04 Avr

Atelier chocolat pour enfants à la Maison des Vins de Cadillac

Pendant que les parents pourront s’initier à la dégustation et tester les accords chocolats et vins, les enfants seront choyés à travers un atelier et une chasse aux oeufs à Cadillac.

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Le samedi 4 avril (de 15h30 à 17h), à l’occasion du weekend de Pâques, la Maison des Vins de Cadillac se met à l’heure du chocolat et propose un atelier spécial, dédié aux enfants, âgés de 6 à 11 ans.

En compagnie du chef de la Maison des 5 sens, Olivier Straehli, ils seront en effet invités à confectionner un biscuit de pâques puis participeront à une grande chasse aux oeufs dans le parc de la Maison des Vins.

Pour les parents, c’est un atelier d’initiation à la dégustation et d’accords Chocolats & Vins qui sera également mis en place. Une activité ludique et divertissante qui promet une après-midi des plus conviviales.

Renseignements :05 57 98 19 34 / communication@closiere.com
Tarif : 5€/enfant et adulte

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, celle du chocolat aussi un peu, à consommer avec modération.

03 Avr

Sauternes respire: la commission d’enquête noie le projet de LGV dans le Ciron !

La commission d’enquête a bien failli rendre son avis défavorable le 1er avril. Mais ouf, ce fut juste avant en début de semaine. Du coup le Sauternais souffle et se dit que le vignoble va pouvoir perdurer. Le projet de LGV remettait en question le micro-climat issu du Ciron qui favorise l’apparition du botritys.

La locomotive des Sauternes: château Yquem © Jean-Pierre Stahl

La locomotive des Sauternes: château Yquem © Jean-Pierre Stahl

La commission d’enquête publique sur les projets de ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax vers l’Espagne a rendu un avis défavorable sur la déclaration d’utilité publique de ces projets lundi 30 mars.

Le projet de ligne à grande vitesse Bordeaux-Dax constituait une réelle menace pour les appellations Sauternes et Barsac par la coupure en plus de trois endroits de la rivière du Ciron, responsable du micro climat sauternais et de l’apparition du botrytis. Plus de 170 propriétés viticoles étaient ainsi menacées par ce tracé.

Au-delà de l’impact désastreux pour le monde viticole, le tracé imaginé par R.F.F traversait une zone classée Natura 2000, riche de plus de 4800 hectares de terres agricoles et de forêts.

En décembre 2014, les vignerons de Sauternes et Barsac avaient donné l’alerte et appelé à la mobilisation de l’opinion publique afin de donner un avis négatif à cette enquête publique.

Les vignerons de Sauternes et Barsac se félicitent aujourd’hui de cette première avancée favorable mais restent mobilisés. Ils remercient tous les acteurs qui ont participé à cette prise de position et répondu à

Avec les vignerons de Sauterne et Barsac. Restez vigilants.

Pour Jacques Dupont, le 2014: « un millésime qui me fait penser à 2012, avec un petit peu plus de matière. »

Le célèbre journaliste critique Jacques Dupont termine sa troisième semaine de dégustation de primeurs 2014. Il donnera ses notes, coups de coeurs et appréciations dans le Guide de Jacques Dupont qui sortira, avec le numéro du Point spécial primeurs sur Bordeaux, le 21 mai prochain. Il livre à Côté Châteaux ses premières impressions. 5 semaines intenses où il analyse entre 2 et 3000 vins. Nous l’avons rencontré chez les Crus artisans à Saint-Estèphe, au château la Peyre.

Jacques Dupont © Jean-Pierre Stahl

Pour Jacques Dupont, c’était une année où les cabernets ont donné tous leurs arômes © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: « Jacques, dites-nous, ce 2014, quelle note vous lui attribueriez? »

Jacques Dupont: « Oh, une note globale ? Ce serait nettement plus que la moyenne ! C’est ni excellent, ni mauvais, c’est nettement au-dessus de 2013 qui n’était pas facile. C’est un millésime qui me fait penser à 2012 avec nettement plus de matière.

Je le mettrais dans les bons millésimes, voire même très bons sur les cabernets sauvignons dans les Médoc, mais pas excellent, ça n’est pas 2005 » Jacques Dupont journaliste au Point.

Absence de Parker pour primeurs 009

Jean-Pierre Stahl: « Certains ont dit que ça serait un millésime de garde, cela le sera ? »

Jacques Dupont: « Oui bien sûr, ça sera un millésime de garde notamment dans le Médoc. Partout où il y a du cabernet, ça peut être un millésime de garde. Mais ce qui est sympa aussi c’est qu’on va pouvoir les boire jeune. Sur les Bordeaux Sup, les Côtes de Bordeaux, les satellites de Saint-Emilion, ce sont des vins que l’on pourra boire assez jeunes. Parce qu’ils ne sont pas agressifs, les tanins sont mûrs, ça ne demande pas de vieillissement particulier mais ça sera de garde quand même.

Jacques Dupont avec le propriétaire du château la Gleyze © JPS

Jacques Dupont avec le propriétaire du château la Peyre © JPS

Jean-Pierre Stahl: « Est-ce qu’il va sauver la place de Bordeaux et le système des primeurs ? Car on a vu que le millésime 2013 avait quasiment mis en péril ce système… »

Jacques Dupont: « Ca on le saura fin juin. Tout le monde est dans l’expectative: on est au poker, là ! Grosso modo, est-ce que la vingtaine de crus qui fait l’image des primeurs et qui se sont vendus très chers ces dernières années, est-ce que ces vins-là vont donner envie aux acheteurs de participer ou pas ? Est-ce qu’ils vont baisser leur prix ?

