapelle va donner un nouveau tempo, une nouveau choeur à Sauternes. On va désormais y célébrer de plus en plus de messes, celles de la gastronomie, du bien vivre et de l’oenotourisme. Alléliua, mes biens chers frères !

04 Jan

Le château Bellefont-Belcier 7e domaine acquis par Peter Kwok

La transaction a été signée dans les derniers jours de 2017. Bellefont-Belcier, déjà acheté par un Chinois en 2012 avait été revendu à un Chypriote en 2015. Une nouvelle page s’écrit pour ce domaine de Saint-Laurent des Combes en Gironde, qui vise à faire de la qualité et les plus hautes marches de Saint-Emilion.

Vue aérienne du château Bellefont Belcier © vignobles K

Vue aérienne du château Bellefont Belcier © vignobles K

Bellefont-Belcier, c’est un grand nom de Saint-Emilion, un cru classé qui a été le 1er cru classé acheté par un industriel chinois en 2012. Cette propriété de 13,5 ha est située entre le Château Larcis Ducasse et le Château Roteboeuf, sur l’ouest de Saint-Emilion, non loin de château Pavie 1er cru classé A.

Bellefont Belcier est le 7e château acquis par Peter Kwok, après Château Tour Saint Christophe, Château Haut-Brisson, Château La Patache, Enclos Tourmaline, Enclos de Viaud et Château Le Rey, Peter Kwok, est un homme d’affaires de Hong Kong, né au Vietnam. Il n’a jamais caché son amour pour la culture française. Il fut le premier investisseur « chinois » à acheter un domaine viticole dans sa totalité en 1997 avec le Château Haut-Brisson.

Comme les autres domaines, le vignoble sera géré par l’équipe de Vignobles K avec Jean-Christophe Meyrou comme directeur généra dont l’objectif est de porter Bellefont-Belcier à un niveau supérieur de qualité.

thumbnail_PHOTO PETER KWOK1Le village de Saint-Emilion reflète le patrimoine de l’UNESCO dans toutes les facettes de son identité : le village, les gens, le paysage et l’industrie. Par conséquent, plutôt qu’en termes de privilège ou devoir, je le vois comme un honneur pour moi et ma famille, de faire partie de la communauté de Saint-Émilion depuis ces vingt dernières années », Peter Kwok.

Peter Kwok est désormais à la tête d’une quarantaine d’hectares à Saint-Emilion (Château Tour Saint Christophe, Château Haut-Brisson), Pomerol (Enclos Tourmaline, Château La Patache) ou encore Lalande de Pomerol (Enclos de Viaud).

03 Jan

Les réactions du monde du vin de Bordeaux, suite à l’enquête de Que Choisir

Le monde du vin commente l’analyse faite par Que Choisir à propos des traces, molécules et résidus de pesticides dans les vins de Bordeaux, où il est fait état d’une diminution par trois en 4 ans. Une enquête plutôt bien accueillie mais à nuancer aussi.

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Léopold Valentin, le directeur technique du château Durfort-Vivens (2e cru classé de Margaux) © JPS

Margaux fait figure de bon élève, car 12 châteaux figurent dans cette l’appellation sur les 40 analysés par le magazine « Que Choisir » et obtiennent plutôt de bons résultats. Il faut dire que certains sont passé en bio ou biodynamie à 100% comme Pontet Canet ou Durfort Vivens. Tous deux figurent en tête du classement d’ailleurs, comme nous l’explique Léopold Valentin, le directeur technique du château Durfort-Vivens (2e cru classé de Margaux) :

C’est plutôt une bonne nouvelle, c’est l’aboutissement d’un travail commencé en 2010, suite à notre conversion en bio et en biodynamie », Léopold Valentin directeur technique de Durfort Vivens

« Aujourd’hui nous n’utilisons plus de molécules chimiques, uniquement du cuivre et du soufre ».

IMG_3297Dans ce millésime 2014 analysé, zéro trace de pesticides, zéro molécule et zéro résidu, comme d’ailleurs Pontet-Canet, autre château du Médoc à Pauillac, en biodynamie. Plusieurs châteaux sur ces 40 affichent des résultats corrects, d’autres un peu plus contrastés. Durfort Vivens s’est par ailleurs engagé dans une démarche de diminution des sulfites (autre débat). « L’idée est de faire des vins de plus en plus propres et qu’ils soient le plus naturels et le plus expressifs possibles, » ajoute Léopold Valentin.

