26 Août

Le Sang de la Vigne : crise aïgue dans les Graves

Le tournage d’un nouvel épisode du Sang de la Vigne avec Pierre Arditi se déroule en Gironde actuellement et jusqu’au 16 septembre 2016. Il s’agit de l’épisode 22 intitulé « Crise aigüe dans les Graves ». Le Sang de la Vigne est la série à succès sur France 3 à mi-chemin entre le polar et le patrimoine bien français viti-vinicole.

Pierre Arditi © Le Sang de la Vigne-France 3

Pierre Arditi © Le Sang de la Vigne-France 3

On ne présente plus Pierre Arditi, l’un des monuments du cinéma français, un château Yquem à lui tout seul, savoureux et sucré juste ce qu’il faut avec sa voix grave, suave… Eh bien, il est de retour dans les Graves pour tourner un nouvel épisode de la série à succès où il interprète le rôle d’un oenologue, qui a à la fois du nez et du flair.

Cette fois-ci « Benjamin Lebel » (du nom de son personnage) accepte la proposition de Georges Gimonprez, un important négociant bordelais, autour d’un projet d’implantation d’un domaine viticole en Chine (c’est la mode !). Benjamin est séduit par la personnalité de Georges, un autodidacte qui s’est révélé au fil des années comme un amoureux du vin, fin dégustateur et excellent vigneron. Pourtant peu lui reconnaissent ses talents …

Mais Georges décède brutalement d’une crise cardiaque. L’homme aurait été empoisonné au cours de dégustations d’échantillons de vins.

Avec l’aide de Mathilde et Silvère, ses nouveaux associés, Benjamin s’immerge dans les méandres du groupe « G.G », au sein duquel collaborent la sœur et le neveu du défunt, Hélène et Aymeric Cardonet, directeur général de la société. Roxane, la belle et mystérieuse veuve de Gimonprez, est quant à elle peu affectée par la disparition de son mari.

D’après le roman de Jean-Pierre ALAUX et Noël BALEN (Éditions Fayard) Réalisateur : Marc RIVIERE Scénario : Christiane LEBRIMA, Marc ROUX Dialogues : Christiane LEBRIMA Produit par Lissa PILLU Directeur de production : Mathias HERMAN Une production TÉLÉCIP, avec la participation de France 3, de 13ème RUE, de la RTS.

19 Août

Millésime 2016 : des vendanges prometteuses et « un peu tardives » à Bordeaux

A un peu plus de quinze jours des premières vendanges en blanc, et plus d’un mois de celles en rouge, Bordeaux semble tirer son épingle du jeu. La récolte s’annonce de bonne facture si les intempéries ne faussent pas les cartes. Au château le Sèpe, en AOC Bordeaux et Entre-Deux-Mers, comme au Couvent des Jacobins, cru classé de Saint-Emilion, le 2016 s’annonce sous les meilleurs auspices…(qui a dit de Beaune ?)

Dominique Guffond, vigneron et propriétaire du château Le Sèpe à Sainte-Radegonde © Jean-Pierre Stahl

Dominique Guffond, vigneron et propriétaire du château Le Sèpe à Sainte-Radegonde © Jean-Pierre Stahl

Un château chargé d’histoire, perdu au fin fond des âges et de la Gironde. C’est le château Le Sèpe, qui tire ses racines jusqu’au temps des Templiers… Une demeure toutefois remaniée au XVIIe et au XVIIIe siècle, qui fait également aujourd’hui chambres d’hôtes, et qui porte le nom de ses anciens occupants.

Dominique Guffond en est l’heureux propriétaire depuis 2009. Il exploite ainsi 14,5 ha en AOC Bordeaux (en rouge) et en AOC Entre-Deux-Mers ( en blanc). Ce vigneron a le sourire :

Eté 2016 515Nous sommes assez optimistes, la bonne météo est présente avec ce bel ensoleillement, les nuits sont fraîches, sauf accident, ça devrait être une très belle récolte, » Dominique Guffond, vigneron château Le Sèpe

Denis Pomarède du Couvent des Jacobins, grand cru classé de Saint-Emilion © JPS

Denis Pomarède directeur d’exploitation du Couvent des Jacobins, grand cru classé de Saint-Emilion © JPS

A Saint-Emilion, Denis Pomarède du Couvent des Jacobins, l’un des 64 grands crus classés (sans compter les 18 premiers grands crus classés) se dit également satisfait pour l’heure. Son raisin est aussi très sain, seuls de jeunes plants sur des sols sableux montrent un léger stress hydrique, mais à peine. Il pourrait s’amplifier si aucune pluie ne venait à tomber dans le mois prochain.

A SaintEmilion, une vigne assez homogène aussi, seuls quelques jeunes plants peuvent souffrir du manque d'eau © JPS

A Saint-Emilion, les plants de merlots assez homogènes aussi, seuls quelques jeunes plants peuvent souffrir du manque d’eau © JPS

« On a une vigne un peu en souffrance, on n’a pas eu de pluie sur la région de Saint-Emilion depuis environ 2 mois.Il y a quelques dificultés pour les jeunes vignes,sur des sols plutôt sableux, mais dans l’ensemble elles se comportent très bien »Denis Pomarède Couvent des Jacobins.

Dans l’Entre-Deux-Mers comme partout à Bordeaux, les premières vendanges ne sont pas prévues avant la première semaine de septembre, voire la deuxième pour les blancs et fin septembre, début octobre pour les rouges, ce que nous confirme ces deux propriétaires:

Il y a une semaine à 10 jours de retard, d’habitude la vigne se régule un petit peu sur la fin de période, c’est certainement du au printemps frais et pluvieux », Dominique Guffond Le Sèpe

Eté 2016 540

Et d’ajouter : « on a eu de la chance de pouvoir faire de bonnes réserves d’eau et maintenant on en tire le bénéfice. Finalement malgré ces chaleurs, le feuillage tient encore bien le choc et on espère que cela va aller jusqu’au bout. »

Pour Denis Pomarède du Couvent des Jacobins: « On va être plutôt sur une année classique, un peu tardive, on devrait se rapprocher d’un millésime comme le 1998 ou le 2012, mais on va attendre les 1ers prélèvements d’ici une à deux semaines. »

Dominique Guffond du Château le Sèpe espère un millésime aussi bon que 2015 © JPS

Dominique Guffond du Château le Sèpe espère un millésime aussi bon que 2015 © JPS

Dominique Guffond reste sur cette note d’optimisme que le ciel lui a donné jusqu’ici, si la météo se maintient, sans intempérie majeure, ce 2016 pourrait s’approcher de son 2015.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazères, Boris Chague et Christian Arliguier : 

17 Août

Un orage de grêle s’abat sur l’Hérault…

Cet après-midi, d’énormes grêlons se sont abattus sur la région de Montpellier et le vignoble de l’Hérault. Des photos impressionnantes de l’amas de grêle. Des dégâts non seulement pour la vigne mais aussi un TER a déraillé du fait de la chute d’un arbre faisant des blessés.

Les dégâts à Lauret © Mas de l'Oncle

Les dégâts à Lauret au © Mas de l’Oncle

« Il n’y a pas de mot assez fort pour exprimer notre sentiment apres un tel spectacle en 10mn.  La nature est très belle mais parfois injuste ….. Tel est notre beau métier …. On garde le sourire pour trouver des solutions à partir de demain matin …. », voici la première réaction du vignoble Mas de l’Oncle à Lauret,qui a pris ce cliché partagé sur les réseaux sociaux peu de temps après l’orage. A ces vignerons du Terroir du Pic St Loup touchés, Côté Châteaux tient à leur apporter son soutien moral.