Le problème aujourd’hui sur le marché, c’est que les grands acheteurs n’ont pas gagné d’argent ! Autrefois, même si l’on prend un consommateur moyen, qu’est-ce qu’il faisait ? Il achetait une caisse d’un grand vin et en revandant quelques années plus tard 2 ou 3 bouteilles de cette caisse de 12, il pouvait racheter une autre caisse de 12 et gagner de l’argent !

Côté Châteaux et le grand Jacques emprûnt d'humilité, de sagesse et de justesse dans ses analyses © Didier Bonnet

Côté Châteaux et le grand Jacques emprûnt d’humilité, de sagesse et de justesse dans ses analyses © Didier Bonnet

Les gens qui ont acheté 2010, je ne suis pas sûr qu’ils aient gagné beaucoup d’argent aujourd’hui parce que les vins se sont vendus très très chers, je parle toujours de ceux qui pratiquent des prix assez élevés. 2011, ils n’ont rien gagné du tout et ils vont peut-être même en perdre. 2012, ils ont gagné…rien du tout et 2013, je ne sais même pas s’ils ont acheté !

Donc, grosso modo, ça fait 4 ans où les gens qui achètent des primeurs n’ont pas rentabilisé leurs investissements. Est-ce que cela veut dire que c’est la fin des ventes primeurs, je ne sais pas. On va voir, rendez-vous au mois de juin, voir si par des baisses intéressantes on va relancer ou pas.

Et puis on fait autre chose, depuis les années 2000 on s’est intéressé aux autres vins, on a demandé aux autres syndicats viticoles…là je suis dans les crus artisans, c’est la face cacé du Médoc et c’est pas les plus mauvais loin de là; on leur a demandé s’ils voulaient vendre en primeurs en direct aux particuliers. Ils ont répondu oui, donc on se retrouver à goûter beaucoup de vins. Les premières années, j’étais là 15 jours, puis 3 semaines et là je me retrouver avec 5 semaines pour goûter…ça fait énormémen de vins l’arrivée, mais ça a permis de maienir un intérêt pour Bordeaux. Parce que nos lecteurs peuvent acheter des vins pas trop chers, ils ne font pas de la spéculation dessus. Simplement une bouteille qui est à 12 euros, ils peuvent l’acheter à 10 ou 9 euros, e puis ils l’auront dans 2 ans, ils sont contents car ils ont fait une petite affaire.

Et c’est pas pour les revendre, c’est pour les boire eux ! Ce qui est quand même la finalité du vin: ce n’est pas la spéculation, c’est se faire plaisir ! »

A retrouver ses notes et coups de coeur le 21 mai prochain dans le Point.

Les Etats-Unis, premier pays à l’honneur à Vinexpo Bordeaux. Les contrats américains vont pleuvoir…

Ils sont malins à Vinexpo. Ils chouchoutent nos amis d’outre-atlantique qui sont devenus le1er marché de vin au monde avec une perspective d’augmentation de consomation de 11% dans les 5 prochaines années.

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Pour son édition 2015, Vinexpo met pour la première fois un pays à l’honneur et ce sont les Etats Unis qui inaugurent le concept. En désignant le marché américain, Vinexpo souhaite donner un coup de projecteur sur un de ses plus fidèles alliés, tant au niveau exposants que visiteurs, mais aussi sur le 1er marché du vin au monde, dont la consommation de vin a atteint 312.5 millions de caisses de 9 litres en 2014. L’étude Vinexpo/IWSR prévoit que cette consommation va continuer d’augmenter de l’ordre de 11% dans les cinq prochaines années.

Pour permettre à l’ensemble des visiteurs et des exposants de découvrir ce marché et de mieux appréhender le fonctionnement de ses acteurs, le célèbre magazine américain Wine Spectator, partenaire de Vinexpo, animera une conférence qui aura lieu mardi 16 juin de 10h00 à 11h30 au Palais des Congrès. Des acteurs importants du marché américain, importateurs, distributeurs, restaurateurs et journalistes donneront les clés d’une meilleure compréhension de ce marché traditionnel mais complexe.

Toujours sous l’égide de Wine Spectator, une dégustation comparative aussi inédite que spectaculaire réunissant de grands vins de propriétés produisant à la fois aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde aura lieu lundi 15 juin de 15h00 à 18h00, dans le Hall 3 du salon.

Côté exposants, les Napa Valley Vintners seront pour la première fois présents avec un stand dédié invitant à la découverte de cette région viticole américaine. De nombreuses dégustations et masterclass éducatives y seront organisées. Plus de 25 viticulteurs de la Napa Valley seront présents sur le stand et feront découvrir les vins de leur région.

A différents endroits de Bordeaux, sur les quais, devant la mairie, au Parc des expositions, Sara Matthews, célèbre photographe viticole new-yorkaise, exposera quelques-unes de ses œuvres, mettant en scène les vignobles du monde.

Avec deux restaurants proposant des spécialités américaines, un food truck et un restaurant californien, Vinexpo célèbrera la cuisine de son pays invité d’honneur.

Avec Vinexpo.

02 Avr

Charles Berling s’empare des clés de châteaux et promet un futur grandiose aux primeurs 2014

Au château la Dominique à Saint-Emilion, l’acteur Charles Berling a fait le show, en compagnie de la famille Rolland et de Jean-Claude Fayat, président du groupe Fayat (propriétaire du château). L’acteur qui a succédé à Adriana Karembeu pour cet événement signé les Clés de Châteaux, a dégusté quelques vins en primeurs et a trouvé l’ensemble de « très bonne qualité ».

