16 Juin

Focus sur ces vins de marque… des vins présents à Bordeaux Fête le Vin

On ne présente plus « Baron de Lestac »… Un vin de marque de la Maison Castel qui cartonne dans la grande distribution. Un Bordeaux avec des producteurs sélectionnés par le n°1 Français de la distribution de vins. Il sera présent comme d’autres sur les quais pour Bordeaux Fête le Vin.

Franck Crouzet et © Jean-Pierre Stahl

Franck Crouzet et Isabelle Décup, directeur communication et oenologue de Castel © Jean-Pierre Stahl

Les vins de marque, ce sont ces vins, d’entrée de gamme ou de moyenne gamme, élaborés, mis en bouteille et distribué par les gros producteurs et maisons de négoce. Des vins pour lesquelles une attention particulière est faite, qui se sont améliorés au fil des années.

Baron de Lestac, un 100% Bordeaux véritable réussite de la Maison Castel, passant de 100 000 bouteilles au lancement à 10 millions aujourd'hui © JPS

Baron de Lestac, un 100% Bordeaux véritable réussite de la Maison Castel, passant de 100 000 bouteilles au lancement à 10 millions aujourd’hui © JPS

Castel, le groupe n°1 en France, a développé ce créneau depuis près de 30 ans, avec notamment sa marque 100% bordelaise « Baron de Lestac » (anagramme de Castel). 10 millions de bouteilles vendues essentiellement dans la grande distribution et quelques cavistes

On s’est rendu compte dans les années 80 que le consommateur était prêt à avoir des produits type « château », à savoir avec un élevage en barrique, en fût de chêne et c’est là où on a commencé l’histoire du Baron de Lestac », Franck Crouzet directeur communication Castel.

Franck Crouzet

Franck Crouzet, S ébastien Lachaise et

Près de 300 viticulteurs travaillent avec la Maison Castel comme Sébastien Lachaize, partenaire depuis 4 millésimes. Ce vigneron à Aubié et Espessas vend ainsi l’intégralité de sa production de ses 45 ha de vignes.

Merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon, carmenère  petit verdot, ce qui nous permet d’avoir une palette aromatique assez large et de conforter les structures », Sébastien Lachaize vigneron à Aubié et Espessas.

45 ha de vignes pour Lachaize commercialisées avec Castel © JPS

45 ha de vignes pour Lachaize commercialisées avec Castel © JPS

Si le vigneron partenaire s’occupe de la récolte et de la vinification, l’élevage et l’assemblage sont efectués dans les chais de Castel à Blanquefort.

« Castel s’est engagé en amont pour sécuriser la qualité des raisins, la maturité des raisins, le suivi des fermentations. Et puis après, il y a le savoir-faire sur l’assemblage et également le savoir-faire de l’élevage en fûts de chêne. », explique Isabelle Décup, oenologue de Castel.

6 mois d'élevage en barriques dans les chais de Castel à Blanquefort © JPS

6 mois d’élevage en barriques dans les chais de Castel à Blanquefort © JPS

A 4 € en moyenne la bouteille, le  succès de ces vins de marque est incontestable en France mais aussi à l’international. Leur Baron de Lestac est commercialisé dans 50 pays notamment en Europe et en Asie.

Et pour être complet, Castel, propriété familiale de Castel Frères, emploie à ce jour 240 employés sur le site de Blanquefort en Gironde et 2360 pour la partie vins en France. Le groupe possède 20 domaines dans le bordelais dont château Beychevelle en AOC Saint-Julien et 1400 ha de vignobles en France.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Olivier Pallas, suivi de la chronique de Frédéric Lot

15 Mai

Viticulture : petit ou grand, voici deux châteaux qui sont passés en bio et biodynamie…

C’est une tendance qui semble s’accentuer. Depuis 2007 en France, les superficies viticoles en bio ont triplé. En Gironde, les châteaux Bichon Cassignols et Palmer expliquent leur évolution. En Aquitaine, 8 % du vignoble est passé au bio.

du château Bichon-Cassignols à la Brède en Gironde © Jean-Pierre Stahl

Jean-François Lespinasse, du château Bichon-Cassignols à la Brède en Gironde © Jean-Pierre Stahl

L’un est un petit vignoble des Graves à la Brède, l’autre est un 3e cru classé de Margaux dans le Médoc. Tous deux ont franchi le cap. Pourquoi ? C’est ce que Côté Châteaux a essayé de découvrir.

On ne peut pas dire que Jean-François Lespinasse (château Bichon Cassignols) est né de la dernière pluie. Ce vigneron exerce depuis 1981 à la Brède et avec l’aide de son épouse Marie depuis 1982; un vigneron qui pendant des années a mené son exploitation de 12,5 ha de manière conventionnelle, avant de voir de plus en plus d’habitations se construire autour de sa propriété. Une densification due à la proximité de Bordeaux:

Jean-François Lespinasse avec son oienologue Christian

Jean-François Lespinasse, avec son oenologue Christine Chaminade, explique que son vignoble est entouré par 40 maisons © JPS

« Ici on est sur un vignoble qui est sub-urbain, on a plus de 40 maisons qui font le tour…Quand je traitais, il y a quelque temps il y a des enfants qui aimaient bien regarder parce qu’ils aiment beaucoup le tracteur, de même dans les chemins vicinaux sur lesquels parfois des mamans se promènent avec leurs poussettes, et donc c’est un peu le principe de précaution qui s’est imposé », explique-t-il.

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En 1995, il est d’abord passé en agriculture raisonnée, puis s’est occupé du groupe Terra Vitis à partir de 2002, et il est passé en bio en 2008 : « on s’est aperçu de la spécificité de ces produits au niveau de la santé, c’est un principe de précaution qui nous a poussé à ce passage, en plus du fait que le bio intéressait mon épouse. »  « Au début des années 2000, sont apparues les phrases de risques sur les produits de traitement: notamment les notions de CMR, cancérogène, mutagène et pouvant poser des problèmes à la reproduction ».

« Dans l’environnement, je constate une différence, j’ai conscience d’avoir changé de métier par rapport au conventionnel ou à l’agriculture raisonnée, on s’intéresse à la plante par son rapport au sol. En bio, on est dans une démarche où on vit du sol, cette plante va se nourrir de ce que le sol va pouvoir lui donner. Le sol doit être le plus accueillant possible. Dans les années 90, on a pratiqué l’enherbement naturel et puis on est passé dans les engrais verts avec des céréales et du pois fourrager »; « des engrais qui une fois fauchés forment un tapis, se dégradent lentement et rentrent dans la vie du sol »

Chateaux en bio 032Passer en bio demande toutefois un peu plus de travail comme nous l’explique l’oenologue-conseil du château, Christine Chaminade, présente ce jour-là : « on intervient plus souvent de façon pertinente par rapport au conventionnel et avec des produits tout au plus irritants (bouillie bordelaise), de façon à éviter tous les produits cancérigènes et mutagènes. »

Accompagné par la chambre d’Agriculture et le syndicat des vignerons bio d’Aquitaine, il a donc été certifié au bout de 3 ans, son 2011 est donc son premier millésime entièrement bio. Et il ne le regrette pas car il y a de la demande comme il nous l’explique : « je vends 70% en France (40% aux particuliers et 30% aux cavistes) et 30% à l’export. Mes marchés sont la Suède, les Etats-Unis et la Belgique. Mais le marché qu’on a eu en Suède, c’est justement parce qu’on est en bio. » Un marché en plein essor notamment sur le salon Millésime Bio auquel il participe régulièrement.

