06 Avr

Solidarité avec nos amis vignerons en proie au gel

Certains ont déjà combattu le gel toute la nuit dernière avec des températures qui sont tombées dans le négatif. A Chablis, Daniel Etienne Defaix et son fils ont été sur le front du combat contre le gel. Les températures sont descendues à un bon -4° En Gironde, plusieurs châteaux se préparent eux aussi pour les deux prochaines nuits, en croisant les doigts.

© Daniel Etienne Defaix Domaine du Vieux Château de Chablis

« 2021… l’année de rien », comme auraient pu dire les anciens ou parents de Daniel Etienne Defaix à Chablis, qui déjà avait connu des années de gel terrible en années 1. Il ne faudrait pas que ce vieux dicton soit d’actualité cette année. Certains semblent déjà en avoir fait les frais la nuit dernière en Bourgogne ou en Alsace, dans l’est où les températures sont tombées bien basses.

Ainsi Daniel Etienne Defaix et son fils, propriétaires du Domaine du Vieux Château de Chablis, ont été sur le front du gel toute la nuit de lundi à mardi…La température comme nous le raconte Daniel Etienne est tombée bien basse à -4,8°C. « Nous avons protégé 4 hectares par aspersion sur nos 30 ha et 1 hectare avec des bougies de cire (coût de la bougie 7,5€ à raison de 1000 par hectare…) »

Malgré nos efforts, on a perdu 50 % de la récolte en cette première nuit (de gel), on se repose un peu pour repartir en surveillance et protection dans quelques heures… » témoigne Daniel Etienne Defaix.

Photo prise après l’aspersion de la vigne pour tenter de protéger les jeunes pousses. « Encore moins 3 à Milly Chablis à 8 heures du matin. Nous allons éteindre les bougies à moins 1 en principe vers 9 heures. Juste le temps de boire un café avec du pain frais du beurre demi-sel sel et de la confiture de nos cerisiers de l’ an passé…car cette année… il y a fort à parier que la future récolte est à oublier…. Comme le disait mes chers Père et Grand-Père : Année en 1…année de rien ! » commentait © Daniel Etienne Defaix – Domaine du Vieux Château de Chablis sur sa page Facebook

Dans le Bordelais, on craint également un épisode de gel cette nuit. Quelques châteaux seront sur le pont à partir de minuit ou 1heure du matin pour commencer à allumer les bougies également, mettre en route les éoliennes ou encore le système agrofrost, comme me le confiait François Despagne, 20e génération de vigneron à la tête de Grand Corbin Despagne, cru classé de Saint-Emilion.

A Château Figeac, 1er cru classé B, Frédéric Faye, directeur du château, a mobilisé près de 50 personnes cette nuit pour lutter contre le gel qui en ressenti pourrait aussi avoisiner le -4°. Bien sûr, c’est sans doute au petit matin que les températures redoutées seront relevées, en espérant pour tous que ce ne soit pas un gros épisode de gel. Certains se montrent plus zen. On verra bien. Et on croise les doigts pour tous ces vignerons qui à chaque épisode jouent leur récolte… Ils s’en passeraient bien.

05 Avr

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « je suis dans l’attente et l’espoir que le château Beauséjour Duffau-Lagarrosse reste à travers moi dans la famille Duffau-Lagarrosse »

Certains l’ont qualifié de Dallas ou de feuilleton, Côté Châteaux dirait que c’est plutôt un problème de transmission. Joséphine Duffau-Lagarrosse, 9e génération, s’est positionnée pour reprendre avec Prisca Courtin (Clarins) ce 1er cru classé B de Saint-Emilion, dans sa famille depuis 1847. Alors que la décision devrait être prise par la Safer mercredi 7 avril, entre ce dossier, celui de la famille Cuvelier et de Stéphanie de Boüard. Voici l’interview de cette jeune viticultrice qui se bat pour conserver la gestion du château familial, aujourd’hui elle est directrice d’exploitation, ingénieure agronome spécialisée viticulture, titulaire du DNO et d’un master de commerce international.