Michel Rolland, Stépanie Dany, et Marie from the Rolland family et Charles Berling © Jean-Pierre Stahl

Michel Rolland, Stéphanie, Dany, et Marie from the Rolland family et Charles Berling © Jean-Pierre Stahl

Il était attendu telle une star et pourtant il ne se la joue pas. Plutôt décontracté l’acteur du « prénom » (2012)… Il s’est même fait aujourd’hui un nom dans le monde du vin à Saint-Emilion. Pour la présentation du millésime 2014, Charles Berling rivalisait de sourire, de sympathie et de décontraction avec son guide Michel Rolland, connu pour sa bonhomie.

Commençant le petit tour d’horizon des 240 vins que Michel Rolland conseille dans le monde, Charles Berling s’arrêtait tout d’abord sur un petit vin qui porte ce joli prénom « Dominique ». Et même s’il connait la chanson (dominique…non, de roland, non plus), peut-être parce qu’il est chanteur aussi, il s’est prêté à ce sport du lever de coude et du commentaire: « le fruit est très présent, avec le temps, c’est des vins qui prennent de l’ampleur… »  Jean-Claude Fayat, le propriétaire de la Dominique, d’expliquer: « un vin comme cela avant, à Bordeaux il fallait attendre 10 ans avant de le boire, maintenant on peut le boire plus jeune. » Et Michel Rolland de se congratuler: « c’est très bien la Dominique 2014 » Charles: « tu contribues à le faire… » « Non, c’est l’équipe qui le fait ! » répond avec simplicité le célèbre oenologue entouré de ses fidèles collaborateurs, Bruno Lacoste oenologue, et Jean-Philippe Fort qui conseille Valandraud et Troplong Mondot.

Michel Rolland, Charles Berling, Stéphanie Rolland et Jean-Claude Fayat © JPS

Michel Rolland, Charles Berling, Jean-Claude Fayat et Stéphanie Rolland © JPS

Dans « cet endroit magique » qu’est la Dominique (selon Marie Rolland), le petit cortège se faufile cahin-caha parmi les autres dégustateurs professionnels, avec quelques photographes venus pour l’occasion. « On n’est pas très lourd en alcool cette année, par rapport aux années chaudes comme 2009 », précise Michel Rolland à Charles Berling qui continue de goûter ici et là ces verres qu’on lui propose: « on boit, on boit, et puis bing la vitre… » me dit-il en riant, « mais vous ne buvez pas vous ? » Pour une fois, non…Avec l’âge, Côté Châteaux devient plus sage.

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Au détour d’une n..ième dégustation, Charles Berling me confie qu’il n’a pas l’habitude de l’exercice des primeurs, même si ce n’est pas la première fois, il « préfère boire des vins plus vieux ». Toutefois, ils peut déjà dire que certains ont un futur grandiose, tout est de très bonne qualité, il n’y a pas de mauvaise surprise

Au passage une petite explication sur le château Rolland Maillet: « on avait les propriétés familiales qui était sur 3 appellations entre Pomerol, Saint-Emilion et Lalande de Pomerol », avec le Bon Pasteur et Bertineau. Mais depuis mai 2013, les deux derniers ont été vendu au groupe chinois Golding: « Mr Pan est un fou de vin », explique Dany Rolland, tout en précisant que « nous avons gardé l’exclusivité de la commercialisation de Rolland-Maillet. »

La remise de la fameuse clé: un tire-bouchon est caché à l'intérieur de cette grosse clé en laiton © JPS

La remise de la fameuse clé: un tire-bouchon est caché à l’intérieur de cette grosse clé en laiton © JPS

Charles, qui sait qu’il va recevoir les clés de châteaux, il y va de son nouveau compliment: « ça va me permettre d’aller visiter ces châteaux, ces gens dont certains sont encore de vrais paysans, très sympathiques et qui ont fait des progrès énormes. La vigne est extraordinaire, elle souffre un peu pour aller chercher tous ces arômes ».

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Le périple continue jusqu’aux communales de Margaux, Pauillac et Saint-Estèphe, avant de se faire remettre les clés devant cette immense baie vitrée de la Dominique avec vue directe sur la vigne.

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Et Dany Rolland de lui faire connaître aussi son dernier né: ce vin avec étiquette de film et le visage d’un oenologue connu qui fait l’objet d’une collection intitulée la « winemaker collection »: « Philippe Raoux donne chaque année carte blanche à un oenologue pour réaliser une cuvée de 30 000 bouteilles, il peut choisir les parcelles… », cette 9e collection sera faite par Dany l’élégante: « moi je suis plutôt merlot; mais cette année les cabernets sauvignons étaient tellement beaux que j’ai fait un vin avec 60% cabernet et 40% merlot. »

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Un joli scénario encore qui pourrait inspirer Charles Berling. Depuis ses rôles marquants dans « Ridicule » (1996 de Patrice Leconte), dans « Je reste ! » (Diane Kurys -2003) avec Sophie Marceau, il est passé par la case téléfilm sur France 2 avec Jean Moulin et est devenu réalisateur en ce printemps 2015: il débutera le tournage de son premier long métrage, adapté de son livre Aujourd’hui, maman est morte, avec au casting François Damiens, Ludivine Sagnier, Emmanuelle Riva et le grand Charles…Berling, qui a tapé trois coups ce jour dans le grand théâtre de Saint-Emilion !.

Primeurs et prix: il faut savoir raison garder… »ça passe ou ça casse ! »

2013 a été un séisme à Bordeaux, 2014 devra recoller les morceaux ! Toutes les analyses de bon sens plaident pour une sortie de prix raisonnable sinon « le système se brisera » selon plusieurs experts.

