C’était dans les tuyaux, c’est depuis dans le goulot et ça vient de sortir: Bordeaux Fête le Vin devient annuel. Prochaine manifestation du 20 au 25 juin 2023. La manifestation créée en 1998 était programmée en alternance avec la fête du fleuve. Les dernières manifestations avaient mixé un peu les deux manifestations. La crise sanitaire est venue perturber la bonne tenue sur 2 éditions de cette fête sur les quais de Bordeaux, c’est aujourd’hui un nouvel envol pour Bordeaux Fête le Vin qui l’été dernier a renoué avec son public. Côté châteaux vous avait proposé un magazine spécial: à revoir ici…
On s’en doutait… La ville était favorable, les vignerons, les restaurateurs et le CIVB aussi. Bordeaux Fête le Vin, ce sera tous les ans, qu’on se le dise ! Prochaine édition en 2023 du 20 au 25 juin, avec une séquence avant-première comme cette année à partir du 15 juin où les cavistes et restaurateurs seront associés à l’opération, avec des établissements aux couleurs de BFV et des vignerons présents qui feront déguster…
Cela me paraît plutôt pas mal, il y a un tel engouement, c’est plutôt sympa, on est ravi d’accueillir les touristes du monde entier », Benoît-Manuel Trocard de l’Ecole du Vin de Bordeaux
« Ce qui est bien c’est que cela va relancer les parties hôtellerie et restauration en amont. Et puis cela va redorer l’image des vins de Bordeaux, on en a bien besoin. L’Ecole du Vin participera avec de nouveaux ateliers, tous les ans on va se remettre en question. »
Christophe Chateau, commissaire général de Bordeaux Fête le Vin, confirme que la décision a été conjointe entre les CIVB, l’Office de Tourisme et la Ville de Bordeaux, mais « au final c’est Brigitte Bloch, la présidente de l’Office de Tourisme, qui a tranché ». « Tout le monde y était favorable. »
« Au départ il y avait une certaine incompréhension du public entre Bordeaux Fête le Vin et Bordeaux Fête le Fleuve, il avait du mal à faire la différence… On avait par ailleurs une demande pressante des tours opérateurs pour stabiliser l’événement et c’est ce qui a pesé. On est ravi, c’est une très bonne nouvelle pour le monde du vin.
C’est un événement fort à Bordeaux, on va faire une fête pour en faire un événement encore plus fort », Christophe Chateau commissaire général BFV
« Il y aura bien sûr la présence des grands voiliers, pour le moment on ne sait pas combien, mais depuis 2018 il y avait une vraie demande. Ces voiliers racontent l’histoire de Bordeaux, car les barriques étaient chargées depuis les quais de Bordeaux pour être expédiées dans le monde entier », complète Christophe Chateau.
Depuis 2018, Liverpool organisait une fête en amont début juin, pour l’heure on ne sait pas « c’est en train d’être voté du côté de Liverpool, qui doit accueillir par ailleurs l’Eurovision. »
Cette Fête du Vin affichera une image accessible, ouverte et engagée, avec une route des vins et ses 80 appellations de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine le long des quais de Bordeaux entre le pont de Pierre et le hangar 14. Dès décembre des pass dégustations seront mis en vente avec des ventes « early birds » pour bien figurer au pied du sapin de Noël… Sapin de verre ou vrai sapin, ça c’est le petit clin d’oeil qu’on aime bien à Bordeaux.
C’est un profond malaise pour certains qui n’arrivent plus à vendre… Et pourtant, ils sont amoureux de leur métier. Fabien Ribéreau, fait partie de ces vignerons qui n’ont pas attendu un hypothétique plan d’arrachage que financerait l’Europe, de concert avec le ministère de l’Agriculture…Il a commencé à le faire, pour mieux valoriser ses vins qu’il vend en vrac au négoce et abaisser ses coûts de production et d’entretien de son vignoble. Néanmoins il garde son amour pour la vigne et continue à aller de l’avant. Le collectif des viticulteurs réclame un plan d’arrachage de 10 à 20% du vignoble à Bordeaux.
Un amas de ceps de vigne et de piquets en bois… Ce n’est pas de gaité de coeur que Fabien Ribéreau, vigneron de 49 ans, a anticipé et déjà arraché de beaux pieds de cabernet franc sur un beau terroir argilo-graveleux…
C’est triste car c’est de la vigne que j’ai planté avec mon papa quand il était encore de ce monde… », Fabien Ribéreau, vigneron du château Bellevue à Cadarsac.