Christophe Chateau, relisant l'article de Que Choisir © JPS

Christophe Chateau, relisant l’article de Que Choisir © JPS

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux se réjouit des efforts réalisés par les propriétés tant conventionnelles qu’en agriculture biologique, avec des traitements raisonnés ou des pulvérisations plus ciblées, ou par le biais du sulfate de cuivre en bio. Certaines propriétés se sont engagées dans le Système de Management Environnemental; 170 revendiquent aujourd’hui un SME de niveau 3.

Les vignerons travaillent dans le bon sens mais il ne faut toutefois pas crier victoire car c’est une démarche sur le long terme », Christophe Chateau directeur de la communication du CIVB.

« Cette démarche là est entamée avec la nouvelle génération qui est prête à prendre le risque, et à utiliser des produits plus coûteux et à mettre en oeuvre des pratiques plus respectueuses de l’environnement parce que c’est la demande du consommateur aujourd’hui, c’est une demande sociétale, on va vers cette issue, c’est aujourd’hui une certitude », termine Christophe Chateau »

Marie-Lys Bibeyran invité du JT du 27 décembre dernier

Marie-Lys Bibeyran invité du JT du 27 décembre dernier

« L’analyse de cette enquête est toute relative, pour ma part j’y vois beaucoup de désinformation », commentait dès la sortie de Que Choisir Marie-Lys Bibeyran invitée du 19/20 sur France 3 Aquitaine. La porte parole du Collectif Info Médoc Pesticides. « Il est fait référence à des limites maximales de résidus qui en matière de vin n’existent pas, tout simplement. les seules limites maximales qui existent dans la viticulture ce sont celles de raisins de cuve. Quand dans l’enquête, il est dit que les taux détectés sont inférieurs, heureusement, parce que alors là ce serait encore plus inquiétant. Mais l’enquête se focalise sur des grands crus de Bordeaux avec un prix moyen de 40€ par bouteille, j’estime qu’à ce prix là on est en droit d’attendre une exemplarité et qu’on ne retrouve pas dans la totalité des vins analysés. »

Il faut aussi souligner que l’analyse des 40 châteaux sur plus de 9000 marques à Bordeaux est axée presque exclusivement sur le Médoc, elle ne cible pas tout le vignoble de Bordeaux qui compte 65 appellations. Néanmoins, elle a le mérite d’avoir été réalisée et de relancer le débat, ce d’autant qu’il n’existe aucune règle ou limite imposée jusqu’ici. Pour Stéphane Toutoundji du Laboratoire Oenoteam à Libourne : « ces traces de pesticides ou de résidus supposés dangereux pour la santé, n’ont aucune norme, aucune valeur minimale. C’est vrai qu’il y a des questions. Le chemin est intéressant parce que on voit que les gens font des efforts : les traitements phytosanitaires dans les vignes, il y en a moins, les gens raisonnent mieux, il y a vraiment une prise de conscience au niveau des viticulteurs et des propriétés. » Thomas Duclos regrette que la marge d’erreur n’ait pas été indiquée, car elle pourrait être de 15 à 20 %. 

Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos et Julien Belle d'Oenoteam © JPS

Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos et Julien Belle d’Oenoteam © JPS

Pour ces mesures de traces,molécules et autres résidus, le laboratoire avait connu de fortes demandes de la part des propriétés en bio ou non, mais depuis quelque temps il y en a beaucoup moins : « on s’aperçoit qu’il n’y a plus de demande car les gens ont voulu se caler sur un millésime pour voir où ils en étaient, les gens ont prix conscience de leur niveau et des taux qu’ils avaient et puis voilà, la raison c’est que c’est très cher c’est une analyse qui vaut à peu près 400 euros et plus on recherche de molécules, plus c’est cher et donc on peut en chercher des dizaines, voir une centaine; aujourd’hui on se retrouve avec des gens qui ont depuis une situation , un état de fait, décidé de travailler en amont dans leur vignoble (pour diminuer les pesticides), mais c’est tout il n’y a plus d’analyse systématique sur tous les millésimes.

Quant à connaître de la dangerosité de ces traces, molécules et résidus (en microgramme/l), « finalement, ce qu’il y a de plus dangereux dans le vin, c’est l’alcool, vues les doses dans cette étude et dans ce que l’on trouve nous, il faudrait boire des centaines de litres par jour pour être contaminé, donc vous serez mort d’une cirrhose ou d’un problème lié à un cancer de l’oesophage, ou de l’estomac lié à l’alcool plutôt qu’à ces résidus de pesticides, donc il faut vraiment tempérer les propos », conclue Stéphane Toutoundji. « Le plus dangereux dans le vin c’est l’alcool, mais en même temps l’alcool et la fermentation alcoolique permet d’avoir un effet bénéfique avec tout ce qui est polyphénols pour les maladies cardiovasculaires. Donc comme tout le monde dit le vin c’est bon pour la santé, mais à des doses modérées. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Françoise Dupuis et Thierry Culnaert :

02 Jan

En Champagne, les bulles bio se frayent un lent chemin chez les vignerons

« En bio, on prend les risques et on les assume » : de plus en plus de vignerons tournent le dos aux produits phytosanitaires conventionnels, désireux d’élaborer des champagnes bio révélateurs de la typicité du terroir, un mouvement marginal puisque moins de 2% du vignoble de l’appellation est labellisé biologique.

