05 Jan

Bellefont Belcier : « Il y a un terroir assez grandiose, et la possibilité d’aller un jour vers un classement supérieur » selon Jean-Christophe Meyrou

Bellefont Belcier devient le seul cru classé acheté par un Chinois. Peter Kwok souhaite le faire monter en gamme et améliorer l’existant. Retour sur l’ambition affichée pour ce château par Peter Kwok avec Jean-Christophe Meyrou, directeur des Vignobles K. Focus des investissements réalisés dans les autres propriétés de ce Chinois qui aime la France et Saint-Emilion. Côté châteaux leur décerne le titre de vigneron du mois à tous 2.

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Jean-Christophe Meyrou, directeur général des Vignobles K, et donc de Bellefont Belcier © Jean-Pierre Stahl

Un terroir qui vaut de l’or, avec ses croupes calcaires et argilo-calcaires. Bellefont Belcier est situé juste après Pavie et a Lacis Ducasse et Tertre Roteboeuf comme autres célèbres voisins. Peter Kwok a ainsi senti le potentiel de ce cru classé de Saint-Emilion et de ses 13,5 hectares. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais la transaction n’a pas battu des records, pas question d’abonder dans la spéculation actuelle, elle se situerait plutôt en dessous d’au moins 20% des récentes ventes.

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Château Bellefont Belcier, grand cru classé de Saint-Emilion © JPS

Il y a un terroir assez grandiose, et la possibilité d’aller un jour vers un classement supérieur, on est en grand cru classé, pourquoi pas viser un jour 1er cru classé B »Jean-Christophe Meyrou directeur des Vignobles K.

Les vieux millésimes de Bellefont Belcier bien gardés © JPS

Les vieux millésimes de Bellefont Belcier bien gardés © JPS

« Il y a surtout une emprise de ce château dans la culture locale qu’il faut faire un peu revivre, et pour tout cela, on a une équipe technique qui sait faire le job et une équipe de distribution (avec 12 négociants de Bordeaux) avec qui l’on travaille ».

L'entrée du cuvier circulaire de Bellefont Belcier © JPS

L’entrée du cuvier circulaire de Bellefont Belcier © JPS

Ce banquier investisseur chinois est né au Vietnam et aime particulièrement la France. Au point de venir en 1995 pour y passer l’été en famille et permettre à ses enfants d’apprendre le français. Mais très rapidement, il s’est pris de passion pour Saint-Emilion et a fait sa première acquisition avec le château Haut-Brisson. C’était il y a 20 ans, depuis il est propriétaire de 7 châteaux autour de Saint-Emilion, Pomerol et Castillon.

« Il est né au Vietnam à Saïgon, à une époque où la culture française voulait dire quelque chose. Et donc il est né et a grandi avec cette image d’Epinal de la DS et du Général de Gaulle et il a toujours rêvé d’avoir quelque chose en France. Il a démarré en 1996. C’est pour cela qu’on dit que c’est le 1er investisseur chinois (dans le vignoble bordelais) Aujourd’hui, j’ai envie de vous dire qu’il fait partie des meubles, Peter a été accepté par la communauté. C’est quelqu’un de bien, de sympathique qui a lié pas mal d’amitiés locales. Et surtout il a fait du bon boulot. »

thumbnail_001C’est aujourd’hui le seul Chinois à être à la tête d’un cru classé, pour l’heure un peu dans son jus. Mais il compte bien lui redonner du lustre et essayer de l’amener à un niveau supérieur…

C’est un chai assez unique, arrondi, avec cette charpente d’inspiration Eiffel; c’est un outil de travail vraiment bien pensé et performant. Il permet de travailler en gravité, puisque les raisins arrivent par le haut » Jean-Christophe Meyrou.

IMG_3398Pour se faire une idée des investissements réalisés, voici 6 terrasses en pierres sèches, de plus d’un kilomètre de longueur, aménagées par des spécialistes espagnols au château Tour Saint-Christophe.

Un vignoble en terrasses magnifique à Tour Saint-Christophe © JPS

Un vignoble en terrasses magnifique à Tour Saint-Christophe © JPS

Un travail dantesque, dans les règles de l’art, permettant un parfait drainage, que l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos est venu saluer voilà 2 ans.

L'entrée du chai du château Tour Saint-Christophe © JPS

L’entrée du chai du château Tour Saint-Christophe © JPS

Cette autre propriété de Peter Kwok achetée en 2011 a été réhabilitée entièrement pour 4,5 millions d’euros (en plus du prix d’achat) entre 2014 et 2016.