« C’est toujours un crève-coeur, réduire la production oui bien sûr pour rééquilibrer les marchés l’offre et la demande, je pense que c’est du bon sens cela paraît être une bonne mesure, cependant c’est quand même un aveu d’échec…Et c’est très triste pour le vigneron, je ne suis pas encore à l’âge de la retraite… Je ne pensais pas prendre cette décision là un jour, contraint et forcé… Je l’ai fait à frais pour que cela ne me coûte pas trop cher, histoire de tenir un peu plus gagner du temps en espérant des jours meilleurs… »
Depuis le printemps dernier, Fabien Ribéreau a arraché 9 hectares de vigne… Trop cher à entretenir… Il lui reste 50 hectares et il continue fièrement son métier, c’est toute sa vie… Sa nouvelle récolte de Bordeaux, comme toujours il va la vendre au négoce mais malheureusement en dessous du prix de revient.
« Bien que les raisins aient souffert de la sécheresse, il y a quand même de très beaux raisins de très belle qualité, c’est une vendange prometteuse. Il faut savoir effectivement qu’on risque de la vendre à perte… Ce qui est regrettable, on fait le même travail que nos voisins qui sont dans le monde du luxe, des grands noms du bordelais, on fait strictement le même travail avec les mêmes terroirs, les mêmes cépages, mais nous on a l’impression que notre travail ne vaut rien… »
Aujourd’hui on est à peu près à 1€ le litre, mais j’ai des confrères qui ont vendu cette année pour faire de la place à 70 centimes le litre, c’est ridicule ! Pour pouvoir vivre convenablement, il faudrait qu’on arrive à des niveaux de prix de 1,5 à 2€ le litre, » Fabien Ribéreau vigneron.
Du libournais au langonnais, il n’est pas rare de trouver désormais quelques vignobles à l’abandon en AOP Bordeaux ou en Entre-deux-Mers. Même si ce n’est pour l’heure qu’une infime partie. Ce sont souvent des fermages, des locations pour lesquelles les exploitants n’ont plus d’argent et ont baissé les bras. Pour le collectif de viticulteurs qui comptent des vignerons et des maires ruraux, il y a urgence… Ils ont lancé une pétition qui a déjà obtenu 800 signatures.L’arrachage va éviter la prolifération de maladies de la vigne, comme la cicadelle dorée ou le phylloxéra, et permettre à certains de prendre leur retraite quand il n’y a parfois pas de repreneur…
Cela fait quelques années qu’on alerte nos dirigeants qu’il y a trop de vin à Bordeaux, on le sait, il y a 1 million d’hectolitres de trop dans le département…Il faut qu’on adapte l’offre et la demande, donc il faut arracher…
Il faut arracher minimum 10 000 0 15 000 hectares pour rééquilibrer l’offre et la demande », Didier Cousiney porte-parole du collectif de viticulteurs.
« Nous regrettons le risque de drames humains car on sait très bien que la pression est très forte notamment des créanciers et de toutes les dettes qui pèsent de plus en plus sur le moral… Est-ce que la viticulture est un métier d’avenir pour eux tout le monde se pose la question », commente Bastien Mercier des vignobles Mercier viticulteur et maire de Camiran.. Et il y en a qui sont vraiment au bord du gouffre… « Oui car il y a une fierté paysanne qui fait qu’on parle très peu des problèmes, on les garde beaucoup pour soi, la pression monte et malheureusement ce qui arrive on le découvre trop tard… On a planté pendant des années, pour répondre à la demande, mais on n’a pas prévu pour demain… Aujourd’hui, il se passe quoi ? Les Français consomment de moins en moins de vin, une concurrence déloyale et beaucoup plus importante au niveau mondial avec des différence de traitement, des différences de normes, de production…
Aujourd’hui beaucoup de pays se sont mis à faire du vin, donc forcément le marché et la part bordelaise baisse… De ces conclusions, on repère qu’on a une surproduction, d’un peu plus d’1 million d’hectolitres supplémentaires… » « Et du coup l’offre étant supérieure à la demande, nous faisons tomber le prix du tonneau…Et aujourd’hui, les infrastructures ne peuvent plus vivre car elles sont en dessous du prix de revient. »
Beaucoup ont du mal à vendre, le prix moyen du tonneau de 900 litres à Bordeaux est de 1000€ mais les petits se plaignent d’un prix de 600-650 pour l’appellation générique Bordeaux qu’on leur offre quand il y a des offres… Didier Cousiney nous montre ses chais qui sont encore pas mal remplis… « Tu vois les cuves blanches là, 1, 2 , 3 , 4 , 5 pleines…Invendues, invendues… 1200 hectolitres en rouge… »
Les méventes en Chine, aux Etats-Unis avec la taxe Trump, et en France en grande distribution, ou chez les restaurateurs durant la crise sanitaire, ont affaibli Bordeaux qui s’est retrouvé en surproduction quand la production dépassait les 5 millions d’hectolitres. Mais ces dernières années, le gel, la grêle et le mildiou ont permis un certain rééquilibrage.