On est abasourdi, il y a tout le travail d’une année qui s’en va. La récolte était d’une belle qualité et là en une demi-heure tout est parti, les grappes sont sur pied mais les grains ont éclaté. Les raisins auront du mal à mûrir, ça risque de pourrir, je suis assez pessimiste », Régis Palentin, président du comité des viticulteurs du Pic St Loup.

Dans certains jardins, la grêle faisait comme un tapis de neige © Mélissa Parent

Cet épisode orageux et cette pluie de grêlons ont été très rapides et violents… D’abord, le ciel s’est assombri vers 15h10 au dessus de Montpellier. Puis le vent s’est mis à souffler en rafales. Vers 15h20, les premières gouttes d’eau, puis une pluie forte sur la région de Montpellier. L’orage de grêle s’est ensuite abattu entre 15h20 et 15h50 sur Montpellier et les communes voisines. Des grêlons de 3 à 5 cm sont tombés notamment vers Baillargues, Valflaunès et l’est de Montpellier, dans les vignes particulièrement sur les 4 communes de Valflaunès , Claret , Lauret et Sauteyrargues.

Entre la vigne et l’arboriculture, ce sont quasiment 1000 ha qui seraient impactés avec « certaines parcelles touchées à 100 %,  je n’ai pas souvenir d’un tel impact sur autant de surfaces »  selon Jérôme Despey, le président de la chambre d’agriculture.

Des dégâts impressionnants sur la locomotive endommagée par un arbre suite à l’orage de grêle à Baillargues © © Cathy Dogon France 3 Languedoc Roussillon

Et c’est sans compter également le déraillement du TER Nîmes-Montpellier, du à la chute d’un arbre sur la voie, alors qu’il roulait à hauteur de Baillargues. Des vitres ont été brisées sous l’effet de la grêle. Un accident qui a fait 9 blessés dont 1 jeune homme très grièvement, il a été transporté en hélicoptère au CHU de Montpellier.

Regardez le reportage de mes confrères de Languedoc Roussillon C.Dogon et StéphaneTaponier à Saint-Aunès

L’Hérault panse ses plaies ce soir, ces dramatiques intempéries ont été dévastatrices pour certains, blessantes pour d’autres, et à jamais gravées dans leurs mémoires.

La taille des grêlons tombés à Valflaunès (Hérault) ce 17 août © Valérie Grégoire de France 3 Languedoc-Roussilon

La taille des grêlons tombés à Valflaunès (Hérault) ce 17 août © Valérie Grégoire de France 3 Languedoc-Roussilon

Avec France 3 Languedoc-Roussillon

09 Août

François des Ligneris, le pionnier du bar à vins de Saint-Emilion va fêter ses 30 ans d’existence

L’Envers du Décor a ouvert il y a presque 30 ans à Saint-Emilion. Il faisait figure d’Ovni, et aujourd’hui c’est « the place to be ». De Paris à Bordeaux, des States au Japon, l’endroit est très connu et son gérant en est la figure emblématique. François des Ligneris a bousculé les codes à l’époque et s’est imposé avec son ouverture d’esprit avant-gardiste. Il fut ainsi le premier vigneron à faire des assiettes et des vins au verre, avec des productions viticoles de toute la France et du monde entier.

François des Ligneris en 2014 derrière l'un des plus célèbres comptoirs de Saint-Emilion © Jean-Pierre Stahl

François des Ligneris, derrière son célèbre comptoir, l’un des plus prisés de Saint-Emilion © Jean-Pierre Stahl

François des Ligneris, c’est l’empêcheur de tourner en rond. Quand il lance l’Envers du Décor, « c’est un vendredi 13, le 13 février 1987″. Et pourtant, François des Ligneris, âgé de 32 ans, avait un avenir tout tracé comme le sillon dans la terre de Saint-Em, car sa famille détenait depuis des générations Château Soutard. « A l’époque, j’étais vigneron à Soutard, je travaillais la vigne, sur les tracteurs, je faisais tout le travail de base du vigneron. Mais je rencontrais aussi pas mal de monde en France, en Belgique et aux Pays-Bas quand ils faisaient des portes-ouvertes dans leurs châteaux, et je me disais que ça serait sympa de faire un lieu à Saint-Emilion pour tous ces gens, sans compter que le soir après ma journée de travail vers 22h, il n’y avait aucun endroit pour prendre une assiette avec un verre de vin, par rapport aux restaurants traditionnels avec un menu entrée-plat-dessert et une bouteille de vin…Aujourd’hui, cela paraît bizarre de dire cela car tout le monde le fait. J’ai ouvert ce lieu avec Pascal Fauvel, 1er salarié qui est parti par la suite chez Legrand à Paris. »

François des Ligneris avec Dewey Markham et Didier Lambert des Etablissements Thunevin © JPS

François des Ligneris avec Dewey Markham de DmjWineworks et Didier Lambert des Etablissements Thunevin © JPS

Je l’ai appelé l’Envers du Décor pour rappeler l’univers du spectacle, les coulisses du spectacle, que je fréquentais beaucoup; j’appréciais ces spectacles très rodés, à la note près, et je voyais cette vie dans les coulisses complètement autre.

L’Envers du Décor, c’est comme un théâtre avec des acteurs sur scène, qui disent des choses devant un public. Mais ce qui m’intéresse, c’est cette forme de réalité de la vie et non des choses apprises par coeur, car la réalité est toute autre. Et puis dans Envers, il y a vers… » François des Ligneris

Gérard Descrambe

Gérard Descrambe, pilier de l’Envers du Décor, avec les étiquettes de son château La Renaissance croquées par les dessinateurs de Charlie © Jean-Pierre Stahl

Gérard Descrambe, viticulteur « en bio depuis toujours » à Saint-Sulpice de Faleyrens, un des piliers de l’Envers, se souvient des débuts : « au départ, c’était un échafaudage, il faisait des tartines avec un mec qui avait vendangé chez moi, la limonade ça n’était pas sa spécialité, les gens n’y croyaient pas du tout, il était un peu comme nous : on n’était pas dans l’axe ! »  Gérard Descrambe est en effet le vigneron de château « La Renaissance » fournisseur officiel de Charlie et du Professeur Choron depuis 1974.

Les étiquettes du château La Renaissance croquées par les dessinateurs de Charlie © JPS

Les étiquettes du château La Renaissance croquées par les dessinateurs de Charlie © JPS

Gérard lui a dit un jour « si tu me fais une commande, je l’encadre et je la mets dans mes chiottes, elle y est toujours, je tiens mes promesses. » Et pour la petite histoire, les auteurs de Charlie et d’Hara Kiri ne disaient jamais sers-nous un verre de vin ou un canon mais  » attrape-moi une bouteille de Descrambe. »

C’est vrai que ce bar unique a été réalisé à partir d’étais de chantier sur lesquels on a mis des étampes de caisses de vin. u début j’avais soudé moi-même ces étais. On était toujours en chantier, et puis on s’est agrandi en 1998, on s’est même beaucoup agrandi avec 3 salles différentes dont une avec cheminée, mais :

Les étiquettes du château La Renaissance croquées par les dessinateurs de Charlie © JPS

Un bar atypique réalisé à partir d’étais de chantier et d’estampes de caisses de vin © JPS

« La tour de contrôle reste ce grand bar qui accueille 7 jours sur 7 les gens pour prendre un verre » François des Ligneris