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La semaine des Primeurs des vins de Bordeaux, est une semaine décisive, un rendez-vous unique dans le monde viticole. Elle permet aux professionnels de jauger la qualité du millésime 2014 avant même de passer leurs ordres d’achat. Initialement le système était ainsi fait que le client payait une bouteille deux ans avant sa livraison en échange d’une ristourne.

Les clients étaient contents, ils pouvaient toucher le vin 15 à 20 % moins cher. C’était la raison d’être de ce rendez-vous vieux de 40 ans. Un système qui permettait au châteaux d’avoir également de la trésorerie.

La partition était bien écrite avec dans l’orchestre des importateurs, des cavistes, la grande distribution, négociants, des courtiers et en guise de premiers violons de nombreux journalistes et critiques du vin qui attribuent notes et commentaires. Il y avait même à une époque un Robert Parker, 1er violon ou même chef d’orchestre selon les années qui « donnait le la », la tendance du marché.

Ainsi les 250 plus grands châteaux de Bordeaux pouvaient écouler de 70 à 90% de leur production via le marché des primeurs. Car à la fin du mois de mai ou en juin souvent les années où Vinexpo se tenait. Les propriétaires de ces prestigieux châteaux fixaient alors leur prix aux négociants, chargés alors d’écouler les bouteilles aux quatre coins du monde. Pour certains, tout pouvait être écouler en quelques jours.

Mais ça, c’était avant. Avant que le marché ne s’emballe ! Car avec les millésimes 2009 et 2010, ce fut une pure folie. Les prix ont monté en flèche. Les Chinois étaient là et ils en redemandaient. Les fidèles Américains essayaient de suivre cette partie de poker, mais l’euro était trop cher, quant aux anglais cela faisait déjà quelque temps qu’ils avaient été charmé par les Australiens et d’autres, ils revenaient également se disant que c’était le coup à ne pas rater. La bourse n’était plus juteuse, tous pensaient se faire des fortunes avec le vin (et notamment en Chine où de nombreux asiatiques se sont improvisés experts en vin, vendant des Bordeaux Sup à 100 euros la bouteille…). Les Bordelais ne regardaient plus qu’à l’est là où le soleil se lève, comme le mirage d’un napoléon en or (les Chinois adorent en plus Napoléon). But all that glitters is not gold ! Plus dure fut la chute.

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Après avoir vendu à ces champions du commerce leurs jolis flacons, ces messieurs-dames se flattaient d’être les meilleurs au monde. Et puis les Chinois ont pris des mesures pour en finir avec les cadeaux ostentatoires de grands vins, contre la corruption, et ont pris conscience aussi qu’ils avaient trop acheté, et acheté trop cher aussi. Les millésimes suivants allaient en pâtir… Sans parler de leur ouverture sur d’autres marchés australiens, espagnols, argentins et chiliens. En 2013, la chute de 22% puis 19 % en 2014 allaient se faire sentir à Bordeaux. Bordeaux a malgré tout a limité la casse avec -8% en 2014 en ventes globales.

Une fois ce contexte posé, cet histoire ressassée, il faut en tirer des conclusions. Les stocks de 2011, 2012 et 2013 sont encore importants (malgré un 2013 très faible en volume). 2014 s’il est largement supérieur ne doit pas signifier une nouvelle flambée des prix car le marché ne l’assimilerait pas. Nombre de négociants en 2013 ont été fragilisés par ces méventes, il ne faudrait pas enfoncer le clou.Car pour qu’une campagne primeurs fonctionne, il faut que tout le monde y trouve un intérêt financier. La propriété, qui récolte des liquidités lui permettant de financer la prochaine récolte, mais aussi le négociant, le distributeur et le consommateur, qui peuvent se procurer un vinà un prix inférieur d’au moins 20% à celui qui sera appliqué lors de sa mise sur le marché, deux ans plus tard.

Un célèbre château voit aujourd’hui revenir de Chine des 2010 20 à 25 % moins chers que lors de la vente en primeurs. C’est dire les déconvenues.

Pour François Lévêque, président honoraire du syndicat des courtiers de la Gironde: « L’intérêt de tout le monde est la règle de base. Or, lors des mise en marché des millésimes 2010, 2011, 2012 et 2013, cette règle n’a pas été respectée. Et dans la majeure partie des cas, les prix des sorties primeurs ont été trop élevés et n’ont pas permis de dégager la marge qu’était en droit d’attendre l’acheteur quand il pré-finance l’achat d’un vin« .

Le marché attend de la cohérence sur les prix, ce que l’on n’a pas eu depuis des années, et sans cela le système se brisera. Cette année, ça passe ou ça casse. On peut se poser la question de savoir si les primeurs continueront ou pas, » François Lévêque, président honoraire du syndicat des courtiers de la Gironde

Georges Haushalter, le vice-président du syndicat des négociants de la Gironde et ancien président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux réfute cette prédictionmisant cette année sur « un millésime de qualité » succédant à une récolte 2013 qui a déçu et tiré les prix vers le bas. « 

Comme le prix du 2013 servira de base pour le 2014, il y a un parfum de bonne affaire », Georges Haushalter vice-président des négociants de la Gironde.

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Et d’ajouter: « Si rien n’a été vendu pour le 2013, c’est qu’il était de 30% en moyenne plus cher qu’un 2008, équivalent en terme de qualité », lui rétorque un expert en grands crus de la place bordelaise. Selon lui « 2014 est une occasion unique de revenir à la raison, il faut que les propriétaires soient très vigilants sur les prix ».

L’ensemble de la filière s’accorde sur la qualité du millésime 2014, qui sans être exceptionnel au regard des trois derniers grands qu’a connus Bordeaux (2005, 2009 et 2010), satisfait les observateurs.