« C’est une situation très très difficile pour les viticulteurs, bien souvent ce sont des viticulteurs qui sont en fin de carrière,qui n’ont plus à cause des sacrifices qu’ils ont du faire à cause des années précédentes et des pertes de récoltes, ils n’ont plus les capacités financières pour évoluer… Et nous sommes à leurs côtés et réclamons obtenir des aides pour faciliter cette fin de carrière et cet arrachage de vigne d’environ 10% du vignoble », commente Allan Sichel président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.
Pour permettre ce plan d’arrachage, l’Europe va devoir l’autoriser de nouveau; le dernier plan s’est arrêté en 2008, à l’époque 3500 hectares ont été arraché à Bordeaux.
SOS vignerons et Florence Cardoso essaient d’accompagner au mieux ces viticulteurs et les incitent à se diversifier en misant davantage sur l’oenotourisme et en demandant des aides aussi en ce sens.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Laure Bignalet, Christophe Varone et Thierry Culnaert
Déjà propriétaire de Batailley et Lynch Moussas, 5e crus classés 1855 dans le Médoc, la famille Castéja vient de racheter à Millésima et à la famille Bernard Peyrabon cru bourgeois supérieur.
Le château Peyrabon était dans les mains de Millésima, filiale du groupe Bernard, depuis 1998. Une propriété que les Bernard n’ont jamais cessé d’améliorer pour l’amener au rang de Cru Bourgeois Supérieur du Haut-Médoc. Cette cession à la famille Castéja va permettre à Millésima de se recentrer sur le e-commerce.
De son côté le groupe BCAP, famille Casteja, va continuer à améliorer cette propriété. Ce sont désormais plus de 300 hectares de vignes qui sont détenus par la famille Castéjà en Pauillac, Saint Estèphe, Saint-Emilion et Pomerol. BCAP c’est aussi 3 Maisons de Négoce Borie-Manoux, Mähler-Besse et A.de Luze, et 2 sites de e-commerce: LaGrandeCave.fr et 1jour1vin.com
Des images forts sympathiques ce matin de bambins de maternelles qui ont participé aux vendanges du clos de l’Echauguette à Blaye. Une tradition perpétuée par le syndicat viticole de Blaye qui exploite ce vignoble de 15 ares depuis 50 ans au coeur de la Citadelle construite par Vauban.
« Bienvenue à tous au Clos de l’Echauguette…Aujourd’hui, vous allez vendanger, c’est la première fois pour tout le monde ? Ouiiii…. »Des petits de maternelle dans le rôle de vrais vignerons… Ces 21 enfants de l’école Grospierre de Blaye attendaient de moment depuis longtemps. « On va ramasser des raisins…avec les mains… »
« Qui veut couper là ? » A 4 ou 5 ans, certains ont déjà la technique mais pas question de leur donner pour autant un sécateur… « Ce sont des petits ciseaux, à bouts ronds, donc on essaie de couper les raisins en plusieurs parties… », commente Cédric Grossard de la Maison des Vins de Blaye.
Et direction le tombereau pour déverser la précieuse récolte de merlot… « C’est quand même un grand moment pour eux car cela fait quand même deux ans qu’ils n’ont pas pu participer à ces vendanges donc c’est une euphorie pour tout le monde », commente leur professeur Clément Cheyroux de l’Ecole Grosperrin de Blaye.
Moment d’émotion aussi et d’échanges avec Guy Bénéteau, 93 ans, l’ancien président de l’appellation et du syndicat viticole de Blaye. « Quand le vignoble a été planté, j’ai fait beaucoup de fête et même intronisé plusieurs ministres ici dans la confrérie de Guyenne » « C’est un très beau projet, une très belle initiative de Guy, puisque le Clos est toujours là et on peut voir l’effervescence qu’il y a autour de ces vendanges. Et pour nous c’est une très belle visibilité : une parcelle de vigne dans un bâtiment inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, cela permet de faire connaître et rayonner notre appellation à travers le monde… », commente Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.