Château Palmer à Margaux est passé en biodynamie © Jean-Pierre Stahl

Château Palmer à Margaux est passé en biodynamie © Jean-Pierre Stahl

A Margaux, château Palmer, 3e cru classé, a eu une démarche tout d’abord expérimentale. Son directeur, Thomas Duroux, en poste depuis 12 ans, nous explique qu’en 2008 château Palmer a d’abord expérimenté la biodynamie sur 1 hectare « à l’origine c’est tout simplement de la curiosité et après les vendanges 2008, nous avons eu la volonté de comprendre un peu mieux ce que biodynamie voulait dire et nous avons expérimenté sur 1 ha cette conception un peu différente de l’agriculture telle qu’elle avait été exposée dans les années 20 par Rudolf Steiner. »

Progressivement, château Palmer a augmenté la superficie en biodynamie:« on s’est rendu compte que c’était jouable » et le déclic s’est fait avec le millésime 2013 où 66 % du vignoble était conduit en biodynamie: « la partie bio s’en est aussi bien tirée que la partie conventionnelle » précise Thomas Duroux. La décision a alors été prise de tout passer en biodynamie.

 

L'un des chais à barriques de Château Palmer © JPS

L’un des chais à barriques de Château Palmer © JPS

« Dans biodynamie, il y a deux concepts, il y a bio d’abord c’est-à-dire qu’on utilise que des produits naturels pour s’occuper du vignoble, on arrête tout ce qui est issu de l’agro-chimie et on revient quelque part à une technique un peu plus ancienne, et cela ça nous semble être très important pour la pérennité des sols, pour la santé des opérateurs -les vignerons et vigneronnes qui sont dans la vigne- et puis aussi pour les consommateurs ». 

Thomas Duroux, directeur général du château Palmer explique comment son château est passé en biodynamie © JPS

Thomas Duroux, directeur général du château Palmer explique comment son château est passé en biodynamie © JPS

« Et puis dans biodynamie, il y a aussi l’idée de dynamie, c’est l’idée d’organisme agricole, d’une entité, d’une ferme qui fonctionne en harmonie, où tous les éléments se complètent les uns les autres et où on fait appel le moins possible à ce qui vient de l’extérieur. » Thomas Duroux est convaincu que ce mouvement est désormais lancé et conclue « je peux prendre le pari que dans 5 ans ou peut-être un peu plus l’ensemble des crus classés de Bordeaux sera en bio, parceque c’est faisable, c’est pérein, et puis parce que c’est ce que veulent les consommateurs. »

Mais chacun à son rythme, certains ont besoin de mieux sentire les choses, ce qui compte c’est d’arriver au même résultat. »

L’Aquitaine comptait en 2014: 735 producteurs en bio sur 9752 ha de vignes dont 1668 ha en conversion. Cela représente 8 % du vignoble aquitain.

16 Mar

Les Belges et Bordeaux : une histoire d’amour et de passion

Les Belges sont les seconds propriétaires étrangers de châteaux dans le Bordelais après les Chinois: un peu moins de 50 châteaux pour le « Plat Pays » contre 120 pour les Asiatiques. Une histoire d’amour qui ne date pas d’aujourd’hui et qui perdure puisque la Belgique représente le 3e marché à l’export des vins de Bordeaux.

Michel Choquet a acheté le château Lagrange les Tours en 2001 © Jean-Pierre Stahl

Michel Choquet a acheté le château Lagrange les Tours en 2001 © Jean-Pierre Stahl

Les Belges… une histoire d’amour et de passion pour les vins de Bordeaux.

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Les Belges sont de grands amateurs de vins de France et plus particulièrement de Bordeaux, c’est donc une passion, notre famille l’avait aussi depuis plusieurs générations, » Michel Choquet, propriétaire de Lagrange Les Tours.

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Originaire de Namur, Damien Briard aurait pu être brasseur, mais il a préféré être viticulteur. Il venait du même pays que Benoît Poolvoerde, et il connaissait d’ailleurs bien sa maman : « j’allais chercher des sandwichs chez sa mère ». Mais au final, il a suivi des études dans la région de Bordeaux, effectuant un BTS viticulture-oenologie à Montagne Saint-Emilion, puis un diplôme d’onologue à Reims. Il a fait ses premières armes sur de grands domaines en Afrique du Sud et a été régisseur du château Haut-Bacalan à Pessac.

Damien Briard et son épouse devant leur domaine Agape © JPS

Damien Briard et son épouse devant leur domaine Agape © JPS

En 2006, il a acheté son petit bout de vignes 2 ha à Quinsac et a créé sa marque Agape, avant de construire son chai en 2008 (qui ressemble à un séchoir à tabac) puis sa maison en 2009 : « une opportunité car à Quinsac, il n’y a quasiment plus de vigne à acheter. » De 2 ha en 2006, il a réussi à passer aujoud’hui à 7,5 ha.

Damien Briard produit ici du blanc sec en vin de France, mais aussi a planté un cépage corse le vermentino (en vin de France aussi): « le vermentino 2015,on a déjà tout vendu ! », il produit du rosé à base de malbec et en rouge il commercialise en côtes de Bordeaux. Au total  40000 bouteilles par an.

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« Moi j’au beaucoup entendu chez les copains de promotion les parents dire à leurs enfants « vous devez faire comme nous on a fait et comme votre grand-père faisait. L’avantage c’est que nous (Belges) on est un peu ouvert. Et moi j’ai vécu en Afrique du Sud et en afrique en général donc j’ai été ouvert à d’autres cultures. Ainsi, on a planté un cépage corse le vermentino ou le rolle, on a 240 pieds où la on fait une cuvée unique en Gironde et l’idée c’est de faire des produits atypiques à Bordeaux. » Et ça marche car toute sa production se vend en CHR et un restaurant étoilé l’a même référencé.

Parmi les très grands, il y a bien sûr Albert Frère qui a acheté Cheval Blanc, 1er cru classé de Saint-Emilion, en 1998 une très coquette somme avec Bernard Arnault.