Avec ce nom hors des sentiers battus, François des Ligneris, ce polisson de Saint-Emilion, aimait croiser dans les ruelles les gens et entendre « tiens, ce soir, on va dîner à l’envers… ». Il se souvient aussi  » des reproches de gens haut placés dans la hiérarchie : c’est un scandale de servir des vins autres que Saint-Emilion ou Bordeaux « , lui disait-on. Un pionnier, je vous dis ! « Je ne m’attendais pas à ce genre de reproches, je faisais découvrir du Bandol ou des Côtes du Rhône. Même Robert Parker n’était pas un familier des Côtes du Rhône, alors que moi j’étais déjà persuadé que c’était des grands vins. J’ai été le premier à servir des assiettes de fromages et de charcuteries et du vin au verre, avec un procédé qui s’appelait cruover, des vins sous azote c’était la grande nouveauté ! »

Une petite trouvaille : un rosé de La Romanée Conti © JPS

Une petite trouvaille derrière le bar : un rosé de La Romanée Conti © JPS

Et d’expliquer la brèche ou cette nouvelle tendance à découvrir la richesse des crus de l’ensemble des terroirs français et du monde entier : « il y avait des gens qui ne venaient plus que là pour découvrir les vins d’ailleurs. Dire cela aujourd’hui, cela paraît évident. Aujourd’hui, il y a aussi plein de sites « off » où l’on présente des vins en primeur : Espagne, Italie, Loire, Alsace…au moment des primeurs de Bordeaux. En 95, on avait aussi fait le 1er off avec Gérard Bécot. »

Dans la cave de l'Envers du Décor avec les propriétaires de la maison d'hôtes 5 Lasserre © JPS

Dans la cave de l’Envers du Décor avec les propriétaires de la maison d’hôtes 5 Lasserre © JPS

Tenanciers d’une maison d’hôtes à Moulon,  » 5 Lasserre « , qu’ils viennent juste de céder à Frédéric et Christina Simon et de fêter cette cession à l’Envers du Décor, Anna et Pascal Bihler dressent le portrait du patron :

C’est l’emblème, l’icône de Saint-Emilion, un passionné jusqu’au bout des ongles », Anna Bihler gérante de maison d’hôtes à Moulon

Plaisance Saint-Emilion 062

 » Ce lieu a été une vitrine extraordinaire, aussi pour château Soutard. Je n’avais pas besoin de billet d’avion ou d’attaché de presse, ici j’ai pu être en relation avec le monde entier des importateurs, des journalistes, des vedettes du théâtre, de la chanson, de la musique. Jean-Louis Trintignan aimait passer. La semaine dernière j’ai eu un rédacteur en chef de France Inter, une vedette du Top 14, ou l’ambassadeur du Mexique. Au début personne ne mesurait l’importance de cette vitrine pour Saint-Emilion et ses crus classés aussi. Depuis, tous les grands châteaux ont aussi fait cette alliance de la table et de leurs produits viticoles. J’ai aussi été un des premiers à faire un magasin comme les wineries américaines où l’on pouvait acheter des affiches de l’Envers du Décor, ou liées à mes vins ou produits dérivés ».

L’R de rien, François des Ligneris a instillé sa patte à Saint-Emilion, celui qui aime souvent à se présenter comme  » ancien élève de l’école maternelle de Saint-Emilion «  pour se moquer parfois des élites qui peuvent s’enorgueillir de sortir de l’ENA, s’est forgé son propre style, en dehors des codes, du merchandising, constamment il livre sa vision des choses comme son engagement  » RESPECT : Répertoire Élémentaire de Simples Pratiques Environnementales, Culturelles et Techniques avec des produits frais et rien d’autre ; chez lui on y sert la soupe du marché, du poisson de la criée, une cuisine du marché qui varie tous les jours, avec toutefois des plats indémodables comme l’andouillette, les côtelettes de canard, le foie gras et la crème brûlée ».

 

Croisé également en terrasse Stéphane Derenoncourt consultant en vin :  » j’étais un de ses premiers clients, quand je suis arrivé à Saint-Emilion en 90, ça a tout de suite été un repère ».

 » François, c’est le mec le plus original, qui casse les codes bordelais, c’est un grand défenseur des produits du terroir au sens noble « , Stéphane Derenoncourt.

 » C’est le 1er mec qui m’a accueilli à Saint-Emilion, et depuis on est toujours resté copains, » confie Stéphane Derenoncourt, le consultant en vin autodidacte.  »  » Le concept n’existait pas, il a fait cette ouverture qui fait que c’est devenu un repère dans le monde de la viticulture, des vignerons. Tout le monde rêve d’avoir son vin à la carte ici. « 

François des Ligneris et Stéphane Derenoncourt, dégustant un petit rosé...de la Romanée Conti © Jean-Pierre Stahl

François des Ligneris et Stéphane Derenoncourt, dégustant un petit rosé…de la Romanée Conti © Jean-Pierre Stahl

François des Ligneris n’oublie pas de rendre grâce à sa grand-mère qui a acheté cette maison au départ pour faciliter la restauration de la petite chapelle car  » on est vraiment au le coeur de Saint-Emilion, entre la chapelle du chapitre et l’église collégiale. Ce sont des bâtiments du XIVe siècle… » Puis à son père, « un homme très cultivé, qui n’était pas beaucoup axé mondanités. Il m’a permis de louer ce lieu et d’y faire des travaux, il m’a permis de faire ce projet ». Aujourd’hui, il reconnaît que sa fille Jeanne l’aide beaucoup depuis 6 ans, « elle s’occupe de la gestion, de la facturation, de tout ce qui est administratif » pour lui permettre de faire ce qu’il aime : son travail d’aubergiste.

L’Envers du Décor, ce sont 2 équipes de 20 personnes, l’établissement est en effet ouvert 7/7;  » il y a aussi un volet social, les gens travaillent 15 jours et ont 15 jours de repos dans le mois. 30 % des salariés qui ont décidé de partir, pour expérimenter autre chose, sont revenus travailler ici. Il y a notamment l’un des 2 chefs, Bertrand Bordenave, qui a connu sa femme en cuisine. L’autre chef c’est Christophe Baillon, ils sont là depuis 10 et 12 ans ».

François des Ligneris, enfin, a ce côté poète qui fait qu’il cultive énormément les arts (grand amateur d’art contemporain) et les lettres : c’est lui qui a créé voilà 3 ans Vino Voce (le festival de la voix parlée et chantée à Saint-Emilion – prochaine édition du 9 au 11 septembre), dont il fut président des deux premières éditions. Il compte également lancer l’année prochaine « les rencontres d’auteurs de dessins contemporains ». Car au-delà des nourritures physiques, il aime aussi ces nourritures intellectuelles qui font de lui le « prince sarment », homme de coeur, de nervure et d’esprit.

04 Août

Ronan Kervarrec, le nouveau chef de l’Hostellerie de Plaisance : « la bonne cuisine passe par de bons produits, c’est aussi simple que cela »

Entretien exclusif avec Ronan Kervarrec, le tout nouveau chef qui, à 47 ans, vient de reprendre les rênes de Plaisance à Saint-Emilion. Dirigeant précédemment les cuisines du Château de la Chèvre d’Or à Eze Village (06), il y avait décroché 2 étoiles au guide Michelin. Ce Breton au caractère bien trempé, propose une « cuisine facile à lire et à identifier », axée notamment sur « l’océan ». Un chef à la « cuisine franche et honnête » qui se livre dans Parole d’Expert pour Côté Châteaux.

Renan Kervarrec : "j'ai mon propre style, ma propre cuisine" © Jean-Pierre Stahl

Ronan Kervarrec : « j’ai mon propre style, ma propre cuisine » © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Ronan Kervarrec, vous êtes arrivé il y a plus d’un mois, comment trouvez-vous, tout d’abord, Saint-Emilion et Plaisance ? »

Ronan Kervarrec : « Magnifique ! Saint-Emilion, ça ne me change par trop d’Eze-Village car c’est médiéval comme ici. Plaisance est un établissement avec du goût, raffiné, et aussi avec une situation exceptionnelle.