En plus c’est un très grand gage de qualité dans cette parcelle de vigne et dans cette vendange, le Clos de l’Echauguette que l’on vend uniquement à la Maison des Vins de Blaye est ce que l’on fait de mieux en terme de qualité, sur l’appellation, c’est un vignoble qui est en agriculture biologique depuis 2016. » Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.
C’est lui qui est à l’origine de ce projet avec le maire de l’époque en 1968; un vignoble de 15 ares planté en plein coeur de la citadelle Vauban, et qui a vu le jour en 1972.
Et ce sont des souvenirs à jamais gravés pour ces vignerons en herbe, remerciés par une haie d’honneur à leur sortie, par leurs aînés…
C’est un crève-coeur, un symbole qui s’en va… Le pacanier planté lors de la visite par Thomas Jefferson en 1787, avant qu’il ne devienne le futur président des Etats-Unis, n’a pas supporté la sécheresse de cet été, ou peut-être les vents du sud… Voilà ce qu’écrivait le château sur Facebook en fin de semaine.
Notre plus vieil arbre, le Roi parmi tous nos grands arbres, un des emblèmes du Château Carbonnieux s’est cassé dans la nuit.
Il s’agit d’un pacanier (noyer américain qui produit les noix de pécan), mais pas n’importe quel pacanier, notre pacanier offert par Thomas JEFFERSON aux Moines bénédictins propriétaires du domaine en 1787.
Toujours dans le ciel de Carbonnieux, au-dessus des tours, cet arbre magnifique, vieux de 235 ans a rendu les armes. La sècheresse et les vents forts de ces derniers jours ont eu raison de sa vieillesse.
Heureusement, aucun dégât matériel ou humain ».
Pour en savoir plus sur cet arbre ou l’histoire du Château:
C’est une réussite, une série qui continue à ravir les passionnés de BD et de vin. Les éditions Glénat viennent de publier un nouveau numéro intitulé le Sommelier avec comme scénariste Corbeyran et comme dessinateur Espé.
Pas de repos pour Alexandra Baudricourt dont le domaine viticole risque toujours la faillite.
Désormais séparée de son mari, elle est bien décidée à trouver les moyens nécessaires pour garantir l’indépendance de sa propriété et à faire évoluer ses méthodes de production, jonglant en permanence entre progrès oenologiques et retour à une culture plus saine.
Acculée, trompée, elle va très progressivement remonter la piste de ceux qui veulent lui fairedu tort et faire éclater la vérité sur l’accidentqui a coûté la vie de son chef de culture.
Le dernier épisode de la saison 2 de Châteaux Bordeaux nous entraîne au coeur d’une industrie en pleine mutation, où tous les coups sont permis. Entre deux rebondissements, cette saga familiale qui prend les allures d’un thriller, nous invite à découvrir l’univers des grandscrus et le quotidien mouvementé d’une femmequi ne recule devant rien pour protéger ce qu’elle a créé.
Châteaux Bordeaux – Tome 12 Le Sommelier 48 pages aux Editions Glénat par Corbetyran et Espé, 14,5€
Pour cette rentrée de septembre, je vous propose avec Alexandre Berne un magazine Côté Châteaux très complet sur ces vendanges historiques qui ont débuté avant le 15 août en Pessac-Léognan pour les blancs et fin août pour les rouges à Léognan, à Pomerol et à Saint-Emilion. Joli tour d’horizon avec 4 reportages et 4 entretiens au milieu des vignobles de Grandmaison, Couhins-Lurton, La Louvière et Troplong-Mondot.
Le n° 33 de Côté châteaux, numéro de rentrée, est intitulé « sécheresse et vendanges précoces ». Un signe. Le réchauffement climatique s’accélère et cet été on était aux premières loges pour le voir. Aussi ai-je voulu revenir à travers 4 reportages et 4 grands entretiens sur ces épisodes de canicule et sécheresse qui ont touché non seulement les hommes mais la vigne…. Allez bienvenue dans ces rangs de vigne, sous un soleil de plomb, certaines après-midi à plus de 50°… »en plein cagnard »…
Ce millésime 2022 sauvé du gel aura été marqué par4 épisodes de canicule, une sécheresse qui a conduit parfois à certains phénomènes de blocage de la vigne avec des baies parfois plus petites, ce qui devrait augurer d’un millésime plus faible en volume. Alors que la qualité sera au rendez-vous.