Les vins blancs secs et liquoreux sont excellents, les rouges plutôt réussis » Pr Denis Dubourdieu, directeur de l’Institut de la science de la vigne et du vin.

« Les blancs secs sont fruités, denses, soutenus par une acidité inaccoutumée à Bordeaux. Les grands vins liquoreux sontégalement de grande qualité mais faible quantité. Les rouges sont incontestablement meilleurs que ceux de 2013 et le millésime est porté par les cabernets, tant francs que sauvignon, qui ont pleinement profité de l’arrière-saison », écrit-il.

L’horizon, s’il s’est éclairci outre atlantique avec une croissance aux USA et un dollar revenu à une quasi parité avec l’euro. On peut se réjouir de la bonne santé économique des grands marchés de Bordeaux à l’export, notamment les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Des marchés traditionnels de Bordeaux qui devraient être salutaires. Alors que Bordeaux les avait regardé un peu de haut du temps de l’appel d’air chinois.

JPS avec AFP

01 Avr

L’absence commentée de Robert Parker aux primeurs de Bordeaux: « un seul être vous manque… »

Pour la 1ère fois depuis plus de 30 ans, Robert Parker est absent de la dégustation des primeurs à Bordeaux. Côté Châteaux a interrogé d’autres grosses pointures du monde du vin: Michel Rolland, Jean-Luc Thunevin, Alain Raynaud et Jacques Dupont, 3 amis de « Bob » et 1 autre grand critique. Tous réagissent à ce grand vide dans un dialogue que Côté Châteaux a assemblé et qui nous comble.

Michel Rolland, 30 ans de carrière en parallèle et d'amitié avec Robert Parker © Jean-Pierre Stahl

Michel Rolland, 30 ans de carrière en parallèle et d’amitié avec Robert Parker © Jean-Pierre Stahl

Depuis le château la Dominique à Saint-Emilion, Michel Rolland (sortant un mouchoir): « Ne m’en parlez pas ! (puis rires). Bien sûr, c’est un changement après 30 ans de visites régulières et puis surtout il avait une qualité énorme: il avait un impact…Il n’y a pas énormément de critiques du vin qui ont un impact, lui avait un impact mondial ! » 

Jean-Luc Thunevin, le chouchou de Parker © JPS

Jean-Luc Thunevin, le chouchou de Parker © JPS

Non loin dans le garage de Jean-Luc Thunevin: « C’est vrai que je suis un enfant de Parker, un chouchou ! Mais son arrêt était prévisible, vu son âge, il est né en 47, je l’avais vu, il était un peu fatigué, il avait mal au dos. Donc le fait qu’il ne vienne pas est embêtant pour ses chouchoux, donc peut-être pour moi. Mais, en fait il ne manque pas car le Wine Advocate existe toujours, même si ce sont des Singapouriens qui le possèdent, et il a envoyé Neil Martin,son collaborateur qui goûte et note les Bordeaux, toutefois ses notes seront moins importantes par rapport au boss. »

Michel Rolland:« Les acteurs sérieux dans le vin aujourd’hui le regrettent mais la terre va continuer de tourner. Les négociants de Bordeaux vont reprendre leurs responsabilités, c’est à dire qu’ils vont acheter ce qu’ils aiment. Vous savez, on a débuté il y a un peu plus de 30 ans aujourd’hui…Il n’était pas le Bob Parker d’aujourd’hui et je n’étais pas ce Michel Rolland, quand vous démarrez vous ne savez pas si vous allez réussir. Est-ce que  son impact était bien ou mal: oui c’était bien car ça a aidé Bordeaux et il adorait les Bordeaux. Mal ? Oui aussi, car quand il n’aimait pas trop les vins ou qu’il ne mettait pas de trop bonnes notes, ça donnait au marché une raison de ne pas acheter le vin. C’était la meilleure et la pire des choses. »

Pour Alain Raynaud, le Président du Grand Cercle des Vins de Bordeaux depuis le château d’Agassac à Ludon-Médoc: « un seul être vous manque et tout est dépeuplé… » puis « un seul être vous manque et tout est repeuplé ! On a fait deux jours de dégustation avec la presse, on a beaucoup échangé avec des journalistes qui ont tous l’envie de devenir un jour Robert Parker et pourtant je pense que personne ne le deviendra ! »

Jacques Dupont, journaliste du Point, dégustant les crus artisans © JPS

Jacques Dupont, journaliste du Point, dégustant les crus artisans © JPS

Perdu au fin fond du médoc en pleine dégustation des crus artisans au château la Peyre, Jacques Dupont, journaliste et auteur du Guide Jacques Dupont sur les primeurs à paraître dans le Point en mai: « Avant je m’étais dit, si Parker ne peut pas venir, le négoce va être perdu ! Qu’est-ce que faisait Robert Parker, il donnait une indication, en donnant une note de 95/100 par exemple. Et tout le monde se précipitait sur cette note de 95/100. Alors peut-être que le marché aujourd’hui qui s’est ouvert sur le monde est devenu un peu moins bébête. Les achats Parker, c’était à la note et sans goûter, les gens sont devenus plus intelligents… »

Dany et Michel Rolland © JPS

Dany et Michel Rolland © JPS

Pour Michel Rolland, Robert Parker n’était pas forcément le seul à avoir un palais unique, « il était surtout increvable, il pouvait déguster 250 échantillons et il était toujours fiable. Le vrai talent, c’est 18 heures de travail par jour… »

Jacques Dupont a ce regard plus en retrait: « On ne peut pas dire, tout est blanc tout est noir :Parker a été un formidable ouvreur de pistes aux Etats-Unis, il a permis à Bordeaux de s’installer et de vendre du vin là-bas, mais à un moment donné ça devenait un peu caricatural, tout le monde faisait du vin pour faire plaisir à Robert Parker… »

Alain Raynaud en contrepoids: « d’abord le goût n’a jamais été uniforme; il a surtout été à l’origine d’un mouvement qualitatif remarquable. Dans les années 80, Bordeaux était loin d’avoir le leadership mondial; ce que Bordeaux est devenu aujourd’hui, il y a contribué peut-être en mettant l’accent sur des vins avec une structuration tanique importante…Il a mis l’accent sur l’investissement au long court dans les vins de garde ! »

31 Mar

En marge des primeurs, ça douelle pas mal à Saint-Emilion !