A déguster une petite soupe de laitue avec crème au piment d'Espelette...

A déguster : une petite soupe de laitue avec crème au piment d’Espelette…© JPS

JPS : « C’est pour vous un nouveau challenge ? »

Ronan Kervarrec : « Oui, je quitte un 2 étoiles et je reviens dans  un restaurant qui avait 1 étoile au Michelin avec Cédric Béchade. Oui, l’objectif, c’est de récupérer les 2 étoiles Michelin. »

La salle de restaurant de l'Hostellerie de Plaisance © JPS

La salle de restaurant de l’Hostellerie de Plaisance © JPS

JPS : « Est-ce difficile de succéder à Cédric Béchade et, encore avant, à Philippe Etchebest ? »

Ronan Korvarrec : « J’ai mon propre style, ma propre cuisine. J’ai aussi succédé à Philippe Labbé, espoir 3 étoiles, deux années de suite… Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire et je vais faire ce  que j’ai à faire. Je ne me calque pas sur les autres chefs de cuisine. »

Petite tartelette de betterave acidulée et boule de pastèque, sablé crème de livech et cône tartare d'algue crémeux au citron vert © JPS

Petite tartelette de betterave acidulée et boule de pastèque, sablé crème de livech et cône tartare d’algue crémeux au citron vert © JPS

JPS : « Alors Ronan Kervarrec, quel type de cuisine allez-vous proposer ici à Plaisance ? »

Ronan Kervarrec : « Je suis plutôt océan, tourné côté océan avec ses coquillages, fruits de mer, crustacés, poissons, j’aime les algues, j’aime l’iode, l’agrume, le fumé, le grillé et l’amertume. Ca, c’est ce que j’aime vraiment dans la cuisine. Je fais une cuisine très simple, facile à lire et à identifier. 

Je ne recherche que les beaux et bons produits, j’essaie d’aller directement à la source, d’aller les chercher directement chez les producteurs. »

« C’est une cuisine qui est franche et honnête, j’aime que l’on reconnaisse ce que l’on mange, une lecture de l’assiette simple mais faite pour déguster avec du goût. »

Renan Kervarrec, avec les propriétaires de Plaisance et de château Pavie Chantal et Gérard Perse : "c'est un Breton, il a du caractère, une fierté, il a du talent, il sait ce qu'il veut et c'est tranché, c'est carré..." © JPS

Ronan Kervarrec, avec les propriétaires de Plaisance et de château Pavie Chantal et Gérard Perse : « c’est un Breton, il a du caractère, une fierté, il a du talent, il sait ce qu’il veut et c’est tranché, c’est carré… » © JPS

JPS : « J’imagine que mis à part l’océan, vous avez d’autres spécialités… »

Ronan Kervarrec : « Oui, j’aime aussi les abats comme le ris de veau, les fois, les coeurs, les fraises de veau, j’aime le boeuf mais pas le filet, les palerons, des viandes qui ont du goût, de la mâche. J’aime aussi la volaille, le pigeon, le gibier, les champignons, les noisettes, les châtaignes, des produits qui ont du goût, caractéristiques de la puissance et de la finesse. En fait j’aime beaucoup de choses. »

En cuisine, la préparation des assiettes © JPS

En cuisine, la préparation des assiettes © JPS

JPS : « Est ce que vous êtes plus cuisine moléculaire ou plus cuisine traditionnelle ? »

Ronan Kervarrec : « Oui les modes se démodent, ce qui ne se démodera jamais c’est la tradition et le savoir-faire ».

Cuisiner une cuisine traditionnelle, ce n’est pas « has been », au contraire, aujourd’hui on recherche de vraies valeurs »

« Les feux d’artifice, les poudres, c’est du passage, alors que la transmission, c’est un temps qui dure. Ce sont des expériences différentes, tout dépend de ce que l’on recherche comme expériences. »

Un véritable tableau et un festival de couleurs dans l'assiette © JPS

Un véritable tableau et un festival de couleurs dans l’assiette © JPS

JPS : « Quelle approche avez-vous avec votre clientèle ? »

Ronan Kervarrec : « Il faut de la chaleur humaine, de l’accueil, il faut être détendu et professionnel et que la clientèle se laisse aller à ma cuisine. Il faut de la sensibilité et énormément d’attention vis-à-vis du client, une attitude de respect et de politesse aussi.

Il faut aimer les autres pour faire ce métier et vouloir faire plaisir, c’est l’essence même de notre métier.

Le chef sommelier Benoît Gelin depuis 14 ans à Plaisance, il a connu Chrsitophe Canati, Philippe Etchebest, Cédric Béchade et désormais Renan Kervarrec © JPS

Le chef sommelier Benoît Gelin depuis 14 ans à Plaisance, il a connu de nombreux chefs : Chrisophe Canati, Philippe Etchebest, Cédric Béchade et désormais Ronan Kervarrec ; « à sa carte plus de 80 vins de Saint-Emilion et Montagne avec 3 millésimes différents, voire plus pour certains » © JPS

JPS : « J’imagine que vous portez de l’intérêt aux accords mets et vins ? »

Ronan Kervarrec : « Un plat peut être bon mais devenir très mauvais ; le travail du chef sommelier, Benoît Gelin, est primordial pour passer un moment de bonheur. Présenter une assiette avec un vin qui ne correspond pas, c’est annuler la notion de plaisir.Il faut écouter ce qu’a à dire le sommelier pour adapter son plat à un vin. »

Dans le cave de service, de nombreux Sauternes, et le miel produit au château Pavie avec Bernard Simian apiculteur © JPS

Dans la cave de service, de nombreux Sauternes, et le miel produit au château Pavie avec Bernard Simian apiculteur © JPS

JPS : Justement par rapport aux vins de Saint-Emilion, qu’est ce que vous aller proposer ? »

Ronan Kervarrec : « Il faut une cuisine de caractère car ce sont des vins bien charpentés. C’est un terroir qui a du caractère, il vaut une cuisine avec un côté « vif », car le côté terre est important avec ces vins qui ont du caractère, de la puissance, avec un côté boisé, un parfum de sous-bois, un côté fumé.

Comme pour les vins de Saint-Emilion, il faut de la puissance et de la finesse, il faut que ce soit équilibré »

Au centre Renan Kervarrec le chef exécutif avec Christophe Meynard des Pépites Noires et l'ensemble de l'équipe en cuisine de l'Hostellerie de Plaisance © Jean-Pierre Stahl

Au centre Ronan Kervarrec le chef exécutif, juste derrière le second Anthony David, avec Christophe Meynard des Pépites Noires, et l’ensemble de l’équipe en cuisine de l’Hostellerie de Plaisance © Jean-Pierre Stahl

JPS : « Vous développez une cuisine avec des produits essentiellement locaux ? »

Ronan Kervarrec : « Oui avec Christophe Meynard, c’est l’enfant du pays, il m’aide beaucoup. C’est ça la cuisine, c’est une histoire humaine, de copains et d’amitié. 

« Christophe lui est sur la truffe ( gérant des Pépites Noires, spécialiste des truffes de Gironde et développant une gamme de produits comme le beurre bio au sel truffé et les glaces à la truffe). Mais il fait aussi 2 heures de route pour aller me chercher de la viande de Bazas chez un boucher qui découpe, abat et vend ses boeufs. Il y a Yann avec sa cabane à huîtres, c’est un truc de dingue, avec de la passion et du savoir-faire. Et puis Luc Alberti en agriculture raisonnée, sans pesticide, il fait des produits frais qui ont du goût, il fait des tomates de folie. Christophe me trouve aussi les écrevisses, la farine bio, de la marjolaine…il m’en ramène une tonne ! On  a aussi une jeune fille qui fait du safran qui est top. Celui qui veut se donner la peine peut sortir des sentiers battus ».