Joséphine Duffau-Lagarosse, lors de vendanges 2016 © JPS

Jean-Pierre Stahl : « bonjour Joséphine Duffau-Lagarosse, comment allez-vous ? Expliquez-nous qu’est ce qui se passe au château Beauséjour Duffau-Lagarrosse, dont tout le monde parle aujourd’hui? »

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « bonjour, ça va, merci. En fait, une partie de ma famille a décidé de se séparer de la propriété, il y a eu une majorité de membres de ma famille et d’actionnaires qui a souhaité vendre, la minorité dont je faisais partie n’était pas favorable, mais a fini par se résigner…Du coup, la majorité des personnes qui a souhaité vendre, nous a entraîné dans la vente globale. »

JPS : « comment s’est effectué cette vente ?

Joséphine Duffau-Lagarrosse: « ce n’est pas encore une vente. Il y a eu des offres fermes et il y a eu un vote au sein des actionnaires entre la famille de Bouard et Monsieur Cuvelier. La totalité de la famille a voté pour Mr Cuvelier (Clos Foutet), moi je me suis abstenu. En fait, c’est difficile de trouver quelqu’un qui peut vous accompagner (dans un projet de reprise) et vous dit on y va… »

« Le processus a été lancé avec la famille Cuvelier, qui a souhaité soumettre le dossier à une substitution SAFER, d’un commun accord avec ma famille et de là la substitution SAFER a eu lieu. »

« A partir de ce moment-là, j’ai rencontré Prisca Courtin (du groupe Clarins), je lui ai exposé mon projet et lui ai dit qu’il y avait encore beaucoup de choses à faire pour le château, elle m’a dit en avant, on a donc monté un projet ensemble qu’on a porté jusqu’au bout pour le présenter à la SAFER. Et contrairement à ce qui a pu être dit, ce ne sont pas les Courtin qui sont venus me chercher, c’est moi qui l’ai rencontrée. Le projet lui plaisait et du coup on y est allé ensemble. »

JPS : « quelle est la prochaine échéance ?

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « c’est le 7 avril, mercredi. Le CA doit donner une décision définitive sur qui sera l’acquéreur de Beauséjour Duffau-Largarosse. La décision est entre les mains de la SAFER. A partir du moment où on a remis la décision à la SAFER, c’est elle qui doit décider de l’acquéreur final. »

JPS : « quel est le montant de la transaction? On a parlé de 70 à 80 millions d’euros… ? »

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « Je ne peux pas communiquer dessus, mais cela a déjà été mentionné dans la presse. »

JPS : « et pour vous, il n’était pas possible d’acheter, j’imagine… »

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « moi, j’ai 30 ans et je travaille dans le groupe Bernard Magrez (directrice d’exploitation pour les Grands Chênes et une autre propriété BM de Saint-Estèphe). Pour moi seule, c’est impossible, je ne peux pas lever ce montant toute seule, j’ai besoin de quelqu’un qui va m’accompagner. J’ai eu beaucoup de chance de rencontrer Prisca Courtin, qui n’est pas dans le milieu du vin, mais en tout cas le projet, il est là… »

JPS : « Qu’est ce que vous ressentez personnellement sur ce problème de transmissions…? »

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « c’est quelque chose qui devient de plus en plus compliqué, avec le prix des terres qui augmente. Et quand vous avez envie de transmettre, cela devient très compliqué et ce malgré vous. Mon ressenti… Je suis dans l’incompréhension des premiers résultats obtenus et là dans l’attente et dans l’espoir que cela reste à travers moi dans la famille Duffau-Lagarrosse.

C’est dans la famille depuis 1847. Moi, je suis la 9e génération, mon père était la 8e. Cela part de Paulin Ducarpe en 1847. Il eu deux enfants dont une fille qui s’est mariée avec Calixte Duffau-Lagarosse et la saga a débuté… »

JPS : « aujourd’hui, quel est intérieurement votre rêve, votre espoir ? »

Joséphine Duffau-Lagarrosse : « ce serait que la décision soit positive pour nous mercredi et qu’on se lance dans tout ce que j’ai envie de faire depuis un moment. En tant que Duffau-Lagarosse, je trouve que le château n’était pas assez incarné, je compte bien l’incarner davantage, le porter le plus haut possible et continuer à croître au niveau de la qualité des vins, ce serait vraiment chouette ! »

Château Beauséjour Duffau-Lagarrosse est un domaine de 7,5 hectares à Saint-Emilion, dont 6,8 en production. C’est un 1er grand cru classé B, ce depuis le premier classement en 1955.

