24 Mai

L’Instant Pessac-Léognan : un bel élan de générosité au profit des « Liens du Coeur »

Jeudi soir, les Vins de Pessac-Léognan organisaient une grande soirée caritative au coeur du Grand Stade de Bordeaux. Les bénéfices ont été reversés à l’association « les liens du coeur » qui lutte contre l’isolement des enfants hospitalisés pour subir des interventions de chirurgie cardiaque. Le but : réunir des fonds pour construire une Maison des Parents.

Jean-Benoît Thambo, Laurent Cisnéros, Laurent Cogombles © Jean-Pierre Stahl

Jean-Benoît Thambo, Laurent Cisnéros, Mark Daumail alias Cocoon, Laurent Cogombles © Jean-Pierre Stahl

Qui dit grand stade, dit grand président…Laurent Cogombles, on ne voyait que lui, dans ce nouveau stade. C’est vrai que le président des Pessac-Léognan en impose par sa taille…au point d’obliger les photographes à faire des clichés décadrés pour mettre tout le monde à peu près au même niveau et d’accord. On pouvait aussi le retrouver  dans le nouveau clip de présentation des Pessac-Léognan qui tournait en boucle sur les écrans géants et en 16/9e, partout dans le grand stade. Mais il est aussi grand par sa générosité, ainsi que celle des autres propriétaires des châteaux de Pessac-Léognan (la fameuse appellation qu’ils ont créée en 1987 avec André Lurton).

« Bordeaux, c’est notre jardin », explique Laurent Cogombles (à la tête également de château Bouscaut avec son épouse Sophie Lurton-Cogombles). « On serre Bordeaux de tous les côtés avec Pessac, Talence, Léognan, Mérignac et Martillac..Pessac-Léognan, ce sont les vignes aux portes de Bordeaux et donc on souhaite aller dans les lieux les plus prestigieux comme le nouveau stade pour organiser ce type de soirée. »

Cette soirée a rassemblé 235 personnes selon Laurent Cisnéros, propriétaire du château de Rouillac et président de la commission promotion des Vins de Pessac-Léognan, qui a co-organisé avec Laurent Cogombles l’évènement dans ce nouveau joyau de Bordeaux…Laurent Cisnéros, ancien joueur professionnel de football (dans sa jeunesse bien sûr), n’allait pas louper le coup d’envoi de ce nouveau stade, inauguré lundi dernier ! Un début de soirée avec vue sur les tribunes animée par Mark Daumail, chanteur auteur et compositeur, et aussi parrain de l’association, qui vient de sortir the Speed of Light.

Une soirée dont les bénéfices et dons ultérieurs seront reversés aux « Liens du Coeur ». C’est le professeur Jean-Benoît Thambo, le chef du service de cardiologie pédiatrique au CHU Haut-Lévêque à Pessac, qui a lancé cette association et qui la préside.

« Cette association a pour but de recréer un lien, de lutter contre l’isolement des enfants qui sont hospitalisés, de recréer un lien parents-enfant durant l’hospitalisation… »

L’idée, c’est de créer une Maison des Parents à Pessac à proximité de l’hôpital Haut-Lévêque pour accueillir les familles », Jean-Benoît Thambo, président de l’association « les Liens du Coeur »

Et Jean-Benoît Thambo de poursuivre: « Il y a très peu de centres en France qui prennent en charge la chirurgie, l’assistance et la transplantation des petits enfants…Et donc les gens viennent de très loin, de plus en plus, tant sur le plan national qu’international. La structure hospitalière n’arrive pas à assumer totalement ces problèmes que rencontrent les familles, d’où la création de l’association. Avec Marc et Sophie Daumail, on a essayé de sensibiliser et de lever des fonds pour l’accueil des parents durant l’hospitalisation. »

La remise du chèque de 5500 euros à l'association "les Liens du Coeur" © JPS

La remise du chèque de 5500 euros à l’association « les Liens du Coeur » © JPS

« Un petit garçon a été récemment transplanté du coeur (voir article de mes confrères de Bleu Gironde) mais ses parents habitent à plusieurs centaines de kilomètres de Bordeaux, donc ça pose des problèmes d’hébergements ». D’où cette idée de construire cette maison des parents.

Parmi les invités, Alain Rousset le président de la Région Aquitaine et député de Gironde, qui avait soutenu, comme le soulignait Jean-Benoît Thambo, il y a quelques années le maintien d’un service de pointe au sein de Haut-Lévêque pour réaliser des transplantations cardiaques chez les enfants.

Une soirée pour laquelle 4 grands chefs ont réalisé le dîner à 8 mains et de manière gracieuse: Nicolas Magie du Saint-James à Bouliac, Pascal Nibaudeau du Pinasse Café au Cap-Ferret, Thierry Renou du Patio à Arcachon et Johan Leclerre de La Suite à La Rochelle, histoire d’anticiper la nouvelle grande région de la gastronomie.

Jean Trocard du château Mancèdre et Benoît Emmanuel Trocard ©JPS

Jean Trocard du château Mancèdre et Benoît Emmanuel Trocard ©JPS

Une soirée aussi pour découvrir ou redécouvrir les grands vins de Pessac-Léognan: de Haut-Brion au Domaine de Chevalier, en passant par la Louvière, Seguin, Smith-Haut-Lafitte, le Sartre, Pape-Clément, Rouillac, Bouscaut, Olivier, Latour-Martillac, Malartic-Lagravière ou Carbonnieux…j’en oublie bien sûr, et ce petit dernier: château la Mancèdre, 13 ha (1,6 en blanc et 11,4 en rouge) situé sur Léognan: une propriété familiale mais récemment relancée : « ce sont des terres familiales, il y avait un peu de vignes mais avec le gel de 1956 mon grand-père n’a pas replanté », m’explique Jean Trocard, le cousin du célèbre Benoît-Emmanuel Trocard (qui se déhanchait sur des musiques endiablées tout en donnant des cours de dégustation lors de Bordeaux Fête le Vin avec l’Ecole du Vin). « Au décès de ma grand-mère, j’ai hérité des terres et j’ai tout replanté depuis 1994 et jusqu’à 2004 pour les blancs: on a fait un vin de grange au début en 1998 et en 2001 on  a fait les vinifications dans le nouveau chai; du premier rang de vigne, jusqu’au chai, j’ai tout créé, c’est une aventure de vie ! »

Pour aller plus loin, voici le clip de présentation des  © vins de Pessac-Léognan

23 Avr

Carafage ou décantation: un rituel où le temps d’aération est très délicat

Faut-il ou non poser directement la bouteille sur la table ? Ou bien avoir recours aux carafes  amples ou à décanter. La question fait débat depuis des générations. Côté châteaux a tenté d’y répondre avec ces experts: Dominique Garcia, plus de 25 ans de sommellerie dans des Relais et Châteaux, Jean-Jacques Casano et Hervé Valverde du Bistrot du Sommelier à Bordeaux.