Image d'illustration de champagne © JPS

Image d’illustration de champagne © JPS

La progression des surfaces au label « AB » a bondi de 14% entre 2015 et 2017, et 176 hectares sont en conversion cette année, mais la viticulture biologique ne couvre que 1,9% des surfaces de la Champagne sur les 34.000 hectares que compte l’appellation, selon les chiffres de l’Agence Bio.

Certes, produire bio ne s’improvise pas: « Si on veut faire ça pour mettre un beau logo sur une étiquette, on va vite déchanter », dégaine Pascal Doquet, vigneron dans la Côte des Blancs et président de l’association des champagnes biologiques créée en 1998. Lui a dû attendre « six ans entre le début de la conversion et la commercialisation des premières bouteilles » certifiées par ce sésame.

Cette gageure s’explique par les trois années incompressibles de la conversion, couplée à la durée de vieillissement du champagne plus longue que celle des vins tranquilles, non-effervescents. Sans oublier la variable climatique qui peut affecter la récolte. La Champagne étant « très marquée par les flux océaniques », le vignoble est exposé à un risque de pourriture lié à l’humidité, explique Pascal Doquet, estimant se conduire en « vrai paysan » qui développe « la capacité de résistance de la vigne », l’inverse « des vignerons qui sont devenus des techniciens. »

LE TERROIR EN BOUTEILLE

Le retour au sol, premier amendement du vigneron bio aux techniques moins invasives, laissant les racines de la plante s’infuser dans la terre, présage d’un vin de caractère… Ce qu’Eric Rodez, à la tête du domaine familial à Ambonnay, dans la Vallée de la Marne, appelle: « Faire chanter le terroir ». « Nous ne sommes pas assez dans cette logique-là car elle est exigeante: il faut accepter de vivre au rythme de la nature et pas de l’horloge mondiale », constate-t-il en exploitant ses six hectares grand cru d’abord en bio, désormais en biodynamie.

Cette mutation a engendré des « vins libérés » aux notes « plus expressives », à « la longueur et la sensualité plus marquées », la qualité des cuvées étant décuplée par une « puissance olfactive et gustative », commente ce passionné volubile qui produit environ 50.000 bouteilles par an. « Le bio pour moi, c’est une évidence car c’est le terroir qui fait la signature de nos vins ».

Or, l’originalité ne peut pas venir d’une couverture chimique massive qui neutralise le goût », s’aligne Jean-Baptiste Lécaillon, chef de cave du Champagne Louis Roederer – 240 hectares en propre dont 10 hectares certifiés bio et 3,5 millions de cols produits par an. La maison rémoise a réalisé sa campagne culturale de 2017 en bio grâce aux conditions climatiques favorables et compte progressivement convertir ses pratiques sur l’ensemble du domaine.

COURT-TERMISME ECONOMIQUE

Depuis une quinzaine d’années, la Champagne a réduit de 15% son empreinte carbone et a divisé par deux le recours aux engrais azotés et aux produits phytosanitaires, précise le Comité Champagne, organe représentatif des 300 maisons et 15.000 vignerons de l’AOC…qui refuse de prendre ouvertement partie pour le bio, ménageant les sensibilités de chacun.

Pour inciter l’interprofession à réduire son impact environnemental, il a lancé en 2014 sa certification « viticulture durable« , reconnue et « adaptée à la Champagne », délivrée à 192 exploitations soit plus de 4.000 hectares. Mais si les vignerons se mettent doucement en mouvement vers le bio, la plupart des grandes marques semblent nettement moins pressées. Or « c’est le non-bio qui doit aujourd’hui justifier pourquoi tant de chimie: la justification a changé de camp », estime Jean-Baptiste Lécaillon.

Pour ces maisons gourmandes en hectares, le défi réside dans leur capacité à réussir une transition à grande échelle, en acceptant que « certaines années on puisse perdre 10, 20, 30% de la récolte », selon ce spécialiste, lucide sur une approche qui balaie le « court-termisme économique ». Encore confidentiels pour toutes ces raisons, les champagnes bio ne se dénichent qu’à quelques bonnes adresses, demeurant quasi absents des rayons des hypermarchés. La grande majorité des flacons partent à l’export.

AFP.

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