 12 cuves en béton dans le cuvier flambant neuf, très fonctionnel © JPS

12 cuves en béton dans le cuvier flambant neuf, très fonctionnel © JPS

« Lui, c’est un investisseur passion, maintenant moi en tant que directeur général je ne vis pas à Disney World, on est dans une entreprise et Peter n’a pas vocation à renflouer l’entreprise tous les mois, donc c’est une entreprise qui vit, qui fonctionne et a un vrai succès, parce qu’on fait de bons vins, on travaille bien, on est sérieux et on respecte le système ici par la place de Bordeaux. Donc Peter s’est intégré parfaitement et de façon, somme toute, assez classique, en ayant bien compris surtout que l’agricole, c’est du long terme« , conclue Jean-Christophe Meyrou.

Concernant les ventes des Vignobles K, environ 20% se commercialise en France, 25% sur le continent Nord-Américain, 25% sur la grande Asie (Japon, Hong-Kong, Chine et autres pays) et 30% en Europe.

Une production de 80000 bouteilles sur le 2016 entre le 1er et le 2nd vin à Tour Saint-Christophe © JPS

Une production de 80000 bouteilles sur le 2016 entre le 1er et le 2nd vin à Tour Saint-Christophe © JPS

Un château dont le vin s’arrache, car en primeur tout le millésime 2016 s’est vendu au négoce bordelais en une demi-journée.

IMG_3367Bellefont Belcier va améliorer l’existant et prendre prochainement un virage plus important vers l’oenotourisme, avec de nombreuses pièces de réception et 15 chambres dans ce château du XIXe siècle.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sylvie Tuscq-Mounet et Christophe Varone :

Château Guiraud ouvre les portes de la Chapelle le 2 février prochain : le 1er restaurant au sein d’un 1er cru classé en 1855

Qu’on se le dise. Guiraud ouvre le bal, Lafaurie Peyraguey va suivre. Le château, propriété des familles Peugeot, Bernard, Planty et Neipperg, est le 1er à ouvrir un restaurant dans un 1er grand cru classé en 1855. 225 places aménagées dans une ancienne chapelle protestante d’où son nom de baptême : la Chapelle.

Château Guiraud, 1er grand cru classé de Sauternes, fait aussi du blanc sec depuis de nombreuses années © JPS

Le Château Guiraud, 1er grand cru classé de Sauternes, avec sa Chapelle sur la droite © Jean-Pierre Stahl

« Ite missa est » ou comme tout le monde se sera souvenu « allez, la messe est dite ». Château Guiraud a remporté la course devant Lafaurie-Peyraguey, course à celui qui ouvrira le 1er restaurant au sein d’un 1er cru classé en 1855 et à Sauternes de surcroît. Bravo à Guiraud, the winner. Toutefois, Lafaurie-Peyraguey n’est pas en reste et ouvrira en prime un hôtel de luxe au sein du château au printemps prochain, avec un chef qui visera une bonne place dans le guide Michelin.

La Chapelle est donc le nom trouvé et qui s’est naturellement imposé à cet endroit qui d’une chapelle protestante édifiée en 1784 a été transformée en restaurant réhabilité et décoré par l’architecte Charlotte Allard en 2017. Le restaurant a été aménagé de telle manière qu’il se divise en 4 espaces : la Chapelle, la Salle à manger, le Salon et accueille également une boutique. Sa capacité d’accueil  est de 225 places.

La direction du restaurant a été confiée à Nicolas Lascombes, qui manage déjà le 7 à la Cité du Vin à Bordeaux, ainsi que le Brasserie Bordelaise, mais aussi la Terrasse Rouge au sein du château la Dominique à Saint-Emilion. Quant à la cuisine, le mot d’ordre c’est « la nature dans les assiettes. Pas d’effet de mode, du local et du bio, en totale adéquation avec l’ADN de Château Guiraud et la forte identité “ terroir ” »

Nicolas Lascombes va ouvrir le 7, le restaurant de la Cité du Vin © Jean-Pierre Stahl

Nicolas Lascombes à la Terrasse Rouge à la Dominique en août 2015 © Jean-Pierre Stahl

J’ai un véritable coup de cœur pour “l’esprit Guiraud” et pour cette Chapelle. Je souhaite y apporter mes recettes de “bien-vivre” et de “bien-manger” tout en intégrant tout ce qui fait l’essence de Château Guiraud,” Nicolas Lascombes restaurant La Chapelle

Château Guiraud a toujours eu une âme singulière, depuis plus de 250 ans , mais aussi un esprit pionnier avec Xavier Planty à sa tête et Luc, l’un des ses enfants, engagé à ses côtés.