Dominique Garcia, sommelier, en train de décanter un château Haut-Bailly © Jean-Pierre Stahl

Dominique Garcia, sommelier, en train de décanter un château Haut-Bailly © Jean-Pierre Stahl

Dominique Garcia a au compteur 25 ans de sommellerie dans les Relais et Châteaux, et notamment chez Alain Chapel, 3 étoiles au Michelin à Mionnay dans l’Ain. Il a cotoyé les plus grands chefs Alain Ducacsse, Georges Blanc, Paul Bocuse, Pierre Troisgros… »Tous avaient un labrador noir, et quand ils se retrouvaient, ils partaient ensemble faire leur marché… »me raconte-t-il.

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Lui était parti pour faire chef de rang, mais on lui a dit « tu as des pré-dispositions pour les dégustations. Tu devrais faire sommelier. » Du coup, il s’est orienté dans cette voie, qui devint sa passion, très remarqué par la suite puisque il fut aussi durant 10 ans le gérant de la cave privée de Mouton Rothschild, 130 000 bouteilles. Il eu le rare privilège de veiller au rebouchage de nombreux vins des millésimes 1934 à 1988, avec notamment les très grands 45, 47, 49, un mythique cheval blanc 47 et de grands Yquem 24,28 et 67, sans oublier un fabuleux Haut-Bailly 1955, cru classé des Graves.

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C’est justement  au château Haut-Bailly qu’il nous convie pour nous expliquer l’art de la décantation…Dans cette gigantesque cuisine du château, après avoir dressé nappe, disposé les bouteilles et l’ouvre-bouteille ou limonadier, il craque une allumette… Selon le rituel que l’on trouve encore dans les grands restaurants, la bougie ainsi allumée va servir à distinguer le dépôt dans la bouteille, si dépôt il y a.

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Mais avant cela, le décapsulage, à réaliser en-dessous du goulot pour éviter au vin de rentrer en contact avec d’éventuelle bactérie, un petit coup de chiffon peut aussi être appliqué sur le goulot. Il se verse alors délicatement un fond de verre, qu’il va ensuite vider dans la carafe pour aviner celle-ci.

Il déguste alors cet échantillon pour savoir s’il faut décanter le vin 1/2 heure ou une heure avant de le servir:

« Si vous sentez que le vin est déjà très évolué, qu’il est tuilé, il faudra le décanté une demi-heure avant ça sera suffisant. Si vous voyez qu’il a un support tanique encore, il faudra le décanter une heure avant » précise Dominique Garcia.

Une opération délicate car l’oxygénation trop importante de vins vieux peut-être fatale: 

« Ce que je dis souvent: il vaut mieux que le plaisir soit dans le verre plutôt que ce soit la carafe qui se fasse plaisir », Dominique Garcia chef sommelier

Jean-Jacques Casano, le sommelier du Bistrot du Sommelier © JPS

Jean-Jacques Casano, le sommelier du Bistrot du Sommelier © JPS

Mais tous les vins ne sont pas à carafer. Au Bistrot du Sommelier, Jean-Jacques Casano, sommelier depuis 12 ans dans cette brasserie, confirme: « on ne carafe déjà pas des demi-bouteilles »

Hervé Valverde, le patron du Bistrot du Sommelier, et Jean-Jacques Casano, deux sommeliers qui gèrent une superbe cave © JPS

Hervé Valverde, le patron du Bistrot du Sommelier, et Jean-Jacques Casano, deux sommeliers qui gèrent une superbe cave © JPS

Dans la cave qu’il gère avec Hervé Valverde, sommelier lui même qui a ouvert cette institution bordelaise en 1986, il va chercher ces bouteilles de Bordeaux jeunes ou moins jeunes (95% de Bordeaux à la carte), qu’il va proposer à la dégustation à ses clients. Il a sur ses étagères différentes carafes amples pour les vins jeunes, qu’il ne va pas hésiter à verser franchement, et moins vastes pour des vins plus vieux et délicats. Il conseille bien sûr en fonction de ce que les gens mangent, selon leur goût et leur budget. Au total, ce sont ainsi 130 crus différents qu’Hervé Valverde et Jean-Jacques Casano proposent à la carte.

 Les vins très jeunes, il vaut mieux les carafer de façon à arrondir les tanins, les tanins ont un aspect relativement durs. Le fait d’aérer, ça permet d’arrondir et comme cela quand vous l’avez en bouche vous avez quelque chose de moins agressif » Jean-Jacques Casano Bistro du Sommelier

Autrefois on décantait, parce que les vins avaient beaucoup de dépôt et on buvait les vins très vieux. Aujourd’hui, on est dans des générations où l’on boit les vins entre 5 et 10 ans, les nouvelles techniques font qu’ont boit les vins plus jeunes », Hervé Valverde, le patron du Bistro du Sommelier.

Dominique Garcia (blog le sommelier et les vignerons) se souvient de ses plus grands souvenirs de décantation: un château Haut-Bailly de 1955, un Margaux de 1928 ou encore un Mouton-Rothschild de 1870… « un vin qui a été décanté à 22h30, et qui se goûtait encore très très bien jusqu’à 2h du matin », soit 4h après l’ouverture du flacon et sa décantation, pour apprécier la finesse et le terroir révélés par ces vins.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine:

26 Mar

C’est à Buzet ! Ils s’engagent autrement…Les Vignerons de Buzet concilient depuis 10 ans viticulture et environnement

Les Vignerons de Buzet ont fait leur révolution. Depuis 10 ans, leur coopérative s’est engagée dans une viticulture « plus propre », alliant technologie de pointe, respect des hommes et de l’environnement. 198 irréductibles vignerons se font entendre en prônant le développement durable et la réduction des pesticides.

Vincent Leyre, Serge Lhérisson et David Bidegaray des Vignerons de Buzet © Jean-Pierre Stahl

Vincent Leyre, Serge Lhérisson et David Bidegaray des Vignerons de Buzet © Jean-Pierre Stahl

Quand on les rencontre, on est sous le charme de leur accent chantant du Lot-et-Garonne…Mais au fait Buzet, c’est où ? « Entre Bordeaux et Toulouse », répond systématiquement Pierre Philippe le directeur de la Cave coopérative à ses interlocuteurs qui lui posent cette sempiternelle question.

D'irréductibles vignerons à Buzet: ils sont devenus bee friendly ! © JPS

D’irréductibles vignerons à Buzet: ils sont devenus bee friendly et accueillent aussi les faucons ! © JPS

Ils ont en eux la fibre Uderzo: leur Buzet ressemble à un vignoble d’irréductibles Gaulois… En effet, avec leur petit nom face à l’ogre Bordeaux, ils continuent de jouer des coudes dans le marché mondial du vin, présents encore la semaine dernière à ProWein à Düsseldorf. Ils se réclament du Sud-Ouest tout en refusant toute alliance, notamment avec Bergerac et Duras. La liberté n’a pas de prix.

Avec 198 adhérents, exploitants 1870 ha en AOP Buzet, ces vignerons ont changé de braquet en 2005. Bien qu’ayant des domaines vallonés, pas question de s’endormir sur leur lauriers. Avec Pierre Philippe à leur tête, ils ont fait le choix de s' »engager autrement » dans la biodiversité et dans l’agriculture raisonnée.