 

EXTRAITS COMMUNIQUE DE CLOS FOURTET DU 31/3:

« En juillet 2020, la famille Duffau-Lagarrosse, propriétaire des 6,75 hectares du Château Beauséjour Duffau-Lagarrosse depuis 1847, a décidé de mettre en vente ce Premier Cru Classé de Saint-Emilion. Un appel d’offres a été organisé.

A la suite d’un long processus de négociation, la famille Cuvelier propriétaire du Clos Fourtet voisin, l’a remporté à la loyale, lors de l’Assemblée Générale du 7 Novembre 2020, à une majorité de 92% des actionnaires Duffau-Lagarrosse avec la volonté de pérenniser ce 1er GCC en y installant un jeune agriculteur, Grégoire Pernot du Breuil. L’autre candidat, Château Angélus n’a recueilli aucune voix.

Ce projet repose sur trois piliers :

– Continuer à développer la notoriété de ce cru en profitant de la dynamique et de la synergie avec le Clos Fourtet

– Mettre en place un projet environnemental ambitieux, autour du passage en Bio et de la création d’un refuge de biodiversité

– Amener une transition dans la douceur, en maintenant en place une équipe que connait Grégoire Pernot du Breuil.

Les vendeurs ont alors tout naturellement donné le soin à la Safer de réaliser cette vente. En effet c’était un passage obligé de passer par cet organisme qui arbitre les ventes agricoles en France.

A la grande surprise du vendeur et de l’acheteur, après un appel d’offres de la Safer, deux nouveaux dossiers sont apparus :

– celui de Stephanie de Boüard (Propriétaire du Château Angelus) qui avait été écarté deux fois par la famille Duffau-Lagarrosse lors du premier appel d’offre.

– celui de Joséphine Duffau-Lagarrosse, une des deux filles d’un associé, à l’encontre de la décision majoritaire et collective du reste de sa famille, soutenue par le groupe international de cosmétiques Clarins, qui n’a aujourd’hui aucun lien dans le monde du vin.

La Safer a alors suivi sa procédure habituelle :

D’abord le 18 mars la commission technique a rendu un premier avis favorable au dossier présenté par Stéphanie de Boüard  Et donc défavorable aux deux autres.

Puis jeudi 25 mars, la commission de validation finale aurait dû trancher et choisir le meilleur dossier. Elle a ajourné sa décision au mercredi 7 avril, la remettant au Conseil d’Administration de la Safer. »

Et de préciser : « La Safer doit en principe servir l’intérêt général et hiérarchiser les dossiers en fonction des priorités imposées par la loi. Le point clé est que la Safer doit privilégier l’installation de jeunes agriculteurs.

Dans la proposition qui a été validée par les vendeurs, Grégoire Pernot de Breuil, co-actionnaire minoritaire, doit bien s’installer comme Jeune Agriculteur. Il en a la formation (BTS Vini Oeno en plus de son école de Commerce) et a toute l’expérience requise et connait déjà l’exploitation et ses équipes. Il a construit avec les Cuvelier un projet ambitieux pour la propriété, qu’il a déjà présenté devant la Safer.

« La famille Cuvelier et Grégoire Pernot du Breuil espèrent à ce stade qu’il ne s’agit que d’un incident de procédure et que le Conseil d’administration de la Safer décidera finalement de ne pas leur enlever le droit légitime de signer la promesse de vente pour laquelle le vendeur s’est engagé en leur faveur. »

EXTRAITS COMMUNIQUE DE CHATEAU ANGELUS DU 1/04:

« Le processus en cours relatif à la cession de Château BEAUSÉJOUR et le climat de tension entre les différentes parties, entretenu par voie de presse, donnent lieu depuis quelques jours à des déclarations erronées et à des amalgames sans fondement qui sont de nature à porter gravement préjudice à Château ANGÉLUS.

