29 Août

Et voici « le musée universel du vin », la version chinoise de la Cité du Vin

C’est un bâtiment plus imposant que celui de Bordeaux, 18 000 m2 qui vont sortir de terre à Pékin. La Cité du Vin chinoise est portée par le gouvernement et un passionné de vin Weixing Tang, qui se sont inspirés de Saint-Emilion. Un projet porté par des architecte et scénographe français, avec les conseils et l’ingénierie des équipes de la Cité du Vin de Bordeaux. Ouverture le 1er mai 2024.

Le Musée Universel du Vin par le cabinet d’architecture parisien © Architecturestudio

Nom de code : « le musée universel du vin ». Et pourquoi pas la Cité du Vin version chinoise. L’édifice, inspiré de la Cité du Vin bordelaise édifiée dans le quartier bacalan qui a ouverte le 1er juin 2016, devrait voir le jour le 1er mai 2024, soit 8 ans après la version française.

C’est d’ailleurs un français qui l’a suggéré à un passionné de vin et de la France Weixing Tang : « le point de départ de ce projet, on repart 3 à 4 ans en arrière et on voit arriver le sénateur Gérard César avec un Mr chinois Mr Tang francophile, et qui a un vignoble dans le sud de Pékin qui s’appelle Bolongbao qu’il cultive en bio et qui fait partie des meilleurs vins chinois, et il arrive avec un projet pour sa propriété, et assez rapidement la ville de Pékin et le district de Fangshan sont intéressés par ce projet, et progressivement ce projet va prendre beaucoup d’ampleur, il va devenir un des projets d’une zone qui va être aménagée pour le tourisme… » commente Philippe Massol, directeur général de la Fondation pour la Cuture et les Civilisations du vin. D’un point de vue architectural, il y a aussi une petite inspiration avec Saint-Emilion avec sa fameuse Tour du Roy et son cloître…

Ce projet a pris de l’ambition, il va être plus important que la Cité du Vin, et c’est la ville de Pékin qui va être l’investisseur et ensuite la structure de Mr Tang va financer l’aménagement et ensuite exploiter le musée universel du vin à Pékin », Philippe Massol directeur de la Cité du Vin

« Il y a un fil rouge, rendre le vin accessible au plus grand nombre d’un point de vue civilisationnel et culturel, par contre cela va se représenter de manière différente car la culture chinoise n’est pas celle occidentale, un visiteur qui fait la Cité du Vin et le Musée universel du Vin ne dira pas j’ai fait 2 fois la même chose, il va vraiment vivre 2 expériences complétement différentes, l’une de l’autre.

La scénographie signée © Adeline Rispal

Ici il y a des univers thématiques, les univers là bas sont clairement identifiés car on rentre dans 5 espaces différents, le scénographe n’est pas le même ici c’est Cassonmann, là bas ce sera Adeline Rispal, donc deux pattes différentes. Et ici vu qu’un chinois ne passe que 20 minutes de visite, on a exclu tout ce qui était interactif avec de la profondeur, là bas le parcours il faut que cela aille extrêmement vite, donc on a exclu tous les grands spectacles qu’on a ici de 6 à 8 minutes, ce sont des choses qui n’existent pas, les audiovisuels les plus longs feront 2 minutes ».

© Atelier Adeline Rispal

Pour Jean-Marc Menant, directeur général France de la société Zhong Pu Hui Wine Village Construction, porteuse du projet du Village du Vin à Pékin, dont le Musée Universel du Vin  (partenaire de la Cité du Vin) : « le vin en Chine a trouvé un public depuis maintenant une vingtaine d’années, les consommateurs chinois sont très avides de connaissances, ils ont envie d’en savoir plus sur les terroirs, les modes de fabrication, la complexité des appellations, donc ce musée répondra à cela ».

© Adeline Rispal

Ce musée universel du vin cadre également avec la politique du gouvernement chinois qui souhaite davantage promouvoir le vin par rapport à l’alcool de riz le baiju dans un souci de santé publique.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Nicolas Pressigout et J.Ohndo

22 Août

Vendanges : les travailleurs handicapés mis à l’honneur au château La Garde

En Gironde, certains châteaux allient le travail et l’insertion. C’est le cas depuis plus de 5 ans au château la Garde qui fait appel aux travailleurs de l’ESAT Magdeleine de Vimont à Castres-sur-Gironde. 30 vendangeurs sur le pont depuis ce matin, très appréciés de tous.

C’est la reprise pour ces 30 travailleurs en situation de handicap de l’Etablissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) Magdeleine de Vimont à Castres-sur-Gironde, un coup d’envoi des vendanges en blancs au château la Garde à Martillac en Gironde; un travail important et aussi valorisant.