Du coup les vendanges se sont accélérées avec un raisin arrivé à maturité plus rapidement, avec deux semaines d’avance en moyenne. Ainsi les blancs ont commencé à être vendangés à la mi-août en Pessac-Léognan et les rouges, phénomène exceptionnel, fin août, en Pessac-Léognan, Pomerol ou Saint-Emilion sur quelques domaines.
Des vendanges historiques par rapport au démarrage qui est le plus précoce depuis très longtemps…Ce qui fait que la vigne, le végétal, a mûri rapidement », comment François Bouquier du Domaine de Grandmaison.
Ce numéro spécial millésime 2022 nous emmènera tout d’abord aux châteaux Carbonnieux et Luchey Halde pour ces vendanges en blancs historiques, avec un entretien suivant au Domaine de Grandmaison avec François Bouquier qui nous parle de cette sécheresse et de la récurrence ou non de ces phénomènes de réchauffement, c’est tout de même l’été le plus chaud depuis 2003, qui a battu depuis de nombreux records de températures sur ces 3 mois.
« Tout dépend du cycle végétatif dans la saison, il faut voir le cumul des précipitations au fil des mois, effectivement on a constaté cette année très peu de pluies; l’état sanitaire du vignoble est très bon, la vigne travaille au maximum avec tout ce soleil. »
Y aura-t-il assez d’acidité pour atteindre les équilibres ?« Ce qui est important c’est de prendre en considération nos terroirs constitué d’argile et de sols graveleux…Le mixte permet de combiner la maturité des raisins sur l’ensemble de la propriété. Une année comme celle-ci, où il fait très chaud, les terroirs argileux ont garanti une alimentation en eau et permettent une maturité optimale et les terroirs graveleux sableux eux sont davantage intéressants quand il y a des années plus pluvieuses. Il faut repenser le travail du sol et la moindre goutte d’eau il faut savoir la garder pour qu’elle serve pour les pieds de vigne…. »
Quant au phénomènes de blocage ? « On craignait beaucoup la taille des baies, cela va se confirmer sur les sols un peu sableux, sur les terroirs argileux ils se sont mieux sorti et on a eu la chance d’avoir quelques épisodes de pluie… », complète François Bouquier.
De retour à la Louvière, nous avons interrogé Jacques Lurton, le président des Pessac-Léognan sur l’adaptation des cépages bordelais, les degrés d’alcool qui risquent d’augmenter mais qui sont compensés au niveau des équilibres grâce à la fraîcheur qu’apporte les bons terroirs.
« A part 2003 et 2020, nous n’avions jamais commencé si précocement… Il y a une accélération de la variation climatique, en terme de somme de chaleur on n’avait pas vécu cela depuis 2003 et en terme de sécheresse depuis 1976... Même si cela peut-être en dents de scie, l’an dernier année extrêmement froide et pluvieuse et cette année extrêmement sèche et chaude… Il y aura un peu plus de sucre, cela veut dire un petit peu plus d’alcool, une acidité un petit peu plus faible…
On va faire des vins mûrs, très ronds, très chaleureux, très souples, à consommer plus précocement, mais c’est intéressant aussi car je dis souvent ces années chaudes c’est à l’avantage du consommateur », Jacques Lurton président des vignobles André Lurton
Quant à savoir si on s’achemine vers des vins californiens à Bordeaux ? « Depuis 2 décennies, les vins de Bordeaux n’ont jamais été aussi bons, on réussit des années exceptionnelles avec de très grands vins parce que maintenant ils sont rentrés en compétition complète avec les vins du nouveau monde sur les mêmes cépages, des vins chaleureux souples, faciles à boire, un peu plus précocement. Mais maintenant on en a encore sous la pédale à Bordeaux on arrive à passer tous ces millésimes assez chauds avec des acidités naturelles. On a des cépages comme le sauvignon en blanc ou le cabernet sauvignon qui ont encore des beaux jours devant eux avant qu’on soit obligé d’intervenir différemment. »
Face à cette année super sèche où la vigne a souffert, des solutions ont pu être trouvées, avec l’arrosage de manière exceptionnelle accordé par l’INAO :« c’est assez exceptionnel car la règle en AOC c’est la non autorisation d’irriguer… Et dans notre cahier des charges en 2016 en Pessac-Léognan, nous avons introduit la possibilité de déroger à cette interdiction… Avec une demande auprès des services de l’INAO, avec un justificatif de photos des vignes en souffrance, et aussi le type de terroir et la surface que l’on compte arroser… A ce moment là, l’INAO nous délivre cette autorisation et cela permet d’apporter un peu d’eau à des vignes en difficulté… » Cela a représenté un peu moins de 2% de la surface de l’appellation.