Devant la reprise par certains médias d’informations inexactes, approximatives ou délibérément trompeuses et leur propagation, Château ANGÉLUS souhaite apporter les précisions suivantes :

Château ANGÉLUS n’est pas et n’a jamais été candidat à la reprise de Château BEAUSÉJOUR ;

•C’est à titre strictement personnel que Stéphanie de Boüard-Rivoal a visité la propriété en août 2020 et a été la première candidate à formuler une offre d’acquisition ce même mois ;

•Ce projet, que Stéphanie de Boüard-Rivoal porte en son nom propre et sans investisseurs extérieurs, vise à perpétuer et faire fructifier Château BEAUSÉJOUR ;

•Un démenti ferme et catégorique est opposé à l’idée que cette acquisition conduirait à l’intégration du vignoble de Château BEAUSÉJOUR à celui de Château ANGÉLUS ».

 

02 Avr

Portraits croisés de 2 vignerons de Bordeaux qui ont la passion du terroir

L’un est jeune et vient de reprendre le château le Tros en appellation Bordeaux, l’autre est expérimenté produit énomément de blancs secs et est président de l’appellation Entre-Deux-Mers. Tous deux sont amoureux de leur terroir et de fervents défenseurs des vins de Bordeaux, ils ont la passion chevillée au corps.

Mathieu Jabouin, sur sa nouvelle parcelle avec son fabuleux terroir de graves argileuses et ses merlots ©JPS

Mathieu Jabouin, 32 ans, est un vigneron amoureux des grands terroirs de Bordeaux. A la tête depuis l’an dernier du château le Tros à Tizac-de-Curton, il est fier de nous dévoiler ce plateau de 6 hectares de graves argileuses qu’il a acquis en 2020 pour compléter sa cinquantaine d’hectares en appellation Bordeaux.

On a ce terroir qui est magnifique, avec des graves très profondes…et on le ressent directement dans notre gamme de vins, que ce soit des vins fruités ou corsés, avec des sols comme cela on arrive à faire des merveilles », Mathieu Jabouin, château le Tros.

Chaque année à Tizac-de-Curton, il produit 300 000 bouteilles qu’il commercialise en vente directe au particulier…

« C’est vraiment une trame, un ADN, cet équilibre, ce fruité, ce charnu, quand on croque dans le vin, c’est juteux, c’est bon tout simplement…J’avais un professeur à l’école qui me disait 50% du terroir c’est aussi le vigneron », poursuit Mathieu Jabouin, tout en nous faisant déguster ses Pépites Noires.

A Sadirac dans l’Entre-deux-Mers, Bruno Baylet, 56 ans, rencontré en pleins soutirages de ses barriques, continue d’avoir le moral et de produire malgré la crise actuelle, avec un léger mieux sur les USA: « depuis 15 jours, nous avons 4 importateurs aux Etats-Unis qui ont déclenché des commandes, donc c’est plutôt positif. Mais ce qui est à l’arrêt, c’est le secteur restauration, traiteurs, c’est une grosse partie de notre clientèle donc il a fallu se diversifier notamment sur l’export où l’on s’ouvre de plus en plus et aussi avec des particuliers qui continent à nous suivre… », confie Bruno Baylet du château Landereau.

Depuis qu’il a repris château Landereau en 1988, il a relancé la production de blancs secs et y consace 25 hectares, sur les 80 hectares du domaine…

« Aujoud’hui on fait 3 vins blancs différents sur une douzaine de produits au total qui nous permettent de répondre aux besoins de consommation différents… »

On a cette chance dans l’Entre-Deux-Mers d’avoir un terroir à sauvignon, et d’avoir des terroirs où le sauvignon s’adapte très bien et va donner de très très belles choses…Ici à Landereau on est à la recherche de maturités abouties avec du fruit, quelque chose de très mûr, avec des vins sans acidité mais avec une belle fraîcheur…  » Bruno Baylet de château Landereau

Bruno Baylet, du Château Landereau, dégustant sa gamme de vins blancs © JPS

Sur ses 3 blancs qu’il produit, 2 ont été primés au Top Vin de l’Entre-Deux-Mers cette année sur le millésime 2020 et le boisé du château de l’Hoste au Concours Mondial du Sauvignon.

Regardez le reportage de JP Stahl, C.Michelland, E.Delawarde, I.Cardenas.