« On va développer notre collaboration pour aller encore un peu plus loin, on recherche un chef jardinier, on a un grand terrain sur Monbousquet , on va y faire nos légumes et nos fleurs. La bonne cuisine passe par de bons produits, c’est aussi simple que cela. »

Interview du chef et reportage menés par Jean-Pierre Stahl.

28 Juil

Sarcignan, le château ne sera pas démoli : le tribunal administratif a donné raison aux habitants et associations qui défenfaient ce patrimoine

La mairie de Villenave d’Ornon voulait le démolir, mais la mobilisation des riverains et d’associations patrimoniales avait fait reculer la municipalité en août 2015. Une action restait engagée devant le tribunal administratif de Bordeaux, elle vient confirmer la non destruction et sanctuariser l’édifice. Une grande victoire pour les amoureux du patrimoine. Un jugement qui pourrait faire jurisprudence.

Les "Amis du Château de Sarcignan" mobilisés devant le château à Villanave d'Ornon © Jean-Pierre Stahl

Les « Amis du Château de Sarcignan » mobilisés devant le château à Villenave d’Ornon © Jean-Pierre Stahl

Le château de Sarcignan, un ancien château viticole du XIXe siècle, dont des traces de grappes de raisin sur la façade continuent de témoigner de ce passé, ne sera pas démoli à Villenave d’Ornon. Le tribunal administratif de Bordeaux vient d’annuler le permis de démolir signé par la mairie de Villenave-d’Ornon il y a un an. La mairie ne trouvait pas d’autre solution pour construire à cet endroit une grande maison  des associations, considérant que les travaux de réhabilitation du château de Sarcignan étaient trop onéreux. Dans le courant du mois d’août, la mairie avait toutefois fait machine arrière et s’engageait à ne pas démolir le château et à construire la maison des associations juste à côté.

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Par son jugement rendu le 13 juillet dernier,  tribunal administratif de Bordeaux a estimé que « l’édifice » du XIXe siècle, même s’il n’était pas « inscrit au titre des monuments historiques ou identifié comme devant être protégé dans le plan local d’urbanisme de la communauté urbaine de Bordeaux, devenue Bordeaux métropole », cela « ne ne suffit pas à établir qu’il serait dépourvu de tout intérêt patrimonial… »

Il dispose ainsi dans ses attendus que  : « sans être exceptionnel ou même original, son aspect extérieur s’avère ainsi remarquable, d’autant plus qu’il s’insère dans
un parc arboré où des bâtiments annexes ont été récemment rénovés par la commune ; que si le terrain d’une superficie de 9 793 m2 est à proximité immédiate de la rocade, le château constitue la seule construction à valeur patrimoniale du secteur, lequel doit être prochainement desservi par le tramway et est, de ce fait, en cours de densification et de réhabilitation ; que dans ces conditions, la démolition projetée est de nature à compromettre la mise en valeur du quartier ; que, dès lors et dans les circonstances particulières de l’espèce, le maire doit être regardé comme ayant commis une erreur manifeste d’appréciation en délivrant à la commune le permis de démolir attaqué. »

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En conclusion donc, « l’arrêté du 10 juin 2015 par lequel le maire de Villenave d’Ornon a délivré à la commune de Villenave d’Ornon un permis de démolir est annulé.

La SPPEF, Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France, qui a intenté de recours se réjouit de ce jugement. Pour son  le représentant en Gironde, Rémi Desalbres, architecte du patrimoine : « c’est une grande satisfaction, notamment pour les associations.Le magistrat a su tout-à-fait prendre la mesure de ce dossier et reconnaître l’intérêt général autour de ce bâtiment, d’autant plus que ce bâtiment est un des rares bâtiments qui témoignent de l’activité viticole dans le secteur ». 

Rémi Desalbres, le président de l'"association nationale des Architectes du Patrimoine" © JPS

Rémi Desalbres, le président de l' »association nationale des Architectes du Patrimoine » © JPS

Il faut bien que les municipalités considèrent qu’elles ont une responsabilité vis-à-vis des générations futures pour la sauvegarde de leur patrimoine, élément essentiel de la culture de nos territoires », Rémi Desalbres pour la SPPEF.

Les amis du château de Sarcignan qui s’était fortement mobilisée pour faire échec au projet de démolition commentent à travers la voix de leur Président Michel Poirier : « On est bien content évidemment. On ne fait pas de triomphalisme, ce n’est pas le but, mais on est content. Cela veut dire que partout où le patrimoine est en danger, les gens n’ont pas peur de se rassembler et de créer des associations, ce n’est donc pas insurmontable et cela peut donner des idées à d’autres. » Le président tient à dire aussi que le dialogue avait toujours été maintenu avec la municipalité et que « la mairie nous convie à ses réunions. Nous restons vigilents, et espéront un jour une restauration », même si celle-ci n’est pas à l’ordre du jour. La construction de la Maison des Associations a commencé à côté du château, il est vrai que c’est un budget et que bien sûr les finances des collectivités locales ne sont pas extensibles. Qui sait, ce sera peut-être ce sera un débat et un projet qui trouveront un écho dans les prochaines années.

Le château de Sarcignac construit de 1860 à 1870 par Alary Lamartinie, notaire à Bordeaux et ancien conseiller municipal de Villenave d'Ornon © Jean-Pierre Stahl

Le château de Sarcignac construit de 1860 à 1870 par Alary Lamartinie, notaire à Bordeaux et ancien conseiller municipal de Villenave d’Ornon © Jean-Pierre Stahl

Suite à la pétition qui avait recueilli 13416 signatures, intitulée « Sauvons le château de Sarcignan », la municipalité avait compris l’enjeu et l’intérêt de suspendre cette démolition. Les auteurs de cette pétition étaient alors heureux de l’annoncer  dès le mois d’août 2015 : 

« Nous sommes profondément émus par la nouvelle que nous venons d’apprendre.
Le sort de notre Petit Château de Sarcignan est définitivement scellé: IL VIVRA ! Et oui notre municipalité vient d’abandonner le projet de démolition.
Grâce à votre aide, celle des médias, de la presse écrite, de soutien comme celui de la SPPEF, de la SAB, de l’AAP, de l’élan de protestation qui s’est élevé spontanément suite à l’annonce de la démolition du château au mois de juin, nous avons été entendu et avons obtenu gain de cause.
Il continuera à veiller sur nous, à être le témoin de notre histoire et un formidable générateur de lien social ».

26 Juil

Denis Dubourdieu, un grand Monsieur du Vin s’en est allé : « pour le monde du vin, c’est une grande perte »

Le Monde du Vin vient d’apprendre la disparition d’un des socles de Bordeaux : le professeur Denis Dubourdieu, oenologue, directeur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV), également expert et consultant  dans la fabrication de grands blancs de Bordeaux. Il nous a quitté des suites d’une longue maladie à l’âge de 67 ans. Voici les réactions émouvantes recueillies par Côté Châteaux.

© Photo Jean-Bernard Nadeau pour Denis Dubourdieu

© Photo Jean-Bernard Nadeau pour Denis Dubourdieu

Denis Dubourdieu était surnommé « le pape du blanc »… Il n’aura jamais cessé de concilier durant sa vie conseils auprès des plus grandes propriétés viticoles, en France ou à l’étranger, et ses activités d’enseignant-chercheur. Il a d’ailleurs lancé en 2009 l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin.