« J’ai eu la malchance que mon vignoble australien soit complétement brûlé, nous avons ces phénomènes récurrents en Australie de feux de forêts avec les complications que cela peut avoir, et surtout la prévention à laquelle il faut s’astreindre, on a connu cela ici mais c’est quelque chose de nouveau pour nous… »
La suite de ce côté châteaux nous emmènera à Saint-Emilion au château Troplong Mondot, où l’œnologue Thomas Duclos a demandé aux équipe du château de commencer à vendanger dès la fin août les rouges et notamment les merlots.
« Pourquoi, tout simplement tout le monde a vécu un millésime plutôt sec, avec de fortes montées en températures… On a la chance d’avoir à Troplong Mondot un terroir qui réagit plutôt bien à ces conditions, car il y a ici de l’argile et du calcaire sur une partie… Les argiles ont cette capacité à garder l’eau et à restituer l’eau, petit à petit, et donc le vignoble a fonctionné de façon normale malgré le manque de pluie et gros coups de chaud… »
La recherche de l’équilibre c’est important dans les vins et même avec des vins qui vont monter en degrés d’alcool, comme on peut le voir sur le vignoble californien, peut-on avoir des vins qui restent digestes, buvables ? « Complètement le but dans cette quête est d’avoir le vin qui va avoir le goût de l’endroit, la notion d’équilibre où on va contrebalancer de l’alcool par une aromatique fraîche et de l’acidité. L’aromatique est très importante, il ne faut pas cramler le fruit, ce qui vous amène dans la confiture et amène votre cerveau dans des choses lourdes »
L’occasion d’évoquer le goûts des fumées, après le colloque organisé par les œnologues de France. Pour lui, il n’y aura aucune répercussion sur les vins.
Enfin nous nous retrouverons avec Aymeric de Gironde, le directeur, dans le tout nouveau cuvier de Trolong Mondot pour goûter avec son oenlogue les premiers jus de ce millésime 2022, très prometteurs. « ce chai nous l’avons attendu durant 4 ans, 4 années de réflexion, de discussions et de petites baguarres interne. Mais ça y est il est en service depuis le millésime 2021, donc c’est notre 2e millésime à l’intérieur de ce chai… »
Et avec la palette des terroirs de Troplong, cela nous permet d’avoir toutes les identités, toutes les couleurs pour faire le tableau le plus complexe possible et le plus unique aussi dans l’idée de ce qu’est Troplong Mondot »
Côté Châteaux n° 34, un magazine de 26 minutes, réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne à voir mercredi 21 septembre à 20h20 sur France 3 NOA et ici sur You Tube
Jacques Dupont a sorti son Spécial Vins jeudi dernier, avec de nombreux dossiers fort intéressants: une sélection de 10 appellations au top, 25 sites d’achat en ligne au banc d’essai et aussi une analyse des foires aux vins. A se procurer chez tout bon marchand de journaux. A lire sans modération.
Il y des sorties qui comme celles du Point peuvent être concurrencées par des événements qui occupent le devant de la scène médiatique: l’an dernier le décès de Jean-Paul Belmondo et cette année la disparition de la Reine d’Angleterre… Il n’empêche le pape de la critique française du pinard assume sa couronne et son fardeau,son Spécial Vins demeure toujours un grand moment de la rentrée… Mieux que des goodies, le Jacques et sa plume ! Toujours un événement que cette sortie Spécial Vins… Un Point, c’est tout.
« Je pense que ça ne marche pas trop mal d’après les retours des ventes et sur Twitter aussi… », commente le grand Jacques, tant il est vrai que moi-même aussi je le confesse, j’ai été occupé à faire des reportages sur Elisabeth II.