Château Malartic-Lagravière acheté par Alfred-Alexandre Bonnie en 1995 © JPS

Château Malartic-Lagravière acheté par Alfred-Alexandre Bonnie en 1995 © JPS

Mais également, Alfred-Alexandre Bonnie, PDG de l’Eau Ecarlate qui a acquis en 1995 Malartic-Lagravière, cru classé de Graves situé dans l’appellation Pessac-Léognan: « 19 hectares à l’époque :15 de rouge et 4 de blanc ». Une jolie affaire qu’il a su bien faire fructifiée puisqu’au jourd’hui « on compte 52 hectares en production. »

Alfred-Alexandre Bonnie, à la tête d'un grand cru classé de Graves © Jean-Pierre Stahl

Alfred-Alexandre Bonnie, à la tête d’un grand cru classé de Graves © Jean-Pierre Stahl

Ca a été un coup de coeur, je vous dirais que du côté de mon épouse ça a été un coup de coeur pour l’endroit (le château) et pour moi ça a été un coup de coeur pour les vignes et pour les vins », Alfred-Alexandre Bonnie, propriétaire du château Malartic-Lagravière.

Bourg et belges 099Et de poursuivre : « Il y avait sans doute plus à faire ici que dans d’autres régions. La Belgique était déjà un grand marché pour Malartic-Lagravière, ce qui tombait bien d’un côté puisqu’on pouvait encore renforcer la position, mais ce qui nous donnait aussi le reste du monde où il fallait appuyer un peu sur l’accélérateur. »

Trois histoires de Belges amoureux de Bordeaux © JPS -CV

Trois histoires de Belges amoureux de Bordeaux © JPS -CV

La Belgique est d’ailleurs le 3e marché à l’export des vins de Bordeaux, avec 224 000 hectolitres.  Un marché même s’il a légèrement baissé, peut-être du aux millésimes plus faibles ces dernières années avant la mise sur marché des 2014 et 2015, demeure un marché traditionnel très important, les Belges restant assez fidèles à Bordeaux;

Séverine Bonnie, épouse de Jean-Jacques et son beau-père Alfred Alexandre Bonnie © Jean-Pierre Stahl

Séverine Bonnie, épouse de Jean-Jacques et son beau-père Alfred Alexandre Bonnie, dans le chai de Malartic-Lagravière © Jean-Pierre Stahl

ainsi Michel Choquet s’apprête à passer le relais à la plus jeune génération:  » ce virus qui sévit beaucoup en Belgique a déjà été transmis à la génération suivante puisque ma fille a choisi de faire des études d’oenologie à Bordeaux, après tout l’avenir appartient aux jeunes générations. Mais qui vivra verra… »

On sent que nos amis Belges ont Bordeaux tatoué dans le coeur. Ces vignerons belges sont tellement fiers de leur production qu’ils écoulent souvent la moitié de celle-ci en Belgique.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Delwarde et Christophe Varone

18 Fév

Madiran, son tannat et son terroir gascon

Madiran est cette appellation atypique, à cheval sur 2 grandes régions, mais aussi sur 3 départements. Une histoire qui remonte aux moines Bénédictins qui ont relancé la vigne dans cette région de Gascogne. Aujourd’hui, ce sont 200 vignerons qui font le Madiran avec notamment le tannat, ce cépage gascon.

Jean-Luc Laplace du château d'Aydie (Jean-Pierre Stahl)

Jean-Luc Laplace du château d’Aydie (Jean-Pierre Stahl)

« Nous sommes à Aydie, quasiment au coeur de l’appellation Madiran, avec un cépage bien à nous, bien gascon, c’est le tannat », c’est ainsi que Jean-Luc Laplace nous présente fièrement son domaine aux pieds des Pyrénées. Et de continuer: « le tannat, c’est le cépage authentique, il est dans la région depuis toujours, il est vraiment acclimaté à notre région, c’est un cépage tardif. Il a besoin d’automne très doux, très long, très ensoleillé. »

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Jean-Luc Laplace et ses 3 frères et soeurs sont la 3e génération de vignerons à exploiter le château d’Aydie. Une exploitation de 55 hectares dont la quasi-totalité de la production 3000 hectolitres est vendue en bouteilles. Ce sont les premiers de l’appellation à avoir effectué cette mise en bouteille dans les annnées 60, ils ont dejà à cette époque voulu miser sur la qualité.

Une belle couleur pourpre,

Une belle couleur pourpre,

Le tannat, c’est donc ce cépage typique gascon qui fait la fierté des vins de Madiran :

Ce tannat a une belle couleur, il a un petit peu ce pourtour de vin violacé et de vin jeune, 2015 c’est une année qui s’annonce très belle, la récolte s’est bien passée, ce sera des vins plutôt ronds », Jean-Luc Laplace du château d’Aydie

Sur les terroirs relativement riches et frais, il donne des vins expressifs et gourmands, jouant sur al mûre ou la cerise, sur des sols plus pauvres, chauds et ensoleillés, des vins puissants et concentrés.

Jean-Luc Laplace et son maître de chai bourguignon © Jean-Pierre Stahl

Jean-Luc Laplace et son maître de chai bourguignon, Mathieu Cothenet © Jean-Pierre Stahl

Le décrêt de l’appellation impose un encépagement de 60 à 80% en Tannat pour obtenir la qualification en AOP Madiran. Les autres cépages qui sont autorisés font partie des Carmenets, originaire du bassin de l’Adour dans les Pyrénées : il y a le Bouchy (ou cabernet franc), le cabernet-sauvignon (2e grand cépage assemblé avec le tannat), enfin le Pinenc (ou Fer Servadou, cépage ancien répandu par les moines bénédictins.)

Le président de l'appellation

Le président de l’appellation Paul Dabadie, Marine Soulard chargée de communication, et Laurent Oustry, directeur de la Maison des Vins à Madiran © Jean-Pierre Stahl

Madiran, c’est cette appellation qui se dit avant tout plantée sur un terroir gascon : une appellation atypique car à cheval sur Aquitaine-Limousin-Poutou- Charente et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Une appellation de 1700 ha sur 3 départements également : Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Gers.

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Madiran tire ses racines dans une histoire très ancienne dont les premières traces remontent à 800 avant JC… Ces sont les moines de Marcilhac puis les Bénédictins qui ont démocratisé ce breuvage. Des Bénédictins qui vont créer le Prieuré de Madiran qui abrite aujourd’hui la Maison des Vins à Madiran (65).

C’était le vin de la cour de Gaston Phoebus, François 1er en parlait comme un vin de seigneurs qui se conservait fort bien, et c’est un vin qui au XVIe et XVIIe siècle remontait l’Adour et était expédié depuis le port de Bayonne vers l’Angeterre et la Hollande », Paul Dabadie, le président de l’appellation Madiran.