Les propriétaires de château Guiraud : le Comte Stephan von Neipperg, Olivier Bernard et Xavier Planty. Il manquait hier soir Robert Peugeot. © JPS

Les propriétaires de château Guiraud : le Comte Stephan von Neipperg, Olivier Bernard et Xavier Planty. Il manquait ne manquait ce soir-là de février 2017 que Robert Peugeot. © JPS

La Chapelle de Guiraud, c’est encore une histoire de rencontre… Nous connaissions bien le travail de Nicolas Lascombes, d’où l’idée de lui proposer la Chapelle pour en faire un restaurant atypique qui défend nos valeurs communes.” Xavier Planty / Château Guiraud

« L’ambition de la propriété et du restaurant est commune et limpide : suspendre le temps et célébrer la nature autour d’une cuisine de terroir inspirée ». Cette Chapelle va donner un nouveau tempo, une nouveau choeur à Sauternes. On va désormais y célébrer de plus en plus de messes, celles de la gastronomie, du bien vivre et de l’oenotourisme. Alléliua, mes biens chers frères !

04 Jan

Le château Bellefont-Belcier 7e domaine acquis par Peter Kwok

La transaction a été signée dans les derniers jours de 2017. Bellefont-Belcier, déjà acheté par un Chinois en 2012 avait été revendu à un Chypriote en 2015. Une nouvelle page s’écrit pour ce domaine de Saint-Laurent des Combes en Gironde, qui vise à faire de la qualité et les plus hautes marches de Saint-Emilion.

Vue aérienne du château Bellefont Belcier © vignobles K

Vue aérienne du château Bellefont Belcier © vignobles K

Bellefont-Belcier, c’est un grand nom de Saint-Emilion, un cru classé qui a été le 1er cru classé acheté par un industriel chinois en 2012. Cette propriété de 13,5 ha est située entre le Château Larcis Ducasse et le Château Roteboeuf, sur l’ouest de Saint-Emilion, non loin de château Pavie 1er cru classé A.

Bellefont Belcier est le 7e château acquis par Peter Kwok, après Château Tour Saint Christophe, Château Haut-Brisson, Château La Patache, Enclos Tourmaline, Enclos de Viaud et Château Le Rey, Peter Kwok, est un homme d’affaires de Hong Kong, né au Vietnam. Il n’a jamais caché son amour pour la culture française. Il fut le premier investisseur « chinois » à acheter un domaine viticole dans sa totalité en 1997 avec le Château Haut-Brisson.

Comme les autres domaines, le vignoble sera géré par l’équipe de Vignobles K avec Jean-Christophe Meyrou comme directeur généra dont l’objectif est de porter Bellefont-Belcier à un niveau supérieur de qualité.

thumbnail_PHOTO PETER KWOK1Le village de Saint-Emilion reflète le patrimoine de l’UNESCO dans toutes les facettes de son identité : le village, les gens, le paysage et l’industrie. Par conséquent, plutôt qu’en termes de privilège ou devoir, je le vois comme un honneur pour moi et ma famille, de faire partie de la communauté de Saint-Émilion depuis ces vingt dernières années », Peter Kwok.

Peter Kwok est désormais à la tête d’une quarantaine d’hectares à Saint-Emilion (Château Tour Saint Christophe, Château Haut-Brisson), Pomerol (Enclos Tourmaline, Château La Patache) ou encore Lalande de Pomerol (Enclos de Viaud).

03 Jan

Les réactions du monde du vin de Bordeaux, suite à l’enquête de Que Choisir

Le monde du vin commente l’analyse faite par Que Choisir à propos des traces, molécules et résidus de pesticides dans les vins de Bordeaux, où il est fait état d’une diminution par trois en 4 ans. Une enquête plutôt bien accueillie mais à nuancer aussi.

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Léopold Valentin, le directeur technique du château Durfort-Vivens (2e cru classé de Margaux) © JPS

Margaux fait figure de bon élève, car 12 châteaux figurent dans cette l’appellation sur les 40 analysés par le magazine « Que Choisir » et obtiennent plutôt de bons résultats. Il faut dire que certains sont passé en bio ou biodynamie à 100% comme Pontet Canet ou Durfort Vivens. Tous deux figurent en tête du classement d’ailleurs, comme nous l’explique Léopold Valentin, le directeur technique du château Durfort-Vivens (2e cru classé de Margaux) :

C’est plutôt une bonne nouvelle, c’est l’aboutissement d’un travail commencé en 2010, suite à notre conversion en bio et en biodynamie », Léopold Valentin directeur technique de Durfort Vivens

« Aujourd’hui nous n’utilisons plus de molécules chimiques, uniquement du cuivre et du soufre ».