On pourrait les prendre pour des farfelus, devieux écolos ou d’anciens soixante-huitards, mais pas du tout ! C’est une démarche honorable qui vise à respecter davantage la nature et les hommes. Depuis 10 ans, ils réduisent ainsi les intrants: ils se sont ainsi engagés à n’utiliser aucun engrais chimique sur leur vignoble : 0 engrais chimique mais de l’engrais organique. 0 acaricide également et 0 anti-botrytis.

El Gringo, il est bon mon engrais © JPS

El Gringo, il est bon mon engrais © JPS

On a interdit les herbicides résiduaires, on a interdit les engrais chimiques, tout ce qui était anti-botrytis que l’on retrouvait dans les vins, connus pour être l’assurance tous risques, ça a été un choc des cultures chez nos adhérents », Vincent Leyre des Vignerons de Buzet

Les Vignerons de Buzet sont fiers de nous emmener sur Gueyze, une partie en pointe dans les choix qu’ils expérimentent constamment: « sur ce vignoble, nous pratiquons la bio-diversité. Par exemple, on protège la tulipe agenaise…Avec la Sepanlog, on a transféré des tulipes qu’on a trouvé au bord d’un fossé pour les planter dans nos vignes, ça démontre que nos terrains sont assez riches et pas asphyxiés par certains désherbants. » « On a aussi replanté des haies, ça protège les auxiliaires, ça sert aussi de corridor, c’est important que les animaux puissent communiquer », explique Serge Lhérisson.

« On a mis des nichoirs en place aussi pour la chouette chevêche d’Athéna, un nichoir à faucon sur la partie la plus haute devenu l’emblème du vignoble. Tous les vignerons mettent ces nichoirs fabriqués à partir d’une caisse en bois de 6 bouteilles et ils en sont fiers. On protège aussi la chauve-souris qui mange beaucoup d’insectes(on a beaucoup de parasite comme la flavescence dorée, et elle en consomme beaucoup). »

Les vignerons de Buzet ont malgré tout quelques racines bordelaises, avec aussi les mêmes cépages qu'à Bordeaux © JPS

Les vignerons de Buzet ont malgré tout quelques racines bordelaises, avec aussi les mêmes cépages qu’à Bordeaux © JPS

Buzet, c’est aussi cette appellation qui a été relancée depuis 1953, sous l’impulsion d’un bordelais, Jean Mermillod, l’ancien maître de chai du château Lafite-Rothschild, appelé à devenir le directeur de cette cave coopérative… Pas étonnant dès lors de retrouver ces cépages du bordelais qu’il a souhaité replanter: 50% merlot, 25% cabernet sauvignon et 25 % cabernet franc. Et pour les blancs: sauvignon et sémillon.

Aujourd’hui leur directeur actuel, Pierre Philippe, originaire des Pyrénées-Atlantiques, a aussi marqué de son empreinte le vignoble avec ce virage sur la viticulture raisonnée et la bio-diversité. Aujourd’hui, ce vignoble de Gueyze (AOP Buzet) est le 1er vignoble à être labellisé « bee friendly », validé en janvier 2015; preuve supplémentaire de la limitation des traitements et du respect des abeilles.

Depuis 2005, on a axé sur le développement durable. C’est ancré dans les gênes de l’entreprise. C’est des gens qui ont envie de travailler au contact de la nature, ils ont une vraie sensibilité au côté environnemental », Pierre Philippe, directeur des Vignerons de Buzet.

Mais ils ne sont pas que de doux rêveurs, amis de la nature et des petits oiseaux…ce sont de grands producteurs qui ont derrière eux plus de 60 ans d’expérience et de mise en commun de leur production et de leurs moyens de vinification. Chaque année ce sont 12 millions de bouteilles qui sont produites.

Avec une cinquantaine de commerciaux dans l’hexagone, Buzet s’est implanté dans toutes les enseignes de la grande distribution; 80% de la production est commercialisée en France avec également les HCR et chez les cavistes, 20% à l’export (Europe, Etats-Unis et Asie). Mais ils ne dorment pas et misent sur de nouveaux outils comme ce filtre tangentiel et cette électrodialyse (digne des hôpitaux), ils comptent aussi augmenter leur production en BIB: ils commercialisent 720 000 bags in box à l’année, un marché en constante augmentation…

Fort de ces arguments, ils sont partis à ProWein pour essayer de trouver de nouveaux horizons pour leurs vins, avec des Allemands toujours très soucieux d’environnement. Leur principale force, c’est aussi le bon rapport qualité prix de leurs vins et une fidélité de leurs clients qui s’arrêtent parfois avec des bus entiers se ressourcer à Buzet…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl,Didier Bonnet, Eric Delwarde et Boris Chague 

Ecoutez également la chronique « Vigne & Vin » avec Frédéric Lot : 

19 Fév

Plus de 100 châteaux acquis par les Chinois dans le Bordelais

Avec Château Renon en AOC Cadillac, le nombre de propriétés viticoles achetées par les Chinois a dépassé le nombre symbolique de 100 châteaux. Le mouvement se poursuit avec Li Lijuan agent immobilier chinoise installée dans le Bordelais.

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Li Lijuan, agent immobilier, devant château Renon © Jean-Pierre Stahl

Li Lijuan, c’est cette petite chinoise, qui a réussi à se faire une grande place à Bordeaux. Chanteuse, ancienne étudiante à l’Inseec, parlant 5 langues couramment, elle est aujourd’hui une pièce maîtresse chez Maxwell-Story-Baynes, en tant qu’agent immobilier, dont la carte de visite en jette estampillée aussi Christie’s. Elle fait visiter les propriétés en vente, négocie, et est joignable quasiment de jour comme de nuit par ses compatriotes de Chine avec son téléphone portable à portée de main. C’est elle qui est à la conclusion de plusieurs propriétés dont Renon, une bâtisse du XVIIe siècle à Tabanac en AOC Cadillac, vendue par la famille Belliard fin décembre 2014.

Château Lezongars acquis en 2011 dans l'Entre-Deux-Mers © JPS

Château Lezongars acquis en 2011 dans l’Entre-Deux-Mers © JPS

En cette période de Nouvel An Chinois, et avec les événements récents en France, les propriétaires ou managers chinois actuellement à Bordeaux sont peu nombreux. Li Lijuan me présente toutefois Lu Yankun, jeune cadre du groupe de distribution chinois Dashang.
C’est lui le manager du château Lezongars à Villenave-de-Rions
à 25 km de Bordeaux. Une propriété de 40 ha achetée en 2011 en Côtes de Bordeaux. C’est un château construit sous Napoléon Ier par un ancien négociant de Bordeaux, Pierre Ladurantie. Un château qui a une véritable histoire, outre le négociant très connu à Bordeaux au XIXe, il effleure aussi l’histoire napoléonienne, et ça les Chinois en sont friands…

On a investi dans ce château tout d’abord pour son histoire, mais aussi pour la qualité de son vin et enfin pour un très bon rapport qualité prix pour notre groupe, » Lu Yankun directeur du château Lezongars.

Jusqu’ici les châteaux achetés valent quelques millions ou dizaines de millions d’euros. Les plus chers, beaux et prestigieux sont sans doute Bellefont-Belcier, cru classé de Saint-Emilion, château La Rivière en AOC Fronsac ou encore le château du Grand Mouëys à Capian.