Denis Degache, directeur de la Cave Coopérative de Crouseilles © Jean-Pierre Stahl

Denis Degache, directeur de la Cave Coopérative de Crouseilles © Jean-Pierre Stahl

Au plus fort, et avant le phylloxéra, Madiran comptait 5000 ha contre 1700 aujourd’hui. Beaucoup de vignerons sont associés dans la cave coopérative de Crouseilles, créée en 1952, elle a favorisé de nouvelles plantations de vigne : elle rassemble aujourd’hui 120 vignerons sur 650 ha; ici aussi ils donnent toute l’expression de leurs différents terroirs comme l’explique Denis Degache, son directeur:

Ca va des argilo-calcaires, aux argilo-siliceux à gravettes, en passant par les galets roulés, tous ces matériaux proviennent en fait des Pyrénées et se sont déposés ici entre -20 et -2 millions d’années », Denis Degache directeur de la Cave de Crouseilles

enm et cite du vin 084Les vins de Madiran sont élevés au minimum 12 mois dans les chais, et même 3 ans au château d’Aydie, avant d’être mis en bouteille. L’un des plus connus des critiques en vins est aussi le château Montus, propriété d’Alain Brumont, qui n’a pas hésité à communiquer dès les années 80 sur ces grands vins de Madiran.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Palscal Lécuyer, Sarah Paulin et Thierry Culnaert

 

21 Jan

Les consultants en vin : une expertise et une signature qui valent de l’or

Les consultants en vins sont en passe de devenir des stars du monde du vin. Leur expertise et leur signature leur confèrent une réputation qui fait jaser sur la planète vin. Ceux-ont gardent la tête froide mais continuent à afficher de plus en plus de clients… Consultants en vin un regard divin, voici le nouveau dossier ce mois-ci du rendez-vous mensuel  « Vigne et Vin » de France 3 Aquitaine et de Côté Châteaux.

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Murielle Andraud, Athanase Fakorellis, Jean-Luc Thunevin et Rémi Dalmasso © Jean-Pierre Stahl

Notre enquête nous emmène du côté de Saint-Emilion où nous avons rencontré les Thunevin, les propriétaires de château Valandraud, 1er cru classé de Saint-Emilion.

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En ce petit matin de janvier, Murielle Andraud et Jean-Luc Thunevin ont rendez-vous dans leur célèbre « garage » (cf les concepteurs des vins de garage) avec leur ami grec Athanase Fakorellis, oenologue consultant spécialiste des grands blancs, et leur maître de chai, Rémi Dalmasso.

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C’est le moment de déguster tous ensemble leurs échantillons de sémillon, de sauvignon blanc et sauvignon gris du millésime 2015, élevés séparément en barriques pour réaliser les assemblages. L’objectif est de faire 3000 bouteilles de 1er vin de château Valandraud, 15000 de second vin Virginie de Valandraud. Des vins que l’on va retrouver à la carte du célèbre restaurant La Tour d’Argent à Paris.

Atanase Fakorelis, consultant pour les blancs de château Valandraud © Jean-Pierre Stahl

Athanase Fakorelis, consultant pour les blancs de château Valandraud © Jean-Pierre Stahl

Depuis 2003, c’est « Thanos », le sobriquet d’Atanase Fakorelis, qui est consultant pour Valandraud pour les blancs (Michel Rolland pour les rouges). Athanase Fakorellis est sans doute moins connu que Michel Rolland, Hubert de Bouard, Eric Boissonnot ou encore Stéphane Derenoncourt, mais c’est « une pointure » dans les blancs, une oenologue réputé et recherché qui s’est fait un nom en Grèce puis en Bourgogne, avant d’officier dans le Bordelais.

Ainsi sa réputation commence en Grèce avec les vins des Dieux, avant de se faire un nom dans les grands blancs en Bourgogne chez Olivier Leflaive, travaillant pour les Hospices de Beaune, puis dans le Bordelais chez Fourcas Hostens ou à Malartic-Lagravière pour le compte de la famille Bonnie…

Pour la plupart des propriétaires qui sont dans l’élaboration de produits de compétition, de luxe, de crus classés, presque tous font appel à des consultants extérieurs, ces gens apportent leur savoir et leur crédibilité », Jean-Luc Thunevin propriétaire de château Valandraud

Stéphane Derenoncourt n° 24 des personnalités du vin © JPS

Stéphane Derenoncourt n° 24 des personnalités du vin © JPS

De plus en plus de propriétés font appel à ces consultants, certains sont oenologues d’autres se sont fait tout seuls comme Stéphane Derenoncourt qui a monté un cabinet de consulting à Sainte-Colombe, il conseille avec ses 12 collaborateurs 120 propriétés dans 17 pays : c’est le 1er des consultants à figurer en 24e position du classement des 200 personnalités du vin en 2015 par la Revue du Vin de France.

Oenoteam à Libourne © Jean-Pierre Stahl

Oenoteam à Libourne © Jean-Pierre Stahl

Chez Oenoteam, ce sont 3 oenologues qui se sont associés, Thomas Duclos, Julien Belle et Stéphane Toutoundji, pour apporter leurs conseils et expertises .à 300 propriétés à ce jour.

Stéphane Toutoundji, oenologue consultant, et David Liorit du château Petit Val © Jean-Pierre Stahl

Stéphane Toutoundji, oenologue consultant, et David Liorit du château Petit Val © Jean-Pierre Stahl

Ce matin-là, Stéphane Toutoundji déguste les échantillons de rouge du millésime 2015 apportés par David Liorit, directeur d’exploitation du château Petit Val en Saint-Emilion Grand Cru… Des vins provenant d’un petit domaine de 6 ha, vinifiés en barriques de 400 litres, , des vins « haut de gamme », très stylés, sur des terroirs argileux et argilo-calcaires typiques de Saint-Emilion.

« Ce sont des vins très équilibrés, très purs, suaves, très sexys, un fruité remarquable avec des notes et des densités de fruits que l’on a pas souvent sur Bordeaux », explique Stéphane Toutoundji consultant à propos des échantillons de 2015.

Stéphane Toutoundji et David Liorit en plein assemblage © Jean-Pierre Stahl

Stéphane Toutoundji et David Liorit en plein assemblage © Jean-Pierre Stahl

Et de réaliser ces assemblages qui font la spécificité des vins de Bordeaux à partir des cépages merlot, cabernet-sauvignon, cabernet franc et petit verdot…

« En fait, on peut jouer sur toute la palette aromatique et structurelle du vin pour faire un vin des fois plus tannique, des fois plus fruité, pour arriver à faire le produit idéal, pour arriver à faire ce que le client veut et ce qui correspond le mieux au marché. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet et Bertrand Servant

Regardez l’analyse de Frédéric Lot dans le 12/13 :

10 Déc

Repas de fêtes : quel verre pour quel vin ?

Un casse-tête, un dilemme, une interrogation à  chaque préparation de repas de fêtes. Côté châteaux a tenté d’y répondre avec Alexandre Morin, sommelier ambassadeur du Chapon Fin à Bordeaux. Voici de bons tuyaux pour choisir le bon verre. Alexandre Morin est l’invité de parole d’expert de ce mois-ci.