IMG_3297Dans ce millésime 2014 analysé, zéro trace de pesticides, zéro molécule et zéro résidu, comme d’ailleurs Pontet-Canet, autre château du Médoc à Pauillac, en biodynamie. Plusieurs châteaux sur ces 40 affichent des résultats corrects, d’autres un peu plus contrastés. Durfort Vivens s’est par ailleurs engagé dans une démarche de diminution des sulfites (autre débat). « L’idée est de faire des vins de plus en plus propres et qu’ils soient le plus naturels et le plus expressifs possibles, » ajoute Léopold Valentin.

Christophe Chateau, relisant l'article de Que Choisir © JPS

Christophe Chateau, relisant l’article de Que Choisir © JPS

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux se réjouit des efforts réalisés par les propriétés tant conventionnelles qu’en agriculture biologique, avec des traitements raisonnés ou des pulvérisations plus ciblées, ou par le biais du sulfate de cuivre en bio. Certaines propriétés se sont engagées dans le Système de Management Environnemental; 170 revendiquent aujourd’hui un SME de niveau 3.

Les vignerons travaillent dans le bon sens mais il ne faut toutefois pas crier victoire car c’est une démarche sur le long terme », Christophe Chateau directeur de la communication du CIVB.

« Cette démarche là est entamée avec la nouvelle génération qui est prête à prendre le risque, et à utiliser des produits plus coûteux et à mettre en oeuvre des pratiques plus respectueuses de l’environnement parce que c’est la demande du consommateur aujourd’hui, c’est une demande sociétale, on va vers cette issue, c’est aujourd’hui une certitude », termine Christophe Chateau »

Marie-Lys Bibeyran invité du JT du 27 décembre dernier

Marie-Lys Bibeyran invité du JT du 27 décembre dernier

« L’analyse de cette enquête est toute relative, pour ma part j’y vois beaucoup de désinformation », commentait dès la sortie de Que Choisir Marie-Lys Bibeyran invitée du 19/20 sur France 3 Aquitaine. La porte parole du Collectif Info Médoc Pesticides. « Il est fait référence à des limites maximales de résidus qui en matière de vin n’existent pas, tout simplement. les seules limites maximales qui existent dans la viticulture ce sont celles de raisins de cuve. Quand dans l’enquête, il est dit que les taux détectés sont inférieurs, heureusement, parce que alors là ce serait encore plus inquiétant. Mais l’enquête se focalise sur des grands crus de Bordeaux avec un prix moyen de 40€ par bouteille, j’estime qu’à ce prix là on est en droit d’attendre une exemplarité et qu’on ne retrouve pas dans la totalité des vins analysés. »

Il faut aussi souligner que l’analyse des 40 châteaux sur plus de 9000 marques à Bordeaux est axée presque exclusivement sur le Médoc, elle ne cible pas tout le vignoble de Bordeaux qui compte 65 appellations. Néanmoins, elle a le mérite d’avoir été réalisée et de relancer le débat, ce d’autant qu’il n’existe aucune règle ou limite imposée jusqu’ici. Pour Stéphane Toutoundji du Laboratoire Oenoteam à Libourne : « ces traces de pesticides ou de résidus supposés dangereux pour la santé, n’ont aucune norme, aucune valeur minimale. C’est vrai qu’il y a des questions. Le chemin est intéressant parce que on voit que les gens font des efforts : les traitements phytosanitaires dans les vignes, il y en a moins, les gens raisonnent mieux, il y a vraiment une prise de conscience au niveau des viticulteurs et des propriétés. » Thomas Duclos regrette que la marge d’erreur n’ait pas été indiquée, car elle pourrait être de 15 à 20 %. 

Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos et Julien Belle d'Oenoteam © JPS

Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos et Julien Belle d’Oenoteam © JPS

Pour ces mesures de traces,molécules et autres résidus, le laboratoire avait connu de fortes demandes de la part des propriétés en bio ou non, mais depuis quelque temps il y en a beaucoup moins : « on s’aperçoit qu’il n’y a plus de demande car les gens ont voulu se caler sur un millésime pour voir où ils en étaient, les gens ont prix conscience de leur niveau et des taux qu’ils avaient et puis voilà, la raison c’est que c’est très cher c’est une analyse qui vaut à peu près 400 euros et plus on recherche de molécules, plus c’est cher et donc on peut en chercher des dizaines, voir une centaine; aujourd’hui on se retrouve avec des gens qui ont depuis une situation , un état de fait, décidé de travailler en amont dans leur vignoble (pour diminuer les pesticides), mais c’est tout il n’y a plus d’analyse systématique sur tous les millésimes.