Enfin Jacques Dupont vous propose « une réflexion sur comment la vigne va évoluer, le réchauffement climatique on en parle depuis longtemps, mais à un moment donné il y a une réalité qui te saute à la tronche:c’est la réalité à l’été 2022, il y a eu une chaleur incroyable… »
« Il y a d’ailleurs une réflexion engagée avec le projet Laccave de l’Inra, mais jusqu’à présent on ne voyait pas vraiment le danger et ce que cela allait donner… Il y a une réflexion sur les porte-greffes (en Bourgogne le 161-49 ne résiste plus bien avec la chaleur), sur comment modifier la culture de la vigne, peut-être récupérer des vieux cépages qui ne mûrissaient pas avant… »
« On a aussi mis l’accent sur les vins hors appellations : une dizaine de propriétaires qui font leurs vins en dehors des AOC. »
« Sur la couverture, on a mis Raphaëlle Guyot, la fille qui relance la vigne au pays de Colette.Là bas, il y avait de la vigne sur un terroir d’argile,et de calcaire et de l’autre côté de la vallée on y faisait du vin jusqu’au phylloxéra… Elle s’est dit avant il y avait de la vigne et du vin ici, elle a replanté et du coup fait du très bon pinot noir, dans ce coin là en dehors des appellations contrôlées… »
On a aussi fait des transversales avec dans le Languedoc un focus sur le carignan... « Quand il est mené avec des petits rendements, cela donne des vins très bons, et en plus il est résistant aux grosses chaleurs… » Olivier Bompas, son accolyte,s’est chargé de déguster 160 vins là-bas.
« Il y a aussi un accent sur ces terroirs qui relancent le blanc, « comme un complément de gamme », des vignerons qui travaillent bien leur blanc et font des choses intéressantes en Chateauneuf du Pape, Vacqueyras ou Cairanne... « On parle aussi d’appellations en Bourgogne un peu méconnues comme Marange ou Monthélie où on peut trouver encore du vin abordable… »
Après, « on a passé 25 site d’achat en ligne au banc d’essai, en passant des commandes, en regardant leur catalogue et on a eu d’agréables surprises comme pour Duclot… »
« Puis comme à notre habitude, on a épluché les catalogues des foires aux vins: des milliers puis on a fait une sélection de 900 vins en print et 1200 sur le site du Point. On s’est rendu compte aussi qu’avec les faibles récoltes, de nouveau Bordeaux occupe pas mal la place… En Languedoc, en Bourgogne pas grand chose à vendre en volume pour la grande distribution. On revient donc à Bordeaux avec aussi pas mal de grands crus classés, on en trouve des abordables comme Cos Labory à prix intéressant, Bellegrave, Cantemerle…Et surtout entre 5 ET 15 €, on trouve des Médoc pas mal, des satellites de Saint-Emilion et des Côtes de Bordeaux…
« Et sur de grands millésimes 2018, 2019 et 2020, même des 2016 chez Intermarché à des prix raisonnables.On va ainsi se faire plaisir et rendre grâce à des producteurs… »
Dans la nuit de samedi à dimanche, un incendie dantesque s’est déclaré au château Gaby à Fronsac en Gironde. L’intensité des flammes a conduit à une toiture quasi totalement embrasée, rendant le château inhabitable… Un déchirement pour Damien Landouar, son directeur, le propriétaire Tom Sullivan et l’ensemble de l’équipe. Fort heureusement l’outil technique a été préservé.
C’est un spectacle de désolation ce matin à Fronsac. Château Gaby s’est totalement embrasé ce dimanche peu avant 2 heures du matin, le feu intense et des flammes dantesques ont réduit la toiture en cendres, les 900 m2 du châteaux sont inhabitables. Pour Damien Landouar, directeur des vignobles Tom Sullivan, c’est un véritable crève-coeur…
Beaucoup de tristesse, c’est pour moi un pan de ma vie professionnelle qui s’écroule… Cela fait 25 ans que je suis là, qu’on se bat pour son image, pour la qualité des vins, du vignoble, donc c’est très frustrant », Damien Landouar directeur château Gaby
Le pire a été évité, car 6 Américains, séjournaient au château. Fort heureusement, ils n’ont pas été blessés… Ce sont des amis du propriétaire Tom Sullivan(riche industriel spécialiste des parquets et cuisine aux USA) (propriétaire de 5 châteaux à Bordeaux sur la rive-droite).