« C’est très facile, on met la main comme cela et puis on coupe comme ça pour ne pas se couper », explique Yannick, qui a commencé les vendanges il y a 25 ans déjà au château Crabitey « en 1997, ça date … » commente-t-il encore.

Sabrina : « nous faisons différentes activités au sein de l’ESAT qui sont assez sympathiques, moi ça fait 17 ans que j’y suis, on récolte donc la vendange, c’est assez simple, on coupe et on vide dans les cagettes, pour après mettre dans les cuves quand ce sera trié…Nous faisons plusieurs châteaux différents également. »

Tous sont majeurs et ont entre 18 et 60 ans, ils ont quelques « déficiences mentales légères ou moyennes, ou peuvent encore être autistes », selon Christophe Jussier chef d’atelier de l’ESAT Magdeleine de Vimont. Ce sont en tout cas des travailleurs professionnels, très motivés. Quelle est l’ambiance ici ? « Bonne, très bonne, le chef de culture est vachement sympa, on rigole bien, après il faut être sérieux au travail comme tout le temps… », commente Julien, habituellement sur les espaces verts, mais venu prêter main forte à la vigne.

C’est déjà une reconnaissance de leur activité, une professionnalisation de leur métier, puisque l’on met en place un ensemble de pratiques et de formations pour qu’ils puissent se professionnaliser dans ce métier qu’est la vigne, on le fait également sur le secteur du chai » Christophe Jussier ESAT Magdeleine de Vimont

Et de compléter :« Cela vient finaliser l’ensemble de toutes les pratiques qu’on met en oeuvre… On le sait 80 à 90% de la qualité d’un vin provient d’une qualité de vendanges donc pour eux c’est aboutir à un travail d’une saison qui se termine (car ils font aussi les travaux hivernaux et travaux en vert à la vigne) et qui va débuter par l’élaboration du vin aussi. On a aussi la possibilité de produire du vin sur l’ESAT… »

Cela fait 5 ans que ces travailleurs participent aux vendanges du château la Garde, qui compte 54 hectares (3,5 en blanc et 50,5 en rouge); ils effectuent ici un travail méticuleux.

Pierre Estorge, directeur d’exploitation du château La Garde, et Frédéric Bonnaffous, directeur des vignobles Dourthe © JPS

C’est vraiment un travail de grande précision qu’ils maîtrisent à merveille; ils ne vont pas très vite, mais nous c’est exactement le rythme que l’on recherche, parce qu’on est dans une dimension de précision qui doit correspondre au micro-parcellaire, et aux variations de terroirs que nous avons sur la propriété », selon Pierre Estorge, responsable d’exploitation du château La Garde.

Pour Frédéric Bonnaffous, directeur des Domaines Dourthe : « on a voulu depuis des années privilégier des gens en local et aussi l’ESAT qui proposait des travailleurs handicapés pour les travaux de la vigne, que ce soit au moment des vendanges mais aussi toute l’année parce que c’est aussi important pour arriver à fidéliser des équipes, il faut leur proposer du travail toute l’année… Et nous le principe de proposer du travail à des établissements d’insertion, c’est quelque chose qui nous tenait à coeur dans la vision qu’on a de l’entreprise aussi de l’insertion de l’entreprise dans son environnement… »

L’ESAT de Castres-sur-Gironde collabore ainsi avec 15 propriétés viticoles et s’est spécialisée depuis quelques années dans les travaux de la vigne et des espaces verts.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Sarah Colpaert :

19 Août

Vendanges : portraits croisés des petites mains de la vigne

On les appelle les petites mains de la vigne, ce sont des étudiants, retraités, travailleurs saisonniers ou étrangers. Tous méritent d’être à l’honneur, car sans eux il n’y aurait pas de vendanges… Rencontre ce matin avec ces salariés engagés pour un dur labeur, qui méritent et montrent l’envie de bien faire, avec un smic ou parfois un peu plus. Néanmoins, cela devient compliquer de recruter ces vendangeurs et travailleurs saisonniers.

A l’embauche ce matin, Lisa est encore hésitante, elle se fait monter la manière de couper le raisin et de ne garder que le bon, en retirant parfois du pourri ou des baies desséchées. Lisa a 22 ans, elle est étudiante en master de l’intervention et du développement social et participe pour la première fois aux vendanges de Smith Haut Lafitte à Martillac en Gironde :

« c’est la première fois cette année, je fais les vendanges en tant que petit boulot d’été et en tant qu’étudiante, parce que j’en ai besoin… Cela permet d’aider mes parents à payer mon loyer, et à payer d’autres choses. »

« Cela représente une source de revenus et pour moi une avancée dans mon orientation pro car je vais faire des études en agronomie », commente Julien cet autre étudiant de 18 ans.