Quant à connaître de la dangerosité de ces traces, molécules et résidus (en microgramme/l), « finalement, ce qu’il y a de plus dangereux dans le vin, c’est l’alcool, vues les doses dans cette étude et dans ce que l’on trouve nous, il faudrait boire des centaines de litres par jour pour être contaminé, donc vous serez mort d’une cirrhose ou d’un problème lié à un cancer de l’oesophage, ou de l’estomac lié à l’alcool plutôt qu’à ces résidus de pesticides, donc il faut vraiment tempérer les propos », conclue Stéphane Toutoundji. « Le plus dangereux dans le vin c’est l’alcool, mais en même temps l’alcool et la fermentation alcoolique permet d’avoir un effet bénéfique avec tout ce qui est polyphénols pour les maladies cardiovasculaires. Donc comme tout le monde dit le vin c’est bon pour la santé, mais à des doses modérées. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Françoise Dupuis et Thierry Culnaert :

02 Jan

En Champagne, les bulles bio se frayent un lent chemin chez les vignerons

« En bio, on prend les risques et on les assume » : de plus en plus de vignerons tournent le dos aux produits phytosanitaires conventionnels, désireux d’élaborer des champagnes bio révélateurs de la typicité du terroir, un mouvement marginal puisque moins de 2% du vignoble de l’appellation est labellisé biologique.

Image d'illustration de champagne © JPS

Image d’illustration de champagne © JPS

La progression des surfaces au label « AB » a bondi de 14% entre 2015 et 2017, et 176 hectares sont en conversion cette année, mais la viticulture biologique ne couvre que 1,9% des surfaces de la Champagne sur les 34.000 hectares que compte l’appellation, selon les chiffres de l’Agence Bio.

Certes, produire bio ne s’improvise pas: « Si on veut faire ça pour mettre un beau logo sur une étiquette, on va vite déchanter », dégaine Pascal Doquet, vigneron dans la Côte des Blancs et président de l’association des champagnes biologiques créée en 1998. Lui a dû attendre « six ans entre le début de la conversion et la commercialisation des premières bouteilles » certifiées par ce sésame.

Cette gageure s’explique par les trois années incompressibles de la conversion, couplée à la durée de vieillissement du champagne plus longue que celle des vins tranquilles, non-effervescents. Sans oublier la variable climatique qui peut affecter la récolte. La Champagne étant « très marquée par les flux océaniques », le vignoble est exposé à un risque de pourriture lié à l’humidité, explique Pascal Doquet, estimant se conduire en « vrai paysan » qui développe « la capacité de résistance de la vigne », l’inverse « des vignerons qui sont devenus des techniciens. »

LE TERROIR EN BOUTEILLE

Le retour au sol, premier amendement du vigneron bio aux techniques moins invasives, laissant les racines de la plante s’infuser dans la terre, présage d’un vin de caractère… Ce qu’Eric Rodez, à la tête du domaine familial à Ambonnay, dans la Vallée de la Marne, appelle: « Faire chanter le terroir ». « Nous ne sommes pas assez dans cette logique-là car elle est exigeante: il faut accepter de vivre au rythme de la nature et pas de l’horloge mondiale », constate-t-il en exploitant ses six hectares grand cru d’abord en bio, désormais en biodynamie.

Cette mutation a engendré des « vins libérés » aux notes « plus expressives », à « la longueur et la sensualité plus marquées », la qualité des cuvées étant décuplée par une « puissance olfactive et gustative », commente ce passionné volubile qui produit environ 50.000 bouteilles par an. « Le bio pour moi, c’est une évidence car c’est le terroir qui fait la signature de nos vins ».

Or, l’originalité ne peut pas venir d’une couverture chimique massive qui neutralise le goût », s’aligne Jean-Baptiste Lécaillon, chef de cave du Champagne Louis Roederer – 240 hectares en propre dont 10 hectares certifiés bio et 3,5 millions de cols produits par an. La maison rémoise a réalisé sa campagne culturale de 2017 en bio grâce aux conditions climatiques favorables et compte progressivement convertir ses pratiques sur l’ensemble du domaine.

COURT-TERMISME ECONOMIQUE

Depuis une quinzaine d’années, la Champagne a réduit de 15% son empreinte carbone et a divisé par deux le recours aux engrais azotés et aux produits phytosanitaires, précise le Comité Champagne, organe représentatif des 300 maisons et 15.000 vignerons de l’AOC…qui refuse de prendre ouvertement partie pour le bio, ménageant les sensibilités de chacun.