Les acquéreurs sont des patrons grands groupes ou encore cette actrice chinoise Zhao Wei, intronsiée par la Jurade de Saint-Emilion en 2012, peu de temps après l’achat de château Monlot. C’est comme une « danseuse », il s’achètent ici une histoire, un bout de patrimoine de France, qu’ils ne vont pas rapporter en Chine mais dont il vont utiliser le nom ou la marque, et commercialiser les vins bien sûr en Asie.

Il y a aussi  ce milliardaire de Hong-Kong qui s’est offert le château Mylord à Grézillac dans l’Entre-Deux-Mers que nous montre encore Li Lijuan: on aime bien la « french style’s life » et la culture française. Ce Hong-Kongais possède 10000 bouteilles de grands crus classés, là il voulait passer au stade supérieur: s’offrir le château.

Li Lijuan devant le château Mylord vendu à un milliardaire de Hong-Kong © Jean-Pierre Stahl

Li Lijuan devant le château Mylord vendu à un milliardaire de Hong-Kong © Jean-Pierre Stahl

Acheter un vignoble, c’est pas cher…Pour 4 millions d’euros, tu peux avoir un domaine, alors qu’à Hong-Kong tu peux à peine espérer un petit appartement dans le Central de Hong-Kong », Li Lijuan agent immobilier chez Maxwell, Storrie, Baynes.

Les Chinois au début ont été charmés par des châteaux aux allures de contes de fée: ainsi avec Latour-Laguens à Saint-Martin-du-Puy. Des châteaux aussi avec tourelles comme Lagarosse ou encore les tours de Branda… Il faut que cela ressemble à un vrai château et pas ces maisons ou girondines qu’on appelle château dans la région de Bordeaux car devant ces bâtissent ils ne comprennent pas.

Jean-Baptiste Soula, régisseur du château Latour-Laguens © JPS

Jean-Baptiste Soula, régisseur du château Latour-Laguens © JPS

Si le château porte un nom évocateur comme Richelieu en AOC Fronsac, ou rappelle de plus grands châteaux, c’est tant mieux: ainsi de Latour…Laguens, Lafitte…Chenu, ils ont failli acheter Laffite…Laguens mais ce sont au final les frères Bonhur qui ont fait l’affaire.

C’est en 2008 que Daisy Cheng est tombée amoureuse de Latour-Laguens. Un vrai coup de foudre pour ce petit château un peu paumé mais qui dégage quelque chose. C’est Jean-Baptiste Soula, le régisseur, qui nous fait revisiter ce domaine où nous sommes déjà venu en 2010 et 2011. Les travaux titanesques qui avaient été lancés ont été fortement ralentis, voire stoppés par endroits. En effet, il a fallu d’abord restructurer le vignoble en piteux état: « on a du arracher et replanter un tiers du domaine… » confie le régisseur.

Dans le chai à barriques ainsi que sur les bouteilles, tout avait été fait pour rappeler l’histoire de France, avec notamment des reproductions de Napoléon Ier sur les bouteilles, sur les capsules et aussi le Napoléon à cheval peint par David sur les barriques…

D’une manière générale les achats de châteaux par les Chinois se sont traduits par des investissements et un maintien des emplois ou des embauches de personnels permettant de tirer les propriétés vers le haut.

 

Pour Laurent Gapenne, Président de la Fédération des Grands vins de Bordeaux: « on est ravi que les Chinois continuent de s’intéresser au vignoble bordelais, très heureux de ces investissements, Bordeaux s’est toujours construit avec des gens venant de l’extérieur, ça ne représente toujours qu’entre 1 et 2% des ha de vignes. »

Toutefois parmi tous ces châteaux achetés, une affaire a éclaté courant 2014, certains auraient été acquis avec des fonds publics chinois, une enquête est en cours. Une fois encore, une fois l’orage passé, les ventes reprendront de plus bel. C’est d’ailleurs le cas en 2015, après une brève accalmie en 2014;

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer 

Et pour aller plus loin: Laurence Lemaire qui a écrit cet ouvrage: Le Vin, le Rouge, la Chine

23 Jan

La taille hivernale de la vigne ou le doux chant du sécateur…

Partout dans le vignoble bordelais, des petites mains s’affairent dans les rangs de vigne. Ils taillent selon un savoir faire transmis de générations en générations. Différents types de taille s’offrent à eux. Explications avec les frères Todeschini et François Despagne, en Castillon et Saint-Emilion.

Karl Todeschini, château la Brande, nous dévoile une taille en cordon de royat sur ce pied de cabernet franc © Jean-Pierre Stahl

Karl Todeschini, château la Brande, nous dévoile une taille en cordon de royat sur ce pied de cabernet franc © Jean-Pierre Stahl

Voici venu le temps du chant du sécateur…

De décembre à début mars, dans les Castillon, Côtes de Bordeaux, les 4 tailleurs du château la Brande doivent avoir un sérieux coup d’oeil car en une fraction de secondes, ils vont choisir de tailler le pied de merlot en guyot simple ou en guyot double si le cep est plus robuste.

« Ceci est le vieux bois, ce vieux bois ne nous intéresse pas, nous le supprimons », explique Karl Todeschini ingénieur agronome. »Après on s’aperçoit qu’on a le même aste sur le côté gauche et sur le côté droit. La sève montant du sol va pouvoir se répartir de manière homogène à gauche et à droite.On regarde le nombre de bourgeons: 1,2,3….6,7, ceci nous convient et le pied de vigne est taillé parfaitement. »

La taille en guyot double © JPS

La taille en guyot double © JPS

Pour le guyot double, cette taille permet, dans des vignobles à densité moyenne  de plantation, une répartition équilibrée de la vendange et donc une parfaite maturation des raisins.

Les salariés sont équipés de sécateurs électriques © JPS

Pas plus de 30 secondes à 1 minute en moyenne par pied, ça c’est le principe, mais parfois cela peut prendre un peu plus de temps pour une taille en cordon de royat, un peu plus technique, choisie pour le cépage cabernet franc. Karl Todeschini a été l’un des précurseurs de cette taille en Castillon. De part et d’autre des 2 bois, on va laisser 3 cots qui porteront les fruits.

Le cordon de royat favorise aération, ensoleillement et zone fructifère très étalée », Karl Todeschini château Mangot

Vient ensuite le tirage des bois, on fait tomber les rameaux, ils seront broyés comme c’est le cas au château Mangot Saint-Emilion Grand Cru, pour disposer aux pieds (1/3 des apports nutritifs est restitué au sol) ou encore brûlés.

Karl et Yann Todeschini devant le château Mangot © Jean-Pierre Stahl

Yann et Karl Todeschini devant le château Mangot © Jean-Pierre Stahl

Mais tout est  codifié pour chaque appellation dans un cahier des charges précis: à Sain-Emilion pas plus de 12 bourgeons francs et 8000 kilos de raisins à l’hectare avec un minimum de 5500 pieds plantés.

« Si le vigneron décide d’avoir une taille longue et de pousser les rendements au maximum de l’autorisation, il peut avoir un contrôle par la suite s’il dépasse la quantité de kilos/hectares »,Yann Todeschini oenologue du château Mangot.