« J’étais vraiment très très inquiète pour eux, d’autant qu’il fallait leur parler en anglais car ils ne parlaient pas français bien sûr; donc je suis arrivée à 2h30, j’ai ressenti un état de sidération, tout simplement j’étais devant et je ne comprenais pas ce qui se passait, c’était vraiment comme un cauchemar en fait », témoigne Sophie Villega, assistante de Damien Landouar.
Si la vingtaine d’oeuvres d’art a pu être mise à l’abris, les 50 pompiers dépêchés sur place ont réussi à préserver aussi le cuvier et le chai à barriques, situés à moins de 5 mètres du château. Ce château de 16 hectares dont 11 actuellement en production, avait été acheté par Tom Sullivan en 2016, il produit en moyenne 60 000 bouteilles à l’année.
L’outil technique est intact, ce qui nous permet de continuer à vendangercar on est en pleine vendange, donc à vendanger normalement… Car si en plus le bâtiment technique avait été touché, cela aurait d’autant plus impacté la récolte 2022, ce qui n’est pas le cas. »
Tom Sullivan est bien décidé à reconstruire ce château joyau du XVIIIe siècle et de Canon Fronsac. Cela sera un travail de longue haleine, avec une enquête qui commence et devrait conclure à un accident et avec les assurances qui vont dépêcher leurs experts.
(Photos Jean-Pierre Stahl)
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pauline Juvigny et Florian Dumont :
Les 11 et 12 juin 1992, Elisabeth 2 est venue à Bordeaux, accueillie par Jacques Chaban Delmas, les Bordelais et le monde du vin. Tous se rappellent cette visite d’Etat invitée par le Président François Mitterrand et ces instants désormais ancrés dans les mémoires.
Deux jours intenses en émotions, ces 11 et 12 juin 1992. Certains se souviennent de ce début de visite et cet atterrissage sur le tarmac de Bordeaux Mérignac. Une visite royale à Bordeaux, terre d’Aliénor d’Aquitaine, une visite d’Etat en France invitée par le Président François Mitterrand.
Stéphan Delaux, ancien adjoint au maire (sous Alain Juppé) et alors conseiller général en 1992 se souvient de l’engouement et de la ferveur suscités par sa visite auprès des Bordelais, ainsi que des belles réceptions organisées par le maire Jacques Chaban Delmas…
« Voilà ça c’est la réception qui a été donnée dans le jardin de l’hôtel de ville, le 12 juin 1992, après qu’elle ait circulé en ville en voiture, dans la superbe SM cabriolet de la présidence de la République… »
Photo Jacques Gaye, oenologue qui a entendu de nombreux « Vive la Reine » ce jour-là
Les Bordelais étaient très fiers c’était l’inauguration du marché des Grands Hommes, Chaban recevait la Reine d’Angleterre, c’est quand même …(rires), les Bordelais étaient heureux de voir la Reine et que Chaban reçoive la Reine aussi… », Stephan Delaux
Un public de bordelais conquis et captivé par sa majesté la Reine, qui à son tour reçoit Chaban et le Président Mitterrand à bord du Britannia, amarré au quai de Bordeaux…
« J’aurais bien aimé voir la Reine, je n’ai pas pu la voir disait à l’époque un Bordelais interrogé par des confrères… « Je l’ai vue, elle avait une robe bleue et une veste blanche, et la couronne dorée… »
Pour Hugues Martin, ancien maire de Bordeaux et alors adjoint au maire, adjoint de Chaban :« C’était effectivement quelqu’un qui rayonnait et qui fédérait toutes les sensibilités politiques de la Grande-Bretagne, et pourquoi pas de la France… »
Tous ceux qui l’ont approché en juin 1992 à Bordeaux ou à 2 reprises pour Allan Sichel, anglais d’origine, à la tête d’une maison de négoce,ont été marqué par sa simplicité…
« Evidemment c’est intimidant de rencontrer une personne de cette stature là, et en fait dès qu’elle nous regarde, c’est l’apaisement total…
Il y a ce regard dans les yeux qui est convivial, proche, chaleureux et puis ily a cette volonté d’échanger, très directement de manière très personnelle avec chacune des personnes qu’elle rencontre et cela m’avait vraiment profondément marqué… » Allan Sichel de la Maison Sichel
Amoureuse de la France et des vins de Bordeaux, Elisabeth II avait pu apprécié son vin de Margaux, un château Angludet 1990, au menu d’un déjeuner privé à Windsor en 2011; Allan Sichel a bien sûr mis l’Union Jack en berne au balcon de sa maison de négoce