Pour inciter l’interprofession à réduire son impact environnemental, il a lancé en 2014 sa certification « viticulture durable« , reconnue et « adaptée à la Champagne », délivrée à 192 exploitations soit plus de 4.000 hectares. Mais si les vignerons se mettent doucement en mouvement vers le bio, la plupart des grandes marques semblent nettement moins pressées. Or « c’est le non-bio qui doit aujourd’hui justifier pourquoi tant de chimie: la justification a changé de camp », estime Jean-Baptiste Lécaillon.

Pour ces maisons gourmandes en hectares, le défi réside dans leur capacité à réussir une transition à grande échelle, en acceptant que « certaines années on puisse perdre 10, 20, 30% de la récolte », selon ce spécialiste, lucide sur une approche qui balaie le « court-termisme économique ». Encore confidentiels pour toutes ces raisons, les champagnes bio ne se dénichent qu’à quelques bonnes adresses, demeurant quasi absents des rayons des hypermarchés. La grande majorité des flacons partent à l’export.

AFP.

Le cognac XO prend un coup de vieux

En début d’année, c’est comme tout, c’est une question d’augmentation. Sauf que pour celle-ci, on ne va pas s’en plaindre, pas comme celle sur l’essence. Cette augmentation vise un tout autre « carburant » qui rentre dans l’assemblage du Cognac XO : l’eau de vie la plus jeune devra au moins avoir 10 ans d’âge.

© cognac

Une nouvelle réglementation va toucher le © Cognac XO dès le 1er avril

Le cognac XO (Extra Old) va être commercialisé à partir du 1er avril « en compte 10 », c’est-à-dire que l’eau-de-vie la plus jeune dans l’assemblage d’un XO devra dorénavant avoir au moins 10 ans et non plus six comme actuellement.

« Dans la pratique, il existe déjà de nombreux cognacs XO dont la plus jeune eau-de-vie est au-delà de 10 ans d’âge. Cette mesure vise donc à mettre davantage en phase la réglementation et la réalité marché et également à positionner les XO de manière encore plus qualitative », a justifié l’interprofession du Cognac (Bnic).

01 Jan

Retour en images sur 2017 : les 12 photos marquantes du monde du vin

Voici les meilleurs clichés que Côté Châteaux vous propose pour résumer une année riche en actualité. Du mercato des châteaux aux nouveaux chais livrés en 2017, en passant par le succès du Saint-Emilion Jazz Festival et le portrait de Michel Chasseuil le plus grand collectionneur de vin au monde.

Michel Trama, créateur des Bouffons de la Cuisine et Olivier Bernard, Domaine de Chevalier © JPS

En novembre, le chef Michel Trama, lors des Accabailles, annonce son opération de générosité avec les Bouffons de la Cuisine pour offrir un repas de Noël partout en France aux démunis, en photo avec Olivier Bernard, du Domaine de Chevalier, organisateur des Accabailles avec les Crus Classés de Graves © JPS

Guillaume Deglise le directeur général de Vinexpo et Patrick Seguin, le président de la CCI de Bordeaux Gironde © Jean-Pierre Stahl

En octobre, Guillaume Deglise le directeur général de Vinexpo et Patrick Seguin, le président de la CCI de Bordeaux Gironde annoncent le lancement d’un nouveau Vinexpo Paris en 2020 en alternance avec le salon de Bordeaux en 2019 © Jean-Pierre Stahl

La famille de

En septembre, Montrose à l’heure espagnole : une centaine de vendangeurs du petit village de Pruna sont venus comme chaque année depuis plus de 40 ans pour les vendanges en rouge dans ce château du Médoc © JPS

Hugo Bernard et la sc Domaine de Chevalier ont lancé en 2011 Clos des Lunes © JPS

En août, c’est insolite mais Sauternes fait de plus en plus de blancs secs, mais en Bordeaux blancs, et ça marche avec notamment Hugo Bernard et le Clos des Lunes © JPS

Hugh Coltman, un jeu de scène et une voix © JPS

En juillet, gros succès pour le Saint-Emilion Jazz Festival avec Hugh Coltman, un jeu de scène et une voix © JPS

La team de la Cave Coopérative avec le nouveau combi © JPS

En juin, focus sur les Côtes du Marmandais et la team de la Cave Coopérative avec leur nouveau combi © JPS

Gonzague Lurton à la tête du syndicat viticole de Margaux et du château Durfort-Vivens a su donner une impulsion à tous © JPS