Aux châteaux la Brande, Mangot et encore Grand Corbin Despagne, cru classé de Saint-Emilion, la taille se fait en interne par des salariés très qualifiés pour un travail de qualité. François Despagne, oenologue, 20e génération de vigneron confirme l’importance du travail de la taille:

« Laisser trop de bois sur un pied qui ne peut pas le nourir, on va avoir des raisins qui n’arriveront pas à bonne maturité, on n’aura pas une bonne floraison, il va même y avoir des risques de maladies

Justement c’est cette bonne adéquation entre la charge de la vigne et la vigueur du pied de vigne est fondamentale pour la qualité. » François Despagne propriétaire de Grand Corbin Despagne

Le résultat se ressent par la suite dans la bouteille , dans les chais de Grand Corbin Despagne © Jean-Pierre Stahl

Le résultat se ressent par la suite dans la bouteille , dans les chais de Grand Corbin Despagne © Jean-Pierre Stahl

Entre la taille, la floraison, la vendange et l’élevage, beaucoup d’étapes et de patience pour au final espérer le meilleur résultat, le plus beau nectar.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Thierry Julien suivi de la chronique de Frédéric Lot.

26 Nov

Profession sommelier : plus qu’une vocation un sacerdoce

Il faut avoir la foi… Le métier de sommelier, c’est une passion tout d’abord mais aussi un dévouement au service de la connaissance des vins, des terroirs, des typicités, des pays de productions et au delà un savoir-être, un savoir-paraître, en un mot comme en mille un savoir-faire très…made in France et made in Bordeaux !

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Sommelier, c’est le métier qu’à choisi Alexandre Morin; à tout juste 26 ans, il officie déjà depuis 3 ans et demi comme chef sommelier du restaurant le Chapon Fin, le plus vieil établissement de Bordeaux créé en 1825 et dont le décor de rocaille (1901, signé Alfred Duprat) rappelle la « Belle Epoque », au temps de l’actrice Sarah Bernhardt dont le nom figure gravé à l’intérieur du restaurant, non loin du roi d’Angleterre Edouard VII qui fréquenta aussi le Chapon Fin, tout comme le président Jacques Chirac plus récemment.

"Bienvenue dans le plus vieil établissement de Bordeaux, le Chapon Fin, construit en 1825" © JPS

« Bienvenue dans le plus vieil établissement de Bordeaux, le Chapon Fin, construit en 1825 » © JPS

« Welcome to the Chapon Fin », c’est en ces termes qu’Alexandre, le grand…chef sommelier, accueille ses hôtes de marques et notamment les 6 élèves du Magister en sommellerie de Worldsom accompagnés de leur directrice Josiane Himmelberger. Le talent n’attend pas le nombre des années pourrait-on dire d’ Alexandre, car c’est l’un des plus doués de sa génération, diplômé à Londres avec WSET niveau 1-2-3 (Wine and Spirit Education Trust), il a officié au « Bluebird« , puis est parti deux ans en Australie dans un restaurant gastronomique le « Wild Fire » à Sydney, il a aussi en poche une diplôme universitaire avec la faculté d’oenologie de Bordeaux.

Mais il y a aussi ces 6 élèves inscrits au Magister de Worlsom, 10 semaines de formation en sommellerie d’un très haut niveau: certains ont un sacré bagage aussi, ils se relancent dans les études à plus de 60 ans, comme Allan O’Donovan, un ancien policier américain durant 20 ans, aujourd’hui propriétaire d’un restaurant italien « Ciao Cristina » à Los Angeles: « j’ai beaucoup de stars qui viennent dans mon restaurant. J’ai souhaité suivre Worldsom pour améliorer ma connaissance. Vous avez à Los Angeles, les serveurs sont beaucoup plus acteurs que de vrais serveurs, aussi je veux améliorer tout celà »

Dans les cuisines du Chapon Fin avec le chef Nicolas N'Guyen, une étoile au guide Michelin. Les sommeliers ont un rôle primordial de conseil pour des accords mets et vins judicieux" © Jean-Pierre Stahl

Dans les cuisines du Chapon Fin avec le chef Nicolas N’Guyen, une étoile au guide Michelin. Les sommeliers ont un rôle primordial de conseil pour des accords mets et vins judicieux » © Jean-Pierre Stahl

Parmi les grands sages, il y également Donald Nichols, un autre américain passionné de vin qui vient pour son plaisir, Bong Kung lui tient un bar à vins à Séoul en Corée, il vient aussi chercher une expertise en sommellerie.

Les trentenaires sont Huijie Xu qui a suivi un cursus à Kedge Bordeaux, elle travaille dans l’import export en France, Léonid qui vient de Russie il manage une propriété de concert avec un oenologue bordelais, et enfin Daniel un ingénieur colombien reconverti qui veut être consultant en « food and beverage ».

Après avoir entendu les rudiments et règles de bienséance « toujours parfait, chaussures cirées et rasé de près », les élèves de Worldsom ont appris grâce à Alexandre Morin qu’il existait différents types de verres Riedel pour servir les vins de champagne à sa carte, ce dernier leur a aussi présenté le chariot de digestifs et liqueurs proposés en fin de repas, avant de descendre dans la fameuse cave du restaurant.

Mille références et 10 000 vins en cave © JPS

Mille références et 10 000 vins en cave © JPS

La cave du Chapon Fin (propriété de Sylvie Cazes – propriétaire du Château Chauvin à Saint-Emilion et président de la Cité des Civilisations du Vin à Bordeaux), ce sont 1 000 références à la carte. C’est un peu du patrimoine de la France mais elle renferme aussi pas mal de vins étrangers. Elle est organisée en deux parties avec en prime une salle de dégustation. Ici sont conservées 10 000 bouteilles à 15° avec 70% d’humidité. Chaque vin proposé est conservé en 10 ou 20 exemplaires en moyenne. Mais il arrive que certains grands flacons soient uniques « on ne peut pas immobiliser trop de vins » car pour le restaurant ce serait un trop gros risque: une cave de ce type, c’est une sacrée gestion !

Cette journée était pour eux une journée intense, avec en prime une visite des cuisines menées de main de maître par Nicolas N’Guyen, une étoile au guide Michelin, un petit détour chez le fromager affineur installé juste en face de ce restaurant Jean d’Alos, où ils ont pu découvrir qu’on pouvait associer les fromages avec des vins liquoreux ou de grand blancs, plutôt que de rester figé sur de vieux rouges…

C’est un métier complet, qui requiert énormément de connaissances sur les terroirs, les vins, les régions et pays de production. Exercice parmi les plus difficiles, une dégustation à l’aveugle leur est proposée par Alexandre Morin, à l’issu du repas où ils ont pu déguster un blanc autrichien puis un Château-Neuf-du-Pape sur le navarrin d’agneau préparé par Nicolas N’Guyen le chef cuisier du Chapon Fin. Savoir reconnaître, un vin de cépage ou un vin d’assemblage, quels arômes et quelle intensité il dégage au nez, puis découvrir son acidité, sa minéralité et ses notes d’agrumes pour ce blanc par exemple…pour lequel il faut deviner la provenance…un blanc du sud…et même du sud-ouest: un Jurançon !