Ca balance pas mal à Paris, ça balance ici…A Saint-Emilion, ça douelle pas mal avec le Dowell, ce fauteuil à base de barriques, testé par Michel Rolland. Les réalisations de Rémi Denjean font le buzz dans deux spots de dégustations très courus: au château la Dominique et chez Thunevin…

Michel Rolland, "the boss" under "the seat" ! © Jean-Pierre sTAHL

Michel Rolland, « the boss » opte pour « the seat » ! © Jean-Pierre sTAHL

Qui mieux que Michel Rolland, le célèbre oenologue qui conseille 240 châteaux dans le monde et notamment dans 14 pays, pour s’assoir sur cette réalisation made in Bordeaux et mabe by Denjean: le Dowell, cet énorme fauteuil design réalisé à base de deux barriques bordelaises de 225 litres, dont les douelles portent encore la trace du vin et sont reliées entre elles par une lame d’acier noire.

Marylin Jonnhson photographiant Michel Rolland et Dany son épouse © JPS

Marilyn Johnson photographiant Michel Rolland et Dany son épouse © JPS

Rémi Denjean a trouvé enfin une oreille attentive auprès de grands oenologue et négociants de Saint-Emilion et Bordeaux. Ainsi il expose au château la Dominique pour le rendez-vous des Clés de Châteaux et chez Jean-Luc Thunevin qui accueille également plus de 50 châteaux et propriétaires pour faire déguster leurs vins.

Si Charles Berling annoncé à la Dominique décide d’y faire une petite sieste après déjeuner ce jeudi, ce sera la consécration pour Rémi Denjean.

30 Mar

Le bal des primeurs est ouvert : 2014 sera un millésime de garde

Après 3 années difficiles, le millésime 2014 va sauver la mise à Bordeaux. Un millésime de garde, excellent pour plusieurs propriétés, qui va relancer les affaires. Petit tour d’horizon aujourd’hui à la dégustation des Vins de Pessac-Léognan et parmi le Grand Cercle des Vins de Bordeaux.

Le premier gros spot de dégustation le château Smith Haut Lafitte accueillait ce lundi les Pessac-Léognan © Jean-Pierre Stahl

Le premier gros spot de dégustation le château Smith Haut Lafitte accueillait ce lundi les Pessac-Léognan © Jean-Pierre Stahl

Le carnet de bal indiquait: ouverture du bal le 30 mars, 9h30, au château Smith Haut Laffite à Martillac. Alors que Florence et Daniel Cathiard avaient convié plus de 70 propriétaires de Pessac-Léognan, les danseuses se laissaient désirer . Mais comme toute fête, l’ambiance a parfois du mal à s’installer. Pourtant le sol de tomettes bien glissant permettait quelques pas de valse autrichienne ou de tango argentin, bal des primeurs oblige. Mais comme chacun sait, avant d’être invité à danser, souvent on se regarde en chien de faïence…bref après 3 millésimes délicats dont un 2013 très en dessous des attentes, il fallait réchauffer l’ambiance à Bordeaux. Les choses sérieuses allaient ainsi commencer passé 10 heures…le quart d’heure bordelais étant sérieusement dépassé, les professionnels français et étrangers, très en retard pour ce grand rendez-vous, allaient pouvoir se laisser envoûter par ce nouveau nez !

Magnus Ericsson et Adrien Bernard du Domaine de Chevalier © JPS

Magnus Ericsson et Adrien Bernard du Domaine de Chevalier © JPS

Après quelques gorgées (recrachées) de blanc, les commentaires allaient bon train, à l’instar de cet importateur Suèdois Magnus Ericsson « C’est très frais, on a beaucoup d’acidité, il est très bon ! » Arrêté dans son élan sur le stand du Domaine de Chevalier, Adrien Bernard lui expliquait: « c’est un été très frais que l’on a eu. Ce mois d’août était plutôt nuageux, on aime ça sur les blancs car cela va donner de l’acidité. On a mis deux semaines à vendanger 7 ha, du 10 au 26 septembre…On a fait des tris successifs, on est passé 2 à 3 fois dans les rangs de vigne ». Une autre danse, celle des vendangeurs de septembre…

Bruno Lemoine fier de son blanc en 2014 à comparer au 2007 © jps

Bruno Lemoine fier de son blanc en 2014 à comparer au 2007 © jps

Les blancs ont su tirer profit de ce temps en dent de scie, un été frais avec septembre chaud pour consacrer le tout: « c’est de l’éclat des 2007, on a de l’acidité et de la concentration, vraiment c’est un très grand millésime », pour Bruno Lemoine du château Larrivet Haut Brion.