Alexandre Morin, sommelier ambassadeur au Chapon Fin © Jean-Pierre Stahl

Alexandre Morin, sommelier ambassadeur au Chapon Fin © Jean-Pierre Stahl

Sur les tables des fêtes de fin d’année, le choix des verres est primordial. Il s’agit de ne pas se louper… Le choix est vaste, des verres anciens en cristal que l’on peut sortir du vaissellier de famille, aux verres plus récents composés en oxyde de silice que l’on retrouve en ce moment chez tous les cavistes qui se respectent…

Verres anciens de la célèbre cristallerie Saint-Louis © JPS

Verres anciens de la célèbre cristallerie Saint-Louis © JPS

Si les verres anciens font toujours le meilleur effet entre de beaux verres Saint-Louis ou Baccarat, les verres plus récents ont tout de même les faveurs des chefs sommeliers pour leur atouts olfactifs.

Sommelier et Cité du Vin 009Alexandre Morin, sommelier-ambassadeur du Chapon Fin à Bordeaux, nous confirme qu’au nez les verres plus récents sont mieux adaptés, c’est ainsi que la coupe (et notamment la belle champenoise) a été supplantée par des formes beaucoup plus élancées pour le Champagne : « tout d’abord ici, vous avez une flûte très droite, très intéressante pour les champagnes non millésimés, juste-là vous avez une forme un peu plus évasée qui sera très intéressante pour les champagnes millésimés qui ont besoin d’un peu plus d’oxygénation et à côté un verre qui peut être intéressant pour les cuvées de prestiges. »

Trois formes différentes pour les vins blancs © JPS

Trois formes différentes pour les vins blancs © JPS

Le verre va influencer le jugement sur le vin comme pour les vins blancs également, il doit jouer un rôle révélateur d’arômes.

Sommelier et Cité du Vin 016« Sur ce type de verres, typés « riesling » ou « sauvignons blanc »ou typés vins blancs très aromatiques, on va favoriser des verres qui sont de forme tulipes, l’idée c’est vraiment de concentrer le potentiel aromatique des vins grâce à un buvant supérieur assez resserré. Contrairement à celui-ci qui est typé Montrachet pour les grands « chardonnay » qui ont un grand potentiel aromatique plus riche plus complexes et moins sensibles à l’oxydation ».

Outre les arômes au nez, la forme du verre évasée, resserré ou ovoïde va aussi avoir son influence avec la perception du vin sur la langue.

Deux verres aux formes opposées pour le Bordeaux et le Bourgogne © JPS

Deux verres aux formes opposées pour le Bordeaux et le Bourgogne © JPS

Avec un verre plûtôt allongé de Bordeaux, « le mouvement que vous allez faire comme ceci, vous allez vraiment recevoir le vin sur le milieu de bouche et non pas sur la base de la langue, la base de la langue c’est vraiment où se concentre toutes les amertumes, tout le végétal du vin. Là le milieu de bouche va nous permettre de pouvoir apprécier l’ensemble structurel du vin.

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« Sur ce type de verre de pinot noir de Bourgogne, qui théoriquement donne des vins qui sont plus acides, plus vifs, plus minéraux, le fait d’avoir cette forme va nous permettre de pencher la tête davantage et de recevoir le vin sur la pointe de la langue, ce qui va favoriser la sucrosité et équilibrer finalement les vins. »

Et pour ceux qui n’auraient pas forcément le budget pour s’offrir tout cet éventail ou toute la panoplie pour Noël, vous pouvez avoir recours à un type de verre passe-partout selon Alexandre Morin chef sommelier : « l’idéal, c’est d’avoir un verre transparent, à pied évidemment, avec le cicale assez large, pour pouvoir faire tourner le vin dans le verre, le haut resserré pour concentrer les arômes au nez et enfin le plus léger possible. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Christophe Varone :

11 Nov

Ventes de vin sur internet : ça explose !

Le e-business du vin est en plein boom. Depuis moins de 10 ans, les sites fleurissent un peu partout sur la toile. « Millésima », « la Vinothèque » et « 12 bouteilles.com », que nous avons rencontrés, témoignent d’une vitalité à faire pâlir le commerce traditionnel.

L'équipe de "12 bouteilles.com" avec Brigitte Carret à gauche et Nicolas Capeyron à droite © Jean-Pierre Stahl

L’équipe de « 12 bouteilles.com » avec Brigitte Carret à gauche et Nicolas Capeyron à droite © Jean-Pierre Stahl

Dans le négoce du vin depuis 1996 avec Bord’O Vins Fins, Nicolas Capeyron rejoint par Brigitte Carret en 2004 ont créé « 12bouteilles.com » en 2012. Un site qui décolle vraiment depuis un peu plus d’un an et qui propose 443 références de vins et 12 de champagnes.

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Le concept est plutôt original et branché : ils proposent un carton de 12 bouteilles que l’on peut panacher à sa guise, selon ses goûts et fonction de son budget. Pour ceux qui n’auraient pas trop d’idées, le site « 12 bouteilles.com » propose aussi des formules toutes faites, des cartons de saison ou des cartons de rosés, ou encore des cartons marrants comme le package du gendre idéal intitulé « Merde, mes beaux-parents viennent dîner »

Ce qui nous intéresse, c’est que l’internaute choisissent des vins différents, qui correspondent à ses goûts et qu’il consomme, des vins prêts à boire », Nicolas Capeyron de 12 bouteilles.com

Nicolas Capeyron et "12 bouteilles.com" en plein coeur de Bordeau cour du XXX Juillet © JPS

Nicolas Capeyron et « 12 bouteilles.com » en plein coeur de Bordeau cour du XXX Juillet © JPS

Le prix moyen que met le consommateur : 360 euros pour le carton de 12, il existe aussi des cartons de 6 (180 en moyenne) avec des vins pour se faire plaisir, de bonne qualité, les classes moyennes ou supérieures en redemandent paraît-il:

« Vraiment, nos clients sont à Paris, car ils habitent tous dans des appartements, ils n’ont pas la possibilité de mettre leurs vins dans des caves comme on a à Bordeaux », explique Brigitte Carret co-fondatrice du site avec Nicolas Capeyron. Evidemment leur concept s’adresse à tout le monde, et pas uniquement aux Parisiens, il font aussi un « carton » dans le sud-est de la France.

Fabrice Bernard, directeur général délégué chez Millesima © Jean-Pierre Stahl

Fabrice Bernard, directeur général délégué chez Millesima © Jean-Pierre Stahl

Parmi les pionniers de la vente à distance, bien sûr il y a Millésima« Tout a démarré avec le minitel » avec l’enseigne qui s’appelait Vins des Grands Vignobles, « cela représentait 10% du chiffre d’affaire », rappelle Fabrice Bernard, fils de Patrick et descendant du fondateur Lucien Bernard, qui a débuté quai de Paludate à Bordeaux comme distillateur, éleveur et négociant de Brandy pur vin à Bordeaux.

Aujourd’hui les ventes sur internet, c’est 85 % de notre chiffre d’affaire… Sachant qu’aujourd’hui, nous avons une croissance de 15% par an, donc 15% de croissance par an depuis 7 ans, on est plutôt fier de cela », Fabrice Bernard directeur général délégué chez Millésima

vin et internet 014Les caisses sont garanties en provenance directe de la propriété au chai. Une traçabilité qui continue ensuite du chai quai de Paludate vers le consommateur qui commande derrière son écran d’ordinateur.