Vignerons sinistrés et bubble party 121

Cette journée aura marqué les esprits tout comme leurs rencontres avec les grands noms de la sommellerie qui interviennent à Worldsom: 4 meilleurs sommeliers au monde, les français Philippe Faure-Brac, Gérard Basset, Serge Dubst et l’italo-suisse Paolo Basso.

Leur formation va se poursuivre avec d’autres visites de propriétés et de châteaux de Bordeaux, la remise des diplômes de la 2e promotion de Worldsom est prévue le 18 décembre dans les grands salons de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux.

Regardez le reportage de JP Stahl et JM Litvine

29 Oct

Sainte-Croix-du-Mont : l’or jaune en haut de la colline…

Grand vin liquoreux de Bordeaux, Sainte-Croix-du-Mont ne fait pas d’ombre à Sauternes, située juste en face de l’autre côté de la Garonne, et pourtant…C’est une appellation bien connue des amateurs de vins doux, qui a un terroir particulier très apprécié…avec des vins liquoreux assez vifs.

L'or jaune de Sainte-Croix-du-Mont © Jean-Pierre Stahl

L’or jaune de Sainte-Croix-du-Mont © Jean-Pierre Stahl

Sainte-Croix-du-Mont, c’est cette petite appellation vallonnée qui culmine à 116 mètres sur la rive droite de la Garonne. Une appellation d’un peu plus de 360 ha avec une cinquantaine de vignerons.

Virginie Tinon, à la tête de château la Grave à Sainte-Croix-du-Mont © JPS

Virginie Tinon, à la tête de château la Grave à Sainte-Croix-du-Mont © JPS

Virginie Tinon est à la tête du château La Grave, une propriété familiale qu’elle a repris de son père, exploitée avec 20 ha en liquoreux et 6 ha en rouges. Ce matin-là, ils sont 12 vendangeurs dont deux nouveaux à effectuer leur 2 ème tri sur pied. Un travail de précision très très important car la récolte à la main se fait par tri lorsque la surmaturation est atteinte.On attend que le fameux botritys se développe, mais il y a aussi pas mal de baies passeriées (déséchées par le soleil et le vent)

On est dans une appellation artisanale avec un prix accessible. La qualité est assurée par nos liens commerciaux privilégiés sur la durée. » Virginie Tinon Château La Grave

Plus abordables en prix que les Sauternes, même si certains peuvent se vendre plus de 20 euros, les « Sainte-Croix-du-Mont » ont cette particularité de bénéficier d’un terroir argilo-calcaire unique avec un dépôt d’huîtres fossilisées qui remonte à l’ère tertiaire. Ce dépôt apporte une richesse en iode exceptionnelle qui se ressent dans ces vins.

Moelleux, très fruité, ce vin liquoreux se déguste frais. Chez Jean-Guy Méric au château Bel Air, l’un des plus anciens de l’appellation, remontant à 1648, Estelle Dessup oenologue conseil d’Euralis (Fronsac) est venue apporter quelques conseils lors de la rentrée de vendange, mais aussi redéguster le résultat des millésimes précédents: « on est sur des notes de fruits bien confits, un peu abricotés, confiturés.. »

On a ce sucre qui est bien balancé avec cette acidité;  du coup, ce n’est pas du tout lourd. C’est en fait une belle fraîcheur de fruit » Estelle Dessup, oenologue conseil Euralis.

Jean-Guy Méric, propriétaire du château Bel Air avec son oenologue Estelle Dessup © Jean-Pierre Stahl

Jean-Guy Méric, propriétaire du château Bel Air avec son oenologue Estelle Dessup © Jean-Pierre Stahl

Autrefois, les « Sainte-Croix-du-Mont » étaient surtout apprécié à l’apéritif ou avec du foie gras, aujourd’hui Jean-Guy Méric prone la dégustation avec des mets épicés comme la cuisine chinoise « le Sainte-Croix-du-Mont apporte beaucoup de complexité en bouche avec les épices« , « on peut les marier aussi sur de viandes blanches ou du fromage »…

Sainte-Croix-du-Mont a connu son apogée juste après la 2e guerre mondiale, comme le confirme Nicolas Solane, propriétaire du château Crabitan-Bellevue et président de l’appellation:

Ces vins-là étaient achetés pour consommer quasiment tous les jours. Petit a petit, il y a eu un petit déclin ou un désamour car les vins étaient trop doux ou sirupeux. Maintenant, l’attrait se fait avec des vins un petit peu plus légers. » Nicolas Solane Président du Syndicat des « Sainte-Croix-du-Mont »

Sainte-Croix-du-Mont commercialise entre 10 000 et 12 000 hl à l’année, 80% en France et 20% à l’export.

En France, même si la consommation avait tendance à baisser, de nouveaux marchés s’ouvrent à eux avec une clientèle plus jeune emmenée par les « Sweet Bordeaux » et leurs manifestations découvertes. A l’étranger, la Chine s’ouvre à ces vins doux car un Chinois a acheté deux domaines en Sainte-Croix-du-Mont (les châteaux Laurette et Bertranon) et du coup se fait l’ambassadeur en Chine de ces vins et de ceux de ses voisins.

Pour en savoir plus sur Sainte-Croix-du-Mont, l’appellation et ses châteaux, cliquez ICI

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet

(Intervenants: Virignie Tinon, château la Grave, Estelle Dessup oenologue, Jean-Guy Méric, château Bel Air et Nicolas Solane Président de l’appellation.)

Regardez également les explications de Frédéric Lot  dans notre chronique mensuelle Vin & Vigne :

 

20 Sep

L’essor de la viticulture Bio en Aquitaine: 3ème région de France !

730 viticulteurs bio en Aquitaine…Un nombre encore jamais atteint. En France, plus des 3/4 des surfaces de vignes Bio et en conversion sont concentrées dans 4 grandes régions: Languedoc-Roussillon, PACA, Aquitaine et Rhône-Alpes.

Patrick Boudon, président des vignerons Bio d'Aquitaine, Michel Garat gérant du château Saint-Robert et Philippe Aubertin, directeur d'exploitation.

Patrick Boudon, président des vignerons Bio d’Aquitaine, Michel Garat gérant du château Saint-Robert et Philippe Aubertin, directeur d’exploitation goûtent la toute première presse de sauvignon.

Philippe Aubertin, directeur d’exploitation, nous reçoit en cette période de vendanges au château Saint-Robert à Pujols-sur- Ciron en Gironde. Une propriété tout juste reprise par les familles Moulin et Cathiard.

Château Saint-Robert, c’est 35 ha en blanc et en rouge: 6 ha de blanc, 29 de rouge. Les blancs sont plantés à 75% de sauvignon, 24% de sémillon et 1% de muscadelle. Pour les rouges: 50% merlot, 40% de cabernet sauvignon et 10% de cabernet franc.