Florence Cathiard, propriétaire du château Smith Haut-Lafitte est heureuse du 2014 et de retrouver les Américains © JPS

Florence Cathiard, propriétaire du château Smith Haut-Lafitte est heureuse du 2014 et de retrouver les Américains © JPS

Devant une salle quasi-comble, passé 11 heures, Florence Cathiard, propriétaire du château Smith Haut Lafitte, avait retrouvé le sourire après avoir vu, comme elle nous le soulignait, les prix de ses 2011, 2012 et 2013 chuter de moitié par rapport aux fabuleux 2010 et 2009, la voici rassurée: « on a eu la descente aux enfers, mais la on a un très beau vin. On a eu des cabernets de folie. Les Américains sont de retour avec un dollar fort et les chinois également, vous allez les apercevoir cette semaine, on est heureux. »

Arnaud de Butler et ses amis devant le château d'Agassac © JPS

Arnaud de Butler du château Crabitey, et ses amis Pascal Guignard de Roquetaillade la Grange, et Arnaud Lesgourgues du château Haut Selve devant Agassac © JPS

Au château d’Agassac, il y avait de quoi s’agasser (pour jouer sur leur ancien slogan Agassac, le château Agassant) car la foule de visiteurs se faisait aussi attendre, sans doute occupés sur d’autres spots de dégustation (à Smith Haut Laffite notamment), car durant cette folle semaine? qui démarre le jeudi pour la presse spécialisée et s’étale jusqu’au jeudi suivant, on compte environ une cinquantaine de rendez-vous de dégustation. Sans nul doute, ils seront là mardi et mercredi.

Francis Boutemy et Alain Raynaud © JPS

Francis Boutemy du château Haut-Lagrange et Alain Raynaud, président du Grand Cercle des Vins de Bordeaux © JPS

Et pourtant de grands noms de châteaux étaient présentés par le Grand Cercle des Vins de Bordeaux présidé par Alain Raynaud: parmi ces 193 châteaux, on pouvait retrouver avec plaisir Francis Boutemy du château Haut-Lagrange, Marie-Laure Lurton du château Villegeorge et de la Tour de Bessan, mais aussi Arnaud de Butler du château Crabitey dans les Graves…et déguster ici un Balthus, là des Cerisiers du château de Francs en Côtes de Bordeaux, tous deux de bonne facture.

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Petit instant de dégustation sur le comptoir de Jean-Luc Zell, le directeur général d’Agassac avec cet importateur Allemand de Koblenz Max Schwarz de la Société Vin et Vie, qui est aussi importateur des vins de la Passion des Terroirs: « certains 2014 sont extraordinaires, vraiment c’est très très bon. »

Max Scharz et Jean-Luc Zell © JPS

Max Scharz et Jean-Luc Zell © JPS

Jean-Luc Zell, qui ne souhaitait pas s’aventurer à comparer 2014 à certains millésimes des 10 dernières années, confirme que « c’est un millésime de garde ». Ce 2014 a pleinement profité de l’été indien avec septembre et octobre ensoleillés et chauds. Il y a la quantité mais aussi la qualité et ça se sait car de nombreux étrangers ont fait le déplacement pour les goûter.

Laurent Cisnéros du château de Rouillac et Laurent Moujon auteur de guides sur Bordeaux © JPS

Laurent Cisnéros du château de Rouillac et Laurent Moujon auteur de guides sur Bordeaux © JPS

Et comme me le confiait Patrick Bernard, PDG  de la maison de négoce Millésima: « C’est un millésime riche, dense, opulent, qui est rafraîchissant, désaltérant. C’est un petit peu en dessous des 2009 et 2010, mais vous avez un degré par trop élevé avec 1,5° d’alcool en moins par rapport aux 2009 et 2010.Bref on a tout ce qu’il faut pour revenir en grâce auprès du consommateur. »

Patrick Bernard de la Maison de Négoce Millésima © JPS

Patrick Bernard PDG de la Maison de Négoce Millésima © JPS

Encore faut-il que les propriétés restent raisonnables au niveau des prix…à moins de retomber dans les travers de la flambée des 2009 et 2010. Une spéculation que les Chinois et autres étrangers ont fait payer par la suite à Bordeaux.

29 Mar

Château Carbonnieux, un savoir-faire porté par les frères Perrin

Depuis l’achat du château Carbonnieux en 1956 et leur retour d’Algérie, les Perrin ont retroussé leurs manches pour élever la propriété au rang de Cru Classé de Graves. Ils ont hissé partout dans le monde les couleurs (blanc et rouge) de ce grand vin. Un blanc à la typicité reconnue unanimement comme exceptionnelle.

Dans les rangs de vigne de Carbonnieux, près de 100 ha actuellement, Philibert et Eric Perrin © JPS

Dans les rangs de vigne de Carbonnieux, près de 100 ha actuellement, Philibert et Eric Perrin © JPS

Le château Carbonnieux est sans nul doute l’un des plus anciens du Bordelais. Il fut fondé par les Bénédictins de l’Abbaye Sainte-Croix de Bordeaux au XIIIe siècle. Acheté en 1956 par le grand-père d’Eric et Philibert (actuels managers), Marc Perrin avait hésité entre Rauzan-Ségla à Margaux, le Tuquet dans les Graves et ce domaine qui comptait à l’époque 60 ha de vignes plantées mais en mauvais état. C’est l’attrait pour les grands domaines comme en Algérie qui a emporté son choix.

Philibert et Eric Perrin, les deux piliers du château Carbonnieux © Jean-Pierre Stahl

Philibert et Eric Perrin, les deux piliers du château Carbonnieux © Jean-Pierre Stahl

Lors de l’acquisition, le château n’avait pas encore la physionomie actuelle: « il avait été éventré durant la guerre, une partie était en ruine. Par endroits, il n’y avait plus de plancher » selon Philibert Perrin. « Au départ, il a fait des céréales, des olives, des artichauts et de la vigne. Il était en polyculture. »

« Quand on était enfant, Carbonnieux ressemblait à une grande ferme: on avait des poules, un âne, des chiens et un grand jardin potager » confiait Christine Perrin, la deuxième de la fratrie (soeur d’Eric et Philibert)(interrogée par Terre de Vin).