Christine et Eric Perrin avec le premier millésime 1988 élaboré par Denis Dubourdieu pour Carbonnieux © Jean-Pierre Stahl

Christine et Eric Perrin avec le premier millésime 1988 élaboré par Denis Dubourdieu pour Carbonnieux © Jean-Pierre Stahl

« C’est bien triste », me confie Eric Perrin co-propriétaire de château Carbonnieux. « Pour le monde du vin, c’est une grande perte. » Et Eric Perrin de raconter sa première approche avec ce grand Monsieur, propriétaire de châteaux (Doisy-Daene, Reynon, Floridene, Cantegril , Haura) et professeur à la faculté d’oenologie : « avant de commencer à travailler avec Denis Dubourdieu et à Carbonnieux, je travaillais à Bordeaux Magnum et il y avait toute une série de bouteilles à promouvoir dont Clos Floridene de Denis Dubourdieu qui commençait à bien se vendre, c’était en 1986.

Denis Dubourdieu a contribué à faire le succès planétaire du château Carbonnieux, mais aussi de Fieuzal, Latour Martillac et bien d'autres © JPS

Denis Dubourdieu a contribué à faire le succès planétaire du château Carbonnieux, mais aussi de Fieuzal, Latour Martillac et bien d’autres © JPS

Et à l’hiver 1987-1988, on est rentré en relation avec Denis Dubourdieu pour qu’il conseille notre château Carbonnieux. Il avait mis en place les fermentations en barrique et l’élevage sur lie »

"il avait le don de transmettre et une pédagogie exemplaire" © photo Jean-Bernard Nadeau

« il avait le don de transmettre et une pédagogie exemplaire » © photo Jean-Bernard Nadeau

Pour Allan Sichel, le nouveau président du CIVB : « on est très triste de sa disparition, Denis Dubourdieu, c’était un énorme atout pour Bordeaux: « 

Allan Sichel, le président du CIVB © JPS

Allan Sichel, le président du CIVB © JPS

On peut dire qu’il laisse un leg pour toujours à Bordeaux car les vins blancs contemporains de Bordeaux sont généralement réalisés grâce aux travaux de recherches réalisés par Denis Dubourdieu », Allan Sichel Président du CIVB

Et le président du CIVB de reconnaître « tous ses travaux de recherches méthodiques, scientifiques ont permis l’élaboration de ces grands vins blancs. Denis Dubourdieu était aussi un remarquable enseignant avec un don de la pédagogie exemplaire, notamment pour expliquer des choses complexes avec des mots simples. C’était un être exceptionnel avec une capacité d’élocution remarquable. »

© Jean Bernard Nadeau

 » Un homme charmant et courtois » selon © Jean Bernard Nadeau auteur de cette magnifique photo

Eric Perrin poursuit : « c’est une collaboration de 30 ans que nous avons eu avec lui :

Il a apporté les techniques comme en Bourgogne, qu’il a mises en place dans le Bordelais pour faire des vins blancs qui plaisent au public », Eric Perrin propriétaire du château Carbonnieux.

Et d’ajouter : « les viticulteurs qui ont travaillé avec lui ont eu un grand succès, ça a été d’abord Fieuzal, puis Latour Martillac et Carbonnieux. » « On a d’abord accentué le travail avec Denis Dubourdieu au chai et depuis la fin des années 2000 un peu plus sur la vigne. »

Pour Olivier Bernard, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux : « c’est un homme de la terre, qui aura donné sa vie à la recherche, à ses vignobles et au conseil car il a conseillé de grands crus à Bordeaux. Il a fait avancer Bordeaux avec de grandes choses sur les blancs, mais aussi sur les rouges sur la maturité des tanins. Avec l’ISVV, il l’a lancé avec Alain Rousset et a été porteur de ce projet, il était très impliqué. C’est un homme très attaché à sa régionde graves, mais aussi aux Pessac-Léognan et aux Sauternes. »

France, Aquitaine,Gironde (33),Saint-Emilion.Portrait de Denis Dubourdieu au Château Reynon-Cadillac-Premières Côtes de Bordeaux.

Denis Dubourdieu au Château Reynon-Cadillac-Premières Côtes de Bordeaux © Jean-Bernard Nadeau

Le monde de la vigne et du vin perd l’une de ses grandes figures », Alain Rousset, président de la Nouvelle Aquitaine

« C’est avec une grande émotion que j’apprends aujourd’hui la disparition de Denis Dubourdieu, » commente Alain Rousset, le président de la Nouvelle Aquitaine ; « Denis Dubourdieu était l’incarnation vivante du vin et de sa culture, dont il connaissait tout – professeur, enseignant, chercheur, œnologue et vigneron – il a indiscutablement marqué de son empreinte le monde du vin.

Denis Dubourdieu a transformé les vins de Bordeaux en profondeur. On le surnommait d’ailleurs avec beaucoup d’admiration « le pape du vin blanc » dans le monde entier. La planète vin n’est aujourd’hui plus la même sans lui.

 Je repense avec émotion à la création de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV), institut dont il a rédigé le projet et dont il était le directeur ».

 

L'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin créé en 2009 par Denis Dubourdieu et Alain Rousset © Jean-Pierre Stahl

L’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin créé en 2009 par Denis Dubourdieu et Alain Rousset © Jean-Pierre Stahl

« Je salue, avec tristesse et amitié, l’homme et le praticien hors-pair de la viticulture et de l’œnologie qu’il était, et j’adresse au nom de la Nouvelle-Aquitaine toutes mes plus affectueuses condoléances à sa famille et à ses proches. »

Regardez le reportage et les témoignages sur la disparition de Denis Dubourdieu par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Eric Delwarde, Françoise Dupuis, Véronique Lamartinière -INA et Photos Jean-Bernard Nadeau


Pour Jacques Dupont le Monsieur Vin du Point : « Denis est un ami que j’admirais beaucoup.On se connait depuis 1988. Quand j’ai débarqué chez lui avec un ami, c’était au moment des vinifications. Il m’a expliqué ce qu’était la macération pelliculaire pendant 2 heures alors qu’il était dans le jus…

On s’aimait bien. C’est quelqu’un qui disait les choses, il avait un très fort caractère, c’est quelqu’un aussi qui avait un très beau français, un très grand pédagogue », Jacques Dupont journaliste du Point.

Et le spécialiste en vins d’expliquer :« il avait un style dans les vins de Bordeaux avec de la maturité et beaucoup de fraîcheur, ce qui fait que les vins durent dans le temps, et l’histoire lui a donné raison. Moi, j’avais la même vision, mais lui faisait le vin et moi, je le buvais. »

Une triste disparition après celle de Paul Pontalier (directeur de Margaux), Frédéric de Luze et maintenant Denis Dubourdieu qui fait dire à mon grand frère du Point : « c’est un sale temps pour les types biens. »

Retrouvez Denis Duboudieu avec Jacques Dupont lors du lancement du Guide des Vins de Bordeaux (Grasset) par la Librairie Mollat

En 2016, il avait été consacré « Homme de l’année » par le magazine spécialisé britannique Decanter, une des publications de référence dans le monde du vin.

Il a laissé, avec Pascal Ribéreau-Gayon, un « Traité d’oenologie » en deux volumes (Editions Dunod) et, en 2012, « Autour d’une bouteille. L’oenologie dans tous ses états ».

Côté Châteaux présente ses plus sincères condoléances à sa famille. Un grand merci à Jean-Bernard Nadeau pour ses magnifiques photos de Denis Dubourdieu.

Retrouvez l’interview de Denis Dubourdieu en avril 2014 à propos des primeurs de Bordeaux par Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet

18 Juil

Jean Lissague : le vigneron qui relance « l’esprit du vieux bistrot d’époque »

C’est une figure très connue de Bordeaux, Jean Lissague, est ce vigneron et ancien directeur du syndicat viticole de Blaye. Depuis 3 ans, il réussit sous une nouvelle casquette ou plutôt un nouveau canotier avec le Café de la Gare 1900 à Saint-André-de-Cubzac en Gironde.