Millésima commercialise ainsi 40 % en France et 60 % à l’export, aujourd’hui cette grosse maison de négoce bordelaise (18 millions de chiffre d’affaire) distribue ses caisses dans 102 pays dans le monde: ses principaux clients se trouvent en Allemagne, en Suisse, aux Etats-Unis, en Belgique, à Hong-Kong, en Grande-Bretagne, Italie, Autriche…

Un site bien alimenté en informations sur chaque bouteille et chaque domaine, avec également 750 vidéos sur les propriétés © Jean-Pierre Stahl

Un site bien alimenté en informations sur chaque bouteille et chaque domaine, avec également 750 vidéos sur les propriétés © Jean-Pierre Stahl

Fabrice Bernard explique: « Là, par exemple, c’est une palette qui va partir pour Hong-Kong… On va rajouter dessus une couverture thermique, un carton assez épais, et des bandes de sécurisation pour être sûr que la palette ne soit pas ouverte. C’est extrêment important qu’une caisse de vin n’ait pas de trop fort choc thermique, avec une couverture thermique, un carton et un véhicule et un chai climatisés à la réception on enlève tous ces problèmes-là. »

Les commandes de bouteilles concernent à 66 % des vins de Bordeaux, 14 % du Champagne, 10% du Bourgogne, puis de la vallée du Rhône ou d’Italie.

Fabrice Bernard et sa vache fétiche de la Cow Parade à Bordeaux, mascotte de la Bibliothèque Impériale © Jean-Pierre Stahl

Fabrice Bernard et sa vache fétiche de la Cow Parade à Bordeaux, mascotte de la Bibliothèque Impériale © Jean-Pierre Stahl

Et de donner quelques ficelles qui font aujourd’hui le succès de ce site avec plus de 100 000 likes sur Facebook :

« Un site, il a besoin d’être rassurant, ce qu’il faut savoir c’est que  60 % des personnes qui vont sur un site internet marchand viennent chercher de l’information donc avant de vendre il faut pouvoir informer nos clients », avec notamment 750 videos postés, et puis pour le site il est important de sortir parmi les premières recherches effectuées : « si t’es pas référencé dans les 5 premiers sur internet, c’est mort »

2,5 millions de bouteilles dans les chais de Millésima dont les plus grands noms de Bordeaux © JPS

2,5 millions de bouteilles dans les chais de Millésima dont les plus grands noms de Bordeaux © JPS

Avec 2,5 millions de bouteilles dans ses chais, Millésiama est devenu l’un des leaders mondiaux de vente sur internet. Un affaire qui marche si bien que ce négociant bordelais s’apprêt à construire un nouveau chai robotisé.

Guillaume Cottin, le Président de la Vinothèque de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Guillaume Cottin, le Président de la Vinothèque de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Des sites qui ont une véritable identité et aussi pignon sur rue, c’est ce que recherche l’acheteur potentiel. La Vinothèque de Bordeaux, enseigne reconnue comme l’un des plus vieux cavistes cour du XXX Juillet à Bordeaux, près du Grand Théâtre, s’est lancé en 2009 dans la vente en ligne.

Des noms de châteaux prestigieux disponibles mais aussi de bonnes affaires © JPS

Des noms de châteaux prestigieux disponibles mais aussi de bonnes affaires © JPS

Noémie Lavigne, directrice commerciale et marketing de la Vinothèque explique comment leur site attire et fidélise :« toutes les semaines, on essaie de varier les promotions, les thèmes, actuellement on est sur les seconds vins du millésime 2012; on rebondit sur l’actualité, on a aussi des sorties comme le château Yquem 2013 que les clients attendaient, il y a un enthousasme des internautes. Le choix est très large, la concurrence est assez féroce, il faut agir le prix c’est le levier qu’on a pour intéresser le client. »

Noémie Lavigne, directrice commerciale et marketing de la Vinothèque © JPS

Noémie Lavigne, directrice commerciale et marketing de la Vinothèque © JPS

Guillaume Cottin, Président de la Vinothèque, confirme cet engouement: « Internet aujourd’hui représente 40% des vins livrables et 90% des ventes en primeurs. Ca a permis de faire évoluer le magasin et d’avoir plus de références de vins, on s’est développé sur d’autres régions sur internet… »C’est un projet d’avenir car un magasin est limité dans le temps et dans l’espace alors qu’internet est sans limite. » Le nombre de sites de vente de vins serait aujourd’hui de plus de 300 en France.

Pour être tout-à-fait complet, on ne peut pas faire l’impasse sur l’échec cuisant, pour ne pas qualifier d’arnaque (la justice le dira), du site 1855.com. 11 000  clients s’estiment lésés avec un préjudice estimé à 40 millions d’euros. Même la famille Bettencourt-Meyers avait investi dans cette aventure qui aussi avait eu une expérience malheureuse en bourse. Des déboires qui ont fait du mal et jeté le doute sur la sécurisation des achats en ligne. Fort heureusement, les moutons noirs ne sont finalement que très peu. Côté Châteaux a voulu mettre l’accent sur ces sites en ligne qui affichent une bonne santé et donnent de nombreux gages de sécurité des transactions.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax suivi de la chronique de Frédéric Lot :

17 Sep

L’augmentation du degré d’alcool dans le vin : un phénomène qui s’accentue ?

Avec le réchauffement climatique et cet été particulièrement chaud, l’augmentation de sucres dans les raisins devrait conduire à avoir cette année encore des vins qui dépassent allègrement les 13° ou 13,5° d’alcool. Une augmentation vécue depuis plusieurs années qui est aussi due au travail sur la vigne et à la recherche d’une maturité phénolique… Explications avec des experts de sur ce phénomène qui peut être maîtrisé.

Vincent Cruège, directeur oenologue des vignobles André Lurton, regarde le taux indicatif avec son ©

Vincent Cruège, directeur oenologue des vignobles André Lurton, regarde le degré potentiel de sucres avec son réfractomètre © JPS

A l’heure des vendanges, au château Rochemorin à Martillac en Gironde, Vincent Cruège analyse ses grains de merlot avec son réfractomètre : »Cette année, on risque d’avoir des degrés alcooliques supérieurs à la moyenne des 10 ou 20 dernières années. Pourquoi un peu plus d’alcool ? Parce qu’un peu plus de sucre. Et pourquoi un peu plus de sucre ? Parce qu’on a des pratiques culturales et des maturités de plus en plus homogènes et meilleures. »

Le merlot est le cépage le plus fragile avec le réchauffement © JPS

Le merlot est le cépage le plus fragile avec le réchauffement © JPS

« On a surtout cherché le goût. On ne veut pas avoir de surmaturité. On recherche des arômes de fruits frais, de fruits rouges comme le cassis et la framboise (pour le merlot) qu’on aime bien et qu’on mariera avec d’autres cépages. »

Sur cette parcelle, on attend un degré potentiel autour de 14 pour du merlot très précoce, sur un terroir de graves chaudes. Mais au final tant à la Louvière qu’à Rochemorin, on va avoir un assemblage de 30 vins ce qui va ramener le degré définitif aux alentours de 13,5. » Vincent Cruège.