01 Avr

Vin argentin: ventes en hausse mais comptabilité dans le rouge

C’est le temps des vendanges en Argentine. Malgré une hausse des ventes durant la pandémie, la filière viticole grimace avec la baisse des revenus liés à l’oenotourisme et des comptabilités dans le rouge en raison de la dépréciation du peso.

Dans la province de Mendoza (centre-ouest) où est cultivé 70% du vin argentin avec la majestueuse Cordillère des Andes en toile de fond, Eduardo Pulenta,
propriétaire des 135 hectares de la bodega Pulenta Estate, préfère voir le verre à moitié plein.
« Nous sommes contents car la pandémie a augmenté la consommation et le tourisme local. L’effet se ressent même à l’international, on le voit dans nos exportations » dit-il, alors que les vendangeurs s’affairent dans l’automne austral à récolter les grappes charnues issues de ce sol aride.

Pourtant, l’horizon est sombre pour le secteur viticole argentin. Si la consommation a effectivement augmenté à l’échelle planétaire et que le vin argentin a profité de son prix compétitif pour gagner des parts de marché, la crise économique prolongée dans le pays, l’inflation élevée et les dévaluations successives
du peso (38% en 2019, 28% en 2020) menacent la rentabilité du secteur qui vient d’essuyer six années consécutives de baisse de son chiffre d’affaires. Et de nombreux établissements vinicoles craignent ne pas pouvoir tenir plus longtemps.
PROBLEMES DE TRESORERIE

« Nous vivons avec une monnaie, le peso, qui se dévalue. Si cela a redonné une grande compétitivité au vin en vrac, les matières sèches
importées dont nous avons besoin (bouchons, bouteilles) à l’inverse nous coûtent beaucoup de pesos. Les marges ont tendance à se réduire », explique Hervé Birnie-Scott, directeur des caves et vignobles de Chandon Argentine.

« C’est pourquoi presque tous les établissements vinicoles argentins ont des problèmes de trésorerie », ajoute-t-il.

Selon un rapport de l’Institut national de la viticulture, l’année 2020 s’est clôturée avec « un rebond de la consommation de vin sur le marché intérieur de +6,5% par rapport à 2019 ».

A l’export, le vin en vrac a profité de la dévaluation du peso pour augmenter les ventes en volume, notamment vers l’immense marché chinois, indique une étude du Centre d’études économiques des caves d’Argentine.

Cependant, « il n’en a pas été de même pour le chiffre d’affaires en dollars qui a diminué surtout pour les vins en bouteille, un plus bas depuis 2013 », indique-t-on de même source.

Avec une inflation qui atteindra 36% en 2020, la plus élevée d’Amérique latine après le Venezuela, « nous devons jongler pour faire comprendre » aux négociants en vins « que nous ne pouvons pas maintenir le même prix chaque année », explique M. Pulenta.

« IDENTITE PROPRE »

Pour tirer leur épingle du jeu, de nombreuses bodegas font le pari de tendre vers plus de qualité, au-delà du réputé Malbec (rouge).

Les vignerons s’accordent sur le succès des dernières récoltes. Avec un printemps et un été extrêmement secs, « 2020 a été plus chaud, ce qui nous a permis d’avoir plus de concentration, plus de couleur, plus de polyphénols, plus de tanins », décrit Javier Lo Forte, oenologue de Pulenta Estate.

Les espoirs sont également soutenus par le maintien de la tendance à la hausse de la consommation : « ça continue d’augmenter en ces premiers mois de 2021 », se félicite Mariano Di Paola, directeur de la vinification de Rutini Wines, un domaine de 400 hectares situé entre 1.050 et 1.200 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Hervé Birnie-Scott, un Français qui vit en Argentine depuis 30 ans, estime que la qualité des vins du « Nouveau Monde » est désormais reconnue, mais que les exploitations viticoles doivent encore relever le défi de trouver leur « identité propre » en tirant parti de la diversité des sols.

« Il faut tendre vers encore plus de qualité, vers des vins qui reflètent la particularitédes cépages et du sol où il a été cultivé. Et, petit à petit, le consommateur va rechercher cette typicité, la singularité de la variété cultivée dans un terroir particulier ».

AFP