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C’est toutefois la 1ère année que le château va sortir son 1er millésime en blanc, car la conversion a commencé en 2010. Entre 2008 et 2012, il y a eu un grand boom des conversions, depuis le rythme diminue un petit peu. Ainsi, on compte désormais 730 viticulteurs Bio en Aquitaine répartis sur 9642 ha de vignes dont 2593 en conversion (Source Agence Bio 2013), ce qui représente 7% du vignoble. 

On voit des vignes qui réagissent différemment, des sols qui sont couverts d’herbes. Des sols qui sont vivants, où il y a des animaux, de la végétation..et la vigne, on a des arômes au niveau des grappes de raisin qui sont différents de ce qu’on avait avant. » selon Philippe Aubertin, directeur d’exploitation château Saint-Robert.

Bien que ce soit l’appelation d’Irouleguy qui soit la première de la classe: 40% du vignoble est là-bas en Bio, la Gironde commence à prendre conscience aux traitements  plus respectueux de la terre et de l’environnement. Pas de pesticides, mais plutôt des traitements  préventifs à base de bouillie bordelaise, les viticulteurs se targuent aussi d’avoir « 30 à 50% de sulfites en moins dans leurs bouteilles… », selon Philippe Aubertin.

Xavier Planty, gérant de château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, certifié Bio depuis 2011;

Xavier Planty, gérant de château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, certifié Bio depuis 2011;

Chez les grands crus classés, château Palmer vient tout juste de rejoindre les vignobles estampillés Bio. Mais, il y a eu des démarches de précurseurs comme à château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, qui s’y est mis progressivement depuis 1996 et a été certifié Bio en 2011;

C’est le seul des 1ers crus classés certifiés en Bio ! C’est toute une démarche. Comment recréer les conditions d’un équilibre écologique. Nous avions avant 200 insectes resencés sur le domaine, depuis que nous sommes en Bio, on en a 600 ! » Xavier Planty, gérant du château Guiraud.

Et d’ajouter: « la lisière naturelle est ici très forte avec chênes et chataigniers. Nous sommes riches en biodiversité, et nous avons recréé une zone humide et des haies. On recrée des éléments écologiques qui nous aident. »

« Depuis, on obtient des vins plus puissants, plus forts, plus minéraux, plus tendus ! » La charte des Bio, c’est de ne pas mettre de desherbants. C’est un enherbement  naturel. On travaille avec des compostes liquides, on permet au sol de recréer sa microflore. »

Et Xavier Planty continue d’enfoncer le clou: « l’hiver on est toujours enherbé, on est gagnant à 100%, il y a zéro érosion… »

A la dégustation, ces Sauternes sont effectivement exceptionnels, surtout ce 2001, un millésime à marquer dans les annales. Les Chinois, s’ils ne boivent quasiement tous que du rouge, comment à s’ouvrir également à ces vins liquoreux. Xavier Planty a réalisé pour eux un coffret de collection avec des estampettes de chevaux (c’est l’année du cheval en Chine) réalisé par Xu Beihong, un « Picasso » chinois: un coffret extraordinaire composé par des Hongkongais à partir de six millésimes de château Guiraud.

 500 caisses ont été ainsi été éditées vendues dans des clubs privés à 9 000 € pièce. Et comment dit-on vive le bio en Chinois ?

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet, suivi de l’analyse de Frédéric Lot expert en vins

28 Juin

« Bordeaux Fête le Vin » annulé à cause d’un avis de tempête ! Evacuation par les CRS…

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Pour l’acteur Antoine Duléry et Bernard Montiel, la fête est finie aussi…Evacuation sous les yeux des CRS. © Jean-Pierre Stahl

 

A la surprise générale, Bordeaux Fête le Vin a été annulé purement et simplement. Principe de précaution oblige. Il y avait des dizaines de milliers de personnes déjà sur le site.

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10 minutes avant l’évacuation, les quais étaient « noirs de monde » © JPS

La Gironde, comme d’autres départements avait été placée en vigilance orange. Mais certaines prévisions pouvaient laisser présager des incidents sur les quais où il y a des dizaines de tentes et pavillons.

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Les CRS ont invité les participants à quitter le site gentiment, mais sûrement. @JPS

Aussi les organisateurs, un comité de 10 personnes responsables de l’organisation ainsi que la mairie de Bordeaux, ont jugé préférable de ne prendre aucun risque pour les populations. Le bulletin d’alerte de météo France Mérignac annonçant des vents pouvant être violents, jusqu’à 90 km/h en rafale a eu raison de la fête.

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Joël Dupuch et Antoine Duréry à la fête des Bordeaux et Bordeaux Sup, à cet instant, la nouvelle de l’évacuation a été annoncée © JPS

Au stand des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, le fête battait son plein. Les VIP y avaient été invitées pour le lancement de la campagne de « Bordeaux Rosé, l’autre Rosé ». Parmi eux, Antoine Duléry, l’acteur de Camping (« Paulo »), mais aussi Bernard Montiel, le très célèbre animateur du Bassin d’Arcachon qui permet chaque année de faire venir des personnalités pour faire la campagne de promotion. Et il y avait aussi Joël Dupuch (« Jean-Louis » dans les « Petits Mouchoirs »).

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Le restaurant « l’éphémère » portait bien son nom, il a fallu « plier les gaules »…ou ranger les chaises © JPS

Tous ont aussi du évacuer. Hervé Grandeau, le président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur était désolé, mais il fallait aussi se plier à la décision.

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Les Bordelais étaient partis pour faire la fête ce soir…Dire qu’ils auraient pu rester chez eux pour regarder le mondial…

Le site était totalement évacué vers 20h15-20h30, il n’ y avait plus « âme qui vive ». Concert d’Earth, Wind (c’est le cas de le dire) and Fire annulé. Spectacle place de la Bourse et feu d’artifices également annulés. Même sort pour les Epicuriales…

bfv anu 038Bordeaux Fête le Vin ouvrira de nouveau demain à 11h. Nul doute que la conférence de presse bilan prévue dimanche à 11h30 sera monopolisée par le sujet de cette « annulation pour cause de tempête ». (Il faudra oublier le record de fréquentation pour le quel cette édition 2014 semblait y parvenir…)

Au final, il n’y a jamais eu ni vent violent (58km/h en rafales contre 90 km/h annoncés), ni tempête, ni orage ce samedi soir mais un fabuleux arc-en-ciel au dessus du tonneau de 9 mètres © Gabriel de Vaucelles

Retrouvez sur FaceBook toutes les photos de la soirée annulée 

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix et Dominique Lizot

10 Avr

La folle semaine des primeurs, un jeu où tout le monde joue un rôle

Que vaut le millésime ? La question est chaque année posée à l’occasion des primeurs. Mais que valent les primeurs et comment ça fonctionne vraiment ? Côté châteaux vous offre une certain éclairage sur cette campagne et ce milieu assez fermé qui y participe.

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Olivier Bernard, Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, au Domaine de Chevalier © JPS

On peut dire sans trop se tromper que les primeurs sont un moment privilégié où seuls les initiés ont le droit de déguster. Un club fermé ? Par vraiment mais réservé aux professionnels, ça c’est sûr, comme Vinexpo d’ailleurs (hormis la dégustation ouverte au grand public des Graves).