Jean Lissague, vigneron et patron d'un bistrot d'époque remis au goût du jour © Jean-Pierre Stahl

Jean Lissague, vigneron et patron d’un bistrot d’époque remis au goût du jour © Jean-Pierre Stahl

C’est un endroit qu’il faut connaître, juste en face de la gare de Saint-André-de-Cubzac comme son nom le laisse deviner. Jean Lissague a redoré le blason de ce bel établissement comme il y en a tant en France. « Cet établissement avait été rénové en 1980 mais on a  voulu redonner l’esprit de vieux bistrot d’époque, en gardant les vieux sols, ces vieux radiateurs et volets, avec aussi ce vieux comptoir, » confie à Côté Châteaux ce patron tenancier.

Dans la cave de ce bistrot, beaucoup de vins des terroirs de Blaye, Bourg et Bordeaux © JPS

Dans la cave de ce bistrot, beaucoup de vins des terroirs de Blaye, Bourg et Saint-André, qui a dit chauvin ? © JPS

Jean Lissague est ce vigneron qui produit des vins gourmands « Petit Secret » et « Grand Secret », en blanc, rouge, rosé et crémant, en Blaye-Côtes de Bordeaux. Originaire de Sainte-Foy-la-Grande, il a fait des études de commerce et de gestion à l’INSEEC puis en Angleterre. Durant 8 ans, il a été directeur des Vins de Blaye avant de voguer vers une autre destination bistronomique. Il a ainsi restauré le restaurant il y a 3 ans avant d’entamer les premiers gros travaux d’aménagement de la terrasse qui fait face à la gare, et surtout un 1er parking avec 25 places, c’était pour lui très important et depuis il y a « 18 places de plus, on a aussi aménagé l’étage qui était un ancien hôtel et on en a fait 3 salons que l’on peut privatiser. »

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Mais au-delà de cet établissement qui pourrait ressembler à tant d’autres, on ressent chez Jean Lissague plusieurs envies, à commencer par l’envie d’entreprendre : « la première chose, c’est quand même l’indépendance, j’ai commencé dans la vie en étant à mon propre compte… La 1ère chose, pour moi, cela a été de faire un lieu « entre vin et gastronomie » car « le goût est entièrement lié au vin. »

L'Hôtel Restaurant des Gares a retrouvé une nouvelle jeunesse © Café de la Gare 1900

L’Hôtel Restaurant des Gares a retrouvé une nouvelle jeunesse © Café de la Gare 1900

« La deuxième chose, je la dois à mes années passées à Blaye, à travers notamment l’opération « Blaye au Comptoir », cela m’a donné l’envie d’ouvrir un bistrot avec une authenticité, de la convivialité et du bon goût ; ce sont les valeurs fortes du bistrot et de la culture française. »

Jacky en train de sabrer une bouteille de crémant de Bordeaux © JPS

Jacky en train de sabrer une bouteille de crémant de Bordeaux © JPS

L’autre envie de Jean Lissague, c’est celle de considérer sa clientèle et de bien recevoir : c’est ce qu’il appelle « le relationnel » comme à Blaye avec l’appellation : « je retrouve cela avec la clientèle, j’aime la relation humaine et dans le concept de bistrot on peut faire le grand écart entre une clientèle ouvrière et une clientèle haut de gamme. Dans un bistrot, on va réussir à faire ce « gap ». C’est un concept que l’on retrouve en région parisienne, je voulais qu’à Saint-André il y ait un lieu où les gens se croisent et se retrouvent. Un vrai lien de rencontre. »

Jean Lissague au centre entouré de son équipe du Café de la Gare 1900 © Jean-Pierre Stahl

Jean Lissague au centre entouré de son équipe du Café de la Gare 1900 © Jean-Pierre Stahl

Ce qui fait le charme aussi de l’établissement, c’est d’y trouver ces petits vins, à partager entre copains, de Saint-André, de Blaye, de Bourg « on est avant tout ambassadeurs des vins de notre territoires ». Il y a aussi des vins de partout, des vins de Loire ou de Cahors, mais aussi ses propres vins : je produis 35000 bouteilles et 1/3 de ma production passe ici. « 

Un endroit à découvrir pour faire notamment la connaissance de ce vigneron atypique, en profitant de la terrasse l’été, ou même hors saison, une deuxième terrasse couverte vient d’être lancée. Un bistrot-restaurant-bar à vin ouvert 7/7.

Le Café de la Gare 1900 25 Avenue de la Gare, 33240 Saint-André-de-Cubzac 

06 Juil

Hommage unanime à Frédéric de Luze, le président des Crus Bourgeois du Médoc disparu

C’est une bien triste nouvelle qui chagrine tout Bordeaux et particulièrement le Médoc. Frédéric de Luze, le président des Crus Bourgeois est décédé le 5 juillet des suites d’une très longue maladie. Il dirigeait depuis plus de 20 ans l’une des plus grandes maisons de négoce de Bordeaux avec Thierry Decré, LD Vins et était à la tête avec sa famille du château Paveil de Luze.

CIVB

Frédéric de Luze à gauche, lors de la remise de la coupe des Crus Bourgeois avec Olivier Bompas et Jacques Dupont du Point au Bar à Vins du CIVB © JPS

Frédéric de Luze est ce genre de personnage attachant par son professionnalisme, sa réussite à valeur d’exemple et l’humilité qu’il dégageait. J’ai eu l’occasion de l’interviewer plusieurs fois en tant que président de l’Alliance ou des Crus Bourgeois du Médoc lors des dégustations primeurs, mais aussi en Chine lors de Vinexpo Hong-Kong sur l’émergence du marché chinois en 2008.

Propriétaire du château Paveil de Luze à Margaux (sa famille détient ce domaine depuis 1862), il s’était lancé récemment dans un nouveau projet en mettant son domaine viticole en location, le premier du genre, sur AirBnB; on pouvait d’ailleurs le voir dans un petit film fort sympathique réalisé par toute la famille intitulé « Bienvenue au château Paveil de Luze ».

Viticulteur à la tête d’un vignoble de 32 ha, il était aussi président des Crus Bourgeois du Médoc, cette association qui rassemble 250 châteaux et notamment bon nombre de ces grands vins du Médoc qui n’ont pas été retenus dans le classement de 1855 mais qui sont de très bonne facture d’une manière générale. Il avait d’ailleurs remis la coupe des Crus Bourgeois à Jérôme Bibey en mai 2014 au Bar à Vins du CIVB (photo ci-dessus).