En mai, Margaux se lance à fond dans le bio comme l’explique Gonzague Lurton à la tête du syndicat viticole de Margaux et du château Durfort-Vivens © JPS

Olivier Caste et sa vision révolutionnaire © JPS

En avril, Olivier Caste et sa vision révolutionnaire avec OptiWine pour aérer le vin © JPS

L'oeuvre de

En mars, de nouveaux chais sont livrés comme celui du château de Kirwan à Margaux © JPS

Michel Chasseuil, devant sa série de magnums de 1er grands crus classé de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

En février, portrait de Michel Chasseuil, le plus grand collectionneur de vins au monde, dans son sanctuaire avec les plus grands crus classés de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Fabien Teitgen, directeur technique à Smith Haut Lafitte donne ses directives au tonnelier pour avoir des vins pas trop marqués par l'aspect boisé © JPS

En janvier, focus sur les tonneliers en bonne santé avec notamment le domaine Smith-Haut-Lafitte qui possède sa propre tonnellerie ; en photo Fabien Teitgen, le directeur technique, dans le chai de Smith © JPS

31 Déc

Côté châteaux vous souhaite une très bonne année 2018, avec beaucoup de curiosité et de convivialité

Sacrée année 2017 qu’on va très vite oublier, vive 2018 l’année du plus grand Bordeaux Fête le Vin, des 20 ans de Vinexpo Hong-Kong et du nouveau Vinexpo New-York. Et on espère cette année des cieux plus cléments pour nos amis vignerons

2017 se couche, 2018 va se lever... sur le château Pape-Clément en Pessac-Léognan © Jean-Pierre Stahl

2017 se couche, 2018 va se lever… sur le château Pape-Clément en Pessac-Léognan © Jean-Pierre Stahl

Si on regarde en arrière, 2017 aura été une catastrophe dans le vignoble bordelais, dans d’autres régions viticoles en France et en Europe concernant un gel printanier ravageur (notamment les 21, 27 et 28 avril). L’interprofession estime les pertes de récolte entre 40 et 50%, avec des situations plus ou moins dramatiques pour certains petits vignerons.

Ensuite, ce fût la canicule en juin pour le salon Vinexpo qui a quelque peu subi cette chaleur en terrasse, dans les restaurants extérieurs et quelque peu dans les allées en fin de journées. Lors du bilan, Guillaume Deglise annonçait que le prochain salon serait avancé dans la saison, puis annonça aussi la création d’un autre salon Vinexpo Paris dès 2020 pour contrer ProWein en Allemagne.

Enfin, il y a eu, comme si cela ne suffisait pas un orage de grêle qui s’est abattu en Gironde fin août, compromettant les récoltes de quelques vignerons sur Cérons ou Podensac.

Toutefois, ceux qui n’ont pas trop subi ces aléas pourraient faire un grand millésime, ce qui fait dire aux viticulteurs que ce sera un « millésime jalousé ». Ah ces années en 7…

Alors, on a envie de dire : « welcome 2018 », que la nouvelle année préserve ces paysans et du gel, et de la grêle, et des maladies, avec des traitements raisonnés bien sûr .

2018 sera marqué par le 20e anniversaire de Bordeaux Fête le Vin jumelé pour la 1ère fois à la Tall Ships Regatta. 20e anniversaire aussi de Vinexpo Asia Pacific. Et aussi un retour de Vinexpo sur le continent américain, à New-York, en mars, après 14 ans d’absence, depuis le dernier organisé à Chicago en 2004 sur fond de french bashing (à cause d’une campagne menée par l’administration Bush et la Fox contre la France qui n’avait pas voulu suivre les Américains sur leurs prises de positions en Irak).

L’année 2018 promet d’être chargée en événement divers, en attendant Côté Châteaux vous présente ses meilleurs voeux de santé, de bonheur et de partage. Que l’HUMAIN soit au centre du jeu en 2018.

30 Déc

Et pour bien terminer 2017, champagne !

Côté Châteaux aime ces instants de partage. Et puisque le caviste Prestige des Bulles organisait une dégustation de champagne ce midi, c’était l’occasion rêvée pour vous souhaiter à toutes et à tous de fêter dignement ce réveillon entre amis. 

Côté châteaux, Guy Hiblot de Prestige des Bulles et Michel Boutevin © SK

Côté châteaux, Guy Hiblot de Prestige des Bulles et Michel Boutevin © SK

Il suffit de pousser la porte de ce caviste sympathique de Pessac, pour entendre Guy Hiblot interpeler : « Steven, sers-nous donc une petite flûte de champagne Le Noble ».