Au châteaux Carbonnieux à Léognan, on y trouve une poignée de retraités de 75 et même 80 ans comme Marie-Josée et Daniel. Malgré la pénibilité du travail et la chaleur, ils sont toujours là depuis plus de 20 ans, par envie, par habitude mais surtout pour compléter leur pension avec un salaire au niveau du smic (parfois un peu plus, avec le panier repas).

« C’est un apport au budget, et ce n’est pas plus désagréable qu’autre chose mais c’est surtout un apport au budget » commente Marie-Josée 75 ans; « je pense que je vais continuer un peu, mais pas longtemps (rire), mais enfin je diminue quand même mes journées surtout avec les chaleurs de cette année », commente Daniel 80 ans.

Dans ces vignobles, de nombreux saisonniers aussi des locaux mais aussi pas mal d’étrangers. Autrefois de la main d’oeuvre espagnole ou portugaise, désormais aujourd’hui davantage originaire des pays de l’Est comme ces bulgares sédentaires à Bordeaux Sylvia et Thiomir. « C’est bien, chaque année on vient pour travailler chaque saison ici »

« Il est clair que dans des régions plus éloignées de Bordeaux, c’est beaucoup plus compliqué de trouver du monde mais quelque part on sent un peu plus de tension depuis quelques années pour trouver du monde pour travailler dans les vignes que ce soit en saisons et même en vendanges, même si c’est un peu moins marqué en vendanges car il y a un peu ce côté magique des vendanges qui attire des gens, » selon Fabien Teitgen directeur général du château Smith Haut Lafitte.

Si certains châteaux continuent de recruter sur place, de plus en plus font appel à des entreprises prestataires de service…Et parfois les demandes peuvent être supérieures à l’offre.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Astrid Ferbos :

17 Août

Bordeaux : on vendange désormais à la mi-août…

C’est historique. Avec le réchauffement climatique, les vendanges se rapprochent de plus en plus de la mi-août. En Pessac-Léognan, les premiers sauvignons blancs ont commencé à être récoltés depuis ce mardi 16 août au château Carbonnieux à Léognan. Les châteaux Picque-Caillou, Luchey-Halde à Mérignac ont aussi démarré. Demain, au tour des vignobles André Lurton, de Latour-Martillac et Smith-Haut-Lafitte.

Pour Eric Perrin, ces vendanges figurent parmi les plus précoces ces 25 dernières années © JPS

On peut en rire, ou en pleurer. Mais finies les vacances tranquilles pour les propriétaires et leurs équipes de vendangeurs, tout s’accélère et il faut désormais planifier des vacances avant !

Imaginez plutôt, des maturités optimales le 12 août sur certaines parcelles… Le château Carbonnieux voulait donner son coup d’envoi vendredi dernier mais a du y renoncer du fait d’un manque de main d’oeuvre.

C’est donc hier que la troupe de 50 coupeurs et porteurs a commencé à s’activer dans les rangs de vigne et à récolter ce millésime 2022; un millésime parmi les plus précoces avec 1997, 2003, 2011 et 2020…

« On a été surtout très inquiet avec les 4 épisodes de canicule cet été, en se disant la vigne va souffrir, on va connaître enfin du stress hydrique et regardez la vigne est restée très verte, aujourd’hui les baies, c’est sûr, sont un peu plus petites que d’habitude, mais d’un point de vue aromatique et qualité, on est plutôt content », témoigne Eric Perrin du château Carbonnieux.

A Mérignac, le château Luchey-Halde a démarré ce matin… Même si la vigne a montré ces derniers jours quelques signe de souffrance, les 130 millimètres tombés en juin ont été salvateurs et ont donné des réserves en eau suffisantes pour affronter les 2 premiers épisodes de canicule. En revanche, les degrés mesurés témoignent d’une année chaude.

« Il y a un fort degré potentiel alcoolique, nous c’est notre premier jour de vendange, je pense qu’on va ramasser des blancs qui vont être entre 13 et 14 degrés, ce qui est très très élevé, pour nous »,, Pierre Darriet directeur d’exploitation de Luchey-Halde

Avec ces vendanges avancées, les équipes vont savoir maîtriser les équilibres sucres et acidité au chai. Toutefois des questions se posent sur certains cépages pour les années à venir.

« Nos cépages commencent à connaître pour certains leurs limites, comme le sauvignon, le merlot… On voit bien que la sécheresse, les degrés alcooliques commencent à créer des soucis, on va devoir prendre des mesures certainement au niveau de la conduite de la vigne et au niveau de l’irrigation… » Andrea Perrin oenologue et maître de chai au château Carbonnieux.

Cette année l’appellation Pessac-Léognan a eu une dérogation pour pouvoir arroser la vigne, peu l’ont fait, mis à part sur les jeunes plants.

En tout cas les vendanges des blancs risquent ici de se terminer début septembre et pour les rouges démarrer fin août et s’échelonner jusqu’à fin septembre, début octobre en Pessac-Léognan.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix et Sarah Colpaert :