Les témoignages de reconnaissance et de sympathie du monde du vin bordelais et de la presse spécialisée commencent à affluer, pour souligner ce grand personnage du monde du vin et grand humaniste également:

Pour Jérôme Bibey, viticulteur et membre du Conseil d’Administration des Crus Bourgeois : « c’est une énorme perte, on est tous émus. Ce que j’appréciais chez lui, c’est sa simplicité, sa capacité à se mettre au niveau de tous les gens, de tout type de personnalité, sa capacité à faciliter les échanges. Je fais partie du Conseil d’Administration, j’en suis un des plus jeunes, il a toujours eu les bonnes phrases pour faciliter mon intégration… »

C’était quelqu’un de foncièrement gentil, j’en suis persuadé, quelqu’un qui faisait l’unanimité », Jérôme Bibey viticulteur des Crus Bourgeois

Pour Bernard Farges, président du CIVB, « c’est une perte difficile, on le savait malade depuis longtemps. C’est un personnage important : viticulteur, négociant, président de Crus Bourgeois, il détenait plusieurs responsabilités importantes. Il était très attaché au bordelais et à la valorisation des vins de Bordeaux. Il a vécu une belle aventure avec les Crus Bourgeois du Médoc, oui c’est une perte importante pour la filière bordelaise. »

Il s’est toujours comporté avec une sorte de simplicité aristocratique, beaucoup d’aisance, un grand sens de l’humour et très fidèle en amitié » Christophe Reboul-Salze président The Wine Merchant

Très ému également, Jacques Dupont, journaliste au Point : « c’est quelqu’un que j’aimais beaucoup, de très pur, de très droit, avec un courage invraissemblable face à la maladie. Il avait ce sourire aristocratique que j’avais connu chez un de mes bons amis de Moët et Chandon qui a lutté contre cette même maladie avec ce même sourire. Il avait cette espèce de classe.  Je ne pensais pas qu’il allait disparaître, il triomphait tellement de la maladie, il ne montrait tellement pas qu’il était malade et il dominait tellement la situation, qu’à chaque rebondissement, j’avais l’impression qu’il gagnait des étapes mais ce qu’on ne se rendait pas compte, c’est qu’en fait la maladie gagnait ces étapes ».

Et de rendre hommage à tout son travail :

Son boulot à l’Alliance était formidable, il a réussi à fédérer tout le monde, à redonner envie à tous ces châteaux de se retrouver au sein des Crus Bourgeois », Jacques Dupont journaliste du Point.

« Malheureusement il n’a pas achevé le travail, et c’est bien dommage. On espère tous qu’un jour, il y aura un classement dans la durée, pérenne. Je pense que lui aurait aimé cela. »

Frédéric de Luze et Thierry Decré, les fondateurs d’une des plus grosses maisons de négoce de Bordeaux © LD Vins

Frédéric de Luze c’est aussi ce grand personnage du négoce bordelais. En 1992, il a créé LD Vins, avec son associé Thierry Decré, une société de négoce sur la rive droite de Bordeaux, une société qui a grandi au fil du temps pour compter plusieurs dizaines de  collaborateurs. Une société spécialisée dans la commercialisation dans le monde entier des grands crus de Bordeaux.

« Cela a été une grande aventure de jeunesse, car on était jeune en 1992, on avait moins de 30 ans tous les deux, on est de la même année (1961, Thierry de janvier et Frédéric de novembre), on était ami depuis l’âge de 14 ans… », me confie Thierry Decré son associé de LD VINS.

C’est le hasard de la vie qui a fait que l’on crée cette maison de négoce. Cela a été une très belle aventure, en partant de rien, on est allé assez loin en exportant dans tous les pays du monde », Thierry Decré PDG de LD Vins.

« Aujourd’hui, on travaille avec une trentaine de personnes et notre chiffre d’affaire varie selon les années entre 50 et 70 millions d’euros. »

« Pendant 20, on n’a jamais reculé au niveau chiffre d’affaire, on a toujours progressé. Notre association était peu commune, on était ami dans la vie privée et on a continué à partager ensemble dans le travail. On était très différent mais on partageait souvent les mêmes goûts. Même si les angles n’étaient pas les mêmes, nous avions au final le même avis. »

Le Baron Frédéric de Luze était marié et père de 4 enfants. Ses obsèques seront célébrées mardi matin, à 10h15, en l’église Saint-Louis des Chartrons à Bordeaux. A sa famille, à ses amis dont son associé et ami Thierry Decré, à la famille des Crus Bourgeois, Côté Châteaux présente ses plus sincères condoléances.

Et voici « baby Bordeaux » : Sajane, né lors de Bordeaux Fête le Vin

C’est l’histoire conte de fées de Bordeaux Fête le Vin. Marjorie et Keshar s’étaient rencontré dans un bar à vins de Bordeaux il y a plus d’un an, maman travaille chez un négociant en vins, papa comme second de cuisine, et bébé a tout naturellement voulu naître lors de la 10e édition de Bordeaux Fête le Vin.

Christophe Chateau et Stéphan Delaux, un rôle de parrains inattendus pour les organisateurs de #BFV2016, avec Sajane 10 jours et ses parents © Jean-Pierre Stahl

Christophe Chateau et Stéphan Delaux, un rôle inattendu de parrains pour les organisateurs de #BFV2016, avec Sajane 10 jours et ses parents Keshar et Marjorie © Jean-Pierre Stahl

Samedi 25 juin, en pleine Fête du Vin, Marjorie vient de perdre les eaux. Il est passé 21 heures, l’histoire se passe du côté du village 3 où elle souhaitait se restaurer avec son  compagnon, Kashar originaire du Népal.

Bienvenue à Sajane et bravo à sa maman Marjorie © JPS

Bienvenue à Sajane et bravo à sa maman Marjorie © JPS

« On cherchait à manger, on est allé au village 3, quand ça s’est passé. Sur le moment, j’ai eu peur, car on s’est dit que ce n’était pas le meilleur endroit. Kashar a appelé les pompiers, mais en fait ils étaient déjà sur place. On a été escorté par plusieurs policiers, la caravane présidentielle, en quelque sorte, qui nous a ouvert la voie jusqu’à Bagatelle à Talence. L’après-midi on avait pas mal marché avec de la famille de Kashar pour leur faire découvrir Saint-Emilion. »

Bébé qui n’était plus sur le site de la fête est finalement né un peu plus tard le dimanche à 11h50; « en pleine conférence de presse, renchérit Christophe Château, au moment où Stéphan Delaux annonçait la naissance… » Si ça ce n’est pas du timing !

baby bordeaux 054Et c’est donc Sajane, un beau garçon de 3,6 kilos qui a vu le jour, en ce dimanche 26 juin, avec des bonnes fées sur son berceau qui annonçaient un geste pour bébé et ses parents.

Chose promise, chose due, ce midi, Stéphan Delaux, le président de l’Office de Tourisme et de Bordeaux Grands Evenements, et Christophe Chateau, pour le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, ont invité les parents âgés de 33 et 32 ans au Bar à Vins du CIVB. Ils ont remis à Sajane un maillot « baby Bordeaux », aux parents l’ouvrage sur les 10 ans de Bordeaux Fête le Vin ainsi que 2 coffrets avec 6 vins, les 6 couleurs et vins représentatifs de Bordeaux.

Kashar, le papa, Marjorie, la maman, Sajane et Stéphan Delaux © Jean-Pierre Stahl

Kashar, le papa, Marjorie, la maman, Sajane et Stéphan Delaux © Jean-Pierre Stahl

L’histoire ne serait pas aussi magique si maman ne travaillait pas dans le monde du vin : « je travaille aux Grands Chais de France, dans la branche crus classés : « Crus et Domaines de France ». Qui plus est, c’est une fidèle lectrice de Côté Châteaux qui lui décerne les rubriques « Vigneron du Mois » et Vin…Solite » pour cette superbe histoire. Keshar lui est second de cuisine au Café Gourmand.

Stéphan Delaux est très fier de cette histoire qui une fois de plus met Bordeaux en lumière : « Bordeaux Fête le Vin, c’est souvent un public assez jeune et c’est très international et vous vous êtes un couple international. En plus vous travaillez dans le vin et la restauration. Vous reflétez vraiment l’esprit de BFV ».

Marjorie, en spécialiste, commence à initier son compagnon à apprécier et à déguster les vins de Bordeaux, car au Népal on est plus attiré vers les choses sucrées.

Et comme le conte de fée a toujours une « happy end », non seulement le bébé va bien, ses parents sont aux anges mais en plus papa, maman et bébé une fois majeur auront chacun leur pass à vie à Bordeaux Fête le Vin