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Au chai, on peut agir sur le choix des levures pour réduire quelque peu le degré d’alcool final dans le vin © JPS

Une fois la vendange au chai, et les grains éraflés, le travail de vinification va pouvoir s’opérer. Le lendemain de la rentrée de vendange dans la cuve, les levures vont pouvoir agir au niveau de la fermentation et de la transformation du sucre en alcool: « on peut choisir nos souches de levures, des levures moindres rendements qui prendront plus de sucres et produiront moins d’alcool, » explique encore Vincent Cruège.

Le professeur Serge Delrot dans les locaux de l'ISVV © jps

Le professeur Serge Delrot dans les locaux de l’ISVV © jps

A l’Institut Supérieur de la Vigne et du Vin comme à l’INRA à Villenave d’Ornon, Serge Delrot directeur du laboratoire d’écophysiologie et de génomique fonctionnelle de la vigne travaille avec ses équipes à comprendre comment limiter ce taux de sucre dans la vigne:  » on peut agir par des opérations culturales et on peut aussi agir au niveau des porte-greffes, puisque les porte-greffes vont contrôler le développement végétatif de la vigne, de la feuille, c’est ce qu’on appelle la vigueur conférée…et on donc on a a plusieurs leviers d’actions possibles par des actions culturales et on on travaille aussi sur la compréhension génétique du transport des sucres. » Car c’est la hausse de température et du dioxyde de carbone qui participe au développement de la photosynthèse et de la fabrication de sucres.

Le laboratoire de Dany et Michel Rolland à Catusseau (Pomerol) © JPS

Le laboratoire de Dany et Michel Rolland à Catusseau (Pomerol) © JPS

Dans son laboratoire de Catusseau-Pomerol (ancien labo de Jean Chevrier) Dany Rolland ( qui conseille avec ses équipes et son célèbre mari Michel 250 châteaux dans le monde dont 150 à Bordeaux), nous confirme que ce qui est recherché c’est la maturité phénollique. Ici comme à Bordeaux depuis la fin des années 90 avec des recherches menées en collaboratoion avec le CIVB, on s’est rendu compte qu’il importait de surveiller la maturité phénollique, qui correspond aux taux optimaux de polyphénols (tanins et antocyanes) : « c’est cette fichue maturité de la peau et du goût des pépins qui nous importe…Dans les rouges, les peaux c’est primordial. Il y a un petit décalage avec ce qui se faisait autrefois où quand un moût arrivait à 13, on le ramassait car on disait il est mûr. »

Dany et Michel Rolland, dégustant un 2012 © JPS

Dany et Michel Rolland, dégustant un 2012 © JPS

Michel Rolland qui en est à ses 43e vendanges, a une sensibilité gustative développée pour déterminer si les baies de raisin des châteaux qui lui sont soumises sont suffisamment matures: « les peaux sont fermes, ça a beau de goût, les pépins sont fermes, la semaine prochaine c’est sans problème » (pour les vendanges).

Le grand oenologue entrain de goûter les merlots de Pomerol © JPS

Le grand oenologue entrain de goûter les merlots de Pomerol © JPS

Et le maestro de rappeler ce temps où on chaptalisait allègrement à Bordeaux (jusque dans les années 90): « il faut quand même se rappeler que dans les années 70, ce sont des trains complets de sucre qui arrivaient en gare de Libourne pour chaptaliser les vins de la région…bon alors ça, on ne s’en rappelle plus ! Et maintenant, on focalise sur l’alcool. Alors   c’est vrai que par le travail au vignoble, par les effeuillages mais l’augmentation de feuillage aussi, on a gagné en alcool… »

14,5 ou 13,5 des degrés que l'on retrouve désormais dans les vins de Bordeaux © JPS

14,5 ou 13,5 des degrés que l’on retrouve désormais dans les vins de Bordeaux © JPS

Et de confier: « je ne regarde pas les degrés, je ne regarde même pas la quantité de sucre, je goûte, quand c’est bon je vendange, si ça fait 14,5 ça fera 14,5, si ça fait que 12,5 ça ne ne fera que 12,5 ! »

Lui aussi préfère privilégier la maturité des raisins qui aujourd’hui font les grands vins, des vins certes un peu plus alcoolisés qu’il y a 30 ans mais qui se goûtent aussi bien. Peut-être faut-il en boire en quantité raisonnable…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Delwarde, Charles Rabréaud
suivi de la chronique mensuelle de Frédéric Lot

 

24 Juin

C’est la couleur et la grande tendance de l’été : le rosé… et en prime, le Bordeaux Rosé !

Petits et grands producteurs de Bordeaux, tous se sont mis à la mode « rosé ». En 10 ans, la production à Bordeaux a plus que doublé, pour répondre à une consommation de plus en plus importante. Une mode tirée par les étudiants, jeunes actifs et les femmes. Le rosé représente 30% de la consommation de vin en France.

Preuve que c’est une tendance lourde du marché, les plus grands châteaux de Bordeaux font de plus en plus de rosé, comme Giscours,  Haut-Bailly, Domaine de Chevalier et La Solitude… Adrien Bernard du Domaine de la Solitude confie en effet: « On s’est repris de passion pour ces rosés depuis le millésime 2009, on s’est dit qu’on allait chercher cette fraîcheur, ce côté plaisir qu’on peut retrouver dans ces vins. »

Hugo et Adrien Bernard au Domaine de la Solitude © Jean-Pierre stahl

Hugo et Adrien Bernard au Domaine de la Solitude © Jean-Pierre stahl

Deux techniques s’offrent à ces viticulteurs, soit faire un rosé de presse (les raisins sont prssés directement après la vendange, le coloration du jus est plûtôt délicate due au temps réduit entre le contact de la peau des raisins et du jus), soit un rosé de saignée (les peaux des raisins et le jus sont laissés macérér plusieurs heures ou jours ensemble et plus la macération est longue, plus la couleur sera foncée).