Il est comme ça Guy, l’instant de convivialité, il aime le partager avec ses amis et clients. C’est ainsi que se font les rencontres et les échanges autour de ces cuvées de champagne qu’il aime à faire découvrir.

Steven

Steven, en stage chez Prestige des Bulles, c’est le métier qui rentre… © JPS

Aidé de Steven Khenchouche, en 1ère année de BTS Technico-Commercial Vin et Spiritueux à la MFR de Vayres, Guy Hiblot commente alors cette cuvée de champagne A.R Le Noble : « c’est un champagne d’assemblage : 45% pinot meunier, 30% pinot noir et 25% chardonnay, des crus de Chouilly, Bisseuil, Damery, issus de la vendange 2013 (et de 30% de vins de réserve). C’est fruité, on sent bien les raisins noirs du pinot meunier, une belle élégance et des bulles fines. »

Un moment de partage en attendant demain soir, merci au

Un moment de partage en attendant demain soir… © JPS

Et c’est ainsi que se termine cette année 2017, chez le caviste du coin, avec quelques bouteilles achetées et qui vont être partagées, ce dimanche soir, sur les tables de fêtes.

Bon réveillon à tous et on se retrouve de l’autre côté de la bulle…en 2018.

(l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération)

28 Déc

L’enquête de Que Choisir révèle qu’il y a 3 fois moins de pesticides dans les Vins de Bordeaux qu’il y a 4 ans

En voilà, une bonne nouvelle en cette fin d’année qui démontre les efforts faits par les Viticulteurs du bordelais. Selon Que Choisir, il y aurait « trois fois moins de pesticides dans les vins de Bordeaux qu’il y a quatre ans » de quoi rassurer le consommateur. Mais des efforts restent à se poursuivre.

Le numéro de janvier de Que Choisir © JPS

Le numéro de janvier de Que Choisir © JPS

Si l’enquête paraît sympa, la couverture a de quoi encore faire peur : « Vins de Bordeaux – 38 crus analysés – Accros aux pesticides ? » Evidemment, il faut aussi accrocher le lecteur potentiel. C’est donc en page 44 qu’est dévoilée cette enquête qui révèle que « les pesticides sont toujours là, mais… » les vins de Bordeaux contiennent toujours des résidus de pesticides mais trois fois moins que lors de tests menés en 2013.

Dans ce numéro de janvier à vous procurer chez votre libraire habituel, l’organisation de consommateurs a fait rechercher 177 molécules dans 38 grands crus de Bordeaux (des millésimes 2014) et deux vins non classés (un 2014 et un 2015).

« Après des décennies d’utilisation intensive dans les vignes, les produits chimiques reculent en viticulture. « La plupart des bouteilles que nous avons analysées sont contaminées et contiennent de une à six molécules », précise Que Choisir. « Au total, 11 composés chimiques de synthèse différents ont été détectés ». Selon l’association, « seulement trois bouteilles sont épargnées (Château Durfort-Vivens, Château Pontet-Canet, Château Clerc Milon) et d’autres ne contiennent que des traces trop faibles pour être quantifiées (Château Beychevelle, Alter Ego de Palmer, Château Malescot Saint-Exupéry) ». « Trois bouteilles sans résidus sur quarante testées: ces résultats peuvent sembler inquiétants. Ils sont plutôt révélateurs d’efforts accomplis dans ce domaine », relève-t-elle.

Pour Allan Sichel, le président du CIVB interrogé par Que Choisir : « en médecine, on dit que les antibiotiques ne sont pas automatiques ; c’est pareil dans la vigne : les produits phytosanitaires ne sont plus systèmatiques »

En 2013, un test portant sur 92 bouteilles en provenance de toute la France avait démontré « une contamination générale des vins. Ceux issus du Sud-Ouest n’étaient pas en reste: 33 molécules différentes avaient été détectées, dont deux interdites en France. Trois fois plus qu’aujourd’hui », souligne l’association.
En outre, il y a quatre ans, les bouteilles contenaient « en moyenne 268 ug/l de résidus. Même si ce calcul a peu de signification toxicologique, on ne peut que se féliciter de voir cette moyenne descendre à 91 ug/l », souligne-t-elle.

Les molécules détectées ne sont ni cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, ni considérées comme des perturbateurs endocriniens, à l’exception de l’iprodione, un fongicide présent « en très faible quantité » dans trois vins. Pour l’ensemble des vins analysés, « aucun dépassement des limites maximales de résidus autorisées » n’a été détecté.

Avec UFC Que Choisir et AFP.

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