Durant une semaine intense (du vendredi 28 mars au vendredi 4 avril cette année), importateurs, négociants, courtiers, propriétaires, journalistes spécialisés, bloggeurs atterrissent à Bordeaux pour déguster et porter un jugement sur un vin qui n’est pas abouti. Certains sont experts dans le jugement définitif, d’autres plus mesurés dans leurs critiques, et une majorité d’entre eux trouvent généralement le millésime « classique » quand c’est une année moyenne pour Bordeaux, voire mauvaise, et manquent de superlatifs quand c’est une grande année comme pour le 2009 (« millésime du siècle », « à rapprocher de 1947 », voir le magazine réalisé lors des primeurs de 2009).

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Les primeurs au château d’Arsac pour la dégustation des Crus Bourgeois © JPS

Pour se faire une idée bien précise de ce que vaut un millésime, il faut avoir différents sons de cloches et, comme pour la presse, il vaut mieux lire différents articles et appréciations (Jacques Dupont du Point, Stéphane Derenoncourt consultant, Michel Rolland oenologue consultant, Stéphane Toutounji oenologue, Hubert de Boüard oenologue consultant), en prenant un peu de recul car les intérêts en jeu sont tellement importants que certains ne vont jamais descendre un mauvais millésime. Principe de base du journalisme quand on vous dit blanc, c’est peut-être noir, en tout cas plutôt gris, car la pureté et la perfection sont difficiles à atteindre.

Sur ces considérations, et le décor étant planté…Ils sont 5 000 à 6 000 chaque année à se presser pour ces primeurs…Un évènement planétaire, où le monde du vin retient son souffle, car on considère que les commandes après les primeurs représentent grosso modo 1 milliard d’euros. 4 % des volumes sont vendus en primeurs, car ça touche surtout les 1er grands crus classés, crus classés ou encore crus bourgeois. En valeur 20 à 25 % du chiffre d’affaire global se fait à ce moment-là.

L’exercice est difficile, pourquoi ? Déjà parce que les professionnels dégustent le vin de la vendange de l’automne précédent. C’est-à-dire qu’il a au maximum 6 mois d’élevage (la plupart de ceux présentés en barriques de chêne). Il a été assemblé en janvier, février et pour certains encore plus tôt en décembre. C’est le cas de Denis Dubourdieu, célèbre oenologue de la place de Bordeaux, directeur de l’ISVV (institut supéreiur de la vigne et du vin) et propriétaire du château Doisy-Daene: « l’assemblage est physiquement fait en décembre, il n’y aura pas une barrique de plus, peut-être une de moins, on s’est décidé tôt; c’est pas facile, il faut beaucoup d’expérience, c’est comme la vente de yerling à Deauville, et je pense que c’est meilleur pour le vin, que les lots qui sont destinés à faire un alliage, soient assemblés  le plus tôt possible ».

Mais il se murmure en coulisse que parfois certains châteaux proposent leurs meilleurs lots à la dégustation, toutefois à la livraison, ils ont intérêt à ne pas décevoir ! En tout étant de cause, les critiques et journalistes demandent parfois à déguster directement à la barrique, ou reviennent deux ans plus tard comparer leurs notes sur l’instant et leur nouvelle dégustation.

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Timothée Bouffard, courtier en vins, et Ludovic David, directeur château Marquis de Terme @ JPS

Dans cette jungle des primeurs, chacun a intérêt a prendre le pouls du marché. Car sur un millésime qui ne tient pas la route, il va falloir que propriétaires, courtiers et négociants s’accordent pour que la campagne se fasse. Le but étant de le vendre et non qu’il vous reste sur les bras. A ceci près que la planète consomme presque plus qu’elle ne produit, et surtout sur une faible année en France et en particulier en Bourgogne et à Bordeaux.

Pour Timothée Bouffard, courtier en vins et gérant du bureau Ripert: « on essaie d’apporter la bonne parole au niveau des propriétaires par rapport à ce que nous ressentons du marché, par rapport à ce qui s’y passe, pour essayer de leur dire de faire le bon prix et pour que la campagne (des primeurs) se fasse. »

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Gilles Goulet, à droite, directeur des achats de la SAQ © JPS

Directeur des achats pour la Société des Alcools du Québec, qui fonctionne encore avec un système de monopole, Gillet Goulet passe traditionnellement commande de 480 000 caisses de 9 litres (12 bouteilles). C’est dire la puissance d’achat pour une entité qui va inonder le marché québecois et canadien. Celui-ci nous confie:  » c’est une semaine assez chargée, on peut déguster 100 à 125 vins par jour, donc oui c’est une concentration assez constante ». Les enjeux sont énormes, dans un grand millésime comme 2009 ou 2010, cela représentait 10 millions d’euros pour la SAQ, cette année la commande sera sans doute moindre.

Cette année, plus qu’en 2009 ou 2010 où finalement tout était bon, le rôle des critiques est peut-être plus important car c’est « inégal » selon Olivier Bernard, Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux.

c’est l’occasion vraiment pour les professionnels de donner des conseils aux consommateurs, à leurs lecteurs. Donc ce millésime 2013, je dis que c’est un millésime d’opportunité ! Sur les 250 marques de Bordeaux qui se vendent d’habitude sur un grand millésime, là cette année il y en a 100 à 150 qui vont bien se vendre… » selon Olivier Bernard Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux

Aussi pour épater la galerie ou montrer que Bordeaux sait recevoir, il existe en marge de cette campagne de nombreux repas et dîners. Certains convenus et très « smart » comme le dîner du « Ban du Millésime au CAPC, d’autres plus branchés avec des codes couleurs plus « fashion » comme au château Marquis de Terme où les professionnels peuvent déguster tous les Margaux de l’appellation. « On accueille ici 2 500 personnes sur 3 jours de dégustation et on sert 1 200 couverts répartis sur les 3 jours » commente Ludovic David, directeur général du château Marquis de Terme. Ca fait partie du jeu. Car cette semaine des primeurs est selon nos Bordelais enviée du monde entier…

Bref une danse du ventre pour mieux vendre, ainsi va la vie en cette folle semaine des primeurs.

Et puis, il y a l’après, parfois un grand vide jusqu’à ce que tombent les premières notes des critiques… Cette année le demi-dieu Robert Parker n’est pas venu, on dit qu’il sera là en mai ou juin. Toutefois, Jean-Luc Thunevin a reçu Antonio Galloni, l’un des plus proches collaborateurs de Robert Parker et du Wine Advocate.  Il y a eu également James Suckling, autre grand nom redouté, du Wine Spectator et du côté français, Jacques Dupont, journaliste spécialisé du Point dont son Guide va tomber le 22 mai…

Déjà certains comme Pontet-Canet n’ont pas attendu le début de la semaine des primeurs pour sortir leur prix de vente (par peur ? ou opération de promotion ?), cette année les prix ne sortiront certainement pas tardivement comme en mai ou juin lors de certains Vinexpos, car ce n’est pas un grand millésime…les Chinois et les Américains semblent se faire tirer l’oreille pour l’acheter.

Regardez le dossier thémathique sur les primeurs réalisé par Jean-Pierre Stahl, Olivier Prax et Didier Bonnet suivi de la chronique de Frédéric Lot.