Hugo Bernard: « nous, on fait un rosé de saignée. Au moment de la fermentation des rouges, on a le marc, toute la partie de la peau qui donne la couleur aux rouges, avec le jus qui est au dessus. Ce jus, on va le saigner, c’est à dire l’enlever de la cuve. Si on le saigne un peu tôt, on a un rosé clair mais qui est un vrai vin car on a de la structure. »

A Beychac-et-Caillau, Arnaud Burliga explique « on produisait surtout du clairet« . Mais depuis 2011, c’est surtout du rosé de Bordeaux sous la marque château Paulin. De 150 hectolitres la première année, il est passé à 430 hectolitres: « je ne le considère pas comme un sous-produit du rouge, ce sont vraiment des produits techniques qui s’apprécient à l’apéritif. »

Et au détour de terrasses, comme au restaurant le « Mirefleurs » au bord de l’aérodrôme d’Yvrac, il fait déguster son rosé : « c’est fait à Beychac, juste à côté d’ici, avec du merlot et du cabernet sauvignon principalement. »

Arnaud Burliga faisant déguster sa production, notamment à Daphnée de Bordeaux © JPS

Arnaud Burliga faisant déguster sa production, notamment à Daphnée de Bordeaux © JPS

Daphnée de Bordeaux apprécie et précise ses habitudes de consommation : « Quand il y a les grosses chaleurs et que le soleil est présent, avec des amis ou de fin de journée… A l’apéro, c’est synonyme de détente ! »

En 2011, on a fait 20 000  bouteilles , cette année on a fait 70 000 bouteilles, soit plus de 300 % d’augmentation. La tendance actuelle pour les jeunes, assez fraîche et à l’apéritif est en augmentation et en essor constants partout en France. » Arnaud Burliga château Paulin

« La consommation cette année est de 260 000 hectolitres alors qu’en 2004 nous ne produisions que 120 000 hectolitres de Bordeaux Rosé, » confirme Hervé Grandeau du Syndifcat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Et d’ajouter: « C’est une progression considérable avec comme une catégorie de consommateurs jeunes comme les 20-35 ans et notamment les jeunes femmes qui ont un regard accru sur les rosés. »

Nous surfons sur une vague de consommation de rosé sans précédent en France ! », Hervé Grandeau Président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

Luc Plissonneau, Hervé Grandeau, Laurent Marty et Allan Sichel président Union des Maisons de Négoce © JPS

Luc Plissonneau, Hervé Grandeau, Laurent Marty et Allan Sichel président Union des Maisons de Négoce membres du jury du concours Bordeaux Rosé, l’autre Rosé © JPS

Le syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur est sur tous les fronts et essaie de concurrencer son grand frère: le « rosé de Provence« . C’est ainsi qu’il met en avant son slogan « Bordeaux Rosé, l’autre rosé » lors de campagne orchestrée sur les différents supports et les radios durant l’été.

700 participants pour cette 4e concours Bordeaux Rosé © JPS

700 participants pour cette 4e concours Bordeaux Rosé © JPS

Il a aussi organisé depuis l’automne et jusqu’au printemps un vaste concours avec 35 écoles de Bordeaux, Rennes, Paris et Toulouse. Au total, 700 étudiants ont participé à une réflexion autour des nouveaux moyens de communication pour mettre en avant les Bordeaux Rosé.

Un phénomène de mode qui semble s’ancrer dans le paysage vinicole français au point que des viticulteurs diminuent leurs productions de rouge ou de clairet pour se focaliser sur le rosé.

Attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl suivi de la chronique Vin & Vigne de Frédéric Lot

26 Mai

Saussignac, une petite appellation de liquoreux qui mérite le détour…

Saussignac est certainement l’une des plus intimistes des appellations de Bergerac, elle est située dans le Périgord Pourpre entre Bordeaux et Sarlat. Une appellation de liquoreux qui vise l’excellence avec un cahier des charges contraignant  et un degré de ramassage de minimum 17°

Olivier et Mireille Roches du château le Tap © Jean-Pierre Stahl

Olivier et Mireille Roches du château le Tap © Jean-Pierre Stahl

Ils ne sont que 30 vignerons à produire environ 400 hectolitres à l’année de ce vin liquoreux sur 30 hectares.

Olivier Roches, propriétaire depuis 2001 du château le Tap à Saussignac (12 ha) est le nouveau président de l’appellation. Il a succédé à l’anglais Richard Doughty de château Richard: « c’est une appellation élitiste de liquoreux. On est une trentaine de vignerons à en faire »Et Olivier Roches d’ajouter : « Saussignac, c’est une petite appellation, dont le nouveau cahier des charges a été validé en 2005. Des liquoreux avec une belle fraîcheur et une belle acidité, qui se ramasse à minimum 17°. Il n’est pas rare d’en trouver à 20-22°en degrés de ramassage. C’est des vins « plaisir ! On peut les apprécier en apéritif, ou sur du foie gras ou bien sûr sur des desserts. »  

Il fait partager sa passion avec son épouse Mireille en recevant les vacanciers au château le Tap et en leur faisant déguster leur Saussignac et d’autres vins de Bergerac dans leur chai ou dans les 2 gîtes qu’ils tiennent « le petit chai » et « le grand chai » , ce dernier restauré en matériaux écologiques.

Parmi les figures de l’appellation, il y a aussi Pascal Cuisset. Impossible de louper ce beau gabarit qui est par ailleurs est l’un des piliers de la Bamdas officielle des vins de Bergerac avec son tuba: In Vino Veritas.

Pascal Cuisset et Richard Craven, l'entente cordiale entre la France viticole et la Grande-Bretagne qui déguste © JPS

Pascal Cuisset et Richard Craven, l’entente cordiale entre la France viticole et la Grande-Bretagne qui déguste © JPS

Pascal Cuisset ne paie pas de mine mais il est certainement l’un des plus connus à l’étranger: dans sa salle de dégustation trône fièrement un tableau du Prince Charles, grand amateur de liquoreux et notamment du château des Eyssards en Saussignac. Il y a d’ailleurs un British, Richard Craven (en Dordogne depuis 15 ans) que l’on croise, il est venu se ravitailler en blanc de Bergerac et s’exclame: « oh, le Prince de Galles. Le Prince Charles appriciate les vins de cette région beaucoup ! »

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Pascal Cuisset exporte pas moins de 80% dont 100000 bouteilles au Japon. Mais il fait  surtout ses volumes avec les autres vins de Bergerac: « le marché des liquoreux est un petit marché et les productions restent aléatoires en raison des événements climatiques, donc on peut certaines années réussir et certaines années tout perdre (il avait été grêlé au soir du 2e jour de vendanges fin septembre 2013). Donc on ne peut pas jouer que sur une couleur comme le Saussignac. C’est vrai que les volumes on les fait surtout avec du Bergerac sec et on travaille essentiellement le sauvignon blanc. »

Les plus gros volumes sont encore réalisés par la cave coopérative de Sigoulès. Avec ses 94 adhérents, les Vignerons de Sigoules viennent d’investir dans cette cuverie de vinification en rouge et en blanc. Quant au Saussignac, cela ne représente pour eux que 200 à 300 hectolitres par an à rapporter à leurs 50000 hectolitres produits au total sur 880 ha.

Lionel Candeau, le maître de chai explique toutefois l’importance du Saussignac pour leur cave: « c’est vrai que c’est un peu le paradoxe, on produit 50000 hectolitres de vins dont une toute petite part de Saussignac, mais c’est une part importante, un produit de niche que l’on veut développer. »

Nul doute que ce nectar d’une grande qualité, déjà en bonne place chez les cavistes et les particuliers, trouvera des débouchés dans la grande distribution et se fera une renommée internationale, avec ce nom tellement rigolo à entendre dans la bouche des anglais…