« Est-ce que c’était des réflexes dus aux périodes difficiles ? », explique Eric Perrin, qui s’empresse de me confier: « j’ai le souvenir d’un cochon, et on avait des pommes sur la propriété, alors on le bourrait de pommes… » On avait créé un potager, voulu par ma grand-mère. Elle voulait des fruits et des légumes de la ferme. Mais quand on produisit des haricots, ça avait ses avantages et ses inconvénients: on en avait à tous les repas… »

Dans le chai à barriques de blanc, dégustant le 2014 en plein élevage © Jean-Pierre Stahl

Dans le chai à barriques de blanc, dégustant le 2014 en plein élevage © Jean-Pierre Stahl

Eric et Philibert sont aujourd’hui les gardiens du temple. « On a toujours travaillé sur le domaine familial et sur nos propres exploitations, et c’est ce que l’on fait toujours aujourd’hui », explique Philibert.

On est les deux co-gérants. On travaille chacun de notre côté et sous le même toit. Nous sommes indépendants et complémentaires, même si pour certains dossiers, nous travaillons ensemble, » Eric et Philibert Perrin

Eric a 51 ans, il s’est formé au sein de la propriété: « j’ai eu de la chance d’arriver au moment où on a mis en place les techniques de Denis Dubourdieu et les méthodes bourguignonnes de la fermentation des blancs en barriques. » Mais Eric s’est aussi installé avec Marc Lurton à la tête du château Haut-Vigneau en 1987 car il fallait protéger les terroirs de l’appellation Pessac-Léognan avec la technopole ». « L’appellation faisait 800 ha dont 600 en rouge et 200 en blanc, aujourd’hui elle représente 1300 en rouge et 250 en blanc, les rouges ont plus que doublé et les blancs très peu progressé. »

 

Philibert, 45 ans, diplômé du lycée de viticulture et d’oenologie de Blanquefort, a commencé vers 1992 et s’est installé au château Lafont-Menaut: « notre père (Anthony) nous a aidé à nous installer comme jeunes agriculteurs. »

Le château Carbonnieux est très connu en France et dans le monde, surtout pour ses vins blancs. Les blancs représentent 45% du vignoble. Et chiffre impressionnant, Carbonnieux produit à lui tout seul 20 % des blancs de l’appellation Pessac-Léognan. Eric Perrin tient à préciser « Dans les années 60, Bordeaux produisait plus de blancs que de rouges. 60% de blancs, dans les années 70 ce fut le point d’équilibre et aujourd’hui Bordeaux produit 87% de rouges. »

La cave des vieux millésimes avec le portrait de Thomas Jefferson, reçu en 1787 au château avant d'accéder à la Présidence des Etats-Unis d'Amérique © JPS

La cave des vieux millésimes avec le portrait de Thomas Jefferson, reçu en 1787 au château avant d’accéder à la Présidence des Etats-Unis d’Amérique, il a même planté un arbre, toujours présent sur la propriété © JPS

Si Denis Dubourdieu suit le domaine depuis 28 ans, Eric et Philibert Perrin ont décidé depuis une quinzaine d’années d’axer sur davantage de recherche de qualité avec un travail précis à la vigne, un travail parcellaire. Un savoir-faire apprécié et reconnu du monde entier, avec une renommée très importante pour le Carbonnieux blanc.

 Ainsi pour le blanc, « on a pas moins de 30 parcelles différentes. 100% est fermenté en barriques de chêne, on a une rotation de remplacement par quart par des barriques neuves », explique Philibert.

Eric Perrin: « Cette année, on a évolué dans les techniques de vinification. Avant de presser, on nous conseillait de laisser baigner la peau du raisin pour faire des macérations pelliculaires, désormais en prime on essaie de lutter contre des oxydations prématurées de certains millésimes... » Et Philibert d’ajouter: « On a raccourci ainsi les tapis convoyeurs, le pressurage se fait sous gaz inerte. On a ainsi une évolution qualitative dans le transport des raisins jusqu’au pressoir. C’est un progrès ! »

Le château Carbonnieux travaille aussi « depuis 25 ans en agriculture raisonnée: « pas d’insecticide, pas d’acaricide, pas de désherbant et ce depuis très longtemps », précisent Philibert et Eric ensemble. On les sent engagés dans une démarche louable:

La lutte est raisonnée, on va un un peu plus loin en minimisant les traitements car on connait le cycle des maladies donc on traite au mon moment » Eric et Philibert Perrin du château Carbonnieux.

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Et qui de mieux que les frères Perrin pour parler de leur savoir-faire: « autrefois, on confiait nos vins à la vente aux négociants, aujourd’hui on fait des tournées de 8 jours à tel ou tel endroit: ainsi entre la mi-janvier et le début mars, on a passé deux semaines aux USA, une en Europe et quinze jours en Asie… » explique Eric Perrin. Ils perpétuent ainsi la voie ouverte par leur père Antony qui fut l’un des pionniers de l’appellation à faire connaître Carbonnieux sur les marchés mondiaux et notamment aux Etats-Unis. Château Carbonnieux vend aujourd’hui 50 % de sa production en France et 50 % à l’étranger (Belgique, Allemagne, Suisse, Grande-Bretagne, USA, Japon, Chine…)

Cette semaine pour les primeurs les frères Perrin vont être sur le pont pour expliquer leur travail et celui de leur 45 personnes employées à plein temps (plus de la moitié des effectifs se consacre à la production). On va d’ailleurs les retrouver, dès ce lundi 9h30, pour la grande dégustation des Pessac-Léognan au château Smith Haut-Lafitte.